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la revue des professionnels de l’audit, du contrôle et des risques

LES FONDAMENTAUX
Dans l’actualité DE L’AUDIT INTERNE
Danone, Glaxo : l'émergence des
risques éthiques sur le marché
De la réflexion à la mise en place
chinois d’un plan d’audit
Idées et débats
Gestion des risques :
Un référentiel sinon rien !

Interview
Le Chairman of the Board
de l’IIA nous en dit plus

International
La culture d'entreprise, un atout

Mémoire d’étudiant
Le contrôle interne favorise
l’apprentissage de l’organisation

Fiche technique
>> La prise en compte, par l’audit
interne, des risques associés à
l’atteinte des objectifs
stratégiques

N°217
Novembre-Décembre 2013
Marquez des points ...
avec la nouvelle certification
professionnelle

Professionnels de l’audit et du contrôle internes, cette nouvelle certification vous permettra de dé-
montrer votre professionnalisme dans le domaine de l’évaluation de la gestion des risques, et plus
particulièrement votre capacité à :
 évaluer la maîtrise des risques et la gouvernance des processus métiers de votre organisation ;
 sensibiliser la direction et le comité d’audit aux concepts liés aux risques et à la maîtrise des
risques ;
 vous centrer sur les risques stratégiques de l’organisation ;
 apporter encore plus de valeur ajoutée à votre organisation.

Disponible, à la fin du premier semestre 2013, sous la forme d’un examen, le CRMA™ est ac-
cessible dès aujourd’hui via un processus de Reconnaissance de l’Expérience Profes-
sionnelle (REP). Ainsi, toute personne justifiant d’une expérience professionnelle
dans les cinq domaines couverts par la certification CRMA™, et titulaire de di-
plômes et/ou de tout autre certificat dans le domaine de l’audit, sera en mesure
de faire une demande de REP en vue d’obtenir la certification CRMA™.

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POUR EN SAVOIR PLUS ...


Rendez-vous sur le site internet de l’IFACI (www.ifaci.com)
à la rubrique « Carrière + Diplômes ».
La revue des professionnels de l’audit,
du contrôle et des risques
n°217 - nov./déc. 2013
Imaginer toutes
EDITEUR
Institut Français de l’Audit et
du Contrôle Internes (IFACI)
les possibilités mais
Association Loi 1901
98 bis, boulevard Haussmann
75008 Paris (France)
Tél. : 01 40 08 48 00
respecter les normes
Mel : institut@ifaci.com
Internet : www.ifaci.com

D
DIRECTEUR DE PUBLICATION ans ce numéro, Paul Sobel que nous avons
Farid Aractingi accueilli, en novembre dernier, à la première
RESPONSABLE DE LA RÉDACTION conférence annuelle de l’IFACI, nous en dit
Philippe Mocquard plus : sur son rôle – exigeant – en tant que Chairman
RÉDACTEUR EN CHEF of the Board de l’IIA ; sur le statut juridique de l’IIA
Louis Vaurs global qui est resté un institut de membres alors que,
RÉDACTION - RÉVISION pour les grands instituts nationaux dont l’IFACI, l’IIA
Jean-Loup Rouff - Béatrice Ki-Zerbo ne peut être considéré à présent que comme une
confédération d’instituts nationaux ce qui devrait
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
Eric Blanc - Tél. : 01 40 08 48 02 conduire, à notre avis, à l’adoption d’une nouvelle gouvernance ; sur le défi que
Mel : eblanc@ifaci.com doivent relever les auditeurs internes face à la montée en puissance des autres
acteurs de la maîtrise des risques. Et d’exhorter les auditeurs internes : soyez inno-
RÉALISATION vants, ayez de l’intuition, faites preuve de créativité, qu’il résume par « imaginez
EBZONE Communication
toutes les possibilités ».
32, avenue de Beauregard
94500 Champigny-sur-Marne
Tél. : 01 48 80 00 56 A cette exhortation, répond tout d’abord l’initiative de Scott Strachan, directeur de
Mel : ebzone@ebzone.fr l’audit interne d’une société de gestion d’actifs membre du FTSE anglais, de lancer
et de mener à bien un audit complet de la culture et de la stratégie de son entreprise.
IMPRESSION Y répond aussi, le billet d’Antoine de Boissieu sur « l’émergence des risques éthiques
Imprimerie de Champagne
Rue de l’Etoile de Langres - ZI Les Franchises
sur le marché chinois » mais également ailleurs. Pour y faire face, il propose aux audi-
52200 Langres teurs internes de répondre à dix questions susceptibles de les alerter sur les risques
de fraude, parmi lesquelles « Y a-t-il des objectifs anormalement ambitieux ? » ; « La
ABONNEMENT croissance est-elle cohérente avec l’évolution du marché ? » ; « Y a-t-il une fonction juri-
Elsa Sarda - Tél. : 01 40 08 47 84 dique, conformité, fiscale, indépendante ? » ; « Y a-t-il des directives explicites interdisant
Mel : esarda@ifaci.com
un certain nombre de pratiques connues, constatées ? »…
Revue bimestrielle (5 numéros par an)
ISSN : 2117-1661 Je vous recommande, par ailleurs, de porter une attention particulière sur le témoi-
CPPAP : 0513 G 83150 gnage de trois responsables d’audit interne relatif à la mise en place d’un plan d’au-
Dépôt légal : décembre 2013 dit, l’un des trois processus majeurs de la fonction d’audit interne. Son élaboration
Photos couverture : © alphaspirit - Fotolia.com
n’est pas simple car le plan doit satisfaire aux attentes de plusieurs parties prenantes,
direction générale, comité d’audit et, pour les secteurs banque et assurance,
l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Il se construit étape par
étape en s’appuyant notamment sur la cartographie des risques qu’elle soit établie
Prix de vente au numéro : 25 € TTC à l’échelle du groupe ou qu’elle soit propre au service d’audit interne, et en prenant
Ce document est imprimé avec des encres végétales
attache avec de nombreux responsables ainsi qu’avec les commissaires aux comptes.
sur du papier issu de forêts gérées dans le cadre
d’une démarche de développement durable.
Il doit enfin être approuvé et/ou validé par la direction générale et le comité d’audit.
Tout en affichant quelques différences dont l’appréhension ne peut être qu’enri-
chissante pour chacun, la construction du plan d’audit présentée par ces trois
responsables, parfaitement alignée sur les normes de la profession, est très instruc-
tive.

Bonne lecture. 

Les articles sont présentés sous Louis Vaurs - Rédacteur en chef


la responsabilité de leurs auteurs.

Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite


sans le consentement de l’auteur, ou de ses ayants droits, ou ayants
cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1er de l’article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 3
soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425
et suivants du Code Pénal.
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appliquent de façon pérenne les trente exigences Tél. : 01 44 70 63 00
pragmatiques du Référentiel Professionnel de E-mail : certification@ifaci.com
l'Audit Interne.
SOMMAIRE

DANS L’ACTUALITÉ
DOSSIER
6 Danone, Glaxo : l'émergence des risques
éthiques sur le marché chinois
Antoine de Boissieu
Les fondamentaux
IDÉES ET DÉBATS de l’audit interne
9 Gestion des risques :
Un référentiel sinon rien ! De la réflexion à la mise en place
Alexia Berroëta d’un plan d’audit p. 15 à 28
INTERVIEW

13 Le Chairman of the Board Le plan d’audit : Unité des principes et diversité


de l’IIA nous en dit plus
16 des pratiques
Paul Sobel Jacques Renard

INTERNATIONAL Audit bancaire : le plan d’audit, ce n’est pas


20 seulement un calendrier…
30 La culture d'entreprise, un atout
Christiane Legat

MÉMOIRE D’ÉTUDIANT
23 Mise en place du plan d’audit dans un groupe
d’assurances
34 Le contrôle interne favorise
l’apprentissage de l’organisation Bertrand Lefebvre
Marine Lacourte
26 La mise en œuvre de l’audit interne chez EDF :
structure et méthodes
Michel Uhart

LA PROFESSION EN MOUVEMENT

37 Evénements - Lu pour vous

FICHE TECHNIQUE N°47

>> La prise en compte, par l’audit interne, des risques


associés à l’atteinte des objectifs stratégiques
Edwige Duterrage Baudin

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 5


DANS L’ACTUALITÉ

Danone, Glaxo :
l'émergence des risques
éthiques sur le marché chinois
Antoine de Boissieu - Associé-gérant, OSC Solutions

L
a Chine est devenue dans cette activité était de se chiffreraient en centaines sorti et largement relayé ces
un marché prioritaire 4,2 Mrd en 2012, le premier de millions de dollars. Glaxo, affaires, leur assurant un
pour la plupart des marché étant la Chine. qui réalise 1,5 Mrd USD de retentissement maximum.
grands groupes internatio- chiffre d'affaires en Chine, a Les sociétés impliquées ont
naux. Certains viennent Un peu plus tôt les autorités vu ses ventes chuter de 60 % dû faire amende honorable
cependant d'y connaître des chinoises avaient condamné au troisième trimestre à la dans les mêmes médias,
déboires inédits. Deux socié- plusieurs entreprises inter- suite de cette affaire. reconnaissant ainsi leur cul-
tés parmi les leaders de leur nationales, dont Dumex, à pabilité. Le management des
secteur d'activité y ont ainsi payer 80 M€ d'amendes. Outre le fait qu'elles concer- filiales de Danone et de
eu des ennuis récemment. Ces amendes sanctionnaient nent deux grandes firmes Glaxo a également été
des ententes sur les prix. Les occidentales en Chine, ces changé.
Pots-de-vin différentes entreprises ont affaires présentent des
et ententes en outre dû baisser leurs prix points communs. Un message clair
de ventes de façon significa- des autorités
Dumex, filiale du groupe tive. Des faits
Danone spécialisé dans le apparemment avérés Il serait réducteur de ne voir
lait infantile en Chine, a été Corruption dans cette publicité qu'une
mise en cause dans deux des médecins et Le premier point commun manœuvre populiste ou
affaires distinctes. Elle a tout gonflement des prix est que les faits reprochés nationaliste du gouverne-
d'abord été accusée d'avoir semblent être avérés. Après ment chinois. Le fait de sor-
payé des pots-de-vin à des Le laboratoire britannique des dénégations initiales, tir ces affaires dans les
médecins et des infirmières GlaxoSmithkline a dû Glaxo et Danone ont médias traduit plutôt la
dans des hôpitaux du Nord reconnaître sa culpabilité reconnu la véracité des accu- volonté d'afficher que cer-
de la Chine. En contrepartie, dans une affaire de pots-de- sations. Les autorités n'ont taines pratiques ne seront
ces médecins et infirmières vin. Glaxo avait organisé un fait que sortir des cas réels, plus tolérées, et que les
recommandaient le lait système de corruption de et ont obligé les sociétés autorités n'acceptent plus de
maternisé du groupe. L'en- médecins pour qu'ils pres- incriminées à faire cesser les fermer les yeux sur des
quête officielle a révélé au crivent ses médicaments. Le non-conformités. infractions sous prétexte
moins 110 cas, dans 85 hôpi- laboratoire est aussi soup- qu'elles sont généralisées et
taux et dispensaires. Le mar- çonné d'avoir corrompu des Des mises en causes qu'elles ont été admises
ché du lait infantile en Chine fonctionnaires afin de pou- médiatisées jusqu'ici.
est estimé à 12 Mrd €, et il voir gonfler le prix de vente Ces affaires posent plusieurs
est prévu qu'il double dans de ses médicaments. Les Les mises en cause par les questions aux grands
les 4 ans à venir. A titre de résultats de l'enquête ne autorités chinoises ont de groupes internationaux, et
comparaison, le chiffre d'af- sont pas encore connus, plus été largement médiati- pourraient pousser à une
faires mondial de Danone mais les pots-de-vin payés sées ; les télés d'Etat ont remise en cause de leur

6 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


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mode de gestion en Chine est d'avoir une interpréta- taille et son taux de crois- mieux valorisées que les
et, plus généralement, dans tion souple des réglementa- sance à deux chiffres dans activités des marchés euro-
les pays à fort taux de crois- tions et des règles d'éthique beaucoup de secteurs d'acti- péens matures ou en déclin.
sance. Pour schématiser, on - 4. Le pilotage et la gestion vité. Les grandes sociétés
peut dire que de nombreux de l'activité sur place sont ont donc la volonté de 2. Des marchés
groupes internationaux ont largement délégués au conquérir vite des parts de difficiles à contrôler
adopté vis-à-vis de ces pays management local. marché, pour disposer de pour les autorités
une politique d'arbitrage positions bien établies
entre les risques et les Etudions rapidement ces 4 lorsque le marché atteindra Le marché chinois est relati-
opportunités, que l'on peut points : sa maturité. A court terme, il vement récent ; l'ouverture
résumer en 4 points : 1. Il y a également une volonté économique et l'ouverture à
faut se développer vite sur 1. Une course d'afficher une hausse du la concurrence sont posté-
un marché en forte crois- à la croissance chiffre d'affaires, les activités rieures à 2000 dans la plu-
sance - 2. Les autorités ont chinoises étant surveillées part des secteurs. Cela a
dû mal à contrôler le marché Le marché chinois est évi- de près par les analystes pour conséquence que le
- 3. La pratique du marché demment tentant, de par sa financiers et généralement marché est en évolution

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 7


DANS L’ACTUALITÉ

rapide, et qu'il est difficile à cyniquement, cette gestion pris par les autorités : l'audit 4. Y a-t-il un manager
contrôler et à réguler pour locale permet également au interne est donc utilisé (DAF par exemple) indé-
des autorités qui n'ont que siège de redescendre la prise comme un outil de mise en pendant du manage-
très peu de recul, et peu de risques et de responsabi- non-conformité, plus que ment local ?
d'expérience en la matière. lités au niveau de la filiale, comme un promoteur de 5. Y a-t-il une fonction
Pour ne rien arranger, les sans avoir à arbitrer entre le l'éthique et des bonnes pra- juridique, conformité,
autorités exerçant les pou- respect des règles d'éthique tiques de gouvernance. fiscale, indépendante ?
voirs de contrôle sont parfois d'une part, et des objectifs (rattachement à un DAF
corrompues, et ferment de croissance ambitieux Recenser les signaux expatrié, rattachement
donc les yeux sur les faits d'autre part. d'alerte fonctionnel à une fonc-
qu'elles devraient réprimer. Si l'environnement général tion siège...).
Cette stratégie peut être de contrôle est propice à 6. Les CAC ont-ils
3. La généralisation remise en cause si le coût l'audit de ce type de risques, connaissance de pra-
de pratiques des non-conformités devait l'audit interne peut essayer tiques anormales dans
douteuses augmenter, ce que suggèrent d'évaluer les risques. Dans notre secteur ?
les dernières affaires. Inci- beaucoup de cas, la difficulté 7. Y a-t-il des directives
Sur ces marchés en évolu- demment, on peut noter que est de mettre en évidence les explicites interdisant un
tion et en croissance, diffi- les affaires de corruption de faits incriminés, qui peuvent certain nombre de pra-
ciles à contrôler, des pra- fonctionnaires relevées en être bien dissimulés. C'était tiques connues, consta-
tiques illégales se sont plus Chine pourraient avoir des ainsi le cas des pots-de-vin tées ?
ou moins généralisées sui- répercussions aux Etats- payés aux médecins par dif- 8. Les décisions clefs sont-
vant les secteurs : corrup- Unis dans le cadre du FCPA férentes sociétés pharma- elles validées au bon
tion, versement de pots-de- (Foreign Corrupt Practices ceutiques : ces dernières niveau ? (à l'inverse, ne
vin, montages fiscaux et Act), ou au Royaume-Uni passaient par des agences de sont-elles pas déléguées
douaniers que l'on qualifie- dans le cadre de l'anti-bri- voyage pour organiser leurs à un niveau trop bas, ce
rait en France au mieux bery Act ; dans les deux cas, congrès ; l'agence de voyage qui favoriserait la prise
d'abus de droit, achat d'au- le risque financier se trouve gonflait la facture en de risques).
torisations administratives considérablement augmenté envoyant de faux justificatifs 9. Les prestations de ser-
ou de passe-droits, etc. , les pour les sociétés incrimi- de frais, très difficiles à vice intellectuelles sont-
sociétés locales donnant nées. détecter pour les services elles bien indispensables
souvent le mauvais exemple. financiers du siège, et a for- et justifiées ?
Dans certains secteurs, l'une Quel doit être le rôle tiori pour des auditeurs 10. Y a-t-il un réseau de
ou l'autre de ces pratiques de l'audit interne internes. contrôleurs internes
sont devenues la règle. C'est dans ce contexte ? couvrant y compris ce
ainsi le cas du paiement de Le rôle de l'audit interne, type de risques ?
pots-de-vin aux médecins Evaluer le niveau de tolé- comme face aux risques de
dans le secteur de la phar- rance de la direction géné- fraude, doit donc d'abord Un nombre significatif de
macie.1 rale être d'alerter sur les risques, réponses négatives devrait
L'audit interne doit vérifier sans forcément vouloir met- pousser les auditeurs à creu-
4. Une gestion locale s'il est missionné pour aller tre en évidence les infrac- ser la question. 
auditer ce type de risques. tions. Pour cela, les auditeurs
Ces marchés sont souvent Autrement dit, y a-t-il un peuvent par exemple com-
gérés localement, par des environnement de contrôle mencer par répondre à ces
filiales qui disposent d'une suffisamment fort sur ces 10 questions :
large autonomie par rapport questions pour que la direc- 1. Y a-t-il des objectifs
au siège. Cette situation se tion accepte de prendre anormalement ambi- 1 Ces pratiques ne sont d'ailleurs en
justifie par l'éloignement, les connaissance des faits, et de tieux ? rien spécifiques à la Chine, les
grands laboratoires internatio-
différences de langue, les les traiter ? Dans certains 2. Les taux de marge sont-
naux les ayant largement utili-
nombreuses spécificités cas, la direction générale se ils cohérents avec ceux sées en Europe et aux Etats-Unis
locales, et enfin par la néces- sert de l'audit interne pour des autres pays ? pendant des années. Pour les éra-
sité d'avoir un management identifier non pas les risques 3. La croissance est-elle diquer, les autorités ont instauré
des législations très restrictives et,
capable de tisser localement de non-conformité ou d'in- cohérente avec l'évolu- aux E.-U., ont imposé des sanc-
les liens nécessaires. Plus fraction, mais le risque d'être tion du marché ? tions de plus en plus dissuasives.

8 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


IDÉES ET DÉBATS

Gestion des risques :


Un référentiel sinon rien !
Les cartographies ne sont pas une fin en soi. Certes, elles constituent un premier
niveau de modélisation des risques et des processus, mais elles présentent les deux
inconvénients majeurs que sont : l’absence d’une vision agrégée, indispensable au
pilotage du profil de risque ; une difficulté à focaliser sur les risques « essentiels ». La
solution réside sans doute dans la constitution d’un référentiel de risques unique et
partagé, qu’il convient d’appliquer, non plus aux processus, mais aux entités orga-
nisationnelles.

S
ous l’impulsion de la réglementa- ment de réponse à la nécessité de foca-
tion Solvabilité II, et par mimé- liser sur les risques essentiels, ils ne per-
tisme aussi sans doute avec le sec- mettent pas d’exploiter les cartographies
teur bancaire, les assureurs, mutuelles et des risques « bottom-up » déjà réalisées
groupes de protection sociale disposent et qui ont représenté un important
de cartographies des risques opération- investissement des équipes internes.
nels. Pour la réalisation de ces cartogra- Se posent alors les questions suivantes :
phies, bon nombre des entreprises du comment faire cohabiter l’approche
Alexia Berroëta secteur ont eu recours à l’assistance des « risques majeurs » et l’approche « car-
cabinets de conseils, dont l’approche tographies des risques » à des fins de
Directeur Associée Enterprise Risk privilégiée « bottom up » est fondée sur pilotage global ? Comment exploiter au
Management, Cometh Consulting les processus. Cette approche, d’inspira- mieux les données pour restituer aux
tion audit, a souvent eu la fâcheuse ten- décideurs une vision fidèle et globale du
dance à placer les risques en deuxième profil de risque de l’entreprise ?
axe d’analyse, derrière les processus,
instaurant une vision en silo des risques Fort de ces constats, il apparaît néces-
de l’entreprise. saire de faire évoluer l’approche, de ten-
dre vers une simplification de la
Si ces cartographies constituent un pre- démarche, quitte à accepter d’être moins
mier niveau de modélisation des risques perfectionniste, moins exhaustif, mais
et des processus, elles présentent deux plus en phase avec la réalité opération-
Depuis plus de 15 ans dans le inconvénients majeurs : nelle de ce qui préoccupe les managers.
conseil, Alexia Berroëta intervient • l’absence d’une vision agrégée, indis- Sans une revue de l’approche, les carto-
spécifiquement sur la gestion des pensable au pilotage du profil de graphies formalisées s’épuiseront et fini-
risque, ront par disparaître, naturellement, tant
risques d’entreprise, et en particu-
• une difficulté à focaliser sur les risques leur maintien apparaît lourd et fasti-
lier dans le secteur assurances –
« essentiels ». dieux, pour une intégration souvent trop
mutuelles et groupes de protection faible dans le quotidien opérationnel des
sociale. Ses principales interven- En réponse à ces inconvénients structu- managers, au profit des « risques
tions portent sur la définition et la rels, des projets « risques majeurs » ou majeurs ».
révision des dispositifs de maîtrise « risques importants » sont en train
des risques en tant qu’outils d’aide d’être menés, par les directions géné- Nous avons la conviction forte que la
à la décision pour les directions rales, afin de « faire le tri » et de mettre solution réside dans la constitution d’un
en exergue les vrais risques à piloter. référentiel de risques unique et partagé
générales.
Si ces projets apportent un premier élé- qu’il convient d’appliquer non plus aux

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 9


IDÉES ET DÉBATS
© alphaspirit - Fotolia.com

processus mais aux entités organisation- vision transverse entités ; et les « risques majeurs » identifiés par
nelles. Tel est notre parti pris. 3. solliciter l’implication et la responsa- la direction générale) ;
bilisation du middle management en • disposer d’axes d’analyse ;
Selon nous, la nouvelle approche à met- tant que gestionnaire de risques. • favoriser l’unicité du langage entre les
tre en place devra satisfaire à trois enjeux parties prenantes ;
majeurs : Le référentiel de risques • faciliter la comparaison entre entités.
• proposer des axes de consolidation devient le « référentiel pivot »
uniques et partagés, à des fins de de la gestion des risques Le référentiel de risques, qui assure le
reportings internes et réglementaires ; qui offre des axes de regroupement des situations de risques
• mettre en exergue les préoccupations consolidation uniques et par catégorie, permettra la constitution
des managers ; partagés de reporting globaux à destination des
• donner de la perspective à la direction décideurs.
générale. Afin de pouvoir consolider les cartogra-
phies de risques réalisées dans les diffé- Dans la construction initiale d’un réfé-
Pour répondre à ces enjeux, tout en capi- rents métiers, et d’embarquer les rentiel de risques, il est souvent intéres-
talisant sur l’existant, il convient de faire « risques majeurs » dans un dispositif sant de s’inspirer des référentiels de
évoluer l’approche de la façon suivante : global, il est nécessaire de définir et de place ou de confrères. Il est également
1. définir un référentiel de risques rattacher chaque situation de risque à un pertinent de consulter les référentiels
unique et partagé ; référentiel commun de risques, partagé d’autres secteurs, notamment à maturité
2. privilégier l’approche fondée sur le par toutes les entités de l’entreprise. Ce différente. Les incidents sont également
« référentiel entité » en majeur qui référentiel a pour objectif de : une bonne source d’information.
permet de focaliser sur les activités • structurer et consolider de manière Parce que le référentiel de risques doit
exercées au sein de l’entité, et non cohérente l’ensemble des situations refléter l’entreprise, sa culture, son acti-
plus le « référentiel processus », qui de risque de l’entreprise (issues des vité, ses préoccupations en matière de
focalise sur le détail intégrant une cartographies réalisées par les métiers gestion des risques, chaque référentiel

10 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


cation des risques, et peine à focaliser
Référentiel Référentiel sur les risques essentiels.
Process Entité • Enfin, le déploiement de cette
approche à l’ensemble des processus
de l’entreprise, est lourd et fastidieux,
tant le niveau de granularité est
important.

Tout d’abord, cette approche fait le choix


Plan Référentiel d’un référentiel « officiel », par nature
Contrôles
d’actions Risques incontestable, ce qui favorise le consen-
sus et donc l’adhésion.
Dans sa structuration même, le référen-
tiel de processus propose souvent un
découpage de l’activité qui en réalité est
un mix entre processus pur et entité
organisationnelle. Certains processus
Anomalies sont parfois même redondants dans le
de contrôles Incidents
référentiel, puisque présents dans des
entités organisationnelles distinctes. Ce
mix conduit à une vision parcellaire des
risques liés aux processus. Cette diffi-
est différent, quand bien même cer- Un référentiel de risques est quasi inva- culté se présente essentiellement
taines catégories de risques, très géné- riant, a minima sur les deux premiers lorsqu’il s’agit de définir les processus
rales, sont communes aux différents sec- niveaux de son arborescence. Le dernier transverses. Par ailleurs, il est fréquent
teurs (ex : risque de fraude). niveau évolue dans le temps. A horizon de constater que ce référentiel n’est pas
2 ou 3 ans, et sans modification majeure toujours actualisé.
En effet, en fonction de la sensibilité de de l’environnement (ex : changement de
la direction générale à la gestion des localisation géographique), le référentiel Le deuxième bénéfice apporté par cette
risques et du niveau d’exposition réel de de risques est quasi invariant. En nouvelle approche réside dans le fait
l’entreprise, les catégories de risques revanche, le profil de risque lui, varie en que le « référentiel entité » ou organi-
seront identifiées et hiérarchisées de fonction de la stratégie business / risque gramme est orienté vers le « quoi » et
façon distincte. Certains, par exemple, définie et de la performance des non le « comment ».
aborderont les risques issus de la direc- contrôles. Ce qui facilite également l’approche
tive Solvabilité II comme des risques de risque et contrôle interne en invitant les
« non-conformité juridique », quand L’approche fondée sur le managers à se centrer non seulement
d’autres les aborderont comme des « référentiel entité » en majeur sur leur périmètre exact de responsabi-
risques « business ». Certains considère- permet de focaliser sur lité mais également à un niveau de gra-
ront « l’image » comme la conséquence les préoccupations nularité plus macro à l’inverse des pro-
d’un risque, quand d’autres traiteront essentielles des managers cessus, décrits à un niveau de granula-
l’image comme un risque en tant que rité trop détaillé, se positionnant parfois
tel. à la frontière avec le mode opératoire /
Si l’approche fondée sur les processus a la procédure opérationnelle.
Il n’y a pas de référentiel « idéal ». La semblé être la plus naturelle voire la plus
performance d’un référentiel se mesure rassurante, elle présente, dans le quoti- Enfin, cette approche concourt, mécani-
au travers de la simplicité et de la fiabi- dien, un certain nombre de limites : quement, à un déploiement plus rapide
lité avec laquelle les acteurs rattachent • Ce référentiel de processus ne fait pas de la méthode d’identification et de
les situations de risques aux différentes toujours consensus au sein de l’orga- cotation des risques.
catégories du référentiel. Si trop d’hési- nisation, parfois même il ne dispose
tations ou de questionnements se dres- pas d’un caractère « officiel », lorsqu’il L’implication et
sent, il convient de redéfinir le référen- n’existe pas au sein de l’entreprise, la responsabilisation
tiel. En effet, la règle fondamentale est d’entité dédiée, de type « organisa- des managers comme gage
la suivante : une situation de risques ne tion », garante du référentiel de pro- de la légitimité du dispositif
se rattache qu’à une et une seule caté- cessus. vis-à-vis de la direction
gorie de risques. Une seule ambiguïté • L’exercice d’identification des risques générale
restera toujours à lever : l’arbitrage entre est mené sur le niveau le plus détaillé
l’erreur d’exécution (non intentionnelle) du référentiel de processus, ce qui Les cartographies des risques telles
et la fraude (intentionnelle). favorise la surenchère dans l’identifi- qu’elles ont été faites, n’ont pas su offrir

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 11


IDÉES ET DÉBATS

aux décideurs une vision globale et stra- Indépendamment des contraintes régle- Par cette nouvelle approche, le risk
tégique du profil de risques de l’organi- mentaires en vigueur, revoir l’approche manager est en mesure de faciliter les
sation. répond avant tout à la volonté d’optimi- points de rencontre entre les activités et
Au-delà des nécessaires évolutions à ser les saines pratiques de gestion des les risques et ainsi de renforcer l’articu-
apporter à l’approche même, telles risques et satisfaire aux enjeux de qualité lation de la stratégie business avec la
qu’évoquées supra, il convient égale- et d’excellence opérationnelle. stratégie risque. 
ment de repositionner les acteurs de la
filière risque et contrôle au niveau des Les trois éléments proposés permettent
décideurs (ex : responsables de pôles, de de faire évoluer l’approche « standard
directeurs). Ces acteurs sont eux les ges- processus » vers une approche « risk
tionnaires de leurs activités. Dans leurs management » à savoir la définition d’un « La mise en place de notre référen-
actes de management au quotidien, ils référentiel de risques, l’application de ce tiel de risques nous permet de pro-
portent la responsabilité de détecter, référentiel de risques au « référentiel poser à la direction générale une
suivre et piloter les risques pouvant por- entité » en majeur puis l’implication et vision agrégée de nos risques, de
ter atteinte à la bonne réalisation de la la responsabilisation des managers dans « casser » les frontières entre nos
stratégie business. Ce sont le plus sou- le dispositif. différents métiers et de renforcer le
vent ces dysfonctionnements ou risques pilotage de notre profil de risques à
qui sont évoqués lors des comités de La vision agrégée des situations de moyen terme. »
direction, c’est donc auprès de ces risques est l’élément fondamental pour Yves Vanhoute, directeur
acteurs que la gestion des risques prend déterminer le profil de risques de l’en-
finance, contrôle interne et
comptabilité, groupe B2V
tout son sens. treprise.
« Jusqu’alors, nous disposions de
La valeur ajoutée du risk manager vis-à- De la qualité des situations de risques
cartographies des risques offrant
vis de la direction générale sera alors identifiées dépendent la pertinence et la une vision détaillée et en silo des
d’apporter une vision consolidée et pro- fiabilité du dispositif, d’où les néces- risques portés par les processus.
fessionnalisée des risques, quand aupa- saires implication et responsabilisation Nous avons été séduits par la
ravant, celle-ci était restituée unitaire- des managers en tant que gestionnaires démarche qui consiste à structurer
ment et en silo. des risques de l’entité dont ils ont la les situations de risques par la mise
charge. en place d’un référentiel de risques
* * unique et partagé par notre
* La consolidation des situations de groupe, en capitalisant sur les tra-
risques, par catégorie de risques, sera le vaux déjà menés selon l’approche
Le temps est venu, afin de consolider les moyen, pour le risk manager, en appui de processus ».
acquis, de revisiter l’approche « proces- la direction générale, de donner de la Hervé Vandenbergue, responsa-
sus » et la faire évoluer vers une perspective et faciliter l’arbitrage de ble du département maîtrise des
approche résolument « risk manage- priorités. risques, MGEN
ment ».

12 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


INTERVIEW

Le Chairman of the Board


de l’IIA nous en dit plus
Entretien avec ...
Paul Sobel - Chairman of the Board de l’IIA (The Institute of
Internal Auditors)

le groupe de travail sur la gouvernance, P. S. : Non. Je voyage principalement en


parce que c'est un défi de faire beaucoup Amérique du nord, et plus particulière-
en un an. Vous êtes plus une figure de ment aux Etats-Unis.
proue qu'autre chose. En réalité, il s'agit Nous avons très peu d’affaires en
d'un poste bénévole qui requiert beau- Europe, et quelques-unes en Amérique
coup de votre temps, notamment en du sud et en Asie.
termes de déplacements, et il pourrait
être difficile d’occuper ce poste pendant L. V. : Qu'en est-il de votre personnel ?
plus d'un an. Si la plupart des entre-
prises sont prêtes à permettre à P. S. : Généralement, il voyage environ
quelqu'un de le faire pendant un an, 25 % de leur temps, et presque exclusi-
Louis Vaurs : Merci Paul Sobel de vous elles peuvent ne pas être prêtes à le faire vement aux États-Unis et au Canada.
prêter à cette interview. Ma première ques- pendant deux ou trois ans, ce qui serait
tion porte sur les rôles respectifs de vous- probablement la durée optimale pour L. V. : De combien de personnes est compo-
même et de Richard Chambers. Comment l’IIA. sée votre équipe ?
s’organisent-ils ?
L. V. : Comment conciliez-vous votre travail P. S. : Mon assistante administrative et
Paul Sobel : Le rôle de Richard, en tant à l'IIA et votre travail de responsable de moi-même inclus, nous sommes 25.
que président-directeur général, est de l’audit interne de votre entreprise ?
superviser et de diriger les opérations L. V. : Les grands instituts nationaux euro-
quotidiennes, mon rôle de Chairman of P. S. : Vous devez être un très bon jon- péens considèrent que l’IIA est plus une
the Board étant de traiter les sujets stra- gleur, ce qui signifie que vous devez être confédération d’instituts qu’un institut de
tégiques. en mesure de conserver plusieurs balles membres et qu’il faudrait en tirer les consé-
Lorsque Richard est entré en fonction, il en l’air. Je ne peux pas laisser tomber la quences au plan de la gouvernance. Qu’en
y a quelques années, il a constaté que balle famille car j'ai certaines obligations pensez-vous ?
ses pairs étaient généralement dénom- familiales à assumer. Je ne peux pas lais-
més PDG et il a donc demandé à porter ser tomber la balle travail, alors, quand P. S. : C’est un sujet controversé, qui a
le titre de président et de directeur géné- je suis en voyage dans le monde entier, fait l’objet de débats. En réalité, nous
ral. Président est un lien avec le passé et je communique par e-mail, je prends sommes un modèle hybride, c’est-à-dire
directeur général est un terme plus des- des décisions, etc. à la fois un institut de membres et un
criptif. C'est un défi, et mon équipe de direction institut d'instituts – ou confédération
– les personnes qui relèvent directement d’instituts – et la raison en est double.
L. V. : Vous êtes membre du comité exécutif de moi – doit admettre que je vais être Tout d’abord, il y a certains services de
de l’IIA depuis plusieurs années et vous absent un peu plus souvent. Je leur ai dit base (au premier rang desquels, les cer-
n’allez exercer vos responsabilités de Chair- que ce serait en fait une occasion pour tifications et les Normes) dont nous
man of the Board que pendant un an. eux d’accélérer leur développement. pensons qu’ils sont mieux rendus ou
C’est très court ! mieux développés, en étant reliés à une
L. V. : Voyagez-vous aux quatre coins du source unique. Les membres se sentent
P. S. : C'est exact et c'est un point que monde pour votre entreprise ? alors faire partie d’un tout : l’IIA mon-
nous avons abordé, en particulier dans dial.

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 13


INTERVIEW

Le deuxième obstacle est une question risk managers et insistions sur la nécessité quels sont vos objectifs prioritaires pour
de maturité. L’IFACI et la plupart des de bien définir les responsabilités de cha- cette année ?
grands instituts européens, ainsi qu'un cun, l’audit interne parfaitement intégré
certain nombre d'autres à travers le dans le business de l’organisation devant P. S. : Je vais vous donner une double
monde, sont assez matures et ils n'ont s’assurer du bon fonctionnement de ces dif- réponse. Tout d’abord, mon premier
pas besoin de l'aide de l'IIA mondial. férents acteurs. objectif est de faire en sorte que le plus
Cependant, de nombreux autres insti- Quelle est la position de l’IIA vis-à-vis de grand nombre possible d’auditeurs
tuts en cours de développement, qu’ils ces différents acteurs ? internes dans le monde, entendent ce
soient en formation ou instituts à part que je dis et répète sans cesse : « Imagi-
entière, sont très immatures, et ont P. S. : Face à eux, nous avons un grand nez toutes les possibilités », et assurez-
encore besoin d'un appui supplémen- défi à relever que l’on peut transformer vous que la profession, dans son ensem-
taire et de surveillance, et probablement en opportunité car on ne mesure pas ble, ne se contente pas de statu quo,
de la discipline imposée par l'IIA mon- encore à sa juste valeur l’assurance mais réfléchisse à tout ce qui peut être
dial . apportée par les auditeurs internes. fait à l’avenir, à la création de notre pro-
pre avenir.
Nous devons travailler à identifier les Par ailleurs, nous lançons une initiative
instituts réellement matures, et ce que issue du plan stratégique, classée haute D’autres initiatives plus tactiques sont
cela signifie dans leur relation avec l’IIA priorité. C’est le « projet umbrella », ou ont été prises sans que j’en sois
global ; et les instituts les moins même si je ne suis pas sûr que ce soit la nécessairement l’initiateur. Certaines
matures, et ce que cela signifie. bonne appellation. L'objectif ici est de sont en cours, d’autres sont déjà ache-
considérer ce que nous devrions faire vées ; elles concernent des certifica-
S’il existe une organisation régionale par rapport aux autres profes- tions, la transformation de
robuste guidée par l’IIA, nous pourrions sions. Devons-nous aider l'examen en quatre par-
laisser cette organisation face aux insti- les auditeurs internes à ties du CIA à un exa-
tuts en question. Cependant, nous n’en s’orienter vers les men en trois par-
sommes pas arrivés à ce stade. activités de la « Nous sommes l'Institut ties, et le dépla-
seconde ligne de des auditeurs internes. cement de la
Nous pouvons faire bien davantage en maîtrise et déve- reconnaissance
ce qui concerne les organisations régio- lopper plus de Ne l’oublions pas de l'expérience
nales et je pense que le conseil mondial documentation et n’essayons pas professionnelle
peut apporter une aide ainsi que le pratique ? Faut-il sur la CRMA à
comité des relations avec les instituts. Il fusionner avec une
de devenir un institut un examen de la
existe de nombreuses possibilités pour autre association, pour tout le monde » CRMA. Nous
faire avancer ce modèle. Nous devons procéder à l'acquisi- avons aussi pris des
donc trouver un moyen par lequel nous tion d'une association ou initiatives avec le
pouvons tous travailler ensemble. Nous tout simplement les ignorer conseil de stabilité finan-
avons tous le même objectif et nous en poursuivant notre chemin ? La cière, le conseil international sur
avons besoin de comprendre comment sagesse nous commande de dire le reporting intégré et avec d’autres orga-
nous pouvons procéder de façon à ce aujourd’hui : « Nous sommes l'Institut nismes de nature comparable.
que tous les instituts aient la possibilité des auditeurs internes. Ne l’oublions pas
de participer et d'avoir une voix dans les et n’essayons pas de devenir un institut Un des sujets que j’ai mis en priorité sur
décisions. Il est nécessaire qu'il existe un pour tout le monde ». ma liste est la convention cadre des rela-
niveau approprié de surveillance et de tions entre l’IIA et les instituts nationaux
reddition de comptes dans les deux Cependant, je crois qu'il y a des possi- – Master Relationship Agreement –
directions : l'IIA doit rendre des comptes bilités pour mieux nous coordonner avec (MRA), et je me suis assuré que les
aux instituts de même que les instituts les instituts qui nous sont proches. choses avançaient.
doivent rendre des comptes à l'IIA.
Je ne pense pas que nous devrions Je reconnais toutefois que tous les pro-
L. V. : Un tout autre problème concerne les changer de nom – nous sommes encore jets en cours ne pourront pas être tous
autres acteurs du contrôle interne et de la principalement concentrés sur l’audit signés durant mon mandat de prési-
gestion des risques. Nous avons publié à interne –, mais nous aurions intérêt à dent.
l’IFACI une prise de position, il y a cinq ans mieux connaître ce que font les autres
sur « l'Urbanisme du contrôle interne » : acteurs car cela nous permettrait de L. V. : Merci Paul de nous avoir mieux fait
Comment en améliorer l’efficacité ? Quelle mieux servir les auditeurs internes qui connaître votre rôle et de nous avoir confié,
place pour l’audit interne ? Nous notions portent plusieurs casquettes. sans langue de bois, les préoccupations
déjà la montée en puissance des contrôleurs actuelles de l’IIA. 
internes, des compliance officers et des L. V. : En tant que Chairman of the Board

14 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


DOSSIER

Les fondamentaux
de l’audit interne
De la réflexion à la mise en place
d’un plan d’audit

16 Le plan d’audit : Unité des principes et diversité


des pratiques
Jacques Renard

20 Audit bancaire : le plan d’audit, ce n’est pas


seulement un calendrier…
Christiane Legat

23 Mise en place du plan d’audit dans un groupe


d’assurances
Bertrand Lefebvre

26 La mise en œuvre de l’audit interne chez EDF :


structure et méthodes
Michel Uhart

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 15


DOSSIER

Le plan d’audit :
Unité des principes
et diversité des pratiques
Jacques Renard

dans des audits de comptabilité ou de


Après une phase de questionnements : quelles missions d’audit faut-il conduire ?
contrôle de gestion. Et s’il n’y a pas
comment faire le choix ? ; une phase d’organisation et de prévisions : élaboration d’auditeur de formation ingénieur on
d’un planning annuel, est arrivée la troisième phase qui a vu le plan d’audit s’affir- oubliera le domaine technique.
mer dans toutes ses dimensions, avec l’élaboration d’un plan pluriannuel.
La mise en œuvre de la norme 2010 nécessite une méthode d’évaluation des risques • Cette attitude se conjugue alors sou-
vent avec une autre qui parfois se
(cartographie) et la définition d’un univers d’audit. Reste à fixer les règles du ranking,
substitue totalement à elle. C’est celle
estimer le temps de travail de chaque mission, et soumettre le plan à la DG, car c’est qui fait de l’audit interne un service
elle qui décide en fonction de sa politique de risque. « à la discrétion » du président ou du
directeur général. On initie alors des
missions d’audit en fonction des
craintes ou des préoccupations ou des
La maturation du concept et

D
e tout temps les organisations, difficultés de la direction générale. Et
les activités se sont construites son évolution ce sont alors trop souvent les idées du
par stratifications successives, moment, les hasards d’une rencontre
les dernières couches apportant complé- La première question qui s’est posée ou d’une réflexion qui vont déclen-
ments et améliorations à l’existant. L’au- dans les premiers temps de l’audit cher l’ordre de mission… sans parler
dit interne et l’une de ses composantes interne fut : « Quelles missions d’audit des réunions du petit matin, convo-
essentielles, le plan d’audit, n’ont pas faut-il conduire ? Comment faire le quées toute affaires cessantes, pour
échappé à cette règle. choix ? » La réponse a été évidemment répondre à un problème, fruit des
Au commencement du commencement empirique, c'est-à-dire par essence insomnies de la nuit précédente.
le mot « plan d’audit » n’existait pas intuitive et irrationnelle. Cela conduisit
encore et l’on était dans la phase pri- à trois attitudes possibles qui perdurent • Enfin, il existe un troisième critère de
maire du concept. Dans la phase secon- encore ça et là. choix qui est le critère événementiel.
daire, le mot est apparu qui recouvrait La mission est déclenchée à la faveur
des réalités diverses. Puis vint une troi- • Très souvent les intéressés choisissent d’un accident, d’une erreur grave,
sième période de clarification et de en fonction de leur intuition ou de d’une malversation… On réagit à
rationalisation qui a largement trans- leur préoccupation. On suit l’inspira- l’événement, ce qui en soi n’est pas
formé le concept en outil, le réflexe en tion du moment ce qui revient à se condamnable, mais on ne réagit qu’à
méthode de travail, la déclaration d’in- diriger dans les secteurs que l’on l’événement.
tentions en véritable contrat. L’existant connaît bien. Avec des auditeurs de
actuel est d’autant plus solide qu’il formation commerciale on initiera des Il est assez vite apparu que ces modes
répond à une nécessité et repose sur une audits dans les ventes ou le marketing de fonctionnement ne pouvaient perdu-
obligation. Mais la démarche exige de la et avec des auditeurs de formation rer : ils privilégiaient le présent et omet-
méthode et des compétences. financière on sera porté à investir taient un élément essentiel dans l’orga-

16 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


De la réflexion à la mise en place d’un plan d’audit

nisation du travail : la prévision. Il fallait née même si « hors plan annuel » on rarement pures : elles conservent sou-
donc avoir un plan pour savoir où l’on prend en compte les enseignements vent et tout naturellement des traces des
voulait aller. d’une cartographie des risques. évolutions antérieures, marquées par la
Il permet néanmoins de comparer pré- culture et le milieu professionnel. Telle
La seconde phase est celle du plan visions et réalités, donc de réaliser une organisation fera encore une large place
annuel, nous dirons du planning. Très certaine mesure de l’efficacité de l’audit aux idées du président et telle autre
vite on s’est avisé qu’il fallait s’organiser interne. fonctionnera encore avec un plan
et donc prévoir le travail pour mieux le annuel mais corrigé par la prise en
réaliser. L’idée du plan s’est d’autant Mais c’est avec la troisième période compte – non écrite – de la variabilité
plus imposée que – ainsi que nous le que le plan d’audit s’est affirmé dans des risques sur les années à venir… ce
verrons – les Normes professionnelles toutes ses dimensions. On a alors éla- qui est déjà une manière de plan plu-
sont apparues et ont créé l’obligation. boré un plan pluriannuel (sur trois ou riannuel. Et de fait, les applications spé-
De surcroît il fallait bien faire coïncider cinq ans). Pourquoi ? cifiques et partielles des grands prin-
les besoins avec les possibilités, les Parce que c’était la seule façon de répon- cipes ne sont pas nécessairement
objectifs avec les moyens. On est alors dre à l’exigence de la Norme 2010 : « Le condamnables dès l’instant qu’elles sont
parti d’un effectif prédéterminé, selon responsable de l’audit interne doit établir prises en connaissance de cause. Le
des critères variables et approximatifs, et un plan d’audit fondé sur les risques afin monde n’est pas géométrique et singu-
parfois même sans autre critère que le de définir les priorités cohérentes avec les lièrement celui de la gestion.
fait du prince : « je peux vous donner objectifs de l’organisation ». Cette troi-
quatre auditeurs »… et on fait avec ! sième période n’est donc que la mise en L’exigence normative
Donc, compte tenu de l’effectif, on voit œuvre de l’exigence normative. Le plan
ce qu’on peut faire. sur trois ou cinq ans va permettre de Dans la norme 2010 chaque mot
Ce plan annuel est déjà un progrès très donner une vue d’ensemble de toutes compte :
sensible puisqu’il planifie les missions à les missions à accomplir. A partir de là • C’est « le responsable de l’audit
réaliser et constitue un objectif précis on formalise la périodicité, donc la prise interne » qui a la charge de la mise en
pour l’audit interne. En cela, mais en en compte du risque et du même coup œuvre du plan ; c’est lui qui doit en
cela seulement, il répond aux Normes on responsabilise les décisionnaires. répondre et il ne peut s’en décharger
de l’audit interne. Il fait l’impasse sur la sur personne d’autre.
notion de risque ou ne la retient que Avant de l’aborder dans le détail, obser- • Il « doit » : c’est une obligation à
pour les missions planifiées dans l’an- vons que les situations rencontrées sont laquelle on ne peut se soustraire. Ne

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 17


DOSSIER

pas faire de plan d’audit c’est se placer œuvre d’une cartographie. Notons sim- gent et le plan d’audit doit en tenir
en dehors des Normes de la profes- plement que la norme 2010.A1 précise compte, il ne saurait être figé.
sion ; c’est donc faire tout autre chose sans ambiguïté « Le plan d’audit doit C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le
que de l’audit interne. s’appuyer sur une évaluation des risques plan d’audit, fut-il pluriannuel, doit être
• On doit établir « un plan ». Un plan documentée et réalisée au moins une fois refait chaque année. Ce n’est pas seule-
d’audit ne tient pas sur une page ; ce l’an ». Peu importe qu’il y ait dans l’or- ment un plan glissant, c’est l’ensemble
ne saurait être une note de synthèse ganisation un risk manager ou non. S’il qui doit être actualisé.
ou une déclaration d’intentions ou un existe on s’appuiera bien évidemment Cet univers d’audit va être utilisé à des
objectif général. Il doit y avoir a sur ses travaux ; s’il n’existe pas il faudra fins bien précises et selon une méthode
minima une liste des actions à réaliser développer une méthode d’évaluation qui n’est pas uniforme. Chacun a la
avec des dates et des délais impartis. afin de satisfaire aux exigences norma- sienne, l’important est qu’il y en ait une.
• Ce plan doit être « fondé sur les tives. La pratique nous offre de nom- Décrivons la plus habituelle dans ses
risques ». C’est le critère qui doit être breuses méthodes, plus ou moins composantes essentielles.
retenu pour faire les choix et il n’y en sophistiquées, pour y parvenir tel le sys-
a pas d’autre. La gravité ou l’insigni- tème RADAR1 qui retient trois critères La méthode
fiance des risques se mesure par rap- d’appréciation. Le GRID Model va
port aux objectifs : le risque à prendre encore plus loin dans l’affinement en La cartographie des risques étant prise
en compte est donc celui qui, directe- retenant des critères relevant du niveau en compte et l’univers d’audit défini, il
ment ou indirectement, est suscepti- de compétence des auditeurs2. Peu convient d’élaborer les méthodes appro-
ble de nuire à la réalisation des objec- importe la méthode, l’important est qu’il priées afin de :
tifs. y en ait une. Mais la MPA 2010-2/6 • fixer les règles du ranking ;
• « Afin de définir les priorités ». La confirme la prééminence du risk mana- • estimer le temps de travail de chaque
notion de risque est prise en compte gement lorsqu’il existe « La planification mission et en déduire les budgets
avec la définition des priorités. Ce ne de l’audit interne doit s’appuyer sur le pro- d’effectif ;
sont ni le temps passé, ni la qualifica- cessus de management des risques de l’or- • soumettre le plan à la direction géné-
tion des auditeurs qui sont à retenir ganisation lorsque celui-ci a été déployé ». rale.
mais uniquement le timing des inter-
ventions. L’activité comportant un L’univers d’audit Observons, pour ne plus avoir à y reve-
risque grave sera auditée en priorité, nir, que toutes ces méthodes font large-
donc souvent, celle représentant un La première colonne d’un plan d’audit ment appel à de multiples outils infor-
risque mineur sera auditée plus rare- est constituée par la liste des missions à matiques, statistiques… plus ou moins
ment, d’où l’intérêt du plan plurian- réaliser. Comment l’établir ? Il n’existe sophistiqués selon les objectifs et l’im-
nuel qui fait visuellement ressortir la pas de méthode mais il y a un objectif. portance de l’organisation. Mais in fine
répartition des priorités. C’est la MPA 2010-1/1 qui nous précise il faut s’organiser pour être en mesure
• Et à la condition que ceci soit en cohé- la pratique à retenir : « En élaborant le d’apporter une réponse à chacun des
rence « avec les objectifs de l’orga- plan d’audit, la plupart des responsables de trois objectifs ci-dessus énoncés. Le plan
nisation ». Les secteurs ou activités à l’audit interne choisissent d’abord de déve- d’audit sera alors achevé.
risques stratégiques sont évidemment lopper ou d’actualiser l’univers d’audit.
prioritaires. D’ailleurs, afin qu’il ne L’univers d’audit recense tous les audits Le ranking
soit rien omis, la norme 2010.A2 pouvant être réalisés ». Il s’agit donc de
prend bien soin de préciser que « le la liste exhaustive de toutes les missions C’est la mise en œuvre des priorités en
responsable de l’audit interne doit iden- d’audit couvrant toutes les activités de fonction des risques, exigée par la
tifier et prendre en considération les l’organisation. C’est le grand principe : norme. Pour y parvenir il est indispen-
attentes de la direction générale et du tout doit être auditable, donc audité. Et sable que la cartographie assigne à
conseil ». on veille à ce que les demandes de la chaque élément de l’univers d’audit
direction générale et les attentes du (donc à chaque mission potentielle) un
Au total, cette norme essentielle exige management soient bien prises en coefficient de risque et à partir de ce
deux préalables pour sa mise en œuvre : compte. coefficient chacun définit sa règle de fré-
l’existence d’une cartographie des C’est à partir de là que le responsable quence. Certains, partant de la connais-
risques et la définition d’un univers doit préparer son plan. Cet univers d’au- sance qu’ils ont de l’organisation, fixent
d’audit. dit doit être révisé « au minimum une les priorités sans méthode particulière et
fois l’an » précise la MPA 2010-1. Ce qui avec le recours à la simple concertation.
La cartographie des risques se comprend parfaitement : nous Pourquoi pas ? La connaissance empi-
sommes dans un domaine où tout rique, si elle est réelle et solide, peut
L’objet de cet article n’est pas de définir change. Les organisations changent, les aussi donner de bons résultats.
les règles et méthodes pour la mise en méthodes changent, les risques chan- On peut aussi disposer du système

18 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


De la réflexion à la mise en place d’un plan d’audit

basique à trois niveaux : Pour ce faire certains estiment le temps On dispose alors d’un projet de plan ;
1. risque faible, nécessaire en semaines / auditeurs ; le plus important reste à faire.
2. risque moyen, d’autres, plus perfectionnistes comptent
3. risque fort. en jours / auditeurs… Peu importe, l’es- La direction générale
sentiel est d’obtenir un chiffre vraisem-
On décidera alors (par exemple) : blable. On le définit à partir de toutes les Car c’est elle qui décide. Et elle décide
• qu’au coefficient 1 correspond un informations disponibles. La plus par- en fonction de sa politique de risque,
audit tous les 4 ou 5 ans ; lante reste bien évidemment le nombre c’est à dire des choix qui ont été faits en
• au coefficient 2, un audit tous les 3 de semaines / auditeurs utilisés lors de matière d’appétence pour le risque et de
ans ; la dernière mission sur le même sujet… tolérance au risque. On doit donc impé-
• et au coefficient 1, un audit tous les 1 s’il y en a eu une ! Et, même dans ce cas, rativement lui présenter le projet pour
ou 2 ans. il faudra ajuster le chiffre en fonction des approbation ou modifications. Ce n’est
évènements connus. L’activité s’est-elle que l’application de la norme 2600 sur
Le système RADAR, plus sophistiqué, complexifiée ou est-elle en réorganisa- la « communication relative à l’accepta-
utilise des coefficients allant de 1 à 27. tion ? Le temps à prévoir sera alors tion des risques ». Et si la direction géné-
Le ranking est alors déterminé par majoré. L’équipe d’auditeurs est-elle rale avance que les 12 auditeurs prévus
groupes de coefficients ; par exemple : plus expérimentée ? Plus performante ? en 2014 ne pourront être mis à disposi-
• de 1 à 8 : un audit tous les 5 ans ; On procédera alors à une diminution. tion mais que l’on ne pourra en avoir
• de 9 à 15 : tous les 4 ans ; Tous ces éléments figurent dans les que 10 ; alors, il lui appartient, d’indi-
• etc. commentaires IFACI de la norme 2010. quer sur quelle activité du plan elle
Au total et pour chaque année on va accepte de prendre plus de risques que
Les coefficients étant connus et la règle disposer d’un chiffre qui, à partir de la ceux qui ont été calculés. Et les ajuste-
fixée, on pourra positionner la date d’in- connaissance du nombre moyen de ments seront réalisés en conformité avec
tervention dans l’année adéquate en semaines de travail d’un auditeur dans ces indications.
s’efforçant de réaliser en apparence un l’année, va permettre d’arriver à un Le plan définitif est alors achevé.
équilibre annuel de la charge de travail. effectif nécessaire. Mais il va falloir affi-
Cet aspect sera peaufiné à l’étape sui- ner avant de passer à l’étape suivante. * *
vante. On connaît ainsi les missions à *
réaliser chaque année. C’est à partir de Le premier ajustement va consister à
là que l’on pourra établir le planning ajouter une « provision » d’effectif pour En conclusion, le document final a bien
détaillé de l’année à venir. évènements imprévus, donc audits pris la forme de ce qu’il doit être : un
Si l’important n’est pas la méthode imprévus. Il peut toujours y avoir une contrat passé entre l’audit interne et les
choisie, il est néanmoins essentiel que urgence, une activité nouvelle, une organes de la direction.
celle-ci réponde à deux exigences : demande inhabituelle mais incontour- Ce contrat constitue du même coup les
• elle doit conduire à des résultats en nable et le plan ne saurait être un obs- objectifs de l’audit interne et on doit
cohérence avec la stratégie de l’entre- tacle à l’action. L’important est de veiller s’organiser pour être en mesure d’en
prise ; à ce que l’exception ne devienne pas la suivre la réalisation et de rendre compte.
• elle doit être en ligne avec la culture règle : on assignera donc une limite, en Le problème de sa communication n’est
de l’organisation. général + 10% maximum, et on en sur- pas, non plus, résolu de façon uniforme.
veillera l’utilisation. La règle de la transparence exigerait
Il convient ensuite de définir les moyens qu’il soit communiqué à tous les intéres-
nécessaires pour atteindre les objectifs Le second ajustement consiste à obtenir sés, donc à tous les audités potentiels.
ainsi fixés. En d’autres termes : combien une cohérence dans les résultats. En Mais la culture, la nature des activités,
d’auditeurs ? effet, on ne pourrait présenter un plan les contraintes spécifiques conduisent à
qui verrait les effectifs varier brutale- retenir des procédures de communica-
Les effectifs ment : 12 auditeurs en 2014 puis 21 en tion diverses et variées.
2015 et 13 en 2016… Ce serait ingérable Quoi qu’il en soit et en toute matière, le
On a bien compris que l’on ne part pas en termes de ressources humaines et de grand principe à retenir est de toujours
des effectifs pour définir un plan mais formation. On va donc, par simple glis- ne mettre en œuvre que des règles sim-
que le plan, défini en fonction des sement des missions d’une année sur ples et compréhensibles par tous.
risques, va induire un certain effectif. l’autre (et sans modifier la périodicité), « La simplicité est aussi une vertu intellec-
Cet effectif nécessaire est estimé et cette s’efforcer d’arriver à une courbe d’évo- tuelle »3. 
estimation n’est évidemment qu’ap- lution des effectifs qui ne marque que
proximative. Il s’agit de déterminer un des variations progressives, à défaut de 1 Ressources of Audit Department Allocated by
ordre de grandeur, nous ne sommes pas stabilité. Risks.
2 Pour plus de détails on consultera les ouvrages
dans les prévisions comptables.
appropriés.
3 A. Comte-Sponville « Petit traité des grandes ver-
tus » PUF.

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 19


DOSSIER

Audit bancaire :
le plan d’audit, ce n’est pas
seulement un calendrier…
Christiane Legat, Head of Internal Audit, General Electric Corporate Finance Bank

La construction du plan d’audit se base avant tout sur la cartographie des risques recommande les diligences suivantes en
matière de supervision bancaire :
établie par l’audit interne. La première étape consiste à traduire le niveau de risque
« L’autorité de contrôle établit que la fonc-
attribué à chaque objet auditable. La deuxième étape est la prise en compte des tion d’audit interne :
objets auditables, dont le niveau de risque n’a pas été évalué au moyen de la carto- • s’appuie sur une méthodologie permet-
graphie. La troisième étape consiste à évaluer les moyens humains nécessaires à la tant d’identifier les risques significatifs
réalisation des missions programmées. La dernière étape est la mise en cohérence encourus par la banque ;
• prépare et réexamine régulièrement un
des besoins théoriques déterminés avec les ressources et les budgets effectivement
plan d’audit reposant sur sa propre éva-
disponibles. luation du risque et répartit ses res-
sources en conséquence ».

… une attente en matière de


bonne gouvernance

L
e plan d’audit est un outil-clé l’audit interne doit « établir un plan d’au-
pour l’audit interne. Il constitue dit fondé sur les risques afin de définir des
une réponse à des « demandes » priorités cohérentes avec les objectifs de l'or- L’IFA (Institut Français des Administra-
multiples : des normes, des recomman- ganisation ». teurs) préconise que « le Comité d’audit
dations, des préconisations voire une La norme 2010.A1 précise : « le plan soit impliqué en amont dans l’examen du
exigence réglementaire. d'audit interne doit s'appuyer sur une éva- plan d’audit interne afin de demander
Sa construction nécessite la prise en luation des risques documentée et réalisée d’éventuels compléments de travaux ».
compte de nombreux éléments au pre- au moins une fois par an. Les points de vue
mier rang desquels figure la cartogra- de la direction générale et du conseil doivent … et surtout une exigence
phie des risques établie par l’audit être pris en compte dans ce processus ». réglementaire
interne. Enfin, la norme professionnelle 2020
Enfin, la communication du plan, sa prévoit que « le responsable de l’audit doit L’article 9 du règlement CRBF 97-02
mise en œuvre et son suivi exigent du communiquer à la direction générale et au mentionne deux horizons en termes de
responsable de l’audit interne beaucoup conseil son plan d’audit et ses besoins pour planification :
de finesse. examen et approbation ». • « Les moyens affectés au contrôle pério-
dique […] doivent être suffisants pour
Le plan d’audit : une réponse à … une « nouvelle » mener un cycle complet d'investigations
des « demandes » nombreuses recommandation de l'ensemble des activités sur un nombre
… des normes professionnelles d'exercices aussi limité que possible ». Il
Dans les « Principes fondamentaux pour s’agit clairement là d’une vision plu-
La norme 2010 « Planification » de l’IIA un contrôle bancaire efficace » publié en riannuelle de la planification.
(Institute of Internal Auditors) stipule que septembre 2012, le Comité de Bâle • En outre, il est précisé qu’« un pro-

20 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


De la réflexion à la mise en place d’un plan d’audit

gramme des missions de contrôle doit être


établi au moins une fois par an en inté-
grant les objectifs annuels de l'organe
exécutif et de l'organe délibérant en
matière de contrôle ».

L’expression « nombre d’exercices aussi


limité que possible » peut donner lieu à
interprétation et peut donc poser diffi-
culté mais on observe généralement
que :
• si les pratiques diffèrent selon les
pays, la durée communément admise
en France n’excède pas cinq ans ;
• pour certains thèmes spécifiques, tels
la lutte contre le blanchiment et le
financement du terrorisme, l’homolo-
gation Bâle II, le cycle peut être d’un
an ;
• les banques raisonnent et communi-
quent généralement en durée maxi-
male entre deux audits en fonction du
niveau de risque de leurs principales
activités.
Par ailleurs, la stratégie de la banque Peuvent être considérées comme des
Le plan d’audit : une peut connaitre des infléchissements, des missions « hors plan », les missions ini-
construction qui nécessite la changements (nouvelles orientations, tiées suite à la survenance d’un événe-
prise en compte de nombreux restructuration, migration informatique, ment grave ou à la détection par les
éléments cession…) qui peuvent entrainer des contrôles permanents d’un incident
demandes spécifiques de missions à majeur. Elles peuvent aussi être liées à la
Il est acquis, aujourd’hui, que l’élabora- intégrer dans le plan d’audit. création de nouvelles activités, à des
tion du plan d’audit doit reposer avant opérations d’acquisition …
tout sur une cartographie des risques Enfin, l’occasion de réaliser des audits Sur cette base, le plan d’audit peut être
établie par l’audit interne lui-même, en mutualisés peut amener à positionner construit en fonction de deux
tenant compte, bien évidemment, des une mission dans le plan, plus en raison contraintes qui conditionnent sa faisa-
« cartographies » de risques élaborées de la disponibilité d’intervenants aux bilité :
par d’autres fonctions et disponibles au compétences techniques rares, par • les ressources humaines disponibles
sein de la banque. exemple, qu’en fonction d’une lecture qui constituent une contrainte parfois
directe et stricte de la cartographie des très prégnante dans la planification
Outre cette cartographie des risques, risques. des audits (rythme des missions,
d’autre « sources » peuvent ou doivent congés, compétences spécifiques dis-
nourrir l’élaboration du plan d’audit. Il se peut aussi que des contraintes jus- ponibles, etc.) ;
Certaines missions récurrentes sont tifiées de l’entité à auditer soient à inté- • les budgets alloués à l’audit vont aussi
obligatoirement inscrites au plan d’audit grer dans la construction du plan d’au- guider la construction du plan d’au-
du fait de la régularité nécessaire de ces dit, notamment par le repositionnement dit ; après avoir calibré les besoins, ce
missions : prestations de services essen- de la mission à un moment plus oppor- calibrage sera confronté au budget
tielles externalisées, homologation Bâle tun. Ce type de situation doit conserver alloué et les arbitrages entre les diffé-
II, lutte contre le blanchiment et le un caractère exceptionnel. rentes missions du plan pourront
financement du terrorisme… avoir lieu.
Le plan d’audit, qu’il soit annuel ou plu-
Dans le même ordre d’idée, l’attention riannuel, a donc vocation à présenter la Rappelons que le comité d’audit doit
croissante que porte le régulateur au totalité des missions d’audit, à l’excep- être informé de tout changement du
suivi des recommandations peut tion de celles « hors plan » qui résultent plan et notamment des missions qui
conduire à programmer plus ou moins par définition d’évènements non prévi- n’ont pu être réalisées faute de res-
régulièrement des missions dédiées à ce sibles au moment de l’élaboration du sources ou suite à des arbitrages liés aux
suivi. plan. contraintes rencontrées.

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 21


DOSSIER

Le plan d’audit : une construction du plan d’audit est la mise cités de l’activité de l’audit interne :
construction en quatre étapes en cohérence des besoins théoriques • pour des questions d’indépendance
déterminés avec les ressources et les liées à la fonction, la cartographie de
La construction du plan d’audit se base budgets effectivement disponibles. l’audit ne fait pas l’objet d’un proces-
avant tout sur la cartographie des sus contradictoire avec les unités
risques établie par l’audit interne. Au-delà de l’élaboration du plan d’au- auditées ;
dit, sa communication, sa gestion au • il ne peut y avoir communication
La première étape dans le passage de quotidien et son suivi exigent de la part détaillée du plan d’audit aux audités
la cartographie des risques au plan d’au- du responsable de l’audit interne beau- afin de préserver la confidentialité des
dit consiste donc à traduire le niveau de coup de finesse. On peut parler d’ajus- missions à venir.
risque attribué à chaque objet auditable tement permanent.
par la cartographie des risques en une En conclusion, l’élaboration et la com-
fréquence d’audit cohérente. Cette fré- Plan d’audit : information, munication du plan d’audit constituent
quence est le premier critère de pro- communication et beaucoup une saine pratique de gestion. Elles per-
grammation des missions dans le plan- de finesse… mettent au responsable de l’audit
ning à élaborer par le responsable de interne de fournir aux instances de gou-
l’audit interne. La communication sur le plan d’audit vernance de la banque une vision glo-
est en général prévue dans la charte bale des risques et de préciser la manière
La deuxième étape dans la construc- d’audit interne. dont les missions d’audit vont assurer la
tion du plan d’audit est la prise en La communication aux organes exécu- couverture de ces risques. 
compte des objets auditables dont le tifs, délibérants ou à leur émanation (un
niveau de risque n’a pas été évalué au comité d’audit par exemple) peut por-
moyen de la cartographie. ter :
Faute de disposer d’un niveau de risque • d’une part, sur la cartographie des
issu de la cartographie pour la détermi- risques établie par l’audit, notamment
nation de la date à laquelle positionner pour clarifier les priorités et expliquer
ces objets auditables dans le plan d’au- les choix effectués pour bâtir le plan
dit, la date sera alors fixée en fonction d’audit ;
d’autres critères nécessairement plus • d’autre part, sur le plan d’audit lui-
subjectifs. A titre d’exemple, une entité même pour en obtenir la validation Christiane Legat intègre, en 1983,
récemment acquise sera souvent auditée globale ce qui permet de donner un le groupe Caisse d’Epargne où elle
dans l’année qui en suit la prise de caractère officiel au dispositif. En effet, participe à la mise en place d’un
contrôle, alors que pour une nouvelle la norme professionnelle 2020 prévoit
nouveau système de formation.
activité, un délai d’un à deux ans sera que « le responsable d’audit doit commu-
Elle rejoint ensuite le service inspec-
parfois nécessaire avant de disposer du niquer à la direction générale et au
recul suffisant pour en effectuer une conseil son plan d’audit et ses besoins
tion générale en tant que chef de
analyse pertinente. pour examen et approbation ». mission.
Cherchant une orientation plus
La troisième étape consiste en l’évalua- Pour ce qui concerne la communication internationale, elle prend la res-
tion des moyens humains nécessaires du plan d’audit, celle-ci pourra prendre ponsabilité de l’audit interne de
pour la réalisation des missions pro- la forme d’une présentation de la pro- Rabobank International Paris en
grammées dans le plan d’audit. grammation des missions sur le cycle 1991.
Ce dimensionnement, à la fois quanti- d’audit avec un focus sur le plan de l’an- En 1999, on lui propose le même
tatif (nombre d’auditeurs et temps née à venir.
type de fonction à la Bayerische
alloué) et qualitatif (domaines et
Landesbank. Elle y approfondit son
niveaux de compétence, durée d’expé- La communication avec les autres fonc-
rience des auditeurs), sera fonction de tions en charge du contrôle interne est
expertise en matière de titrisation
critères multiples : le contexte de la mis- intégrée aux échanges réguliers définis et LBO.
sion, le degré de complexité de l’activité par les règles en vigueur dans chaque Depuis 2006, elle est Head of Inter-
ou de l’organisation de l’entité auditée, banque. Certaines banques ont ainsi nal Audit de General Electric Cor-
la taille des équipes auditées et leur institué un comité de coordination du porate Finance Bank (GE CFB).
implantation, le besoin de compétences contrôle interne. Titulaire d’un DESS « Banques et
spécifiques en matière technique ou lin- Finances », certifiée CFSA, elle pré-
guistique, etc. La communication avec les autres side le groupe professionnel
métiers de la banque est nécessairement
« Banque » de l’IFACI.
Enfin, la dernière étape dans la plus restreinte compte tenu des spécifi-

22 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


De la réflexion à la mise en place d’un plan d’audit

Mise en place du plan d’audit


dans un groupe d’assurances
La mise en place d’un plan d’audit est un des trois processus majeurs de la fonction
d’audit interne avec l’exécution des missions et le suivi des recommandations. Le
plan d’audit se construit au niveau consolidé du groupe et pour chacune des prin-
cipales sociétés d’assurances. L’élaboration du plan d’audit est un processus struc-
turé et itératif qui vise la meilleure adéquation entre les besoins d’éclairage et d’as-
surance sur la maîtrise des risques du groupe de la part des différentes parties pre-
nantes, et les ressources disponibles.

Un processus majeur est le cycle d’audit adopté par le


groupe). La qualité de cette couverture,
La mise en place du plan d’audit dans et donc de facto du plan d’audit, réside
un groupe d’assurances, comme dans dans la bonne prise en compte des prin-
Bertrand Lefebvre cipaux enjeux économiques, opération-
toute entreprise, constitue l’un des trois
Directeur contrôle général, Covéa processus majeurs de la fonction d’audit nels, réglementaires et, bien entendu,
interne. L’exécution des missions et le des risques auxquels fait face l’entre-
suivi des recommandations sont les prise.
deux autres processus qui en découlent.
Diplômé de Sup de Co Dijon, et J’ajoute que le plan d’audit, tout comme
d’un 3ème cycle de finance interna- Processus majeur, car il doit répondre de la couverture des besoins, se construi-
tionale à Londres, Bertrand façon satisfaisante aux attentes de plu- sent tant au niveau consolidé groupe,
Lefebvre a commencé sa carrière sieurs parties prenantes, notamment la que pour chacune des principales socié-
au GAN à New York de 1988 à direction générale, le comité d’audit, tés d’assurances.
1990. De retour en France, il intègre mais aussi l’Autorité de Contrôle Pru-
la direction internationale MMA dentiel et de Résolution (ACPR). La Enfin, gage de l’importance de ce pro-
comme analyste économique et tutelle du secteur banque et assurances cessus, le niveau de couverture de l’uni-
financier, avant d’être contrôleur a développé récemment des exigences vers d’audit et le respect de la déclinai-
de gestion international puis res- accrues concernant la fonction d’audit son annuelle du plan figurent parmi les
ponsable de zone étrangère.
interne (cf. schéma ci-après). objectifs de notre politique d’audit
Successivement chef de cabinet du
interne qui sont mesurés et rapportés.
directeur général MMA, puis res-
ponsable du reporting et de l’ins- L’audit interne doit pouvoir offrir une
pection générale MMA entre 1998 visibilité pluriannuelle sur son pro- Une approche
et 2006, il dirige depuis 2007 la gramme d’activité : trois ans est la multidimensionnelle
direction contrôle général Covéa norme retenue par Covéa. En complé-
composée de deux directions dis- ment, une mise en perspective sur cinq Même si le plan fait l’objet d’actualisa-
tinctes : la direction audit interne ans des missions au regard de l’univers tions récurrentes en cours d’année, son
groupe et la direction contrôle d’audit permet d’effectuer une analyse élaboration s’inscrit naturellement dans
interne et conformité groupe. de la couverture des besoins (cinq ans les processus généraux de planification

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 23


DOSSIER

Schéma simplifié de construction et de validation du plan d’audit

Etape 1 Etape 2 Etape 3

Bilan du plan d’audit


précédent Vérification du
Evolutions
réglementaires niveau de
Cartographie des couverture d’audit
risques sur 3 axes :
Changements - Juridique
- Risques
significatifs de - Opérationnel
Echanges avec les périmètre,
fonctions gestion des processus ou Présentation du
risques, conformité et activités Projet plan au comité
autres structures de de plan d’audit,
contrôle de 2e niveau d’audit ajustements et
Revue prospective validation
et rétrospective des
résultats
Examen des Echanges et
contrôles externes : ajustements avec
• Commissaires aux la direction
comptes Expérience et générale sur le
• Autorité de Contrôle expertise équipes projet
Prudentiel et de d’audit
Résolution

stratégique et budgétaire du dernier tri- Telles sont quelques-unes des questions (contrats d’assurances vie non réclamés,
mestre. Ceci afin de bien intégrer les que nous devons nous poser. devoir de conseil en assurance vie, dis-
priorités de l’entreprise et d’anticiper du positif de résiliation des contrats Iard de
point de vue opérationnel sur les éven- L’examen des revues intérimaire et défi- particuliers dit loi Chatel, traitement des
tuels besoins en ressources externes nitive des commissaires aux comptes, réclamations clients…) ont récemment
expertes. doublé d’un échange commenté en réu- marqué l’actualité et doivent trouver
nion, permet d’éviter la duplication des leur place dans le plan d’audit.
Première source d’alimentation du futur travaux et de jouer la complémentarité
plan d’audit, le bilan du plan précédent : (prise de connaissance de leur côté de Une revue prospective et rétrospective
missions non réalisées faute de temps nos missions). Les auditeurs externes se des objectifs et des résultats des sociétés
disponible, missions volontairement dif- concentrent plus naturellement sur les et des branches d’activités est menée
férées après arbitrage, enjeux non cou- processus concourant à l’élaboration de pour faciliter le travail de priorisation.
verts ressortant de l’analyse anté- l’information comptable et financière. Pour mémoire, il existe, en comptant les
rieure… filiales étrangères, plus d’une quaran-
Autre acteur de la quatrième ligne de taine de sociétés d’assurance au sein du
Deuxième source, la cartographie des maîtrise à prendre en compte, l’ACPR. groupe Covéa et plus d’une trentaine de
risques et les échanges avec les respon- Avoir connaissance des résultats des branches pratiquées : automobile, habi-
sables de la gestion des risques, du contrôles effectués par la tutelle ou de tation, assistance, loisirs, santé indivi-
contrôle interne, de la conformité et des ceux qui sont en cours, conduit parfois à duelle et collective, épargne, professions
autres structures de contrôle permanent réaliser des arbitrages. libérales, collectivités, maritime et trans-
de deuxième niveau. Y a-t-il des risques port, caution, aviation/spatiale… Les
élémentaires qui s’aggravent ou des Plus généralement, il convient d’intégrer changements significatifs de périmètre
risques importants dont le dispositif de les préoccupations du régulateur, qui ou de management, les évolutions d’ac-
maîtrise reste insuffisant de façon nota- au-delà des législations, publie aussi tivité ou modifications de processus clés
ble ? Est-ce que les grandes familles de désormais des recommandations et des sont également pris en considération.
risques au niveau macro (risques finan- instructions. Les thèmes relatifs à la lutte
ciers, assurances, opérationnels dont contre le blanchiment et le financement Enfin, les informations collectées par les
réglementaires, stratégiques et réputa- du terrorisme ou de la protection de la équipes d’audit de façon formelle ou
tion) sont correctement couvertes ? clientèle avec ses diverses déclinaisons informelle, l’expérience et l’expertise de

24 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


De la réflexion à la mise en place d’un plan d’audit

ses responsables vont venir compléter le Nous menons ensuite une nouvelle
processus de structuration du plan. consolidation qui tient compte d’arbi-
Une première version de plan est établie trages avec la direction générale (capa-
au niveau du groupe. cités à faire, priorités temporelles de pla- Les futures normes réglemen-
nification) pour présenter une proposi- taires relatives à la solvabilité des
La vérification du niveau tion au comité d’audit et des risques du organismes d’assurances euro-
de couverture d’audit groupe. Ce dernier peut l’amender en
péens reposent à la fois sur des
faisant part de ses attentes, avant de for-
critères quantitatifs (pilier 1), mais
Ce projet de plan triennal est alors com- mellement valider le plan.
paré à l’univers d’audit qui se décline Le plan est alors progressivement mis aussi sur des exigences qualita-
chez Covéa sur trois dimensions : l’axe en œuvre. Bien évidemment, il peut être tives en matière de gouvernance
juridique composé des sociétés du ajusté en cours d’année pour intégrer (pilier 2), et sur une information
groupe, l’axe des risques organisé autour des demandes exprimées par la direc- des autorités de surveillance et
des grandes catégories citées plus haut, tion générale ou prendre en compte des du public (pilier 3). Parmi les exi-
et l’axe opérationnel constitué à la fois impératifs difficilement planifiables, gences du pilier 2 figure l’obliga-
des grandes fonctions de l’entreprise comme le pilotage d’audits de due dili- tion de mise en place de 4 fonc-
(cœur de métier, support et pilotage), gence. tions clés au sein de l’entreprise :
des branches d’activités assurances et
la fonction gestion des risques, la
des différents réseaux/canaux de distri- Les échanges réguliers qui ont lieu toute
fonction actuarielle, la fonction
bution. Les objets de l’univers, sur cha- l’année avec les directions opération-
cun des axes, sont classés en deux nelles et avec la direction générale sont conformité et la fonction d’audit
niveaux de priorité en fonction de l’en- autant d’occasions de noter des sujets interne. La directive ne détaille
jeu. qui émergent, ou au contraire, des pas les obligations de cette der-
enjeux qui deviennent moins sensi- nière, hormis le respect des prin-
Nous examinons à ce stade les plans bles… éléments qui vont nourrir nos cipes d’indépendance et d’effica-
d’audit développés par les fonctions réflexions pour la prochaine révision du cité. Cependant, l’ACPR à travers
d’audit locales qui concernent quelques plan. ses publications et divers
filiales étrangères et sont supervisées par échanges avec la profession, s’at-
l’audit interne groupe. Nous vérifions la En conclusion, l’élaboration du plan
tend à ce que la fonction d’audit
cohérence des propositions et intégrons d’audit est un processus structuré et ité-
ces travaux dans le plan consolidé de la ratif qui vise la meilleure adéquation
groupe dispose d’une vision glo-
fonction d’audit groupe. entre les besoins d’éclairage et d’assu- bale des activités d’audit interne.
rance sur la maîtrise des risques du La fonction d’audit interne est en
Une simulation de la couverture d’audit groupe de la part des différentes parties charge de définir le plan d’audit
est alors établie sur le cycle glissant de prenantes et les ressources disponibles. qui doit couvrir suffisamment
cinq ans qui est retenu (plan N+3, Il doit toutefois demeurer suffisamment régulièrement les activités à
années N et N-1). L’analyse aboutit à un flexible pour répondre aux urgences et enjeux.
taux de couverture, notamment des divers imprévus. 
enjeux prioritaires, que nous comparons
à l’appétence inscrite dans la politique
d’audit du groupe.
Covéa est un groupe d’assurance mutualiste leader composé
Des rectifications peuvent alors être
de trois enseignes fortes opérant sur l’ensemble des marchés
opérées en vue d’une meilleure adéqua- d’assurances dommages, vie et santé, aussi bien pour la clien-
tion. tèle de particuliers que de professionnels.

Une démarche de validation


itérative
Chiffres clés 2012
Munis de cette proposition de plan,  14,7 Milliards € de chiffre d’affaires consolidé (dont 10 % à l’étranger)
nous rencontrons chacun des membres  9,6 Milliards € de fonds propres
du comité de direction générale du  628 Millions € de résultat net
groupe. Nous échangeons sur le pro-  392 % de ratio de solvabilité (norme S1)
gramme que nous avons prévu sur leur  10,9 Millions de clients
périmètre et intégrons leurs remarques,  26 600 collaborateurs
besoins et priorités.  2 800 points de vente

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 25


DOSSIER

La mise en œuvre
de l’audit interne chez EDF :
structure et méthodes
La cartographie des risques du groupe EDF comporte environ un millier de risques
élémentaires synthétisés en une centaine de méta-risques. Le programme d’audit
porte sur une période d’un an et fait l’objet d’une actualisation semestrielle, de façon
à refléter au mieux l’actualité du groupe et de son environnement. Le programme
fait aussi l’objet d’une concertation approfondie avec les principaux dirigeants du
groupe, avant validation par le président et par le comité d’audit.

dité des dispositifs de contrôle interne été traités par les types d’audits pré-
via les instances de gouvernance. cédents (entité, processus, projet) ;
selon une périodicité adaptée à la cri-
Le programme d’audit repose sur : ticité du risque ;
• les audits d’entités (filiales, grandes • le suivi des décisions du président-
directions), qui comprennent notam- directeur général, dont l’audit doit
Michel Uhart ment l’examen de la maîtrise du s’assurer de la correcte mise en
Directeur adjoint de la direction de contrôle interne des entités considé- œuvre ;
l’audit, EDF rées ; les risques de la cartographie qui • les audits faisant suite à une première
concernent l’entité sont inclus dans le mission « rouge ou orange » (risque
périmètre ; ces audits (une soixan- élevé), et dont la clôture effectuée
taine) sont effectués de façon récur- entre douze et dix-huit mois après,
rente sur une période de trois à cinq était également rouge ou orange.
L’établissement du planning ans, en fonction de la nature et du
volume des entités ; Le programme porte sur une période
Le programme d’audit couvre le péri- • les audits récurrents des processus d’un an ; il a vocation à faire l’objet, si
mètre audité par la direction de l’audit comptables et financiers et des pro- nécessaire, d’une actualisation semes-
interne à ce jour, à savoir EDF SA et les cessus « tête de groupe », essentielle- trielle de manière à refléter au mieux
filiales contrôlées, hors secteur régulé ment des processus transverses finan- l’actualité du groupe et de son environ-
(EDF Energy, EDF Trading, etc.), ainsi ciers. les risques de la cartographie qui nement. La conception et la réalisation
que celui audité par les différentes concernent l’entité sont inclus dans le du programme sont coordonnées au
équipes de la filière audit (Production périmètre ; sein de la filière audit.
Ingénierie, Commerce, EDF Energy, • les audits des grands projets, liés à
EDF Trading, EDF Energies nouvelles, l’actualité, donc non récurrents, et qui Le programme fait l’objet d’une concer-
EDF Luminus, Edison). Pour les filiales en règle générale figurent dans la car- tation approfondie avec les principaux
régulées et co-contrôlées, la DAI s’as- tographie des risques ; dirigeants du groupe avant validation
sure de l’existence d’une politique per- • les audits de couverture des risques par le président et par le comité d’audit.
tinente de contrôle interne et de la soli- majeurs du groupe,qui n’auraient pas

26 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


© Crédit photo : EDF MEDIATHEQUE - DIDIER MARC De la réflexion à la mise en place d’un plan d’audit

La DAI coordonne ses travaux avec ceux La priorisation des risques compte les exigences du guide de
des commissaires aux comptes. Au et des missions contrôle interne. Cependant, l’apprécia-
moment de l’élaboration des pro- tion de la robustesse du contrôle interne
grammes, nous procédons à des Le cœur du dispositif est la programma- n’est pas prise en compte pour détermi-
échanges et à des partages d’informa- tion pluriannuelle des audits récurrents ner la fréquence d’audit d’une entité.
tions. Au moins deux fois par an, nous d’entités et des audits de processus
leur communiquons les résultats de nos comptables et financiers. Ils constituent La validation du plan d’audit
audits ainsi que les rapports dont ils environ la moitié du programme chaque
souhaitent avoir connaissance. année et permettent de couvrir la quasi- Notre projet de programme, une fois
totalité des risques. bâti, est présenté pour avis, en février,
Pour la présentation du projet de pro- L’autre moitié comprend les risques aux dirigeants du groupe de niveau N-1
gramme au comité d’audit, la DAI a fait majeurs, naturellement priorisés par leur COMEX (ce qui représente une soixan-
l’examen de la bonne couverture des pondération selon une méthode clas- taine d’entretiens), ainsi qu’aux mem-
risques majeurs « rouges » et des méta- sique : impact, probabilité, niveau de bres du COMEX et au président. Une
risques par les audits réalisés sur les contrôle, et les projets dont le coût fois tous les avis recueillis et intégrés
deux derniers programmes, et prévus dépasse le seuil d’approbation par le dans le projet de programme, il est sou-
dans le programme à venir. comité des investissements du groupe. mis à l’approbation du COMEX, puis du
En 2013, sur la période de trois à cinq comité d’audit de mars. Ce dernier peut
ans, près de 90% des risques « rouges » Les audits d’entité permettent d’évaluer encore apporter quelques modifications.
et de 90% des méta-risques sont cou- la fiabilité des auto-évaluations des dis-
verts par les audits corporate. positifs de contrôle interne. Notre guide Ce programme couvre une période
d’audit d’entité prend bien sûr en allant de mai à avril de l’année suivante.

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 27


DOSSIER

Toutes les directions d’audit du groupe des risques. C’est le cas à plus de 90%
ont adopté ce calendrier. Je dis bien pour les risques rouges.
« toutes les directions d’audit », car, et
c’est une particularité dans le groupe, il La cartographie des risques
y a plusieurs directions d’audit. Moi-
même je suis responsable de la direction Dans le groupe EDF, il y a une direction
Michel Uhart est ingénieur de
d’audit corporate ; il y a des directions des risques et une direction de l’audit, le l'école centrale de Nantes. Il tra-
d’audit dans certaines de nos filiales les patron de la direction des risques super- vaille pour EDF depuis 1982 et a
plus importantes, ainsi que dans cer- visant la direction de l’audit. exercé la majorité de sa carrière
taines directions à l’intérieur d’EDF SA, dans l'exploitation des centrales
notamment à la production et au com- Les risk managers exercent le contrôle nucléaires. Il a dirigé la centrale
merce. Leur action est complémentaire des risques sur les marchés financiers et nucléaire de Fessenheim, puis celle
de la nôtre. sur les marchés de l’énergie ; ils jouent de Bugey, avant de prendre la fonc-
un rôle de deuxième ligne de défense.
tion de directeur délégué à la
L’actualisation du plan d’audit se fait C’est la direction des risques qui édicte
maintenance au sein du comité de
annuellement au comité d’audit de les règles en matière de risques dans le
mars. Certaines missions peuvent être groupe et qui a en charge l’établisse-
direction de la division production
annulées ou reportées : nous en rendons ment de la cartographie des risques du nucléaire d'EDF. Il a ensuite pris la
compte au comité d’audit dans notre groupe. Elle présente la cartographie en responsabilité de la direction de
rapport semestriel. Nous vérifions, lors même temps que nous présentons notre l'audit d'EDF, sous l'autorité du
de chaque rapport semestriel, que notre programme d’audit. La cartographie directeur des risques et de l'audit,
plan d’audit permet de couvrir, de nous sert de base dans le cadrage d’une en mai 2010.
manière satisfaisante, la cartographie mission. 

© Crédit photo : EDF MEDIATHEQUE - ABIB LAHCENE

28 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


Publications IFACI Bon de
commande

Le groupe professionnel « Banque » publie un cahier de la recherche sur la car-


tographie des risques par l’audit interne. S’il existe déjà des cartographies des
risques établies par d’autres fonctions, la réalisation d’une cartographie par
l’audit interne n’en présente pas moins une valeur ajoutée :
• la démarche permet d’acquérir et de formaliser une connaissance appro-
fondie des activités et du fonctionnement de l’établissement ;
• l’analyse et l’évaluation des risques peuvent être conduites de manière indé-
pendante vis-à-vis des métiers ;
• la granularité des cartographies existantes peut ne pas correspondre au
niveau de maille des missions d’audit ;
• le champ couvert par ces cartographies est souvent partiel alors que la
démarche conduite par l’audit interne permet d’avoir une vision globale
de l’établissement et du périmètre auditable ;
• cette vision globale fait de la cartographie de risques réalisée par l’audit
interne un outil de dialogue avec les autres prestataires d’assurance.

Le cahier de la recherche vous apportera des bonnes pratiques pour l’élaboration


d’une telle cartographie, sa mise à jour et son utilisation pour la planification de
l’audit interne.

AUTEUR : Groupe professionnel « Banque » IFACI - Prix HT : 30 € (32,10 € TTC)


Décembre 2013 - Format : 16,5 x 23 cm - ISBN : 978-2-915042-53-5

BON DE COM M A N D E
Société : ...................................................................................................................................................................................................................................................................................

Nom : ............................................................................................................................................. Prénom : ......................................................................................................................

Adresse : ..................................................................................................................................................................................................................................................................................

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TITRE PRIX HT QUANTITÉ TOTAL

De la cartographie des risques au plan d’audit 30,00 €

Total HT
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Bon de commande à retourner à :


Marie-Thérèse Tran - IFACI
98 bis, bd Haussmann - 75008 Paris PAIEMENT PAR : Chèque bancaire ou postal (à l’ordre de l’IFACI)
Tél. : 01 40 08 48 16 - Fax : 01 40 08 48 20 Virement à la banque HSBC agence centrale
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Virement : les virements émis à partir d’une DATE : ............................................... SIGNATURE :
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frais bancaires pour l’IFACI.
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INTERNATIONAL

La culture d'entreprise,
un atout
mentation bancaire place la culture et le
Les services financiers sont en train d'évoluer. L'équipe d'audit interne d'Aberdeen comportement au cœur des services
Asset Management, société de gestion d'actifs du FTSE 100, vient de terminer son financiers durables. Tout le monde s'ac-
premier audit complet de la culture et de la stratégie de l'entreprise. Scott Strachan, corde à dire qu'une meilleure connais-
sance de la culture des entreprises et du
responsable de l'audit interne, nous explique.
comportement des collaborateurs aurait
pu contribuer à éviter la crise financière
mondiale. Progressivement, le compor-
Texte de Ruth Prickett tement des collaborateurs n'est plus vu
comme un risque clé, mais comme un
sujet digne d'intérêt pour l'audit interne.

S
cott Strachan préfère les petites collaborateurs, ce qui nous a amenés à Il est toutefois plus compliqué de mettre
entreprises. Il apprécie la proxi- mélanger de nombreuses cultures géogra- ces bonnes intentions en pratique.
mité des petites équipes, le phiques et cultures d'entreprise. Depuis tou-
contact direct avec les dirigeants et la jours, nous sommes conscients qu'il est Ces facteurs, associés au fait que les
façon dont les équipes de direction important de bien accomplir ce processus, cadres non dirigeants s'intéressaient à
réduites prennent des décisions rapides. mais depuis la crise financière, la culture est des problématiques liées à la culture
Cela peut paraître étrange, sachant qu'il davantage mise en avant. d'entreprise, ont incité Scott Strachan à
est le responsable mondial de l'audit Comme toujours, le secret est de lancer le premier audit com-
dans une société qui compte 2 000 col- trouver un équilibre. Nous plet de la culture et de la
laborateurs dans 24 pays, qui a fait son voulons conserver notre stratégie d'Aberdeen.
entrée dans le FTSE 100 l'année der- dynamisme, notre « Nous faisons tout Bien que de nom-
nière et qui gère plus de 222 milliards de esprit d'entreprise pour ne pas perdre les aspects breuses organisa-
livres sterling de fonds investis. et notre modèle tions en parlent,
opérationnel, tout positifs de notre culture, Aberdeen est
Cependant, lorsque Scott Strachan a en veillant à tout en veillant à respecter selon lui l'une
rejoint Aberdeen en 1999, il était l'un maintenir un des premières
des deux seuls auditeurs internes de cadre général de
les exigences en matière entreprises, si ce
l'entreprise, qui ne comptait alors que valeurs adéquat. » de gouvernance et de structure n'est la première,
338 collaborateurs. Depuis, la société, de l'entreprise » à mener à bien un
qui gère les placements d'investisseurs C'est quelque chose audit de ce genre.
privés et institutionnels, s'est dévelop- auquel Scott Strachan Le processus intégrait de
pée rapidement. Cette croissance s'est tient. Par chance, il se trouve nombreux éléments qui sor-
faite en partie par le biais d'acquisitions, au bon endroit au bon moment pour taient du cadre des audits internes tra-
les plus récentes portant sur les porte- contribuer à la préservation de ce bien ditionnels (voir le complément ci-après,
feuilles d'actifs et de clients d'Artio immatériel. La culture est le maître-mot sur la thérapie comportementale). La
Global Investors Inc et de SVG Advisors. actuel dans les sociétés de services longue expérience de Scott Strachan au
Bien qu'elle fasse maintenant partie du financiers – et il ne s'agit pas de devenir sein d’Aberdeen et le fait qu'il ait assisté
FTSE 100, la société a conservé l'essen- mécène d'un opéra à Glyndebourne. à l'évolution de la société depuis ses
tiel de sa culture d'entreprise et une soli- débuts, lorsqu'il s'agissait encore d'une
darité propre aux petites équipes, nous Des paroles aux actes toute petite organisation, se sont révélés
explique Scott Strachan : des atouts considérables pour ce projet :
« Nous avons connu une croissance rapide Le rapport de la Commission parlemen- « Je ne pense pas que j'aurais pu réaliser cet
et nous avons intégré de nombreux actifs et taire britannique en charge de la régle- audit il y a huit ans. »

30 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


© alphaspirit - Fotolia.com
S'il reconnaît qu'il existe un débat à pro- gouvernance et de structure d'entreprise, à l'ethos de l'entreprise alimente le risque
pos de la rotation des responsables répondre aux attentes et à gérer les percep- global qui plane sur toute société de ser-
d'audit interne et de l'impact d'une telle tions dans ce domaine. vices financiers : l'atteinte à la réputa-
rotation sur leur degré d'indépendance, Trouver un équilibre entre ces élé- tion. « Quel que soit le projet sur
il estime également qu'il existe des argu- ments tout en instaurant le lequel nous travaillons, nous
ments forts en faveur de la création juste niveau d'assurance devons prendre en
d'une relation durable entre le respon- représente un défi per- compte le risque de
sable de l'audit interne et l'entreprise : sonnel. Je dois rassu-
« Personne n'a envie réputation »,
« Vous apprenez à connaître l'équipe de rer les régulateurs de lire un rapport d'audit déclare Scott
direction, la sensibilité de l'entreprise, et en leur montrant de 25 pages. En revanche, Strachan. « Sans
vous développez des relations et des que tous les confiance, notre
connaissances qui ne s'acquièrent qu'avec contrôles et les si vous donnez un rapport modèle écono-
le temps. » contrepoids sont en d'une page à un dirigeant, mique s'effondre.
place lorsque nous Et la réputation
Pour lui, même si Aberdeen affiche un prenons des déci-
il le lira et en comprendra peut être entachée
bon taux de fidélisation de ses collabo- sions. » le contenu » très rapidement. »
rateurs, la direction et lui-même recon-
naissent qu'ils ne peuvent pas se reposer La réputation, Outre les principaux
sur leurs lauriers ou ignorer l'impor- encore la réputation, risques liés à la réglementation
tance que revêt l'intégration de nou- toujours la réputation et à la réputation, l'équipe de Scott
veaux collaborateurs : Strachan – qui compte désormais 23 col-
« Nous faisons tout pour ne pas perdre les Le défi de maintenir une culture propice laborateurs et bénéficie de l'appui de
aspects positifs de notre culture, tout en veil- à la croissance tout en respectant les exi- l'un des quatre plus grands cabinets
lant à respecter les exigences en matière de gences réglementaires et en préservant d'audit – doit également prendre en

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 31


INTERNATIONAL

considération d'autres risques : « Prenez sont données au sujet des transactions ou établi, qui représente pour Scott
n'importe quel risque, vous pouvez être sûr que celles-ci sont mal exécutées, l'impact Strachan un garde-fou essentiel :
que notre entreprise doit y faire face. » peut être significatif. Pas seulement du point « Encore un autre domaine qui émane de
de vue financier, mais également vis-à-vis notre culture. »
Par exemple, l'audit du risque lié aux de la réglementation, des clients et de la
produits implique de vérifier si les pro- réputation. » L'équipe de Scott Strachan est basée
duits sont soumis à des tests de résis- dans cinq pays et réalise près de 80
tance, s'ils sont conformes aux principes Scott Strachan considère que les traders audits par an. Pour faire face aux évolu-
d'investissement de l'organisation et malhonnêtes représentent un risque tions rapides, il a développé au cours de
s'ils répondent aux besoins des clients. moindre chez Aberdeen, car l'entreprise l'année écoulée un nouveau processus
De plus, l'équipe de Scott Strachan doit « n'érige personne au rang de star ». Au de planification de ces audits. La société,
tenir compte des risques associés à la contraire, l'entreprise a tendance à pren- qui disposait auparavant d'un plan d'au-
négociation : « Tous nos systèmes ont beau dre des décisions collégiales sur la base dit traditionnel, fonctionne désormais
fonctionner, si de mauvaises instructions d'un processus d'investissement bien avec un système « 3+9 » :

Thérapie comportementale : comment auditer les éléments incorporels de la culture


Lorsque les régulateurs se sont nombre de cadres non diri- Les discussions ont conduit à comportement de tels gestion-
rendus chez Aberdeen Asset geants. Pour l'examen de leurs améliorer les évaluations. « Il fal- naires de fonds dénote la culture
Management à la fin de l'au- résultats, ils se sont inspirés lait qu'il y ait un lien clair entre les adéquate, et voir si nous avons
tomne dernier, ils étaient dési- d'anciens audits et de débats évaluations et les récompenses et des dispositifs en place pour
reux de parler de culture d'en- sur des thèmes bien connus et tout devait reposer sur le devoir encourager cette culture », nous
treprise, de même que les établis. Ils ont ensuite demandé de rendre compte », analyse Tim explique Tim Cox.
cadres non dirigeants qui à leur auditoire de discuter de Cox.
s'étaient penchés sur la ques- ces éléments et de leur donner Bien que l'audit ait utilisé des
tion. En consultation avec les un retour. En juillet, il a rencontré le éléments probants du compor-
dirigeants, Scott Strachan a exa- comité d'audit avec Scott tement, le processus différait
miné les risques et a estimé Tim Cox explique qu'il s'agissait Strachan, et grâce au soutien de celui d'un audit interne tra-
qu'il devait auditer la culture et autant d'encourager la conver- du vice-président, ils ont ditionnel : il était axé sur des
la stratégie. Le seul écueil était sation et le débat sur ces thé- exposé le plan d'action de l'en- présentations et des ateliers
qu'il n'existait que peu de matiques que de fournir des treprise et expliqué comment plutôt que sur des entretiens
modèles formels à suivre ou à éléments probants de tests for- ils comptaient suivre l'avance- individuels, une revue de la
partir desquels effectuer une mels. ment. documentation et des tests
comparaison. « Ils ont fait preuve d'implication « Il ne s'agit pas d'un plan en 12 pour produire un rapport.
et de soutien, déclare-t-il. Le régu- étapes qui sera terminé une fois « Une grande partie de la culture
Scott Strachan a donc fait venir lateur fait référence à la manière que ces étapes auront été accom- est intangible et de nombreux
Tim Cox, son responsable pour dont le comportement reflète la plies », précise Tim Cox. « Il s'agit sujets d'attention ne peuvent pas
la zone EMEA (Europe, Moyen culture et aux méthodes d'éva- d'un processus continu qui devra être audités de manière tradition-
Orient et Afrique), et lui a luation du comportement. être suivi sur le long terme et qui nelle sur la base de faits
demandé d'en élaborer un. L'exemplarité est un élément évoluera au cours des prochains concrets », déclare Tim Cox. « Ce
essentiel, c'est pourquoi nous mois. » sont ces défis qui rendent ces tra-
« J'ai participé à divers forums savions qu'il nous fallait convain- Scott Strachan ajoute : « La cul- vaux si intéressants. »
pour les responsables d'audit cre l'ensemble des dirigeants de ture est désormais considérée
interne ces 12 à 15 derniers mois, l'organisation. » comme une question essentielle Scott Strachan approuve : « Ce
et il s'agissait d'un sujet de discus- pour l'audit interne. Ces travaux genre d'audit fait appel à toute
sion récurrent, mais je n'ai rien pu Puis, Tim Cox a rencontré les préliminaires et notre approche notre expérience et toute notre
en tirer de concret », nous ressources humaines. C'était dynamique nous placent dans connaissance de la société, nous
explique Tim Cox. une étape importante puisque une position privilégiée. » permet de les appliquer à des
les éléments clés qu'il avait domaines moins directement
Il a commencé à planifier les identifiés comme ayant une En outre, la culture sera mainte- quantifiables, et nous aide à
travaux en février de cette influence sur le comportement nant prise en compte de développer de nouvelles
année. En avril, Scott Strachan étaient les descriptions de manière plus formelle dans méthodes de conduite de l'audit
et lui ont fait leurs premières poste, la politique de rémuné- d'autres audits. « Nous allons interne. »
présentations aux membres du ration et le processus d'évalua- nous intéresser à la culture de
comité exécutif et à un certain tion. telle unité, nous demander si le

32 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


« Je rends compte directement au comité rarement les clients. Aujourd'hui, cepen-
d'audit et, plutôt que de leur donner un plan dant, ils doivent démontrer qu'ils met-
annuel, je leur soumets à présent une liste tent en place de bonnes procédures de
des audits que j'estime devoir être effectués gouvernement d'entreprise et ont donc
sur les trois prochains mois, ainsi qu'un besoin d'une assurance à transmettre à
historique des risques associés. leurs propres investisseurs et régula-
Puis, je leur expose les sujets d'audit qui teurs.
sont susceptibles d'être mis en avant
dans chaque division sur les Résoudre les contradic-
neuf prochains mois. tions, Scott Strachan s'y
Nous n'avons pas emploie constam-
d'engagement
« Une grande partie ment dans sa
concernant ces de la culture est intangible fonction. Il s'agit
audits, et nous et de nombreux sujets d'un auditeur
pouvons ainsi interne qui aime
changer rapide- ne peuvent pas être audités les petites orga-
Scott Strachan est membre de
ment notre fusil sur la base de faits concrets. nisations mais l'Internal Audit Leaders’ Forum, et
d'épaule si la qui a tout de
situation évolue. »
Ce sont ces défis qui rendent même aidé son président de l'IIA Écosse.
ces travaux intéressants » entreprise à entrer
Une fois les audits réa- dans le FTSE 100. C'est Scott Strachan en quelques dates
lisés, l'équipe de Scott un comptable qui a lancé clés :
Strachan rédige des rapports l'un des premiers audits du sec- • 1990 : Étudie la comptabilité à
d'une page environ. « Personne n'a envie teur sur l'un des aspects les plus sensi- l'Université d'Abertay. Rejoint le
de lire un rapport d'audit de 25 pages, un bles de l'entreprise – sa culture. Et c'est cabinet comptable Frame
tel document risque d'être ignoré. En un responsable qui souhaite préserver Kennedy & Forrest à Inverness.
revanche, si vous donnez une page à un les valeurs de son organisation tout en
• 1993 : Diplômé de l'Institut of
dirigeant, il la lira et en comprendra le l'aidant à évoluer dans l'identification et
Chartered Accountants of
contenu. Il s'agit donc surtout de discuter le traitement des risques. Les sociétés de
Scotland.
des problèmes en amont, avant de rédiger le services financiers vivent une transition
rapport. Ensuite, tout repose sur une bonne et Scott Strachan nous montre comment • 1994 : Rejoint Northern Audit
communication. Plus vous écrivez, plus l'audit interne peut les aider à bien fonc- Services, par la suite acquis par
vous risquez de perdre le fil et plus les gens tionner à l'avenir.  Coopers & Lybrand, qui a
sont susceptibles de ne pas comprendre fusionné pour former PwC en
votre message. » 1999.
Article traduit et reproduit avec la permis-
• 2000 : Rejoint Aberdeen Asset
sion de Scott Strachan et de l’IIA UK.
Scott Strachan rencontre également Management en tant que
Cette article a été publié dans sa version ori-
souvent les régulateurs et les clients. À ginale dans le numéro d’octobre 2013 de la responsable de l'audit interne.
ses débuts chez Aberdeen, il rencontrait revue Audit & Risk publiée par l’IIA UK.

Time to Make the Connection


ic.globaliia.org

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 33


MÉMOIRE D’ÉTUDIANT

Le contrôle interne favorise


l’apprentissage de l’organisation
Marine Lacourte, étudiante, IAE de Tours

réduction de la dualité entre la dimen-


Le Prix Olivier Lemant est destiné à récompenser le meilleur mémoire de Master(e) consacré sion officielle et l’action réelle des rou-
au contrôle interne ou à l’audit interne et réalisé dans une université ou une grande école
tines de contrôle interne3.
partenaire.
Les mémoires primés en 2013 sont :
• 1er prix – « Guide d’audit de la mise en conformité du middle office des dérivés de gré à gré : Voir, écouter et lire :
Nouvelle règlementation EMIR » par Loïc Kerboas (IAE Aix-en-Provence) une méthodologie tournée
• 2ème prix – « Contrôle interne et routinisation des pratiques comptables opérationnelles : vers la compréhension
un vecteur d’apprentissage ? » par Marine Lacourte (IAE Tours)
• 3ème prix – « La maîtrise des risques liés au processus de gestion des réclamations clients » Cette recherche se fonde sur une étude
par Henri Fritsch (ESC Toulouse)
de cas, qui permet non pas d’établir un
Vous pouvez consulter ces mémoires sur le site internet de l’IFACI. résultat statistique mais de découvrir des
éléments et de comprendre des phéno-
mènes complexes. Elle porte sur les ser-
vices comptables, garants du respect et
Une réalité économique … mais il se fonde aussi sur un retour de la bonne mise en œuvre du contrôle
et sociale informationnel indispensable au proces- interne, de trois établissements situés en
sus de prise de décision dans l’organisa- région parisienne. Inspirée par une
Le contrôle interne, par son caractère tion. Il se dévoile alors comme un vec- démarche mise en œuvre dans des
régulier et permanent, génère des rou- teur d’apprentissage pour l’organisation. domaines comme l’ethnologie, la socio-
tines. Du fait de l'implication d'une mul- logie ou l’anthropologie, la méthodolo-
titude d'acteurs, l’action réelle pourra se L’apprentissage gie mise en œuvre ici vise à recueillir et
détacher des schémas officiels et consti- organisationnel, comparer trois natures de données au
tuer une altération du dispositif. La pro- pour une amélioration travers de trois phases : observation des
blématique de l’implication des acteurs continue du dispositif comportements, réactions et pratiques ;
de l’organisation devient alors un levier entretiens individuels non directifs pour
majeur de son efficacité. Ayant subi la Le concept de l’apprentissage organisa- recueillir les déclarations des audités ; et
pression de divers évènements finan- tionnel, emprunté à la psychologie, étude de documents officiels (commu-
ciers, le contrôle interne, entre norme et trouve sa place dans l’amélioration nications internes, procédures écrites,
obligation légale, devient un dispositif continue du dispositif. Il ne fait pas documents légaux, site internet…) pour
incontournable pour les organisations, encore l’objet d’un consensus au sein confronter les éléments précédents à la
qui doivent, de gré ou de force, le mettre des sciences de gestion, mais on dis- vision stratégique de l’entreprise.
en place et le faire vivre. Le groupe étu- tingue deux formes majeures d’appren-
dié semble adopter une approche opé- tissage organisationnel : par exploitation Un groupe, plusieurs cultures
rationnelle empreinte d’une volonté de et par exploration1. La première forme
dynamisme favorisant l’adéquation consiste à détecter les erreurs et les cor- Suite aux premières observations, il est
entre la dimension officielle et les pra- riger pour adapter les actions et les pro- apparu de fortes disparités culturelles et
tiques réelles de contrôle interne. Pour- cédures en place au sein de l’organisa- de pratiques entre les établissements,
tant, l’intégration de ce dispositif dans tion. Elle ne remet pas en cause la struc- qu’il a fallu prendre en compte en éta-
les cultures des établissements pourra ture ou les valeurs de l’organisation, blissant un profil culturel. L’IFACI a créé,
être freinée si on ne recourt pas à une contrairement à la seconde forme d’ap- à travers un groupe de recherche, un
véritable recherche du sens des actions prentissage, qui brise les routines et outil permettant de classifier les organi-
de contrôle. Une brève revue de la litté- favorise la créativité. L’apprentissage par sations selon leur profil culturel4. A par-
rature scientifique permet de mettre en exploitation des connaissances tacites et tir d’une cartographie de ces profils, il
avant le dépassement de la dimension implicites contenues dans les routines est possible de repérer les caractéris-
fonctionnelle du contrôle, qui se pose est source de flexibilité et de change- tiques qui sont les plus proches du ter-
aujourd’hui comme un outil de dévelop- ment2. Le facteur culturel semble aussi rain. Cet outil a donc été mis en œuvre
pement des connaissances de l’organi- être déterminant dans la compréhen- pour déterminer un profil culturel sus-
sation. Le contrôle interne est critiqué sion et la mise en place effective du dis- ceptible d’avoir une influence sur le
pour son immobilité et l’inertie qu’il positif. Les dynamiques organisation- contrôle interne. Sur ce point en effet,
peut créer au sein d’une organisation, nelles sont alors prépondérantes dans la nous avons mis en avant une « confor-

34 Audit & Contrôle internes n°217 - nov./déc. 2013


mité superficielle » pour l’établissement détection et correction des erreurs et pourra être portée par différentes dyna-
1, entraînée par des jeux politiques quête de l’efficience. miques qu’il s’agit d’identifier et de
internes ; le « contrôle pour le contrôle » comprendre pour maîtriser leurs portées
dans l’établissement 2, dû à une struc- … l’accompagnement des et les utiliser dans l’amélioration conti-
ture très hiérarchisée ; un « contrôle équipes demeure un levier nue du dispositif. 
interne à caractère formaliste » dans majeur
l’établissement 3, où l’engagement et la
responsabilisation des collaborateurs Les dynamiques relationnelles com- 1 Argyris et Schön, 1978 ; Fiol et Lyles, 1985 ;
sont peu marqués. plexes, source de responsabilisation et
Senge, 1990 ; Nonaka, 1994
de compréhension vis-à-vis du disposi- 2 Feldman et Pentland, 2003
De la sécurité à l’efficience … tif, entretiennent et développent son 3 Rerup et Feldmand, 2011
amélioration continuelle et montrent 4
Voir Cahier de Recherche « Les variables cultu-
Si les perceptions du contrôle interne l’importance du soutien et de l’accom- relles du contrôle interne », décembre 2011.
sont souvent négatives, insistant sur les pagnement des équipes comptables
contraintes qui y sont liées, les entre- dans la mise en place de ce dispositif. A
tiens ont permis de mettre en avant cinq ce titre, le partage des connaissances
dynamiques organisationnelles favori- entre les employés d’une même fonc- Lauréate en 2012 du 2ème prix
sant la mise en place du dispositif, tout tion dans différents établissements peut Olivier Lemant récompensant les
en soutenant une forme d’apprentissage permettre de créer ce lien relationnel travaux de recherche de fin de cycle
par exploitation : sécurisation des opé- nécessaire à la compréhension et à l’im-
rations et des actifs de l’entreprise grâce plication, tout en atténuant, parfois, les
Master, Marine Lacourte est
à un dispositif de prévention et détec- relations hiérarchiques. diplômée en Hôtellerie-Restaura-
tion des fraudes, protection des salariés Le contrôle interne, malgré la percep- tion et en Management, une dou-
et de leur statut contre les éventuelles tion négative qu’il engendre, est aussi ble compétence qu’elle a pu mettre
conséquences d’une mauvaise réalisa- considéré comme un moyen de à profit en occupant des postes en
tion de leurs tâches, régulation des acti- construire des connaissances et d’utiliser
gestion des ressources humaines,
vités par l’apport de supports de travail les acquis de l’expérience au sein de l’or-
servant de référentiels, compréhension ganisation. Selon les tendances cultu- contrôle de gestion et contrôle
profonde des enjeux liés au dispositif de relles des organisations et l’appui mana- interne, notamment au sein d’un
contrôle interne par la recherche de gérial qui y réside, la bonne mise en groupe hôtelier international.
sens, et une forme d’apprentissage par œuvre du dispositif de contrôle interne

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 35


Publications IFACI Bon de
commande

Le « Manuel d’Audit Interne - Améliorer l’efficacité de la gouvernance, du


contrôle interne et du management des risques » est l’ouvrage international
de référence sur le métier d’auditeur interne. Élaboré sous l’égide de la fondation
pour la recherche de l’IIA, il est le fruit de la collaboration de trois professeurs
et de quatre praticiens. Son adaptation aux contextes européen et français a
été réalisée par des universitaires et praticiens français réunis par l’IFACI, ce
qui en fait l’outil idéal pour les auditeurs internes, les étudiants en audit interne
et leurs enseignants.
Ce manuel est organisé en deux sections : « concepts fondamentaux de l’audit
interne » et « conduire une mission d’audit interne ». Il reflète les dernières
évolutions de la profession, en particulier dans les domaines suivants :
 normes internationales de l’audit interne ;
 gouvernance, contrôle interne et management des risques ;
 éléments clés liés aux systèmes d’information et références aux guides
GTAG et GAIT diffusés par l’IIA et par l’IFACI ;
 risques de fraude ;
 missions de conseil.
La première édition de ce manuel, traduite en espagnol et en japonais a été
adoptée par de nombreux pays de par le monde. Nous sommes convaincus
que cette adaptation française de la seconde version ajoutera encore à ce
succès et contribuera efficacement à la formation des étudiants et à la profes-
sionnalisation des auditeurs internes.

AUTEUR : The Research Foundation (The IIA) / IFACI - Prix HT : 61,61 € (65,92 € TTC)
Septembre 2011 - Format : 17 x 24 cm - ISBN : 978-2-915042-33-7

BON DE COM M A N D E
Société : ...................................................................................................................................................................................................................................................................................

Nom : ............................................................................................................................................. Prénom : ......................................................................................................................

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Code postal : ......................................... Ville : ........................................................................................................................... Pays : .........................................................................

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TITRE PRIX HT QUANTITÉ TOTAL

Manuel d’audit interne 61,61 €

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Marie-Thérèse Tran - IFACI
98 bis, bd Haussmann - 75008 Paris PAIEMENT PAR : Chèque bancaire ou postal (à l’ordre de l’IFACI)
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Virement : les virements émis à partir d’une banque hors
de France doivent être nets de tous frais bancaires pour DATE : ............................................... SIGNATURE :
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LA PROFESSION EN MOUVEMENT

Evénements
des mesures pour les aboutir à une standardisa- CNIL, c’est un moyen d’en-
réduire, etc. Les différents tion des produits et procé- courager les organismes à
domaines de la loi Informa- dures proposés sur le mar- adopter des pratiques res-
tique et Libertés vont servir ché. pectueuses de la protection
de grille de lecture aux dili- des données.
Evolution de gences d’audit. Le projet de L’intérêt du label, pour les
la réglementation règlement européen prévoit organismes, est la possibi- La durée de validité du
Informatique et la désignation d’un délégué lité de se distinguer en label est de trois ans. Le
Libertés, labellisation à la protection des données, garantissant un haut niveau renouvellement doit se faire
et audit interne un label européen de pro- de protection des données. au moins six mois avant
tection des données et une Pour les clients, c’est un expiration. On trouve la
Réunion mensuelle obligation de conduire des indicateur de confiance leur liste des produits et des
du 20 novembre 2013 audits pour démontrer la permettant d’identifier et procédures labellisées sur le
conformité réglementaire. de privilégier ceux qui site de la CNIL. En cas de
Les risques liés aux don- Ces audits doivent être dili- garantissent un haut niveau non respect des conditions
nées à caractère person- gentés par des auditeurs de protection de leurs don- d’utilisation du label, il peut
nel internes ou externes indé- nées personnelles. Pour la être retiré. 
pendants. Les différentes
Les données à caractère thématiques à aborder au
personnel doivent être trai- cours des audits Informa-
tées avec une attention par-
ticulière. En effet leur traite-
tique et Libertés nécessitent
l’intégration d’équipes plu-
Lu pour vous
ment peut faire courir des ridisciplinaires complémen-
risques d’atteinte à la vie taires : juristes spécialisés
privée des personnes sur les questions Informa- Finance et
concernées. Le dommage tique et Libertés ; auditeurs Contrôle au
réputationnel en cas de vio- des risques et de la sécurité
lation de la loi est critique. des systèmes d’information, quotidien
De plus le traitement, enca- pour évaluer l’adéquation
dré par la loi Informatique des processus mis en place, Sous la direction de :
Laurent Cappelletti et
et Libertés, s’assortit de tester le déploiement opé-
Christian Hoarau
sanctions pénales et admi- rationnel des procédures de
Editeur : Dunod
nistratives, la CNIL faisant pilotage de la conformité, et
un usage de plus en plus mesurer les niveaux de Deux parties : finance
systématique de son pou- sécurité du SI pour protéger d’entreprise et contrôle
voir de sanction et de les données personnelles. de gestion. Vingt dos-
contrôle. siers – dix dans chaque
La CNIL et la labellisa- partie – parmi lesquels :
En application de la loi tion analyse financière ;
Informatique et Libertés, les gouvernance, audit et
entreprises doivent en par- En 2004, la modification de risque ; gestion du cash-flow et de la trésorerie ; fusions
ticulier : définir la finalité la loi a introduit la possibi- acquisitions ; nouvelles démarches budgétaires ; contrôle,
du traitement ainsi qu’une lité pour la CNIL de déli- qualité et maîtrise des risques ; réduction des coûts et créa-
période au-delà de laquelle vrer des labels « à des pro- tion de valeur… Dans chaque dossier cinq fiches : problé-
les données à caractère per- duits ou à des procédures ». matiques et enjeux ; contexte, normes, acteurs ; outils clés ;
sonnel seront supprimées ; Depuis juin 2012, elle déli- démarches et méthodes ; perspectives et prospectives. Soit
mettre en œuvre les vre ses labels. au total cent fiches, synthétiques et directement applica-
mesures de sécurité néces- bles.
saires et suffisantes pour L’objectif de la labellisation Cet ouvrage ambitieux, à vocation pratique, fournit à tout
préserver la sécurité des est d’attester de la qualité directeur, responsable financier ou contrôleur de gestion,
données ; après identifica- des produits et procédures. les solutions opérationnelles à des problèmes concrets.
tion des risques, prendre Elle ne doit pas pour autant

nov./déc. 2013 - Audit & Contrôle internes n°217 37


épuisé
Numéro

n° 206 n° 207 n° 208 n° 209 n° 210

n° 211 n° 212 n° 213 n° 214 n° 215

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au prix unitaire de chains numéros au prix de :
211
25 € TTC
212 adhérents IFACI :
213
inclus dans l’adhésion
non adhérents IFACI : 105 € TTC
214
215
n° 216 216

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° adhérent IFACI . . . . . . . . . . . . . .


Organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. ............................................................................................................
Code Postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pays . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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virement au HSBC Paris Champs-Elysées - Compte IFACI n° 30056-00148-01485415521-72
carte de crédit - n° . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date d’expiration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Calendrier 2014
Tarifs Tarifsnon
S ESSIONS Durée
adhérents adhérents
janv. févr. mars avril mai juin juillet sept. oct. nov. déc.

SE FORMER À LA MAÎTRISE DES ACTIVITÉS ET AU CONTRÔLE INTERNE


S’initier à la maîtrise des activités et au contrôle interne 2j 950 € 1 125 € 16-17 13-14 10-11 7-8 5-6 5-6 1-2 15-16 2-3 6-7 4-5

Réaliser une cartographie des risques 3j 1 675 € 1 875 € 20-22 17-19 12-14 9-11 12-14 11-13 7-9 17-19 6-8 12-14 8-10

Elaborer le référentiel de maîtrise des activités 2j 1 200 € 1 350 € 23-24 20-21 17-18 14-15 15-16 17-18 10-11 23-24 9-10 18-19 15-16

Piloter un dispositif de maîtrise des activités et de contrôle interne 2j 1 200 € 1 350 € 27-28 25-26 19-20 16-17 19-20 19-20 25-26 13-14 20-21 17-18

Le contrôle interne des systèmes d’information 2j 1 200 € 1 350 € 29-30 24-25 23-24 20-21

Maîtrise des activités, contrôle interne et communication 2j 1 200 € 1 350 € 18-19 21-22 7-8 18-19 22-23 11-12

SE FORMER À L’AUDIT INTERNE


- 20% pour un participant inscrit

Les fondamentaux de l’audit interne


simultanément à 4 formations

S’initier à l’audit interne 2j 950 € 1 125 € 9-10 5-6 6-7 3-4 6-7 3-4 1-2 11-12 2-3 13-14 3-4

Conduire une mission d’audit interne : la méthodologie 4j 1 950 € 2 150 € 13-16 11-14 10-13 8-11 12-15 10-13 1-4 15-18 6-9 18-21 8-11

Maîtriser les outils et les techniques de l’audit 3j 1 625 € 1 775 € 20-22 17-19 17-19 14-16 19-21 16-18 7-9 22-24 13-15 24-26 15-17

Maîtriser les situations de communication orale de l’auditeur 2j 1 050 € 1 150 € 23-24 20-21 20-21 17-18 22-23 19-20 8-9 25-26 16-17 27-28 18-19

Réussir les écrits de la mission d’audit 2j 1 050 € 1 150 € 27-28 24-25 24-25 22-23 26-27 23-24 10-11 29-30 20-21 25-26 18-19

Exploiter les états financiers pour préparer une mission d’audit 3j 1 525 € 1 675 € 29-31 17-19 26-28 22-24 19-21

Désacraliser les systèmes d’information 3j 1 525 € 1 675 € 26-28 2-4 17-19 1-3

Détecter et prévenir les fraudes 2j 1 050 € 1 150 € 26-27 24-25 25-26 25-26 22-23 4-5

Le management
Piloter un service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 18-19 5-6 6-7

Manager une équipe d’auditeurs au cours d’une mission 1j 685 € 770 € 21 4 27

L’audit interne dans les petites structures 1j 685 € 770 € 16 7

Balanced Scorecard du service d’audit interne 1j 685 € 770 € 28 26

Le suivi des recommandations 1j 685 € 770 € 28 10 30 30 28

Préparer l’évaluation externe du service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 20-21 12-13 24-25

L’audit interne, acteur de la gouvernance 1j 685 € 770 € 9 1

Audit interne, contrôle interne et qualité : les synergies 1j 685 € 770 € 11 8

Les audits spécifiques


Audit du Plan de Continuité d’Activités - PCA 2j 1 300 € 1 450 € 11-12 26-27 19-20

Audit de la fonction Comptable 2j 1 300 € 1 450 € 15-16 6-7

Audit de performance de la gestion des Ressources Humaines 3j 1 525 € 1 675 € 2-4 4-6

Audit de la fonction Achats 2j 1 300 € 1 450 € 19-20 29-30

Audit des Contrats 1j 685 € 770 € 21 21

Audit de la fonction Contrôle de Gestion 2j 1 300 € 1 450 € 20-21 12-13

Audit de la Sécurité des Systèmes d’Information 2j 1 300 € 1 450 € 26-27 24-25

Audit des Processus Informatisés 2j 1 300 € 1 450 € 17-18 4-5

Audit de la Conformité à la Législation Sociale 2j 1 300 € 1 450 € 12-13 2-3

Audit du Développement Durable 2j 1 300 € 1 450 € 14-15 9-10

Audit des Projets et Investissements 2j 1 300 € 1 450 € 1-2 17-18

SE FORMER DANS LE SECTEUR PUBLIC


Le contrôle interne dans le secteur public 2j 1 300 € 1 450 € 20-21 9-10 6-7

Pratiquer l’audit interne dans le secteur public 4j 1 950 € 2 150 € 1-4 16-19 9-12

SE FORMER DANS LE SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER


Le contrôle permanent et la conformité dans le secteur
3j 1 525 € 1 675 € 11-13 17-19 10-12
bancaire et financier
Pratiquer l’audit interne dans une banque ou un établissement
4j 1 950 € 2 150 € 16-19 22-25 15-18
financier
SE FORMER DANS LE SECTEUR DES ASSURANCES
Le contrôle interne dans le secteur des assurances 2j 1 300 € 1 450 € 10-11 6-7 11-12 4-5

Pratiquer l’audit interne dans le secteur des assurances 4j 1 950 € 2 150 € 4-7 23-26 20-23 2-5

SE FORMER DANS LES SECTEURS INDUSTRIE ET COMMERCE


Audit de la gestion des stocks et de la logistique 2j 1 300 € 1 450 € 29-30 2-3

Audit du processus de ventes 2j 1 300 € 1 450 € 7-8 15-16

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FICHE TECHNIQUE

La prise en compte, par


l’audit interne, des risques
associés à l’atteinte des
objectifs stratégiques
terroger sur la notion même de « stratégie », sa défi-
nition, son périmètre. En effet, s’il est commun de
rencontrer le mot, rares sont les textes qui en explici-
tent le sens. Un petit exercice de définition montre
d’ailleurs que là où le mot « stratégie » est employé, il
s’agit davantage de « tactique » qui renvoie à l’emploi
de moyens habiles pour atteindre les résultats voulus.

Ceci étant, si le concept même de stratégie a envahi


différentes strates de la vie économique et politique,
le sujet qui nous occupe ici est celui de l’univers de
l’entreprise vu plus spécifiquement par le prisme de
l’audit interne.

Objectifs stratégiques :
Edwige Duterrage Baudin quelle définition ?
Directeur du Pôle Processus Commerciaux, Inspection Mais d’abord de quoi parlons-nous ? Avec une racine
Générale, La Banque Postale grecque (« stratos » armée et « agein » conduire), le
terme de « stratégie » est au sens premier du terme
défini comme « l’art de coordonner l’action de forces mili-

S
TRATÉGIQUE ! Voilà un terme qui se décline taires, politiques, économiques et morales impliquées dans
sur tous les tons, dans tous les domaines et la conduite d’une guerre ou la préparation de la défense
relayé avec force grandiloquence par les média. d’une nation ou d’une coalition »1. Le concept premier
Face à un tel engouement terminologique, il semble de stratégie vient de l’univers militaire et nous
raisonnable de revenir aux fondamentaux et de s’in- entraîne à la suite de Carl Philip Von Clausewitz, théo-

Les thèses défendues ici n’engagent que leur auteur et en aucun cas l’organisation à laquelle il appartient.

nov./déc. 2013 - FICHE TECHNIQUE N°47 - Audit & Contrôle internes 1


FICHE TECHNIQUE

ricien militaire prussien, dont les théories constituent rer le succès de son « business plan ». Cette déclinaison
encore aujourd’hui une quasi référence universelle. Le peut passer par les phases suivantes :
lecteur pourra penser ici qu’on souhaite l’égarer au
hasard de quelque champ de bataille très éloigné des 1- les valeurs : identification des grands principes qui
préoccupations de l’audit. Nous sollicitons donc sa doivent impérativement guider l’entreprise dans la
patience et son indulgence car les théories de mise en œuvre de sa stratégie (éthique, dévelop-
Clausewitz font un découpage de la logique straté- pement durable, etc.) ;
gique qui est d’une transposition aisée dans le
domaine qui nous occupe. Ainsi, selon lui, la stratégie 2- les acteurs : identification des directions / dépar-
requiert au préalable un « objectif politique » qui doit tements responsables de la déclinaison des objec-
être élaboré et fixé au plus haut niveau de l’Etat – on tifs stratégiques ;
dirait aujourd’hui par l’instance de gouvernance.
Ensuite, en fonction de cet objectif, le modus operandi 3- les indicateurs : fixation des grands indicateurs de
se décline selon que l’on vise l’anéantissement immé- suivi des objectifs stratégiques qui vont permettre
diat de l’adversaire ou bien son essoufflement sur une de mesurer le degré de réalisation ;
plus longue période (stratégie dite de l’usure). On voit
donc bien ici que la stratégie sert l’objectif et doit se 4- la planification : définition de la trajectoire et des
décliner jusqu’au niveau opérationnel le plus fin jalons qui seront des temps de bilan intermédiaire ;
de l’organisation.
5- les risques : analyse des éléments
En s’appuyant, pour les élargir, sur endogènes et exogènes qui peuvent
les théories militaires, il est alors constituer autant d’obstacles à la
aisé de définir la stratégie Il est de la responsabilité bonne réalisation des objectifs
comme l’art de diriger et
coordonner les actions
de l’audit interne d’évaluer stratégiques et mise en place
des dispositifs de maîtrise des
nécessaires à l’atteinte d’un la déclinaison des objectifs risques. Les modalités
objectif prédéterminé. Cet stratégiques à tous les niveaux pratiques d’application nous
objectif prédéterminé est indiquent ici qu’il incombe à la
donc « l’objectif stratégique » opérationnels direction générale d’identifier et
qui va ensuite être décliné au de gérer ces risques.
sein de l’entreprise par le biais de
différents plans, pour finir par se cris- Une fois ce contexte de déclinaison des
talliser – dans les sociétés commerciales – « objectifs stratégiques » établi, il faut s’inter-
en objectifs commerciaux. roger sur le rôle que tient l’audit interne dans ses
missions de contrôle et surtout à quel niveau il inter-
La déclinaison des objectifs stratégiques vient, étant entendu que l’on attend légitimement de
au sein de l’entreprise lui qu’il aide l’entreprise à atteindre ses objectifs « en
évaluant, par une approche systématique et méthodique,
Pour toute société commerciale, l’orientation straté- ses processus de management des risques, de contrôle et de
gique évidente est la réalisation de bénéfices : il s’agit gouvernement d’entreprise, en faisant des propositions
pour l’entreprise d’engranger les fonds propres néces- pour renforcer leur efficacité »2.
saires au financement de sa politique et donc à la fin
des fins à sa propre pérennité. Dans ce contexte, l’en- L’évaluation par l’audit des risques liés à
treprise va observer des arbitrages et des positionne- l’atteinte des objectifs stratégiques :
ments à moyen et long terme en fonction de le contrôle de l’exécution de la stratégie
l’appréciation qu’elle a de son environnement et du
potentiel économique qu’il représente pour elle : ce On vient de voir que les objectifs stratégiques en eux-
sont ses objectifs stratégiques. mêmes ne sont rien d’autre que des arbitrages et des
postures assumées de l’entreprise au regard de son
Une fois définis, les objectifs stratégiques doivent être environnement économique. Ces choix sont de l’évi-
déclinés à tous les niveaux de l’entreprise pour lui dent ressort des Présidents et de leurs comités exécu-
permettre de se mettre en ordre de marche et d’assu- tifs, ils sont arrêtés au plus haut niveau de

2 Audit & Contrôle internes - FICHE TECHNIQUE N°47 - nov./déc. 2013


l’organisation : on parle ici de vision et de projet d’en-
treprise. Il ne revient pas à l’audit interne d’évaluer
l’opportunité des décisions et postures des dirigeants
d’entreprise et ce d’autant plus qu’il existe un certain
nombre de contrepoids liés à la structure même des
organisations qui permettent de challenger les choix
des dirigeants (assemblée des actionnaires, conseil La planification est un élément essentiel pour
d’administration, de surveillance, etc.). la gestion et l’efficience de l’audit interne.
Ainsi, la Norme 2010 de l’IIA précise que « le
S’il semble ainsi difficile pour l’audit interne de responsable de l’audit interne doit établir un
prévoir ce type de missions de contrôle d’opportunité,
plan d’audit fondé sur les risques afin de définir
il est en revanche pleinement de son rôle d’évaluer la
déclinaison des objectifs stratégiques à tous les
des priorités cohérentes avec les objectifs de l'or-
niveaux opérationnels. Ainsi, la norme de référence ganisation. » Afin de définir les priorités en
2120.A1 rappelle-t-elle que l’audit interne évalue les cohérence avec les objectifs, le responsable
risques afférents au gouvernement d’entreprise, aux de l’audit interne recueille les points de vue
opérations et aux systèmes d’information de l’organi- de la direction générale et du conseil (Norme
sation au regard notamment de l’atteinte des objectifs
2010.A1).
stratégiques de l’organisation.
Pour établir un plan d’audit fondé sur les
L’audit est tout à fait fondé à vérifier la transposition risques, le responsable de l’audit interne
des objectifs stratégiques en véritables plans opéra- prend en compte les risques, mais également
tionnels et indicateurs (plan marketing, objectifs les menaces. Il peut s’appuyer aussi sur l’uni-
commerciaux). Il s’agit ainsi de s’assurer qu’au bon vers d’audit et les contributions de la direc-
niveau de l’organisation les managers « clés » sont
tion générale et du conseil (MPA 2010-1). Le
parfaitement informés et ont bien appréhendé les
« quoi », « pourquoi », « comment », « quand », « qui »
management des risques permet au respon-
de la politique stratégique et qu’ils ont décliné cette sable de l’audit interne d’ajuster et de réviser
politique dans leur périmètre. En clair, il s’agit de véri- son plan d’audit interne (MPA 2010-2). La MPA
fier que les objectifs stratégiques ont bien été convertis 2120-3, publiée cet été, vient compléter la
en actions opérationnelles et mesurables à tous les liste non exhaustive des éléments à prendre
niveaux de l’entreprise.
en compte dans la planification, à savoir les
L’appréhension par l’audit risques spécifiques à l’atteinte des objectifs
des objectifs stratégiques stratégiques. Les systèmes d’information
devenant de plus en plus prégnant dans les
Les MPA 2120-3 indiquent que « l’audit devrait avoir organisations, le responsable de l’audit
connaissance de la stratégie de l’organisation, de la interne peut définir la part des audits des SI
manière dont elle est mise en œuvre, des risques qui lui
dans le plan d’audit (GTAG 4 – Management
sont associés et de la manière dont ils sont gérés ».
de l’audit des SI) ou alors choisir d’élaborer un
L’audit doit évidemment être informé des objectifs plan d’audit spécifique aux SI (GTAG 11 –
stratégiques de l’entreprise. Le plus couramment cette Elaborer un plan d’audit des SI).
stratégie prend la forme de plans pluriannuels que la L’IFACI traduit et met à jour régulièrement le
présidence élabore et diffuse à tous les niveaux de Cadre de Référence International des
l’entreprise. L’audit bénéficie ainsi à l’instar des autres
Pratiques Professionnelles de l’audit interne.
départements d’une communication du « plan straté-
gique », des « ambitions » ou de la « trajectoire » de
Pour retrouver l’intégralité du CRIPP et
l’organisation. La stratégie de l’entreprise pour mener notamment les Normes, MPA et GTAG liés à la
au succès doit emporter l’adhésion de tous les colla- planification, rendez-vous dans la biblio-
borateurs, elle doit être « embarquée » – comme on le thèque en ligne du site Internet de l’IFACI.
dit aujourd’hui – dans toute activité quotidienne pour

nov./déc. 2013 - FICHE TECHNIQUE N°47 - Audit & Contrôle internes 3


FICHE TECHNIQUE

devenir une force mobilisatrice des équipes. On peut le contexte économique d’hyper-compétitivité orga-
ainsi légitimement s’interroger sur les chances de nise le cercle vicieux de l’hyper-compétition où les
succès d’une stratégie confidentielle. Toutefois, dans organisations sont en permanente mutation, transfor-
l’hypothèse où une organisation ne choisirait pas de mation. La remise en cause des équilibres naturels
communiquer sur sa stratégie, le directeur de l’audit devient l’écosystème habituel de l’entreprise et l’en-
interne doit a minima bénéficier d’une information semble des collaborateurs est prisonnier de la « roue
spécifique qui lui permettra d’orienter ses missions. du hamster » : c’est la course permanente à la créati-
Dans le cas contraire, le risque est grand d’avoir un vité marketing et commerciale. L’audit interne doit
audit cantonné dans sa Tour de Babel, au mieux réduit alors être un facteur de stabilité capable de remettre
à une analyse des risques mineurs de l’entreprise, au l’accent sur des risques dits « classiques » mais qui,
pire susceptible de réaliser des analyses en contradic- relégués en arrière plan, peuvent devenir majeurs. Le
tion avec ses orientations stratégiques. cœur de métier de l’audit reste la maîtrise des risques
financiers, opérationnels et d’entreprise ; la stratégie
La stratégie : clé impérative de lecture apporte un éclairage tel une ligne d’horizon vers
de l’univers d’audit laquelle il faut tendre, qui permet alors à l’audit de
s’inscrire dans une dimension d’analyse de risques
Si l’on part du principe que l’audit interne bénéficie prospective. 
d’une parfaite connaissance des objectifs stratégiques,
ceux-ci doivent dès lors devenir une clé de lecture de
l’univers d’audit. En effet, l’ensemble des missions de
1 Définition de l’encyclopédie Larousse.
contrôle va être conduit avec en toile de fond les 2
International Professional Practices Framework.
objectifs stratégiques. En procédant à une investiga- 3 Définition donnée par le Cahier de la Recherche « De la cartogra-
tion au sein d’une unité opérationnelle – une ligne phie des risques au plan d’audit - Groupe Professionnel Banque »
« métier » par exemple – via un processus ou plus publié par l’IFACI.
spécifiquement sur une thématique, l’audit va néces-
sairement utiliser, entre autres, le prisme des objectifs
stratégiques pour faire son analyse de risque. Ceci
étant, le directeur de l’audit peut également estimer
que la déclinaison des objectifs stratégiques doit faire
l’objet d’une mission dédiée pour précisément faire
un état des lieux global de la mise en œuvre de la stra-
tégie en s’assurant que tous les risques ont bien été
identifiés et font l’objet d’un dispositif de maîtrise.
Dans cette hypothèse, une telle mission sera inscrite
au plan d’audit.

Par conséquent, on voit bien que pour construire son


plan de contrôle, l’audit va nécessairement prendre en
Edwige Duterrage Baudin est actuellement
compte les objectifs stratégiques : ils seront un
élément de construction de la cartographie des risques directeur du pôle processus commerciaux de
de l’audit. Cette cartographie des risques constitue l’inspection générale de La Banque Postale.
« une démarche dynamique d’identification et d’évalua- Diplômée d’un DEA de droit communautaire,
tion des risques qui permet d’en donner une représentation elle a commencé sa carrière au secrétariat géné-
synthétique et visuelle. Elle constitue ainsi un outil de mise ral de la Commission Européenne. En 2002, elle
en évidence des risques à couvrir en priorité »3, au sein
intègre la direction des affaires juridiques et
duquel évidemment les risques stratégiques ont toute
leur place. fiscales de HSBC France. Elle rejoint ensuite La
Banque Postale en 2007 où elle a exercé diffé-
Par conséquent, on le voit bien ici, les objectifs straté- rentes fonctions à la direction de la conformité
giques doivent être nécessairement pris en compte par et à la direction des opérations avant d’être
l’audit interne. Toutefois, l’audit doit veiller à ne pas nommée à l’inspection générale.
se laisser happer par le tourbillon stratégique. En effet,

4 nov./déc. 2013 - FICHE TECHNIQUE N°47 - Audit & Contrôle internes

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