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La réforme monétaire et financière en Algérie

Enseignements pour une transition vers le marché dans un pays en


voie de développement
Ahmed Henni
Dans Confluences Méditerranée 2009/4 (N°71), pages 27 à 40
Éditions L'Harmattan
ISSN 1148-2664
ISBN 9782296103344
DOI 10.3917/come.071.0027
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Dossier Histoire Actuel Culture

Ahmed Henni
Professeur à l’Université d’Artois, ancien directeur général des Impôts
en Algérie, ancien membre du Conseil de la monnaie et du crédit
de la Banque d’Algérie.

La réforme monétaire et
financière en Algérie
Enseignements pour une transition
vers le marché dans un pays en voie de
développement

L
’économie algérienne fut de 1967 à 1990 gérée centralement
dans un cadre planifié. Durant cette longue période, le fonc-
tionnement du système fiscal et financier en vigueur peut être
schématiquement décrit de la façon suivante :
- une allocation centralisée des réserves de change et une fixation
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administrée du taux de change ;
- une planification du financement intérieur par encadrement du
crédit ;
- une affectation des réserves de change et du crédit par injonction
politique discriminant entre les acteurs économiques et sociaux ;
- l’inexistence d’un marché monétaire ou financier « hors banque
centrale » ;
- une fiscalité pétrolière, principale pourvoyeuse de ressources en
devises, gérée non par l’administration fiscale mais par l’exportateur
de pétrole lui-même (l’entreprise nationale Sonatrach);
- une fiscalité ordinaire reproduisant les inconvénients des taxes sur
le chiffre d’affaires et pénalisant l’investissement ;
- l’absence d’arbitrage judiciaire indépendant en matière fiscale ou
financière.
Malgré la rigueur de sa simplicité, ce système allait rapidement mon-
trer ses limites: il ne parvint paradoxalement pas à contenir l’inflation
monétaire et, par son poids excessif sur la fiscalité pétrolière et sa

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négligence de la fiscalité interne, il fut frappé de crise grave lorsque les


prix du pétrole eurent, en 1986, amorcé une chute durable, épuisé les
réserves de change et compromis la capacité externe d’endettement.
Une réforme monétaire et fiscale s’avéra dès lors nécessaire dans son
principe et radicale dans son contenu.
Pour avoir été appelé en 1989 par le gouvernement à participer à
cette tâche redoutable, tant elle pouvait remettre en question les posi-
tions économiques acquises, je voudrais livrer ici mon témoignage his-
torique sur la mise en œuvre de cette réforme (1990-1992) et, en tant
qu’universitaire, en tirer quelques enseignements pour une transition
vers une économie de marché qui pourrait concilier autonomie des
acteurs économiques et croissance socialement équilibrée.

Le rationnement quantitatif
des devises et du crédit interne
Le système pratiqué de 1963 à 1990 reposait sur l’inconvertibilité
absolue de la monnaie. Les devises acquises grâce aux exportations
(d’hydrocarbures principalement) furent monopolisées par l’État.
Leur allocation fut centralisée, soumise à autorisation et file d’attente1.
Le change se faisait à un prix administré. Ce prix traduisait davantage
le système interne des prix relatifs (reflet de la répartition décidée par
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le Centre) que le rapport entre la monnaie nationale et les monnaies
extérieures. La question académique renvoie à une situation où le
taux de change est l’expression des prix internes, ce qui signifie que
les échanges extérieurs ne déterminent pas la répartition interne.
Dans notre cas, le prix du pétrole étant exogène, ces échanges fixent
seulement le volume de devises. La répartition de ce volume entre les
différents agents ne dépend pas de leur insertion dans l’international
mais de leur poids politique et social dans le pays.
A partir de 1970, ce fut le planificateur central qui eut à gérer la file
d’attente décidée par le chef de l’État2. De ce fait, la Banque centrale,
le Trésor public ou les banques commerciales ne jouaient qu’un rôle
d’exécution de ces allocations. Le planificateur central était lui-même
soumis à des degrés d’influence différents : Présidence, puis ministères
demandeurs selon l’importance politique de chacun et, enfin, impor-
tance « stratégique » des entreprises. Le ministère de l’Industrie, par
exemple, eut pendant longtemps un point de vue prédominant, de
par ses fonctions de tutelle sur les investissements publics et donc des

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La réforme monétaire et financière en Algérie

besoins en importation d’équipements et de matières premières et,


surtout, dispensateur de « licences » pour investisseurs privés, pouvoir
qui lui permettait d’écarter de l’accumulation les agents « inamicaux ».
L’administration des Finances (tutelle de la Banque centrale, du Trésor
et des banques commerciales) centralisait quant à elle les demandes
en devises des administrations. Enfin, l’administration du commerce,
chargée d’assurer l’importation des produits de grande consommation
de la population (café, thé, sucre, huiles, pâtes, etc.), gérait la demande
d’importation décidée par le Plan en se chargeant de trouver les four-
nisseurs extérieurs et de signer les contrats3.
Les ressources en devises provenaient et proviennent toujours
essentiellement de la vente des hydrocarbures, secteur sous tutelle du
ministère de l’Industrie. Les arbitrages tournaient, de ce fait, en faveur
de cette administration. Une liste de produits ou d’entreprises étaient
ainsi recensés avec exclusion d’autres produits ou d’autres entreprises
ou administrations. L’exécution du programme général d’importation
était garantie par l’inscription au Plan, inscription qui valait pratique-
ment autorisation de change. Le planificateur central fut ainsi érigé
en « prêteur en dernier ressort », décidant de la création monétaire
nécessaire au financement des investissements et de la consommation.
La Banque centrale, réduite aux fonctions de bureau d’écritures et
d’imprimeur de billets, se devait, par le relais des banques commercia-
les sous tutelle, d’en assurer l’exécution. L’absence de sources alterna-
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tives de devises et l’inconvertibilité monétaire rendaient toute création
monétaire impossible en dehors des injonctions du Plan.
En réalité, le Plan ne disposait que de six variables qui pouvaient
entrer dans la détermination de la masse monétaire :
- le volume de production d’hydrocarbures dont la prévision pouvait
être connue ;
- le volume d’emprunts dont le montant était décidé centralement
et ne pouvait déraper ;
- le taux de change qui était fixé centralement ;
- le prix du pétrole ou du gaz mais qui échappait au planificateur car
il était déterminé à l’extérieur ;
- le taux d’accumulation ;
- et, enfin, l’enveloppe prévue pour la consommation (salaires).
Il apparut très vite que la maîtrise de la création monétaire allait
échapper aux autorités. Les agents économiques commencèrent à
contourner le système dès les années 1970, en entreprenant timidement
d’abord, puis dans les années 1980-90, à plus grande échelle, des opéra-

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tions de change au noir, autorisées par la suite sous le couvert d’importa-


tions légales sans change dites sans paiement -- Arrêté interministériel du
10 décembre 1986 instituant les importations sans paiement (sic). A cette
pratique qui, au lieu de faire refluer la monnaie en banque, la maintenait
en circulation, s’ajouta celle du commerce parallèle. La conséquence en
fut, et reste, une circulation fiduciaire inflationniste, les billets circulant
« éternellement » au lieu de refluer en banque. Le système bancaire
émet malgré lui de la monnaie en honorant ne serait-ce que les retraits
de salaires en espèces nouvelles, les anciennes ne refluant pas. Bref, le
refus de la bancarisation, élément central de l’économie parallèle, a
conduit le système à subir la demande de monnaie et à la satisfaire sans
pouvoir, par son offre propre, imposer de limitations. Au lieu d’être un
moyen de maîtrise de la création monétaire, ce système devint la source
même de l’inflation monétaire.
Les équipements importés permettaient une création d’emplois
qui, tant que les entreprises créées ne produisaient pas, devaient être
financés soit sur ressources définitives par dotations du Trésor soit par
création monétaire – sur « feu vert » du Plan. Ces équipements étaient
comptés à crédit aux entreprises. Pour éviter tout dérapage monétaire,
les banques devaient ouvrir pour chaque entreprise un compte « inves-
tissement » et un compte « exploitation ». Les crédits « investissement »
ne devaient en aucune manière contribuer à la création monétaire
puisque la mobilisation des effets-investissement ne servait qu’à un
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financement-devises auprès de la Banque centrale, assimilé à un refi-
nancement des banques commerciales. Or, il apparut assez vite que la
comptabilité des entreprises et des banques allait ôter toute significa-
tion à cette distinction, les unes accumulant des amortissements fictifs
sans recettes, les autres accumulant les impayés des entreprises publi-
ques. Tout retard dans les remboursements effectués par les entreprises
ou dans les paiements dus aux fournisseurs extérieurs devenait source
d’inflation monétaire.
Couvrant difficilement leurs charges d’exploitation, les entreprises
publiques devenaient, par un usage inconsidéré du découvert d’exploi-
tation, la source principale du gonflement des créances, les banques
se contentant d’enregistrer les découverts et de se refinancer automa-
tiquement auprès de la Banque centrale. Le système allait conduire à
une économie d’endettement sans reflux monétaire :
– par le non-remboursement des crédits d’investissement ou le lan-
cement de projets sans contrepartie-devises existante (investissements
dits « pirates »);

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La réforme monétaire et financière en Algérie

– par l’apparition de créances salariales devenues rigides à cause de


la législation du travail ou des stratégies de clientélisme par l’emploi ;
– par le non-paiement des fournisseurs nationaux et l’accumulation
de créances inter-entreprises non soldées ;
– par le non-règlement des dettes vis-à-vis des organismes publics et
para-publics (Sécurité sociale, Impôts, Douanes, Assurances).
Autrement dit, par la redistribution réelle (salaires et factures) de
ces sommes « fantômes » inscrites dans la comptabilité des entreprises
publiques, des domaines agricoles d’État, des banques, du fisc et de
la Sécurité sociale, la population « mangeait » le capital appartenant
à l’État. Par ailleurs, la monnaie représentant les amortissements ou
les dettes des entreprises et domaines agricoles restait « hors système »
et alimentait davantage encore l’économie parallèle. Faute d’amortis-
sements et de solde des créances, le capital public se transformait en
monnaie circulante.
Le but d’une réforme radicale aurait été d’inverser ce processus et
de transformer la monnaie en capital, ce qui fut tenté en 1989-1990
par les lois sur la monnaie et le crédit, l’ « autonomie » des entreprises
publiques, la réforme de la gestion des domaines agricoles, la défini-
tion du domaine public, la réforme fiscale et, enfin, la réorganisation
du commerce extérieur. Comme on le sait, l’ensemble « capota »
dès 1991 – le gouvernement fut renversé le 4 juin, la majorité de la
population et les forces pertinentes de la société préférant continuer à
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« manger » le capital du pays4.
La proposition académique serait de dire que le régime antérieur
avait institué :
1) une confusion idéologique entre revenus de l’État et revenus de la
population – « socialisation » de l’État et « étatisation de la société » –
d’où la consommation des amortissements sans régénération de capital
et l’atrophie des règles fiscales ;
2) un droit implicite à la richesse pour l’ensemble de la population
par capture de la redistribution et non par production (un « affolement
des aspirations ») auquel seule une infime minorité « wébérienne »
pouvait résister. De ce fait, deux courants sociaux coexistaient qui,
tout en étant d’accord sur la nécessité d’un aggiornamento monétaire,
divergeaient sur le but à atteindre. Le premier courant, le plus puis-
sant et le plus large socialement, ne visait qu’à renflouer les caisses en
devises pour pouvoir continuer d’importer (négociateurs, population
attachée au droit à la richesse, au blé et autres produits importés à bas
prix). Le deuxième courant – technocratique et ultra-minoritaire – se

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proposait de rétablir les grands équilibres sur le long terme en condi-


tionnant l’accès à la monnaie à la production de ressources effectives
et, de ce fait, de supprimer tout accès sur file d’attente et injonction
politique.

La réforme monétaire et fiscale


La situation se caractérisait donc après 1986 par un gonflement des
créances, une absence de reflux monétaire, un reflux fiscal atrophié
avec un endettement ascendant du Trésor et un endettement extérieur
préoccupant, compromettant le négoce si lucratif des importations.
Entreprise dès 1989, la réforme du système monétaire et fiscal allait dès
lors s’appuyer sur quelques mesures fortes destinées à enrayer l’infla-
tion monétaire et rééquilibrer les comptes des agents économiques et
du Trésor en ménageant une transition de l’économie d’endettement
vers une économie s’appuyant davantage sur les marchés monétaire et
financier. Il fallait supprimer la transformation des capitaux en reve-
nus et réamorcer le reflux par transformation des revenus en capitaux
(rétablir l’intermédiation). L’essentiel des mesures menées à partir de
1990 se résume comme suit :
1) Atténuation de la liaison entre dépenses budgétaires et création
monétaire par un nouveau statut de la Banque centrale la rendant
moins dépendante vis-à-vis du Trésor et supprimant la tutelle du minis-
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tère des Finances sur elle. La loi sur la monnaie et le crédit rendit
effective la disparition de la tutelle directe exercée par le ministère des
Finances sur la Banque centrale. La Banque n’est plus une administra-
tion publique mais un établissement indépendant et réputé commer-
çant. La Banque est libre de définir les modalités de refinancement des
banques commerciales aussi bien en matière de taux que de quantités.
Bien entendu ces dispositions ne pouvaient être pertinentes que si la
Banque avait la maîtrise totale du contrôle de la création monétaire et,
de ce fait, disposait en premier lieu des avoirs de change du pays.
2) Redonner la propriété des avoirs de change à la Banque centrale:
la loi dispose que toutes les recettes provenant des produits miniers
sont dorénavant propriété de fait de la Banque centrale.
La disposition prise rendait la Banque centrale effectivement respon-
sable de la gestion des devises et, de ce fait, exigeait une réforme des
modes d’allocation des avoirs de change. Certes, le ministère du Plan
continuait de faire son travail de centralisation et de prévision mais il
ne pouvait plus, par inscription préalable et file d’attente, gouverner

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Dossier Histoire Actuel Culture
La réforme monétaire et financière en Algérie

les autorisations d’importations. Celles-ci revenaient à la Banque qui,


seule, disposait dorénavant du pouvoir d’autoriser les transferts.
La Banque rétablit le principe préalable de solvabilité dans l’accès
aux avoirs de change. Elle supprima les files d’attente sur critères
administratifs et libéra l’accès aux crédits et aux avoirs extérieurs qui,
dorénavant, devait se faire par l’intermédiaire des banques commercia-
les. Tout agent économique pouvait formuler une demande à l’impor-
tation dans le cadre des dispositions douanières – qui se substituaient
ainsi au gouvernement du Plan. Il s’adressait pour ce faire au guichet
de sa banque qui n’exécutait l’opération qu’en fonction de la solvabi-
lité de son client. Une telle disposition devait gêner considérablement
les agents économiques en déficit structurel, les entreprises publiques
notamment. Un plan de restructuration financière de ces entreprises
fut mis en œuvre pour leur redonner par la loi l’équilibre financier
nécessaire à leur accès au marché des devises5.
L’ensemble de ces mesures avait pour objectif de recentraliser le
pouvoir monétaire en l’ôtant au Plan et aux entreprises installées
(publiques ou privées soutenues de manière routinière, grâce au Plan,
par les ministères de l’Industrie et du Commerce). Ce recentrage de la
contrainte monétaire ne pouvait aller sans une réforme d’ensemble des
finances publiques elles-mêmes.

La réforme des finances publiques


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Elle eut deux objectifs: l’un monétaire et de financement du Trésor
(fiscalité) instituant la séparation entre revenus de l’État et revenus de la
société, l’autre organisationnel lié au premier dégradant les entreprises
installées (publiques et privées) du rang de grandes autorités à celui de
petites autorités et rehaussant les administrations monétaires, fiscales et
judiciaires du rang de petites autorités à celui de grandes autorités.

La réforme de l’organisation administrative


Dans le cadre du recentrage du pouvoir monétaire, l’objectif était
de réhabiliter les administrations d’ « autorité » et, particulièrement,
celles gérant les finances publiques. Deux problèmes se posaient: l’un
relatif aux relations de ces administrations avec le pouvoir politique et
l’autre touchant aux relations avec le public et, notamment, les agents
économiques.
Dès 1990, il fut décidé de créer des « directions centrales et générales
autonomes » au sein du ministère des Finances et dont les directeurs

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Souveraineté économique et réformes en Algérie

seraient nommés, non par le ministre des Finances, mais par le chef de
l’État. C’est ainsi que virent le jour une direction centrale du Trésor et
des directions générales des Impôts et du Budget en lieu et place des
directions existantes.
Dans ce qu’on appelle les « services extérieurs » – guichets décen-
tralisés en contact avec la population – la gestion du personnel et du
budget des antennes fiscales locales fut retirée aux Préfets et transférée
à de nouvelles directions départementales du Trésor et des Impôts. Le
but était de diminuer l’interventionnisme politique local dans la ges-
tion financière et fiscale et d’inciter les citoyens à recourir davantage à
l’arbitrage de la justice plutôt qu’au clientélisme local.
La réorganisation de l’administration fiscale se traduisit par la sup-
pression des services centralisant aussi bien l’assiette que le contrôle
des contribuables par nature d’agent économique: entreprises (publi-
ques ou privées), commerçants, artisans, particuliers (salariés et non
salariés).
Des circonscriptions territoriales furent créées rassemblant les assu-
jettis par domicile fiscal et non par nature. La loi précisa la notion de
domicile fiscal et les notions de résidents et non-résidents. Cette réor-
ganisation visait à centraliser au niveau d’une même inspection tous les
éléments d’assiette concernant un même contribuable et de mettre fin à
leur dispersion entre plusieurs services. Cette transformation allait bien
entendu de pair avec la notion d’impôt sur le revenu global, lequel allait
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être introduit par ailleurs. La spécialisation des services de l’assiette par
nature d’activité ne permettait pas les recoupements pour un même
contribuable et accompagnait un mode cédulaire d’imposition – cha-
que revenu (cédule) est imposé à part. Dans le sens d’une meilleure
approche de l’assiette, il fut décidé de créer un identifiant statistique
des contribuables (numéro national) devant faciliter la centralisation, le
recoupement et, en annexe, l’accès à certains avantages sociaux (bour-
ses pour les enfants, aide sociale) qui, faute de connaissance du revenu
global, pouvaient être indûment attribués à certains contribuables6 – le
système en vigueur attribuait, par exemple, une bourse (faible) à tout
étudiant, riche ou pauvre. Les bourses à l’étranger (devises) allaient,
généralement, aux enfants des familles influentes.
La chose ne se fit pas sans difficulté notamment pour les entreprises
qui avaient un accès direct au plus haut du ministère et des directions
fiscales. Elles devaient dorénavant changer d’interlocuteurs – aller au
guichet de leur circonscription – et de stratégie de communication. On
supprima également une direction centrale « grandes entreprises ». Au

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La réforme monétaire et financière en Algérie

lieu que toutes les entreprises du pays (nationales ou étrangères) aient


affaire au même chef de service central « entreprises », elles durent, pour
chacune d’entre elles, nouer des rapports avec l’inspecteur chef de la cir-
conscription de leur siège social. Personnellement, je reste d’avis qu’il ne
convient pas dans un pays d’avoir un service fiscal spécial chargé unique-
ment des « grandes entreprises ». Une telle pratique conduit à donner
une influence disproportionnée à ce service et à son chef, contraire aux
règles de la bonne administration, et, surtout, crée des liens privilégiés
entre ce chef et les grands patrons nationaux et étrangers.
La création des circonscriptions polyvalentes déchargea la direc-
tion centrale des attributions d’exécution et de contrôle fiscal pour
lui permettre de recentrer ses missions sur les fonctions d’autorité,
de conception, de contrôle de gestion et de formation. Les activités
d’hydrocarbures (extraction, transport, exportation) – principale
ressource fiscale – étaient gérées par l’entreprise nationale Sonatrach
(grande autorité) qui se contentait de faire « patriotiquement » une
déclaration à la direction centrale des impôts (petite autorité) sans
possibilité de contrôle et de vérification des activités des unités locales
de l’entreprise. Une direction fiscale régionale fut créée recouvrant
le territoire des puits et chargée de contrôler les déclarations d’ex-
traction. Les exportations relevaient d’autres circonscriptions fiscales
chargées chacune, dans les ports respectifs, d’opérer les vérifications7.
De telles dispositions prévenaient toute ouverture prédatrice de l’ex-
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ploitation pétrolière au capital étranger en dotant l’Administration
des moyens de recoupement entre l’extraction et l’exportation8. D’une
manière générale, il fallait éviter toute collusion du capital étranger
avec un fonctionnaire unique chargé des grandes entreprises. Elles
s’inscrivaient également dans la préparation d’une future ouverture
possible aux capitaux maghrébins dans le cadre de l’Union pour le
Maghreb Arabe. Une sous-direction des statistiques fut créée dans le
but de permettre à la direction générale de contribuer à l’information
du gouvernement afin de mieux asseoir les évaluations de la conjonc-
ture économique et les prévisions d’activité. L’administration fiscale
devenait de ce fait l’un des instruments principaux de l’information
économique des autorités.

La réforme de la législation fiscale


Le système fiscal s’appuyait jusqu’en 1990 sur un principe simple
adapté à l’étatisation de l’économie et à sa nature rentière: exonération
la plus large possible, retenue à la source. Les activités de production

Méditerranée
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et de distribution étant monopolisées par des entreprises publiques


(75 % du PIB de l’époque), une règle tacite de confiance « patrio-
tique » existait entre celles-ci et l’administration fiscale. De plus, ces
entreprises étaient les principales pourvoyeuses de l’impôt indirect
principal: la taxe unique globale à la production (TUGP). Les profits
étant inexistants dans ces entreprises et leur investissement décidé
par les autorités centrales, la pratique fiscale ayant trait à l’assiette des
bénéfices, au statut des amortissements, provisions, cessions d’actifs,
augmentation de capital, etc. s’atrophia considérablement. Il ne res-
tait qu’une pratique ayant trait aux contrôles concernant les activités
privées et qui se limitait à la vérification de la vraisemblance du chiffre
d’affaires. Quant à la fiscalité sur les revenus, elle avait pour principe
de retenir à la source un pourcentage de chaque revenu, libérant ainsi
le contribuable de toute déclaration globale. Outre cela, l’impôt sur
le revenu était principalement représenté par celui sur les traitements
et salaires (ITS) dont le paiement était assuré automatiquement par
les administrations et les entreprises. Les montants de traitements et
salaires versés étaient présentés de façon globale et non pas déclarés
nominativement employé par employé. Le fisc ignorait totalement ce
que percevait chaque salarié.
Pour réhabiliter la fiscalité comme source essentielle des recettes de
l’État et contrôler d’une certaine manière la circulation monétaire, il
fallait :
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- assurer l’égalité d’imposition en révisant les modes d’exonération, en
imposant l’activité par suppression des différences de nature juridique
(public -privé; national-étranger) et, enfin, en globalisant l’impôt sur
l’ensemble des revenus parcellaires perçus par les agents économiques ;
- rendre transparente la circulation des revenus des entreprises et
des particuliers par une imposition permettant un contrôle à chaque
stade de circulation (introduction de la taxe à la valeur ajoutée) ;
- appréhender la transformation des revenus en patrimoines.
La réforme fiscale de 1990, entrée en vigueur en avril 1992, introdui-
sit trois impôts nouveaux en lieu et place des impôts existants:
1) La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA): Elle remplace aujourd’hui
l’ensemble des taxes indirectes assises sur la circulation des biens et
services ordinaires. Outre son aspect académique (elle est neutre pour
la croissance), la TVA s’appuie sur le principe du remboursement au
redevable (l’entreprise) des taxes sur ses achats (notamment les inves-
tissements). Pour ce faire, le redevable se doit de produire des factures.
L’avantage majeur de la TVA était, bien entendu, de lutter contre l’éva-

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La réforme monétaire et financière en Algérie

sion fiscale et l’économie parallèle. La centralisation de type informati-


que y contribuera de manière décisive.
Outre cela, la TVA à déclaration mensuelle a permis, par la
connaissance des ventes des entreprises et de leurs importations et
exportations, d’améliorer considérablement l’information économi-
que conjoncturelle.
2) Les impôts cédulaires à la source furent remplacés par un impôt
sur le revenu global, semi-déclaratif et dont l’assiette était établie au
domicile fiscal9. C’est le premier pas vers un régime déclaratif. Le
principe de l’IRG excluait les méthodes d’abattement sur le revenu et
privilégiait les abattements d’impôt10.
3) L’impôt sur les bénéfices des sociétés résidentes de quelque
nature qu’elles soient supprima la distinction entreprise nationale/
entreprise étrangère, l’expérience ayant montré que la fiscalité n’est
pas le déterminant principal pour les investissements directs étrangers
destinés à la production, – le problème étant différent pour les inves-
tissements de portefeuille pour lesquels on institua l’interdiction de la
création de places off shore.
4) La proposition d’une loi instituant une taxe d’habitation fut mas-
sivement rejetée par l’Assemblée. Bien que le projet exonérât tous les
bas revenus et n’imposât que symboliquement les autres, il se heurtait
aux craintes des personnes qui ne tenaient pas à ce que l’Administration
sache dans quel type d’habitat elles logeaient. Ce rejet privait l’Adminis-
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tration de toute visée cadastrale sérieuse mais surtout de toute possibilité
de régulation du foncier et de recensement des logements vides.

Conclusion
On peut résumer les réformes monétaire et des finances publiques
menées en Algérie en 1989-1991 comme une tentative de réhabilita-
tion préalable des fonctions régulatrices de l’État en vue du gouverne-
ment d’un marché à venir et d’une ouverture internationale. On peut
expliquer la difficulté de concrétisation de ces réformes à cause de
cette démarche qui, avec la suppression du FLN comme parti unique,
considéré comme parti de rentiers, priva les autorités d’une organisa-
tion ayant encadré la société durant trente ans. Elle crée, avant que le
marché ne fonctionne, trop d’oppositions d’intérêts attachés au statu
quo (en l’occurrence la transformation du capital « hydrocarbures » en
revenus à distribuer).
Il en découle une première interrogation: dans une transition vers

Méditerranée
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Numéro 71 ● Automne 2009
Souveraineté économique et réformes en Algérie

le marché, convient-il d’abord de libérer les forces du marché, et


comment ? Est-ce en réorganisant au préalable le cadre institution-
nel ? Ce type de réforme ne peut qu’échouer si on liquide en même
temps les cadres sociaux qui ont fait la stabilité du régime précédent.
Dans l’idéal-type, les forces du marché ont, certes, besoin d’un cadre
juridique régulateur nouveau qui doit susciter des actions par le bas et
éliminer l’accumulation discriminatoire (disparition des monopoles
publics et privés, concurrence « non faussée », égalité devant l’arbi-
trage judiciaire).
Mais les forces du marché ne peuvent efficacement agir que dans
une société ne perdant pas ses repères. La réponse historique venant
des pays développés d’Europe et d’Asie montre que c’est la présence
préalable d’administrations d’autorité fortes, héritées de la discipline
féodale, qui a permis sous la conduite d’un encadrement social pré-
servé, souvent traditionnel, d’éviter un marché sauvage ou chacun tire
à hue et à dia (Russie d’Eltsine).
Une deuxième interrogation a trait à l’accumulation des créan-
ces sans reflux de la monnaie: on ne peut concrètement imposer à
une société un solde des créances avant que le marché ne donne ses
premiers effets en matière de production de richesses. Le solde des
créances sur le secteur public suppose un rachat de ces créances par
d’autres agents économiques (dette publique ou privatisation). Or
toute recapitalisation sur fonds publics ne fait qu’accroître les créances
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sur le Trésor et, de ce fait, remettre en question l’indépendance de la
Banque centrale. Même dans un pays développé comme l’Allemagne,
les nécessaires créances provoquées par la réunification ont conduit à
l’affirmation de la prééminence du Trésor sur la Banque.
Une troisième interrogation est relative à la transformation des
revenus en capital. Celle-ci suppose, certes, une rapide accumulation
des profits par le marché. Mais ces derniers doivent se transformer en
capital et notamment en capital public pour les infrastructures et autres
services publics indispensables au marché, d’où l’exigence d’un reflux
fiscal pour l’État et de fortes administrations d’autorité. Des adminis-
trations fortes aident aussi à préserver les acquis sociaux que le marché
sauvage tendrait à supprimer.
On peut, en bref, se demander s’il est plus efficace de concentrer
l’action de réforme sur les modes de formation des variables fonda-
mentales de la répartition (salaires et profits) ou sur les modes de
formation et circulation des capitaux (monnaie, crédit, commerce
extérieur et fiscalité). Dans tous les cas, l’absence d’une colonne verté-

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Dossier Histoire Actuel Culture
La réforme monétaire et financière en Algérie

brale politique et sociale encadrant la société rendrait vaines les mesu-


res « économistes ». Dans les économies disposant d’une ancienne
tradition administrative (Europe, Asie) et d’une discipline de fabrique,
il semble qu’une action immédiate sur les variables de la répartition
par libération du marché du travail soit la plus efficace (Polanyi). Dans
les pays en développement d’Afrique et d’Amérique latine, dépourvus
d’administrations d’autorité « wébériennes » fortes et de discipline de
fabrique, il semble qu’une telle action ne donne que des effets limités,
les profits issus d’une libération du marché du travail ne se transfor-
mant pas nécessairement en capitaux productifs. Faute de traditions
administratives, le marché peut, dans certains de ces pays, n’être que
le support d’une accumulation financière sans croissance économique
réelle avec, parfois, une fuite importante vers l’extérieur et des déséqui-
libres sociaux intolérables. Dans ce cas, le capital national et le capital
étranger seraient assimilables l’un à l’autre et les règlements adminis-
tratifs ne seraient là que pour légitimer et légaliser l’exploitation des
opportunités de profit et le transfert des surplus à l’extérieur. ■

Notes

1. La file d’attente traduisait dans ce cas le poids politique de chaque bénéficiaire,


soit dans l’ordre : Présidence, Défense, Entreprises publiques stratégiques, Offices
d’importation des produits alimentaires, Administrations, Entreprises privées,
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Soins à l’étranger, Produits culturels, Citoyens ordinaires.
2. A l’époque, le président du Conseil de la Révolution.
3. Le fonctionnaire en charge signait, en général, un seul contrat pour tout le
pays. De ce fait, le négociateur algérien – nommé par la Présidence – apparaissait
comme l’un des premiers acheteurs mondiaux: achat d’un seul de coup de milliers
de tonnes de céréales, de sucre, de café, de thé, de médicaments, etc. Cet
acheteur unique ne pouvait qu’être courtisé par les courtiers internationaux. L’un
des buts de la réforme de 1990 fut de multiplier les acheteurs algériens.
4. Voir Abed Charef (1994).
5. Il fut insuffisant et le gouvernement rétablit en 1992 un comité d’allocations
des devises sur critères administratifs, favorisant le capital public et privé déjà
installé au détriment de possibles capitaux nouveaux.
6. Le projet d’identifiant fiscal se heurta à l’opposition de divers hauts
fonctionnaires et de l’Assemblée. La grande majorité des forces sociales ne
souhaitait pas que l’on puisse connaître pour un même individu l’ensemble des
revenus qu’il pouvait tirer de plusieurs sources. Le projet aboutit finalement au
bout de dix ans. La conjoncture sécuritaire y a, sans doute, aidé de manière
décisive.
7. C’était créer un rapport de forces en faveur de l’Administration qui, au vu de
l’état des forces sociales en présence, ne pouvait réussir. Dès la nomination d’un
nouveau gouvernement en 1991, l’ « autorité » revint à l’entreprise.
8. Ce projet était complété par celui d’une formation d’agents du fisc et des

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Numéro 71 ● Automne 2009
Souveraineté économique et réformes en Algérie

douanes aux marchés pétroliers (Rotterdam, etc.). Un nouveau ministre estima


une telle formation « inutile ».
9. J’avais introduit une disposition permettant aux couples mariés de bénéficier
d’une réduction d’impôt de 10 % s’ils faisaient une déclaration commune. Chacun
sait qu’en Islam, c’est non le régime de la communauté des biens mais celui de la
séparation des biens qui est universel. Dès lors, en cas de déclaration, les revenus
sont déclarés séparément. Ma proposition, retenue finalement, m’a valu au cours
des débats à l’Assemblée une bordée d’injures (athée étant la moins infamante).
10. On peut soit réduire le revenu imposable (exemple du système des parts en
France), soit calculer l’impôt sur le revenu déclaré et procéder, ensuite, à des
déductions sur l’impôt dû. Avoir un enfant peut donner droit à une division du
revenu déclaré (système des parts) ou, au contraire, donner lieu à une réduction
d’impôt (500 euros par enfant, par exemple). Le lecteur aura compris que le
deuxième procédé avantage les bas revenus et ne permet pas aux hauts revenus
d’échapper à l’impôt par division du revenu déclaré. Sur un revenu déclaré de
50 000 euros, on ne calculera pas l’impôt sur 25 000 (2 parts), mais on retranchera
500 euros de l’impôt dû sur 50 000 euros.

Références bibliographiques

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Market-Oriented Socialist System, Moscou 1989.
A. Charef, Algérie : le grand dérapage, Ed. de l’Aube, 1994.
A. Henni, Les théories monétaires à l’épreuve des économies planifiées, Économie
et sociétés, Paris 1984.
A. Henni (dir.), Monnaie et financement en Algérie 1962-1987, CREAD Alger
1987.
M. Laksaci, Le financement monétaire des investissements en Algérie, Thèse
Université de Louvain, 1985.
M. Lavigne, « Le financement de l’économie soviétique », Revue d’économie
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financière, automne 1990.
R. Mac Kinnon, Monnaie et finance dans l’échange international, Bonnel 1982.
F. Talahite, « Les investissements directs étrangers en Algérie: tendances,
contraintes et perspectives », in Guerraoui, Richet, Les investissements directs
étrangers, facteurs d’attractivité et de délocalisation, Paris-Rabat, l’Harmattan-
Toubkal 1998.
F. Talahite, « Economie administrée, corruption et engrenage de la violence en
Algérie », Revue Tiers Monde, tome XLI, n° 161, 2000.
F. Talahite, « La réforme bancaire et financière en Algérie », Cahiers du CREAD
n° 52, Alger 2000.

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