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Faculté de Médecine
Laboratoire de Physiologie
Module: physiologie
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Préambule
L’homéostasie phosphocalcique est soumise à trois challenges. Le premier consiste à
accumuler et maintenir un important stock osseux de phosphates de calcium qui leur confère
leur résistance mécanique. Cet objectif est assuré par l’augmentation de l’absorption
intestinale phosphocalcique par la vitamine D (calcitriol) le verrouillage de la calciurie par la
parathormone (PTH). Le second challenge consiste à maintenir constants le calcium
extracellulaire et le stock cellulaire de phosphates. La calcémie ionisée est un déterminant
vital de l’excitabilité neuromusculaire et de la coagulation. Le dernier challenge
homéostatique est de permettre l’accrétion osseuse tout en prévenant la formation de dépôts
phosphocalciques dans les tissus mous.
Taches de l’apprenant
- Validation du pré requis
- Lecture des objectifs éducationnels
- Lecture du document de base
- Réponse aux questions du post-test
Concepts Clés :
- Le maintien de l’homéostasie phosphocalcique est possible grâce à la régulation du
métabolisme de l’os, de l’absorption intestinale des ions calcium et phosphate et leur
élimination rénale
- La régulation de la sécrétion de la PTH se fait essentiellement par rétrocontrôle négatif
de la calcémie
- L’os est en perpétuel remaniement
- La PTH a un effet global catabolique sur l’os (augmente la résorption osseuse) et un
effet sur les reins
- La vitamine D3 a une action anabolisante sur l’os, stimule l’absorption digestive du
calcium et la réabsorption rénale du calcium et du phosphate
- La calcitonine a des effets antagoniste à la PTH pour la calcémie et synergique pour la
phosphatémie
- Les contraintes mécaniques favorisent la formation de l’os
Objectifs éducationnels
1. Reconnaitre les différentes formes du calcium et du phosphate dans l’organisme en
précisant leurs fonctions
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2. Décrire la répartition phosphocalcique dans l’organisme
3. Décrire les actions de la PTH sur les os, les reins et le tube digestif
Pré-requis
- Structure histologique de l’os
- Biochimie des hormones stéroïdes et des hormones peptidiques
Vignette et prétest
Un sujet a une calcémie mesurée de 2,1 mmol/l, son albuminémie est de 30 g/l. Ce sujet est –
il en hypocalcémie ?
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DOCUMENT DE BASE
1- Introduction
2- Métabolisme phosphocalcique
2-1- Calcium
2-1-1- Répartition :
L’organisme contient 1 à 1,5 kg de calcium (25 à 37,5 moles) dont la plus grande partie (99%)
est contenue dans le squelette. L’os est non seulement un site de stockage pour le calcium,
mais aussi un tissu vivant en renouvèlement continu : 500 mg de calcium sont échangés
chaque jour entre le tissu osseux et le milieu extracellulaire. Le 1% restant se repartit entre les
secteurs intra et extracellulaires. Le pool extracellulaire est d’environ 1 g (25 mmol). La
calcémie normale est comprise entre 2,25 et 2,5 mmol/l elle comprend deux fractions :
- Une fraction non diffusible (environ 40% de la totalité de la calcémie) : calcium lié
aux protéines globulaires et surtout l’albumine dans le plasma : 10 g d’albumine fixent
0,2 mmol de calcium.
- Une fraction diffusible : comportant le calcium actif et le calcium lié aux citrates,
lactates et phosphates avec les quels il forme des complexes solubles.
Tableau I : répartition des ions calcium et phosphate dans l’organisme et leurs fonctions
2-1-2- Homéostasie
L’alimentation apporte environ 1 g/j de calcium dont 35% sont absorbés. L’excrétion fécale
de calcium est d’environ 800 mg, comportant la fraction non absorbée (650 mg) et une
fraction d’origine digestive (150 mg). L’absorption intestinale nette est donc d’environ 200
mg/j. l’élimination urinaire est en moyenne 200 mg/j. l’os n’est pas un tissu inerte, le
remodelage osseux est permanant, avec un échange de calcium portant sur 500 mg/j.
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Figure 1 : Bilan du calcium
2-2- Phosphore
2-2-1- Répartition
Le pool total des phosphates est de l’ordre de 800 mg (20 mmol), dont la plus grande partie
est dans le tissu osseux sous forme d’hydroxyapatite (Ca10[PO4]6[OH]2), principal composant
de l’os. La concentration normale de phosphates dans la corculation est de 1 à 2 mmol/l,
composés de phospholipides, d’esters de phosphate et de phosphate inorganique. Ce dernier
est ionisé, circulant sous forme de H2PO4- - et de H2PO4-.
2-2-2- Homéostasie
L’alimentation apporte 1g/j de phosphates (75 mmoles), l’excrétion se faisant pour 350 mg
(16 mmoles) par l’intestin et pour 650 mg (29 mmoles) dans les urines. Le remodelage osseux
est réalisé grâce à un échange d’environ 250 mg/j (7 mmoles) entre l’os et le milieu
extracellulaire. La vitamine D stimule l’absorption alimentaire des phosphates. Le principal
site de régulation de la phosphorémie est le rein : 90% du phosphate sont filtrés par les
glomérules, la majorité de la réabsorption s’effectuant dans le tube proximal. PTH et
calcitonine inhibent cette réabsorption, et augmentent l’élimination urinaire du phosphate.
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Figure 2 : Bilan des ions phosphate
3- Régulation hormonale
Les concentrations plasmatiques du calcium et phosphore sont régulées par des hormones,
principalement, la PTH, et la vitamine D qui agissent sur l’absorption intestinale, la formation
et la résorption osseuse et l’élimination urinaire. Le rôle de deux autres hormones, spécifiques
du métabolisme phosphocalcique, calcitonine et PTH-related Peptide (PTH-rP) est moindre.
Enfin, plusieurs autres hormones ou cytokines y participent aussi, avec des effets notables sur
la structure osseuse.
3-1-1- Métabolisme
Les quatre glandes parathyroïdes situées aux pôles supérieur et inférieur de la face postérieure
des deux lobes thyroïdiens, ont la taille d’un petit pois (poids total de 130 mg), et sont
richement vascularisées.
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Figure 3 : Emplacement des glandes parathyroïdes
Elles constituées par les cellules principales, riche en granules de sécrétion, qui sécrètent la
PTH, et par du tissu graisseux, le tout entouré par une fine capsule de tissu conjonctif.
La PTH est un peptide de 84 aa, synthétisé sous la forme d’un précurseur, la pré-pro-PTH. La
sécrétion de PTH est continue avec superposition de plusieurs pulses toutes les heures. Les
sécrétions basale et pulsatile de PTH représentent respectivement 70 et 30% de la totalité de la
sécrétion. La PTH est dégradée par les reins et le foie pour donner un fragment 1-34
biologiquement actif et dont la demi-vie est de 4 à 20 min, un fragment COOH-terminal
biologiquement inactif, dont la demi-vie est plus longue. Dans la circulation, la PTH est
présente sous formes :
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3-1-2- Régulation de la sécrétion
Le rôle physiologique de la PTH est de maintenir une calcémie normale. Sa sécrétion est
régulée par le rétrocontrôle exercé par le niveau du calcium circulant.
Cette régulation est mise en jeu pour des variations faibles de la calcémie ionisée, qui sont
détectées par un récepteur du calcium spécifique localisé sur les glandes parathyroïdes. Ce
récepteur transmembranaire est couplé aux protéines G. son activation induit une cascade de
signalisation impliquant l’activation de la phospholipase A2 et la voie de l’acide
arachidinique, avec une augmentation de la synthèse du leucotriène. Une élévation de la
calcémie active le récepteur de et la formation de leucotriène, dont les métabolites inhibent la
sécrétion de PTH. Cette inhibition est surtout due à l’augmentation de la dégradation de PTH
préformée. Inversement, dans l’hypocalcémie, la sécrétion de PTH est stimulée, le récepteur
du calcium n’étant pas occupé. Il y a une augmentation rapide de sécrétion de PTH stockée,
puis stimulation de la synthèse de l’hormone.
3-1-2- Actions
La PTH maintient l’homéostasie phosphocalcique en agissant sur trois niveaux : sur l’os ou
elle stimule la résorption osseuse, sur le rein ou elle facilite la réabsorption du calcium, et
indirectement sur l’intestin ou elle augmente l’absorption intestinale du calcium par
l’intermédiaire de l’activation de la vitamine D. les deux tissus cibles de la PTH sont donc
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l’os et le rein. La PTH se fixe sur un récepteur transmembranaire couplé aux protéines G, le
PTHR-1. Cette fixation stimule le système adénylate cyclase-AMP cyclique et induit les
modifications biologiques spécifiques de chaque tissu.
Le tissu osseux est constitué d’une matrice extracellulaire et des cellules. La matrice
extracellulaire a des propriétés mécaniques de résistance utiles à la motricité et à la protection
d’organes vitaux et propriétés métaboliques avec une contribution essentielle à l’homéostasie
phosphocalcique. Elle comprend une fraction organique constituée par le collagène de type I
et des protéoglycanes, et une fraction minérale constituée par des cristaux d’hydroxyapatite de
calcium.
- Les ostéocytes sont les cellules les plus nombreuses et représentent le stade terminal
des différenciations des ostéoblastes. Ils évoluent vers l’apoptose ou la phagocytose
durant la résorption ostéoclastique.
L’os est le siège d’un remodelage permanant qui lui permet de s’adapter aux stress
mécaniques et réparer les microdomages pour maintenir sa force.
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Chez l’homme, environ 25% de l’os trabéculaire et 3% de l’os cortical sont résorbés et
remplacés chaque année. Il y a d’abord l’action des ostéoclastes avec résorption de l’os, suivie
de la phase de formation avec l’afflux des ostéoblastes sur le site. Ce processus est contrôlé
par des facteurs hormonaux dont la PTH qui joue un rôle prépondérant.
Les actions de la PTH sur l’os sont complexes, elle agit sur les différents groupes cellulaires,
directement et indirectement. In vivo, l’effet sur la résorption osseuse prédomine et s’exerce
surtout sur l’os cortical. L’activité ostéoclastique induite par la PTH est indirecte puisqu’il n’y
a pas des récepteurs de PTH sur les ostéoclastes. Ces récepteurs sont présents sur les
préostéoblastes et ostéoblastes. La fixation de la PTH sur ces cellules induit la synthèse d’une
protéine, le receptor Activator of Nuclear factor-K B ligand (RANKL) exprimé par les
précurseurs des ostéoclastes. Ceux-ci se différencient ainsi en ostéoclastes fonctionnels. La
maturation ostéoclastique est inhibée par l’ostéoprotégérine. Cette protéine soluble se lie à
RANKL et inhibe la maturation ostéoclastique. La PTH diminue la production
d’ostéoprotégérine (OPG) de même que les glucocorticoïdes, alors que les estrogènes la
stimulent.
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Les effets de la PTH sont illustrés par les altérations du remodelage osseux, observées dans
l’hyperparathyroïdie et l’hyperparathyroïdie. L’excès chronique de PTH accélère le
remodelage osseux. Il y a globalement une diminution de la densité osseuse minérale qui
prédomine sur l’os cortical (siège de l’action catabolique de PTH) et le volume de l’os
trabéculaire (siège de l’action anabolique de PTH) est maintenu, voire augmenté. Une
hyperparathyroïdie est responsable d’une résorption excessive de l’os avec comme
conséquences une hypercalcémie et une ostéoporose.
La PTH augmente en plus, la réabsorption d’ions Mg++, H+ alors qu’elle diminue celle des
ions Na+, K+, aminoacides et des phosphates. La PTH réduit la réabsorption des phosphates
dans le tubule proximal.
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La PTH a un effet global catabolique sur l’os (augmente la résorption osseuse) et un
effet sur le rein
3-2- La vitamine D
3-2-1- Métabolisme
La vitamine D est une vitamine liposoluble qui peut être synthétisée dans la peau sous l’action
du soleil (2/3 des besoins de l’organisme), ou apportée par l’alimentation (1/3 des besoins).
Dès qu’elle arrive dans le foie la vitamine D3 est hydroxylée en position 25 par la 25-
hydroxylase et ainsi transformée en 25-OH vitamine D ou calcidiol. L’activité de cette
enzyme hépatique n’est pas régulée de façon précise, ce qui fait de la 25-OH vitamine D3 la
forme de stockage et celle que l’on dose pour apprécier un état de carence ou d’intoxication.
La 25-OH vitamine D3 est biologiquement inactive. Elle est transportée par la circulation
générale jusqu’au rein où elle est hydroxylée en position 1 par le 1-alpha hydroxylase en 1,25
[OH]2 vitamine D ou calcitriol. Le rein est à l’origine de l’essentiel du calcitriol circulant.
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Figure 5 : Métabolisme de la vitamine D
En pratique courante celle que l’on mesure est la 25 (OH) D car elle évalue le stock
disponible.
La vitamine D3 d’origine alimentaire est présente dans les poissons gras (thon, saumon
maquereau) ou leurs produits dérivés et la vitamine D2 d’origine végétale. Elles n’ont aucune
différence d’activité biologique. L’alimentation n’apporte en moyenne que 120 à 200 UI par
jour alors que les besoins sont de 400 à 1000UI /jour.
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- Enfants : 0 –2 ans : 1000 UI
L’apport alimentaire devient crucial lorsque l’exposition solaire est insuffisante. Comme les
vitamines A, E et K la vitamine D est liposoluble et nécessite un apport en graisse par
l’alimentation pour être absorbée par l’intestin, d’où la possibilité de développer une
ostéomalacie à l’occasion de malabsorption digestive et de stéatorrhée.
3-2-4- Actions
- Autres actions
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Elle inhibe la prolifération et stimule la différenciation cellulaire
Elle augmente la pénétration des acides aminés dans les muscles et stimule la synthèse
de troponine C protéine de liaison du calcium. Le rôle de la vitamine D est démontré
par la survenue d’altérations musculaires en cas d’hypovitaminose D.
3-3- la calcitonine
3-3-1-Synthèse et sécrétion
La calcitonine est sécrétée par les cellules C, parafolliculaires, de la glande thyroïde. Chez
l'homme, les cellules C sont concentrées dans la partie médiane des lobes thyroïdiens où elles
représentent 0,1 % des cellules épithéliales.
La calcitonine est un polypeptide de 32 acides aminés de 3,4 kDa. Elle est synthétisée â partir
d'une préprohormone de 17 kDa. La calcitonine circule dans le sang, non liée â une protéine.
Sa demi-vie est d'une heure, et elle est essentiellement dégradée par le rein.
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3-3-2- Contrôle de la sécrétion
3-3-3- Actions
- Os : La calcitonine inhibe la résorption osseuse liée â l'activité des ostéoclastes. Cette action
inhibitrice puissante sur la résorption osseuse est démontrée in vivo et in vitro, il n’y a pas
d'action sur la formation osseuse.
- Rein : elle augmente l'excrétion de sodium, de chlore, de calcium et de phosphate. Ses effets
se font par l'intermédiaire de récepteurs membranaires.
La PTH-rP présente une certaine parenté structurale à la PTH. Elle est largement exprimée
dans le placenta et les tissus fœtaux. Elle joue un rôle dans le transport du calcium à travers le
placenta. Elle est présente aussi dans les glandes mammaires en lactation. La PTH-rP a un
rôle physiologique important dans le développement du squelette. Elle est hypercalcémiante
et stimule la résorption osseuse par activation ostéoclastique.
La diminution des œstrogènes à la ménopause est associée à une perte du capital osseux qui
peut être ralentie par l’administration des œstrogènes. Ceux-ci stimulent la prolifération des
ostéoblastes.
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3-4-3-l’hormone de croissance (GH)
Sécrétés ou administrés en excès, les glucocorticoïdes ont une action catabolique. Ils
stimulent la résorption osseuse et inhibent sa synthèse.
- Facteurs génétiques: le pic de masse osseuse est atteint à l’âge de 30 ans, il est
déterminé génétiquement. il présente une importante variabilité interpopulationnelle.
Ces facteurs non hormonaux interviennent dans la structure de l’os mais ils n’ont pas
d’influence sur la calcémie ou la phosphorémie.
5- Conclusion
La régulation du métabolisme phosphoclacique fait intervenir les os, le tube digestif et les
reins. La PTH, la vitamine D et la calcitonine jouent un rôle prépondérant dans la régulation
de ce métabolisme et dans l’homéostasie du calcium et du phosphore. Leurs actions
s’exercent de façon directe ou indirecte sur les os, le tube digestif et les reins.
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Post test (autoévaluation)
1. Concernant le métabolisme du calcium :
A. la plus grande partie du calcium de l’organisme (99%) est contenue dans le
squelette
B. la fraction non diffusible du calcium est liée surtout à l’albumine
C. le calcium ionisé représente 80% de la calcémie totale
D. le calcium ionisé est la fraction biologiquement active
E. le calcium intracellulaire est constant
4. La PTH :
A. inhibe la résorption osseuse
B. inhibe l’absorption digestive du calcium
C. augmente la réabsorption rénale du calcium
D. diminue la réabsorption rénale des phosphates
E. stimule de l’activité de la 1α-hydroxylase
5. La vitamine D :
A. stimule l’absorption intestinale du calcium
B. participe à la différenciation ostéoblastique
C. stimule la sécrétion de la PTH
D. stimule la réabsorption proximale du phosphore et du calcium
E. diminue la pénétration des acides aminés dans les muscles
6. La calcitonine :
A. est sécrétée par les cellules C parafolliculaires de la glande thyroïde
B. circule dans le sang liée à des protéines
C. est sécrétée suite à une hypocalcémie
D. augmente l’excrétion rénale du calcium et des phosphates
E. inhibe la résorption osseuse
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