Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DROIT
ADMINISTRATIF
Principes Généraux
QUATRIÈME ÉDITION
REVUE ET AUGMENTÊE
BRUXELLES
EDITIONS BRUYLANT
1962
Patris dilectissimi
memoriae sacrum
K.r:n UNiVERSITEIT LE '
Nederland UVEN
fAC. RECHT se afdeling
BlBUQSGfLEERDHEJO
H:lEfK.
INTRODUCTION
A. NoTION
~,-wrii1,•···,
2. Il est impossible de définir Ie Droit administratif en
partant de la fonction administrative, c'est-à-dire celle qui
consiste, pour les administrations publiques, à pourvoir à
la satisfaction des intérêts du public dans Ie cadre de'> nor-
mes légales. En effet, les administrations publiques n'exer-
cent pas seulement cette mission. Elles contribuent aussi à
l'élaboration des normes légales elles-mêmes; en d'autres
termes elles légifèrent dans la mesure ou elles exercent Ie
pouvoir réglementaire. De plus, elles jouent un röle juri-
dictionnel chaque fois qu'est organisé un contentieux admi-
nistratif. Or à tous ces points de vue, leur activité est régie
par Ie Droit administratif.
Dira-t-on plutöt que Ie Droit administratif a pour fonde-
ment la notion organique de l' administration publique
(Etat, province, commune, établissement public, etc.) <lont
il règle l'organisation et Ie fonctionnement? Cette base plus
large n'est pas encore satisfaisante puisque Ie régime des
concessions - c'est-à-dire de services assurés, non par des
administrations publiques, mais par des particuliers -
relève incontestablement du Droit administratif.
11 faut choisir une notion plus extensive encore : celle du
service public. Mais cette fois-ci il faudra restreindre la
base devenue trop large en excluant Ie service législatif et
Ie service j udiciaire. Voici finalement la définition pro-
posée : le Droit administratif est cette branche du Droit
public interne par laquelle les diff érents services publics
qui sont créés pour satisfaire l'intérêt public, qui sont
groupés en administrations de l'Etat, des provinces, des
communes, ou sont sous la dépendance de ces administra-
tions, et qui constituent généralement des personnes publi-
10 CHAP. PRÉLIMINAIBE - NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF
N05 2 à 5
CHAP. PRÉLIMINAIRE - NOTION DU DROJT ADMINISTRATIF 11
c. - Extension.
7. L' Administration qui dirige les services publics n'est
pas seule soumise aux règles du Droit administratif. Elle
en provoque l'application à ceux avec lesquels elle entre
N"" 5 à 7
12 CHAP. PRÉLIMINAIRE - NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF
N08 7 à 9
CHAP. PRÉLIMINAIRE - NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF 13
N 08 9 à 10
14 CHAP. PBÉLIMINAIRE - NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF
N 00 10 à Il
CHAP. PRÉLIMINAIRE - NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF 15
N 08 11 à 12
16 CHAP. PRÉLIMINAIRE - NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF
C. DIVISION DE L'EXPOSÉ
N° 13
TITRE I
STRUCTURE DE L'ADMINISTRATION
LE SERVICE PUBLIC
SECTION I
NOTION
A. DÉFINITION
N 06 14 à 16
20 CHAP. I. - LE SERVICE PUBLIC
17. C' est parce que la sa tisfaction d'un besoin est vitale
pour la communauté qu'un service public est soumis à des
règles spéciales de Droit administratif qui en assurent de
façon certaine, Ie fonctionnement régulier et permanent.
Ce besoin doit être collectif. Les gouvernants ne se pré-
occupent que du bien public. Aucun intérêt privé, si respec-
table soit-il, n'est suffisant pour justifier leur intervention.
On objectera peut-être, à titre d'exemple que les commis-
sions d'assistance publique assurent directement Ie bien de
certains individus. En réalité Ie bien commun est à base
de solidarité; c'est encore lui qu'on réalise indirectement
en soutenant les éléments les plus faibles de la population.
Ce besoin collectif doit être essentie!. Sa non-satisfaction
doit compromettre gravement Ie bien public. Cette der-
nière notion est variable selon les temps et les lieux. Par
exemple, les assurances sociales légales n'ont paru néces-
saires que depuis peu. lnversement la restauration m,tio-
nale ne peut constituer un besoin collectif que pendant
quelques années après la guerre. Ce sont les gouvernants
qui seuls sont juges de ce caractère vital du besoin.
N08 16 à 18
SECTION I. - NOTION 21
N 08 18 à 19
22 CHAP, I. - LE SERVICE PUBLIC
N 08 19 à 21
SECTION II. - CRÉATION 23
SECTION II
CREATION
1. Le législateur.
N 06
22 à 23
24 CHAP. I. - LE SERVICE PUBLIC
2. Le gouvernement.
2. Le Pouvoir centrat___ .
N 015 23 à 26
SECTION II. - CRÉATION 25
•
d'assistance publique, école primaire, etc ... Le gouverne-
ment peut utiliser les moyens de la tutelle coercitive
(n° 126) : inscription d'office des dépenses obligatoires au
budget des communes; envoi de commissaires pour l'uti-
lisation effective de ces crédits.
L'Exécutif ne peut directement imposer un service pu-
blic, qui, selon la loi, est facultatif (voir aussi n° 162).
D. CRÉATION PROGRESSIVE
E. ÜROITS SUBJECTIFS
N 08 26 à 29
26 CHAP. I. - LE SERVICE PUBLIC
•
rain et ne peut recevoir d'inj onctions de personne. Mais
qu'arrive-t-il si ce législateur a imposé l'organisation de ce
service aux autorités administratives? Par exemple, chaque
commune doit avoir une école ou une commission d'assis-
tance publique. Le particulier peut saisir les autorités hié-
rarchiques ou de tutelle. Leur refus - et une inaction pro-
longée serait analysée comme un refus (n° 496) - justifie
une action en excès de pouvoir <levant Ie Conseil d'Etat.
SECTION 111
FONCTIONNEMENT
A. INALIÉNABILITÉ DE LA SOUVERAINETÉ
N°' 29 à 31
SECTION III, - FONCTIONNEMENT 27
D. DROITS SUBJECTIFS
N 08 31 à 33
28 CHAP. J. - LE SERVICE PUBLIC
SECTION IV
SUPPRESSION
A. AUTORITÉS COMPÉTENTES
B. DISPARITION DE FAIT
N05 34 à 35
SECTION V. - LES ENTREPRISES PRIVÉES 29
SECTION V
N 08 35 à 37
30 CHAP. I. - LE SERVICE PUBLIC
SECTION I
NOTION DE LA PERSONNE PUBLIQUE
A. PERSONNIFICATION
1. Notion.
N 08 38 à 39
32 CHAP. II. - LES PEBSONNES PUBLIQUES
2. lmportance de la technique.
B. LA PERSONNE PUBLIQUE
N08 39 à 41
KATH. UNIVERSITEIT LEUVEN-
Nederlandse afdeling
FAC. RECHTSGELEERDHEID
BIBLIOTHEEK
1. Définition.
N05 41 à 43
34 CHAP. II. - LES PERSONNES PUBLIQUES
N 06 43 à 45
KATH. UNIVERSITEIT LEUVEN
Nederlandse afdeling
FAC. Rl:CHTSGELEERDHEID
BIBLIOTHEEK
SECTION I. - NOTION DE LA PERSONNE PUBLIQUE 35
N 08
45 à 46
.36 CHAP. II. - LES· PERSONNES PUBLIQUES
N 08 46 à 49
SECTION J. - NOTION DE LA PERSONNE PUBLIQUE 37
C. IMPORTANCE DE LA NOTION
1. Etat.
N08 50 à 51
38 CHAP. II. - LES PERSONNES PUBLIQUES
N 00 51 à 52
SECTION I. - NOTION DE LA PERSONNE PUBLIQUE 39
·'~
SECTION II " ~
N"" 52 à 53
40 CHAP. II. - LES PERSONNES PUBLIQUES
N08 53 à 54
SECTION II. - NOTION DE LA PERSONNE PUBLIQUE 41
C. AVANTAGES DE LA MULTIPLICATION
1. Règles particulières.
N08 54 à 56
42 CHAPITRE Il. - LES PERSONNES PUBLIQUES
N05 56 à 57
SECTION II. - NOTION DE LA PERSONNE PUBLIQUE 43
E. MuLTIPLICATION ET DÉCENTRALISATION
N 05 57 à 58
44 CHAPITRE U. -- LES PERSONNES PUBLIQUES
F. AuTORITÉS coMPÉTENTES
POUR FIXER LE STATUT DES PERSONNES PUBLIQUES
1. Etat.
Deux règles vont s'appliquer concurremment.
a. - Le Roi.
60. Il est compétent pour organiser l'Administration cen-
tràle et les services extérieurs de cette administration. Il
règle par arrêté royal Ie statut des fonctionnaires, précise
la compétence et les attributions des différents agents, dé-
termine le nombre des ministères, leurs divisions et leurs
liaisons organiques. Le pouvoir organisateur du Roi trouve
son fondement dans les articles 29, 66 et 67 de la Consti-
tution . et dans Ie principe général de l'indépendance du
pouvoir exécutif (C. E., 12 déc. 1957, R. J. D. A., 1958, 123,
Deprez, note Crabbé (n° 130).
b. - Le pouvoir législatif.
61. Cette compétence ne peut être qu'exceptionnelle.
Sinon, la souveraineté de l'Exécutif disparaît. L'action du
gouvernement finirait par être enserrée dans un tel réseuu
de réglementations légales qu'elle perdrait toute sponta-
néité. Nous aurions un gouvernement d'assemblée, les
ministres n'étant que les exécutants des __Ghambres. C'est
contraire à la Constitution· qui reconnaît trois pouvoirs.
L'intervention du législateur est parfois nécessairè. Il en
-sera ainsi lorsque l'organisation de· la personne publique
porte atteinte aux « droits constitutionnels » des· Belges.
N 08 58 à 61
SECTION II. - NOTION DE I,A PERSONNE PUBLIQUE 45
N 08 61 à 63·
46 CHAPITRE Il. - LES PERSONNES PUBLIQUES
SECTION 111
REGLES GENERALES
A. RÈGLE DE LA SPÉCIALITÉ
64. Une personne physique a en principe la capacité de
\.:
jouïssance de tous les droits. Créée pour une mission dé-
terminée, une personne publique est au contraire spécia-
lisée. Elle peut accomplir les actes juridiques nécessaires
à cette mission. Elle n'a pas d'autre pouvoir mais elle a
tous ceux-là, même à défaut de texte exprès. (C. E., 6 oct.
1955, A. A. C.A., 1955, 778, Fabrimetal).
Droits civils : La règle est certaine. Point n'est besoin de
spécifier que la personne publique peut acheter ou em-
baucher. Sont exclus les droits qui de leur nature ne peu-
vent être exercés par un être moral (par exemple, Ie }us
connubii) ou ceux qui lui sont déniés par la loi (par
exemple, Ie droit de compromettre, C. E., 6 juill. 1951,
R. J. D. A., 1952, 30, Alliances des Mutualités chrétiennes).
Procédés de Droit administratif : Pour l'acte unilatéral
et spécialement la décision exécutoire d'office (n° 190),
l'acte réglementaire (n° 213), l'attribution de compétence
doit être formelle. Car ces prérogatives sont les consé-
quences non de la personnalité publique mais de la· qualité
de puissance publique qui appartient à l'Etat, aux provin-
ces, aux communes et pas nécessairement aux institutions
parastatales (Buttgenbach, Manuel, n° 47).
Libertés constitutionnelles : Elles sont conçues pour les
personnes physiques et non civiles. L'activité de ces der-
nières est réglée par Ie principe de la spécialité. Voyez ce-
N08 63 à 64
SECTION 111. - RÈGLES GÉNÉRALES 47
1. L'Etat.
2. Provinces et communes.
a. - Limitations territoria/es.
r 66. Provinces et communes ne peuvent s'occuper des
intérêts nationaux. Mais elles sont seules compétentes pour
gérer les intérêts provinciaux et communaux.
A vrai <lire, le législateur n'est guère gêné par cette inter-
diction. Il peut décider que tel intérêt est devenu national;
il lui suffit même de régler une matière pour lui faire per-
dre son caractère régional et lui attribuer un intérêt
national (n° 145). Mais, à défaut de pareil déclassement
exprès ou tacite; Ie pouvoir central ne peut intervenir; par
exemple, quand il exerce la tutelle, il ne peut apprécier
que l'intérêt général et non l'intérêt régional des décisions
prises par les pouvoirs subordonnés; à fortiori ne peut-il
pas se substituer à eux (n° 119).
b. - Limitations matérielles.
67. Dans Ie cadre territoria!, les provinces et les com-
munes ont, comme l'Etat, une compétence indéfinie. Elles
peuvent donc créer des services nouveaux. La question a
N 05 64 à 67
48 CHAPITRE Jl. - LES PERSONNES PUBLIQUES
B. RÈGLE DE LA FINALITÉ
N 08 67 à 69
SECTION 111. - RÈGLES GÉNÉRALES 49
C. RÈGLE DE LA LÉGALITÉ
N 08 69 à 70
50 CHAPITRE II. ~ LES PERSONNES PUBLIQUES
N 08 70 à 71
SECTION IV. -- FIN DES PERSONNES PUBLIQUES 51
D. DROITS SUBJECTIFS
SECTION IV
A. FIN
N 01 71 à 72
52 CHAPITRE Il, -- LES PERSONNES PUBLIQUES
B. DROITS SU.BJECTIFS
1. Décision de dissoudre.
C. DÉVOLUTION DU PATRIMOINE
1. Provinces et communes.
N 06 72 à 74
SECTION IV. - FIN DES PERSONNES PUBLIQUES 53
2. Administrations personnalisées,
établissements publics et associations de droit public.
a. - Administrations personnalisées.
75. Celles-ei restent soumises au pouvoir hiérarchique
·des autorités dirigeant les personnes publiques. - Etat,
province ou commune - <lont elles se sont détachées. Pra-
·tiquement Ie hut de ce procédé juridique est de distinguer
dans Ie patrimoine général de l'Etat, un patrimoine spécial
et de soumettre celui-ci à des règles particulières de gestion,
de comptabilité et de budget. A vee la disparition de l'admi-
nistration personnalisée, les biens ainsi détachés font
retour au patrimoine général.
b. - Etablissements publics.
76. On serait tenté de j ustifier la même solution par la
m.ême considération. Mais ce point de vue n'est que par-
tiellement exact. L'octroi de la personnalité n'a pas été ici
un simple artifice juridique qui autorise des règles spé-
ciales de gestion. Le législateur a accordé une véritable
autonomie aux organes directeurs. Les tiers ont pu tenir
compte de cctte modalité; par exemple, ils ont grossi par
des dons et des legs la dotation primitive.
Certes Ie législateur peut toujours, en cas de dissolution,
décider que tous ces biens feront retour à l'Etat. Mais est-ce
la bonne solution? Le problème peut avoir une importance
-pratique considérable. On l'a vu en France quand les
fabriques d'église ont été supprimées par suite de la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat.
·· Il nous semble qu'en Droit positif beige, les biens doivent
,conserver dans toute la mesure du possible leur destination
,primitive. C'est la solution expressément adoptée par la loi
du 27 juin 1921 pour les biens des établissements d'utilité
publique (art. 29, al. 2). Elle a été aussi appliquée à des
établissements publics. Les commissions d'assistance pu-
blique ont succédé aux · <lroits et obligations des hospices
civils et bureaux de bienfaisance (L., 10 mars 1925, art. 2).
et ont dû respecter les affectations de biens légalement
établies ( exemple : art. 84). Les fondations de bourses
d'étu<le sont des établissements publics. La loi du 19 dé-
cembre 1864 autorise Ie gouvernement à les modifier, les
N 05 75 à 16
54 CHAPITRE II. - LES PERSONNES PUBLIQUES
SECTION V
N 05 76 à 77
SECTION V. - LES PERSONNES PRIVÉES 55
tions sans hut lucratif). Celles-ei sont créées par des par-
ticuliers et exercent généralement une activité d'intérêt
privé. Leur régime est celui du Droit civil ou commercial.
1. Concession.
2. Agréation.
a. - Notion.
L'agréation est l'acte unilatéral par lequel les autorités
compétentes confient à une personne privée, - et parfois
une autre personne publique - l'exploitation totale ou
partielle d'un service public à des conditions réglemcn-
N"" 77 à 80
56 CHAPITRE Il. - LES PERSONNES PUBLIQUES
b. - Régime;
Cependant Ie fait que Ie particulier est agréé pour colla-
borer à un service public a diverses conséquences.
Octroi et retrait de l'agréation : Ces actes qui, à la diffé-
SECTION V. - LES PERSONNES PRIVÉES 57
N 80 à 81
08
58 CHAPITRE Il. - LES PERSONNES PUBLIQUES
1. Régie intéressée.
a. - Notion.
L'administration centrale de l'Etat, de la province ou de
la commune ou même d'une intercommunale, garde la
responsabilité du service quine reçoit pas une personnalité
distincte et continue à constituer administrativement une
régie. Mais sa gestion technique est confiée par contrat à
un exploitant privé. Celui-ci reçoit une rémunération fixe
ou variable; pour Ie surplus, les aléas financiers de l'entre-
prise sont à charge de la personne publique. Plus fonda-
mentalement, celle-ci garde la haute main sur Ie service,
elle conserve sur Ie régisseur son pouvoir hiérarchique et
lui donne des instructions.
h. - Régime.
Conclusion et résiliation du contrat : Tout comme la
concession, la régie intéressée est un contrat qui donne au
régisseur des droits. One résiliation avant terme est tou-
jours possible (n° 379) mais implique indemnisation.
Loi du service : Le service public qui est centralisé ne
jouit pas d'une personnalité distincte, tout au plus d'une
autonomie technique et financière (n° 172; A. R., 18 juin
1946, art. 1 er). Le régisseur est smnnis à la loi du service.
Dispositions contractuelles : Mais Ie régisseur est protégé
par son contrat qui lui garantit une rémunération forfai-
taire ou proportionnelle, qui lui réserve Ie droit d'être con-
sulté, voire celui de décider seul en certaines matières.
SECTION V. - LES PERSONNES PRIVÉES 59
a. - Notion.
Plus précisément, des associations de Droit public peu-
vent grouper uniquement des personnes publiques ou com-
prendre aussi des personnes privées. On parle en langage
courant des « intercommunales mixtes ». Des organismes
nationaux tels que la Banque Nationale, l'Institut de ré-
escompte et garantie, la Sabena, sont aussi constitués en
vue de cette coopération.
b. - Régime.
La présence d'associés privés implique Ie respect de leurs
intérêts légitimes (fonctionnement : n° 153; - dissolution
et répartition du patrimoine : n° 73). Mais les pouvoirs
publics gardent la maîtrise. Dans les intercommunales,
l'influence des communes selon !'esprit de la loi du 1 er mars
1922 doit rester prépondérante (Buttgenbach, Manuel,
n° 226; cfr. L., 18 juill. 1959, art. 17 qui prévoit la parti-
cipation des communes dans les sociétés d'équipement mais
ne leur réserve pas la prépondérance). Si les pouvoirs
publics n'ont plus Ie controle, nous avons éventuellement
une société d'intérêt public (n° 85).
3. Concessions.
N 08 83 à 84
60 CHAPITRE II. - LES PERSONNES PUBLIQUES
a. - Notion.
L'association d'intérêt public est une personne juridique
de Droit privé qui a pour objet l'intérêt public, qui de ce
fait bénéficie de la participation organique des pouvoirs
publics et qui, par conséquent, est soumise à un régime
exorbitant du Droit commercial ou civil.
Reprenons les diff érents éléments de cette définition :
Une association d'intérêt public : Ce terme englobe les
organismes qui ont pris la forme d'une société civile ou
commerciale aussi bien que celle d'une association sans hut
lucratif ou même sui generis.
Est une personne juridique de Droit privé : ainsi s'op-
pose-t-elle aux organismes parastataux eLnotamment aux
associations de Droit public (n° 83).
Qui a pour ob jet l'intérêt public : Tout comme celle de
service public, la notion d'intérêt public est évolutive.
Chaque génération établit ses propres critères.
SECTION V. - LES PERSONNES PRIVÉES 61
b. - Régime.
N° 85
SECTION V. - LES PERSONNES PRIVÉES 63
d. - Conclusion.
86. Concluons par une comparaison :
La société de commerce poursuit un hut de lucre. C'est
une entreprise privée. Elle est gérée par des particuliers;
son statut est fixé par les lois commerciales. Si l'Etat y a
pris un intérêt, ce n'est que sous la forme d'un placement.
Dès lors il est soumis au Droit commun; il n'est représenté
à l'assemblée générale et au conseil d'administration que
dans une mesure proportionnelle à son apport. Il n'y a pas
de raison de déroger aux dispositions de la loi sur les
sociétés.
Un organisme parastatal est chargé d'un service public.
Dès lors, l'influence de l'autorité publique doit être déter-
minante. Un statut de Droit public assure cette prédomi-
nance.
Enfin, l'association d'intérêt public gère une entreprisc
privée, mais celle-ci touche à l'intérêt général. Les pouvoirs
publics participent d'une manière organique à sa gestion.
Des dispositions exceptionnelles garantissent leur influence.
Les notions de service public et d'intérêt public ne sont
pas stables. Elles évoluent avec les années. Une activité
aujourd'hui privée sera jugée demain une entreprise inté-
ressant essentiellement l'intérêt public. Par voie de con-
séquence, la personne qui exerce cette activité est soumise
à des réglementations de plus en plus précises qui finissent
par modifier son statut.
L'Histoire contient de nombreux exemples de ces ava-
N 08 85 à 86
64 CHAPITRE ll. - LES PERSONNES PUBLIQUES
COMPETENCE ET POUVOIRS
Le statut des personnes publiques soulève deux questions
importantes qui méritent un examen particulier.
Le premier est celui de la compétence. Il fera l'objet de
la section 1. Quels individus ont Ie pouvoir d'accomplir des
actes juridiques pour compte de cette personne ?
La compétence peut être morcelée entre un grand nom-
bre d'organes. De plus, il y a de nombreuses personnes
publiques. Ce morcellement ne va-t-il pas entraîner des
contrariétés de politique? Par quels procédés Ie ramène-
t-on à l'unité fondamentale de l'Etat? C'est ce qui sera
étudié dans la section Il.
SECTION I
LA COMPETENCE
A. NonoN
1. Définition.
88. La compétence est Ie pouvoir légal d'accomplir des
actes juridiques pour Ie compte d'une personne publique.
N 08 87 à 88
66 CHAPITRE 111. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
a. - Principe de la spécialité.
N 08 88 à 89
SECTION I, - LA COMPÉTENCE 67
b. - Principe de la légalité.
90. Toute personne publique y est soumise (n° 70). Ses
agents doivent agir conformément à la loi et aux règle-
ments. De ce principe, on déduit la distinction entre la
compétence liée et Ie pouvoir discrétionnaire.
La compétence de l'agent est liée dans la niesure oû il
est tenu d'agir on de ne pas agir de la manière fixée par
la loi; au contraire, quand il jouit d'une certaine liberté
d'appréciation, d'une certaine initiative, son pouvoir est
discrétionnaire.
Compétence liée et pouvoir discrétionnaire se mêlent
dans une mesure variahle. Prenons Ie cas d'une nomina-
tion : d'abord, l'antorité compétente cst-elle obligée de
pourvoir à la vacance ou peut-elle ne pas nommer? En-
suite, est-elle tenue de désigner telle pcrsonne déterminée :
Ie plus ancien, Ie premier classé dans un concours, Ie béné-
ficiaire d'une priorité, ou bien choisit-elle lihrement Ie
candidat qui lui paraît Ie meilleur?
Il nc faut pas confondre pouvoir discrétionnaire et pou-
voir arbitraire. L'Administration reste toujours soumise
au principe de la finalité. Elle ne peut se décider que dans
l'intérêt du service. Par exemple, Ie retrait d'une autori-
sation révocable doit néanmoins être motivé par l'utilité
publique et non par la seule fantaisie des autorités (C" E ..
2 févr. 1951, R. J. D. A., 1951, 167, Henrion; - voy. pour le
retrait d'une agréation : n° 80; - d'une permission de
voirie : n° 330; - d'une autorisation de bàtir : n° 384; -
adde, n° 73.
N"" 89 à 90
68 CHAPITRE UI. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
c. - Principe de la f inalité.
91. Ainsi qu'il vient d'être rappelé, Ie principe de la
finalité implique que la compétence ne peut être exercée
que pour la fin en vue de laquelle elle a été donnée.
La finalité de l'acte administratif est définie de la ma-
nière la plus générale comme étant l'utilité publique. Ce
ne peut jamais être l'avantage d'un particulier ou du fonc-
tionnaire lui-même. Souvent, la loi précise l'objectif. Par
exemple, si les autorités communales peuvent interdire un
spectacle public, ce ne peut être que pour assurer l'ordre
public et jamais pour établir une censure (n°" 195 et 416).'
Ainsi la compétence se distingue-t-elle du pouvoir en
Droit privé. La première constitue un procédé j uridique
original du Droit administratif. lei encore, Ie recours à ce
procédé se justifie par la préoccupation fondamentale qui
fonde toutes les théories et toutes les pratiques de cette
.discipline; il faut assurer Ie fonctionnement régulier du
service public.
Quand un tuteur ou un administrateur de société utilise
ses pouvoirs pour ruiner, à son profit, Ic pupille ou la
société, il devra rendre des comptes. Mais son acte est néan-
moins valide à l'égard des tiers. Il n'en est pas de même en
Droit administratif. L'acte accompli par un agent compé-
tent dans un intérêt privé qui n'est pas celui du service pu-
blic, est annulable pour détournement de pouvoir.
B. LE DÉFAUT DE COMPÉTENCE
1. Notion.
Nes 91 à 92
SECTION I. - LA COMPÉTENCE 69
2. Théorie de la nécessité.
NOS 92 à 93
'
70 CHAPITRE III. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
N°94
SECTION I. - LA COMPÉTENCE 71
C. ÜRGANISATION DE LA COMPÉTENCE
1. Concentration.
N 94 à 95
01
72 CHAPITRE III. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
2. La déconcentration.
a. - Définition.
96. La déconcentration consiste à donner, généralement
dans Ie cadre d'une même personne publique, la compé-
tence d'accomplir certains actes juridiques, non pas aux
chefs du service, aux organes statutaires, mais à des agents
qui leur sont hiérarchiquement subordonnés.
Aucune difficulté ne se pose lorsqu'il s'agit d'attribution
(n° 88 in fine). Un ministre ou un bourgmestre peut délé-
guer la signature du courrier ordinaire, habiliter un agent
à faire des enquêtes ou à accomplir d'autres devoirs. Le
problème de la déconcentration ne surgit qu'à propos de
la compétence proprement dite, c'est-à-dire du pouvoir de
faire des actes juridiques pour Ie compte de la personne
publique. Détaillons cette proposition.
La déconcentration donne la compétence d'accomplir des
actes juridiques : ici se marque l'utilité de ce procédé juri-
dique. Il tend à faire coïncider la responsabilité et l'auto-
rité. Chaque homme tranche autant d'affaires qu'il peut
en étudier personnellemcnt. Les chefs ne sont pas de sim-
ples machines à signer.
La délégation peut être personnelle - par exemple celle
donnée par Ie ministre à son chef de cabinet ( cf. à ce pro-
pos C. E., 27 mars 1956, R. J. D. A., 1957, 2, Vantreels, note
Debra). Elle devient caduque quand Ie ministre ou Ie
délégué est remplacé parce qu'elle implique un lien de
confiance. D'autres délégations modifient l'aménagement
des compétences entre différentes autorités administratives,
indépendamment de la personne des titulaires, et ont de ce
fait un caractère permanent.
Agents subordonnés: la déconcentration ne supprime pas
Ie pouvoir hiérarchique. Celui-ci continlre--à s'exercer avant
la décision (n° 115). Souvent, les autorités supérieures se
réservent Ie droit de revoir !'affaire endéans un certain
délai après la décision de l'agent compétent : c'est la réfor-
mation (A. R., 30 nov. 1939, art. 5 et 6). Dans d'autres cas,
N 08 95 à 96
SECTION I. - LA COMPÉTENCE 73
N 08 96 à 98
74 CHAPITRE III. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
N 08 98 à 99
SECTION I. - LA COMPÉTENCE 75
N 08 99 à 100
76 CHAPITRE III, · - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
N° 100
SECTION I. - LA COMPÉTENCE 77
SECTION II
N 08 101 à 102
80 CHAPITRE III, - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
A. Pouvom n'oRGANISATION
1. Notion.
N 08 102 à 103
SECT. II. - COORDINATION DES AUTORITÉS COI\IPÉTENTES 81
2. Qui I'exerce ?
104. Le pouvoir d'organisation est exercé, dans Ie cadre
statutaire de la personne publique, par Ie chef de service.
L'Etat: Ce sont les ministres qui sont les chefs des dépar-
tements. En principe, leur autorité est discrétionnaire; elle
est cependant limitée par des lois et règlements de plus en
plus nombreux. Pour la création et la su.ppression d'em-
plois, la fixation des cadres organiques, Ie barème des
traitemcnts, intervicnnent Ie service d'administration géné-
rale, l'inspection des finances et Ie Comité du budget. Tou-
tes les propositions entraînant des dépenses doivent être
soumises à de nombreux controles préalables.
Provinces et communes : Le pouvoir organisateur est
exercé par les conseils (L. P., art. 65, 85; - L. C., art. 75,
84 et 85) ou l'organe exécutif (gouverneur : L. P., art. 126;
- bourgmestre : L. C., art. 90, 11 ° et 12°; - art. 93).
Personnes publiques parastatales : Les autorités diri-
geantes organisent leurs services dans Ie cadre des lois et
des statuts .
3. Sur qui?
B. Pouvorn o'INsTRUCTION
1. Notion.
2. Qui l'exerce?
3. Sur qui?
N 08 107 à 110
84 CHAPITRE III. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
C. PouVOIR DISCIPLINAIRE
1. Notion.
111. Définition : C'est Ie pouvoir de réprimer à poste-
riori les fautes de service des agents subordonnés, fautes
que Ie pouvoir d'instruction avait pour hut de prévenir.
Actes : Les devoirs des agents concernent non seulement
l'exercice convenable de leurs fonctions mais s'étendent à
leur vie privée. Par celle-ci, ils ne peuvent compromettre
Ie prestige de l'Administration ou la confiance que celle-ci
doit avoir en ses fonctionnaires (n° 262). Le pouvoir disci-
plinaire pourrait sanctionner de pareilles fautes de la vie
privée dans ses rapports avec la fonction (C. E., 12 juill.
1952, R.J. D.A., 1953, 56, Bogaert et Debunne, note Crabbe).
Distinction : A la différence de la répressi-on -pénale, il
tend, non pas au chatiment et à !'amendement du coupable
mais au bon fonctionnement du service public, non pas à
la répression d'une infraction mais à celle d'une faute de
service. La même faute peut être sanctionnée disciplinaire-
N 08 110 à 111
SECT. II. - COORDINATION DES MJTORITÉS COMPÉTENTES 85
2. Qui l'exerce?
3. Sur qui?
113. Dans le cadre de la même personne publique : Tous
les agents sont soumis à une autorité disciplinaire. Seuls
les ministres, chefs de la hiérarchie, y échappent, mais ils
sont politiquement responsables envers Ie Parlement.
Extension : Exceptionnellement, Ie pouvoir disciplinaire
est exercé par Ie pouvoir central sur les agents et personnes
publiques subordonnées (L.C., art. 111 et 123; - L.,
3 juill. 1903; - L., 24 déc. 1953, art. 5.
Le personnel des personnes publiques déccntralisées est
disciplinairement soumis aux organes directeurs de ces
institutions. Mais quelle est la situation des organes direc-
teurs eux-mêmes ? Faut-il les comparer à ce point de vue
à des ministres ? Echappent-ils à tout controle discipli-
naire ? Le respect de !'autonomie des établissements para-
N 08 111 à 113
86 CHAPITRE 111, - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
N 08 ll3 à ll4
SECT. II. - COORDINATION DES AUTORITÉS COMPÉTENTES 87
D. Pouvorn HIÉRARCHIQUE
1. Notion.
N 08 ll4 à ll5
88 CHAPITRE III. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
N° 115
SECT. Jl. - COORDINATION DES AUTORITÉS COMPÉTENTES 89
2. Qui l'exerce?
3. Sur qui?
N 08 115 à 117
90 CHAPITRE III, - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
E. PouvoIR TUTÉLAIRE
l. Notion.
119. Définition : Ce sont les pouvoirs limités et généra-
lement de simple controle que les autorités supérieures
excrcent sur les organes des pcrsonnes publiques décen-
tralisées pour surveiller la légalité de leur activité et faire
respecter l'intérêt général. (Pour une étude fouillée : Dem-
bour, Les actes de la tutelle administrative en droit beige).
N 08 ll8 à ll9
92 CHAPITRE 111, - CO.~PÉTENCE ET POUVOIRS
N° 119
SECT. Jl. - COORDINATION DES AUTORITÉS COMPÉTENTES 93
N 08 ll9 à 120
94 CHAPITRE III. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
N° 123
SECT. ll. - COORDINATION DES AUTORITÉS COMPÉTENTES 99
b. - Approbation.
124. Pour les actes particulièrement importants, il ne
suffit pas que l'autorité s,upérieure ait la possibilité d'inter-
venir; elle doit positivement et explicitement donner son
consentement. Celui-ci peut prendre différentes formes :
ce peut être soit une approbation ultérieure soit une auto-
risation préalable.
La doctrine et la pratique modernes tendent à confondre
ces deux formes et n'accordent plus grande importance à
l'ordre chronologique. Il serail peut-être faux de <lire au-
jourd'hui qu'un acte non autorisé est inexistant tandis
qu'un acte non approuvé est seulement imparfait. Cepen-
dant, les deux procédés sont différents et doivent avoir une
portée juridique distincte. Certes, parfois Ie législateur les
a confondus; de ce fait la jurisprudence est confuse. Mais
pour la clarté, la terminologie doit être exacte.
Examinons d'abord l'approbation.
Par l'approbation l'autorité de tutelle déclare à poste-
riori qu'une ·aécision de l'autorité subordonnée peut sortir
N 08 123 à 124
SECT. II. - COORDINATION DES AUTORITÉS COMPÉTENTES 101
c. - Autorisation.
125. Par l'autorisation, l'autorité de tutelle déclare à
l'avance qu'une décision envisagée par l'autörité contrölée
peut être prise parce qu'elle est conforme au droit et ne
hlesse pas l'intérêt général.
Un avis qui doit être conforme est en réalité une autori-
sation (ex : L. C., art. 56, al. 2).
N 05 124 à 125
SECT. II. - COORDINATION DES AUTORITÉS COMPÉTENTES 103
d. -Avis.
126. En vertu de son pouvoir d'instruction, l'autorité
supérieure peut donner en toutes matières des conseils,
directives non obligatoires (n° 107). Mais on vise ici les
avis que les pouvoirs subordonnés doivent demander avant
de prendre la décision ou au contraire ceux que l'autorité
de tutelle doit requérir d'une autre (notamment la dépu-
tation permanente) avant d'exercer son controle (n° 147).
N 08
125 à 126
104 CHAPITRE ID. - COMPÉTENCE ET POUVOIRS
e. - Tutelle coercitive.
127. Ce sont des actes par lesquels l'autorité de tutelle
se substitue à l'autorifé subordonnée qui est en défaut
d'accomplir un devoir imposé par la loi.
Cette limitation de !'autonomie se justifie soit par la
nécessité d'assurer en tous cas l'exécution de certains <le-
voirs expressément imposés par la loi aux pouvoirs sub-
ordonnés, soit d'accorder une plus complète garantie aux
intérêts particuliers. ·
On distingue les mesures d'office, l'envoi d'un commis-
saire spécial, la réformation sur recours.
Par les mesures d'office, l'autorité de tutelle prend la
décision. L'atteinte à !'autonomie est souvent plus appa-
rente que réelle puisque d'ordinaire Ie pouvoir subordonné
ne disposaH d'aucune compétence discrétionnaire et était
tenu d'agir (Buttgenbach, Manuel, n° 175). Ainsi l'autorité
supérieure inscrit-elle d'office au budget des provinces, <les
communes ou des établissements publics subordonnés, les
dépenses que la loi met obligatoirement à leur charge; elle·
ordonne la perception des recettes nécessaires pour y faire
face (L. P., art. 87; L.C., art. 124, 129bis, 144, 147; loi du
10 mars 1925 organique de l'assistance publique, art. 30, 62,
63, 65). Elle remédie à certaines carences par exemple en
matière de nomination (défaut de présentation : L.C.,
art. 124, 129bis; exclusion d'un cang_i_<lat prioritaire; L.,
3 août 1919 et 27 mai 1947). Elle intervient aussi en matière
disciplinàire, lorsque des fautes graves ne sont pas sanc-
tionnées par l'autorité compétente (loi comm., art. 111 et
123; comp. loi organique de l'enseignement primaire,
N° 127
CHAPITRE IV
SECTION 1
ETAT
A. ÜRGANES ET FONCTIONS
b. - Fonction réglementaire.
131. Dans son essence ce pouvoir est identique au pou-
voir législatif. Il a pour objet l'élaboration de normes ohli-
gatoires. La compétence qu'a l'Administration de faire des
règlements peut avoir un double fondement.
1° Pouuoîr exercé dans Ie cadre de la loi ; Certes l'Exé~
cutif se trouve dans une situation subordonnée. Le Roi
« fait les règlements et arrêtés nécessaires pour l'exécu-
tion des lois sans pouvoir j amais ni suspendre les lois elles-
mêmes ni dispenser de leur exécution » (Const., art. 67,
sanctionné par !:art. 107). Même limitation au pouvoir
réglementaire des provinces et communes.
Mais Ie Roi fait plus qu'appliquer mécaniquement les
dispositions légales. D'abord il « dégagera du principe des
lois les conséquences qui en découlent naturellement » ce
qui laisse une large marge à l'interprétation (Cass., 18 nov.
1924, Pas., 1925, I, 25). Ensuite, entre les différentes maniè-
res d'exécuter la loi, l'Exécutif, dans la mesure ou il n'est
pas lié par une indication expresse, a Ie choix des moyens.
Très souvent la loi n'est applicable que lorsque les obli-
gations des citoyens ont été précisées par des arrêtés d'exé-
cution. Tant que l'Exécutif n'a pas collaboré à l'reuvre
législative, à son rang sans doute mais d'une manière essen-
tielle, celle-ci reste imparfaitè. Or, dans cette cööpération,
il j ouit d'indépendance. Quelle que soit la précision des
dispositions légales, elles laissent du jeu.
· 2° Pouuoir autonome : Dans Ie domaine particulier de la
police, !'autonomie du pouvoir réglementaire est encore
heaucoup plus accentuée. L'arrêté royal ne doit pas se
développer dans Ie cadre d'une loi, mais peut être pris
même à défaut de loi.
. Ceci a été vivement contesté. Mais Ie principe est hors de
discussion depuis la loi du 5 juin 1934 qui est une véritable
loi interprétative de l'article 67 de la -Constitution.
· La question clairement posée dans la Revue de l'Admi-
nistration (1934, 197) avait été portée à la connaissance du
N 08 130 à 131
110 CHAPITRE IV. - STATUT
c. - Fonction administrative.
132. Les services publics sont créés par Ie législateur et
leur fonctionnement est régi par une loi organique
(n° 21). Mais ces dispositions devront être précisées par des
arrêtés d'exécution, et surtout l' Administration, soumise à
la légalité, est maîtresse de l'opportunité.
D'abord Ie législateur peut lui laisser la liberté de dé-
cider la création du service public. Une commune peut
mais ne doit pas avoir un corps de sapeurs-pompiers.
Ensuite l' Administration, dans des cas plus fréquents,
appréciera souverainement l'oppurtunité -du fonctionne-
ment du service une fois créé. Par exemple la loi du 12 fé-
vrier 1897 sur l'expulsion des étrangers laisse un large
pouvoir d'appréciation au gouvernement. C'est l'Adminis-
tration qui détermine si tel individu est indigent et s'il a
N 131
05
à 132
SECTION I, - ÉTAT
d. - Fonction }uridictionnelle.
133. Les tribunaux administratifs sont aussi indépen-
dants vis-à-vis du législateur que les magistrats de l'ordre
j udiciaire pour interpréter les lois et les appliquer (n° 466).
N 08 132 à 136
112 CHAPITRE IV. - STATUT
N 06 137 à 138
SECTION IJ. - PERSONNES PUBLIQUES TERRITORIALES 113
2. Délégations.
SECTION Il
1. Organes.
N 08 138 à 140
114 CHAPITRE IV. - STATUT
2. Fonctions.
On retrouve chez les personnes publiques territoriales
les trois fonctions, administrative réglementaire et juridic-
tionnelle. Les deux dernières doivent être caractérisées.
1° Fonction réglementaire : Elle ne peut être exercée
que dans les limites de la compétence matérielle, en d'au-
tres termes, elle doit porter sur des objets d'intérêt, soit
provincial, soit communal. Mais par Ie fait même que pro-
vinces et communes s'occupent d'une matière, elles lui
reconnaissent un intérêt régional au local.
Encore faut-il qu'une autre qualification ne soit pas
donnée par une autorité supérieure. Dès qu'une loi au un
arrêté royal est intervenu, les pouvoirs subordonnés ne
peuvent plus s'en occuper. Toutefois, on admet des règle-
mentations complémentaires adaptant les règles générales
aux situations locales. Un règlement provincial a Ie même
effet à l'égard de la compétence réglementaire des com-
munes.
En matière de police, Ie pouvoir réglementaire commu-
nal n'existe que dans les cas expressément prévus par la
loi. Cette exception au principe de la compétence indéfinie
dans Ie cadre communal, s'explique par Ie caractère excep-
tionnel du pouvoir de police qui, par son exercice, limite
les libertés individuelles et la propriété privée. Celles-ei
sant protégées par la Constitution et ne peuvent être régle-
mentées que par la loi au en vertu d'une loi.
La compétence pour faire des rè--glements-appartient au
conseil provincial (L. P., art. 85) et au conseil communal
(L. C., art. 78), exceptionnellement en matière de police,
au bourgmestre (L. C., art. 94) (n 425, 426).
05
N° 140
SECTION II. - PERSONNES PUBLIQUES TERRITORIALES 115
B. ÜRGANISATION GÉNÉRALE
N 08 140 à 141
116 CHAPITRE IV. - STATUT
1. Caractère politique.
a. - Origine élective.
142. Les membres des institutions provinciales et com-
munales tirent leur autorité de l'élection.
D'abord, les conseillers provinciaux et communaux sont
désignés par élection directe (Const., art. 108; L. 19 oct.
1921, L., 4 août 1932, l'une et l'autre amendées ultérienre-
ment à plusieurs reprises). Ceci crée des droits subjectifs
(à l'électorat, à l'éligibilité, à la régularité des opérations
électorales), qui sont de nature politique (Const., art. 93).
Ensuite, les échevins (L. C., art. 2) et les députés per-
manents (L. P., art. 3) sont élus par les deux conseils.
Enfin, Ie bourgmestre est nommé par Ie Roi au sein du
conseil, sauf exception (L. C., art. 2). Seul Ie gouverneur
est indépendant de l'élection; il est nommé et révoqué par
Ie Roi (L. P., art. 4).
b. - Mandataires politiques.
143. Tous ces personnages, à l'exception du gouverneur
de province, sont des mandataires politiques.
Les conseillers, échevins, députés permanents, n'ont pas
Ie statut des fonctionnaires; ils n'entrent pas dans la
hiérarchie administrative. Ils ne sont pas dans une sitna-
tion contractuelle mais réglementaire. Leur situation juri-
dique ne peut donc être modifiée soit de leur propre
volonté, soit même de l'accord des électeurs. Il leur est
interdit d'accepter des mandats impératifs. Par contre, tout
élément de cette situation juridique peut, à tout moment,
être modifié par la loi sans qu'aucun droit acquis puisse
être invoqué contre elle.
Enfin, ces mandatairés politiques ne sont rien individuel-
lement. Ils font partie d'un corps collectif qui est Ie véri-
table organe de la personne publique territoriale.
c. - Les assemblées.
144. Les assemblées bénéficient de certaines garanties
assurant leur indépendance vis-à-vis de l'autorité centrale.
N 08 142 à 144
SECTION II. - PERSONNES PUBLIQUES TERRITORIALES 117
2. Caractère subordonné.
a. - Compétence.
145. Elle est limitée aux intérêts provinciaux et commu-
naux (n° 66) ou aux matières d'intérêt général qui leur
sont confiés par la loi.
Décentralisation territoriale : Provinces et communes
sont prévues par la Constitution. Celle-ci ne donne pas une
énumération limitative des matières, mais leur confie tout
ce qui est d'intérêt exclusivement provincial et communal
(art. 31 et 108). Mais qui appréciera ce caractère? Ce sont
les autorités régionales et locales elles-mêmes qui Ie con-
statent par Ie scul fait de leur action : elles peuvent inter-
venir partout ou l'intérêt de la collectivité leur paraît l'exi-
ger. Toutefois, Ie législateur vient limiter cette liberté
d'appréciation. Il impose certains devoirs, oblige par
exemple les communes d'assurer l'ordre, l'enseignement
primaire, l'assistance publique. lnversement il soustrait à
la compétence des provinces et communes des matières
qu'il estime devenues d'intérêt général; il Ie fait soit ex-
pressément, soit implicitement en réglant ces matières par
une loi (cf. Cass., 21 oct. 1954, R. J. D. A., 1954, 308, Van
Hulst). Pour les règlements de police, voy. n° 140, 2, 1°.
Déconcentration : Les autorités provinciales et commu-
nales ne sont pas seulement les organes de ces personnes
publiques; elles sont aussi souvent appelées à gérer des
intérêts généraux pour Ie compte de l'Etat. En d'autres
termes, elles sont des instruments non seulement de décen-
tralisation mais encore de déconcentration (n° 96). C'est
ainsi que les conseils communaux et provinciaux donnent
leur avis sur les questions d'intérêt général qui leur sont
posées par Ie gouvernement (L. P., art. 123; L.C., art. 75;
adde pour la députation permanente : L. P., art. 78 et 106).
Gouverneurs et bourgmestres remplissent eux aussi des
fonctions non seulement locales mais nationales; ils ont la
responsabilité de la tranquillité et du bon ordre (L. P.,
art. 128 et 129; L.C., art. 105). Ils sont chargés de l'exécu-
tion des lois et arrêtés dans les provinces et communes
(L. P., art. 124; L. C., art. 90). Le bourgmestre participe
à l'exercice de la police judiciaire (Code d'instruction cri-
minelle, art. 9, 11 et 50) et remplit les fonctions de minis-
tère public dans certaines communes (L., 18 j uin 1869,
art. 153). L'arrêté royal du 14 août 1933 dispose que Ie
Roi peut confier aux gouverneurs de province et aux com-
missaires d'arrondissement des pouvoirs qui lui appartien-
nent de par la loi en matière d'intérêt provincial, local ou
particulier (adde A. R. du 30 nov. 1939).
Ces missions sont nombreuses et absorbent une grande
partie de l'activité des autorités subordonnées. On peut
parfois se demander à quel titre celles-ci interviennent. Un
bourgmestre qui est chargé par la loi de la police de la
voirie, agit-il comme organe de sa commune ou comme un
agent du pouvoir centra!? Du point de vue de !'autonomie,
il n'a pas d'instruction à recevoir <lans Ie premier cas, car
les communes ne sont soumises qu'au pouvoir de tutelle;
il doit suivre les ordres du ministre, son supérieur hiérar-
chique dans la seconde hypothèse. Par voic de conséquence,
la responsabilité de ses actes est imputée, selon !'analyse,
à la commune ou à l'Etat (n° 390) (De Visscher,_note sous
Cass., 21 oct. 1954, R. J. D. A., 1954, 308, Van Hulst; -
Buttgenbach, dans Rev. crit. jur., 1958, 130).
Pouvoir politique : Les personnes publiques territoriales
participent à la vie politique nationale.
SECTION ll. - PERSONNES PUBLIQUES TERRITORIALES 119
N 00 145 à 147
120 CHAPITRE IV. - STATUT
SECTION 111
1. Principe de classement.
150. Le législateur a fait preuve d'imagination. C'est
souvent par manque d'information qu'il ne reproduit pas
fidèlement les meilleures formules. Une loi organique qui
donnerait les statuts de différents types de personnes para-
statales ne résoudrait pas Ie problème. C---ar le- législateur
ne peut se lier lui-même. Malgré Ie texte organique, il pour-
rait créer une personne publique qui n'appartient à aucune
des catégories prévues.
Cependant, Ie désordre juridique n'est pas aussi grand
N 05 148 à 150
SECTION III. - PERSONNES PUBLIQUES PARASTATALES 121
2. Administration personnalisée.
N° 153
\
\
SECTION III. - PERSONNES PUBLIQU~S PARASTATALES 125
1. Organes de gestion.
N 08 153 à 154
SECTION ID. -- PERSONNES PUBLIQUES PARASTATALES 127
2. Organes de surveillance.
a. - Commissaires du gouvernement.
156. Sauf dans les administrations personnalisées, sou-
mises au pouvoir hiérarchique (n° 151), on trouve prati-
quement partout des « commissaires du gouvernement».
Leur présence a été généralisée par la loi du 16 mars 1954
qui prévoit pour chaque établissement deux commissaires,
l'un nommé par Ie ministre <lont relève !'organisme et
l'autre par Ie ministre des Finances. Ce sant des fonction-
naires qui surveillent la politique générale de la personne
publique décentralisée. Ils permettent au ministre d'exer-
cer son pouvoir de tutelle générale en prenant leur recours
suspensif contre les actes contraires aux lois, aux statuts
ou à l'intérêt général.
L'annulation peut amener des troubles qu'il convient de
limiter. La loi <lu 16 mars 1954 fixe un délai suspensif de
trois jours pour prendre Ie recours. Si Ie ministre n'a pas
statué dans les 15 jours, la décision est définitive (art. 9-10).
Ces fonctionnaires doivent avoir les droits nécessaires
pour l'accomplissement de leur mission. Par exemple, ils
doivent avoir Ie pouvoir d'investigation; ils peuvent se faire
assister par des experts. Ces pouvoirs ne sont pas toujours
définis par la loi avec suffisamment de clarté. Celle du
16 mars 1954 dispose que les commissaires, pour l'accom-
plissement normal de leur mission, peuvent assister avec
voix consultative aux réunions des organes de gestion.
b. - Réviseurs.
157. A cöté des commissaires du gouvernement, des ré-
viseurs jouent Ie même röle que les commissaires des
sociétés commerciales (L., 16 mars 1954, art. 13). lls sont
désignés autant que possible parmi les membres de l'In-
stitut des réviseurs d'entreprise et sont nommés de com-
mun accord par Ie ministre <lont !'organisme relève et Ie
ministre des Finances. lls contrölent la consistance des
biens et l'exactitude des écritures. lls signalent au ministre
N 05
155 à 157
128 CHAPITRE IV. - STATUT
C. ÜRGANISATION GÉNÉRALE
1. Action directe.
a. - Création.
b. - N ominations.
163. Si !'autonomie des établissements publics et asso-
ciations de Droit public était entière, le pouvoir central se
bornerait à approuver ou à improuver la désignation des
organes de gestion. C'est ainsi par exemple que les admi-
nistrateurs de l'CEuvre Nationale de l'Enfance, qui est un
établissement public, sont choisis par cooptation sans même
que le choix du conseil doive être ratifié par le ministre.
Pareille solution est cependant illogique et pratiquement
n'a presque jamais été admise. Si l'autorité supérieure
confie la gestion de certains services publics à des autorités
indépendantes, encore faut-il qu'elle en soit sûre.
Pour les établissements publics, les nominations sont
normalement faites par le Roi. Les désignations faites par
le Parlement seraient mains bonnes parce qu'inspirées par
des préoccupations politiques (pour la Radio et la Télé-
vision, on a voulu protéger la liberté d'opinion). La nomi-
nation directe par le Roi peut être tempérée par un droit
de présentation. Encore faudrait-il, dans un système ra-
tionnel, reconnaître au Roi le pouvoir de rejeter tous les
noms qui lui ont été soumis et d'exiger de nouvelles présen-
tations. Il ne peut en aucun cas être forcé de confier un
service public à des mains indignes ou incapables. Parfois,
certains membres sont désignés en raison de leurs fonc-
tions (Office Central de la Petite Epargne, Fonds d' Amor-
tissement de la Dette publique). Le système est admissible
s'ils ont été nommés à ces fonctions par le Roi, dont l'in-
fluence, quoique indirecte, reste ainsi prépondérante.
Pour les associations de Droit public, l'Etat peut se ré-
server encore Ie droit de nommer certains administratenrs
ou même tout Ie conseil d'administration (lnstitut de Récs-
compte et de Garantie). Mais il est natnrel de reconnaître
une part d'influence à l'assemblée générale groupant les
représentants du capita!. Encore faudrait-il que son choix
soit ratifié par Ie Roi. La raison est toujours la même. Il
s'agit d'un service public qui ne peut être confié sans con-
trole à des représentants d'intérêts particuliers. Quel que
soit Ie mode de nomination, Ie Roi, pour les-mêmes raisons,
devrait toujours se réserver le pouvoir de révocation.
Outre les membres directeurs, Ie Roi nomme souvent Ie
fonctionnaire qui est chargé de la gestion j ournalière :
secrétaire général, directeur, etc.
SECTION III. - PERSONNES PUBLIQUES PARASTATALES 131
c. - Ressources f inancières.
N 08 163 à 164
132 CHAPITRE IV. - STATUT
b. - Tutelle spéciale.
166. La tutelle spéciale signifie que la validité de cer-
tains actes particulièrement importants est toujours subor-
donnée à l'approbation expresse de l'autorité supérieure.
Il semble que les statuts devraient imposer cette forma-
lité à tous les organismes en ce qui concerne :
- Ie statut du personnel, Ie barème des rémunérations,
jetons de présence, tantièmes, participations aux bénéfices;
- Ie règlement organique et d'ordre intérieur;
- les actes financiers importants.
3. Statut financier.
b. - Budget el compies.
N 08 168. à 169:
134 CHAPITRE IV. - STATUT
c. - Autorités compétentes
pour établir Ie budget et les compies.
d. - Controle.
N° 170
SECTION IV. - SERVICES PUBLIQUES CENTRALISÉS 135
SECTION IV
SERVICES PUBLICS CENTRALISES
A STATUT SPECIAL
A. NonoN
1. Nature.
172. Les services publics groupés dans la même personne
publique - qu'il s'agisse de l'Etat, des provinces ou des
communes - ont normalement Ie même statut juridique.
Cependant Ie législateur peut soumettre des services dé-
terminés à un régime spécial sans cependant leur octroyer
unc personnalité distincte.
Dans Ie cadre de l'Etat, citons la Régic du Travail péni-
tentiaire (L., 30 avr. 1931, A. R., 3 nov. 1931).
Pour les provinces et les communes, l'arrêté royal du
26 juillet 1939 introduit dans la loi communale les articles
147bis, 147ter et 147quater et dans la loi provinciale, les
articles 114bis, ter et quater selon lesquels les établisse-
ments et services à caractère industrie! ou commercial dé-
signés par Ie Roi sont organisés en régies et gérés en dehors
des services généraux de la commune ou de la province,
suivant des méthodes industrielles et commerciales. lei en-
core il n'y a pas de personnalité juridique pour ces régies
qui tiennent cependant un bilan, un compte d'exploitation
et un compte des profits et pertes. Un arrêté royal d'exécu-
tion a été pris uniquement pour les communes Ie 18 juin
1946. Le Roi fixe par catégories les services qui peuvent
bénéficier de ce régime. Pour Ie surplus, les provinces et
communes décident librement si en fait tel établissement
déterminé doit être organisé en régie (C. E., 19 janv. 1961,
R. J. D. A., 1961, 142, Commune d'Olloy).
N 08 172 à 173
136 CHAPITRE IV. - STATUT
N 08 173 à 174
SECTION IV. - SERVICES PUBLIQUES CENTRALISÉS 137
B. ÜRGANISATION
N° 174
138 CHAPITRE IV. - STATUT
N° 174
TITRE II
N" 176
CHAPITRE V
N° 177
142 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
SECTION I
DROIT ADMINISTRATIF ET DROIT PRIVE
1. Droit administratif.
2. Droit privé.
N 05
179 à 180
144 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
SECTION II
LES ACTES ADMINISTRATIFS
GENERALITES
L'Administration remplit sa mission, exerce son activité,
en accomplissant une multitude d'actes.
N 08 185 à 187
146 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
A. Acrns MATÉRIELS
B. Acrns JURIDIQUES
SECTION III
ACTE ADMINISTRATIF UNILATERAL
A. DÉFINITION
B. CoNDITIONs DE VALIDITÉ
N 08 189 à 191
150 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
3. Consentement.
N° 193
152 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
5. Principe de la légalité.
C. NULLITÉ
1. Possibilité d'annulation.
2. Autorité.
3. Effets.
198. L'annulation sort ses effets ex tune; par hypothèse
une condition de validité faisait défaut dès Ie début. Ce-
pendant, trois remarques doivent être faites.
La première est qu'un acte annulable doit être exécuté
jusqu'à ce qu'il ait été mis à néant par annulation ou par
retrait. C'est une conséquence du privilège du préalable.
La seconde remarque est que certains vices peuvent être
couverts par des régularisations ultérieures : l'acte origi-
nairement irrégulier devient ainsi valide ( exemple: n° 504).
Enfin, pour assurer la stabilité juridique, Ie législateur
a soumis à de nombreuses conditions et notamment à des
délais souvent réduits, les actions en annulation. Le terme
expiré, l'acte irrégulier ne peut plus être attaqué.
L'annulation une fois prononcée opère, avons-nous dit,
avec effet rétroactif. Cependant, ce principe doit être en-
core entendu avec certaines atténuations. Certains droits
individuels acquis de bonne foi conformément à eet acte
seront respectés d'une manière ou d'une autre. C'est áinsi
que Ie fonctionnaire <lont l'acte d'investiture a été annulé
aura cependant droit au traitement afférent à la période
N 08 197 à 198
154 CHAPITRE V, -- LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
4. Théorie de l'inexistence.
N 198 à 201
08
SECTION III. - ACTE ADMINISTRATIF UNILATÉRAL 155
9
D. ABROGATION
1. Possibilité d'abrogation.
2. Autorité.
3. Effets.
r·
156 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
E. RETRAIT
1. Possibilité du retrait.
2. Autorité.
N 08 205 à 206
SECTION IV. - DÉCISION ExÉCUTOIRE 157
3. Effets.
207. Le retrait rétablit Ie statu quo ante et se distingue
ainsi de l'abrogation qui n'a pas d'effet rétroactif (Voir
cependant C. E., 24 avr. 1951, R. J. D. A., 1951, 231, Tan-
nerie et Maroquinerie belges, note De Visscher).
SECTION IV
DECISION EXECUTOIRE ET ACTE PREPARATOIRE
A. Acrn PRÉPARATOIRE
1. Notion
2. Conditions
Il est soumis aux conditions générales de validité d'un
acte unilatéral : compétence, absence ou vice de consente-
ment, conditions légales de forme et de fond.
L'avis, fréquent en Droit administratif, mérite une men-
tion particulière.
Il doit être préalable à la décision (sur un cas curieux
cons. C. E., 22 déc. 1960, R. J. D. A., 1961, 119, Jacquemin).
La demande d'avis peut être facultative ou obligatoire
pour l'autorité qui prend la décision. Celui qui est consulté
ne peut se dérober à sa fonction; notamment un collège ne
peut arguer qu'aucune opinion ne recueille une majorité
suffisante. L'avis doit être donné en connaissanèe de cause
(C. E., 2 avr. 1955, R. J. D. A., 1955, 252, De Bock).
Des techniques permettent de <loser l'influence de l'avis.
Par exemple celui-ci doit être obligatoirement motivé,
voire publié, ce qui augmente sa force contraignante.
N 08 207 à 208
158 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN CÉNÉRAL
3. Effets
B. DÉCISION EXÉCUTOIRE
N 08 208 à 209
160 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
2. Conditions de validité
2ll. Elles sont d'abord celles de tout acte unilatéral (n°
190).
Personnes publiques compétentes : La décision exécu-
toire met en jeu la puissance publique. Les personnes pu-
N 05 210 à 211
162 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
3. Effets
La <lécision exécutoire doit être obéie par tous les inté-
ressés. C'est vrai même si elle est irrégulière. Voilà ce qui
en fait la force. Mais elle peut être annulée par Ie Conseil
d'Etat (n° 497).
N 05 211 à 212
SECTION V. - LES ACTES RÉGLEMENTAIRES 163
royaux; L. P., art. 117 et 188; L.C., art. 102; L., 28 Jmn
1932; à défaut de disposition légale expresse, les règle-
ments édictés par les établissements publics ne doivent pas
être publiés au Moniteur (C. E., 16 nov. 1956, R. J. D. A.,
1957, 203, Hautecloque).
Selon l'article 5 de la loi du 18 avril 1898, les arrêtés
royaux sant publiés par la voie du Moniteur, texte français
et texte flamand en regar<l, dans Ie mois de leur date; ils
sant obligatoires. Le dixième jour suivant celui de la publi-
cation, à mains que l'arrêté n'ait fixé un autre délai (Cass.,
31 mai et 31 oct. 1921, Pas., 1921, I, 388 et 1922, I, 41; Cass.,
25 janv. 1926, Pas., 1926, I, 195).
Sur la manière <lont les règlements militaires s'imposent
aux militaires soldés, cf. Tribunal civil de Charleroi,
1er févr. 1955, R. J. D. A., 1955, 148, Leys, note Van Eede.
Il n'est pas dérogé aux dispositions qui exigent en outre
d'autres publications pour certains arrêtés (Voyez notam-
ment la loi sur l'ivresse).
SECTION V
N 05
212 à 213
164 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
B. CARACTÉRISTIQUES
C. CoNDITIONS DE VALIDITÉ
D. EFFETS
216. Situation réglementaire et situation contractuelle :
Le règlement crée des droits et des devoirs subjectifs.
Celui qui invoque ou auquel on impose un règlement, se
trouve dans une situation juridique toute différente de
celui qui fonde son droit sur un contrat. On a cependant
confondu les deux situations. Ceci s'explique par Ie fait
que Ie règlement ne s'applique pas toujours automatique-
ment. Parfois, il faut l'accomplissement préalable de cer-
tains actes, appelés pour cette raison « actes conditions >.
Tantöt on exigera une décision administrative; par exem-
ple, les lois et les arrêtés sur les monuments et les sites ne
protègent un immeuble qu'après classement. Parfois, c'est
la volonté d'un particulier qui est prévue à titre. de con-
dition; par exemple, c'est l'assignation libre du justiciable
qui déclenche l'application <les règles de procédure; cette
assignation valablement lancée, Ie juge doit <lire Ie droit
sinon il y a déni de j ustice. Enfin on trouve des cas ou
parmi les conditions sont exigés cumulativement un acte
de l'Administration et un acte libre du particulier. C'esl
ici que l'analyse juridique doit être précisée.
Il serait en effet aisé de confondre ce concours de volon-
tés avec un accord constitutif de convention. Tel est Ie cas
d'un fonctionnaire. Il a fait acte de candidat et l' Adminis-
tration Ie nomme. Ces deux volontés aboutissent~elles à Ia
formation d'un contrat? La nomination ne peut-elle pas
s'analyser comme l'acceptation de Ia candidature? Telle
peut être encore la situation de l'usager d'un service public,
N 08 215 à 216
166 CHAPITRE V. - LES MOYENS D'ACTION EN GÉNÉRAL
E. ENTRÉE EN VIGUEUR
N° 218
170 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBUCS
N° 218
SECTION I. - NOTION DE L' AGENT PUBUC 171
SECTION I
NOTION DE L'AGENT PUBLIC
N 05
219 à 220
172 CHAPITRE VI. ~ LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
N 00 220 à 221
SECTION 1. - NOTION DE L'AGENT PUBLIC 173
N 06 221 à 223
SECTION I. - NOTION DE L' AGENT PUBLIC 175
a. - Administration centrale.
Compétence générale du Roi.
225. Pour les services centralisés de l'Etat, Ie Roi est
compétcnt. Ce principe se fonde sur plusieurs textes con-
stitutionnels : l'article 29 dispose qu'au Roi appartient Ie
pouvoir exécutif; l'article 67 Ie charge de l'exécution des
lois et lui donne par conséquent Ie pouvoir d'organiser les
services nécessaires; selon l'article 66, alinéa 2, Ie Roi
nomme aux emplois d'administration générale et de rela-
tions extérieures, sauf les exceptions établies par les lois.
Du droit exprès de nomination, on a déduit la compétence
plus large d'organiser tout Ie statut des agents (C. E.,
12 juill. 1952, R. J. D. A., 1953, 56, Bogaert et Debunne; -
C. E., 12 déc. 1957, R. J. D. A., 1958, 123, Deprez).
Aux arguments de textes, s'ajoutent les principes.
N 05
223 à 225
176 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
N° 225
SECTION I. - NOTION DE L' AGENT PUBLIC 177
b. - Provinces et communes.
226. lei la compétence du législateur est normale (Const.,
art. 108). Il en est de même pour les établissements qui en
dépendent (loi sur les commissions d'assistance publique,
art. 27 et suivants; loi sur les commissions provinciales de
bourses d'études, art. 24 et suivants).
Les lois provinciale et communale règlent, eri ces rna-
tières, la compétence des autorités subordonnées.
Des lois ont limité !'autonomie communale, notamment
en matière de traitements et pensions (par ex.: L., 10 janv.
1947), de discipline et de stabilité de l'emploi (L., 30 j uill.
1903; adde L., 14 févr. 1961, art. 71 et 72 modifiés par L.,
27 juill. 1961).
c. - Etablissements publics
et associations de Droit public.
227. lei encore, il faut admettre la cornpétence normale
du législateur. On objectera que l'arrêté royal du 2 octo-
bre 1937, en son article 1er, prévoit expressément son exten-
sion possible aux établissements ou offices publics. Mais il
a été souligné dans Ie rapport du cornmissaire royal (p. 18),
qu'en assimilant Ie personnel de ces établissements à celui
des adrninistràtions centrales et en fixant leurs statuts, Ie
Roi n'exercerait pas un pouvoir propre. Ce serait un arrêté
d'exécution pris en vertu de la loi organique de chacun de
ces établissements (Const., art. 67).
Le législateur a parfois expressément organisé un statut
spécial pour Ie personnel de certains organismes parasta-
taux, que ce soit une régie (Voies aériennes : L., 20 nov.
1946, art. 9), un établissement public (Caisse générale
d'épargne et de retraite : L., 16 mars 1865, art. 11), une
association de Droit public (S. N. C. B., L., 23 juill. 1926,
art. 13). Des lois ont étendu aux institutions parastatales
les règles fixant l'àge de la retraite et Ie régime de pension
des agents de l'Etat (L., 16 oct. 1954, art. 16; - L., 28 avr.
1958).
Le législateur peut aussi déléguer son pouvoir au Roi. Il
Ie fait par une loi spéciale pour un organisme déterminé
ou par une disposition générale; c'est ainsi que la loi du
16 mars 1954 complétée par l'arrêté royal (en vertu de
pouvoirs spéciaux) du 18 décembre 1957, donne une longue
a. - Contrat ou règlement.
228. Nous retrouvons ici la distinction, déjà étudiée dans
son principe (n° 216), entre Ie contrat et Ie règlement.
On peut prétendre découvrir dans Ie lien qui unit l'agent
à la personne publique, les éléments d'un contrat de louage
de services. L'étendue des obligations réciproques des par-
ties dépend de l'accord de leurs volontés. Tel est Ie procédé
de Droit privé. L' Administration peut y recourir.
Ceci veut-il dire que ces conventions seront régies par
les lois sur Ie contrat de travail ou d'emploi?
En ce qui concerne les agents temporaires, naguère sou-
mis à un régime contractuel, l'arrêté du 2 octobre 1937
emploie une formule bien plus prudente. L'exposé des
motifs explique que « Ie statut, sans étendre Ie champ d'ap-
plication de la loi, s'y réfère et applique aux agents tem-
poraires une série de mesures analogues à celles de la loi
sur Ie contrat d'emploi» (cf. n° 179).
L'article 6 dit expressément que l'on applique les règles
résultant de la loi sur Ie louage de services, « sauf les dis-
positions du présent statut qui sont expressément appli-
cables aux agents temporaires ». (Cf. Cass., 7 oct. 1943,
R. J. D. A., 1946, Commission d'assistance publique d'An-
derlecht, note Moureau). Le Droit privé ne sera pas
appliqué sans modifications. On devra nécessairement y
introduire des clauses dérogatoires justifiées par l'intérêt
du service public.
Mais Ie lien conventionnel n'est pas Ie plus fréquent. En
principe, Ie statut de tous les agents des services publics
est réglementaire. Cette règle n'a été que lentement déga-
gée. Elle a été nettement affirmée par la Cour de cassation:
« La collation des emplois publics est en dehors de toute
N 08 227 à 228
SECTION I. -- NOTION DE L' AGENT PUBLIC 179
b. - Applications.
229. Examinons les différentes personnes publiques.
Etat : Le statut des agents de l'Etat est formel (art. 6 a
contrario). Le rapport du commissaire royal « qui équivaut
aux travaux préparatoires » (exposé des motifs de l'arrêté),
opte formellement pour la solution réglementaire (p. 12),
et toute l'économie de l'arrêté se justifie par cette concep-
tion fondamentale.
Il en est de même pour les fonctionnaires de l'Etat aux-
quels l'arrêté du 2 octobre 1937 ne s'applique pas, en vertu
de l'article 2 : les gouverneurs de province et commissaires
d'arrondissement, Ie personnel scientifique des établisse-
ments d'enseignement supérieur et des établissements scien-
tifiques, Ie personnel enseignant des établissements d'en-
seignement artistique ou technique ou colonial, sont nom-
més et non pas contractuellement engagés. La solution a
été ultérieurement étendue au personnel temporaire (A.
Rég., 30 avr. 1946; - pour les ouvriers A. R., 10 avr. 1948).
Il faut réserver la possibilité d'exception; par exemple,
N 00 228 à 229
180 <.:HAPITRE VL - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
N" 229
SECTION II. - ENTRÉE AU SERVICE 181
SECTION II
ENTREE AU SERVICE
N° 229
182 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
1. Egalité.
a. - Principe constitutionnel.
230. Tous les Belges ont un égal accès aux fonctions
publiques (Const., art. 6). Par voie de conséquence, on
n'admet plus l'hérédité des fonctions, sauf l'exception con-
stitutionnelle du Roi. On citera une seconde dérogation
curieuse : les collateurs de bourses d'étude et les adminis-
trateurs spéciaux de commissions d'assistance publique
peuvent devoir être choisis parmi les parents du fondateur.
Cette exception s'explique par .une mise au point tardive
de la technique juridique. S'il fallait actuellement organi-
ser ces institutions pour la première fois, on ferait des
bourses d'étude plutót des établissements d'utilité publique
que des établissements publics.
Une autre conséquence est l'interdiction de distinctions
fondées sur la langue ou les opinions philosophiques. Serait
illégale, une décision écartant d'un recrutement des can-
didats pour la seule raison qu'ils sont diplómés d'un éta-
blissement qui n'appartient pas à l'Enseignement officie!
(C. E., 9 mars 1957, R. J. D. A., 1957, 277, Lignon).
Si Ie pacte scalaire prévoit une répartition des fonctions
à conférer dans l'enseignement public et tient compte par
conséquent des conceptions philosophiques des candidats,
c'est en vue d'un respect plus large du principe de l'égalité
entre toutes les familles qui sont les usagers du service de
l'enseignement.
N'est pas inconstitutionnel, Ic statut spécial qui, dans Ie
cadre d'un établissement hospitalier, tient compte des obli-
gations conventuelles des religieuses qui en assurent la
desserte (C. E., 21 juin 1956, R. J. D. A., 1957, 114, Crève-
creur).
La meilleure garantie de l'égalité est probablement l'obli-
gation de publier les vacancestl'empfoi, telle qu'elle a été
prévue par diverses lois (à vrai dire, celle du 3 août 1919,
art. 11, avait, en principe, l'effet contraire d'assurer Ie pri-
vilège de réintégration des anciens combattants). Cette pu-
blicité n'est pas constitutionnellement obligatoire.
N° 230
SECTION II. - ENTRÉE AU SERVICE 183
b. - Réglementations.
231. La règle n'exclut par les conditions de capacité et
d'idonéité, du moment qu'elles sont générales et objectives.
Ces règles générales peuvent être établies par arrêté royal.
Par exemple, Ie statut des agents de l'Etat subordonne
I'accès à chaque catégorie à la production d'un diplöme
différent d'études. L'article 18 du statut ne viole pas l'éga-
lité constitutionnelle : si la procédure de recrutement est
exceptionnelle pour engager des personnes d'une haute
valeur administrative, scientifique, technique ou artistique,
elle reste cependant ouverte à tous ceux qui remplissent
objectivement ces conditions (C. E., 28 janv. 1956, R.J.D.A.,
1956, 244, Talloen, note Putzeys).
Selon les lois linguistiques, les emplois publics sont ré-
servés aux candidats prouvant qu'ils ont été formés dans
la culture régionale. Un bourgmestre, membre de droit
d'un conseil de fabrique, est remplacé par un échevin,
lorsqu'il n'est pas catholique (Répertoire pratique, v° Cul-
tes, n"" 253 et 257).
De même, les f emmes en principe admissibles à tous les
emplois publics, ne sont écartées que lorsque l'exercice
normal de la fonction est incompatible avec leur sexe
(C. E., 29 mai 1952, R. J. D. A., 1952, 297, Lalmand. Pour
l'application corrélative de la règle aux hommes, voy. C. E.,
lO avr. 1951, R. J. D. A., 1951, 204, Commune de Saint-
Leenaerts, note De Visscher).
La règle n'empêche pas non plus l'établissement d'in-
compatibilités <lans l'intérêt du service. Par exemple l'ar-
ticle 68, 5° de la loi électorale communale dispose que ne
peuvent être ni bourgmestre ni échevin... les agents et
employés des administrations financières. lei, l'incompa-
tibilité est établie par la loi. Limitant l'éligibilité, elle doit
être de stricte interprétation selon Ie Conseil d'Etat (C. E.,
24 mars 1954, Blockmans, et C. E., 30 juin 1960, R. J. D. A.,
1960, 191, Vcrlaine, avis et rapport substitut Roland).
c. - Application.
232. La règle est certaine pour l'Etat, les provinces et
les communes; elle nous paraît aussi sûre pour les admi-
nistrations personnalisées, les établissements publics et les
associations de Droit public. Sa violation donnerait lieu à
b. - Exceptions légales.
234. La Constitution prévoit des exceptions légales (pro-
fesseurs d'université, consuls, administrateurs spéciaux des
co:rhmissions d'assistance publique, etc.). Une exception
très discutable, à défaut de texte légal est celle de secré•
taire et trésorier de fabrique d'église (Répertoire pratique,
v° Cultes, n° 238).
Application.
c. -
235. La règle s'applique non seulement aux provinces et
communes, mais aussi aux établissements publics et aux
associations de Droit public. Ce n'est pas toujours observé.
3. Serment.
a. - Principe constitutionnel.
236. L'obligation du serment est imposée par Ie décret du
20 juillet 1831 et est sanctionnée par l'article 261 du Code
pénal.
On a été tenté de la limiter aux agents supérieurs exer-:-
çant un pouvoir d'impérium. Mais la justification de cette
formalité impose une application plus large. Tous les
agents, y compris les plus humbles, les cheminots, les pos-
tiers, les expéditionnaires, ne sont-ils pas aussi indispensa-
bles au fonctionnement régulier et permanent du service
public? Ce fonctionnement ne dépend-il que de la con-
science des chefs? C'est une conception bien peu démocra-
tique.
b. - Application.
237. L'arrêté royal du 2 octobre 1937 impose Ie serment
à tous les agents de l'Etat, quel que soit leur grade.
Nous serions partisans de la même solution pour les
provinces, communes et établissements publics. Ce n'est pas
la règle qui est aujourd'hui appliquée.
Pour les associations de droit public, Ie serment devrait
être imposé aux agents dans une situation réglementaire.
4. Principe de la finalité.
B. MooALITÉs DE L'INVESTITURE
1. Nomination.
239. Le procédé Ie plus courant est la nomination. Celle-
ci s'analyse comme un acte unilatéral d'investiture par
2. Election.
240. Un second procédé de désignation des titulaires de
fonctions publiques est l'élection par un corps électoral
plus ou moins large. Par exemple : les membres de com-
missions d'assistance publique sont élus par le conseil
communal, des membres du conseil de gestion de la Radio-
diffusion Télévision Beige sont désignés par les Chambres.
Ce système plus rarement employé, se j ustifie quand,
dans la direction d'un service décentralisé, ces agents qui
sont soustraits au pouvoir hiérarchique, doivent rester dans
leur action en communauté d'idées avec Ie groupement
électeur.
3. Cooptation.
241. Citons les fabriciens (Décret, 30 déc. 1809, art. 8),
les membres du Conseil supérieur de l'<Euvre Nationale de
l'Enfance.
4. Tirage au sort.
242. Le procédé était encore appliqué pour les miliciens
par la loi de 1913. Dans l'ordre judiciaire, Ie choix des
jurés et des membres des tribunaux militaires dépend dans
une certaine mesure du tirage au sort.
5. Contrat.
243. Les divers procédés d'investiture qui viennent d'être
cités, créent une situation réglementaire. En Droit positif
beige certains agents peuvent être engagés par contrat.
C. AUTORITÉ COMPÉTENTE
N° 244
SECTION II, - ENTRÉE AU SERVICE 189
1. Conditions d'idonéité.
245. Les dispositions légales ou réglementaires peuvent
fixer certaines conditions générales d'idonéité : aptitudes
physiques (age, examen médical; pour Ie sexe voir Ie n°
230), morales (civisme, certificat de bonne vie et mreurs),
intellectuelles (diplómes).
2. Examen ou concours.
246. La nomination peut être subordonnée à un examen
ou à un concours. Le premier élimine les inaptes; Ie second
classe en plus ceux qui sant admissibles. C'est Ie moyen
Ie plus énergique pour combattre Ie favoritisme. La for-
mule est recommandable lorsque Ie mérite respectif des
candidats peut être objectivement contrólé par un examen.
Ce n'est pas toujours Ie cas. Il est des qualités morales
(magistrats), des vertus de gouvernement (gouverneurs de
province), voire des aptitudes intellectuelles (professeurs
d'université), qu'un simple examen ne suffit pas à déceler
et qu'un concours ne parviendrait pas à doser.
La portée j uridique exacte de cette procédure dépend
des différents statuts. Généralement, l'autorité ne peut
nommer que les récipiendaires ayant réussi !'examen ou
le concours. Mais elle n'est pas obligée de les nommer.
Elle pourra notamment, après un délai raisonnable, négli-
ger Ie solde de la réserve de recrutement et organiser une
nouvelle épreuve.
S'il s'agit d'un concours, l'autorité est d'ordinaire liée
par Ie classement. Elle doit nommer d'abord Ie premier.
N 05 244 à 247
190 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
4. Prioritaires.
248. Une priorité peut être reconnue à certaines catégo-
ries de candidats (militaires, agents temporaires, anciens
agents coloniaux, etc.). Cette priorité ne peut être accordée
que par une loi (rr 61).
0
SECTION III
AVANCEMENT
A. RÈGLES FONDAMENTALES
Principe de finalité.
249. L'avancement intéresse Ie fonctionnaire dont la
carrière doit être bien organisée. Mais sa réglementation
doit se justifier d'abord par l'intérêt du service public. Il
est de la plus grande importance que l' Administration ait
<le bons chefs.
Il s'ensuit que l'avancement n'est possible qu'en cas ·de
vacance <l'un emploi supérieur. Il ne peut se faire ni avant,
ni après avec effet rétroactif, ni hors cadre sauf disposition
expresse du statut.
Une autre conséquence concerne Ie retard dans l'avan-
cement. Le refus d'avancement ne peut jamais être con-
N 08 247 à 249
SECTION 111. - AVANCEMENT 191
B. MoDALITÉs DE L'AVANCEMENT
1. Idonéité.
252. Comme pour les nominations, il doit y avoir des
conditions physiques (àge, santé) ou intellectuelles (diplö-
mes, aptitude à commander).
2. Ancienneté.
253. La promotion du plus ancien en grade a l'avantage
<l'écarter la brigue et Ie favoritisme mais elle ne favorise
pas la sélection des meilleurs.
Quelle est la portée j uridique de la condition d'ancien-
neté? Elle varie selon les statuts. On peut se demander par
exemple si Ie plus ancien a droit à la nomination dès que
N 06
249 à 253
192 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
3. Examen ou concours.
4. Autres modalités.
5. Barèrne.
SECTION IV
DEVOIRS DES AGENTS DE SERVICES PUBLICS
N 00 255 à 257
194 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
2. Fonctionnaires de fait.
259. A la nécessité de la permanence du service public
se rattache la théorie du fonctionnaire de fait (n° 94).
3. Liberté d'association.
263. Des syndicats de fonctionnaires sont expressément
autorisés en Belgique (sta tut des agents de l'Etat, art. 109).
Leur activité serail illégale si elle n'avait pas pour hut la
défense des intérêts des membres, mais cherchait directe-
ment ou indirectement à exercer une influence sur Ie fonc-
tionnement régulier du service.
SECTION V
DROITS DES AGENTS PUBLICS
N 08 262 à 264
200 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBUCS
A. AVANTAGES FINANCIERS
1. Traitement.
a. - Notion.
265. Le traitement dépend du barème ou du contrat.
Dans Ie second cas, il doit être régulièrement payé con-
formément à la convention. Etudions plus spécialement la
situation de la grande majorité des agents qui ont un statut.
Il faut fermement insister sur Ie fait que leur traitement
n'est pas la contre-partie de leurs prestations. Les agents
doivent, sans marchander, tout leur temps, tous leurs
efforts à l'Etat. Celui-ci leur assure une vie décente (Con-
clusions Paul Leclercq, Pas., 1936, I, 231; - Matton, Droit
budgétaire, 11° 3340). Ce sont là deux conséquences du sta tut
qui ne sont pas des causes juridiques l'une de l'autre.
b. - Conséquences.
266. Le législateur peut modifier les barèmes en cours
de carrière en respectant les droits acquis aux termes échus
(Cass., 22 oct. 1942, R. A., 1943, 167; - Brux., 24 oct. 1931,
R. A., 1932, 126). Le fonctionnaire ne pourra jamais arguer
d'une diminution de traitement pour réduire ses efforts.
Le fonctionnaire ne peut valablement renoncer à son trai-
tement. Il ne peut qu'abandonner les termes échus.
Enfin la meilleure preuve que Ie traitement n'est pas la
contre-partie exacte des travaux, majs seulement la ga-
rantie d'une vie décente, se trouve dans Ie fait que l'Etat
octroie un traitement de maladie ou d'invalidité, limite
étroitement les saisies et cessions (L., 21 ventöse, an IX,
arrêté 30 déc. 1942; réquisitoire avant Cass., 14 janv. 1892,
N 06 264 à 266
7
2. Pension.
a. - Notion.
268. La pension est un traitement différé, la rémunéra-
tion de services passés; elle est aussi Ie résultat d'un effort
personnel de prévoyance imposé au fonctionnaire.
lei encore, il y a deux hypothèses : celle du contrat et
celle du statut. Dans Ie premier cas, on devra respecter la
convention. Dans Ie second, Ie statut peut être modifié uni-
latéralement par un acte de l'autorité publique.
Considérons quelques conséquences du deuxième cas.
b. - Conséquences.
269. L'àge de la mise à la retraite peut être modifié en
cours de carrière, sans que l'intéressé puisse opposer ·un
N 05 266 à 269
202 CHAPITRE VI, - LES AGENTS DES SERVICES PUBUCS
N 08 269 à 270
SECTION V. - DROITS DES AGENTS PUBLICS 203
B. AuTRES DROITS
N 05 270 à 272
204 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBUCS
3. Pouvoir disciplinaire.
SECTION VI
SORTIE DU SERVICE
A. PRINCIPES
N 08 277 à 279
SECTION VI. - SORTIE DU SERVICE 207
B. MonALITÉs DE LA DÉSINVESTITURE
SECTION VII
COLLABORATION FORCEE
A. LES REQUIS
1. Notion.
a. - Enumération.
283. Le cas Ie plus frappant est celui des conscrits. L'ar-
mée requiert aussi Ie concours d'autres personnes, qui peut
être obtenu par voie de réquisition militaire (L., 12 mai
1927). Il faut citer encore les réquisitions civiles : elles
concernent les citoyens qui sont appelés à assurer Ie fonc-
tionnement des services publics en temps de guerre (L.,
5 mars 1935, adde, L., 16 juin 1937, A. R., 1 er févr. 1938,
complété par celui du 18 déc. 1944 et du 1 er mai 1945; -
L., 10 févr. 1947).
En temps de paix, les réquisitions sont plus rares, car
Ie <langer est moins pressant. On peut cependant citer
divers cas ou la collaboration peut être imposée (lois sur
l'entretien des chemins vicinaux, des 10 avril 1841 et 24 juin
1885, l'arrêté royal du 24 janvier 1910, art. 39, relatif aux
mesures sanitaires, etc.). Une attention particulière doit
être accordée à la loi du 19 aoflt 1948 relative aux pres-
tations d'intérêt public en temps de paix qui peuvent être
N 08 282 à 283
210 CHAPITRE VI, - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
b. - Conditions.
284. Les réquisitions de personnes ne peuvent être éta-
blies que par la loi. Elles impliquent une entrave aux
libertés garanties par la Constitution; seul Ie législateur
est compétent pour en décider Ie principe et les conditions.
Dans certains cas, cette loi est soumise à des prescrip-
tions constitutionnelles. Le contingent de l'armée doit être
voté annuellement et la loi qui Ie fixe n'est valable que
pour un an (Const., art. 119).
Le législateur lui-même ne peut imposer la réquisition
ou la corvée que dans des cas exceptionnels. Sans donner
à la thèse la valeur d'un principe juridique, on pourrait
affirmer que la réquisition n'est possible qu'à défaut de
tout autre procédé efficace respectant la liberté indivi-
duelle; par exemple, la loi du 5 mars 1935, organisant les
réquisitions civiles, précisait dans son article unique que
les autorités ne peuvent y recourir qu'à défaut d'engage-
ment volontaire.
Enfin, la réquisition ne peut être imposée qu'en faveur
d'un intérêt absolument essentie! de la collectivité : soit
qu'il s'agisse d'assurer Ie fonctionnement d'un service
public, soit qu'il faille assurer certaines activités impor-
tantes pour Ie bien-être de la collectivité (prestations en
cas d'épidémie, exhaure de l'eau dans les charbonnages,
loi générale du 19 août 1948).
2. Début et fin.
4. Droits et devoirs.
L'existence et l'étendue de ses droits se fonde sur la loi
organisant la réquisition.
a. - Devoirs.
287. Tout comme les agents ordinaires, les requis doi-
vent assurer Ie fonctionnement régulier du service public
en exécutant fidèlement les ordres de l'autorité compé-
tente. On ne conçoit pas qu'ils puissent se mettre en grève.
En ce qui concerne les libertés politiques ( droit d'asso-
ciation, de réunion, liberté d'opinion), on se montrera géné-
ralement moins sévère pour les requis que pour les agents;
Ie lien qui les lie au service public n'est qu'occasionnel.
Leurs opinions particulières ne peuvent faire <louter de
l'impartialité avec laquelle Ie service est dirigé. On notera
cependant que les miliciens ne votent pas, à fortiori ne
peuvent-ils se mêler d'une façon active et militante aux
manifestations de la vie politique.
b. - Droits.
288. Les agents qui prêtent volontairement leur con-
cours, ont normalement droit à un traitement. Les requis
peuvent-ils obtenir une indemnité?
Les miliciens ne sont en principe pas payés. Les soldes
ne sont tra<litionnellement que nominales; l'indemnité de
milice est un secours accordé aux familles socialement
in téressan ies.
Mais il ne faut pas oublier Ie principe de l'égalité des
citoyens <levant les charges. Cette règle est appliquée en
plusieurs endroits par la Constitution (art. 6, 112). Plus par-
ticulièrement, celle-ci précise qu'il ne peut y avoir de pri-
vilège en matière d'impöt. Une inégalité serait créée si en
<lehors du paiement des impöts, des prestations plus lour-
des pouvaient être requises de certaines personnes.
N 05
286 à 288
212 CHAPITRE VI. - LES AGENTS DES SERVICES PUBLICS
c. - Droits subjectifs.
289. Les droits et les devoirs des requis constituent pour
eux des intérêts soit positifs, dans la mesure ou ils peuvent
exiger des avantages, soit négatifs dans la mesure 011 ils
peuvent limiter les inconvénients. Une législation bien con-
çue doit protéger ces intérêts, en faire des droits subjectifs.
Il en est ainsi en matière militaire. Les législations sur
les réquisitions civiles et militaires ont organisé des recours
pour la liquidation des indemnités.
N 00 288 à 290
CHAPITRE VII
LES BIENS
DOMAINE PUBLIC ET DOMAINE PRIVE
291. Pour faire fonctionner des services publics, il faut
non seulement des hommes, mais aussi des biens. Ces biens
sont soustraits au Droit commun et soumis à un régime
spécial qui assure la prédominance de l'intérêt général sur
les intérêts particuliers, en d'autres termes qui garantit Ie
fonctionnement régulier et continu du service public.
Dans cette masse de biens, on fait généralement une
distinction. On considère d'abord ceux que l'Etat et les
autres personnes publiques possèdent et gèrent unique-
ment pour leur revenu économique. Ce « domaine privé»
est régi par Ie Droit commun (Code civil, art. 544 et sui-
vants). D'autres, au contraire, affectés à l'usage du public,
constituent Ie <lomaine public et sant soumis à des règles
particulières qui réaliscnt leur « mise hors commerce ».
Les explications traditionnelles sant embarrassées. Aussi
semble-t-il préférable de prendre Ie problème par Uil autre
biais.
D'abord, tous les bieils de toutes les persoililes publiques
S0ilt soumis à Uil régime juridique spécial de propriété
diff érent de celui qu'orgailise Ie Code civil pour les parti-
euliers. Ceci pose une questioil de droit réel, qui fera l'objet
de la sectioil Jre.
Par ailleurs, certains bien sant aff ectés d'une manière
foute spéciale à l'usage public ou à un service public. Celte
affectation comporte l'application d'un ensemble de règles
constituant ce qu'on appelle impropremeilt Ie domaiile
public. Elles sont étudiées dans la section Il.
L'affectation à l'utilité publique a souvent pour objet des
bieils coilstituant la propriété de la personne publique qui
décide leur assujettissement. Mais elle peut aussi porter
sur des immeubles et parfois sur des meubles apparte-
nant à une autre personile publique ou à un particulier.
C'est la servitude légale d'utilité publique. Celle-ci fait
N° 291
214 CHAPITRE VIl. - LES BIENS
SECTION I
DOMAINE PRIVE
A. NonoN
N 08 293 à 295
216 CHAPITRE VII. - LES BIENS
B. MooES o'ACQUISITION
N 08 295 à 297
SECTION I. - DOMAINE PRIVÉ 217
2. Modes spéciaux.
N 08 297 à 298
218 CHAPITRE vn. - LES BIENS
C. GESTION
D. ALIÉNATION
SECTION II
DOMAINE PUBLIC
A. NonoN
N 05 300 à 301
- ___ .....
220 CHAPITRE VII. - LES BIENS
3. Critère de l'affectation.
303. L'Etat et les autres personnes publiques gèrent
des services publics. Tous leurs biens sans distinction sont
N° 303
222 CHAPITRE VII. - LES BIENS
4. La jurisprudence.
N° 304
SECTION II. - DOMAINE PUBLIC 223
5. Applications.
N° 305
SECTION II. - DOMAINE PUBLIC 225
1. Affectation et propriété.
306. L'incorporation au domaine public et la sortie du
domaine public s'appellènt l'affectation et la désaffecta-
tion. Ces opérations sont indépendantes d'une mutation de
propriété. Un bien peut passer du domaine privé au
domaine public ou inversement sans aliénation; un autre
bien peut rester dans Ie patrimoine d'un particulier tout
en entrant dans Ie domaine public (chemin public <lont
l'assiette appartient à un individu, servitude d'utilité pu-
blique grevant un fonds privé); un troisième qui est expro-
prié pour être incorporé dans Ie domaine public, restera
dans Ie domaine privé jusqu'à l'affectation (Cass., 2 juin
1898, Pas., 1898, I, 219; - Cass., 14 oct. 1926, Pas., 1927, I,
67; - Cass., 17 janv. 1927, Pas., 1927, I, 125).
Il faut rappeler Ie lien qui peut exister entre les deux
opérations - acquisition et affectation - en vertu de l'ar-
ticle 11 de la Constitution. Lorsque la destination à un
service ou un usage public implique pratiquement l'utili-
sation complète de la chose, l'Etat devra au préalable s'en
être rendu propriétaire, car il n'y a pas d'expropriation
forcée sans indemnité (Cass., 3 janv. 1846, Pas., 1847, I, 24;
Cass., 6 janv. 1887, Pas., 1887, I, 44). Bien entendu, une
possession constitutive d'usucapion constitue un juste titre
(Cass., 15 janv. 1880, Pas., 1880, I, 55).
2. Formes.
307. Souvent l'affectation est tacite. Elle résulte du fait
que Ie bien sert indistinctement à l'usage de tous ou est
affecté d'une manière essentielle à un service public.
Mais plus souvent encore, elle est subordonnée à une
décision formelle de l'autorité compétente. L'indisponibi-
N 08 305 à 307
226 CHAPITRE vn. - LES BIBNS
lité d'un bien est si dérogatoire aux principes les plus fon-
damentaux du Droit, qu'il est souhaitable qu'elle soit
expressément décidée. Il a été jugé que Ie seul usage par
Ie public d'un terrain appartenant à l'Etat ou à une autre
personne publique ne suffit pas pour faire entrer ce bien
dans Ie domaine public (Cass., 8 mars 1951, Pas., 1951, I,
461, Ville d'Ostende c./ époux Janssens-De Rijcker) sauf
s'il y a dépendance néccssaire entre ce bien et un autre qui
appartient incontestablcment au domaine public (Cass.,
9 mars 1950, J. T., 1950, 290, Claes John c./ S. A. du Canal
et des Installations Maritimes de Bruxelles; - Cass.,
9 janv. 1951, R. A., 1952, 36). Ces incertitudes, faute de
classement, sont regrettables.
Le rivage de la mer fait de facto partie du domaine pu-
blic. Il est accessible à tous. L'affectation est tacite.
L'utilisation publique des voies terrestres de communi-
cation est déjà un fait plus artificiel. Certes, il peut suffire
pour fonder une affectation tacite au domaine public. Un
chemin est incorporé à la voirie, par exemple, quand une
servitude publique de passage est acquise par usucapion
(Cass., 20 juin 1938, Pas., 1938, I, 221) ou quand une rue
construite par un particulier est ouverte à la circulation
sans autorisation, mais par tolérance administrative (Cass.,
27 oct. 1930, R. A., 1931, 279; Cass., 28 févr. 1926, R. A., 1927,
33). Plus ordinairement pour éviter toute controverse,
l'affectation est expresse et résulte d'un acte administratif.
Le chemin doit être classé s'il appartient à la grande voirie
(L., 9 août 1948), inscrit à l'atlas s'il est vicinal (L., 10 avr.
1841, art. 10; Cass., 18 janv. 1932, Pas., 1932, I, 38), autorisé
par l'administration communale conformément aux plans
s'il rclève de la voirie urbaine (L., 1 er févr. 1844).
De même pour les cours d'eau navigables et flottables,
un classement par Ie gouvernement s'impose (Cass.,
30 janv. 1940, Pas., 1940, I, 26). La servitude de halage et
marchepied prévue par l'ordonnance de 1669 (publiéc en
Belgique Ie 4 prairial, an XIII), et Ie décret du 22 jan-
vier 1808, est la conséquence nécessaire de ce classement
(adde : L., 15 mars 1850). -
Quant aux églises, on pourra invoquer, soit Ie Concordat
(Cass., 6 nov. 1940, Pas., 1940, I, 279), soit l'acte ultérieur
de la commune ou de la fabrique d'église mettant Ie bati-
.ment à la disposition du clergé et du public.
N° 307
SECTION Il, - DOMAINE PUBLIC 227
1. Désaffectation.
b. - Désaffectation de fait.
310. On a vu que l'affectation résulte d'une décision de
l'autorité ou de l'usage du public. Symétriquement, il faut
admettre que si seul ce second fait la fonde, un fait con-
traire, la cessation de l'usage, peut y mettre fin.
La solution est certaine pour Ie rivage de la mer. Aban-
donné par les eaux, il constitue des lais et relais qui appar-
tiennent au domaine privé (Gand, 20 juill. 1889, B. J., 1889,
1178), malgré la lettre de l'article 538 du Code civil (Doc-
trine et jurisprudence ont prêté moins d'attention à la
lettre de l'énumération de eet article qu'à !'esprit qui l'a
inspiré). Même décision pour Ie lit des rivières navigables
et flottables abandonné par les eaux (De Page, Droit civil,
t. V, n° 768).
La même solution s'impose pour les chemins et voies de
communications dans la mesure ou ils ne sont pas classés.
Mais la cessation d'usage n'est pas aussi nette, aussi instan-
tanée. Il faut qu'elle se prolonge en prescription trente-
naire.
Si un bien qui est mis à l'usage du public a été de plus
affecté par une décision expresse de l'autorité compétente,
il ne peut être désaffecté que par une décision contraire.
La cessation de l'usage ne suffit pas. Le- fait tie peut pré-
valoir sur Ie droit. Est donc contestable, la jurisprudence
admettant qu'une voie perd la qualité de chemin public
parce qu'elle n'est plus utilisée, encore qu'elle reste inscrite
à l'atlas (Trib. civ. Marche, 19 janv. 1934, Pas., 1934, 111,
N 08 309 à 310
SECTION II. - DOMAINE PUBLIC 229
D. RÉGIME
3. Bornage.
314. Par une application remarquable du privilège du
préalable (n° 211), les autorités administratives font elles-
mêmes, de leur propre autorité, Ie bornage du domaine
public immobilier. La procédure judiciaire est prévue
quand la contestation s'élève au sujet de biens privés (C.
civ., art. 646; - L., 25 mars 1876, art. 3 et 46), ou même de
biens de domaine privé (Code forestier, art. 24 et s.; Code
rural, art. 39 ets.). Au contraire, quand il s'agit de terrain
indispensable au public ou à un service public, on ne peut
tolérer qu'il soit cnlevé par décision de justice. La volonté
administrative est souverainc et exécutoire, bien entendu
sous réserve d'indemnité au propriétaire qui j ustifierait
être privé ainsi d'une partie de son bien (Const., art. 11).
Il en est bien ainsi pour !'alignement. Réclamer l' « ali-
gnement particulier» avant toute construction ou recon-
struction, c'est demander à l' Administration communale de
fixer la limite entre la voirie et la pareelle SlH'- Jaquelle
l'immeublc est bûti (L. C., art. 40 et 70). Pour les chemins
vicinaux, les articles 1 à 12 de la loi du 10 avril 1841, pré-
cisent que la question est tranchée par Ie conseil com-
munal ou sur appel par la députation permanente. L'or-
4. Aliénation.
N 08 315 à 316
SECTION III. - SERVITUDES o'UTILITÉ PUBLIQUE 233
111
SECTION
N 08 316 à 317
SECTION III. - SERVITUDES D'UTILITÉ PUBLIQUE 235
B. AFFECTATION
C. RÉGIME
D. DROITS SUBJECTIFS
N 08 320 à 321
238 CHAPITRE VII. - LES BIENS
IV
SECTION
N 08
321 à 323
240 CHAPITRE VII. - LES BIENS
N 06 323 à 324
SECTION IV. - USAGER DU DOMAINE PUBLIC 241
b. - Nature du droit.
325. S'agit il d'un droit réel? Il semble que non, puisque
ces aisances grèvent même les voies de communication
<lont l'assiette est propriété privée (Cass., 18 mars 1870,
Pas., 1870, I, 154; - Cass., 28 févr. 1926, R. A., 1927, 33).
Loin d'être perpétuelles, elles disparaissent sans donner
lieu à indemnité, avec Ie déclassement de la route (Cass.,
12 juin 1869, Pas., 1869, I, 244; - cf. Liège, 9 mars 1870,
Pas., 1870, Il, 208 ou la solution contraire semble s'expli-
quer par l'interprétation d'une convention).
Les aisances sont-elles un accessoire de la propriété
riveraine qui serait inutilisable sans accès, sans jour, sans
raccordement aux canalisations? (Conclusions Leclercq,
Brux., 14 juill. 1904, Pas., 1904, Il, 241, S. N. C. F. V. c./
Dupont et Leroy; - Cass., Chambres réunies, 4 juin 1959,
J. T., 1959, 649, Ville d'Anvers c./ Van Loo).
A notre sens, une meilleure analyse est faite par l'arrêt
de la Cour de cassation du 12 juin 1869 : « Les servitudes
imposées à un héritage modifient les attributs de la pro-
priété à l'égard du fonds servant tandis que Je riverain,
en ouvrant des fenêtres sur une rue ou une place publique,
exécute un ouvrage qui répond à la destination de la rue
ou de la place ». Cette destination est en ordre principal
la circulation du public mais Ia voie a des usages secon-
daires, comme de recevoir des canalisations ou de faciliter
les aisances des riverains (sic Cass., 18 mars 1870, Pas.,
1870, I, 154).
Quoique non réel - puisqu'il grève non pas Ia propriété
du terrain mais son affectation à l'usage de route - ce
droit est opposable à tous. Comme il complète Ie droit de
propriété proprement dit des riverains, les tribunaux n'ont
j amais hésité à admettre leur compétence (n° 474).
Dans une analyse précise, il faudrait faire des distinc-
tions. Le riverain est dans une situation réglementaire. Il
N 05 324 à 325
242 CHAPITRE VII. - LES BIENS
N° 325 à 326
5
SECTION IV, - USAGER DU DOMAINE PUBLIC 243
N 08 332 à 334
CHAPITRE VIII
LES CONTRATS
En France existe une théorie originale des contrats
administratifs « par nature». Cette théorie cherche surtout
à définir la compétence des juridictions administratives et
judiciaires en matière de conventions. C'est une difficulté
quine se présente pas dans les mêmes termes en Belgique.
Mais l'idée fondamentale qui a inspiré la doctrine des con-
trats administratifs est aussi juste en Belgique qu'en
France. C'est la notion de service public qui est partout
présente dans Ie Droit administratif. Ou bien elle justifie
Ie recours à des procédés juridiques originaux. Ou bien
on doit amender dans la mesure nécessaire Ie Droit privé.
Une première section cherchera à préciser la notion du
contrat en distinguant les situations contractuelles et les
situations réglementaires. Alors que dans la section II sera
étudié Ie régime juridique général des contrats adminis-
tratifs, la section 111 sera consacrée à l'étude particulière
de certains contrats.
SECTION I
NOTION DU CONTRAT
A. LE CONTRAT
N 08 334 à 335
248 CH,\PITRE VIII. - LES CONTRATS
B. CoNTRAT ou RÈGLEMENT
N 05 335 à 336
SECTION I, - NOTION DU CONTRA'f 249
N 08 336 à 337
250 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
il vaut mieux <lire que Ie droit est de nature non pas civile
iiîaisaamm1strahve {Trib. ëivff de Charleroi, 23 mai 1950,
R J. D. Á., 1951, 72, Office de Récupération économique).
N 08 337 à 338
SECTION I. - NOTION DU CONTRAT 251
N 08 338 à 339
252 CHAPITRE VUi. - LES CONTRATS
N 08 339 à 340
SECTION I, - NOTION DU CONTRAT 253
N 08 340 à 341
254 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
SECTION Il
REGIME DES CONTRATS EN GENERAL
1. Capacité.
a. - Capacité de jouissance.
342. Certaines dispositions limitent la capacité contrac-
tuelle des personnes publiques. Par exemple, celles-ci sont
incapables de transiger (C. P.C., art. 1004).
D'une manière plus générale, il faut rappeler ici Ie prin-
cipe de la spécialité. Les personnes publiques ne sont capa-
bles d'accomplir que les actes juridiques eu relation avec
l'objet statutaire de leur activité.
b. - Capacité d' exercice ou compétence des organes.
343. La personne publique n'agit que par l'intermé-
N 08 341 à 343
SECTION II. - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 255
N° 343
256 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
2. Consentement.
3. Objet.
N 08 345 à 346
SECTION II. - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 259
N 05 34,6 à 349
260 CHAPITRE Vlll. - LES CONTRATS
N 08 349 à 350
SECTION II. - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 261
Pour les contrats les plus usuels, ces précisions sont don-
nées. C'est l'adjudication publique et la publicité dans Ie
Bulletin des adjudications qui sont imposées.
Nature.
1.
351. L'acte d'adjudication et toute la procédure qui
l'entoure constituent des actes administratifs détachables
donnant naissance à des droits administratifs subjectifs.
En raison de leur fréquence, ils méritent une étude.
La procédure de l'adjudication est réglementaire. La
nature de ces dispositions ne se modifie pas parce qu'elles
seraient reprises dans l'écrit constatant Ie contrat, notam-
ment dans Ie cahier des charges. Il faudrait décider alors
que eet écrit contient et unit matériellement deux actes
juridiques distincts : un règlement d'ordre intérieur pour
l'Administration et une offre de contrat. L'acceptation de
- l'entrepreneur ne porte que sur cette seconde partie. Mais
Ie règlement qui s'impose à l'Administration comme aux
concurrents, aux soumissionnaires et à l'adjudicataire,
contient des dispositions impératives pour la première, qui
peuvent créer des droits subjectifs pour les particuliers.
2. Principe.
352. Pour assurer Ie fonctionnement des services publics,
l'Administration doit conclure de nombreuses conventions.
Par quelle procédure va-t-elle choisir Ie cocontractant?
Deux tendances s'opposent. La première et la plus tradi-
tionnelle est de limiter au maximum Ie pouvoir discrétion-
naire de l'Administration par Ie système de l'adjudication
publique; Ie contrat est attribué quasi automatiquement.
Au XIX• siècle, on se méfiait des fonctionnaires et on pla-
cait toute sa confiance dans la concurrence libre des entre-
În-eneurs privés. L'adjudication publique paraissait Ie
meilleur système pour protéger les intérêts financiers des
personnes publiques.
Une autre tendance consiste à donner plus de liberté
à l'Administration, en d'autres termes à lui permettre de
conclure des contrats de gré à gré. On souligne l'impor-
tance d'un fonctionnement permanent et régulier des ser-
vices publics. Lorsque l'exécution de la convention - sur-
N 08 350 à 352
262 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
3. Définition de l'adjudication.
353. C'est un acte administratif unilatéral par lequel Ie
fonctionnaire compétent, après une procédure assurant la
concurrence, noue Ie contrat entre la personne publique et
Ie soumissionnaire qui a fait l'enchère la plus avantageuse.
a. - L'adjudication est zm acte administratif unilatéral.
,.354; C'est un acte détachable, préalable au contrat. Cette
analyse sera utilisée pour résoudre des problèmes de com-
pétence j uridictionnelle (n° 496).
b. - Par leqzzel Ie fonctionnaire compétent ...
355. Pour l'Etat, les adjudications, réadjudications et
marchés doivent recevoir l'approbation du ministre (A. R.,
10 déc. 1868, art. 97 et 98). Des délégations de compétence
sont possibles (art. 98) (n° 345).
Pour la province, Ie conseil provincial est compétent,
moyennant parfois une approbation royale (L. P., art. 86).
Des délégations peuvent être consenties au gouverneur.
Enfin, pour la commune, c'est Ie conseil communal qui
décide les adjudications moyennant l'approbation de la
députation permanente du conseil provincial lorsque Ie con-
trat est important (L.C., art. 81). Le collège échevinal
chargé d'exécuter les décisions du conseil procède à la mise
en adjudication. Mais Ie conseil reste l'autorité suprême. Il
peut se réserver l'approbation du soumissionnaire désigné
( circulaire du ministre de l'Intérieur du 26 avril 1898 et
dépêche ministérielle du 30 mai 1928 (n° 345).
N 08 353 à 356
264 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
N° 356
SECTION Il. - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 265
N 08 357 à 358
266 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
4. Droits subjectifs
A la compétence liée de l'Administration, doivent corres-
pondre des droits subjectifs dans Ie chef des intéressés.
Ceux-ci pourront demander au Conseil d'Etat l'annulation
des actes administratifs irréguliers.
Mais par ailleurs, toute la procédure de l'adjudication
aboutit à la conclusion d'une convention qui engendre des
droits contractuels <lont la protection est confiée aux tribu-
naux de l'ordre judiciaire.
Ainsi rencontrons-nous un des problèmes les plus irritants
du Droit administratif. Loin d'être garanti par cette double
protection, Ie particulier au contraire est abandonné à son
sort en raison d'un conflit de compétence juridictionnelle.
a. - Droits administratifs.
359; Le principe : Le Conseil d'Etat est incompétent pour
connaître des procès relatifs à la convention elle-même
(C. E., 18 mars 1949, R. J. D. A., 1949, 34, Vandernote).
Constitutionnellement, les litiges qui ont pour objet des
droits civils sont du ressort exclusif des tribunaux (Const.,
art. 92). Mais ici intervient la théorie de !'acte détachable.
La procédure de l'adjudication, tout en menant au contrat
est préalable à celui-ci et peut être considérée isolément.
De cette façon, Ie Conseil d'Etat se reconnaît compétent
pour annuler les actes administratifs entachés d'irrégula-
rité. Il étend même son controle au dernier acte de la pro-
cédure, c'est-à-dire à celui par lequel l'autorité compétente
choisit tel soumissionnaire et Ie déclare adj udicataire. Cet
acte a une double face. D'un cöté, il constitue une décision
administrative; de l'autre, il exprime Ie consentement de
l'Administration à la passation du contrat et constitue un
élément essentie! de la convention. Cette analyse assez
subtile est aujourd'hui indiscutée. Elle est très clairement
développée dans un arrêt : « Considérant que l'adjudica-
tion du droit de chasse par l' Administration des domaines
est un acte administratif émanant d'une personne publique
<lont l'exécution fait l'objet d'une convention; que les con-
testations relatives à l'exécution de cette convention sont
de la compétence des tribunaux ordinaires; que toutefois
Ie recours ne contient aucune contestation relative à l'exé-
cution des obligations nées de l'affermage, mais seulement
une contestation relative à la régularité de l'acte par lequel
N° 359
SECTION II, - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 269
N 08 359 à 360
270 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
N° 360
SECTION II. - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 271
N 08 360 à 362
SECTION II. - RÉGIME DES CONTRATS EN GÉNÉRAL 273
N 05 362 à 364
274 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
N 08 365 à 366
276 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
SECTION 111
1. Conclusion.
2. Exécution.
N 08
369 à 372
278 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
3. Partie réglementaire.
373. Le cahier général des charges comporte une partie
contractuelle - constitutive d'un contrat d'adhésion - à
laquelle il peut être dérogé par des dispositions particu-
lières. Mais il comprend aussi toute une partie réglemen-
taire - par exemple concernant la procédure d'adjudica-
tion - que l' Administration elle-même ne peut modifier
si ce n'est par voie de disposition générale.
B. CoNTRAT n'EMPRUNT
1. Conclusion.
374. Un emprunt ne peut être con@lu par le gouverne-
ment qu'avec l'autorisation des Chambres. Les titres, pour
être légaux, doivent être visés par la Cour des comptes.
L'Etat offre des conditions dérogatoires au Droit commun :
exemption d'impöts, reprise du 'titre au pair pour le paie-
ment des impöts, obligations à lot, garantie de change, etc.
2. Exécution.
375. La prescription des arrérages échus est de cinq ans
et ne peut être interrompue ni suspendue (L., 16 juin 1868
et A.-L., 22 nov. 1875. L'article 2248 du Code civil est ex-
pressément écarté). « La rigueur des dispositions ci-dessus
est étrangère au domaine du Droit civil mais elle s'explique
et se justifie dans cette partie du Droit administratif par
· rorganisation du système de la comptabilité de l'Etat »
(Cass., 6 n;iars 1890, Pas., 1890, I, 106). Pourquoi admet-
. trait-on des interruptions vis-à-vis d'un débiteur 'toujours
solvable que la· loi oblige de payer à guichets ouverts?
Un autre arrêt rejette l'application de l'article du Code
civil selon lequel la clause de réemploi de la rente dotale
insérée dans un contrat de mariage impose une obligation
au tiers débirentier : « L'institution du Grand-Livre de la
Dette publique et l'c:irganisation de ce service ont fait l'ob-
N 05 372 à 375
280 CHAPITRE vm. - LES CONTRATS
3. Règlernent.
376. Les dispositions dérogatoires - qui sant loin d'être
toutes citées - sant nombreuses. Nous sommes en pré-
sence d'un contrat sui generis. Mais une thèse plus radicale
encore vient à !'esprit. S'agit-il d'une convention ou d'une
situation réglementaire ? (n° 216).
C. LE CONTRAT DE CONCESSION
1. Conclusion.
N° 378
282 CHAPITRE VIII. - LES CONTRATS
2. Exécution.
N° 379
SECTION III. - RÈGLES APPLICABLES 283
3. Partie réglementaire.
N° 380
286 CHAPITRE VIII, - LES CONTRATS
N 380
CHAPITRE IX
OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
SECTION I
RESPONSABILITE DE L'ADMINISTRATION
A. LE PRINCIPE
N° 381
SECTION I, - RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 289
B. CoNDITIONS DE LA RESPONSABILITÉ
1. Le préjudice.
382. Le dommage est nécessaire. Sans intérêt, pas d'ac-
tion. Le préjudice doit être certain et direct. On insiste par-
fois sur la nécessité d'un dommage spécial; un simple
inconvénient, une gêne supportée par tout Ie public, ne
sont pas suffisants.
N 05 382 à 383
29G CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
N° 383
SECTION I. - RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 291
N 00 383 à 384
292 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
N° 384
SECTION I. - RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 293
N° ?.P.4
294, CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
N°384
SECTION I. --- RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 295
N° 384
296 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
4. Causalité.
385. Sur cette quatrième condition de la responsabilité,
le Droit privé et Ic Droit administratif sont identiques.
Le lien de causalité est supprimé ou affaibli par la force
majeure, la faute de la victime, etc. (cf. 390, 6, 2").
C. CONDITIONS DE L'IMPUTABILITÉ
N 08 384 à 385
SECTION I. - - RESPONSABILITÉ DE L'ADMINISTRATION 297
a. - Définition.
386. Quels sont les organes d'une personne publique ?
Théorie jurisprudentielle : La jurispru<lence est peu pré-
cise. Parfois elle considère la nature des fonctions : !'agent
doit avoir <les attributions politiques et ne pas accomplir
des opérations qui pourraient être faites par des particu-
liers (Cass., 16 oct. 1922, Pas., 1923, I, 14, Stevens c./ Etat
beige). D'autrcs arrêts insistent sur la parcelle d'autorité
publique qui est déléguée aux fonctionnaires (Cass., 13 déc.
1923, Pas., 1924, I, 82, Dohogne c./ Commune de Herstal).
D'autres encore considèrent la situation contractuelle ou
réglemcntaire de !'agent (Cass., 25 févr. 1926, Pas., 1926,
I, 261). Ces distinctions sont d'une application difficile.
La dernière tient compte de la nature unissant !'agent
à la personne publique. Mais c'est celle-ci qui décide d'en-
gager par contrat ou de nommer unilatéralement son col-
laborateur; peut-elle ainsi faire varier l'étendue de sa
responsabilité? De plus quel rapport logique établit-on
entre la nature de ce lien et l'imputabilité des fautes?
Les premières distinctions partent de la nature politique,
autoritaire des fonctions confiées à l'agent. Elles s'inspirent
d'une opposition, aujourd'hui périmée entre l'activité d'im-
périum et l'activité de gestion; depuis !'arrêt Flandria de
1920, on admet que tous les services, même les plus investis
N 08 385 à 386.
298 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS 1'10N CONTRAC:TUELLES
b. - lmputabilité.
387. Comment l'organe engage-t-il la responsabilité dé-
lictuelle de I' Administration? Selon la théorie jurispruden-
tielle, il Ie fait directement sur Ie pied de l'article 1382 du
Code 'Civi). C'est comme si la personne publique avait agi
elle-même (Cass., 12 juill. 1921, Pas., 1921, I, 311, Charles,
veuvc Rillaert c./ Etat beige; - Cass., 13 déc. 1923, Pas.,
1924, I, 82, Dehogne c./ Commune de Herstal).
Cette proposition doit être détaillée.
1° D'abord la personnalité de !'agent n'est pas complètc-
ment absorbée par sa fonction. Il se marie, achète et vend,
commet dans sa vie privée des délits qui n'engagent que
sa responsabilité personnelle.
2° Même les actes accomplis dans Ie cadre de la vie pro-
f essionnelle n'ont aucune répercussion juridique sur l'Ad-
ministration, si l'intéressé n'a pas agi en tant qu'organe,
N 05 386 à 387
300 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
N0 387
SECTION I. - RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 301
N 08 387 à 389
SECTION I. - RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 303
3. Théorie proposée.
390. La plupart des solutions jurisprudentielles tiennent
compte des nécessité pratiquès et peuvent être expliquées
en <lroit d'une façon plus simple.
a. - Inutilité de la distinction entre organe et préposé.
Commençons par rappeler que nous avons autrement
défini les deux notions (n° 386).
Sans <loute y a-t-il une différence juridique entre l'or-
gane et Ie préposé. Le premier - ministre, conseil commu-
nal, etc. - ne reçoit pas d'ordre mais au contraire donne
les directives auxquelles est soumis Ie second.
Cette distinction est <langereuse et inutile.
Elle est dangereuse pour Ie plaideur qui risque d'être
débouté s'il a fondé à tort son action sur l'article 1382 et
non sur l'article 1384 ou inversement; ce péril est d'autant
plus grand que les critères jurisprudentiels sont imprécis
(voyez un cxemple dans Cass., 2 mai 1946, Pas., 1946, I,
168, Cornm. assistance publique de la Ville d'Aerschot c./
H. Gasten et consorts). La distinction est fort dangereuse
aussi car elle aboutit à des solutions inéquitables. La vic-
time est sacrifiée, doit supporter tout Ie poids du préjudice
alors que celui-ci a été causé par des « organes » qui ont
sans doute abusé de leurs fonctions mais s'en sont pré-
valu ou ont au moins profité des rnoyens mis à leur <lispo-
sition par l' Adrninistration.
La distinction est aussi inutile. Trois différences ont
N 08
389 à 390
304 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
N° 390
SECTION I. - RESPONSABILITÉ DE L' ADMINISTRATION 305
citée que pour son fait personnel. Or, elle ne commet pas
de délit pénal et ne peut comparaître comme prévenue.
Comme elle ne peut non plus être assignée en qualité de
personne civilement responsable, Ie tribunal correctionnel
est incompétent à son égard. L'action en dommages-intérêts
doit être introduite <levant Ie tribunal civil ou elle sera
tenue en suspens en vertu de l'adage: « Le criminel tient Ie
civil en état ». La solution est bien peu satisfaisante (Cour
mil. Gand, 28 août 1945, J. T., 1945, 453; adde Cass., 16 déc.
1948, R. A., 1949, 265). Déjà un revirement s'amorce: On
admet que la personne publique puisse invoquer les règles
selon lesquelles la prescription pénale éteint l'action civile
(L., 14 avr. 1878, art. 22; - Cass., 16 déc. 1948, Pas., 1948,
I, 723, Van Acker-Dumont c./ Etat beige, note Cambier ren-
versant jurisprudence antérieure: Cass., 26 févr. 1934, Pas.,
1934, I, 180, procureur général à Liège et Drèze).
b. - La théorie de l'imputabilité.
La victime qui vent être indemnisée par l'Etat ou une
autre personne publique doit démontrer d'abord la respon-
sabilité, c'est-à-dire la réunion des diverses conditions
énumérées dans la section précédente - dommage, faute,
préjudice, cause - et ensuite l'imputabilité à l'Administra-
tion.
L'imputabilité n'a rien à voir avec la compétence. En
effet, elle se fonde sur un fait juridique qui, étant illicite
par hypothèse, ne devait pas être accompli.
1° La qualité d'agent de la personne publique: Le terme
« agent» est pris dans son sens Ie plus général et couvre
aussi bien les organes que les préposés.
La condition fait défaut si l'intéressé est bien un agent
de la personne publique mais a été prêté par elle, placé
sous les ordres d'une autre administration, d'un conces-
sionnaire, d'un entrepreneur de travaux publics; c'est à ces
derniers que la responsabilité devra être éventuellement
imputée.
De même Ie médecin n'engage que partiellement la res-
ponsabilité de la commission d'assistance publique. Il est
son préposé et reçoit ses ordres pour l'organisation admi-
nistrative de son travail: heures de garde, tenue des pièces,
controle des infirmières, etc. Mais pour les actes cliniques
306 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
E. ETENDUE DE LA RÉPARATION
N 08 391 à 392
310 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
N 08 392 à 293
SECTION II. - RESPONSABILITÉ PERSONNELLE 311
SECTION II
RESPONSABILITE PERSONNELLE DES
FONCTIONNAffiES
A. PRINCIPE
B. CoNDITIONS DE LA RESPONSABILITÉ
1. La faute.
395. Un fonctionnaire engage sa responsabilité person-
neHe dans les mêmes conditions qu'un particulier. Il faut
un dommage, la lésion d'nn droit chez la victime, une
foute, chez Ie fonctionnaire, un lien de causalité entre Ie
dommage et la faute (n08 382 et s.).
Insistons sur la faute. La Cour de cassation ne semble
apporter aucune atténuation à la rigueur de l'article 1382
du Code civil en faveur du fonctionnaire et se contente de
la faute la plus légèrc (Cass., 14 avr. 1921, Pas., 1921, I, 136,
Pêcheries à vapeur c./ De Schepper; - Cass., 11 juill. 1935,
Pas., 1935, I, 320, Etat beige c./ époux Hu)'lebroeck-Rutten;
- Cass., 3 oct. 1955, Reu. crit. jur., 1958, 38, Etat beige c./
Dom, note Goossens). La jurisprudence des juridictions
de fond est divisée. Sa tendance est d'exclure la faute
légère (Gan<l, 2 avr. 1937, R. W., 1957, 1958, 23; - Gand,
2 avr. 1954, Pas., 1955, Il, 17, du B ... c./ V ... P ... ). La raison
est obvie. Par leurs fonctions, les agents des services pu-
blics sant obligés de prendre des décisions multiples et
touchant à des intérêts privés considérables et complexes.
Il ne faut pas décourager leur esprit d'initiative en les
rendant responsables de la négligence la plus légère. Au
surplus, ils ne retirent aucun intérêt personnel de leur
activité officielle qui profite entièrement à la personne
publique. Un particulier qui dirige une entreprise en
obtient de larges bénéfices. C'est cette considération qui
paraissait si importante à certains civilistes qu'elle leur
semblait justifier la responsabilité pour simple fait. Ne
vaut-il pas mieux faire supporter les risques par Ie patri-
moine qui profile de l'activité que par celui de la victime
étrangère à cette activité? A tout Ie mains eet argument
explique-t-il la rigueur de la jurisprudence qui se contente
de la faute la plus légère. Il ne peut évidemment être re-
pris à l'égard du fonctionnaire qui est désintéressé et
cependant obligé d'agir (Cass., 4 act. 1915, R. A., 1919, 3).
Même entre particuliers, on n'apprécie pas aussi sévère-
ment la faute de ceux qui sant tenus professionnellement
à prendre la responsabilité de certains risques, par exem-
ple les médecins décidant un traitement (n° 384).
Un ordre de l'autorité hiérarchique dégage-t-il la respon-
sabilité de l'agent subordonné ? Voyez Ie n° 110.
N 08 395 à 396
314 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
SECTION III
RESPONSABILITE DE L'ETAT LEGISLATEUR ET JUGE
Tout cc qui précède concerne l'Administration. La per-
sonne publique peut-elle aussi engager sa responsabilité en
faisant des lois ou en rendant la j ustice?
A. RESPONSABILITÉ DES DOMMAGES
CAUSÉS PAR UNE LOi
N 08
397 à 398
316 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
IV
SECTION
QUASI-CONTRATS ET QUASI-DELITS
A. ENRICHISSEMENT SANS CAUSE
1. Possibilité en droit administratif.
401. Une personne publique doit-elle rembourser l'enri-
chissement fait sans cause? Un arrêt déjà ancien de la Cour
de cassation Ie niait (Cass., 13 oct. 1898, Pas., 1898, I, 301,
obs.; - adde Bruges, 21 déc. 1920, R. A., 1921, 405 et obs.).
N 05
399 à 401
318 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
3. Effets.
403. Le montant de la restitution sera égal à l'enrichis-
sement du défendeur, sans pouvoir dépasser cependant
l'appauvrissement du demandeur.
Il arrive souvent qu'un individu tienne d'un contrat on
d'une situation réglementaire son droit à recevoir une som-
me d'argent. Mais son titre est annulé alors qu'il a déjà
fourni totalement ou partiellement la contre-prestation. Tel
est Ie cas de l'agent en service au moment ou sa nomination
est annulée. Tel est encore celui du fournisseur ou de !'en-
trepreneur qui a déjà livré ou exécuté soit partiellement,
soit totalement, Ie contrat avant que l'adjudication ait été
déclarée nulle. En général, l'Etat paie Ie traitement plein
prorata temporis ou Ie prix convenu pour les livraisons
faites ou les travaux accomplis.
Cette solution n'applique pas la théorie de l'enrichisse-
ment sans cause selon laquelle la restitution doit être stric-
tement égale à l'enrichissement. Nous allons voir que la
doctrine de la gestion d'affaires n'est pas davantage appli-
cable. Elle est cependant j ustifiée en équité. En effet, si la
décision annulée a été irrégulière, la faute est au mains
partagée par l'Administration. Il n'en serait autrement
qu'en cas de dol de la partie privée. Dans ce cas, Ie paie-
ment devrait être strictement limité, conformément à la
théorie de l'enrichissement sans cause.
B. GESTION o'AFFAIRE
Les règles du Droit privé s'appliquent.
1. Possibilité en droit administratif.
404. La gestion d'affaire suppose qu'un particulier
accomplit un acte matériel ou juridique dans l'intérêt de
la personne publique sans en avoir été chargé.
Les raisons invoquées pour l'enrichissement sans cause
justifient ici aussi l'application des principes généraux.
2. Conditions.
405. Les conditions sont les mêmes qu'en Droit privé.
En fait elles seront rarement réalisées.
Il faut donc d'abord !'absence de toute convention ou
obligation légale.
N 05
403 à 405
320 CHAPITRE IX. - OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES
3. Effets.
N 08 405 à 406
CHAPITRE X
LA POLICE
407. Les pouvoirs publics ont une double activité. Ils or-
ganisent et font fonctionner les services publics dont l'objet
est d'assurer la satisfaction des besoins essentiels de la col-
lectivité: Dans les chapitres précédents, nous avons étudié
comment ces services sont créés et dissous, comment les
personnes publiques dont ils sont la substance recrutent leur
personnel et s'assurent les moyens matériels d'exécution,
enfin quels procédés juridiques sont à leur disposition.
Mais l'Administration intervient aussi de plus en plus
1
largement dans l'activité des indivicius et organismes privés
pour que ceux-ci, dans l'exercice indépendant de leur liberté,
ne mettent pas en péril l'intérêt général. Elle Ie fait par
une série de réglementations, d'ordres et de défenses. Ce
sont ces interventions qui constituent la police.
Le mot police est équivoque. Il désigne une catégorie par-
ticulière d'actes administratifs ainsi que Ie corps des agents
compétents pour accomplir ces actes.
La première Section sera consacrée aux mesures de police
et la seconde aux autorités de police.
SECTION I
ACTES OU MESURES DE POLICE
Le terme « mesure de police » peut être entendu dans un
sens large ou dans un sens restreint.
1. Notion.
408. Au sens large du terme, est mesure de police toute
décision de l'autorité administrative, réglementant l'activité
privée des individus et des organismes ou l'usage de la pro-
priété privée. Les formes de l'intervention sont indéfinies et
N 407 à 408
06
322 CHAPITRE X. - LA POLICE
b. - Fonctionnement.
N 06 409 à 410
324 CHAPITRE X. - LA POLICE
N° 411
326 CHAPITRE X. - LA POLICE
1. Notion.
412. Parmi tous les actes administratifs qui réglementent
et limitent l'activité libre des citoyens, une catégorie a été
traditionnellement distinguée. Elle comprend les actes qui
ont pour objet particulier l'ordre public, c'est-à-dire la tran-
quillité, la sécurité et la salubrité. L'ordre public est une
condition nécessaire de la vie en société. Les mesures qui
l'assurent doivent être à la fois rapides et efficaces. Voilà
pourquoi sous Ie nom de police, elles ont toujours joui d'un
régime juridique spécial.
La décomposition de l'ordre public en tranquillité, sécu-
rité et salubrité n'est pas arbitraire; elle répond à une idée
directrice qui est celle de l'ordre matériel. Il s'agit de pro-
téger les biens et les corps. En cette matière, les violations
de la paix publique sont indiscutables, peuvent et doivent
être immédiatement réprimées par Ie pouvoir exécutif qui,
au besoin, utilisera la force. Il n'en est pas de même pour
l'ordre moral qui touche de près à la liberté de conscience.
Dans ce cas, bien des précautions sont de mise; il ne s'agit
plus de simple police.
La tranquillité consiste en !'absence de__troubles dans la
rue (agitations) et dans l'Etat (complots). La sécurité signi-
fic !'absence d'accidents ou de risques d'accidents causant
des dommages aux personnes et aux choses (qu'il s'agisse
de fléaux naturels tels que les inondations et les incendies
3. Limites.
a. - Limites constz'tutionnelles.
4,15. Ce que nous avons dit de la police en général, c'est-
à-dire des interventions de l' Administration dans la vie pri-
vée vaut aussi pour la police au sens restreint. Mais quand
il s'agit de tranquillité, de sécurité ou de salubrité, le pouvoir
exécutif peut intervenir même en !'absence de loi. La paix
publique ne peut être compromise faute de texte. C'est la
grande diff érence avec la police sensu lato.
Une question intéressante peut être examinée. Les pou-
voirs publics peuvent-ils intervenir en cas de grève?
N 08 412 à 415
328 CHAPITRE X. - LA POLICE
N 417 à 418
SECTION II. - LES FORCES DE POLICE 331
b. - Exécution d'office.
419. Parfois l'exécution d'office est prévue (n° 210).
Il en est ainsi par exemple pour l'échenillage, l'échar-
donnage; les immeubles mcnaçant ruïne peuvent être dé-
truits; même décision pour ceux construits en contraven-
tion des règlements (n° 415 ; - Cass., 9 mars 192.5, Pas.,
1925, I, 172, procureur du Roi à Liège c./ Marlier et erts).
SECTION II
LES FORCES DE POLICE
B. AuTORITÉs DE POLICE
N 08
419 à 42]
33! CHAPITRE X. - LA POLICE
1. Le Roi.
a. - Compétence originelle.
422. L'Exécutif jouit en !'absence de tout texte d'un pou-
voir de police. Il prend les règlements et a à sa disposition,
la force publique. La justification a déjà été donnée
(n° 130).
Cette activité nécessaire a été, avec l'expérience, de plus
en plus réglementée de façon à en diminuer le caractère
discrétionnaire (n° 90) et à éviter les abus. Elles est cepen-
dant fondamentale : l'Etat ne peut périr faute de textes.
b. - Compétence légale du gollvernement.
423. Dans des matières déterminées, le pouvoir de l'Exé-
cutif est confirmé par un texte légal.
Par exemple, la loi donne au Roi la police de la circu-
lation routière, des chemins de fer, de la navigation
aérienne.
Quelle est la portée de pareilles lois? Limitent-elles la
compétence originelle du gouvernement en matière de po-
lice aux mesures qu'elles énumèrent et sont-elles, de ce fait,
restrictives?
Il semble bien que oui. Nous avons ici un des exemples
Ie plus net <lu progrès de la légalité : l'autorité discrétion-
naire est de plus en plus bri<lée par des règles générales et
objectives. Mais si un péril grave et pressant se présentait,
Ie gouvernement engagerait gravement sa responsabilité
enne prenant pas les rnesures adéquates, rnêrne si celles-ci
n'étaie"nt pas prévues par les textes en vigueur. Il pourrait
toujours invoquer alors Ie pouvoir général de police qui
lui appartient. Encore une fois, l'ordre doit être assuré.
Le rnême raisonnement explique que Ie Roi ne peut
prendre des rnesures de police dans des rnatières <lont la
cornpétence a été attribuée par le législateur à des auto-
rités provindales ou cornmunales (Cass., 16 juin 1841, Pas.,
1841, I, 187, Const., art. 108; lois provinciales et cornrnu-
nales). Cette règle est précisée et limitée par la loi du
5 juin 1934 (n08 424, 425 et 428).
c. - Délégation.
424. La loi du 5 juin 1934 a reconnu aux gouverneurs et
cornrnissaires d'arrondissernent Ie droit de prendre des
règlements de police. Elle ne Ie fait d'ailleurs qu'indirecte-
2. Autorités provinciales.
3. Autorités communales.
N 08 424 à 426
334 CHAPITRE X. - LA POLICE
N° 426
SECTION II. - LES FORCES DE POLICE 335
5. Conflit de compétences.
N 08 426 à 428
336 CHAPITRE X. - LA POLICE
SECTION I
DROITS SUBJECTIFS DU PARTICULIER
432. Des droits et des devoirs existent entre diff érentes
personnes publiques. Par exemple, deux commissions d'as-
sistance publique peuvent avoir un litige qui sera tranché
par la voie juridiclionnelle. Cette question sera examinée
plns loin.
Par ailleurs, l' Administration peut faire valoir des droits
subjectifs à l'égard des particuliers. Ceci ne pose pas de
problèmes compliqués. Les pouvoirs publics sant en effet
dans une situation privilégiée : d'abord ils peuvent se créer
unilatéralement des droits, notamment par l'exercice de la
fonction réglementaire (n° 131); ensuite, pour faire res-
pecter ces droits, ils bénéficient du privilège du préalable
(n° 211) et ont à leur disposition la force publique. Les
droits subjectifs peuvent trouver leur source dans Ie Droit
privé comme dans Ie Droit public. En effet, l' Administra-
tion peut recourir aux procédés juridiques du premier
éventuellement amendé (n° 179).
C'est dans l'autre sens que Ie problème est difficile :
comment les individus peuvent-ils faire valoir des droits
suhjectifs à l'égard de la toute puissante Administration?
N 08 431 à 432
340 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
N 05 432 à 433
SECTION I. - DROITS SUBJECTIFS DU PARTICULIER 341
N 08 433 à 434
342 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
SECTION II
CRITERE ORGANIQUE
A. EXPOSÉ
1. Röle du législateur.
437. Le premier est de couper court à d'inutiles et peut-
être impertinentes discussions doctrinales. Le législateur
est Ie meilleur interprète de la Constitution - et même
l'interprète sans réplique à défaut d'un controle juridic-
tionnel de la constitutionnalité de ses décisions; il connaît
mieux que tout autre la portée de la loi qu'il formule
et par conséquent la nature des droits subjectifs qu'il crée.
Il sait s'il a voulu régler des intérêts particulicrs et en faire
des droits civils ou s'il s'est surtout inspiré de considéra-
tions fondées sur l'intérêt général - telles que Ie bon fonc-
tionnement des services publics ou la solidarité des citoyens
- justifiant l'octroi de droits politiques.
Vouloir penser autrement et mieux que lui est une pré-
tention insoutenable pour Ie praticien. On ne peut admettre
par exemple Ie raisonnement de la Cour de cassation qui,
à propos de la pension militaire de réparation, affirme qne
Ie droit est civil, constate que Ie législateur s'est trompé en
créant une juridiction a<lministrative et conclut que si elle
a raison et si Ie législateur a tart, elle est néanmoins tenne
d'appliquer une loi inconstitutionnelle (Concl. Hayoit de
Termicourt <levant Cass., 21 oct. 1959, R. J. D. A., 1959, 288,
Miller).
N'est-il pas plus conforme à la hiérarchie <les autorités
de préférer l'opinion du législateur - tout comme on fera
prévaloir, en cas de conflit, celle de la Cour de cassation
sur cellc du Conseil d'Etat, parce que la première règle
entre eux les conflits <l'attribution. On doit même aller plus
loin. Il faut être plus attentif à ce que Ie législateur fait
N 08 437 à 439
SECTION II. - CRITÈRE ORGANIQUE 345
C. CRITIQUES
N 09 439 à 440
346 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
N 05 440 à 441
SECTION II. - CRITÈRE ORGANIQUE 347
au fond» (L., 21 mai 1955, art. 20, modifiée par L., 1er aoflt
1957 pour la pension de retraite et de survie des employés;
L., 12 juill. 1957, art. 25 pour les ouvriers).
Cette solution a été durement critiquée (Mast, La nature
du droit à la pension, J. T., 1957, 329; voyez aussi Rev. crit.,
1957, 176. La nature du droit à la pension, J. T., 1959, 58;
- Haesaert, Rev. belge de sécurité sociale, 1959, 831).
Et tout d'abord la compétence ratione materiae ne pour-
rait être laissée à la discrétion des parties. Cette critique
n'est pas sans réplique. Car si Ie droit est politique (ou
administratif), Ie constituant laisse au législateur le choix
entre la juridiction civile et la juridiction administrative.
Pourquoi la loi ne pourrait-elle pas les admettre cumula-
tivement? Objectera-t-on que la compétence matérielle -
à la différence de la compétence territoriale - est d'ordre
public? C'est nne règle exacte d'interprétation des lois sur
la compétence. Mais 1c précepte ne lie pas Ie législateur
lui-même. Dans Ie domaine du contentieux fiscal, la déci-
sion juridictionnelle du directeur des contributions directes
peut être attaquée <levant la Cour d'appel. La situation
n'est pas identique mais voisine : Il y a pour la même
affaire, si pas cumul, du moins succession de juridictions
différentes.
En réalité Ie législateur n'a pas voulu définir Ie droit et
préciser Ja juridiction. Ainsi Ic critère organique ne trouve
pas à s'appliquer. « C'est au législateur seul qu'il revient
de qualifier les droits subjectifs, et <l'en faire des droits
dvils ou des droits politiques. Le législateur a des droits
très étcndus mais il n'a pas celui de renoncer à la mission
qui lui est déférée par le Constituant ». Ou trouve-t-on qu'il
a cette mission? Il constate implicitement que Ie droit n'est
pas civil. C'est d'ailleurs la seule indication positive que
fournit Ie critère formel quand il trouve à s'appliqner. Le
législateur l'a donnée. Et cela ne suffit pas.
N 08 441 à 442
348 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
N 08 442 à 443
SECTION 111, - LE CRITÈRE MATÉRIEL 349
SECTION III
LE CRITERE MATERIEL
1. Historique.
2. Nature.
N 08 444 à 445
SECTION 111, - LE CRITÈRE MATÉRIEL 351
1. Historique.
447. Dans la conception du droit politique, on constate
une évolution parallèle à celle du droit civil. Des défini-
tions de plus en plus extensives sont proposées, avec Ie
N° 447
354 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
2. Nature.
N°448
SECTION 111, - LE CRITÈRE MATÉRIEL 355
N" 452
•
358 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
N 06 452 à 453
SECTION 111. - LE CRITÈRE MATÉRIEL 359
N° 453
360 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
SECTION IV
DROITS SUBJECTIFS ADMINISTRATIFS
2. Enumération.
N 08 41i4 à 455
362 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
1. Généralités.
456. Tous les services publics fonctionnent nécessaire-
ment dans l'intérêt général. Par exemple, l'armée, la gen-
darmerie, la police, assurent l'ordre; c'est un service rendu
à !'ensemble du public ou de la collectivité considérée d'une
façon anonyme. Cela ne suffit pas pour fonder un droit
subjectif. Il faut de plus, que dans Ie cadre de l'intérêt
général toujours présent, l'autorité créant et organisant Ie
service public, ait visé aussi l'intérêt particulier de cer-
tains individus déterminés qu'elle admet de connaître per-
sonnellement et auxquels elle assure une prestation indi-
vidualisée.
Prenons à titre d'exemple, Ie service des postes ou de
l'instruction publique. Chaque habitant a un intérêt per-
sonnel à une prestation hien individualisée. Il peut exiger
que Ie facteur, dans sa tournée, passe par sa maison et que
son enfant soit inscrit à l'école publique.
Le droit subjectif a pour objet une prestation ou une
abstention <lc l'Administration. Il n'existc que dans la me-
sure oû corrélativement une obligation est imposée à la
personne publique.
Le problème est de savoir si Ie particulier trouve un pré-
toire pour forcer l' Administration récalcitrante à lui accor-
der la prestation Iégaie. Rarement il pourra s'adresser aux
tribunaux jucliciaires. Le jugc lui opposera Ie principe de
la séparation des pouvoirs (Liège, 22 mars 1928, R. A.,
1929, 182).
Dans certains cas cependant, Ie particulier peut invo-
quer une convention et a un clroit civil. Tellc peut être la
situation de l'agent engagé par contrat (11° 228) ou celle de
l'usager d'un service industriel ou commercial (n° 337: -
C. E., 31 mars 1950, R. J. D. A., 1950, Buttgen, note Lespes).
Il faut aussi examiner à part Ie cas oi1 Ie service public
est géré par un concessionnairc. M. Verwilghen a excel-
lemment mis en lumière l'obligation qui incombe à celui-
ci de scrvir tons les habitants ---- sauf impossibilité maté-
riclle - : une dépense excessive pour desservir un « écart »
peut être assimilée à une impossibilité matérielle (Ver-
wilghen : « Les Régies et concessions et Ie droit des parti-
culiers aux prestations du service public », Annales de
droit et de science politique, 1934-1935, 365). Ce devoir dé-
coule de In notion même dn service public. Mais comment
N° 456
SECTION IV. - - DROITS SUBJECTIFS ADMINISTRATIFS 363
N° 456
364 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
2. Droits sociaux.
457. Quelle est la nature des droits sociaux ? lls décou-
lent des lois de prévoyance sociale (pensions, allocations
de chömage, de maladie ou invalidité, de famille, pécule de
vacances); on leur assimile ceux qui dépendent des statuts
des différentes catégories de victimes de guerre (militai-
res, résistants, prisonniers politiques, etc.).
Ce sont de vrais droits subjectifs. Le législateur n'a certes
pas voulu abandonner à la discrétion de l'Exécutif, Ie paie-
ment des indemnités. Ce sont au surplus des droits sub-
jectifs administratifs. lls résultent d'une part d'une politi-
que de solidarité sociale et sont soumis à un règlement
conçu en fonction de l'intérêt général et non des conve-
nances particulières des intéressés. Par ailleurs, leur con-
tentieux est fréquemment soustrait aux juges ordinaires et
confié à des commission j uridictionnelles spéciales, ce qui
est un signe décisif de leur nature (Const., art. 92 et 93).
Ces propositions ont fait l'objet de controverses. D'abord
Ie législateur n'a pas toujours été clair; il a employé des
expressions .équivoques telles que « assurance sociale»,
évoquant l'idée d'un contrat d'adhésion; il a créé des com-
missions <lont Ie caractère juridictionnel n'était pas net.
Ensuite des exégètes, dans Ie souci de mieux assurer les
intérêts des assurés et aussi de mettre des bornes à l'éta-
tisme, ont cherché à prouver l'existence d'un droit civil
(notion souvent confondue avec celle du droit subjectif)
et à affirmer la compétence constitutionnelle des tribu-
naux de l'ordre judiciaire. Enfin la jurisprudence est con-
fuse et en pleine évolution.
Pension : Celle <lont l'octroi n'est pas abandonné à la
bonne volonté de l' Administration mais est régie par la loi
ou en vertu de la loi, fait l'objet d'un véritable droit. Celui-
ci est administratif quand il dépend plus du règlement que
de la convention des parties. Le fait que la cotisation sert
à constituer la pension n'est pas suffisant pour démontrer
la thèse contraire, car souvent cette contribution obligatoire
n'est que partielle et Ie montant de la pension ne lui est pas
proportionné (variations avec l'index). La crainte que
l'intéressé soit soumis aux fluctuations ultérieures du rl'-g]e-
ment et n'ait pas de droit acquis à ses réserves mathéma-
tiques est respectable; mais ne peut-on pas objecter qu'au
cours d'une longue carrière, Ie risque est plutöt que l'Etat
SECTION IV. - DROITS SUBJECTIFS ADMINISTRATIFS 365
·N° 457
366 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
C. RESPONSABILITÉ DÉLICTUELLE
459. La fourniture de la prestation ou la suppression de
l'illégalité peuvent être refusées ou ne pas donner au parti-
N° 459
368 CHAPITRE XI. - DROITS SUBJECTIFS
N° 459
CHAPITRE XII
LES JURIDICTIONS
N° 460
370 CHAPITRE XII. - LES JURIDICTIONS
SECTION I
NATURE DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE
A. DÉFINITION
N 08 464 à 465
374 CHAPITRE XII. - LES .JURIDICTIONS
N" 468
SECT. I. - NATURE DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE 377
N 08 468 à 469'
378 CHAPITRE XII. - LES JURIDICTIONS
2. Procédure.
470. lei encore existent des règles générales.
Déni de justice : Le juge doit être saisi; il ne peut agir
ou se prononcer d'office. C'est une différence avec l' Admi-
nistration qui, dans de nombreux cas, agit d'initiative. Mais
ce n'est pas une règle absolue qui découle de la fonction
de juger. En vérifiant la validité des élections communales,
et les pouvoirs des élus, la députation permanente exerce
un pouvoir de juridiction sans qu'une réclamation soit
nécessaire (C. E., 2 avr. 1953, D et B, 1953, 429, Marchienne-
au-Pont).
Mais une fois régulièrement saisi, Ie juge doit trancher
k différend qui lui est soumis. Le principe incontesté pour
les tribunaux ordinaires (C. civ., art. 4; C. proc. civ., art.
505 ets.; Code pénal, art. 258) s'applique aux juridictions
administratives. Giron en indique une application intéres-
sante. Lorsqu'une députation permanente statue sur Ie sort
d'une élection communale, il n'est permis à aucun de ses
membres de s'abstenir, sinon il y a déni de justice (Droit
administratif, I, n° 176). Le j uge dont Ie röle est de mettre
fin aux contestations pour rendre à chacun son dû et assu-
rer la paix sociale, ne remplirait pas sa mission s'il laissait
les conflits se perpétuer. L' Administration, même saisie
d'une demande, peut en principe ne pas y donner suite.
Exceptionnellement, elle doit prendre une décision; son
abstention est alors analysée comme un rejet (n° 496), à
moins que la loi ne présume une réponse affirmative (par
exemple pour l'autorisation de bfttir, A.-L., 2 déc. 1946).
Caractere contradictoire des débats: C'est une des garan-
ties fondamentales de l'égalité des parties et du respect des
droits de la défense. Celle-ci doit pouvoir exposer tous ses
moyens et réfuter les prétentions de l'adversaire en con-
naissance de cause. Ceci n'implique pas nécessairement
que les débats contradictoires aient lieu à l'audience. De-
vant certaines juridictions, la défense produif ses pièces au
cours d'une procédure écrite (Cour des comptes, députa-
tion permanente réglant Ie contentieux fiscal). L'essentiel
est que la confrontation de moyens et la possibilité d'y
répondre, soit complète pour les parties (C. E., 3 juill. 1953,
N 08 469 à 470
SECT. I. - NATURE DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE 379
N° 471
382 CHAPITUE XII. - LES JUUIDICTIONS
SECTION II
REGLES DE COMPETENCE
1. Historique.
473. Règle constitutionnelle: La volonté des Constituants
s'exprime non seulement dans l'article 92 mais aussi dans
l'article 24 qui pcrmet d'assigner les fonctionnaires sans
autorisation préalahle. On a voulu protéger les particuliers
contre !'arbitraire administratif en leur accordant très
largement une action en justice chaque fois que leurs
droits civils sont violés par une personne publique.
Interprétation jurisprudentielle: Règle originale et auda-
cieuse en 1830; elle était si novatrice qu'elle a été promp-
tement et pour près d'un siècle perdue de vue. Pénétrés
de la conception française de la séparation des pouvoirs,
les auteurs belges et la Cour de cassation ont affirmé que
les tribunaux ne pouvaient jnger l'Etat. C'est ce que disait
déjà en 1840 l'avocat général de Cuyper dans un avis pré-
cédant !'arrêt de fa Cour de cassation du 25 juin de cettc
N 05 472 à 473
384 CHAPITRE XII. - LES JURIDICTIONS
N° 473
SECTION ll. - RÈGLES DE COMPÉTENCE 385
N° 473
386 CHAPITRE XII. - LES JURIDICTIONS
N 08 473 à 474
SECTION ll. - RÈGLES DE COMPÉTENCE 387
3. Contentieux de Ja légalité.
B. }URIDICTIONS ADMINISTRATIVES
1. Historique.
476. On a admis rapidement la compétence de pareilles
juridictions en matière d'élections, de service militaire et
de contributions publiques; la députation permanente est
devenue un tribunal administratif dans bon nombre de cas.
Après la première guerre, de nombreuses commissions au
statut parfoj.s hybride et incertain, ont été créées notam-
ment par les lois de prévoyance sociale et par celle orga-
nisant les différents statuts des victimes de la guerre. Ces
commissions sont, tantót juridictionnelles, tantót une ins-
tance hiérarchique. Au point de vue de leur-constitution
et de l'indépendance de leurs membres vis-à-vis de l' Admi-
nistration, du respect des droits de la défense et des garan-
ties de procédure accordées aux justiciables, elles ne rem-
plissent pas toutes les conditions énumérées dans les n 08 461
3. Contentieux de la légalité.
Renvoi : Le Conseil d'Etat a reçu de la manière la plus
large Ie contentieux de l'annulation-de tous les actes de
l'Administration active (chapitre XIII).
SECTION I
COMPETENCE
A. CoMPÉTENCE o'Av1s
N 08 479 à 480
SECTION I. - COMPÉTENCE 393
d. -Forme.
483. L'avis doit être motivé.
S'il s'agit d'un projet de loi ou d'un arrêté d'exécution
organique ou réglementaire, il est annexé à l'exposé des
motifs ou au rapport fait au Roi et est publié avec lui.
a. - Cas d'intervention.
484. L'article 5 exclut les difficultés et contestations que
l'Exécutif ne peut pas résoudre ou trancher; Ie législateur
a souligné la cornpétence résiduaire du Conseil d'Etat.
Même lorsqu'il donne un simple avis, celui-ci ne peut em-
piéter sur la compétence actuelle ou éventuelle des tribu-
naux.
D'autre part, l'article 6 cxclut les affaires litigieuses. La
loi a voulu que cette haute juridiction ne deviennè pas Ie
conseil juridique des ministres. Il serait indécent que Ie
Conseil <l'Etat soit amené à donner un avis sur une affaire
que lui-même ou une juridiction civile sera amené ulté-
rieurement à trancher.
Chaque ministre a Ie droit de saisir Ie Conseil d'Etat. Il
n'y est j amais obligé. Les provinces, les communes et les
personnes publiques parastatales n'ont pas cette faculté.
L'article 7, § 2 confie au Conseil d'Etat certains avis que
donnait précé<lemment Ie Conseil des ministres au sujet de
l'octroi, !'abandon de la déchéance des concessions minières.
h. - Matière de !'avis.
485. Celui-ci est donné sur Ie fond des affaires.
c. -- Forme.
486. Aucune publicité n'est prévue.
N 08 483 à 487
SECTION I. - COMPÉTENCE 395
a. - Cas d'intervention.
488. Le Conseil d'Etat exerce une compétence résiduaire.
Il ne connaît en effet des demandes l'indemnités que « dans
les cas ou n'existent pas d'autres juridictions compétentes ».
En particulier une demande de dommages-intérêts fondée
sur l'article 1382 du Code civil est de la compétence des
tribunaux (Const., art. 92). La solution n'est pas différente
si les lois civiles règlent la matière en excluant la répara-
tion (C.E., 11 janv. 1957, R.J.D.A., 1957, 245, Marchant).
Qui peut introduire la demande et contre qui?
Toute personne justifiant de la lésion d'un droit ou même
d'un simple intérêt (article 11) (n° 515) peut assigner l'Etat
ce qui signifie les autorités administratives mais non Ie
pouvoir législatif (C. E., 29 janv. 1954, D et B, 1954, 145,
Demoulin; - C. E., 13 mai 1954, R. J. D. A., 1954, 209,
Leynen, note De Visscher), ni Ie pouvoir judiciaire (C. E.,
23 nov. 1956, D et B, 1958, 809, Indherberg). Provinces et
communes peuvent aussi être assignées mais non les para-
stataux (C. E., 30 juin 1950, R. J. D. A., 1950, 252, Leurin;
- C. E., 10 juill. 1950, ·R. J. D. A., 1951, 12, Claessens).
b. - Fond.
489. La justification du paiement des dommages-inté-
rêts est, non la faute de l'Administration, mais Ie principe
de l'égalité des citoyens <levant les charges publiques
(n° 288). Le préjudice peut résulter d'une exécution nor-
male, défectueuse ou différée des décisions.
Le dommage doit être exceptionnel pour constituer une
rupture d'égalité. Par exemple, des servitudes résultant
d'un plan d'urbanisme frappent de nombreux citoyens et
en principe ne donnent pas lieu à indemnisation (C. E.,
22 janv. 1957, R. J. D. A., 1957, 251, Fauconnier; - C. E.,
26 juin 1954, R. J. D. A., 1954, 273, Franssens).
Çt~'
' N 00 487 à 489
396 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL o'ÉTAT
B. COMPÉTENCE JURIDICTIONNELLE
SECTION II
ETUDE PARTICULIERE DU RECOURS POUR EXCES
DE POUVOIR DEVANT LE CONSEIL D'ETAT
d. - Acte de gouvernement.
498. On appelle actes de gouvernement, certaines déci-
sions de l'Exécutif qui, en raison de leur caractère politi-
que accentué, ne peuvent pas être soumises à un controle
j uridictionnel.
La tendance actuelle est de limiter de plus en plus la
liste des actes de gouvernement. On nierait cependant dif-
ficilement cette qualité aux actes par lesquels Ie gouverne-
ment règle Ie Travail des Chambres (convocation, clötnre
de session, dissolution), aux décisions établissant l'état de
siège.
Une réponse négative a été donnée en ce qui concerne
les arrêtés d'expulsion d'étrangers (C. E., 19 mai Hl50,
R. J. D. A., 1950, 202, Bertoldi, Garalti, Saretto, note Simo-
nard; - C. E., 21 mars 1952, R. J. D. A., 1952, 227, Gianotis).
e. - Acte conséquent.
499. Deux actes administratifs peuvent être la consé-
quence l'un de l'autre. L'annulation du premier entraîne
celle du second. Par exemple si un agent irrégulièrement
révoqué recouvre j uridictionnellement sa fonction admi-
nistrative, la nomination de son successeur est automatique-
ment nulle. Supposons maintenant que Ie premier acte ait
été irrégulier mais que les délais de reconrs s_oient épuisés.
Peut-on demander l'annulation du second?
Le souci de la stabilité juridique justifie une réponse
négative. Encore faut-il que plusieurs conditions soient
réuuies.
N 08 497 à 499
SECTION II. - ÉTUDE PARTICULIÈRE 401
,
autorités dirigeant les personnes publiques parastatales (ar-
rêt de principe : C. E., 13 juill. 1949, R. J. D. A., 1949, 159,
Bonheure, note Lespès; J. T., 1949, 641, note Cambier. Voyez
pour l'Ordre des médecins (C. E., 6 oct. 1951, R. J. D. A.,
1952, 97, Union des Mutualités socialistes; - Cass., 26 mars
1952, R. J. D. A., 1953, 70), des pharmaciens (C. E., 15 déc.
1952, R. J. D. A., 1953, 174, Timmerman), des avocats (C. E.,
15 juin 1956, R. J. D. A., 1957, 57, Chamart-Houssa, note
Buttgenbach).
Il a été jugé plusieurs fois que la Cour des comptes,
organc de la Charnbre des représentants (Const., art. 116;
L. org, 19 oct. 1846; - Cass., 25 oct. 1934, Pas., 1935, I, 42,
Etat beige, rninistère de la Défense nationale c.j Mathy); -
n'est pas une autorité administrative (C. E., 18 mai 1953,
A. A. C. E., 1953, 6..51, arrêt Casteleyn), même dans ses rap-
ports avec son personnel (C. E., 19 nov. 1954, A. A.C. E.,
N° 499 à 500
8
SECTION Il. - ÉTUDE PARTICULIÈRE 403
N° 500
CHAPITRE XIII. ---:- LE CONSEIL D'ÉTAT
B. ÜUVERTURES DE RECOURS
N 08 503 à 504
406 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL o'ÉTAT
N 06 504 à 505
408 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL o'ÉTAT
4. Détournement de pouvoir.
N 08 505 à 506
410 CHAPITRE XIII. --- LE CONSEI]. o'ÉTAT
N 08
506 à 507
SECTION II. - ÉTUDE PARTICULIÈRE 411
C. RECOURS PARALLÈLES
N 05
507 à 508
412 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL o'ÉTAT
N° 508
SECTION II. - ÉTUDE PARTICULIÈRE 413
N 03 508 à 509
414 CHAPITRE Xlll. - LE CONSEIL D'ÉTAT
SECTION III
PROCEDURE
La procédure est réglée par les articles 11 à 22. Elle est
précisée par l'arrêté du Régent du 23 août 1948.
A. RECEVABILITÉ
N011 514
418 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL o'ÉTAT
B. LES DÉLAIS
1. Durée. ·
a. - Demande en indemnité.
517. Le délai de 60 jours se calcule à <later du rejet et
celui de trois ans à <later de la demande qui a dû être
adressée à l' Administration.
Le Conseil d'Etat a décidé que l'article 1033 du Code
de procédure civile ne s'applique pas aux juridictions ad-
ministratives. A défaut de disposition expresse, Ie dies ad
quem, quand il est un jour férié, n'est pas reporté au plus
prochain jour ouvrable (arrêt Paulus). Cette règle vaut
:aussi pour les actions en annulation. Ceci paraît regret-
table. L'article 1033 du Code de procédure civile exprime
une règle de bon sens (cpr. Cass., 15 juin 1956, Pas., 1956,.
I, 1131).
b. - Action en annulation.
518. Le délai court à partir du jour ou l'acte a été soit
publié, soit notifié, ou bien encore est parvenu à la connais-
sance du requérant.
On tient d'abord compte de la publication lorsqu'elle est
imposée par la loi (Const., art. 129, pour les actes de l'Etat,
1 des provinces et des communes ayant une portée générale)
(n° 212).
t Selon l'article 6 de la loi du 18 avril 1898, les arrêtés
royaux qui n'intéressent pas la généralité des citoyens sont
publiés au moins par extraits mais ne deviennent obliga-
toires qu'au moment de la notification aux intéressés. Mal-
gré Ie cumul des formalités, seule la date de la notification
importe puisque Ie caractère obligatoire de l'acte dépend
de sa notifica tion.
Si la loi ne prévoit qu'un notification, Ie délai court à
partir du jour ou Ie requérant en aura connaissancc. Ceci
est une question de fait (arrêté du Régent du 23 août 1948,
art. 4; - C. E., 5 juill. 1949, R.J.D.A., 1949, 145, De Bruyn).
N08 518
422 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL o'ÉTAT
3. Interruption.
a. - Incapacité du requérant.
51'9. Les <lélais courent contre les mineurs. Ceux-ci peu-
vent être relevés de la déchéance par Ie Conseil d'Etat s'il
est établi que leur représentation n'était pas assurée avant
l'expiration des délais (Arr. Régent du 23 août 1948, art 90).
N 05 519 à 521
SECTION 111, - PROCÉDURE 423
4. Sanctions.
522. L'écoulement du délai prescrit la demande. On se
rappellera toutefois la distinction qui doit être faite entre
les actes réglementaires et les décisions d'application (n°
499) (C. E., 26 août 19,19, R. J. D. A., 1949, 190, Grimart),
C. PROCÉDURE
N 08 521 à 523
424 CHAPITRE XIII. - LE CONSEIL D'ÉTAT
I. Procédure inquisitoriale.
2. Procédure écrite.
a. - Requête.
525. L'instance est introduite par une requête.
La requête est signée, datée, affranchie d'un timbre fis-
cal et adressée sous pli recommandé au greffe du Conseil
d'Etat en un original et trois copies (plus une copie par
partie adverse). Les copies portent l'inscription « pour
copie conforme». A ces pièces est jointe la reproduction
de l'acte attaqué (A. Rég., 23 août 1948, art. 3). La requête
contient, avec l'identification de la partie requérante, celle
de la partie adverse (art. 2).
Les mentions sont substantielles. La sanction est l'excep-
tion obscuri libelli. Cependant, Ie Conseil d'Etat interprète
avec beaucoup de complaisance les requêtes. Il tient compte
de la volonté certaine des parties et redresse des inexacti-
tudes d'expression.
La requête noue Ie contrat judiciaire. Le requérant n'est
point recevable à donner ultérieurement, notamment dans
son mémoire en réplique, de nouveaux objets à son action.
b. - Des mémoires.
526. La procédure engagée par la requête se poursnit
par des échanges de mémoires et des documents justifica-
tifs. Le défendeur établit d'abord un mémoire en réponse,
auquel Ie requérant oppose un mémoire en réplique. Celui-
ci est remplacé par un mémoire ampliatif lorsqu'il n'y a
pas de mémoire en réponse. Enfin Ie requérant peut dé-
poser un dernier mémoire et la partie adverse a 15 jours
pour y répondre. Ainsi s'achèvent les« mesnres préalables »
(A. Rég., 23 août 1948, chap. II, section tre).
L'article 6 de l'arrêté du Régent du 23 août 1948 fixe les
délais qui ne sont pas sanctionnés de la nullité (C. E.,
25 avr. 1950, R. J. D. A., 1950, 194, Bunkering).
c. - Exposé verba!.
527. Le principe de la procédure écrite n'empêche pas
les parties de présenter un exposé verbal Ie jour de l'au-
dience, mais elles ne peuvent développer des moyens qui
ne sont pas contenus dans la requête et les mémoires. Elles
peuvent se faire assister d'avocats.
d. - Régime Linguistique.
528. Il est fixé par les articles 26 (modifié) et 27.
Quant aux parties, il faut faire une distinction. Les per-
sonnes publiques doivent faire usage de la langue que leur
impose la loi du 28 juin 1932. Les personnes privées, y
compris les fonctionnaires, emploient la langue de leur
choix qui peut ne pas être celle de la procédure.
La sanction est la nullité. Toutefois, l'acte nul interrompt
les délais de prescription et les délais de procédure et les
suspend pendant la durée de l'instance.
3. Procédure sommaire.
4. Incidents.
5. Audiences.
531. Les audiences sont puhliqucs.
6. Arrêt.
532. L'arrêt est motivé (Cont., art. 97, L., 23 déc. 1946,
art. 19) et rendu en séance publique. Il peut être prononcé
par défaut (A. Rég., 23 août 194S-; art. tn-;-
L'arrêt d'annulation met à néant la décision attaquée
avec effet rétroactif.
L' Administration ne pourrait prendre une nouvelle déci-
N 08 530 à 532
l
SECTION 111. - PROCÉDURE 427
7. Voies de recours.
533. Il n'y a point d'appel. L'opposition n'est possible
que pour la partie adverse. La tierce opposition n'est rece-
vable que si Ie tiers n'a pas eu connaissance de l'action
(A. Rég., 23 août 19,18, art. 40 et suiv.).
Le recours en cassation n'est ouvert qu'au terme d'une
procédure de conflit (L., 23 déc. 1946, art. 20). Par exem-
ple, en matière de contcntieux de l'indemnité, Ie Conseil
d'Etat peut se déclarer incompétent ou au contraire rejeter
un déclinatoire de compétence pour Ie motif que la de-
mande rentre ou ne rentre pas dans les attributions des
autorités judiciaires. La Cour de cassation tranchera ce
conflit positif ou négatif (voyez la controverse De Visscher,
R. J. D. A., 1949, 6, et Van Bunnen, R. J. D. A., 1949, 173).
Même dans un procès en annulation, la Cour de cassation
peut intervenir, à vrai dire indirectement. En effet, l'annn-
lation demandée par Ie requérant peut viser un acte admi-
nistratif créant des droits civils et n'avoir d'autre justifi-
cation que la violation de ces droits civils (n° 474) (Cass.,
N 08 532 à 533
428 CHAPITRE XIII, - LE CONSEIL D'ÉTAT
N° 533
TABLE DES MATIÈRES
(les chiffres renvoient aux n°')
_ __..........
434 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE
NOTION DU DROIT ADMINISTRATIF
A. NoTION • • • • • • • • • • • • • 9
B. DROIT OBJECTIF ET DROIT SUBJECTIF 15
C. DIVISION DE L'EXPOSÉ • • • • • • 16 •
TITRE PREMIER
S1'RUC'rURE DE L'ADMINISTRATION
... ..J
440 TABLE DES CHAPITRES
• PERSONNES PUBLIQUES. • • • • • • • •
46
A. RÈGLE DE LA SPÉCIALITÉ 46
B. RÈGLE DE LA FINALITÉ 48
C. RÈGLE DE LA LÉGALITÉ 49
TITRE II
L'ACTIVITÉ DE L'ADMINISTRATION
181
182
B. MODALITÉS DE L'INVESTITURE • • • • • 185
C. AUTORITÉ COMPÉTENTE • • • • • • • • 186
D. COMPÉTENCE LIÉE ET DROITS SUBJECTIFS. 188
C. GESTION 218
D. ALIÉNATION 219
<
444 TABLE DES CHAPITRES
TITRE 111
PROBLEMES JURIDICTIONNELS