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De l’herméneutique à l’anthropologie phénoménologique
Jeanine Chamond
Dans Psychothérapies 2017/2 (Vol. 37), pages 125 à 133
Éditions Médecine & Hygiène
ISSN 0251-737X
DOI 10.3917/psys.172.0125
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Tels seront, parmi d’autres, les conséquences Charbonneau (1994) : « L’herméneutique explore et
de la perte de l’évidence naturelle dans la schizo- définit les règles par lesquelles nous faisons appa-
phrénie. Mais retenons surtout pour notre propos raître le sens des manifestations humaines, qu’elles
l’impossibilité globale qu’éprouve le psychotique à soient vivantes ou qu’elles aient été déposées par
faire expérience et à maintenir la continuité de soi écrit ou autrement » (p. 14). Expliquer et Comprendre
dans l’aller-retour que l’expérience ouvre dans le est la paire traditionnelle de concepts qui permet
rapport au monde et le rapport à soi. Peut-être alors d’articuler cette problématique. Il conviendrait d’y
pourrons-nous mieux apercevoir comment l’homme ajouter le terme interpréter.
que l’on dira normal réalise son expérience et par En première approximation, la compréhension
quelles procédures il constitue et restitue ce qui, est le préalable de l’explication. Nous expliquons
pense-t-il, de son expérience vive de monde, va de un texte, un fait, une idée, après l’avoir compris. Si
soi. Constituer et restituer l’expérience, c’est pour nous comprenons une personne, nous n’expliquons
lui réaliser spontanément les actes de compré- pas un être humain. Nous nous comprenons nous-
hension, d’interprétation, d’explication au moyen même dans certains de nos agissements. Nous nous
desquels il s’implique, agit et échange dans l’uni- comprenons les uns les autres dans la sphère de
vers partagé du sens. Dans un mouvement réflexif l’intersubjectivité, parce que nous nous entendons
second, il pourra se demander ce qu’il fait préci- et partageons une certaine vision du monde. Mais
sément quand il comprend, explique et interprète est-ce faire la même expérience que de comprendre
son expérience ou celle d’autrui, c’est-à-dire quand un patient, un poème de Mallarmé, une civilisa-
il la recompose. Il pourra alors convoquer dans son tion ancienne ou le signe qu’on nous adresse ?
paysage sémantique l’herméneutique, qui observe Comprendre pourrait-il se résumer à un simple
les règles et les procédés par lesquels les productions exercice cognitif de décodage, comme voudrait
humaines adviennent au sens, la phénoménologie le faire accroire un certain cognitivisme ? Serait-il
qui fait de la compréhension l’acte fondateur de une simple opération reproductible et vérifiable
toute connaissance et de toute genèse intention- selon les critères de la science ? Auquel cas, pour-
nelle du monde, enfin une anthropologie dite phé- rait-il se normer et s’objectiver dans la neutralisa-
noménologique parce qu’elle prend à charge de dire tion de tout vécu ? Et quand pouvons-nous être sûr
les conditions originaires de possibilités du vivre, du d’avoir bien compris ? La question est complexe ;
voir, de l’habiter, de l’être-avec, de l’être-au-monde de elle nécessitera de s’arrêter un peu sur la définition
l’existence humaine. des termes.
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l’enchaînement infini des causes, sans parvenir à la soi et dans un monde possible. « Ça n’est pas pos-
vérité explicative que nous visons. sible ! », disons-nous à l’annonce d’un drame et tout
Com-prendre, « prendre avec » selon une éty- événement qui ne trouve pas à s’intégrer dans le
mologie latine qui reste assez approximative, est monde reste littéralement im-monde, c’est-à-dire
un verbe polyvalent et concerne des opérations hors monde. Comprendre est un moment synthé-
de plusieurs niveaux. En fonction de ses complé- tique de l’expérience, un mouvement d’embrasse-
ments d’objets directs, écrit G. Hébert-Morlon ment totalisant, une expérience de totalité. Ainsi,
comprendre peut prendre le sens de décoder un quand nous cherchons à comprendre comment nous
signe, de dévoiler/déchiffrer/interpréter un texte ; avons compris, devons-nous éclaircir la dynamique
ou bien de saisir/sentir une personne ou encore des ensembles englobants que nous avons élaborés
de démontrer/montrer ; enfin, de concevoir/rendre pour y inscrire les événements à comprendre. La
compte d’une idée. Plus profondément, comprendre, compréhension est une saisie en perspective-de, une
c’est saisir et rassembler dans un ensemble : soit perspective impliquée dans l’horizon d’expérience
en intégrant l’objet de la compréhension, en l’as- d’où elle part. À un troisième niveau, comprendre
similant clairement ; soit en s’impliquant à lui, en consistera à mettre à jour les modes d’accord plus ou
s’identifiant à lui. La sympathie, l’intropathie, l’Ein- moins implicites avec autrui, la communauté d’en-
fülhung nous permettent dans une certaine mesure gagement dans l’expérience : nous nous compre-
de comprendre autrui à demi-mot en nous mettant nons parce que nous partageons dans une certaine
à sa place et en ressentant son vécu. Comprendre mesure la même expérience ; mais nous partageons
n’est pas totalement subordonné à la logique qui dans une certaine mesure une même expérience
prévaut dans l’explication. Mais si nous expliquons parce que nous nous comprenons. Le préalable qui
parce que…, nous comprenons aussi parce que… a rendu l’expérience commune possible, c’est l’ac-
Donc, une causalité diffuse semble toujours présente cord intersubjectif que Gadamer appelle l’entente,
dans la compréhension : causalité logique plus ou notion qu’il va considérablement enrichir. En fait,
moins implicite ou causalité de motifs, de désirs, ou deux modèles sembleraient nécessaires pour rendre
d’états mentaux. compte de la compréhension : le modèle cognitif,
qui dirait les opérations cognitives au moyen des-
quelles la compréhension se réalise, et le modèle
3. Comprendre, comme anthropologique, qui étudierait comment l’homme
se situe dans le monde, en instituant, en déposant
mouvement général
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l’aube des temps. Mais selon le traité d’Aristote, expliquer l’inconscient, la psychanalyse actuelle
le son émis par la voix et doté d’un sens est déjà se démarque fermement de la démarche causaliste
interprétation, c’est-à-dire une production de sens. à l’œuvre dans l’explication psychologisante. Car
Dire quelque chose de quelque chose, comme le for- elle enfermerait l’analysant dans un enchaînement
mule aujourd’hui Ricœur, c’est déjà interpréter. de raisons et une logique de résistances, là où il y
Historiquement, la Réforme luthérienne ébranla a lieu seulement d’annoncer qu’un sens inouï est
l’édifice de l’église catholique romaine, en mettant en travail dans l’énonciation, que seul le patient
en cause la garantie autoritaire, dogmatique et avec l’aide de son psychanalyste finira par déchif-
hiérarchique de l’interprétation du texte sacré, et frer. Quant à la compréhension qui fonde l’inter-
en mettant en question la transmission contrôlée prétation du thérapeute, bien loin d’autoriser à une
par l’institution de la Révélation du message divin. systématique interprétative, elle garde sa spécificité
Mais si l’interprétation n’est plus soumise à l’auto- de se référer à l’hic et nunc de la cure, à l’analyse
rité d’un savoir et d’un pouvoir, au-delà du religieux des résistances et du transfert, par quoi elle donne
et dans la sphère élargie des sciences de l’homme, à l’interprétation toute sa mesure et sa portée.
elle doit tenir sa légitimité scientifique d’une épis- Mais le travail analytique de déconstruction et de
témologie rationnelle. La révolution épistémolo- reconstruction d’une vérité enchevêtrée dans les
gique aura pour tâche de préserver l’interprétation malheurs du désir et enkystée dans un repli du
de l’erreur, du mensonge et des excès du subjecti- passé ne sera pas sans rencontrer sa limite : celle de
visme. Pourtant, cette problématique de l’erreur et l’altérité radicale qui gît au cœur même de l’intime,
du mensonge, héritée de l’idéalisme platonicien et qui structure le sujet divisé autour d’un morceau
kantien, la révolution psychanalytique en déplace d’étrangeté interne impossible à penser et à dire,
l’accent, quand elle thématise une théorie de l’il- et que la terminologie freudienne définit comme
lusion ou, mieux encore, de l’illusionnement qui butée ultime du roc de la castration. Alors, si toute
reste comme une épine plantée dans la rationa- la démarche herméneutique de l’interprétation
lité herméneutique. En effet, si un sens caché, de vise bien à relier le sens à son contexte symbo-
moi-même ignoré, préside à mes actions, gouverne lique, c’est-à-dire finalement à fabriquer du vivable,
mes passions et organise secrètement mes rêves et la pratique psychanalytique reste bien cette épine
mes symptômes, quelle adhésion puis-je prétendre plantée dans la raison herméneutique, quand elle
avoir au sens que je donne consciemment à ma rencontre l’angoisse vertigineuse d’une altérité
vie ? On le sait, la découverte freudienne d’une radicale ininterprétable et sans contexte.
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doublement critiquée par ses contemporains : pour d’appréhender le détail pour lui donner sens. On
son psychologisme, car plus aucune objectivité ne saisit la signification de la partie avec une pré-
peut garantir la compréhension contre la projec- compréhension, une pré-inclusion du tout, avec le
tion de ses états mentaux sur autrui, et pour l’in- pressentiment de la totalité qui anticipe la com-
fondé de l’énigmatique alchimie des consciences préhension. Cette structure circulaire de la com-
qu’elle suppose. Sa seconde théorie de la com- préhension, déjà en germe dans l’herméneutique
préhension, exposée dans L’édification du monde romantique, est thématisée par Heidegger comme
historique (1910), s’inscrit dans l’horizon du sens. cercle herméneutique. Ce qu’il s’agit de comprendre
Trois mots-clefs sont à retenir : l’Erlebnis, le vécu, pour lui, c’est le Dasein, l’existence comme avoir à être
l’Einfülhung, l’intropathie, le partage du vécu, et la (1937). De fait, le cercle herméneutique contient
Zusammenhang, la totalité articulée, l’ensemble, la l’idée du toujours-déjà-là du monde et du donné, de
configuration. La compréhension consiste, en par- la langue, des autres, du mouvement temporel dans
tant des expériences vécues, à construire l’ensemble lesquels nous sommes pris et à la source de quoi
qui les réunit et, sur le modèle de la biographie, à nous ne pouvons pas remonter. L’idée d’une possible
faire émerger une cohésion de vie de ce qui n’était auto-fondation de la compréhension s’y dissout,
qu’une simple succession temporelle. Ainsi, dans comme s’y perd l’illusion d’une tabula rasa de l’in-
la seconde théorie de Dilthey, comprendre, c’est terprétation. À charge pour l’interprète ou le sujet
connecter, rassembler, retrouver une connexion supposé savoir trop naïf de prendre acte qu’il n’y a
de vie, l’ensemble qui fait sens. L’interprétation pas de compréhension et d’interprétation qui soient
est moins affaire de raison que de sens. En fait, la totalement vierges d’attentes de sens, de préconcep-
nature humaine, définie ailleurs en termes d’uni- tions, de préjugés, de grille de lecture ; comme aussi
versalité ou de raison, Dilthey la conçoit comme de préventions ou de résistances contre de l’alté-
unité, continuité, déploiement temporel et dyna- rité radicale de ce qui est à comprendre-. Le tou-
mique de la vie. Se dessine là rien de moins qu’une jours-déjà-là participe de la réinscription constante
anthropologie du rapport au monde. La position de notre continuité de vivre, dans la permanence
moderne du débat est illustrée par Ricœur (1990). de notre identité, selon la thématique de l’ipséité
D’une part, il rétablit une collaboration équilibrée élaborée par Ricœur. Heidegger fait de la compré-
et féconde entre expliquer et comprendre. Pour lui, hension un existential, le Verstehen, c’est-à-dire une
l’interprétation doit articuler la compréhension et structure fondamentale et universelle de l’existence
l’explication, dès qu’il n’y a plus de dialogue possible qui s’inscrit dans la temporalité du Dasein. Cette
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la compréhension – position qui donna lieu à « la liens, réinterroger ses appartenances, configurer et
querelle des préjugés » et au débat avec Habermas. reconfigurer les choses dans la totalité du sens, pour
Entre, d’une part, la naïveté du Positivisme, qui croit s’y inscrire. Dans ce mouvement, il se définit lui-
faire parler les choses d’elles-mêmes par l’auto-effa- même, en s’auto-comprenant et s’auto-interprétant.
cement de l’interprète et l’effacement de toute sub- Par le Comprendre seul, il peut s’apparaître à lui-
jectivité, et d’autre part le relativisme de Nietzsche même. Ce mouvement vers le monde se confond
affirmant qu’il n’y a pas de faits, il n’y a que des inter- avec la notion de sens. Le Comprendre engage
prétations de fait, Gadamer occupe la voie médiane, l’Exister et se confond avec le Vivre. Si chaque expé-
sans doute celle d’une sagesse praticable. Comme rience déconstruit partiellement l’unité formelle du
Heidegger, il se fait le défenseur d’une compréhen- monde et nécessite de se dessaisir au moins pour
sion critique et historiquement réfléchie. Gardons partie du déjà-connu, l’homme expose chaque fois
l’idée que la structure circulaire de la compréhen- son identité à une transaction : transaction entre ce
sion, l’arc herméneutique de Ricœur, montre que qui, de son identité, se maintient et ce qui change ;
l’application, déjà, conditionne la saisie de ce qui est transaction à laquelle, avec Ricœur, nous pou-
à interpréter et à comprendre. « Comprendre, inter- vons donner le nom de dialectique idem/ipse 2. Au
préter, expliquer, appliquer, ne sont pas des séquences décours de l’expérience, il lui échoit de se retrouver
temporelles successives, linéaires et logiques : l’appli- et reconstituer unanimement le pur maintien d’un
cation rétro-conditionne ce qui est à interpréter et à soi a-substantiel, son ipséité et l’identité substantielle
comprendre », écrit G. Charbonneau (1996). de l’idem, celle des rôles, des déterminations phy-
siques et psychiques, ne saurait résumer, comme il
doit recomposer son expérience unitaire dans une
7. Le Comprendre, du point nouvelle configuration de monde.
La dimension de précompréhension que l’her-
de vue de l’anthropologie méneutique permet de circonscrire est ici précieuse
phénoménologique pour tenter de rendre compte du mouvement d’ac-
cueil, d’inclusion et d’intégration de l’expérience
« Le Comprendre », ainsi nominalisé, devient cet dans la totalité. Elle permet, en effet, d’appré-
intransitif qui fait abstraction de ce qu’il produit ou hender comment la totalité toujours-déjà-là est un
de ce qu’il objective. Il n’a plus besoin de complé- dispositif qui pré-possibilise l’expérience, totalité
ments d’objet parce qu’il est l’acte fondamental du qui sera en retour rétroactivement réaménagée à
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situations. Ou encore comment la perte évidence que réaliser à sa manière la condition humaine, la
naturelle thématisée par Blankenburg est une crise psychose est bien pourtant une manière de l’exister
de la pré-possibilité de l’expérience. Car l’évidence dans la défaillance. La psychose est une expérience
naturelle du monde, sur laquelle l’homme sain ne de choses sans monde, une impossibilité de rassem-
s’interroge jamais, s’inscrit comme une masse ano- bler et de reconstruire les choses en monde, de les
nyme d’évidences, toujours déjà présentes et tou- reconfiguer dans le tout unitaire du sens, comme
jours spontanément oubliées dans nos pratiques. de recomposer au retour de l’expérience l’unité et
Prédonnées à la conscience pensante, antéprédica- le maintien de soi.
tives, elles se constituent dans l’expérience sensible,
à partir d’un maillage implicite de connections et
de renvois. Maillon intermédiaire entre sensible et Conclusion
sens, elles constituent l’infrastructure du symbo-
lique, le creuset du sens potentiel sur lequel le sens Si, comme le voulait Binswanger, c’est dans les
peut s’établir. Elles réalisent ainsi le sol du sens dimensions fondamentales de l’acte d’exister que
commun et assurent spontanément notre vivre les conditions de l’être malade sont à rechercher,
dans le toujours-déjà-là du monde. L’homme sain il reviendra à l’herméneutique et à l’anthropologie
y trouvera son ancrage premier dans un monde phénoménologique de mettre en lumière de quelle
fiable et le fond basal de confiance pour éprouver façon la compréhension et le travail du sens sont
ses vécus et réaliser ses expériences quotidiennes. solidairement liés à cet acte d’exister et participent
L’évidence naturelle constitue, selon Blankenburg de sa constitution originaire. Notre compréhen-
(1971), l’organe de l’expérience par quoi l’homme est sion de l’homme sain, comme nos modélisations
légitimement fondé dans le monde qu’il contribue psychopathologiques d’une part et nos pratiques
en retour à refonder et à instituer par son usage thérapeutiques d’autre part, ont tout à gagner d’une
du monde dans une circularité vertueuse de légi- confrontation avec ces points de vue. D’autant plus
timation3 ; ou à défaut à souffrir d’une illégitimité que dans les modélisations de l’homme que promeut
à exister (Chamond, 1999). La défaillance de l’évi- aujourd’hui la science – l’Homme Neuronal, com-
dence naturelle du monde dans la psychose pourra portemental, l’homme biologique des passions et de
se traduire dans la perplexité que génèrent les plus la raison ou l’homme cognitif, tous ces hommes que
simples choses et par la tentative de refonder en nous sommes, certes, mais pour une partie seule-
vain, artificiellement, des évidences non naturelles ment de notre structuration humaine – ce qui est
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L’idem ne dit pourtant rien de la pure ipséité d’un sujet,
laquelle demeure a-substantielle, et assure le maintien
et la continuité du soi, au delà de toutes les identités de
support.
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« Expliquer, comprendre et interpréter » l’expérience humaine
Summary Constitutive of Hermeneutics, that is to say the art of interpretation: explaining, understanding, inter-
preting are mental operations antinomic or interdependant, depending on the authors, that are
inherant to existence and are founders of the world in a shared universe of meaning. From the per-
spective of phenomenological anthropology which slates the original conditions of living the circu-
larity of understanding is the theme developed by Heidegger revealing the world as having «always already been there».
A world partially constituted before being inderstood, which predisposes us to the possibilities of transformationalexperi-
ences that lend to mankind his existential legitimacy. The author defends the thesis that psychosis, a loss of natural evidence
according to Blackenburg, is a crisis of this pre-possibility which the schizophrenic exhaustingly strives to retreive.
Bibliographie
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