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PROJET 2 : UN POÈME À REGARDER

Ce deuxième projet porte sur la narration et les dispositifs


séquentiels.
Séquence

Sommaire Narration

Durée approximative du projet 2 : 6 heures Représentation

ÉTAPE 1 Image

Entrer dans le projet Temps


ÉTAPE 2 Organisation
Passer du texte aux images
Montage
ÉTAPE 3

Représenter le temps
ÉTAPE 4

Organiser des images


ÉTAPE 5

Analyser différents dispositifs séquentiels


ÉTAPE 6

Finaliser le projet
ANNEXE

Cadrer une image

Ce qui sera à envoyer à la correction

1. Un collage (exercice intermédiaire, étape 2)


2. La représentation du poème choisi en plusieurs images (réalisation finale, étape 6)
3. Le bilan de ton projet

Ce dont tu vas avoir besoin


Un support A4 (feuille de dessin), des outils (crayons de couleurs, feutres,
ciseaux…), et le matériel nécessaire pour les techniques de ton choix
(dessin, peinture, collage, photographie).

Tu seras capable…
De produire des images
D’associer et d’organiser différentes images
D’occuper toute ta feuille
De maîtriser des outils et des techniques
De te repérer dans les étapes de ton projet

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder 25


ÉTAPE 1
Entrer dans le projet
Dans ce deuxième projet, tu représenteras un poème en plusieurs images mais sans texte. Après avoir découvert
trois extraits de poèmes, tu réaliseras différentes représentations de l’un d’entre eux en utilisant plusieurs tech-
niques : le dessin, la peinture et le collage. Les représentations seront organisées de manière chronologique sur
un support de format A4.
Voici les trois extraits de poèmes. Lis-les lentement. Tu peux fermer les yeux pour mieux percevoir les images, les
sensations, les couleurs, les souvenirs ou encore les sentiments, etc. qui te viennent à l’esprit.

Charles Baudelaire 1
Le voyage, in « Les Fleurs du mal », 1857

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,


L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,


Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers
2
[…] Paul Éluard
La Halte des heures, in « Le Livre
ouvert », 1947

Immenses mots dits doucement


Grand soleil les volets fermés
Un grand navire au fil de l’eau
Ses voiles partagent le vent

[…]
Un seul murmure un seul matin
Et les saisons à l’unisson
Colorant de neige et de feu
[…]
3
Arthur Rimbaud Une foule enfin réunie.
Sensation, 1870

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,


Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue !

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :


Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien
[…]

Quel poème préfères-tu ? Je préfère le poème n° ... parce que .......


…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………......................................................................................................…………

Et après ?
Laisse-toi guider dans les étapes qui suivent ! Il est possible d’attendre l’étape 6 avant de choisir le poème que
tu souhaites vraiment représenter. Tu pourras garder celui que tu viens de citer ou en choisir un autre parmi
les deux autres. Tu trouveras également dans cette étape 6 toutes les consignes pour finaliser ton projet,
ainsi que les éléments sur lesquels ton projet 2 sera évalué.
À tout moment, n’oublie pas que tu peux contacter ton tuteur si tu as besoin d’aide ou de conseils.

26 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 1


ÉTAPE 2
Passer du texte aux images
Ton travail consiste donc à représenter un poème en plusieurs images. Tu trouveras dans cette étape des éléments
qui t’aideront à passer d’un texte à sa représentation visuelle.

A. Les caractéristiques du texte et des images


Pour pouvoir réaliser les images et les organiser sur ta feuille, il est important d’analyser la forme et le contenu du
poème et de réfléchir à la manière dont tu pourras le transposer.

1. Les images contenues dans le texte

La forme d’un texte se caractérise par une suite de mots ordonnés en phrases. Pour comprendre sa signification,
le lecteur doit suivre le sens de lecture, de gauche à droite et de haut en bas de chaque page. Les phrases peuvent
décrire quelque chose, retranscrire les pensées de l’auteur, ou faire ressentir des sensations ou des émotions chez
le lecteur, par exemple. À la lecture d’un texte, les mots délivrent une signification mais ils font aussi apparaître des
images poétiques en mobilisant notre mémoire ou notre imagination.
Prends l’exemple de ce vers de Charles Baudelaire : « Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme ». Réflé-
chis à sa signification et imagine ce qu’il évoque pour toi (tu peux aussi aller relire la phrase dans son contexte dans
l’étape 1). Complète la phrase suivante. Ce vers me fait penser à ....................................................................................
………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Cette phrase (ici également un vers, dans le cas d’un poème) est composée de deux parties. La première évoque
l’idée d’un voyage, ou d’un déplacement que l’on peut imaginer de différentes façons. La seconde partie évoque un
cerveau « plein de flamme » qui fait référence à un état d’agitation ou de colère. Au lieu de nommer directement ce
sentiment, le poète a comparé les pensées du voyageur à un incendie pour faire surgir en nous l’impression de la
colère. Il s’agit d’une métaphore*.
L’œuvre suivante illustre bien le principe de la métaphore. La figure mythologique de Neptune, dieu des eaux vives et
des sources, est associée à la représentation de la mer.

— Walter Crane, Les Chevaux de Neptune, peinture à l’huile sur toile, 85,6 / 215cm, 1893.
En comparant des vagues à des crinières de chevaux, l’artiste crée une image poétique ; celle de chevaux d’écume,
qui exprime la beauté et la puissance de cet élément naturel.
Ailleurs, dans le vers du poème de Paul Éluard, « Immenses mots dits doucement », l’auteur utilise un effet d’oppo-
sition avec la figure de style de l’antithèse* pour créer un contraste (immenses/doucement).
Il existe plusieurs sortes de figures de style mais le principal est de retenir qu’un texte contient aussi des images
car il suscite en nous des représentations mentales en agissant sur notre mémoire et notre imagination. Tu choisi-
ras le poème qui t’évoque les images les plus intéressantes.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2 27


2. Les représentations visuelles du texte

Le terme d’image désigne aussi une représentation* matérielle, qui peut être produite à partir de différents
modèles et selon différentes techniques. Une représentation visuelle, comme un dessin ou une photographie par
exemple, rend quelque chose perceptible par des moyens plastiques (formes, couleurs). Elle a plus ou moins de
ressemblance avec la réalité mais elle peut aussi dépendre de l’imagination de son créateur.

La représentation peut être très proche de la réalité, comme


dans ce dessin de Léonard de Vinci. Dans ses études*, cet
artiste cherchait à être très fidèle à l’observation qu’il faisait
de la nature. Tu peux constater que le but d’une étude n’est
pas d’inventer des formes fantaisistes mais, justement,
d’étudier la réalité par le dessin. Ces représentations sont
donc très précises et comportent beaucoup de détails.
Cependant, comme toute représentation, ces fleurs sont
forcément différentes des objets réels ayant servi de mo-
dèles. L’artiste n’a rendu compte ni de leur couleur ni de
leur parfum. Même si la fleur est très ressemblante, cela
reste une illusion créée sur une feuille de papier.

— Léonard De Vinci, Étude de fleurs, dessin, 18,3 / 20,1cm, Galerie de


l’Académie, Venise, vers 1503.

Tu as déjà vu, en sixième, que la différence entre un objet réel et sa représentation s’appelle un écart*. Cet écart
n’est pas un problème car l’art ne se limite pas à l’imitation de la réalité et la différence avec le réel est une source
de liberté et de créativité pour les artistes. Tu bénéficieras aussi de cette liberté pour représenter ton poème.

Comme tu peux le constater, la pomme d’une nature


morte* n’est pas une vraie pomme, mais c’est la représen-
tation de la pomme. Une représentation est donc toujours
en partie une invention que les artistes ont imaginée d’une
façon plus ou moins personnelle. C’est pour cette raison
que l’art nous permet de voir la réalité à travers la sensibi-
lité de chaque artiste.
Observe ce tableau de Paul Cézanne en cherchant tous les
détails qui proviennent du style* du peintre, comme l’orga-
nisation des objets, l’affirmation de la touche* ou le choix
des couleurs.

— Paul Cézanne, La Corbeille de pommes, 1890-1894, 65x80 cm, Art


Institute of Chicago.

Dans ta réalisation finale, les différentes représentations du poème pourront être réalisées selon les techniques et
le style de ton choix. Pour compléter ce que le texte te permettra d’imaginer, n’hésite pas à utiliser des modèles. Tu
veilleras à ce que l’on puisse reconnaître les parties du poème auxquelles chaque représentation se réfère.

3. Les symboles

Une image n’a pas seulement un lien de ressemblance avec la réalité ou avec l’imaginaire de son créateur. Elle peut
aussi contenir différents symboles. Un symbole est un signe figuratif, un être animé ou une chose qui représente
une idée. Par exemple, un drapeau est le symbole d'un pays. Les lettres qui composent un mot sont aussi des sym-
boles.
Observe la fresque qui suit pour identifier quelques éléments symboliques.

28 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2


— Anonyme, Nebamon chassant dans les marais, XVIII
e
Dynastie v.1350 av. J.-C., British Museum, Londres.

Nebamon était un scribe et un gestionnaire du comptoir à grain durant l’Antiquité égyptienne. La fresque qui le
représente, chassant et pêchant, n’est pas une image de loisirs. Pour les Égyptiens de cette époque, la mort est une
étape vers une autre vie. La fresque devait donc accompagner le défunt dans son tombeau en célébrant la grandeur
de ce personnage dont la posture exprime le pouvoir sur le monde qui l’entoure. Les marais fertiles étaient considé-
rés comme un symbole du renouveau de la vie.
À gauche, on peut apercevoir des œufs, symbole de la victoire de la vie sur la mort. Les nombreuses espèces
animales et végétales identifiables représentent la richesse et l’abondance auxquelles le défunt était promis. Le
chat est ici un symbole du dieu Soleil (Ra). Il chasse certains oiseaux qui sont considérés comme des ennemis de
la lumière et de l’ordre. On aperçoit aussi des hiéroglyphes qui nous renseignent sur le rôle de ces fresques : ils
indiquent que Nebamon pourra « se faire plaisir, contempler la beauté là où l’existence se répète éternellement ».
Cet exemple montre bien qu’une représentation n’est pas seulement ressemblante, mais qu’elle peut aussi renvoyer
à diverses significations.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2 29


1 minute
Exercice 1

À toi de créer une image symbolique !


Avec les outils de ton choix, dessine un objet symbolisant le
temps qui passe.

Tu en sais un peu plus sur la manière dont un texte peut contenir des images et sur la manière dont des images
peuvent contenir des symboles. Tu pourras donc aussi utiliser des symboles (images, lettres, ponctuation…) dans
ton travail, mais sans pouvoir écrire des mots ou du texte ! La partie suivante t’aidera à imaginer différentes ma-
nières de représenter le poème.

B. Représenter fidèlement le poème ou s’en inspirer librement

Lorsque tu produiras tes images, tu devras rester fidèle au texte mais tu seras libre d’en donner une interprétation
personnelle, car les mots nous font imaginer les choses chacun(e) à notre manière. Représenter un texte peut se
faire de toutes sortes de façons et c’est à toi de trouver celle qui correspond le mieux à ce que ton poème t’inspire.

5 minutes
Exercice 2

Choisis un mot dans l’un des poèmes (Exemple : le mot « navire ») et représente-le de deux façons
différentes. La représentation n°1 doit être faite en une minute, sans modèle et au crayon à papier.
La représentation n°2 sera réalisée en trois minutes d’après un modèle et avec des crayons de cou-
leurs.
Essaye de respecter vraiment la durée de chaque exercice en utilisant un chronomètre !

Représentation n°1 Représentation n°2


Compare tes deux dessins. Tu constates une différence entre les deux selon que tu as utilisé un modèle ou que
tu t’es servi(e) uniquement de ton imagination. Il y a mille façons de représenter une chose ! En fonction des per-
sonnes, de leurs expériences, de leur culture, de leurs passions, etc., un même mot ne va pas évoquer la même
chose, et sera donc représenté d’une manière qui est propre à chacun(e).

30 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2


Tout artiste possède une manière personnelle d’imaginer
les choses. Voici, par exemple, deux illustrations d’une
fable connue de Jean de la Fontaine : Le Corbeau et le
Renard. Une illustration est une image qui accompagne
un texte pour l’éclairer ou le compléter. Elle n’a pas
seulement un rôle décoratif, car elle participe aussi à une
narration en expliquant autrement le texte.
Dans cette enluminure*, l’illustration de la fable de La
Fontaine accompagne un texte traitant du vice de la flatte-
rie et montre ce qui attend celui qui se laisse tromper par
des compliments excessifs.
L’enlumineur a disposé deux scènes de la fable dans un
même paysage, comme il était courant de le faire à cette
époque. Chaque scène représente un moment différent de
la fable. Devant, le renard est en train de complimenter le
corbeau qui tient encore son fromage. Plus loin, le renard
s’en va avec son butin.
L'image est lumineuse et colorée. Sa profondeur sert
à représenter le déroulement de l’histoire organisé le
long d’un chemin de terre. Tu peux constater que cette
image sert à orner le parchemin, mais aussi à informer le
lecteur en complétant le texte. Il est facile de faire le lien
avec les propos du renard :
« Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute »

— Maître de François de Rohan, Fleur de vertu, le vice de la


flatterie : le Corbeau et le Renard, enluminure d’un parchemin, vers
1530.

Dans cette gravure de Gustave Doré, la fable


est illustrée d’une manière très différente. Le
renard, sur ses pattes arrière, est dans une
posture dynamique. La gravure est en noir et
blanc, mais la scène est si réaliste que l’on
semble assister à la vie de vrais animaux, au
cœur de la forêt. La précision du dessin donne
un aspect naturaliste à l’image et son contraste
met l’accent sur ce qui se trame entre les deux
silhouettes principales.


Gustave Doré, Illustration de la fable Le Corbeau et le
Renard, gravure, 1876.

En comparant ces deux illustrations, tu peux donc constater que chaque artiste (se) représente autrement la même
fable. Cela vient du fait que les deux dessinateurs ne vivent pas à la même époque. Au 16e siècle les images étaient
liées à un contenu textuel le plus souvent moral ou religieux. Mais lorsque Gustave Doré réalise son illustration,
l’image est plus libre et indépendante. Comme tu l’as déjà vu précédemment, cela vient aussi du fait que chaque
personne imagine les choses selon la culture, le vécu ou la sensibilité qui lui est propre. La technique utilisée a
aussi son importance.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2 31


5 minutes
Exercice 3

À ton tour d’illustrer une célèbre fable de La Fontaine, la


Cigale et la Fourmi, dont tu trouveras ci-dessous un extrait.
Représente une action impliquant la cigale et la fourmi. Tu
utiliseras un crayon de couleur noir.
Elle [la Cigale] alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.

Je constate :
Dans mon dessin, on reconnaît la cigale et la fourmi : oui □ non □
L’utilisation de modèles a été nécessaire pour réaliser le dessin : oui □ non □
Les formes et les proportions des insectes sont réalistes : oui □ non □
La scène représente la cigale criant famine □ ou priant la fourmi priant de bien vouloir l’aider □.
Il a fallu dessiner certains éléments du décor : oui □ non □

Tu as dû représenter la scène de manière figurative* pour que l’on reconnaisse ses protagonistes. Ton dessin est
peut-être réaliste, ou il s’éloigne un peu de la réalité, de façon volontaire, pour montrer la fable sous un angle cari-
catural ou poétique, par exemple. Ce sera donc à toi de décider de la façon dont tu souhaites représenter le poème.
On devra pouvoir comprendre le lien entre ton travail et le texte de départ, mais tu auras une liberté d’interpréta-
tion*. En s’écartant un peu du texte, ton image peut acquérir une liberté expressive supplémentaire.
Pour comprendre les limites de ton interprétation, voyons l’exemple d’une œuvre réalisée par Henri Matisse. À la fin
de sa vie, alors qu’il était très malade, le peintre français a inventé la technique des papiers gouachés découpés. Il a
trouvé une solution pour continuer à travailler sans trop se fatiguer. Assis dans son fauteuil, il a eu l’idée de peindre
des feuilles puis de les découper. Il a réalisé de nombreuses compositions grâce à cette technique.


Henri Matisse, (A gauche) Jazz, livre de 160 pages contenant 20 planches illustrées, 42, 5cm (h), 32, 8cm (L), 4cm (prof), gouache et pochoir,
1947 (A droite) Vue du livre ouvert.

Jazz est un livre d’art en édition limitée, édité en 1947, contenant des impressions de collages colorés. Le titre fait
référence aux rythmes de cette musique auxquels il compare ses collages. L’artiste évoque différents souvenirs
et centres d’intérêt allant du cirque aux voyages, en passant par des contes populaires. Henri Matisse a réalisé
20 planches* illustratives. Elles sont accompagnées de ses pensées, prenant la forme d’un texte manuscrit, avec
lequel elles dialoguent librement. L’œuvre suivante est extraite de ce livre.

32 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2


Le titre de ce collage évoque un lagon. Mais l’artiste
n’a pas représenté un récif corallien ou un paysage
marin. Il s’est librement inspiré des formes du corail
(Forme noire) et les mouvements de l’eau lui ont
inspiré les grandes formes qui ondulent.
Dans les formes et les couleurs on reconnaît donc
une influence maritime et méditerranéenne sans que
l’œuvre ne soit vraiment figurative. Cette liberté d’in-
terprétation du réel pourrait tout à fait être admise
dans la représentation de certains éléments d’un
poème car elle conserve un lien avec le référent*.


Henri Matisse, Jazz, Le lagon n°18, papiers gouachés,
découpés et collés sur toile, 43,6 x 67,1cm, 1946.

7 minutes
Exercice 4

Représente de nouveau le mot choisi dans l’exercice 2 (étape 2) mais avec la technique d’Henri
Matisse, c’est-à-dire avec des papiers colorés. Commence par peindre ou colorier un fond dans ton
brouillon puis découpe une forme en un seul trait de ciseaux. Réfléchis bien avant de commencer à découper !

Ce travail devra être envoyé à la correction avec la réalisation finale du projet (soit en photo si tu envoies
ton devoir en ligne, soit collé sur une copie CNED ou sur une feuille A4 si tu l’envoies par la poste).
Pense à écrire sur ton travail le mot choisi.

Mot choisi :
………………………………………………
Titre du poème dont le mot est extrait :
………………………………………………………….

Si tu n’as pas besoin d’envoyer le travail par la poste, tu Représentation n°3


peux le coller ici avant de le photographier.

Je compare mes trois représentations (exercices 3 et 4 de l’étape 2)


Quelle représentation préfères-tu ?
□ Représentation n°1 □ Représentation n°2 □ Représentation n°3
Quelle représentation est la plus réaliste ?
□ Représentation n°1 □ Représentation n°2 □ Représentation n°3
Quelle représentation est la plus libre ?
□ Représentation n°1 □ Représentation n°2 □ Représentation n°3

Dans ta réalisation finale, tu pourras t’inspirer de la liberté de Matisse mais tes représentations devront garder un
lien de ressemblance avec les éléments du texte tout en étant disposées de manière chronologique. Dans l’étape
suivante tu verras différents exemples qui te permettront de réfléchir à la façon d’organiser le temps de la narration
dans une suite d’images.
CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 2 33
ÉTAPE 3
Représenter le temps

Avant de représenter ton poème, tu le reliras plusieurs fois en te demandant comment organiser ton travail, tout en
tenant compte de la continuité des idées et des images qui apparaissent au fil du texte. Dans cette étape, tu t’inté-
resseras donc à l’organisation du temps dans une narration.

A. Représenter la continuité du temps

Pour représenter la continuité du temps avec des images rien ne vaut le cinéma ! Cette technique, inventée à la fin
du 19e siècle, permet de retranscrire le visible en donnant l’impression de voir les choses se dérouler sous nos yeux.

Avant l’invention du numérique, le support d’un


film a d’abord été constitué par une pellicule
contenant une suite d’images immobiles pla-
cées les unes au-dessus des autres. La magie
du cinéma vient du fait que, lorsqu’on projette 24
images par seconde, on a l’impression de voir un
mouvement continu !
On dit que les images forment une séquence* car
elles constituent un ensemble chronologique.

— Pellicule d’un film


Le premier film français a été réalisé en 1895
par Auguste et Louis Lumière, deux ingénieurs et
industriels qui ont joué un grand rôle dans l’inven-
tion de la photographie et du cinématographe.
Il faut bien se rendre compte qu’à cette époque,
pour réaliser un film, il fallait être capable d’inven-
ter une machine pour réaliser les prises de vues et
pour projeter les images !
Ce film est un plan fixe* qui montre des ouvriers
à la sortie de leur usine à Lyon. Aujourd’hui cela
paraît très banal mais il faut se mettre à la place
des premiers spectateurs fascinés par ces images
qui bougent !


Les frères Lumière, Extrait du film Sortie des usines
Lumière à Monplaisir, Lyon, 1895.

7 minutes
Exercice 1

Si tu as le matériel nécessaire, utilise de préférence un appareil photo, sinon une tablette ou un


smartphone, pour réaliser cet exercice. Choisis un endroit où il y a du mouvement (dans la rue, une vue à travers
une fenêtre, dans ton propre intérieur). Installe ton appareil pour pouvoir faire toutes les photos sans déplacer ton
appareil et sans le bouger. Puis réalise des prises de vues de manière continue pendant une minute.
Il n’y a plus qu’à lire les images, de préférence sur un ordinateur, et à les faire défiler assez rapidement pour les voir
s’animer ! Tu constateras que la fluidité du mouvement dépend de la vitesse de prise de vue de ton appareil mais
aussi de la vitesse de défilement des images à l’écran.

Mais, dans ce projet 2, tu ne pourras pas utiliser une caméra pour réaliser des images en mouvement ! Il va falloir
trouver d’autres solutions pour représenter le temps du poème avec des images fixes. Sur ta feuille, tu ne pourras
pas non plus faire comme dans l’exemple ci-dessous.

34 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 3


— Anonyme, La Tapisserie de Bayeux, broderie en laine sur toile de lin, 50 x 6830 cm, 1070-1080.
Tu reconnais certainement la Tapisserie de Bayeux, déjà vue en 6e (étape 4 du projet 2). Cette broderie raconte,
sur un support de près de 69 mètres, la conquête du trône d’Angleterre par Guillaume le Conquérant au 11e siècle.
Malgré la longueur impressionnante de la tapisserie, cet événement historique n’est pas vraiment continu car il est
divisé en 58 scènes, parfois séparées par des arbres. Chaque scène représente un moment important, qu’on appelle
aussi temps fort.

3 minutes
Exercice 2

Pour t’exercer à découper un texte en différentes unités narratives (images), illustre ces quatre vers
de Rimbaud en trois schémas rapides.

Par les soirs bleus d’été,


j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler
l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la
fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner
ma tête nue !

Il existe différentes solutions pour représenter le déroulement d’une narration et l’enchaînement des unités nar-
ratives. Observe les deux miniatures ci-dessous extraites du Roman de Mélusine. Ce livre raconte la légende d’une
femme, Mélusine, qui est victime d’une malédiction et qui se transforme en serpente le samedi. Elle sera sauvée si
elle épouse un être humain qui accepte de ne pas la voir ce jour-là de la semaine.

Cette miniature représente la rencontre entre


Mélusine et son futur époux. Le trajet du regard est
soigneusement organisé pour que la scène de la
fontaine s’impose à nous avant celle d’une première
rencontre plus ancienne. On comprend que la scène
de droite est antérieure en observant la posture du
cheval : ce qui est derrière lui représente le passé. Le
peintre a aussi utilisé la profondeur de l’image pour
suggérer la différence de temps entre le présent (au
premier plan) et le passé (à l’arrière-plan).


Anonyme, Rencontre de Mélusine et Raymondin à la fontaine,
miniature extraite du Roman de Mélusine, Jean D’Arras (1392) et
Coudrette, 1490.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 3 35


Dans cette autre miniature, on voit Raymondin, époux
de Mélusine, obtenant, du conte de Poitiers, une terre
de la taille d’une peau de cerf. Mais grâce à la ruse
de Mélusine, la peau avait été découpée en une fine
lanière qui trompe le comte en permettant d’encercler
une surface beaucoup plus grande que prévu. Dans
cette image, le temps est organisé en deux parties
clairement délimitées, mais qui communiquent, grâce
aux ouvertures de l’architecture, pour illustrer un lien
de cause à effet.
Dans ces deux exemples, l’image a été conçue pour
expliquer l’enchaînement chronologique entre deux
événements. Dans les parties suivantes, tu reverras
de manière plus approfondie que cet enchaînement,
qui permet le passage logique et cohérent d’un mo-
ment à un autre, constitue la base de ce qu’on appelle — Anonyme, Raymondin obtient une terre du Comte de Poitiers,
dispositif séquentiel*. Cette notion sera étudiée plus miniature extraite du Roman de Mélusine, Jean D’Arras (1392) et
Coudrette (1490).
loin.
Pour ta réalisation finale, tu réfléchiras à une manière de découper la représentation du poème en différentes
images. Dans la partie suivante, tu verras comment une narration peut être construite à partir d’une suite d’images
différentes.

B. Représenter le temps dans la discontinuité

Pour raconter une histoire se déroulant sur plusieurs années, par exemple, on ne peut pas tout dire et il faut trou-
ver une façon rapide d’évoquer les moments importants. C’est pour cette raison que les histoires sont rarement
racontées dans une seule séquence continue. Il est donc nécessaire de créer des ruptures dans le temps car tout
n’est pas forcément utile à la narration. Ces ruptures chronologiques permettent de ne pas tout montrer et éven-
tuellement d’accélérer le temps ou de revenir en arrière. Le cinéma et la bande dessinée ont souvent recours à ces
procédés. Par exemple, lorsqu’on raccourcit une séquence en supprimant une partie de l’histoire on parle d’ellipse
temporelle*.

Regarde bien cette


planche de bande
dessinée, qui raconte la
nuit d’un jeune garçon.
Pour évoquer le passage
de la réalité au monde
du rêve le dessinateur
a fait se succéder une
séquence intérieure et
une séquence extérieure.
Le temps qui passe entre
les cases est assez bref. Il
y a donc chaque fois une
courte ellipse temporelle
entre deux images.

— Winsor McCay, The walking


bed (Le lit marchant), Little Nemo
in Slumberland, 1908.

Le défi de la bande dessinée est de réussir à entretenir l’intérêt du lecteur. La possibilité de recourir à l’ellipse est
très utile car elle permet d’éviter l’ennui d’une narration trop longue ou trop répétitive. Malgré la partie manquante,
l’histoire reste compréhensible pour le lecteur qui reconstitue le fil narratif.

36 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 3


Ci-contre, tu peux lire une planche extraite
d’une bande dessinée racontant l’entrée en
sixième du héros : le petit Christian. Chaque
vignette contient une scène différente relatant
des commentaires faits par les adultes avant
sa rentrée en sixième. Il n’y a pas de continuité
chronologique entre les cases. On passe d’une
scène à une autre par une ellipse. Mais on
comprend bien que l’accumulation des images
raconte l’agacement du héros, lassé d’entendre
ces petites phrases qui accentuent son appré-
hension avant la rentrée.
Tu as certainement remarqué que dans chaque
vignette, l’histoire a lieu dans un endroit diffé-
rent. Dans ce cas on parle d’ellipse spatiale*.
L’auteur de bande dessinée a donc la liberté de
faire des sauts dans le temps et dans l’espace.
Changer de lieu permet aussi de montrer qu’on
n’est pas dans le même temps.
Les dessinateurs modifient souvent le fond de
l’image pour que le lecteur puisse mieux se
repérer dans le temps et dans l’espace. Observe
le fond des images.


Blutch, Un pas vers l’inconnu, in Le Petit Christian,
Volume 2, 2008

5 minutes
Exercice 3

Inspire-toi de cette planche de BD et continue l’histoire du Petit Christian en réalisant trois images à
partir des dessins ci-dessous. Tu devras différencier trois moments (un par image) sans tracer de case, en chan-
geant la couleur du fond. Tu peux utiliser des feutres, mais sers-toi d’un outil plus fin pour remplir les bulles.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 3 37


Comme tu as pu le voir, la représentation du temps est très importante dans une narration. Même si ton travail
ne consiste pas à réaliser une bande dessinée, tu pourras t’inspirer des exemples que tu viens de voir ou d’autres
illustrations que tu connais. Pour que ta séquence d’images soit compréhensible, et pour qu’elle représente bien la
chronologie du poème, il sera important de réfléchir à leur organisation sur le support. L’étape 4 t’aidera à compo-
ser et à organiser tes images.

ÉTAPE 4
Organiser des images
Pour représenter le poème, tu disposeras l’ensemble des images sur une feuille de format A4. Il s’agira donc pour
toi de les organiser dans un espace limité. Cela implique de déterminer le nombre d’images, leur format et leur
emplacement. L’organisation des images est très importante car elle détermine la signification et la cohérence de
ton travail qui doit respecter à la fois le sens de lecture et l’ordre du poème.

A. Le sens de lecture

Pour raconter une histoire ou pour représenter un texte en plusieurs images, il est important de définir l’ordre selon
lequel les images seront regardées. Une suite d’image s’organise, comme un texte, suivant un sens de lecture*. En
Occident ce dernier s’organise de gauche à droite et de haut en bas.
L’exemple ci-dessus montre trois vignettes* extraites d’une bande dessinée. Ces cases, qui occupent la largeur de
la planche, sont disposées en une séquence, c’est-à-dire en une suite d’images qu’on appelle un bandeau*. Comme
l’illustre ce passage, le sens de lecture est une convention d’organisation chronologique des images qui découle
de notre apprentissage de la lecture. Lorsqu’on arrive à la fin d’une ligne on sait donc qu’il faut aller à la ligne pour
continuer notre lecture.

—Marc-Antoine MATHIEU, Les Sous-sols du Révolu (Extraits du journal d’un expert), p. 48, bande dessinée, Futuropolis & Musée du Louvre
Éditions, 2006

Regarde bien de quelle façon ce bandeau a été organisé. C'est une démonstration qui illustre parfaitement la rela-
tion existant entre l'organisation de la BD et le sens de lecture. Tu constateras qu'il y a un lien très étroit entre le
sens de lecture, l'enchaînement du texte et l'enchaînement des images. Pour qu'une bande dessinée soit narrative,
elle doit guider le regard du lecteur de manière logique et sans utiliser de flèches. Dans ta réalisation finale, comme
tu ne pourras pas utiliser de texte, il te faudra concevoir les images en pensant à guider le regard du spectateur,
d'une case à l'autre, à travers ta feuille de dessin. Comme le montre la troisième case ci-dessus, la taille et la forme
des vignettes peuvent varier.

38 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4


Cet autre extrait de bande dessinée raconte les
voyages réels et imaginaires d’un personnage.
Les trois cases occupent la première page
de l’album, où l’on voit apparaître le voyageur
prenant des photos dans une rue. L’ordre des
images nous semble logique car nous avons
appris qu’un livre se lit dans un sens précis.
Comme chaque case occupe toute la largeur de
la planche, il n’y a qu’à suivre le déroulement de
cette séquence, de haut en bas.
Notre regard va donc très vite s’intéresser à la
bulle qui se trouve en haut à gauche et dans
laquelle est inscrite une onomatopée (Clic)
représentant le déclic de l’appareil photo. L’his-
toire s’ouvre sur ce petit bruit. Puis, nous allons
regarder l’homme et les détails constituant son
environnement.
Dans la seconde case, on s’approche du person-
nage et l’on peut voir précisément qu’il est en
train de contrôler la photographie qu’il vient de
prendre. Le fond blanc permet d’attirer l’atten-
tion sur l’action représentée.
Enfin, la dernière case est un gros plan dévoi-
lant la photo réalisée. Mais cette fois-ci nous
voyons les choses selon le point de vue du
photographe. C’est une manière habile de nous
faire entrer dans cette histoire qui raconte la
vision du personnage principal sur le pays qu’il
visite.

—Nicolas de Crécy, Journal d’un fantôme, p.5, bande


dessinée, Futuropolis, 2014

Si tu as bien regardé les deux exemples présentés, tu as pu constater que le sens de lecture détermine toujours le
sens de l’histoire. Même s’il peut y avoir différentes façons d’organiser la narration, il est important de bien com-
prendre que l’organisation d’une séquence dépend de la chronologie de l’histoire et du format du support.
2 minutes
Exercice 1

Exerce-toi à découper un récit en une séquence d’images. Avec tes crayons de couleur, représente le
vers suivant : « Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ».

Même si ton projet ne consiste pas à raconter une histoire, il sera ordonné d’après la construction du poème.
Une fois que l’on a compris que le sens de lecture sert de guide à la fois à la construction d’une narration mais aussi
à sa lecture, il reste à savoir comment déterminer les unités narratives (nombre, taille et forme des cases) et com-
ment les enchaîner.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4 39


B. L’organisation des images

Dans cette partie, tu vas voir diverses façons d’organiser une séquence d’images à travers quelques exemples
concrets. Mais n’oublie pas qu’il te sera aussi possible de t’inspirer de ces références pour inventer ta propre
manière d’organiser la séquence d’image. Pour commencer, il est important de capter progressivement l’attention
du lecteur.
Dans cette planche de
bande dessinée, sur
laquelle s’ouvre l’his-
toire du pirate Sando-
kan, l’auteur a débuté
par une case très large
permettant de situer
l’histoire. Les indices
géographiques conte-
nus dans le cartouche*
(en haut à gauche) et le
paysage nous plongent
dans l’ambiance de cette
aventure.
La seconde case est un
gros plan sur le sommet
de l’île où l’on devine
une habitation. Enfin, on
découvre le héros, dans
la troisième case, mis en
scène grâce à différents
— Hugo Pratt, Sandokan, Le Tigre de Malaisie, bande dessinée, Casterman, 1971. éléments du décor.
Dans l’exemple précédent, le dessinateur a utilisé sa planche au format paysage et il l’a divisé en trois cases délimi-
tées très nettement. Mais il est possible d’enchaîner différents moments d’une narration sans cases, comme tu vas
le découvrir dans l’exemple suivant.
Voici une nouvelle planche du Journal d’un fantôme de
Nicolas de Crécy. Nous retrouvons le personnage dans
un autre moment du livre que tu as vu précédemment.
L’auteur a organisé sa planche en trois parties qui ne
sont pas délimitées par des cases.
En haut, tu peux voir la table du dessinateur avec dif-
férents objets qui accompagnent ses longues journées
de travail. La taille de l’image permet de bien voir les
objets.
En bas, dans la partie gauche, on voit le dessinateur se
lever et interrompre son travail. Il ressent le besoin de
se délasser et tu peux le voir sortir de l’atelier dans la
partie droite. Il n’y a pas de limite nette entre ces deux
moments. La montre, redessinée en grand, met en
avant le sujet de cette planche : le temps passé à dessi-
ner, qui rythme la vie de l’auteur.
— Nicolas de Crécy, Journal d’un fantôme, p.124, Futuropolis, 2014.
Observe à la page suivante l'œuvre de Jean-Michel
Basquiat, peintre issu du monde du tag et du graffiti.
Dans son travail culture du musée et culture de la rue
cohabitent librement. Il combine des fragments et des
échantillons de mots, d’images et de symboles.
Ici, tu peux voir qu’il n’y a pas de sens de lecture privi-
légié : une peinture n’a pas pour fonction de raconter
une histoire comme une bande dessinée. L’artiste s’est
inspiré de différents univers pour réaliser cette grande
composition hétérogène, qui peut paraître désordonnée
mais qui constitue une figuration libre et foisonnante.

40 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4


— Jean-Michel BASQUIAT, Le Roi des Zoulous, papiers collés, photocopie, pastel gras, peinture acrylique, peinture sur toile, 208 / 173cm, 1986.
Le titre de l’œuvre évoque un morceau du musicien Louis Armstrong et le mouvement « Nation Zulu », branche du
hip-hop qui prend racine à New York dans ces années.
Pour décrypter cette œuvre, il faut faire différents va-et-vient entre les parties et le tout. Il faudrait s’approcher pour
voir et lire les détails et pour constater la diversité des images accumulées. Puis il faudrait pouvoir se reculer pour
voir la composition dans son ensemble.
L’organisation d’une séquence d’image peut donc se faire de manière très ordonnée : des images, bien délimitées
par des cases, sont alignées de manière chronologique et rectiligne, en bandes successives. Mais, à l’opposé, on
peut aussi faire cohabiter plus librement les images, sans les délimiter, sans respecter un ordre précis et parfois
même en les superposant en partie. Lorsque tu organiseras ton travail final, n’oublie pas qu’une représentation trop
désordonnée ne tiendrait pas compte de la forme du poème et risquerait de ne pas être compréhensible.
Retiens que, dans une narration séquentielle, les images sont interdépendantes et que leur organisation dépend du
sens de lecture mais aussi du format à l’intérieur duquel elles vont être mises en page.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4 41


Observe, ci-contre, de quelle manière l’auteur a
raconté la rencontre imaginaire entre le personnage
principal et Camille Corot, un peintre célèbre pour
ses paysages. D’abord, tu devrais remarquer que
l’auteur de ce manga a organisé la séquence de haut
en bas mais aussi de la droite vers la gauche.
En haut, deux cases sont juxtaposées. La première
représente la surprise d’un jeune homme et dans
l’autre, en face, on découvre ce qui en est la cause.
Puis, une large case met l’accent sur le vent dans les
arbres en créant un lien entre le haut et le bas de la
page. Comme le vent qui circule dans les tableaux de
Corot, notre regard est guidé à travers les images.
Dans la dernière case le lecteur aboutit à une grande
image qui dévoile davantage le peintre et rend hom-
mage à la peinture de plein air.
Cet exemple montre bien que chaque page de bande
dessinée constitue un ensemble. L’unité de cet
ensemble dépend de la cohérence de l’organisation.
Le lecteur doit pouvoir poursuivre sa lecture grâce au
texte et à l’enchaînement des images, mais égale-
ment grâce à une logique graphique propre à chaque
dessinateur.


Jirô Taniguchi, Les Gardiens du Louvre, bande dessinée,
Futuropolis, 2014.

1 minute
Exercice 2

Pour prendre conscience de l’organisation d’une séquence, prends un crayon à papier et dessine le
parcours de ton regard sur l’image lorsque tu lis la planche du manga ci-dessus. Pour éviter d’abîmer
ton livret de cours, tu peux éventuellement placer un calque directement sur l’image.

Dans cette planche, je constate (coche la case qui convient) :


Que le sens de lecture du texte conduit le regard dans une diagonale : □ ascendante □ descendante
Que le parcours de mon regard prend globalement : □ la forme d’un Z □d’un Z inversé
Qu’il y a un seul parcours possible dans l’image : □ oui □ non
Que même si mon regard est guidé il reste libre de choisir son parcours : □ oui □ non

Chaque image d’une séquence doit donc être conçue pour s’intégrer à un ensemble. Et cet ensemble doit être bien
adapté au format du support. Dans le cas de la BD, les cases doivent bien occuper l’espace de la planche.

C. L’organisation interne des images


Pour qu’une séquence soit lisible et compréhensible, il ne faut pas seulement se préoccuper de l’ordre selon lequel
les images se succèdent ; il est important de bien réfléchir à l’organisation de l’intérieur des images, la compo-
sition* de chaque image. Quand tu représenteras ton poème il te faudra donc déterminer le contenu de chaque
image de la manière la plus adaptée à l’organisation générale de ta séquence. Dans cette partie, tu verras quelques
exemples qui te permettront d’en savoir un peu plus sur la manière de définir la composition des images, mais
aussi leur taille et leur nombre.

42 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4


1. La composition des images

Le terme de composition désigne non seulement les éléments représentés dans l’image mais aussi le principe
d’organisation qui détermine la manière dont ces éléments sont disposés.
5 minutes
Exercice 3

Identifie le contenu figuratif d’un des trois poèmes de l’étape 1 en dressant une liste.
Les objets : ……………………………………………………………………………………………………
Le(s) paysage(s) : ………………………………………………………………………………………………………………….
Le(s) personnages(s) : ……………………………………………………………………………………………………………
Les actions / mouvements : ……………………………………………………………………………………………………….
Les couleurs / éclairages : ……………………………………………………………………………….………………………..
Autre(s) élément(s) du décor : …………………………………………………………………….………………………………
Tous ces éléments seront répartis dans les différentes images de ta séquence. Ceux qui te semblent plus impor-
tants peuvent être entourés, pour ne pas oublier qu’il faudra peut-être les inscrire dans une case plus grande. Si
tu as déjà choisi ton poème, tu peux commencer à faire un croquis de ta mise en page au brouillon, pour essayer
de visualiser l’emplacement que prendra chacun de ces différents éléments dans les cases. Une fois que tu sauras
exactement ce que chaque case doit contenir, tu pourras t’intéresser de plus près à leur composition.

Cette case d’une autre bande dessinée de Marc-


Antoine Mathieu est comme une fenêtre allumée,
à l’intérieur de laquelle on découvre un person-
nage absorbé dans la contemplation d’un dessin.
Les carreaux de la fenêtre, les fenêtres au loin,
le dessin et son encadrement vide, ainsi que
la loupe, sont autant de cadres* emboîtés les
uns dans les autres et qui semblent insister sur
l’importance du cadrage* dans le neuvième art.
Dans cette bande dessinée il n’y a souvent que
deux cases superposées par page. L’auteur a
représenté de nombreux détails qui nous invitent
à une enquête graphique.


Marc-Antoine Mathieu, Le dessin, p. 17, bande dessinée,
Guy Delcourt Productions, 2001.

Le cadre est donc la limite de la case. Il détermine ce qui va être vu mais peut prendre différentes formes. On a
l’habitude de voir des cases rectangulaires mais la forme peut aussi être irrégulière pour signifier, par exemple, que
l’on est dans le rêve ou dans un souvenir. Ci-dessous, tu peux voir quelques vignettes différentes.


Caumery et Pinchon, — David B, Les Incidents de la — Gipi, S., p. 104, 2014 — Blutch, Total Jazz, La vie
Bécassine voyage, p. 21, Les nuit, Vol 1, p. 2, 2012 d’artiste, 2013
dangers du métro, 1921

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4 43


Ainsi, une vignette ronde peut servir à mettre l’accent sur une action ou à éviter la monotonie. Certaines cases
peuvent ne pas être encadrées pour laisser le dessin, ou la peinture, plus libre. Il est fréquent que les auteurs
inventent des manières, parfois drôles, de donner forme à leurs cases et de concevoir leurs séquences.
Dans ta réalisation, il pourra aussi être intéressant de changer le cadrage pour montrer des éléments importants ou
pour éviter la monotonie.
2 minutes

Exercice 4
Dans le poème de Paul Éluard, le poète écrit :
« Un grand navire au fil de l’eau / Ses voiles partagent le vent ». Représente ces vers selon deux cadrages diffé-
rents : un plan d’ensemble et un gros plan (voir annexe) dans ces deux cadres de tailles différentes.

Plan d’ensemble Gros plan

Je compare les deux représentations


Quel cadrage permet de situer le navire dans son environnement ? □ Le plan d’ensemble □ Le gros plan
Quel cadrage peut servir à montrer le navire dans le détail ? □ Le plan d’ensemble □ Le gros plan
Le gros plan a-t-il nécessité une plus grande case ? □ oui □ non

La forme d’une case dépend à la fois du cadrage et de la composition que l’on souhaite réaliser. Il ne suffit pas de
tracer des cases et de les remplir mais il faut se demander ce que l’on veut représenter, et donc raconter, avant de
tracer les cases.

2. Déterminer le format, la taille des images et leur nombre

Dans ta réalisation, tu détermineras le format, la taille et le nombre des images en fonction de la longueur et du
contenu du poème choisi. Plus le poème est long, plus les images seront nombreuses et petites. Si tu veux donner
de l’importance à un élément, tu pourras choisir de prendre plus de place. Mais la technique utilisée sera aussi
déterminante. 5 minutes

Exercice 5

Dans le poème de Paul Éluard, il est question d’un


« Grand soleil ». Représente-le, de la manière la
plus intense, au stylo à bille dans le petit espace
puis à la gouache dans le grand espace :

44 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 4


Compare tes deux représentations et demande-toi laquelle est la plus réussie. Tu as certainement compris que l’art
de la bande dessinée consiste à faire apparaître le plus de choses possibles dans un espace limité.

Dans le bas de la planche de bande dessinée


de Winsor McCay, déjà vue précédemment, les
vignettes se sont agrandies, en même temps que
les pieds du lit, pour représenter l’histoire de ce
lit marchant.
Des cases hautes permettent à l’auteur de repré-
senter un environnement extérieur vertigineux
et la déambulation du petit héros à travers une
réalité déformée par le rêve.
Pour représenter le retour à la réalité, l’auteur a
rapetissé brusquement les deux dernières cases.
À la fin de cette aventure nocturne, on retrouve
le petit Nemo, tombé de son lit, tout en bas de la
dernière case !


Winsor McCay, The walking bed, Little Nemo in Slumberland, 26 juillet
1908.

N’hésite pas à faire un brouillon, ou à dessiner d’abord sans appuyer sur ta feuille, pour savoir comment répartir les
différents éléments à représenter dans les images de ta séquence. Cela te permettra de savoir comment organiser
l’espace de ta planche mais aussi l’espace de chaque image.

ÉTAPE 5
Analyser différents dispositifs séquentiels

Cette étape comporte des exercices interactifs qui te permettront de vérifier ta compréhension des notions
abordées. Pense à te connecter à ton espace inscrit !
Dans ce projet 2, tu vas réaliser plusieurs images et les organiser en une séquence. Tu as déjà vu plus haut que,
dans une séquence, chaque image est en relation avec les images qui l’entourent. Tu vas découvrir dans cette étape
différents dispositifs séquentiels*.

A. Les dispositifs picturaux


Bien avant l’invention du cinéma ou de la bande dessinée, les peintres ont inventé des dispositifs permettant de
mettre en relation plusieurs images. Des peintures sur bois pouvaient être articulées en plusieurs panneaux. On
parle de diptyque*, triptyque* ou de polyptyque*.

Dans ce diptyque, le peintre Piero della Francesca a


réuni les portraits de Frédéric III de Montefeltro et de
Battista Sforza. La posture des personnages, l’humanité
de leurs visages et la profondeur du paysage exaltent
la dignité et la grandeur des deux époux dont ce double
portrait commémore le mariage.
Les deux tableaux se font face et constituent un en-
semble dont les parties semblent inséparables. L’union
de ces deux personnes importantes est glorifiée par
le dispositif* à deux panneaux fixes dont on ignore la
forme de l’encadrement initial.

—Piero della Francesca, Double portrait des Ducs d’Urbino, 1472,


47 × 33 cm

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 5 45


Ce triptyque constitue un ensemble organisé autour de la figure
principale du Christ. Les panneaux latéraux racontent des épi-
sodes bibliques. En dessous, le peintre a représenté la Vierge à
l'Enfant entourée de deux anges et des douze apôtres.
Ce triptyque ne se lit pas de gauche à droite. L’organisation se fait
autour de l’axe central déterminant la structure symétrique du
retable et symbolisant le passage du monde terrestre au monde
divin.
Cette forme primitive de narration séquentielle servait à accom-
pagner la vie religieuse des fidèles tout en illustrant les textes
bibliques (Ici, l’Ancien Testament).


Giotto di Bondone, Le triptyque Stefaneschi, 1320, peinture à tempera sur
panneau de bois, 222,4 × 254 cm

Sais-tu qu’avant de donner lieu à des commandes profanes la peinture avait un contenu presque exclusivement reli-
gieux ? C’est pour cette raison que de nombreux polyptyques ont été peints au Moyen Âge et à la Renaissance pour
servir de retables, c’est-à-dire de tableaux que l’on trouve derrière les autels, au sein des églises. Grâce aux volets
mobiles, les tableaux pouvaient être ouverts ou fermés en fonction des cérémonies et des fêtes.

B. Les dispositifs graphiques


Dans les étapes précédentes, tu as déjà vu de nombreux exemples de dispositifs graphiques à travers les extraits de
bandes dessinées. Or, le dessin peut participer à des dispositifs de formes variées. Pour réaliser ton travail, tu seras
limité(e) à un support bidimensionnel de format A4, mais il est utile de découvrir d’autres types de supports et de
formats pour bien comprendre le principe d’organisation de tout dispositif.
En 2018, Marc-Antoine Mathieu, l’auteur de bande dessinée que tu as déjà rencontré plus haut, a réalisé une œuvre
intitulée 3 rêveries. Cette œuvre est un poème graphique sans texte. Elle représente trois aventures de l’humanité à
travers trois dispositifs graphiques différents contenus dans un écrin.

Le premier dispositif, intitulé Homo Logos, est un livre ruban


de plusieurs mètres. Sa séquence est constituée d’une seule
image que l’on ne peut pas voir en entier, mais que l’on découvre
au fur et à mesure qu’on la déroule. Cette image représente la
naissance et l’évolution de la parole humaine qui se déploie dans le
prolongement d’une flamme symbolisant la préhistoire.

Le second dispositif, intitulé Homo Temporis, est un livre accordéon.


Il représente une rêverie sur le temps. Chaque image renvoie à la
suivante dans un enchaînement horizontal.

Le troisième dispositif est un jeu de cartes intitulé Homo Faber. Il


évoque l’évolution de l’être humain, son apprentissage à travers le
temps et l’invention de ses outils. Les images ne sont pas soudées
entre elles. La forme et la taille du support peuvent donc varier
fortement selon les dispositifs. Chaque dispositif implique une
manière particulière de suivre la narration. Souvent, le lecteur ou
le spectateur doivent actionner manuellement le dispositif. Parfois
le dispositif graphique peut englober le spectateur qui le découvre
alors au fil de ses déplacements. C’était le cas aussi bien dans les
—Marc-Antoine MATHIEU, 3 rêveries, Éditions grottes préhistoriques que maintenant dans l’art contemporain !
Delcourt, 2018

46 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 5


C. Les dispositifs photographiques
La photographie sert à réaliser des images uniques mais elle peut aussi donner lieu à des dispositifs séquentiels.
Dès son apparition, cette invention a intéressé les scientifiques.

Certains d'entre eux inventèrent une technique,


appelée chronophotographie*, qui consiste
à prendre une succession d’images pour
décomposer le mouvement et l’étudier.

— Eadweard Muybridge, Locomotion animale, 1887.


Les artistes se sont aussi emparé des possibilités offertes par la photographie. À partir des années cinquante, par
exemple, un couple d’artistes allemands, Bernd et Hilla Becher, s’intéressent aux constructions industrielles mena-
cées de fermeture ou à l’abandon. Ils photographient les bâtiments, toujours avec la même lumière neutre, le même
cadrage frontal et la même technique, de façon à créer des images documentaires objectives.

Dans l’œuvre ci-contre, tu peux constater que


leurs photographies sont présentées en séries,
comme des répertoires.
Ce type de dispositif n’est pas déterminé par un
sens de lecture chronologique mais il fonc-
tionne selon un principe de comparaison. Le
spectateur va d’une image à l’autre, en repérant
les particularités des formes architecturales,
puis il peut identifier leurs points communs
grâce à une vue d’ensemble.

—Bernd et Hilla Becher, Photographies de façades


industrielles, 1970-1992.

Dans toute séquence, la signification d’une image dépend


de son contexte, c’est-à-dire des autres images qui sont
en relation avec elle. La juxtaposition des images crée
une sorte de montage* permettant de mettre en valeur
des formes, comme dans l’exemple précédent, ou d’orga-
niser une narration.
Voici une œuvre de l’artiste John Baldessari, qui est connu
pour associer le texte, la photographie et la peinture.
Dans ce polyptyque, intitulé talon, l’artiste a assemblé
plusieurs photographies en noir et blanc sur lesquelles il
a peint trois formes graphiques colorées. Les images et
les signes graphiques, ainsi que le titre de l’œuvre, nous
invitent à tisser des liens entre les différentes parties. Le
spectateur cherche à comprendre l’histoire qui peut se
nouer dans la relation entre les images et dans la relation
entre les personnages représentés. Là encore, c’est au
spectateur de choisir le sens de sa lecture.

—John Baldessari, Talon, photomontage et peinture acrylique, 1,8 x


1,2 m environ, 1986.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 5 47


ÉTAPE 6
Finaliser le projet

Tu as maintenant toutes les clés en main pour finaliser ta réalisation finale. Pour construire ta séquence, n’hésite
pas à revenir voir tous les exemples dans le livret de projets. N’oublie pas que ton travail découlera de la forme et du
contenu du poème, à choisir dans l’étape 1 et à indiquer dans le bilan.
Maintenant, c’est à toi d’organiser ton travail, en veillant à ce que l’on comprenne bien le lien entre les images et en
occupant bien ta feuille !

A. Effectuer des choix

Choisis le poème à représenter (parmi les trois extraits figurant dans l’étape 1).
Relis bien le poème. Aide-toi des étapes 1 et 2 pour déterminer ses différentes représentations visuelles en repérant
les éléments importants. Réfléchis à la manière dont tu vas le découper en différentes images.

Si nécessaire, tu peux aller voir la boîte à outils « Reproduire une image manuellement ».

Choisis au moins deux techniques parmi le dessin, la peinture, la photographie et le collage. Choisis celles que tu
sauras associer de la manière la plus harmonieuse.

B. Réaliser le travail plastique


Le travail sera réalisé sur une feuille de dessin de format A4 utilisée au format portrait ou au format paysage. Si
nécessaire, il est aussi possible d’assembler deux feuilles de format A4 ensemble en les fixant bout à bout, ou côte à
côte, avec du ruban adhésif (à l’arrière). Dans tous les cas, le travail doit être bidimensionnel (sans rabats ni reliefs)
et il doit pouvoir être photographié de telle façon que toutes les images de la séquence soient visibles et en une
seule prise de vue.
Tu devras réaliser entre cinq et huit images. Sers-toi de ce que tu as lu dans l’étape 4, pour déterminer leur nombre
exact, leur format et leur taille.
Organise l’enchaînement et la disposition de tes images sur ta feuille, en respectant l’ordre du poème et pour que
l’on puisse bien suivre le sens de lecture.

Remarque : constituer et organiser une séquence d’image est une tâche complexe qui peut nécessiter de revenir en
arrière ou de faire des ajustements au fur et à mesure de sa réalisation. C’est pour cela qu’il t’est fortement recom-
mandé de faire d’abord un brouillon ou de commencer par tracer les cases ou les différentes représentations, sans
appuyer, pour pouvoir éventuellement gommer et modifier le dessin préparatoire.

C. Vérifier le travail
Vérifie que ton projet prenne bien en compte tous les éléments présents dans la grille d’évaluation qui suit. Com-
plète le bilan qui suit cette grille d’évaluation et envoie-le avec ton travail, soit en ligne, soit par la poste (dans ce cas,
découpe-le et colle-le sur la première page de ta copie du CNED).
Complète le bilan qui suit cette grille d’évaluation et envoie-le avec ton travail soit en ligne, soit par la poste (dans
ce cas découpe-le et colle-le derrière ton travail).

Rappel : ce qui est à envoyer à la correction


1. Un collage (exercice intermédiaire, étape 2)
2. La représentation du poème choisi en plusieurs images (réalisation finale, étape 6)
3. Le bilan de ton projet

48 CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 6


Grille d’évaluation du projet

Barème
Tu es capable… Tu seras évalué(e) sur les points suivants :
20 points
Les différents éléments du poème ont été représentés en
1. De produire des images / 6 points
cinq à huit images. Ils sont identifiables.
La forme, la taille et l’organisation des images permettent
2. D’associer et d’organiser diffé-
de constituer une séquence dont on peut suivre le sens de / 6 points
rentes images
lecture.
3. D’occuper toute ta feuille L’organisation des images tient compte du format. / 2 points
4. De maîtriser des outils et des Les techniques sont maîtrisées et bien associées. La réalisa-
/ 4 points
techniques tion est soignée.
5. De te repérer dans les étapes
L’exercice 4 de l’étape 2 et le bilan ci-dessous sont présents. / 2 points
de ton projet

Pour envoyer tes copies à la correction, reporte-toi au document « Modèles de copies et consignes » que tu
trouveras dans ton espace inscrit, dans les « Informations et tutoriels », rubrique « Les indispensables ».
Tu trouveras au même endroit, la vidéo « Photographier son travail à plat ».

Bravo, tu as terminé le projet n° 2 ! Rends-toi sur ton espace inscrit pour voir les travaux de tes camarades et
exposer le tien !

"_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _

Mon bilan du projet 2


a. J'ai choisi de représenter (coche la case) :
□ Le voyage de Charles Baudelaire
□ La Halte des heures de Paul Éluard
□ Sensation d’Arthur Rimbaud
b. Ce que j’ai préféré dans ce projet :
………………………………………………………………………………………………………………..…………………..………………………..…………...………
c. Ce qui a été difficile à faire :
……………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………..……………..………
d. Ce qui me semble utile pour expliquer mon travail et faciliter sa correction :
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CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder – Étape 6 49


ANNEXE
Cadrer une image

Le cadrage détermine ce qui sera visible dans l’image (le champ) et aussi ce qui ne sera pas visible (le hors-champ).
Il sert à attirer l’attention du spectateur et met en valeur certains éléments de la composition. Par exemple, lorsque
tu regardes un film, tu peux remarquer que des acteurs qui dialoguent ne sont pas cadrés de la même façon que
des acteurs qui effectuent une action dans un grand espace.
La façon de cadrer une image détermine ce qu’on appelle le plan, c’est-à-dire la position et les dimensions de ce
qui entre dans le champ de l’image. Voici quelques exemples de cadrages :

Le plan d’ensemble permet de montrer une vue de


l’ensemble d’un paysage ou d’un décor à l’intérieur
d’une pièce.
Dans cette vue peuvent être intégrés des person-
nages, des bâtiments, des objets, etc.

Voici une photographie cadrée en plan d’ensemble.


Les cadres colorés désignent trois exemples de
cadrages possibles pour un personnage :
— en rouge, le plan moyen (en entier)
— en bleu, le plan américain (à mi-cuisses) et
— en vert, le gros plan (une partie du corps).
Tu peux constater que la photo a été prise au format
paysage et que les trois cadrages colorés corres-
pondent au format portrait.

Le cadrage est un terme qui désigne l’action de choisir une partie du visible en définissant les limites de l’image
(que ce soit un dessin, une peinture, ou une photographie). Un artiste qui représente une nature morte ou un pay-
sage doit prendre en compte le format de son support, ou de son image, pour composer sa représentation ou pour
définir le point de vue qu’il veut donner sur les choses. Le cadrage définit donc aussi la position de l’observateur.
Généralement, le cadrage est défini par rapport aux personnages. Si tu veux représenter deux voisins qui se saluent
de loin, tu peux utiliser un plan de d’ensemble. Si tu veux montrer l’expression d’un personnage, le gros plan sera
plus adapté.

CNED – Collège 5e ARTS PLASTIQUES – PROJET 2 : Un poème à regarder –Annexe 51

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