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Module 5 – Séquence 3 : Création de scénarii

Nous avons vu dans les séquences précédentes le processus d’ingénierie pédagogique, et


notamment les premières phases: l’analyse et le design. Nous allons maintenant aborder la
phase de développement, en réalisant un focus sur la méthode pédagogique utilisant la
simulation.
Cette phase de développement reprend toutes les étapes de création des scénarii, mais aussi
la formation des formateurs. En effet, la simulation est une modalité à part, régie par des
règles (ou guidelines), comme nous l’avons vu dans les modules précédents, et qui doit être
maitrisée par tous les intervenants. La formation des formateurs est un point qui ne sera pas
abordé ici.

Avant d’entrer dans la rédaction à proprement parler des scénarii, il faut d’abord choisir la
technologie de simulation qui sera employée, et cela toujours en se basant sur les objectifs
d’apprentissage poursuivis.
Par exemple, vous comprendrez aisément que si l’objectif est de de savoir pratiquer un geste
technique précis, il vous faudra du matériel, et que la simulation procédurale parait alors
appropriée. En revanche, si votre objectif est de pouvoir reformuler les propos d’un patient
ou d’un client, il vous faudra un interlocuteur, qu’il soit organique ou virtuel.
L’utilisation de l’une ou l’autre technique est justifiée par une recherche bibliographique et/ou
par un retour d’expérience lorsque cela est possible. Le Docteur Chiniara propose un tableau
reprenant l’adaptation des modalités de simulation aux spécificités des objectifs
d’apprentissages. Dans le tableau original, le focus est mis sur l’apprentissage dans le milieu
médical mais il peut tout à fait se transposer dans d’autres domaines.
Ainsi on peut voir les 4 modalités de simulation. Premièrement l’immersion dans un
environnement clinique simulé, ou bien dans tout autre environnement. Deuxièmement la
simulation procédurale. Troisièmement, la simulation basée sur ordinateur. Et
quatrièmement, le patient simulé, qui peut tout à fait devenir un client simulé dans un jeu de
rôle.
Ce tableau nous indique, par exemple, que si nous souhaitons travailler sur des connaissances
théoriques, la simulation basée sur ordinateur est la plus adéquate, et que l’immersion dans
un environnement simulé est la modalité la moins appropriée. Si, par contre, nos objectifs
pédagogiques visent le travail d’équipe ou la capacité de raisonnement, le tableau nous
indique que l’immersion dans un environnement simulé est la modalité la plus appropriée, et
que la simulation procédurale n’est pas du tout adéquate dans ces cas.

Nous allons maintenant vous présenter les différentes étapes clés pour la rédaction d’un
scénario. Le processus de création prend du temps, nécessite des ajustements, et une
validation finale.
Finalement, qu’est-ce qu’un scénario ? Un scénario est défini comme fournissant le contexte
dans lequel va se dérouler la mise en situation, ainsi que la planification des évènements
potentiels et attendus durant celui-ci (Meakim et al., 2013).
Il doit posséder plusieurs qualités.
La plus importante est qu’il doit être basé sur les objectifs d’apprentissage visés.
Il doit être réaliste, c’est-à-dire imiter une situation réelle, mais ça ne veut pas dire qu’il doit
être de haute-fidélité.
Il doit être immersif et dynamique, en effet, un scénario représente une situation qui évolue
dans le temps, qui offre plusieurs possibilités.
Et finalement il peut être variable en termes de durée et de complexité.
Nous reviendrons sur certains de ces concepts, comme la fidélité et la complexité, plus loin
dans ce module.
Il existe deux manières de rédiger un scénario. La première se base sur des évènements
réellement survenus, que cela soit des situations simples ou complexes, habituelles ou
exceptionnelles. On se sert de ces évènements comme support pour la création des scénarii.
La rédaction se fait alors a posteriori.
A l’inverse, on peut également se fixer des objectifs pédagogiques spécifiques, et rédiger le
scénario en fonction de ceux-ci, en inventant de toutes pièces le contexte, mais en restant
réaliste. La rédaction est alors faite a priori.
Dans les deux cas, la rédaction et la structure du scénario se font de manière similaire. La
différence réside plus souvent dans le but recherché par la séance de simulation.
L’approche a priori, est utilisée de manière préventive, par exemple comme un entrainement,
comme c’est le cas pour les formations initiales ou continues. Mais elle peut aussi servir de
méthode d’investigation, par exemple pour tester un nouvel environnement de travail.
L’approche a posteriori peut par exemple, chercher à répondre à un besoin ciblé, adapté à
un secteur d’activité, comme reproduire une erreur réellement survenue et identifier ses
causes potentielles en simulation.
Quelle que soit l’approche choisie, il faut penser à structurer le scénario avec un point de
départ qui représente les circonstances initiales et un point final. Et entre les deux il faut que
toutes les actions ou interventions attendues ou potentielles soient identifiées, notées et
structurées.

Revenons à l’écriture ! Elle peut se réaliser selon une stratégie en 3 étapes. Une première
écriture rapide qui reprend les idées essentielles, les choses que l’on souhaite et ce l’on ne
souhaite pas dans notre scénario. Ensuite, on réalise des révisions et un affinement de
l’écriture, en tentant de hiérarchiser les priorités et d’éliminer ce qui est superflu dans le
scénario. Finalement, on transpose tout cela dans un support dédié à la rédaction. Il en existe
plusieurs. Comme exemples, nous citerons le modèle de la NLN (Ligue nationale des
infirmiers), celui de SimuCarePro et celui de TEACH Sim qui sont disponibles gratuitement en
ligne. Ces derniers sont à visée médicale mais peuvent tout à fait être légèrement modifiés et
servir de modèle dans d’autres domaine.

Nous allons terminer cette séquence en vous présentant une liste de tout ce que doit contenir
un scénario.

La première chose, assez basique, c'est un titre.


Il est suivi du contexte dans lequel va se dérouler le scénario, d’un résumé pour
l’instructeur.
Le public cible doit être identifié, ainsi que les prérequis théoriques nécessaires.
Ensuite, on ne le répétera jamais assez, les objectifs pédagogiques clairement définis.
Le type ou la modalité de simulation utilisée
Les ressources matérielles nécessaires, comme des médicaments, des dossiers, un
ordinateur ou encore un mannequin
Mais aussi les ressources humaines, comme le nombre de formateurs, la présence
d’un facilitateur ou d’un patient/client simulé. Le rôle de chacun doit aussi être
clairement expliqué.
Ensuite, on doit retrouver le briefing qui sera fait aux participants, c’est-à-dire,
l’explication ou les informations relatives au cas ou au problème qu’ils vont rencontrer.
Un document, un dossier reprenant certains points ou certaines valeurs peut leur être
remis à ce moment.
Le développement ou déroulement du scénario doit aussi être détaillé.
On trouve ensuite les pistes pour le débriefing et le temps qui lui sera consacré.
Et finalement les références des guidelines et protocoles abordés durant le scénario.
Si la simulation est utilisée de manière évaluative et non formative, on doit retrouver
une grille d’observation et les modalités d’évaluation.

La séquence suivante permettra d’approfondir certains points de la liste que nous venons
d’évoquer.
Nous vous présenterons notamment des explications, des exemples ainsi que des conseils
pour la rédaction complète d’un scénario.

Bibliographie

Benishek LE, Lazzara EH, Gaught WL, Arcaro LL, Okuda Y, Salas E. The Template of Events for Applied
and Critical Healthcare Simulation (TEACH Sim): A tool for systematic simulation scenario design. Simul
Healthc. 2015;10(1):21–30.
Chiniara G, Cole G, Brisbin K, Huffman D, Cragg B, Lamacchia M, et al. Simulation in healthcare: A
taxonomy and a conceptual framework for instructional design and media selection. Med Teach. 2013
Aug 2;35(8):e1380–95.
Meakim C, Boese T, Decker S, Franklin AE, Gloe D, Lioce L, et al. Standards of Best Practice: Simulation
Standard I: Terminology. Clin Simul Nurs. 2013;9(6S):3–11.

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