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CHAP.

1 : INTRODUCTION A L’ETUDE DU DEVELOPPEMENT HUMAIN

PLAN

1 – Définitions

2 – Mécanismes généraux du développement


2 – 1 – Les principes fondamentaux du développement
2 – 2 – Le déterminisme et la régulation du développement

3 – Le calendrier du développement prénatal ou anténatal dans l’espèce humaine


3 – 1 – La période embryonnaire
3 – 2 – La période fœtale

4 – Diagnostic et datation de la grossesse

5 – La maturation postnatale

OBJECTIFS

1. Définir les différentes notions du développement


2. Décrire les mécanismes généraux du développement
3. Enumérer les différentes étapes du développement prénatal humain et leurs caractéristiques
respectives

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1 – DEFINITIONS
Le terme de développement désigne l’ensemble des processus irréversibles qui évoluent dans le
temps et qui aboutissent à l’organisation morphologique et fonctionnelle des organismes vivants.
Toutes les structures de ces organismes très complexes se constituent à partir des deux premières
cellules : les blastomères qui s’individualisent à partir du zygote issu de la fécondation entre le
spermatozoïde et l’ovule.

Le développement remplit deux fonctions principales.


- La première fonction comporte la formation (différenciation) et l’organisation de tous les
différents types cellulaires de l’organisme.
- La deuxième fonction est la reproduction : la formation permanente de nouveaux individus au
sein des espèces. On décrit la reproduction non sexuée et la reproduction sexuée
Chez les êtres unicellulaires comme les bactéries et les amibes la reproduction est non sexuée
représentée par une division cellulaire normale ou mitose. Chez les êtres pluricellulaires dont
l’espèce humaine, la reproduction est sexuée et nécessite deux individus dont l’un est masculin et
l’autre féminin. Hormis les jumeaux monozygotes, « l’hérédité biparentale » crée une diversité qui
rend chaque individu « unique ».

Le développement comporte deux périodes séparées par la naissance : le développement anténatal


ou prénatal et le développement postnatal.
Lorsque l’on examine, pour l’ensemble des mammifères et pour l’espèce humaine : la durée de la
grossesse, le poids du nouveau-né et le poids de l’adulte, on constate que le développement
anténatal est en moyenne 26 fois plus rapide que le développement postnatal

Le terme d’embryologie désigne l’ensemble des notions acquises concernant le développement


prénatal des êtres organisés dont la reproduction est sexuée.
Les notions d’embryologie se répartissent en deux groupes : l’embryologie descriptive et
l’embryologie causale. L’embryologie descriptive établit l’inventaire des éléments et des structures
qui apparaissent au cours du développement anténatal de l’œuf. L’embryologie causale définit les
mécanismes du développement embryonnaire, d’une part grâce aux techniques de l’embryologie
expérimentale, d’autre part grâce aux observations des malformations spontanées ou provoquées
dont l’ensemble constitue la tératologie et la tératogenèse expérimentale.

Dans l’espèce humaine, le dépôt des spermatozoïdes au fond du vagin marque le terme du rapport
sexuel dont le déroulement correspond à un ensemble de phénomènes appelés réactions
sexuelles : érection, orgasme et éjaculation chez l’homme ; lubrification, dilatation vaginales et
orgasme chez la femme. Le déclenchement des réactions sexuelles est provoqué par le désir sexuel
et leur enchaînement s’accompagne de sensations de plaisir qui culminent avec l’orgasme. La
sexualité humaine est une fonction biologique dont gamétogenèse et fécondation ne sont que des
composantes. Cette fonction assure la pérennité de l’espèce mais aussi celle des individus. Elle
met en jeu des appareils génitaux masculin et féminin dont l’anatomie et la physiologie sont, dans
leurs différences et leur interaction, adaptées à la réalisation d’un nouvel individu.

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2 – MECANISMES GENERAUX DU DEVELOPPEMENT

2.1. Les principes fondamentaux du développement


Les deux premiers blastomères ou blastomères initiaux issus du zygote vont donner naissance à
un organisme complexe doté de fonctions multiples grâce à 4 mécanismes généraux :
1 – L’établissement du génome diploïde, le génome de procréation, constitué de couples de
chromosomes dont l’un est d’origine paternelle et l’autre d’origine maternelle. Ce génome détermine
le plan général de l’organisation de l’individu. Ce plan général est transmis de génération en
génération suivant les lois de l’hérédité.
2 – La multiplication des cellules ou prolifération cellulaire apparues après fragmentation des deux
blastomères assure, à partir de la fin de la première semaine suivant la fécondation, la croissance
en volume et en poids.
3 – Au fur et à mesure qu’apparaissent de nouvelles cellules, certaines se différencient sur le plan
morphologique et fonctionnel.
4 – Les cellules différenciées constituent des tissus et des structures dotés de fonctions spécifiques
qui confèrent à l’organisme son individualité, et, pour certaines d’entre elles adaptent son
fonctionnement à l’environnement.

2.2. Le déterminisme et la régulation du développement


2.2.1. Le déterminisme
Le déterminisme du développement est génétique. Le rôle le plus apparent du génome de
procréation est le déterminisme du sexe gonadique : le caryotype est 46 XX pour le sexe féminin et
46 XY pour le sexe masculin.
Il existe une notion d’empreinte génomique ou parentale dans le développement, c’est-à-dire que
le génome d’origine maternelle et le génome d’origine paternelle s’expriment de façon indépendante
dès le début du développement

2.2.2. La régulation du développement


La régulation du développement résulte de l’action du génome et de mécanismes liés d’une part, à
l’embryon lui-même, et d’autre part à l’environnement qui lui est imposé par l’organisme maternel.
Elle évolue suivant le même schéma général dans la période anténatale et la période postnatale en
réaction à des facteurs déclenchants et stimulants de nature différente.

 La régulation du développement anténatal


Dans l’espèce humaine, la période prénatale comporte deux phases : une phase embryonnaire et
une phase fœtale. Pour chaque phase, les facteurs de régulation sont liés à l’embryon ou au fœtus
d’une part et au milieu maternel d’autre part.

Le mécanisme fondamental de régulation de la phase embryonnaire est décrit sous le nom


d’induction. Ce terme désigne le fait qu’une région ou l’un des constituants de l’embryon va
conditionner le développement, l’organisation et la différenciation des zones ou structures voisines.

Au cours de la phase fœtale, les structures endocrines embryonnaires puis fœtales contribuent à
régler la différenciation des ébauches des organes. La structure endocrine de l’ébauche de la
gonade mâle contrôle la différenciation des voies génitales dès la fin de l’embryogenèse.
L’hypophyse fœtale règle le développement des glandes endocrines qu’elle commence à contrôler.
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Le milieu maternel influe sur le développement de l’embryon et du foetus. Ainsi le diabète maternel
et l’hypertension artérielle maternels troublent le développement embryonnaire et fœtal.
L’administration à la mère de substances diverses possédant des propriétés antimitotiques
provoque des malformations de nature variable suivant le moment du traitement. Des infections
diverses contractées par la mère peuvent provoquer la mort de l’embryon ou des malformations
diverses variables.

 La régulation du développement postnatal


Elle est d’ordre hormonal et favorisée par les facteurs nutritionnels.
La croissance squelettique est réglée par l’hormone somatotrope hypophysaire, favorisée par les
hormones thyroïdiennes et parathyroïdiennes. Les vitamines A et du groupe D sont indispensables
à son évolution harmonieuse. Le développement et la différenciation de l’appareil de la reproduction
sont réglés par les hormones gonadiques sous contrôle hypophysaire antérieur.

 Le mécanisme général
Trois processus fondamentaux apparaissent dès l’embryogenèse et se poursuivent de façon plus
limitée tout au long du développement. Ce sont les processus :
a. de croissance différentielle (une zone de l’embryon se développe plus rapidement que les autres)
souvent accompagnés de migrations cellulaires
b. d’accolement et de fusion d’ébauches qui permettent la constitution d’organes uniques à partir de 2
ébauches distinctes
c. de régression élective qui font disparaître des structures ou des organes transitoires.

3– CALENDRIER DU DEVELOPPEMENT ANTENATAL DANS L’ESPECE HUMAINE

Au cours du développement prénatal, l’œuf fécondé d’environ 140µm de diamètre et quelques


fractions de milligrammes devient un individu d’environ 50cm et de 3kg, fait de plusieurs milliards
de cellules. La naissance avec le passage de l’environnement liquidien intra-utérin à un
environnement aérien marque un changement radical pour le nouveau-né. Le développement
postnatal se poursuit jusqu’à la fin de la puberté et permet l’achèvement de la maturation du système
nerveux, du squelette et de l’appareil génital, principalement.

3.1. Le calendrier du développement prénatal ou anténatal


Le développement prénatal est partagé arbitrairement en deux périodes :
- La période embryonnaire couvre les 60 premiers jours du développement calculés à partir du
moment présumé de la fécondation. C’est la période de mise en place des organes ou
organogenèse et de modelage de l’aspect extérieur de l’embryon ou morphogenèse.
- La période fœtale correspond aux sept derniers mois de la grossesse où l’embryon devient un
fœtus. C’est la période de croissance et de maturation des fonctions nécessaires à l’autonomie du
nouveau-né.

3.1.1. La période embryonnaire


La période embryonnaire est courte (8 semaines), mais fondamentale. Elle se caractérise par une
succession de stades morphologiquement définis.
 Les quatre premières semaines se caractérisent par la transformation de l’œuf fécondé en morula, puis
en blastocyste, où le disque embryonnaire et les tissus annexiels s’individualisent.

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 Le 2ème mois du développement est la période de l’organogenèse et de la morphogenèse. A l’exception
des organes génitaux externes, tous les organes se mettent en place et s’organisent en système ou
appareil.

3.1.2. La période fœtale


A la période fœtale qui va du début du 3 ème mois à la naissance, l’embryon prend le nom de fœtus.
Cette période est dominée par la croissance rapide du fœtus et du placenta, des modifications de
proportions des segments du corps et la maturation des organes.

 La croissance fœtale
L’évolution de la longueur vertex-coccyx et d’autres paramètres (poids, taille du pied etc.) témoigne
de la croissance du fœtus. L’inégalité de vitesse de croissance des différents segments du corps
modifie les proportions entre la tête, le tronc et les membres.

 La régulation de la croissance et de la maturation fœtales


La régulation de la croissance fœtale est multifactorielle, contrôlée par des facteurs génétiques et
foeto-placentaires, et modulée par des facteurs maternels. La déficience d’un de ces éléments peut
retentir sur la croissance fœtale.

4 – DIAGNOSTIC ET DATATION DE LA GROSSESSE


La grossesse évoquée sur un retard de règles est habituellement confirmée au moyen des tests
diagnostiques disponibles dans le commerce, basés sur une réaction immunologique utilisant des
anticorps monoclonaux pouvant détecter l’hormone gonadotrophine chorionique (hCG), éliminée
dans les urines

L’âge de la grossesse est important à déterminer avec précision pour apprécier la croissance fœtale.
L’âge gestationnel est estimé par les embryologistes en semaines de développement, à partir de la
date présumée de la fécondation (âge réel ou post-conceptuel), mais en dehors des FIV, le moment
de la fécondation est difficile à établir avec précision.
En pratique, le terme de la grossesse est évalué par les obstétriciens en semaines d’aménorrhée
SA), avec comme repère le premier jour des dernières règles. Cette évaluation conduit à inclure
dans l’âge gestationnel, les 15 premiers jours du cycle où la femme n’est pas enceinte.

La durée de la grossesse peut être comptée en jours, en semaines, en mois civils ou en mois
lunaires. Pour les embryologistes elle est en moyenne de 266 jours, 38 SD, 8 mois ¾ ou 9 « lunes »
et demi. Pour les obstétriciens, elle est de 280 jours, 40 SA, 9 mois ¼ ou 10 « lunes ».
La viabilité théorique est fixée légalement à 22SA. Une naissance avant 37SA est dite prématurée.
La postmaturité correspond à une naissance après le terme de 41SA.

5 – LA MATURATION POSTNATALE

A la naissance, le nouveau-né s’adapte aux conditions de la vie extra-utérine. L’enfance est


marquée par la croissance staturo-pondérale et le développement psychomoteur. Cette période se
termine à la puberté marquée par l’apparition des caractères sexuels secondaires. L’adolescence
signe la maturation sexuelle et affective et la fin de l’ossification avant l’entrée dans l’âge adulte

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CHAPITRE 2 : APPAREIL GENITAL FEMININ

PLAN

Introduction

1 – Organes génitaux internes

1.1. Ovaires
1.2. Trompes utérines
1.3. Utérus
1.4. Vagin

2 – Les organes génitaux externes

3 – La pathologie

Conclusion

OBJECTIFS

1. Décrire les caractéristiques morphofonctionnelles des organes génitaux internes


2. Décrire les caractéristiques du cycle menstruel.
3. Enumérer les organes composant la vulve et leurs fonctions

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INTRODUCTION
L’appareil génital ou appareil de reproduction féminin est l’ensemble des organes impliqués dans
la sexualité et la reproduction. Il comprend :
- des organes génitaux internes, situés dans la cavité pelvienne, composés de : deux ovaires,
deux trompes, l’utérus et du vagin,
- et des organes génitaux externes ou la vulve, formée par le mont de Vénus, le clitoris, le
vestibule et ses glandes, les grandes lèvres et petites lèvres.

L’appareil génital est impliqué dans la sexualité et la reproduction. La femme joue un rôle
beaucoup plus complexe que l’homme dans la reproduction. Non seulement son appareil génital
doit-il produire des gamètes, mais il doit se préparer à soutenir un embryon en voie de
développement pendant une période d’environ neuf mois.

1. LES ORGANES GENITAUX INTERNES


1.1. Les ovaires
De la puberté à la ménopause, les ovaires assurent deux fonctions essentielles : libération de
l’ovocyte prêt à être fécondé et la sécrétion de stéroïdes sexuels.
Ces deux fonctions sont liées en grande partie à la même unité morphologique : le follicule
ovarien qui renferme l’ovocyte. Elles se déroulent suivant un cycle appelé cycle menstruel, qui se
caractérise par l’alternance d’une phase conduisant à l’ovulation ou phase folliculaire et d’une
phase préparatoire à la nidation éventuelle d’un œuf fécondé ou phase lutéale. La phase lutéale
est définie par la mise en place d’une glande endocrine temporaire, le corps jaune qui résulte de
la transformation des composants folliculaires demeurés dans l’ovaire après expulsion de
l’ovocyte.

1.1.1. Structure générale de l’ovaire


Les deux ovaires, droit et gauche, sont situés dans la cavité pelvienne en arrière des ligaments
larges et contre la paroi de l’excavation pelvienne.
Ovoïdes, ils mesurent environ 4cm de long et 2cm de large. Chacun d’eux est coiffé par le
pavillon de la trompe utérine et maintenu dans sa position par le mésovarium qui l’unit au
ligament large et par les ligaments lombo-ovarien, tubo-ovarien et utéro-ovarien.

Chaque ovaire présente à la description histologique quatre parties : l’épithélium germinatif, le


cortex, la médullaire et le hile.
- La surface de l’ovaire, irrégulière, est limitée par une assise de cellules cubiques ou
pavimenteuses parfois ciliées qui forment l’épithélium germinatif directement raccordé à
l’épithélium péritonéal au niveau du hile.
- Le cortex est composé essentiellement d’un tissu conjonctif de soutien (appelé stroma ovarien
ou stroma cortical) et de structures productrices des gamètes féminins et leurs dérivés (appelées
follicules ovariens).
- La médullaire ou région centrale, constituée d’un tissu conjonctif lâche, contient de nombreux
vaisseaux sanguins, des vaisseaux lymphatiques et des nerfs. Il n’existe pas de limites bien
précises entre le cortex et la médullaire.
- Le hile, en continuité avec la médullaire, est le point de pénétration des vaisseaux et des nerfs.

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1.1.2. Les variations structurales selon le cycle menstruel en période d’activité génitale
La structure de l’ovaire varie selon le cycle menstruel. Cette variation est liée essentiellement aux
follicules ovariens du cortex et à un moindre degré aux autres constituants de l’ovaire.

Un follicule ovarien est formé d’un ovocyte, formé très tôt au cours de la vie embryonnaire,
entouré par une ou plusieurs couches de cellules folliculaires.
On peut en distinguer trois types en fonction de leur taille et du degré de développement :
 les follicules primordiaux,
 les follicules en croissance
 et les follicules mûres ou follicules de De Graaf qui donneront naissance à l’ovocyte au
cours de l’ovulation.
A la naissance, l’ovaire de la petite fille, contient 1 million à 2 millions de follicules primordiaux qui
constituent la réserve folliculaire.
A la puberté, chez la jeune femme normale, la réserve folliculaire est 400.000 à 500.000 follicules
primordiaux. Parmi eux, 400 à 500 seulement deviendront des follicules mûrs qui donneront
naissance à l’ovocyte II. Les autres dégénéreront à un moment variable de leur évolution.
On décrit donc les follicules évolutifs au sein desquels les ovocytes achèvent leur maturation,
follicules qui, après la ponte ovulaire, se transforme en corps jaune progestatif, et les follicules
involutifs, les plus nombreux, qui subissent des modifications variables mais dont les ovocytes
seront en définitive lysés.
Les follicules ovariens sont responsables de la sécrétion des œstrogènes et de la progestérone
au cours du cycle menstruel. Ces hormones sont responsables de la préparation de l’utérus pour
la réception d’une éventuelle grossesse. Les follicules involutifs ont purement un rôle hormonal
alors les follicules évolutifs sont responsables de l’ovulation en dehors de leur fonction
hormonale.

1.1.3. Les régulations de la fonction ovarienne pendant la période génitale


L’activité cyclique de l’ovaire est le reflet des interférences dynamiques entre le système nerveux
central, l’hypophyse et les ovaires.
La sécrétion pulsatile de GnRH (Gonadotropin-Realeasing-Hormone) au niveau des neurones
hypothalamiques est nécessaire à l’obtention d’une sécrétion appropriée de FSH et LH
(gonadotropines) dont les sécrétions sont aussi pulsatiles. Sous l’action des gonadotropines, les
hormones ovariennes (oestradiol et progestérone) sont sécrétées sur un mode cyclique durant
les 28 jours du cycle
- La phase folliculaire : Au début de cette phase, la sécrétion des gonadotropines
hypophysaires, particulièrement de FSH augmente du fait de la baisse de la concentration des
stéroïdes liée à la mort du corps jaune. La sélection des follicules et leur croissance sont sous la
dépendance de FSH. Elle induit la production des oestrogènes par les follicules. Les oestrogènes
en synergie avec la FSH stimulent la croissance du folliculaire. La production de l’oestradiol ainsi
que la libération d’un facteur inhibiteur, l’inhibine, par les cellules folliculaires freinent la sécrétion
de FSH alors que celle de LH augmente de manière progressive du fait de la production
débutante de progestérone.
- L’ovulation se fait après le pic de FSH et LH, appelé pic préovulatoire. En effet, en période
préovulatoire, les cellules folliculaires deviennent sensibles à la LH et sécrètent de grandes
quantités d’oestrogènes. Cette imprégnation hormonale conduit après 48 heures à une inversion

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des effets des oestrogènes sur l’hypophyse, le rétrocontrôle positif. Il s’ensuit une stimulation
hypophysaire entraînant un pic de sécrétion de la LH et de la FSH
- La phase lutéale : La durée de vie et la capacité sécrétoire du corps jaune semblent dépendre
de la persistance de la sécrétion tonique de LH. Les grandes quantités d’oestradiol de
progestérone et d’inhibine élaborées par le corps jaune, par rétrocontrôle négatif, empêchent la
folliculogenèse en inhibant la FSH.

En dehors de la régulation nerveuse et hormonale, il existe des régulations paracrines intra-


ovariennes qui s’exercent par l’intermédiaire des facteurs de croissance (IGF, peptides de la
famille de TGFβ, cytokines). Cette régulation paracrine agit à tous les niveaux du cycle
menstruel. La régression du corps jaune paraît être sous la dépendance des facteurs hormonaux
à action paracrine.

1.1.4. Les variations selon l’âge


 De la vie intra-utérine à la puberté
Le passage de la cellule souche de la lignée germinale (l’ovogonie), au gamète proprement dit,
(l’ovocyte), résulte de plusieurs transformations dont la chronologie s’étend sur plusieurs années.
- Au cours du développement embryonnaire, les ovogonies se différencient et se multiplient
dans l’ébauche des ovaires à partir de la 6ème SD.
- Pendant la période fœtale, du 5ème au 7ème mois, toutes les ovogonies se différencient en
ovocytes de premier ordre ou ovocytes primaires ou ovocytes I du fait du déclenchement de la
méiose et qui s’entourent de cellules folliculaires pour donner les follicules primordiaux. Tous les
ovocytes primaires restent bloqués en prophase de méiose I, du 5ème mois de la vie fœtale au
moins jusqu’à la puberté (environ à l’âge de 12 ans).
Les premières croissances folliculaires interviennent au cours des derniers mois de la vie intra-
utérine, mais la plupart de ces follicules dégénèrent de même que les ovocytes qu’ils
contiennent (atrésie folliculaire)
- A la naissance, les ovaires renferment un million à deux millions de follicules primordiaux. Plus
aucune ovogonie n’est présente à la naissance.
- Chez la petite fille, la maturation des follicules primordiaux reprend mais aboutit, là encore, à
des follicules atrétiques sans évolution ovocytaire
L’ovaire de l’enfant, comme l’ovaire fœtal, renferme des petits follicules primordiaux, des
follicules en croissance à diamètre réduit, qui dégénèrent à tous les stades de leur
développement. Ainsi, le nombre des follicules primordiaux n’est plus que de 400.000 à 500.000
environ à la puberté.
- Jusqu’à la période prépubertaire, les deux ovaires conservent une grande similitude qui
disparaît avec l’instauration du cycle menstruel et la reprise de la première division de l’ovocyte.

 A la période d’activité génitale (cf 1.1.2)

 A la ménopause
L’activité fonctionnelle de l’ovaire cesse quand le nombre de follicules primordiaux est devenu
trop faible ou nulle. Ceci caractérise la ménopause. L’ovaire devient atrophique et son cortex
s’appauvrit rapidement en follicules évolutifs. Seul persiste le stroma dans lequel s’incorporent
les cellules thécales en provenance des follicules atrétiques. Progressivement, le stroma et les

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vaisseaux du hile évoluent vers la sclérose, alors que les cellules interstitielles du hile se
développent. Après la ménopause, l’ovaire élabore essentiellement des androgènes et très peu
d’oestrogènes.
1.2. Les trompes utérines
La trompe utérine ou trompe de Fallope est un conduit musculo-membraneux mesurant environ
10 – 12 cm de long et s’étend de son extrémité ouverte et dilatée près de l’ovaire à une portion
rétrécie qui traverse la paroi myométriale avant de s’ouvrir dans la cavité utérine. Elle est
constituée de quatre portions histologiquement différents qui se font suite depuis la paroi utérine
jusqu’à l’ovaire : le segment intramural, l’isthme, l’ampoule et le pavillon. L’ampoule possède des
franges.
La paroi de la trompe utérine comprend trois tuniques : une muqueuse, une musculeuse et une
séreuse représentée par le péritoine.
Le transport des gamètes masculins et du zygote et le siège de la fécondation sont les fonctions
essentielles de la trompe utérine. La fécondation a lieu habituellement au niveau de la jonction
isthmo-ampullaire (1/3 externe de la trompe).

1.3. L’utérus
1.3.1. Structure générale
L’utérus est un organe musculaire creux, impair et médian, en forme de poire, qui reçoit les
trompes de Fallope. Il est formé d’une portion dilatée, le corps et d’une portion cylindrique, le col,
et entre les deux portions se trouve une zone de transition, l’isthme. Le corps contient la cavité
utérine et sa portion supérieure porte le nom de fond utérin. Le col est centré par le canal cervical
La paroi utérine, relativement épaisse, est constituée de trois tuniques : une muqueuse appelée
endomètre, une musculeuse portant le nom de myomètre et une séreuse au niveau du corps et
une adventice au niveau du col.
L’endomètre peut être divisée en deux zone : la zone fonctionnelle qui desquame à chaque
menstruation et se renouvelle à chaque cycle et la zone basale ou résiduelle ou profonde dont la
structure ne change pas au cours du cycle et qui prolifère pour redonner un nouvel épithélium et
un nouveau chorion cytogène.
Le myomètre est la tunique la plus épaisse de la paroi. Pendant la gestation, le myomètre
présente une croissance importante due, à la fois à une hyperplasie et une hypertrophie.
L’adventice est un tissu conjonctif dense et revêtue sur une grande partie de son étendue par la
séreuse péritonéale.

1.3.2. Les variations selon l’âge


Ces variations concernent essentiellement l’endomètre.

 Avant la puberté : l’endomètre est simple, composé d’un épithélium cubique bas, reposant
sur un chorion cellulaire peu abondant. Les glandes utérines sont à peine ébauchées.

 Période d’activité génitale : les hormones ovariennes, sous l’action des hormones adéno-
hypophysaires, provoquent des modifications morphologiques cycliques de l’endomètre qui
constituent le cycle menstruel. Le cycle menstruel est l’ensemble des manifestations
génitales et hormonales périodiques, se produisant chez la femme de la puberté à la
ménopause et interrompues par la grossesse et l’allaitement. La durée du cycle menstruel est
variable, mais elle est en moyenne de 28 jours.
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Les cycles menstruels apparaissent, chez la femme à partir de 12 – 15 ans (puberté) et
persistent jusqu’à l’âge de 45 – 50 ans (ménopause). Ils sont en rapport avec la
folliculogenèse et ne sont observés que pendant la période d’activité génitale. Quand les
cycles disparaissent cela ne signifie pas que l’activité sexuelle de la femme soit arrêtée avec
la ménopause, c’est uniquement la fertilité qui cesse.

On décrit au cycle menstruel trois phases : la phase menstruelle, la phase préovulatoire ou


proliférative et la phase postovulatoire ou sécrétoire. Malgré cette division, les modifications
structurales observées se font de façon progressive ; la description séparée n’est que
didactique.
er ème
 La phase menstruelle (du 1 au 4 jours du cycle) : Si la fécondation de l’ovocyte II n’est pas
lieu, le corps jaune cesse spontanément son activité au bout de 14 jours. Les taux sanguins des
oestrogènes et de la progestérone diminuent brusquement. L’endomètre développé sous la
stimulation de ces hormones involue puis est partiellement éliminé. La vasoconstriction des artères
spiralées empêche l’arrivée du sang dans la zone fonctionnelle de l’endomètre et provoque son
ischémie et sa nécrose. La zone fonctionnelle est fragmentée et expulsée dans un contexte
hémorragique. L’endomètre est alors réduit à sa couche basale où subsistent des culs de sac
glandulaires, à partir desquels se fera sa régénération. L’écoulement sanguinolant qui caractérise
la menstruation est composé de sang modifié incoagulable, de mucus, de débris endométriaux,
d’eau et de prostaglandine.
ème ème
 La phase proliférative ou oestrogénique ou folliculinique ou préovulatoire (du 5 au 14
jours du cycle) : Après la phase menstruelle, seule persiste la zone résiduelle de l’endomètre
(chorion cytogène) à partir de laquelle les glandes et l’épithélium de revêtement de la zone
fonctionnelle se reconstituent. Cette phase est dite folliculinique oestrogénique car elle coïncide
avec le développement des follicules ovariens et la production d’oestrogènes. Durant cette phase
de prolifération active, l’épaisseur de l’endomètre s’accroît de 1 à 5mm. A la fin de cette phase, les
glandes deviennent sinueuses avec une lumière étroite.
Les glandes cervicales élaborent une glaire cervicale abondante dont la texture et l’abondance
varient avec les jours de la phase. Deux à trois jours avant l’ovulation, elle est abondante, filante,
fluide et transparente. La grande abondance de la glaire cervicale au moment de l’ovulation peut
être appréciée par la femme elle-même (méthode BILLING de contraception)
ème ème
 La phase sécrétoire ou lutéale ou oestroprogestative ou postovulatoire (15 au 28 jours
du cycle) : Elle débute après l’ovulation. Les modifications sont induites par la progestérone
sécrétée par le corps jaune. Au terme de cette phase, l’endomètre atteint une épaisseur de 7mm.
La paroi des glandes très plissée a un aspect caractéristique en dents de scie, dû à la présence
d’épines conjonctives.
La glaire cervicale devient épaisse, visqueuse et opaque et exercent une activité antibactérienne et
empêche le passage des spermatozoïdes.

 A la ménopause : la femme n’a plus de cycle menstruel. Elle n’est plus féconde mais
conserve son activité sexuelle. Avec l’arrêt de la stimulation hormonale, l’endomètre reprend
l’aspect simple prépubertaire. Il s’amincit, son chorion devient fibreux, et l’occlusion de la
lumière des glandes utérines peut entraîner la formation de kystes.

1.3.3. Fonctions de l’utérus : la gestation


L’implantation de l’embryon et son développement se font dans les deux tiers antérieure ou
postérieure de la cavité utérine. L’implantation nécessite une réceptivité utérine suffisante par
préparation de l’endomètre.

16
Les glandes cervicales élaborent des sécrétions cycliques sous l’effet des oestrogènes : glaire ou
mucus cervical permettant l’ascension des spermatozoïdes.

1.4. Le vagin
C’est un conduit fibro-musculaire impair et médian qui s’étend de l’utérus à la vulve. Il relie les
organes génitaux internes aux organes génitaux externes. A son extrémité interne, le vagin forme
un dôme autour du col utérin saillant. Ce dôme est divisé en culs-de-sac antérieur, postérieur et
latéraux appelés fornix.
La paroi vaginale, dépourvue de glandes, est constituée de trois tuniques : une muqueuse, une
musculeuse et une adventice. Le mucus retrouvé dans la cavité vaginale provient des glandes
cervicales.

2 – LES ORGANES GENITAUX EXTERNES


Appelés encore la vulve, les organes génitaux externes comprennent : le clitoris, les petites et
grandes lèvres, le vestibule et ses glandes, l’hymen et l’orifice vaginal.

Le clitoris peut être considéré comme un pénis rudimentaire.


Le vestibule est la fossette délimitée entre les deux petites lèvres et contient le méat urétral à
l’avant et l’orifice vaginal à l’arrière. Les glandes vestibulaires principales ou glandes de
Bartholin sont localisées de chaque côté du vestibule. Ces glandes sont tubulo-acineuses,
hormono-dépendantes et élaborent un mucus filant sous l’influence des stimulations sexuelles
qui humidifie et lubrifie le vestibule, ce qui facilite le coït.
Les petites lèvres sont des replis de la peau et renferment de nombreuses glandes sébacées et
sudoripares
Les grandes lèvres sont de grands replis de la peau formant les limites de la vulve et ont une
face interne lisse, sans poils, alors que la face externe est tapissée par la peau revêtue de poils
épais.
L’hymen est une fine membrane fibreuse, rarement intacte, apparaissant d’ordinaire sous
l’aspect de « lambeaux » irréguliers qui bordent la partie inférieure du vagin. Il peut être
considéré comme la limite entre organes génitaux internes et externes.

Les organes génitaux externes sont très riches en terminaisons nerveuses libres et en
corpuscules sensoriels qui participent à la physiologie de l’excitation sexuelle.

3 – LA PATHOLOGIE
 Les maladies sexuellement transmissibles : gonococcie, candidose, syphilis, chlamydiose
 Endométriose : Il s’agit de la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus
 Fibrome ou myome, adenomyome sont des tumeurs bénignes développées au dépend des
tuniques de l’utérus
 Endométrite est une inflammation de l’endomètre de causes diverses
 Toutes les structures de l’appareil génital féminin peuvent être victimes des cancers.
 La stérilité féminine peut relever de l’obstruction des trompes utérines, d’une rétroversion utérine,
d’une endométriose etc.
 Les dysménorrhées sont des menstruations douloureuses.

CONCLUSION

17
L’appareil génital féminin produit les gamètes féminins grâce aux ovaires, accueille les gamètes
masculins en vue de la fécondation, par ses voies génitales et fournit un environnement
hormonal et physique propice à l’implantation de l’embryon dans l’utérus, héberge et nourrit
l’embryon puis le fœtus au cours de la grossesse et expulse le fœtus à terme à la fin de la
grossesse.

18
Modalités d’évolutions des gonadotrophines, des stéroïdes ovariens et la population des
follicules au cours d’un cycle menstruel (M : menstruations)
19
20
CHAPITRE 3 : APPAREIL GENITAL MASCULIN

PLAN

Introduction

1 – Testicules
1 – 1 – Structure générale des testicules
1 – 2 – Régulation de la spermatogenèse
2 – Voies génitales excrétrices
3 – Glandes annexes
3 – 1 – Vésicules séminales
3 – 2 – Prostate
3 – 3 – Glandes de Cooper
4 – Pénis
5 – Sperme
6 – Pathologies

Conclusion

OBJECTIFS

1 – Décrire les caractéristiques morphofonctionnelles des testicules


2 – Enumérer les voies génitales excrétrices et leurs fonctions
3 – Enumérer les glandes qui produisent le sperme et donner la composition du sperme
4 – Décrire les mécanismes de régulation de la spermatogenèse

21
INTRODUCTION
L’appareil génital ou appareil de reproduction masculin est composé par l’ensemble de structures
anatomiques qui participent aux fonctions de la reproduction. Schématiquement il comporte :
- des gonades, les testicules,
- des voies génitales excrétrices, l’épididyme et le canal déférent,
- des glandes annexes, les vésicules séminales, la prostate et les glandes bulbo-urétrales,
- et du pénis
Les testicules possèdent une double fonction : l’une, la gamétogenèse, se traduisant par la
production de spermatozoïdes et l’autre, endocrine, consistant à l’élaboration de diverses
hormones testiculaires.
Les voies génitales et les glandes annexes élaborent des sécrétions qui ont pour fonctions
d’assurer la nutrition des spermatozoïdes et de les propulser hors de l’organisme
Le sperme constitué par les spermatozoïdes et les sécrétions des voies génitales et des glandes
annexes sera introduit dans les voies génitales féminines par le pénis.
Les testicules, l’épididyme et le canal déférent sont situés dans le scrotum.

1 – TESTICULES
Ce sont des organes pairs situés dans le scrotum. Au terme de leur développement dans la
cavité abdominale, les testicules migrent vers le canal inguinal qu’ils franchissent entre le 5ème et
le 6ème mois de la vie intra-utérine. Ils sont alors suspendus dans le scrotum, hors de la cavité
abdominale, par le cordon spermatique au pôle supérieur et par le gubernaculum testis au pôle
inférieur. Chaque testicule est revêtu par une enveloppe dérivant du péritoine, la vaginale.
Chez l’homme adulte, chacun des testicules est ovoïde et mesure environ 4 cm de long, 3 cm
d’épaisseur et 2,5 cm de largeur et pèse 10 à 15g. Le bord postéro-supérieur est coiffé sur toute
sa longueur par l’épididyme.
Les tuniques qui enserrent les testicules sont recouvertes par la peau du scrotum pigmentée et
riche en follicules pileux, glandes sébacées et glandes sudoripares. Le scrotum joue un rôle
important car permet de maintenir les testicules à une température inférieure (environ de 2-3°) à
celle de la cavité abdominale, ce qui est essentiel au déroulement normal de la spermatogenèse.

1.1. Structure générale des testicules


Le testicule est enveloppé par une capsule fibreuse, blanche, résistante et épaisse appelée
albuginée. De la face profonde de l’albuginée, se détachent des cloisons conjonctives qui
délimitent 200 à 300 lobules testiculaires. Dans chaque lobule sont disposés 10 à12 tubes
séminifères, repliés sur eux-mêmes. Les tubes séminifères sont constitués par les cellules de
Sertoli et les cellules germinales.
Entre les tubes séminifères, l’interstitium conjonctif, bien vascularisé, contient des îlots de cellules
endocrines, les cellules de Leydig, dont l’ensemble constitue la glande interstitielle du testicule.
Le démarrage de la spermatogenèse à la puberté n’est possible que si les cellules de Sertoli sont
différenciées. Toutes leurs activités interviennent dans le déroulement et la régulation de la
spermatogenèse.

Les cellules de la lignée germinale représentent les divers stades du processus de division et de
différenciation des cellules germinales masculines. Ce processus continu, mise en place à la
puberté, constitue la spermatogenèse. La spermatogenèse peut être divisée en deux phases : la
spermacytogenèse et la spermiogenèse. Lors de la spermacytogenèse, les spermatogonies se
22
divisent et donnent naissance à des générations successives de cellules qui aboutissent
finalement aux spermatocytes puis aux spermatides par le processus de la méiose. Lors de la
spermiogenèse les spermatides vont se différencier en spermatozoïdes.
Le temps nécessaire à la transformation des spermatogonies en spermatozoïdes est de 74 +/- 4
jours. Outre la lenteur, la spermatogenèse ne se réalise jamais de façon simultanée ou
synchrone dans tous les tubes séminifères, mais au contraire sous forme ondulatoire.
Les cellules de Leydig élaborent les androgènes testiculaires qui induisent la différenciation et le
développement du tractus génital et le développement et le maintien des caractères sexuels
secondaires.

1.2. Régulation de la spermatogenèse


La régulation de la spermatogenèse est, au premier chef, sous la dépendance des facteurs
endocriniens. Cependant plusieurs mécanismes locaux de régulation interviennent en
complément. D’autre part, divers agents physiques, physiologiques ou pharmacologiques
peuvent retentir sur la production des spermatozoïdes.

 Contrôle neuro-endocrien : la spermatogenèse dépend des hormones gonadostimulines


antéhypophysaires, FSH (Follicle Stimulating Hormone) et LH (Luteinizing Hormone), sur les
cellules testiculaires. Le contrôle de la sécrétion de FSH et LH est assurée par l’hormone
hypothalamique, la GnRH ou gonadolibérine elle-même soumise à l’influence de l’épiphyse et
du système nerveux extra-hypothalamique.
Deux mécanismes de rétrocontrôle sont parfaitement établis : l’inhibine sécrétée par la cellule
de Sertoli sous l’influence conjointe de FSH et de testostérone déprime la sécrétion
hypophysaire de FSH sans action sur la sécrétion de LH ni sur l’hypothalamus. Le taux
d’androgènes circulants d’origine gonadique freine la sécrétion hypophysaire de LH et FSH et
inhibe les sécrétions hypothalamiques

 Contrôle local (les interactions intercellulaires) : diverses interactions intercellulaires


existent dans le testicule. Il s’agit d’une activité paracrine des différentes cellules du testicule :
cellules de Leydig/cellules de Sertoli, cellules péritubulaires/cellules de Sertoli et cellules de
Leydig/cellules germinales.

 Facteurs retentissant sur la spermatogenèse : la température joue un rôle important dans


la régulation de la spermatogenèse. En effet elle ne se produit qu’à une température
inférieure à la température corporelle qui est de 37°C. La température du scrotum est de
l’ordre de 35°C. Toute élévation de la température peut être préjudiciable au bon déroulement
de la spermatogenèse. Les radiations ionisantes provoquent la destruction des
spermatogonies avec une stérilité définitive. Diverses drogues comme les
antimitotiques/anticancéreux et es immunodépresseurs peuvent léser définitivement la lignée
germinale.

2 – VOIES GENITALES EXCRETRICES


Les conduits qui transportent les spermatozoïdes des testicules jusqu’au méat urinaire, leur point
d’émission, sont constituées successivement des voies spermatiques intra-testiculaires, les
canaux efférents, le canal épididymaire, le canal déférent et l’urètre.

23
La traversée de l’épididyme permet l’acquisition de la mobilité, l’aptitude de se fixer à la zone
pellucide et la répression du pouvoir fécondant (décapacitation) des spermatozoïdes.
3 – GLANDES ANNEXES
Ce sont les vésicules séminales, la prostate et les glandes bulbo-urétrales
3.1. Vésicules séminales
Ce sont des organes pairs, sacculaires, bosselées, qui participent à l’élaboration du sperme.
Les sécrétions des vésicules séminales, jaunâtres et visqueuses, comportent des substances
destinées à la nutrition des spermatozoïdes. On y trouve du fructose, de l’acide ascorbique, du
citrate de l’inositol, des prostaglandines et de nombreuses protéines. 70% de l’éjaculat humain a
pour origine les vésicules séminales. Les vésicules séminales sont androgéno-dépendantes et le
fructose est leur marqueur.

3.2. Prostate
C’est une glande exocrine pesant 20g. Contenue dans la loge prostatique, elle est située sur le
col et la portion initiale de l’urètre.
Les sécrétions prostatiques entrent dans la composition du sperme. Elles contiennent de l’acide
citrique, de l’albumine, des enzymes protéolytiques, des phosphatases acides et des ions et
pauvre en protéines. L’acide citrique, les phosphatases acides et le zinc sont les marqueurs de la
fonction prostatique. La prostate est androgéno-dépendante.

3.3. Glandes de Cooper


Elles s’abouchent dans l’urètre membraneux. Elles sont tubulo-alvéolaires. Leur sécrétion est
mucoïde, filante et agit comme un lubrifiant.

4 – PENIS
Le dernier segment des voies génitales excrétrices du sperme est représenté par l’urètre ou
canal uro-génital qui comprend trois portions : l’urètre prostatique, membraneux et l’urètre
spongieux. Seul l’urètre spongieux entre dans la composition du pénis.
Le pénis ou verge est constitué de l’urètre spongieux et de trois cylindres de tissu érectiles, le
tout revêtu par la peau
Les formations érectiles sont constituées par le corps spongieux et par deux corps caverneux,
entourés, chacun d’une enveloppe fibro-élastique nommée tunique albuginée. Le corps
spongieux est médian et situé ventralement. Long de 12 à 16cm, il entoure l’urètre. Il présente un
renflement antérieur, le gland, et un renflement postérieur, le bulbe. Les corps caverneux ont la
forme de demi-cylindres accolés de 15 à 20cm de long.
L’érection est due à un double phénomène vasculaire et musculaire.
L’éjaculation consiste en l’émission du sperme hors des voies génitales. Elle s’effectue en deux
temps. Le premier est l’excrétion du sperme dans l’urètre prostatique où il reste bloqué en amont
du sphincter strié. Le second temps est l’expulsion du sperme par des contractions saccadées et
synchrones des muscles du périnée antérieur.
La détumescence de la verge, c’est-à-dire le retour à l’état flaccide, est produit par la
vasoconstriction des blocs artériels, la vasodilatation des blocs veineux et le relâchement des
cellules musculaires lisses.

5 – SPERME

24
Le sperme est constitué par les spermatozoïdes et les sécrétions de différentes origines qui se
mélangent, au cours de l’éjaculation, sous forme de plasma séminal. La fraction pré-spermatique,
produite durant la phase pré-éjaculatoire, renferme les sécrétions des glandes de Cooper.
La fraction spermatique de l’éjaculat, riche en spermatozoïdes, est surtout composée des
sécrétions d’origine prostatique et épididymo-testiculaire. La fraction post-spermatique de
l’éjaculat correspond aux sécrétions des vésicules séminales.

Le sperme a l’aspect d’un liquide plus ou moins visqueux, blanc grisâtre, opaque, d’aspect
floconneux et d’odeur caractéristique. Le volume moyen chez un homme fécond varie entre 1,5 à
6 ml. L’étude du sperme à l’état frais montre la concentration des spermatozoïdes se situe entre
20 et 200 millions par ml. 50% d’entre eux, au moins, ont une mobilité unidirectionnelle. L’étude
des anomalies se fait par le spermocytogramme et le spermocytogramme.

La composition biochimique du plasma séminal est très riche et complexe. Il contient l’eau, des
ions, des glucides libres (fructose, glucose, sorbitol), et lié, des acides organiques (acide
citrique…), des substances azotées non protéiques (carnitine, spermine, spermidine …), des
lipides (phospholipides, prostaglandines) et des enzymes (protéases, glycosidases, transférases,
phosphatases). On y trouve également des gonadotrophines (FSH, LH), de la prolactine et des
stéroïdes sexuels (androgène, progestérone, oestradiol). Le plasma séminal constitue un micro-
environnement indispensable au métabolisme et à la mobilité des spermatozoïdes. Il renferme
des facteurs immunodépresseurs qui préviennent le déclenchement d’une réaction immunitaire
dirigée contre les spermatozoïdes dans les voies génitales masculines (auto-immunité).

6 – PATHOLOGIES
1. Le défaut de migration des testicules dans le scrotum au cours du développement est appelé
cryptorchidie. La production des spermatozoïdes est défectueuse. Cependant il n’y a pas
d’altération des cellules de Leydig se sorte que les patients cryptorchides peuvent être stériles,
mais puissant avec présence des caractères sexuels secondaires
2. Une hydrocèle est la production et l’accumulation excessives de liquide dans le scrotum
3. Les maladies sexuellement transmissibles : gonococcie, chlamydiose, trichomonose,
candidose, syphilis, VIH
4. La stérilité masculine peut être due à des troubles endocriniens, l’obstruction des voies
spermatiques, un défaut d’érection ou d’éjaculation pendant les rapports sexuels ou la
suppression de la spermatogenèse par les radiations ionisantes, la chimiothérapie
anticancéreuse, ou d’autres médicaments
5. Les différentes parties de l’appareil génital peuvent être victimes de cancer.

CONCLUSION
L’appareil génital masculin est impliqué dans la sexualité et la reproduction. Les différents
organes de l’appareil génital victimes de nombreuses pathologies parmi lesquelles les maladies
sexuellement transmissibles, les tumeurs. L’appareil génital masculin peut être cause de stérilité
du couple.

25
26
27
CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’OEUF
FECONDE ET LE DEROULEMENT DE LA GROSSESSE

1– Le développement normal de l’œuf fécondé


1.1. Le premier mois
1.2. Le deuxième mois
1.3. Du début du 3eme mois à la fin du 6eme mois
1.4. Du début du 7eme mois à la fin du 9eme mois
1.5. Quelques chiffres
2 – Le déroulement de la grossesse normale
2.1. Le premier trimestre
2.2. Le deuxième trimestre
2.3. Le troisième trimestre
2.4. L’accouchement et la délivrance

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Nommer les principales caractéristiques de l’œuf par mois d’évolution


2 – Décrire les principales caractéristiques du déroulement de la grossesse normale par trimestre

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1 – LE DEVELOPPEMENT NORMAL DE L’ŒUF FECONDE
Le développement de l’œuf fécondé s’effectue de façon continue et progressive au cours de 38
semaines qui séparent la fécondation de la naissance

1.1. Le premier mois

 La 1ère Semaine de développement


Elle est caractérisée par la segmentation de l’œuf aboutissant à la formation de la morula puis du
blastocyste en même temps que s’effectue sa migration tubaire qui amène l’œuf du tiers externe
de la trompe (où a lieu la fécondation) dans la cavité utérine.

 La 2ème Semaine de développement


Elle est caractérisée par la transformation du blastocyste en disque embryonnaire didermique
avec ses trois sphères creuses annexes : la cavité amniotique, le lécithocèle secondaire et la
sphère choriale, en même que s’accomplit l’implantation de l’œuf dans la muqueuse utérine

 La 3ème Semaine de développement


Elle est caractérisée par la transformation du disque embryonnaire didermique en disque
embryonnaire tridermique par la mise en place du mésoblaste et de la chorde. Conjointement, le
SN commence à se différencier à partir de l’ectoblaste. De plus, apparaissent : le diverticule
allantoïdien, les premiers îlots vasculo-sanguins et les gonocytes primordiaux.

 La 4ème Semaine de développement


Elle est caractérisée par la délimitation de l’embryon, l’apparition des bourgeons des membres et
de l’ébauche de nombreux organes, ainsi que par l’établissement de la circulation fœto-
placentaire

1.2. Le deuxième mois


Il est caractérisé par :
 L’apparition de nombreux organes et la différenciation des ébauches déjà apparues à la 4ème
SD,
 Le modelage externe du corps : l’aspect extérieur de l’embryon se modifie considérablement.

 Le volume relatif de la tête augmente ; le cou commence à se former ; la face, les oreilles,
le nez et les yeux se mettent en place.
 L’ébauche caudale disparaît presque complètement ; la membrane cloacale se divise en
membrane uro-génitale en avant et en membrane anale en arrière ; les organes génitaux
externes sont à un stade indifférencié.
 Les membres apparaissent d’abord sous forme d’une simple palette qui s’allonge et se
segmente en trois articles. Sur le dernier article, aplati, apparaissent quatre sillons qui
séparent les ébauches des doigts. Puis une orientation de 90° oriente vers l’arrière
l’articulation du coude et vers l’avant celle du genou. Le membre inférieur se développe
plus tardivement que le membre supérieur
 La face ventrale est soulevée par le cœur et le foie qui bombent fortement et est marquée
par l’insertion large et très postérieure du cordon ombilical. A la fin du 2ème mois,

29
l’embryon prend le nom de fœtus (et l’on passe de la période embryonnaire à la période
fœtale du développement)
1.3. Du début du 3ème mois à la fin du 6ème mois
Toutes les ébauches des organes sont déjà en place et les organes subissent les phénomènes
de croissance, de différenciation et de maturation. A la fin du 6ème mois, le fœtus est devenu
viable.

1.4. Du début du 7ème mois à la fin du 9ème mois


Les processus de croissance, de différenciation et de maturation se poursuivent, mais ne
nécessite pas de façon obligatoire comme au paravent, la présence du fœtus dans l’utérus
maternel et, selon que la naissance aura lieu à la fin du 9ème mois ou plus tôt, on aura affaire à un
nouveau-né à terme ou à un prématuré

1.5. Quelques chiffres


 Œuf fécondé : diamètre = 180µm
 Disque embryonnaire didermique : longueur totale = 0,1 à 0,2mm ; diamètre de la sphère choriale
= 0,5 à 1mm
 Disque embryonnaire tridermique : longueur totale = 1,5mm ; diamètre de la sphère choriale =
15mm
 Embryon délimité : longueur vertex – coccyx = 5mm ; diamètre de la sphère choriale = 30mm
ème
 Fœtus à la fin du 2 mois : longueur vertex – coccyx = 30mm ; poids = 2 à 3g
ème
 Fœtus viable à la fin du 6 mois : longueur vertex – plante des pieds = 300mm ; poids = 600g
ème
 Nouveau-né à la fin du 9 mois : longueur vertex – pieds = 500mm ; poids du nouveau-né =
3400g ; poids du placenta = 650g et volume du liquide amniotique = 800ml

2 – LE DEROULEMENT DE LA GROSSESSE NORMALE


La durée de la grossesse est variable selon les statistiques. Théoriquement la gestation dure 280
+/- 12 jours. La majorité des accouchements se déroulent entre la 40ème et la 42ème semaines
après le premier jour de la dernière menstruation (DDR).
Il est traditionnel, sur le plan obstétrical, de diviser la grossesse en trois trimestres.

2.1. Le premier trimestre


2.1.1. Anatomiquement
L’œuf jeune est entièrement villeux : les villosités occupent toute sa surface. Puis il grossit et fait
une saillie de plus en plus importante dans la cavité utérine, pendant que le chorion du pôle
superficiel de l’œuf perd ses villosités et devient lisse. Au niveau de l’implantation utérine de
l’œuf, les villosités persistent au contraire dans une zone discoïde limitée par un bord
circonférentiel : c’est le placenta
La muqueuse utérine dans laquelle l’œuf s’est enfoui au moment de la nidation constituent les
caduques : pariétale ou utérine, tapissant la cavité utérine, ovulaire ou réfléchie (soulevée par
l’œuf) et basilaire (située dans l’aire placentaire). La cavité utérine est fermée, au niveau de
l’orifice cervical par le bouchon muqueux qui n’est autre que la glaire cervicale coagulée sous
l’effet de la progestérone.

2.1.2. Cliniquement
Jusqu’au 4ème mois, il n’existe que des signes de probabilité de la grossesse :
- L’aménorrhée
30
- La sensation de gonflement persistant des seins avec des aréoles saillantes et tubercules de
Montgomery
- L’augmentation du volume de l’utérus, en rapport avec la durée de l’aménorrhée, associée à un
ramollissement du corps utérin (à 2 mois l’utérus a la taille d’une grosse orange ; à la fin du 3ème
mois le fond utérin est à 9cm au-dessus du pubis)
- Au spéculum, le col est violacé et la glaire cervicale coagulée, signe témoignant de
l’imprégnation progestéronique.

2.1.3. Biologiquement
La certitude de grossesse est apportée par certains dosages hormonaux et les examens aux
ultrasons.
- Le dosage des stéroïdes hormonaux, recherchés dans les urines ou dans le plasma renseigne
sur la réalité de la grossesse (un taux d’oestrogènes urinaires supérieur à 100µg par 24h affirme
la grossesse)
- La mise en évidence dans les urines ou dans le plasma de l’HCG est la base des réactions
immunologiques de grossesse et permet le diagnostic précoce
- L’échographie permet de voir la cavité utérine et la cavité ovulaire, de les mesurer l’une et
l’autre pour cerner de plus près l’âge de la grossesse, de voir une activité spontanée du produit
de conception et de détecter l’activité cardiaque très précocement (3ème – 4ème SD)
- L’auscultation des bruits du cœur fœtal est possible à partir de la 10ème – 12ème semaines
d’aménorrhée.

2.2. Le deuxième trimestre


2.2.1. Anatomiquement
L’œuf grossit : à la fin du 4ème mois, son développement entraîne l’accolement des caduques
ovulaire et pariétale. La cavité utérine est alors complètement comblée. L’épaisseur de la
caduque diminue progressivement (à terme la caduque n’aura plus qu’un millimètre d’épaisseur)

2.2.2. Cliniquement
Le fait fondamental est l’apparition des signes fœtaux, aisément perceptibles par l’examen
clinique traditionnel : ce sont les classiques signes fœtaux de certitude (qui ont beaucoup perdu
de leur intérêt du fait de la technologie obstétricale utilisant les ultrasons)
- Les mouvements passifs : le fœtus est gros et ballotte à la mobilisation dans le liquide
amniotique, donnant le signe de glaçon (à éviter de rechercher)
- Les mouvements actifs sont perçus par la femme (vers 3 ½ chez la multipare, vers 4 ½ mois
chez la primipare)
- Les bruits du cœur fœtal sont audibles à l’aide d’un simple stéthoscope
- L’utérus augmente de volume : il atteint 16cm au-dessus de la symphyse pubienne à 4 mois ; il
est à l’ombilic à 4 ½ mois. Le fond utérin est à 20cm au-dessus du pubis à 5 mois, à 24cm à
6mois)

2.2.3. Biologiquement
Le dosage des hormones stéroïdes dans les urines ou dans le plasma renseigne sur la vitalité
fœtale (dosage de l’oestriol) et sur la vitalité placentaire (dosage de la progestérone plasmatique
ou du pregnandiol urinaire).

31
L’échographie permet d’affirmer ou de rejeter le diagnostic de grossesse multiple, localise le
placenta et mesure le diamètre bipariétal du ou des fœtus vérifiant ainsi leur croissance
harmonieuse.

2.3. Le troisième trimestre


2.3.1. Anatomiquement
Le fait fondamental est l’apparition du segment inférieur, zone amincie de l’utérus gravide situé
entre le corps utérin proprement dit et le col, développée aux dépens de l’isthme utérin à partir du
6ème mois de la grossesse chez la primipare, un peu plus tôt chez la multipare. Un segment
inférieur bien développé est un élément de pronostic favorable très important dans
l’accouchement

2.3.2. Cliniquement
L’examen clinique se propose de vérifier la vitalité du fœtus, sa croissance régulière et d’évaluer
le pronostic de l’accouchement. On appréciera donc :
- La présence des mouvements actifs du fœtus affirmant ainsi sa vitalité
- La hauteur utérine : mesurée du bord supérieur de la symphyse pubienne au fond utérin, elle
est de 26 à 28cm à 7 mois, 30cm à 8 mois, 32cm à 34cm à terme ;
- La position du fœtus devient fixe dans le courant du 8ème mois : position longitudinale (tête ou
siège en bas) ou oblique ; position du dos du fœtus à gauche ou à droite
- Les bruits du cœur fœtal peuvent être entendus au stéthoscope ultrasonore. Si l’on craint une
souffrance fœtale, on peut faire un enregistrement des bruits du cœur foetal d’une durée d’une
heure ou deux permettant de retrouver des variations de courte durée méconnues à l’auscultation
instantanée.

2.3.3. Biologiquement
Le dosage des stéroïdes hormonaux donne les mêmes résultats qu’au 2ème trimestre. Mais en fin
de grossesse importe surtout le dosage d’estriol, reflétant directement le bien-être du fœtus. Le
dosage de l’HCS (hormone chorionique somato-mammotrophique) fait appel à des méthodes
radio-immunologiques et ne sera demandé qu’en cas de menace de souffrance fœtale chronique.
Il est enfin possible d’étudier le liquide amniotique par amnioscopie et les dosages biochimiques.
L’amnioscopie renseigne sur la couleur du liquide, la présence ou l’absence de flocons de vernix
caseosa. Par amniocentèse, après localisation placentaire échographique, on peut doser en
particulier les alpha-fœto-protéines (donnant une probabilité de malformation fœtale), le rapport
lécithine / sphingomyéline appréciant la maturité pulmonaire du fœtus.
Enfin les échotomographies régulières évaluent la croissance régulière du fœtus et permettent
les mesures du diamètre bipariétal de la tête fœtale.

Au cours de la grossesse, la loi prescrit quatre consultations obligatoires : la 1ère se situe au


cours du 1er trimestre et c’est avant la fin du 3ème mois que l’on doit déclarer la grossesse à la
sécurité sociale et aux allocations familiales (en France). Les 3 autres consultations doivent être
faites respectivement au cours du 6ème, 8ème et du 9ème mois. Ce nombre de consultations est
jugé insuffisant par la majorité des accoucheurs. Une femme enceinte doit être vue toutes les
quatre semaines au minimum. Au cours de ces consultations, l’accoucheur doit dépister et
prévenir la dysgravidie par :
- La pesée : la prise de poids ne doit pas dépasser 8 à 12kg en 9 mois de grossesse
32
- La recherche d’oedèmes
- La recherche d’une protéinurie
- La prise de la tension artérielle qui ne doit pas dépasser 13/8 et se situe en général entre 11/6
et 12/8

2.4. L’accouchement et la délivrance


Les éléments en présence sont le mobile fœtal contenu dans une cavité utérine remplie de
liquide amniotique (un litre environ), et un moteur, le muscle utérin chargé d’ouvrir le col devant la
présentation et d’expulser le fœtus en fin de travail, aidé par les efforts de poussée de la mère.

Le travail se caractérise par l’ouverture de l’appareil cervico-segmentaire sous l’effet des


contractions utérines transmises au col par le segment inférieur. La dilatation complète est
obtenue, selon la parité, en 4 à 10 heures. Lorsque le col s’efface et s’ouvre, les membranes
apparaissent dans l’aire de dilatation : c’est la poche des eaux. Celle-ci peut s’ouvrir par rupture
des membranes en cours de dilatation complète (rupture intempestive). Lorsque la dilatation est
complète et les membranes rompues, l’utérus s’ouvre directement dans le vagin, sans aucun
obstacle : la présentation s’engage (c’est-à-dire que sa plus grande dimension franchit l’aire du
détroit supérieur). Sous l’effet conjugué des contractions utérines et des efforts de poussée de la
mère, le fœtus est expulsé.

Le placenta demeure dans l’utérus quelques minutes. Puis des contractions utérines
réapparaissent entraînant le décollement du placenta et son expulsion. Il se produit alors une
hémorragie physiologique qui ne doit dépasser 350 à 500ml de sang. L’utérus une fois vidé se
rétracte fortement, assurant ainsi son hémostase : il donne au palper l’impression d’une boule
dure, le globe de sécurité.

33
CHAPITRE 5 : LA FECONDATION

INTRODUCTION

1. LA GAMÉTOGÉNÈSE est différente selon le sexe


1.1. Chez l'homme : spermatogenèse et spermiogénèse
1.2. Chez la femme : ovogenèse

2. PHÉNOMÈNES PRÉCÉDANT LA FÉCONDATION (Transit des spermatozoïdes)


2.1. Chez l'homme
2.2. Chez la femme

3. CONDITIONS PREALABLES A LA FÉCONDATION

4. LA RENCONTRE DES GAMÈTES


4.1. Les protagonistes
4.2. Les étapes de la rencontre
4.3. Les conséquences de la pénétration du spermatozoïde

5. RESULTATS DE LA FÉCONDATION

6. PATHOLOGIE DE LA FÉCONDATION
6.1. L’un des gamètes est porteur de l’anomalie et le transmet au zygote : translocation, duplication,
inversion, monosomie et trisomie
6.2. Au moment de la rencontre des gamètes
6.3. Au moment de l’amphimixie,
6.4. Lors de la formation des deux premiers blastomères

7. LA FECONDATION IN VITRO (FIV)

CONCLUSION

OBJECTIFS
1 – Définir la fécondation
2 – Enumérer les principaux événements ou phénomènes préalables de la fécondation
3 – Enumérer les conditions indispensables à la fécondation et leurs applications pratiques
4 – Décrire le déroulement de la fécondation dans l’espèce humaine
5 – Décrire les conséquences de la fécondation
6 – Enumérer quelques pathologies de la fécondation et leurs conséquences

34
INTRODUCTION
La fécondation proprement dite est l’ensemble des phénomènes qui résultent de la rencontre
du gamète mâle (spermatozoïde) avec le gamète femelle (ovocyte). Cette rencontre est
précédée de transformations cellulaires des cellules de la lignée germinale (Gamétogenèse)
et d’un long cheminement des gamètes dans les voies génitales. Ces évènements, qui
conditionnent la fécondation, sont décrits avant ceux de la fusion cellulaire à l’origine de la
formation de l’œuf ou zygote.

1. LA GAMÉTOGÉNÈSE est différente selon le sexe


1.1. Chez l'homme
1.1.1. La spermatogénèse
Les cellules souches de la lignée germinale, les spermatogonies, apparues la sixième
semaine du développement au niveau des ébauches des glandes génitales, restent inactives
jusqu’à la puberté.
C’est alors que commence, dans la paroi des tubes séminifères du testicule, la
spermatogénèse, ensemble de transformations cellulaires qui aboutissent à
l’individualisation des spermatozoïdes.

Pendant toutes ces étapes les cellules germinales sont entourées par les prolongements des
cellules de Sertoli. Les cellules souches se situent initialement en périphérie des tubes
séminifères. Par un trajet en spirale, elles gagnent la lumière du tube séminifère en même
temps qu’interviennent les divisions et les transformations cellulaires. Ce cycle spermatique
dure environ 74 jours.

Au cours de la spermatogénèse, chaque spermatogonie, par des divisions cellulaires


successives, est à l’origine de 16 cellules matures (spermatozoïdes). Cette multiplication
cellulaire s’accompagne d’une réduction chromatique : passage de cellules souches
diploïdes à 46 chromosomes (22 paires d’autosomes et 2 chromosomes sexuels X et Y) aux
gamètes haploïdes à 23 chromosomes (22 autosomes et un chromosome sexuel X ou Y).
Ce phénomène est secondaire à la survenue d’une division cellulaire particulière, la méiose,
faite de deux divisions successives intervenant au stade de spermatocyte I (encore
diploïde).  La première dite “ réductionnelle ” a pour résultat la formation de deux
spermatocytes II contenant chacun 23 chromosomes constitués de deux chromatides.
 La seconde, dite “ équationnelle ” transforme chaque spermatocyte II en deux
spermatides à 23 chromosomes constitués d’une seule chromatide.

1.1.2. La spermiogénèse
Dernière étape de la spermatogénèse, est un processus de différenciation au cours duquel
la cellule germinale acquiert, par des transformations cellulaires successives, ses
spécificités. Ces transformations portent sur l’ensemble des constituants cellulaires, durent
environ 24 jours et aboutissent à la libération du spermatozoïde à la surface des cellules de
Sertoli, dans la lumière du tube séminifère.
La spermatide, initialement, est une cellule ronde à noyau central de 6 à 7 μ de diamètre, à
chromatine granulaire irrégulière.

35
1.1.2.1. Le noyau
Il se condense et sa membrane présente un épaississement au niveau de deux pôles
diamètralement opposés : l'un au-dessous de la région où se développe l'acrosome, l'autre
en regard du système centriolaire.

1.1.2.2. L'acrosome
Il se développe à partir de vésicules dites pro-acrosomiques qui se détachent de l'appareil
de Golgi, fusionnent pour donner une vésicule unique, le capuchon acrosomique, qui s'étale
au contact du noyau.
Le contenu vésiculaire forme un granule dense qui progressivement grossit et remplit toute
la cavité du capuchon. C'est alors le stade d'acrosome qui persiste sous cette forme dans le
spermatozoïde.

1.1.2.3. Les centrioles


L’un des centrioles, dès le stade spermatide, donne naissance au complexe axonémal,
ébauche de la structure filamentaire qui constituera l’axe du flagelle du spermatozoïde.
Lorsque les centrioles migrent pour se placer près du noyau au pôle opposé à l'acrosome, ce
centriole devient le plus périphérique (centriole distal). L'autre centriole se place au contact
de la membrane nucléaire (centriole proximal).
Pendant cette migration, sont élaborés les constituants de la pièce intermédiaire : plaque
basale, colonnes segmentées, fibres denses.

1.1.2.4. Les mitochondries


Le cytoplasme glisse autour de ces différentes structures pour occuper le pôle opposé à
l’acrosome de telle sorte que le noyau et l'acrosome deviennent totalement excentrés. La
membrane plasmique est appliquée contre l'acrosome mais en arrière de ce dernier elle
reste séparée du noyau par un espace étroit occupé par la cape post-acrosomique. Au-delà,
le cytoplasme s'élargit et entoure la pièce intermédiaire.
Les mitochondries s'accumulent en périphérie de cette dernière et de la partie initiale du
flagelle ; au-delà, la membrane se resserre à la naissance du flagelle pour former l'annulus.

1.1.2.5. Le flagelle
Le flagelle se constitue par allongement progressif du complexe axonémal et des fibres
denses entourés par un mince film cytoplasmique et la membrane plasmique.
Au stade terminal, des expansions des cellules de Sertoli pénètrent dans la zone
périphérique du cytoplasme, progressivement éliminé par un double processus de
fragmentation et de phagocytose.
Ces ponts cytoplasmiques retiennent les cellules germinales matures à la surface des
cellules de Sertoli; à la fin de la spermiogénèse, la destruction de ces ponts cytoplasmiques
permet la libération des spermatozoïdes dans la lumière du tube séminifère.

1.1.3. Le gamète mâle (descriptif récapitulatif des différentes parties)


Le spermatozoïde peut être divisé distinctement en quatre parties :
• la tête et le cou
• la pièce intermédiaire
• la pièce principale
• la pièce finale

36
Son flagelle (la queue) est constitué du cou et des trois dernières pièces.

Les éléments structuraux du spermatozoïde sont :


• le noyau
• l'enveloppe nucléaire
• l'acrosome
• le centriole proximal
• le centriole distal
• les mitochondries
• l'annulus
• les fibres denses
• la gaine fibreuse
• l'enveloppe

1.2. Chez la femme : L'ovogenèse


Le passage de la cellule souche de la lignée germinale, l'ovogonie, au gamète proprement
dit ou ovocyte résulte de plusieurs transformations dont la chronologie s’étale sur des
années.
Le passage de la cellule souche de la lignée germinale, l’ovogonie, au gamète proprement
dit, l’ovocyte, résulte de plusieurs transformations dont la chronologie s’étend sur plusieurs
années.

1.2.1. Au cours du développement embryonnaire, les ovogonies se différencient et se


multiplient dans l’ébauche des gonades à partir de la 6ème SD.

12.2. Pendant la période fœtale, du 5ème au 7ème mois, les ovogonies se différencient en
ovocytes de premier ordre du fait du déclenchement de la méiose qui s’entourent de cellules
folliculaires pour donner les follicules primordiaux. Les premières croissances folliculaires
interviennent au cours des derniers mois de la vie intra-utérine, mais la plupart de ces
follicules dégénèrent de même que les ovocytes qu’ils contiennent (atrésie folliculaire)

1.2.3. A la naissance, les ovaires renferment un million à deux millions de follicules


primordiaux

1.2.4. Chez la petite fille, la maturation des follicules primordiaux reprend mais aboutit, là
encore, à des follicules atrétiques sans évolution ovocytaire

1.2.5. A partir de la puberté, il persistera 400.000 à 500.000 follicules primordiaux (sur


plusieurs millions). La maturation folliculaire devient complète avec achèvement de la
méiose I pour l’ovocyte concerné. Cette maturation ne concerne, habituellement, qu’un seul
follicule par cycle menstruel qui donnera au moment de l’ovulation à un ensemble constitué
par l’ovocyte II, la zone pellucide, la corona radiata et le premier globule polaire.

Au total : Au cours de l’ovogenèse très peu de cellules germinales atteignent le stade


d’ovocyte II (12 à 13 par an soit 400 à 500 pour chaque femme pendant la période de la vie
génitale) avec un vieillissement cellulaire important lorsque la fécondation survient
tardivement dans la vie génitale. Cet étalement de la gamétogenèse sur plusieurs décennies
s’accompagne d’un risque plus élevé d’anomalies chromosomiques et géniques.

37
2. PHÉNOMÈNES PRÉCÉDANT LA FÉCONDATION (Transit des
spermatozoïdes)
Avant la rencontre des gamètes, indispensable à la survenue de la fécondation, les
spermatozoïdes ont un long trajet à parcourir depuis la lumière des tubes séminifères.
Pendant ce transit des mécanismes essentiels interviennent qui conditionnent la fécondation.

2.1. Chez l'homme


Chez l'homme, la production des spermatozoïdes est continue pendant toute la période
d'activité génitale (de 11 12 ans au-delà de 60 ans).
A partir du testicule, les spermatozoïdes transitent dans les voies génitales (épididyme,
canal déférent, canal éjaculateur et urètre). Au cours de ce trajet, ils se mélangent aux
sécrétions des glandes annexes (vésicules séminales et prostate) l’ensemble constituant
le sperme. Pendant ce trajet les spermatozoïdes acquièrent leur mobilité, mais ils sont
rendus inaptes à la fécondation (décapacitation) au cours de leur transit épididymaire.
Au décours du rapport sexuel, au moment de l'éjaculation, 2 à 5 cm3 de sperme sont
déposés dans les voies génitales de la femme soit 100 à 200 millions de spermatozoïdes,
dont une partie à proximité de l'orifice externe du col de l'utérus.

2.2. Chez la femme


Au niveau du col : quelques jours avant l'ovulation, les glandes cervicales (de l'endocol)
sécrètent une glaire cervicale muqueuse. Cette glaire protège les spermatozoïdes situés à
l'orifice externe du col de l'acidité vaginale et facilite la migration des spermatozoïdes qui se
déplacent du fait de leur mobilité propre (flagelle). La migration sera d'autant facilitée que la
glaire aura une viscosité faible (richesse en eau) et un pH alcalin.
Dans la cavité utérine, les spermatozoïdes qui ont franchi le canal cervical se déplacent
(toujours du fait de leur mobilité propre) à la surface de l'endomètre dans le mucus sécrété
par les glandes endométriales. C'est pendant ce transit utérin que les spermatozoïdes
acquièrent leur propriété fécondante (capacitation).

Une partie d’entre eux (quelques milliers) atteignent l’orifice interne des trompes où ils
remontent à contre courant car la sécrétion des trompes, activée par les mouvements des
cils de certaines cellules de l'épithélium, a tendance à descendre dans la cavité utérine.
Certains atteindront ainsi la région du 1/3 externe de la trompe située du même côté que
celui de l’ovaire où s’est produit l’ovulation… c'est là qu'ils pourront rencontrer l'ovule capté
par le pavillon.

En résumé, 30 à 50 minutes après l'éjaculation quelques milliers de spermatozoïdes vont


atteindre le 1/3 externe de la trompe et avoir une chance d'entrer en contact avec l'ovule.

3. CONDITIONS PREALABLES A LA FÉCONDATION


La rencontre des gamètes n’est possible que si certaines conditions sont réunies :

 Éjaculation atteignant l’orifice du col et de bonne qualité : viscosité normale du liquide


séminal, sperme aseptique, pH normal, nombre et qualité des spermatozoïdes. Les
valeurs habituelles observées au cours de l’examen du sperme sont le pH 7 à 8,7, la
concentration en spermatozoïdes, 40 à 100 millions/cm3, la mobilité 80 à 90 % de

38
spermatozoïdes mobiles à l'émission et l’aspect cytologique, moins de 25 % de formes
anormales. En pratique, le sperme peut rester fécondant avec des résultats très éloignés
de ces normes.

• Glaire cervicale de bonne viscosité et pH alcalin.


• Délai entre rapport et ovulation inférieur à 3-4 jours, durée de la survie des
spermatozoïdes dans les voies génitales de la femme
• Réalité de l'ovulation (possibilité de cycles anovulatoires)
• Perméabilité des trompes (absence d'infection des voies génitales femelles).

4. LA RENCONTRE DES GAMÈTES


4.1. Les protagonistes
 L'ovule
L'ovule, au moment de la ponte ovulaire, est constitué par :
a) le gamète femelle proprement dit au stade d'ovocyte de 2ème ordre, cellule volumineuse
(100 à 150 μ de diamètre) avec sa membrane propre, haploïde (bloquée en métaphase de la
2ème division de la méiose).
b) le 1er globule polaire, petite cellule en voie de dégénérescence (également haploïde)
résultant de la première division de la méiose.
c) la zone pellucide, de nature glyco protéique, sécrétion mixte de l'ovocyte lui-même et des
cellules de la corona radiata
d) la corona radiata, couche de cellules folliculaires qui entoure l'ovocyte dans le follicule et
a été expulsée avec lui lors de la ponte ovulaire.

 Les spermatozoïdes
Les spermatozoïdes (quelques centaines) qui arrivent au contact de ces enveloppes et vont
tenter de pénétrer jusqu'à l'ovocyte. Ils s'accolent à la corona radiata par leur pôle
acrosomial.

4.2. Les étapes de la rencontre


La fécondation est l’ensemble des événements qui aboutissent à la fusion des gamètes.
La rencontre spermatozoïde et ovocyte II se déroule sur plusieurs phases. Les interactions
spermatozoïdes /ovocyte induisent en cascade la reconnaissance mutuelle des gamètes, la
pénétration de la corona radiata par les spermatozoïdes, leur adhésion à la zone pellucide,
la réaction acrosomique, la fusion membranes cellulaires ovocyte/spermatozoïde et
l’amphimixie

4.2.1. La pénétration de la corona radiata


Après leur maturation dans les voies génitales féminines, les spermatozoïdes capacités,
hypermobiles (dits «fléchants»), atteignent la corona radiata qu’ils dispersent et traversent.
Cette dispersion des cellules de la corona radiata laisse les spermatozoïdes entrer en
contact avec la zone pellucide. Ce contact est facilité par la présence de sites
complémentaires sur la membrane plasmique du spermatozoïde d'une part et les
glycoprotéines de la zone pellucide d'autre part.

39
Des 200 à 300 millions de spermatozoïdes déposés dans les voies génitales de la femme,
300 à 500 seulement atteignent le site de fécondation et un seul est nécessaire à la
fécondation,

4.2.2. La pénétration de la membrane pellucide


Dans l’espèce humaine, seuls les spermatozoïdes dont la membrane plasmique est intacte,
peuvent se lier à la zone pellucide. Les interactions spermatozoïdes / zone pellucide sont de
type ligand – récepteur et mettent en jeu des glycoprotéines sulfatées de la zone pellucides
(ZP1, ZP2, ZP3). Ces sites antigéniques assurent la reconnaissance homospécifique
(spécifique de l’espèce) des gamètes, la fixation des spermatozoïdes et l’exocytose du
contenu acrosomique (réaction acrosomique). L’interaction spermatozoïdes avec la zone
pellucide débute par une liaison labile et réversible avec la ZP3 (liaison primaire) qui
déclenche la réaction acrosomique. Ensuite, le spermatozoïde se lie avec les chaînes de la
ZP2 (liaison secondaire)

4.2.3. La réaction acrosomique


La réaction acrosomique se fait au voisinage immédiat de l’ovocyte sous l’influence de
substances sécrétées par les cellules de la corona radiata et par l’ovocyte.
La liaison primaire à la ZP3 provoque l’agrégation des récepteurs membranaires du
spermatozoïde. Il en résulte un mouvement du calcium qui déclenche la réaction
acrosomique. La réaction acrosomique est un processus d’exocytose qui permet la
fenestration des enveloppes apicales du spermatozoïde, la libération des enzymes et expose
la membrane interne de l’acrosome.
Après la réaction acrosomique, des molécules portées par la membrane interne de
l’acrosome servent de ligand à la ZP2. L’acrosine pourrait intervenir dans cette liaison
secondaire.
La liaison secondaire du spermatozoïde avec la ZP2 lui permet de continuer sa progression.
La traversée de la zone pellucide se fait grâce aux mouvements actifs de propulsion des
spermatozoïdes. Les enzymes de l’acrosome facilitent cette étape par lyse des molécules de
la zone pellucide.

4.2.4. La fusion des membranes cellulaires ovocyte / spermatozoïde


En général, un seul spermatozoïde franchit la zone pellucide et pénètre dans l’espace
périvitellin où il s’immobile (fixation) en position tangentielle au contact de la membrane
cellulaire ovocytaire.
La membrane cellulaire de l’ovocyte fusionne avec une zone précise et limitée de la
membrane cellulaire du spermatozoïde (région équatoriale, non modifiée par la réaction
acrosomique). La fusion des deux membranes cellulaires permet la pénétration de la totalité
du spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovocyte (tête et queue pénètrent tous deux, mais
la membrane cellulaire est abandonnée au-dehors de la surface de l’ovocyte). La fusion des
membranes déclenche l’activation de l’ovocyte, conduit à la réaction corticale, à
l’achèvement de la méiose II et à la formation des pronoyaux qui initie le développement
embryonnaire.

Les autres spermatozoïdes perdent alors contact avec la zone pellucide puis
dégénéreront. Dans l'espèce humaine cette pénétration est totale : le spermatozoïde
complet (tête, pièce intermédiaire et flagelle) pénètre dans le cytoplasme de l'ovocyte de
2ème ordre tandis que sa membrane cytoplasmique fusionne avec celle de l'ovocyte.

40
4.2.5. L’amphimixie ou caryogamie
L’amphimixie résulte de la fusion des pronucléus. Elle marque l’achèvement de la
fécondation et ressemble à une division cellulaire. Il en résulte la formation d’un œuf fécondé
ou zygote à deux cellules appelées blastomères

4.3. Les conséquences de la pénétration du spermatozoïde


Une réaction corticale avec formation de nombreuses vésicules, les granules corticaux, qui
s'ouvrent à la surface libérant sous la zone pellucide du liquide périovulaire et constituant
autour de l'ovocyte un espace séparant l'ovocyte de la zone pellucide.
Le contenu des granules semble modifier la composition de la zone pellucide et pourrait
expliquer le blocage des spermatozoïdes présents en périphérie, la zone pellucide assurerait
ainsi le contrôle de la monospermie.
• Une activation du cytoplasme accompagne cette réaction corticale : les métabolismes
augmentent avec en particulier une synthèse notable d'A.R.N.
• Une reprise de la méiose avec l'achèvement de la deuxième division et l'expulsion du 2ème
globule polaire.

5. RESULTATS DE LA FÉCONDATION

Reconstitution d'un nombre diploïde de chromosomes dont la moitié provient du


pronucléus mâle, l'autre moitié du pronucléus femelle. Le noyau de chaque blastomère
contient 44 autosomes et 2 chromosomes sexuels.
• Détermination du sexe du zygote qui résulte du chromosome sexuel contenu dans le
spermatozoïde impliqué dans la fécondation :
- Si celui-ci est X, les cellules du zygote seront XX (sexe femelle)
- Si celui-ci est Y, les cellules du zygote seront XY (sexe mâle)
• Initiation de la segmentation : Au cours de la fécondation, la formation de l'œuf à 2
cellules (blastomères) suit immédiatement l'amphimixie. L’individualisation de ces deux
blastomères peut être interprétée comme la première division de segmentation elle sera
suivie très rapidement des divisions suivantes.

6. PATHOLOGIE DE LA FÉCONDATION

Les principales anomalies de la fécondation ont pour conséquence l’apparition d’anomalies


chromosomiques dans les cellules du zygote. Beaucoup d’entre elles sont létales. La nature
de ces anomalies chromosomiques dépend du stade auquel intervient le processus
pathologique.

6.1. L’un des gamètes est porteur de l’anomalie et le transmet au zygote :


translocation, duplication, inversion, monosomie et trisomie.
Le blocage prolongé des ovocytes I peut être la cause de la grande fréquence des
anomalies chromosomiques observées chez les enfants nés de femmes âgées. Une
incidence accrue d’achondroplasie (anomalie congénitale du squelette caractérisée par un
retard de croissance osseuse) est associée à l’âge paternel avancé.

41
6.2. Au moment de la rencontre des gamètes, si la monospermie est mise à défaut, deux
spermatozoïdes peuvent entrés ensembles dans l’ovocyte et être à l’origine d’un œuf à 66 +
3 chromosomes sexuels

6.3. Au moment de l’amphimixie, une erreur au moment de la réplication de l’ADN dans les
pronucléus peut être également à l’origine de polyploïdie

6.4. Lors de la formation des deux premiers blastomères, la répartition inégale des
chromosomes peut être à l’origine des anomalies numériques de chromosomes.
Lorsque ces anomalies n’entraînent pas l’arrêt de développement, elles peuvent se
traduire à terme et au-delà par un syndrome de gravité variable.
7. LA FECONDATION IN VITRO : FIV
Elle consiste à ponctionner les ovocytes pré ovulatoires chez la femme, à les féconder in
vitro avec le sperme du conjoint ou d’un donneur, puis à cultiver le conceptus jusqu’au stade
8 ou 16 cellules et les transférer dans l’utérus.

CONCLUSION
Etape charnière marquant le début du développement, la fécondation est tributaire de la
maturation et du cheminement des gamètes et dépend de mécanismes cellulaires très
précis.
La perturbation de l’une de ces étapes peut être à l’origine d’une infertilité ou, a contrario,
être le support d’une méthode contraceptive.

42
43
Les étapes de la fécondation
1: cellule folliculaire de la corona radiata, 2:spermatozoïde, 3:1er globule polaire,4:espace péri-
ovocytaire, 5:matériel nucléaire bloqué en métaphase II, 6:zone pellucide, 7:granule cortical,
8:pronucléus femelle, 9:2ème globule polaire 10:pronucléus mâle, 11:noyau diploïde, 12:blastomère
(cellule embryonnaire)

A: L'ovocyte II bloqué en métaphase II entouré de plusieurs spermatozoïdes capacités

B et C: Après une réaction acrosomiale qui consiste à la libération des enzymes hydrolytiques
contenues dans l'acrosome, un ou plusieurs spermatozoïdes peuvent franchir la zone pellucide. Un
seul spermatozoïde se fixe sur les récepteurs spécifiques localisés à la surface de la membrane
ovocytaire. Les membranes de deux gamètes fusionnent et le noyau du spermatozoïde est injecté
dans le cytoplasme de l'ovocyte II. La pénétration d'un spermatozoïde déclenche :

- La reprise de la division équationnelle qui se termine pour donner deux cellules inégales et
haploïdes à n chromosomes simples : un ovule et un deuxième globule polaire.

- La réaction corticale qui consiste à la libération des enzymes des granules corticaux dans l'espace
péri-ovocytaire et la zone pellucide pour empêcher la pénétration d'autres spermatozoïdes et assurer
la monospermie (empêcher la polyspermie)

D: Les deux pronucléi mâle et femelle se repprochent l'un de l'autre, Les chromosomes subissent une
duplication grâce à la synthèse d'ADN. Les deux pronucléi finissent par fusionner c'est la caryogamie
pour donner un zygote ou une cellule-oeuf diploïde.

E et F: Le zygote subit sa première mitose pour donner un embryon formé de deux blastomères
(stade 2 cellules)

44
CHAP. 6 : LA PREMIERE SEMAINE DE DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION

1 – Les modifications maternelles


1.1. Aucun signe, même présomptif, de grossesse
1.2. Préparation à la nidation

2 – Les modifications au niveau de l’œuf


2.1. La segmentation
2.2. La migration

3 – Les pathologies de la 1ère SD


3.1. La mort de l’œuf fécondé
3.2. Les anomalies de la migration
3.3. Les anomalies de segmentation
3.4. Le rôle des agents extérieurs

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Définir la 1ère semaine de développement (1ère SD)


2 – Décrire les principales modifications maternelles de la 1ère SD
3 – Décrire les principaux phénomènes subis par l’œuf fécondé
4 – Décrire les principales anomalies de la 1ère SD

45
INTRODUCTION
La 1ère semaine de développement, ou période de « vie libre » ou phase préimplantatoire, va
de la fécondation au début de l’implantation dans la muqueuse utérine (nidation). Le volume
du zygote augmente à peine au cours de la 1ère SD qui évolue pour l’essentiel dans la
trompe de Fallope.

Une meilleure connaissance des mécanismes contrôlant la 1ère SD, est un préalable
indispensable pour l’analyse des causes de stérilité humaine et l’étude de la gémellité et ses
anomalies.

1. LES MODIFICATIONS MATERNELLES


1.1. Aucun signe, même présomptif, de grossesse
Aucun signe, tant clinique que biologique, ne permet de faire le diagnostic de
grossesse ni même de le suspecter.

1.2. Préparation à la nidation


L’organisme maternel se prépare à recevoir l’œuf fécondé dans la muqueuse utérine
et les modifications maternelles sont celles qui interviennent au cours de chaque cycle
menstruel pendant la période post ovulatoire ou phase sécrétoire ou lutéale. Elles sont liées
aux sécrétions hormonales habituelles

L’adénohypophyse : les taux de sécrétion de FSH et LH sont identiques à ce qu’ils sont en


l’absence de fécondation

Le corps jaune : Tant que le trophoblaste ne sécrète pas de HCG, ce qui ne se produit pas
avant le tout début de la 2ème SD, les taux d’oestrogènes et progestérone produit par le corps
jaune ne sont pas différents de ceux observés au cours d’un cycle menstruel normal

L’utérus : Il se trouve normalement dans sa phase sécrétoire et sécrète un liquide riche en


glycogène et en mucus, propre à nourrir par imbibition l’œuf fécondé qui va se trouver dans
la cavité utérine. De plus, l’épaisseur de sa muqueuse augmente, le chorion s’œdématie, les
vaisseaux se dilatent s’accroissent et se spiralisent, préparant ainsi l’endomètre à recevoir
l’œuf fécondé

Les trompes utérines : Leurs modifications facilitent la migration de l’œuf fécondé. On


note : une diminution de la hauteur de l’épithélium, une activation des mouvements ciliaires,
une contraction des muscles lisses et une accentuation de la vascularisation.

Ces modifications interviennent au cours de chaque cycle menstruel (avec ou sans


fécondation) et il n’y a aucun signe clinique ni biologique permettant de faire le diagnostic de
grossesse à ce stade de développement de l’œuf.

2. LES MODIFICATIONS AU NIVEAU DE L’ŒUF


Pendant que l’œuf migre, il subit une série de divisions appelée segmentation. En une
semaine, une cascade d’événements transforme l’œuf fécondé en migration, en zygote puis
en morula et en blastocyste ou blastula. Au terme d’une période de vie libre ou période pré
implantatoire, le blastocyste s’enchâsse dans la muqueuse utérine ou implantation au cours
de la 2ème semaine.

46
2.1. La segmentation
Dans l’espèce humaine, la première division survient 24 à 36 heures après la fécondation et
donne les deux premiers blastomères le plus souvent inégaux (division asymétrique). Les
deux premiers blastomères ne divisent pas en même temps (division asynchrone). Au stade
de deux blastomères, le zygote subit une série de divisions mitotiques dont l’ensemble
constitue la segmentation. Ces divisions, qui ne s’accompagnent pas d’une croissance
cellulaire, ont donc pour effet de partager le volumineux zygote en de nombreuses cellules
filles, appelées blastomères, et l’embryon, dans son ensemble, ne change pas de volume et
reste inclus dans la zone pellucide. La persistance de la zone pellucide est indispensable à
ce stade pour la cohésion des premiers blastomères et empêche l’implantation ectopique
dans la trompe utérine. Les blastomères anormaux sont éliminés par apoptose.

Au stade de 64 cellules, le zygote prend l’aspect sphérique. Les cellules situées au centre,
relativement volumineuses, appelées macromères, gardent une forme sphérique tandis que
celles situées en périphérie deviennent petites et cubiques, appelées, micromères, et
constituent la paroi de la sphère. Le diamètre de la sphère est de l’ordre de 200µm avec un
volume peu différent de celui de l’ovocyte. La zone pellucide est toujours présente : c’est la
morula. Ce stade de morula est atteint 3 à 4 jours environ après la fécondation au moment
où l’embryon passe de la trompe à la cavité utérine.

Les premières divisions de la segmentation interviennent à des moments précis : stade de


deux blastomères au 2ème jour de développement (16ème jour du cycle), stade de 8
blastomères au 3ème jour de développement (17ème jour du cycle), stade de morula au 4ème
jour de développement (18ème jour du cycle).

L’organisation en morula est transitoire : au moment où la morula parvient dans la cavité


utérine, à la fin du 4ème ou au début du 5ème jour suivant la fécondation, les micromères
s’aplatissent et forment une couche continue, le trophoblaste, tandis que les macromères se
disposent à l’un des pôles de l’œuf, le pôle embryonnaire, où ils forment une masse
cellulaire interne appelé le bouton embryonnaire ou embryoblaste. Le passage de liquide
venant de l’extérieur va entraîner une séparation des deux ensembles cellulaires et la
formation d’une cavité, le blastocèle ou cavité de segmentation. Cette organisation est
appelée blastocyste. A ce stade, la membrane pellucide est détruite par des substances
libérées par les cellules du trophoblaste et de substances contenues dans le mucus utérin.
(Chez la rate, le blastocyste se déforme activement, abandonne la zone pellucide : c’est le
processus d’éclosion du blastocyste).

Au 6ème jour de développement, le blastocyste débarrassé de sa zone pellucide, devient,


pour un temps très court, pendant le 6ème jour, un blastocyste libre dans la cavité utérine. Il a
un diamètre de 300µm. Il est limité par une couche cellulaire périphérique, le trophoblaste.
Au pôle embryonnaire, les cellules forment un massif cellulaire restant en contact avec le
trophoblaste : c’est le bouton embryonnaire. A l’autre pôle, les deux ensembles cellulaires
sont séparés par une cavité, le blastocèle. Le blastocyste libre s’accole dans un délai bref à
la surface de l’endomètre, au fond de l’utérus dans le cas le plus typique.
Ainsi, vers la fin de la 1ère SD, le zygote a traversé le stade de morula et blastocyste ; il a
commencé son implantation dans la muqueuse utérine

47
2.2. La migration
La migration se fait dans la trompe utérine de façon progressive du fait de la contraction des
cellules musculaires lisses de la paroi tubaire. Elle est facilitée par les sécrétions de la
muqueuse et par les mouvements des cils en surface.
Ainsi lors de la migration
- La fécondation et le stade de deux blastomères (2ème jour) s’observent au niveau du tiers
externe de la trompe (ampoule)
- Le stade de morula (4ème jour) s’observe au niveau du segment interstitiel, c’est-à-dire dans
la zone où la trompe traverse la paroi utérine
- Au 5ème – 6ème jours, le blastocyste est libre dans la cavité utérine
- Au 7ème jour, le blastocyste s’accole à l’endomètre par son pôle embryonnaire

3. LES PATHOLOGIES DE LA PREMIERE SEMAINE DE DEVELOPPEMENT


Certaines sont la conséquence d’altération du patrimoine génétique survenant pendant la
maturation des gamètes ou la fécondation. Les autres sont liées à une perturbation des
phénomènes intervenant pendant la 1ère SD.

3.1. La mort de l’œuf fécondé


50% des œufs meurent pendant la 1ère SD. Cet accident est le plus souvent un bien fait de la
nature, car ces œufs présentent des anomalies chromosomiques ou géniques ou parce
qu’ils ont été exposés dans l’organisme maternel à un milieu défavorable, irradiation,
administration de médicaments ou substances toxiques, infection virale ou bactériennes.

3.2. Les anomalies de la migration


Des anomalies du transit tubaire peuvent troubler l’évolution de la grossesse. L’œuf, au
stade de blastocyste, s’arrête en un point quelconque de son trajet, il peut dégénérer ou
continuer son évolution et s’implanter (pendant la 2ème SD) là où la migration s’est arrêtée
déterminant une grossesse ectopique le plus souvent extra-utérine (tubaire, abdominale,
ovarienne etc.…)

3.3. Les anomalies de segmentation


Le dédoublement de l’œuf peut donner naissance à des jumeaux monozygotiques.
Des anomalies chromosomiques limitées à certains blastomères peuvent donner naissance
à des œufs dits « en mosaïque », et éventuellement à des individus qui présentent alors une
anomalie caryotypique complexe.

3.4. Le rôle des agents extérieurs


De nombreux facteurs exogènes peuvent perturber le déroulement de la 1ère SD.
Ainsi les radiations ionisantes, les virus, certains médicaments peuvent entraîner des
anomalies chromosomiques, des malformations ou même la mort de l’œuf.

CONCLUSION
Pendant la première semaine, l’œuf ou le zygote, résultat de la fécondation, est l’objet de
deux ordres de modifications : migration et segmentation.
Dans les premières cellules embryonnaires, le cycle cellulaire n’est composé que de deux
phases : la phase S précède immédiatement la phase M qui se poursuit alors par une
nouvelle phase S. La segmentation de l’œuf est totale. On parle de segmentation

48
holoblastique. Cette caractéristique est commune à toutes les espèces dont les œufs sont
pauvres en réserves par opposition à la segmentation méroblastique, caractéristique des
œufs riches en réserves où la segmentation est partielle.
Au cours de cette période, le zygote, inclus dans la zone pellucide, a le même volume que
l’ovocyte et se divise par mitoses successives (segmentation) en cellules de plus en plus
petites (blastomères), qui forment la morula puis le blastocyste. Les cellules du blastocyste
sont réparties en deux groupes : les cellules du trophoblaste indispensables à la constitution
ultérieure du placenta et les cellules du bouton embryonnaire qui vont donner à l’embryon et
ses annexes.
Les modifications maternelles sont celles constatées au cours de la phase lutéale classique
du cycle menstruel habituel.

49
CHAP. 7 : LA DEUXIEME SEMAINE DE DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION

1 – Les modifications maternelles


1.1. L’adénohypophyse
1.2. Le corps jaune
1.3. Les modifications de l’endomètre
1.4. Les modifications de l’organisme maternel

2 – Le devenir de l’œuf
2.1. L’implantation ou la nidation
2.2. Les transformations du blastocyste en disque embryonnaire avec ses trois sphères
creuses annexes
2.3. Début de sécrétion des gonadotrophines chorionique par le trophoblaste

3 – La pathologie de la 2ème SD et applications cliniques


3.1. Arrêt de développement
3.2. Anomalies de siège de la nidation
3.3. Applications cliniques

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Définir la 2ème semaine de développement (2ème SD)


2 – Décrire les principales modifications maternelles de la 2ème SD
3 – Décrire les principaux phénomènes subis par l’œuf fécondé
4 – Décrire les principales anomalies de la 2ème SD

50
INTRODUCTION
La 2ème SD se caractérise par la fixation de l’œuf dans la paroi utérine appelée nidation ou
implantation et la mise en place de l’embryon sous la forme d’un disque embryonnaire
didermique (endoblaste ou hypoblaste et ectoblaste primaire ou épiblaste).

Une meilleure connaissance des mécanismes contrôlant la 2ème SD, est un préalable
indispensable pour l’analyse des causes de stérilité humaine et l’étude de la gémellité et ses
anomalies.

1 – LES MODIFICATIONS MATERNELLES


Le déroulement harmonieux de la nidation et la transformation du blastocyste dépend des
modifications intervenant au niveau de l’organisme maternel.

1.1. L’adénohypophyse
Les taux de sécrétion de FSH et LH ne sont pas différents de ce qu’ils sont en 2ème phase
d’un cycle menstruel normal en l’absence de fécondation.

1.2. Le corps jaune


Alors que dans un cycle menstruel normal, la sécrétion d’œstrogènes et de progestérone
serait en train de décliner, ici elle continue à croître. En effet, sous l’influence des
gonadotrophines chorioniques sécrétées par le trophoblaste, le corps jaune périodique se
transforme en corps jaune gravidique, c’est-à-dire non seulement il persiste au lieu de
disparaître, mais encore qu’il augmente de volume et sécrète de plus en plus d’oestrogènes
et de progestérone assurant ainsi l’intégrité de l’endomètre, évitant la menstruation et
permettant une bonne marche de la nidation et la poursuite de la grossesse.

1.3. Les modifications de l’endomètre


Les modifications de l’endomètre sont peu différentes de celles observées au cours d’un
cycle menstruel sans fécondation : mais elles rendent l’endomètre propice à la nidation.
Au cours de chaque cycle menstruel l’endomètre acquiert, pendant les deux semaines qui
suivent l’ovulation, l’organisation caractéristique de la progestation. Ces caractères
morphofonctionnels sont indispensables à l’évolution ultérieure de la grossesse et
correspondent aux modifications de la phase sécrétoire ou lutéale ou oestroprogestative ou
postovulatoire. Ces modifications sont induites par l’action combinée des oestrogènes et de
la progestérone sécrétées par le corps jaune. Cette action hormonale combinée provoque
- l’activation des glandes utérines (16ème – 21ème jours) qui s’allongent progressivement pour
devenir contournées, tortueuses et leurs cellules s’enrichissent en glycogène et en protéines
qui seront la source principale de la nutrition du zygote avant sa nidation;

- un œdème du chorion (21ème – 28ème jours) qui précède une phase de sécrétion glandulaire
(22ème – 28ème jours).
En même temps la spiralisation des vaisseaux s’accentue ainsi que leur expansion vers la
couche superficielle de l’endomètre tandis que les cellules du stroma deviennent vacuolaires
et volumineuses (réaction pré déciduale).
Le début de la phase d’œdème du chorion (21ème – 22ème jours) est la plus propice à
l’implantation. En cas de nidation, cet état de l’endomètre sera maintenu grâce aux
sécrétions du corps jaune qui devient alors le corps jaune gestatif.

51
1.4. Les modifications de l’organisme maternel

1.4.1. Les signes cliniques


Il n’y a aucun signe clinique permettant de faire le diagnostic de grossesse. C’est pourquoi il
faut toujours, pendant la deuxième moitié du cycle menstruel, penser à la possibilité d’une
grossesse débutante chez une femme en période d’activité génitale avant toute prescription
de traitement ou d’examen complémentaire comme les examens radiologiques.

1.4.2. Test biologique de grossesse


Il n’y a pas encore de test biologique simple permettant de faire le diagnostic de grossesse.
En effet au cours de la 2ème SD, le taux de sécrétion des oestrogènes et de progestérone est
peu différent de celui observé au même stade du cycle menstruel sans fécondation.
Des méthodes très sensibles permettent de déceler ces différences en fin de 2ème SD et de
mettre en évidence dès ce stade les premières sécrétions hormonales d’origine
trophoblastique, mais elles sont réservées à des laboratoires spécialisés. En pratique, au
cours de la 3ème SD, le diagnostic biologique de grossesse devient plus simple (test
disponible en pharmacie)

2 – LE DEVENIR DE L’ŒUF
Les événements fondamentaux qui se déroulent au cours de la 2ème SD peuvent être
artificiellement séparés à des fins didactiques en trois chapitres : l’implantation de l’œuf dans
la muqueuse utérine ou nidation, la transformation concomitante du blastocyste en disque
embryonnaire didermique et ses annexes, et le début de la sécrétion des gonadotrophines
par le trophoblaste.

2.1. L’implantation ou la nidation


Le blastocyste s’implante habituellement dans la paroi supérieure et postérieure de l’utérus,
7 jours après la fécondation. L’implantation ou nidation s’effectue dans la couche
fonctionnelle de l’endomètre pendant la phase sécrétoire du cycle menstruel.
Le processus de nidation de l’œuf ne peut évoluer normalement que si l’évolution
concomitante du blastocyste et de l’endomètre permet leur association progressivement plus
étroite du 7ème au 14ème jours. Ce processus de nidation, assuré par le trophoblaste du
blastocyste, comprend plusieurs étapes.

2.1.1. La fixation de l’œuf à l’endomètre


La fixation intervient vers le 7ème jour et marque la limite entre la 1ère et la 2ème SD. Le
blastocyste, après rupture de sa zone pellucide vers le 7ème jour, entre en contact par son
pôle embryonnaire avec l’épithélium de l’endomètre (accolement superficiel). Le trophoblaste
prolifère activement au point de fixation et forme un amas cellulaire. Les divisions nucléaires
se succèdent sans division cytoplasmique. Il en résulte un syncytium de trophoblaste, le
syncytiotrophoblaste.

Le reste du trophoblaste, qui sépare le bouton embryonnaire du syncytiotrophoblaste,


toujours constitué de cellules bien individualisées, et prend le nom de cytotrophoblaste.
Ultérieurement cette différenciation trophoblastique s’étendra tout autour de l’œuf qui sera
complètement cerné par une couche de syncytiotrophoblaste entourant le cytotrophoblaste.

52
2.1.2. L’invasion de l’endomètre
Au début de la 2ème SD, le syncytiotrophoblaste continue à proliférer rapidement en
périphérie et sécrète des enzymes protéolytiques qui détruisent les tissus endométriaux et
permettent sa pénétration dans l’endomètre en entraînant avec lui l’ensemble de l’œuf.

*A la fin du 9ème jour, tout l’œuf a pénétré dans l’endomètre. La brèche utérine secondaire à
sa pénétration est obturée par un bouchon de fibrine. Le syncytiotrophoblaste continue à
proliférer et il apparaît en son sein des lacunes qui contiennent des débris cellulaires et des
hématies provenant des vaisseaux de l’endomètre qui ont été érodés au cours de
l’envahissement par le tissu syncytial.

* Au 11ème – 12ème jours, les lacunes s’agrandissent et communiquent entre elles, certaines
sont en communication ouverte avec les vaisseaux de l’endomètre : c’est le début de la
circulation utéro-lacunaire.

* A partir du 13ème jour, le syncytiotrophoblaste prolifère sous forme de travées radiaires qui
entraînent les cellules sous-jacentes du cytotrophoblaste. Ces travées trophoblastiques vont
constituer ce qu’on appelle les villosités primaires.

* Au 13 – 14ème jours, l’épithélium de l’endomètre se reconstitue au-dessus du bouchon


fibrineux qu’il se résorbe. Il peut se produire alors une petite hémorragie qui risque d’être
confondue avec les menstruations (la date coïncide) de telle sorte que la grossesse pourrait
passer inaperçue.
En résumé, chez la femme, du fait de l’activité du syncytiotrophoblaste, l’œuf est entraîné au
sein même de la paroi utérine. Cette implantation est dite interstitielle ou pariétale et aussi
appelée nidation.

2.1.3. La réaction de l’endomètre à la pénétration de l’œuf


A partir du 12ème jour, apparaît dans la zone d’implantation une réaction immunologique
locale avec envahissement de lymphocytes et accentuation de la vascularisation. La
pénétration de l’œuf entraîne aussi, dès le début de la 2ème SD, une réaction particulière des
cellules du stroma plus accentuée que celle observée au cours du cycle menstruel sans
fécondation : la réaction déciduale. En effet les cellules du stroma deviennent volumineuses,
se chargent en glycogène et en lipides (cellules déciduales). Cette réaction commence à
proximité de la zone d’implantation au contact du syncytiotrophoblaste et va se poursuivre de
proche en proche, s’étendant en une semaine à toute la muqueuse utérine dans laquelle on
distingue trois zones appelées « décidues » ou « caduques »

- La caduque basilaire entre l’œuf et la paroi utérine qui formera ultérieurement la partie
maternelle du placenta.

- La caduque ovulaire ou réfléchie entre l’œuf et la cavité utérine

- La caduque pariétale pour le reste de l’endomètre.

53
2.2. Les transformations du blastocyste en disque embryonnaire avec ses trois
sphères creuses annexes
En même temps qu’intervient la nidation du fait de l’évolution rapide du trophoblaste, le reste
du blastocyste, en dedans du cytotrophoblaste, va progressivement se modifier au cours de
la 2ème SD. Cette transformation du blastocyste comporte plusieurs étapes :
- transformation du bouton embryonnaire en disque embryonnaire
- formation de la cavité amniotique
- formation du mésenchyme extra embryonnaire et du lécithocèle primaire
- évolution du mésenchyme extra embryonnaire (apparition du coelome externe) et
constitution du lécithocèle secondaire

Si le trophoblaste ne participe pas à l’édification de l’embryon, sa présence est néanmoins


indispensable à la nidation, à la tolérance immunitaire et à la survie de l’embryon.

2.2.1. Transformation du bouton embryonnaire


* Au 8ème jour, certaines cellules du bouton embryonnaire s’individualisent pour former une
couche de cellules aplaties en bordure du blastocèle. Cette couche va constituer le premier
feuillet de l’embryon, l’endoblaste primaire ou l’hypoblaste

* En même temps, le reste du bouton embryonnaire va se différencier : au contact de


l’endoblaste apparaît une couche de cellules cubiques jointives régulièrement disposées, qui
constitue le deuxième feuillet de l’embryon, l’ectoblaste primaire. Dès lors s’individualise le
disque embryonnaire constitué par l’accolement des deux feuillets primitifs (endoblaste et
ectoblaste primaires).

2.2.2. Formation des annexes


* L’ectoblaste primaire reste séparé du trophoblaste par une cavité creusée au sein du
bouton embryonnaire, la cavité amniotique. La formation de cette cavité s’effectue par
apoptose des cellules de la masse cellulaire interne. Au 8ème jour pendant que l’ectoblaste
primaire s’individualise, apparaissent à la face interne du trophoblaste quelques cellules
aplaties, les amnioblastes, de telle sorte que la cavité amniotique sera limitée sur un versant
par l’ectoblaste primaire et sur un autre versant par la couche cellulaire d’amnioblastes.

* Au 9ème jour, la surface interne du cytotrophoblaste donne naissance en périphérie du


blastocèle à des cellules mésenchymateuses étoilées dont les plus internes aplatissent et
vont constituer une couche continue attachée à chaque extrémité du feuillet endoblastique.
Cette couche cellulaire mince constitue la membrane de Heuser qui isole au sein du
blastocèle une cavité plus petite limitée sur l’autre versant par l’endoblaste. Cette cavité est
appelée lécithocèle primaire et elle est entourée par les cellules mésenchymateuses qui
constituent le mésenchyme extra-embryonnaire.

* Au 11ème jour, l’endoblaste exerce une prolifération à chacune de ses extrémités et va venir
dédoubler en dedans la membrane de Heuser qui disparaît

* Au 12ème jour, le lécithocèle devient alors le lécithocèle secondaire entièrement bordé par
les cellules endoblastiques.

54
2.2.3. Evolution du mésenchyme extra-embryonnaire (MEE)
La transformation du MEE s’effectue du 10ème au 14ème jours. Le MEE continue à proliférer et
gagne l’espace compris entre la cavité amniotique et le trophoblaste. En même temps il se
creuse des lacunes rapidement confluentes pour donner à leur tour une cavité unique : le
coelome externe, entièrement entourée par le MEE.

En définitive, le MEE se condense en quatre contingents :


- une couche restant appliquée sur la face interne du cytotrophoblaste, le MEE extra-
coelomique
- une couche appliquée sur la face externe du lécithocèle secondaire constituant le MEE
splanchnique ou splanchnopleural
- une couche appliquée sur la face externe de la cavité amniotique, constituant le MEE
somatique ou somatopleural
- un massif cellulaire, constituant le pédicule embryonnaire, qui assure la liaison entre les
précédents contingents

2.2.4. L’œuf à la fin de la 2ème SD


On est passé du stade de blastocyste libre au stade d’œuf implanté qui présente une
architecture complexe constituée de tissus déjà différenciés organisés en plusieurs
structures

1 – Une sphère périphérique creuse, la sphère choriale ou chorion composée du


trophoblaste (cytotrophoblaste et syncytiotrophoblaste) et du MEE extracoelomique qui
tapisse le cytotrophoblaste en dedans.

2 – A l’intérieur de cette sphère choriale et séparées d’elle par la cavité du coelome extra-
embryonnaire, deux demi sphères creuses accolées, la cavité amniotique et le lécithocèle
secondaire entourées en dehors par le MEE somatopleural et splanchnopleural. La zone
d’accolement des deux demi sphères forme le disque embryonnaire qui sera à l’origine de
l’embryon ; il est constitué à ce stade par deux feuillets (disque didermique) : l’endoblaste ou
hypoblaste qui forme le plafond du lécithocèle secondaire et l’ectoblaste primaire qui forme
le plancher de la cavité amniotique.

3 – L’ensemble des éléments contenus dans la sphère choriale est relié à cette dernière par
le pédicule embryonnaire, qui deviendra avec le développement ultérieur d’un axe
vasculaire, le cordon cellulaire.
La 2ème SD est marquée par le chiffre 2 : le trophoblaste se différencie en deux couches : le
syncytiotrophoblaste et le cytotrophoblaste ; le bouton embryonnaire est en deux couches :
l’endoblaste et l’ectoblaste primaire, le mésenchyme extra-embryonnaire se clive en deux
couches, la somatopleure et la splanchnopleure et il s’est formé deux cavités : la cavité
amniotique et le lécithocèle secondaire.

On appelle annexes embryonnaires toutes les parties de l’œuf qui n’entrent pas dans la
constitution du disque embryonnaire, c’est-à-dire :
- le trophoblaste
- l’amnios
- le lécithocèle secondaire
- et l’ensemble du mésenchyme extra-embryonnaire

55
2.3. Début de sécrétion des gonadotrophines chorionique par le trophoblaste
Quand l’implantation commence, le trophoblaste se met à sécréter des gonadotrophines
chorioniques (hCG) dont l’action, proche de celle de LH, stimule la sécrétion du corps jaune
et assure la pérennisation du corps jaune périodique sous forme de corps jaune gravidique
ou gestatif.

3 – LA PATHOLOGIE DE LA 2EME SD ET APPLICATIONS CLINIQUES

3.1. Arrêt de développement


1 – Parfois en rapport avec une anomalie chromosomique létale qui entraîne une résorption
de l’œuf
2 – Le plus souvent secondaire à un défaut d’implantation, du fait de rejet de l’œuf par la
muqueuse utérine mal préparée à la nidation. Plusieurs mécanismes peuvent être en cause
- déséquilibre hormonal
- altération de l’endomètre en rapport avec une infection des voies génitales
- une hémorragie provoquée par l’activité anarchique du syncytiotrophoblaste
Ces mêmes mécanismes peuvent être volontairement utilisés comme supports de
méthodes contraceptives

3.2. Anomalie de siège de la nidation


Normalement, la nidation s’effectue au tiers supérieur ou au tiers moyen de la paroi utérine,
sur sa face postérieure

En pratique, l’œuf a tendance à s’implanter là où il se trouve au début de la 2ème SD, ce sont


donc des défauts de la migration pendant la 1ère SD qui seront à l’origine des implantations
ectopiques.

Le siège des implantations ectopique peut être :


- extra-utérin le plus souvent au niveau de la trompe. La plupart des grossesses extra-
utérines se terminent par la mort de l’embryon, et se manifestent chez la mère par des
métrorragies et des douleurs abdominales.
- intra-utérin réalisant les implantations basses : c’est le placenta praevia pouvant entraîner
des hémorragies génitales au cours de la deuxième moitié de la grossesse et au cours de
l’accouchement avec risque de décès du fœtus et / ou maternel.
Ces implantations ectopiques exposent donc à un risque hémorragique important
généralement associé à la perte de l’œuf ou à des difficultés obstétricales (placenta praevia)
Comme pour les étapes précédentes de développement, les perturbations de l’implantation
peuvent être utilisées volontairement comme supports de méthodes contraceptives.

3.3. Les applications cliniques


L’hCG, actuellement peut être dosée dans le sang maternel dès le 8ème jour après la
fécondation et dans les urines à partir du 10ème jour. C’est la base du diagnostic précoce de
la grossesse.
Le RU-486 (mifépristone) déclenche la menstruation quand il est pris au cours des 8 à 10
semaines qui suivent les dernières règles. Si un conceptus est implanté, il sera éliminé avec
l’endomètre. En association avec la prostaglandine, le RU-486 est efficace à 96% pour
provoquer un avortement.

56
Le génome de l’œuf implanté étant pour moitié d’origine paternel, il pourrait se comporter
comme un corps étranger vis-à-vis des systèmes immunitaires et entraîner une réaction de
rejet. Des observations récentes ont montré l’existence d’une série de facteurs de protection
de l’embryon : production de cytokines et de protéines immunosuppressives et apparition
d’un complexe moléculaire d’histocompatibilité empêchant la reconnaissance du produit de
conception comme un corps étranger. Si la mère est atteinte d’une maladie autoimmune,
comme le lupus érythémateux disséminé, le rejet se produit par des anticorps générés par la
maladie, qui attaquent secondairement le produit de conception.

Les anomalies du blastocyste sont fréquentes et imprévisibles. Certains blastocystes sont ne


sont constitués que de trophoblaste sans bouton embryonnaire. Ces blastocystes devraient
probablement avorter, emporter par le prochain flux menstruel. Il arrive toutefois que le
trophoblaste continue à se développer et à former des membranes placentaires, en
l’absence totale ou presque totale de tissus embryonnaires. Il en résulte une môle
hydatiforme. La môle sécrète des gonadotrophines chorioniques en abondance et peut
dégénérer (môle invasive ou choriocarcinome). L’étude génétique des môles hydatiformes
indique que si les pronucléus mâle et femelle sont génétiquement équivalents, ils ont
fonctionnellement différents. En effet, bien que les cellules de la môle soient diploïdes, leur
génome est entièrement paternel. On en déduit que la régulation du trophoblaste est sous
l’influence de gènes paternels puisque dans les môles, il se différencie en l’absence de
pronucléus femelle. Ce phénomène, qui reflète une différence d’expressivité d’allèles
homologues ou de régions chromosomiques, est dénommé empreinte génomique ou
parentale.

CONCLUSION
La 2ème SD est la semaine de la nidation ou implantation et la mise en place de l’embryon
sous la forme d’un disque embryonnaire didermique. Cependant aucun signe, tant clinique
que biologique, ne permet de faire le diagnostic de grossesse ni même de le suspecter.

A partir du 7ème jour suivant la fécondation, les deux constituants du blastocyste évoluent
conjointement mais différemment. Les macromères du bouton embryonnaire sont à l’origine
de l’embryon et d’une partie de ses annexes. Le trophoblaste, issu des micromères, va
contribuer à former le chorion de l’oeuf, structure indispensable à l’organisation du placenta,
organe transitoire, zone d’échanges fœto-maternels, doté de propriétés endocrines

Du 7ème au 14ème jours évolue la nidation de l’œuf. L’œuf fécondé a hérité de peu de réserve
et de ce fait jouit d’une autonomie restreinte. Ainsi, la nidation est un temps essentiel puis
qu’elle va permettre à l’embryon de contacter l’organisme maternel et de pouvoir recevoir
des apports nutritionnels.

Pendant la 2ème SD, la nutrition de l’œuf est réalisée par diffusion


L’évolution de la nidation provoque une modification de la structure et des propriétés de
l’endomètre : il est le siège de la réaction déciduale dont l’évolution (pendant les quatre
premiers mois de la grossesse) fait apparaître les caduques utérines, structures éliminées au
moment de l’accouchement.

57
La nidation

Blastocyste libre
Cavité utérine
Pôle embryonnaire

e
n
d
o
m
è
t
r
e

8èmejour
Prolifération du syncytiotrophoblaste

Cytotrophoblaste

Pénétration
de l ’œuf

Pl 15

58
10èmejour
Endomètre Syncytiotrophoblaste
Cytotrophoblaste

Amnioblastes

Lacunes
Cavité
Epiblaste amniotique
Membrane
Hypoblaste
de Heuser
=
V. vitelline
disque
primaire
didermique
Bouchon
fibreux
Pl 15

15èmejour Cavité Pl 17
Lacunes sanguines
amniotique

Syncytio-
trophoblaste
Cyto
trophoblaste
Somatopleure Pédicule
embryonnaire
Epiblaste
Hypoblaste
V. vitelline
secondaire
Splanchno- Més.extra-
pleure embryonnaire
Coelome Plaque choriale
externe Epithélium
utérin

59
CHAP. 8 : LA TROISIEME SEMAINE DE DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION
1 – Chez la mère
1.1. Les signes cliniques
1.2. Les signes biologiques

2 – Les modifications des annexes


2.1. Le lécithocèle secondaire
2.2. Le mésenchyme extra-embryonnaire
2.3. Evolution progressive de la sphère choriale
2.4. Début de la circulation extra-embryonnaire

3 – Evolution du disque embryonnaire


3.1. Mise en place de l’endoblaste définitif et du mésoblaste intra-embryonnaire: la
gastrulation
3.2. Mise en place de la chorde dorsale (J17-J19)
3.3. Différenciation de la plaque puis de la gouttière neurale et évolution du mésoblaste

4 – A la fin de la 3ème SD

5 – Anomalies de la 3ème SD
5.1. Les perturbations de la gastrulation
5.2. Les perturbations de la constitution de la chorde dorsale
5.3. L’apparition de deux lignes primitives

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Décrire les principaux phénomènes de la 3ème SD chez la mère


2 – Décrire les principaux phénomènes de la 3ème SD chez l’œuf fécondé
3 – Décrire les principales anomalies de la 3ème SD

60
INTRODUCTION
Le principal événement de la 3ème SD est la gastrulation, processus au cours duquel se
mettent en place les trois couches de l’embryon tridermique : l’ectoblaste secondaire, le
chordo-mésoblaste et l’endoblaste. C’est également la semaine du début de la neurulation,
de l’apparition du gradient céphalocaudal et de la symétrie de l’embryon, alors que chez la
mère apparaissent les signes cliniques et biologiques de grossesse. La 3ème SD est
caractérisée aussi par l’évolution de la sphère choriale et la formation des ébauches vasculo-
sanguines et sexuelles dans le mésenchyme extra-embryonnaire.

Une meilleure connaissance des mécanismes contrôlant la 3ème semaine de développement,


est un préalable indispensable pour l’analyse des malformations et l’étude de la gémellité et
ses anomalies.

1– CHEZ LA MERE

La 3ème SD est celle du diagnostic de grossesse

1.1. Les signes cliniques


Un signe clinique, l’aménorrhée, sera d’autant plus évocateur qu’il sera associé, en fin de
3ème SD à d’autres signes : tension et gonflement des seins, nausées et vomissements,
constipation et pollakiurie.

1.2. Les signes biologiques


Il est possible de mettre en évidence dans les urines les hCG, sécrétées par le
syncytiotrophoblaste au niveau de la sphère choriale et qui ont pour action de transformer le
corps jaune en corps jaune gestatif.
Pour le diagnostic, il est habituel d’utiliser les réactions immunologiques. Il existe
actuellement des tests rapides (une à cinq minutes) et sensibles disponibles en pharmacie.

2 – LES MODIFICATIONS DES ANNEXES


Les modifications portent successivement sur le lécithocèle secondaire et les différentes
parties du mésenchyme extra-embryonnaire ; elles s’achèvent avec la mise en place de la
circulation sanguine.

2.1. Le lécithocèle secondaire émet vers le 16ème jour un diverticule qui s’enfonce dans le
pédicule embryonnaire : le diverticule allantoïdien.

2.2. Le mésenchyme extra-embryonnaire va se différencier à partir du 18ème jour


– Au 18ème jour, c’est autour du diverticule allantoïdien et à son contact qu’apparaissent les
cellules sexuelles primitives ou gonocytes primordiaux. Ces cellules migreront ultérieurement
vers les ébauches des gonades et seront à l’origine des cellules de la lignée germinale
(spermatogonies ou ovogonies).

– Certaines mésenchymateuses se groupent en petits massifs, les îlots de Wolf et Pander.


Dans chaque îlot, les cellules périphériques s’allongent et forment ensemble l’ébauche des
parois des vaisseaux, tandis que les cellules centrales s’arrondissent et se transforment en
cellules souches des lignées sanguines. De telles ébauches apparaissent dans presque tout
le mésenchyme extra-embryonnaire.

61
2.3. Evolution progressive de la sphère choriale
A la fin de la 2ème SD, le syncytiotrophoblaste a émis des travées radiaires entraînant avec lui
des cellules du cytotrophoblaste. Ces travées trophoblastiques constituent les villosités
primaires ou villosités primitives. Entre les villosités, les lacunes vasculaires remplies de
sang maternel deviennent confluentes et se transforment en chambre intervillositaire.

- Vers le 15ème jour, les villosités se développent et le mésenchyme de la lame choriale


pénètre dans leur axe ; elles deviennent des villosités secondaires ou villosités de deuxième
génération. Ces villosités sont présentes sur tout le pourtour de l’œuf.

- Entre le 18ème et le 21ème jours, des îlots vasculo-sanguins se différencient également


dans le mésenchyme extra-embryonnaire constituant l’axe des villosités où ils vont former un
réseau d’ébauches vasculaires, les villosités prennent alors le nom de villosités tertiaires ou
villosités placentaires définitives

Pendant ce temps, les cellules cytotrophoblastiques des villosités traversent


progressivement le syncytiotrophoblaste pour atteindre l’endomètre maternel. Là, elles
entrent en contact avec les expansions similaires des villosités choriales voisines, formant
ainsi une mince coque cytotrophoblastique externe. Cette coque commence à apparaître au
pôle embryonnaire puis elle s’étend jusqu’à entourer entièrement le trophoblaste, amarrant
ainsi fermement la sphère choriale à l’endomètre. Les villosités qui vont de la plaque choriale
à coque cytotrophoblastique (la plaque basale ou déciduale) sont appelées villosités
souches ou villosités crampons. Les villosités libres naissent de la plaque choriale sans
contact avec la coque cytotrophoblastique externe et sont le siège des échanges fœto-
maternels.
Simultanément le coelome extra embryonnaire s’agrandit et, vers le 19ème ou 20ème jour,
l’embryon n’est plus attaché à sa coque trophoblastique que par un pédicule étroit, le
pédicule embryonnaire, qui formera plus tard le cordon ombilical, mettant en connexion le
placenta et l’embryon

2.4. Début de la circulation extra-embryonnaire


A la fin de la 3ème SD, les ébauches vasculaires des villosités entrent en connexion avec les
ébauches apparues dans le reste du mésenchyme extra-embryonnaire : c’est le début de la
circulation extra-embryonnaire. Ces vaisseaux de la circulation extra-embryonnaire entrent
en connexion à leur tour avec le système circulatoire intra-embryonnaire, établissant la
connexion entre la circulation embryonnaire et la circulation placentaire.
Ainsi, lorsque le cœur commence à battre à la 4ème SD, le placenta est prêt à assurer la
nutrition et l’oxygénation de l’embryon.
Jusqu’à ce stade, l’embryon assure sa nutrition et son oxygénation par simple diffusion

3 – EVOLUTION DU DISQUE EMBRYONNAIRE

Pendant la 3ème SD, l’évolution du disque embryonnaire se fait en 3 étapes :


- La mise en place de la ligne primitive, de l’endoblaste définitif et du mésoblaste intra-
embryonnaire.
- La mise en place de la chorde dorsale
- La différenciation de la plaque, puis de la gouttière neurale d’une part et évolution de
mésoblaste d’autre part.

62
3.1. Mise en place de l’endoblaste définitif et du mésoblaste intra-embryonnaire
Au 15ème – 16ème jour, la gastrulation commence avec l’apparition de la ligne primitive à la
surface de l’ectoblaste primaire. C’est un épaississement axial de l’ectoblaste primaire
apparaissant à la partie caudale de l’embryon. Cet épaississement situé sur l’axe médian
crânio-caudal est appelé ligne primitive et respecte à son extrémité caudale une zone
d’accolement de l’ectoblaste primaire avec l’endoblaste, la membrane cloacale. Dans la
partie craniale, la ligne primitive n’atteint pas les bords de disque embryonnaire ; elle arrive à
un point particulier, le nœud de Hensen, qui est une légère surélévation entourant une
dépression.

Au 16ème jour, les cellules ectoblastiques voisines de la ligne primitive commencent à


proliférer et à s’aplatir et perdent leurs connexions entre elles. Ces cellules migrent vers la
ligne primitive et lorsqu’elles l’atteignent, elles prennent un aspect renflé, se détachent de
l’ectoblaste et glissent au-dessous de lui. Ce processus d’invagination et de pénétration est
appelé gastrulation. Certaines cellules ectoblastiques migrantes envahissent et remplacent
l’endoblaste primaire par l’endoblaste définitif qui sera à l’origine du futur intestin et ses
dérivés. D’autres cellules ectoblastiques migrantes se déplacent à travers la ligne primitive et
divergent dans l’espace entre l’ectoblaste primaire et l’endoblaste définitif naissante pour
constituer un 3ème feuillet : le mésoblaste intra-embryonnaire. Le mésoblaste constitué dans
la partie craniale respecte la zone d’accolement entre l’ectoblaste primaire et l’endoblaste, la
membrane pharyngienne. Quelques cellules du mésoblaste migrent en avant de la
membrane pharyngienne, où elles participeront à la 4ème SD, à la constitution de la zone
cardiogène.

Lorsque l’endoblaste définitif et du mésoblaste intra-embryonnaire sont constitués,


l’ectoblaste primaire devient l’ectoblaste secondaire

3.2. Mise en place de la chorde dorsale (17ème – 19ème jours)


 A partir du nœud de Hensen, des cellules de l’ectoblaste primaire s’invaginent
selon l’axe médian cranio-caudal vers la membrane pharyngienne. Elles vont
constituer entre l’ectoblaste primaire et l’endoblaste un cordon cellulaire plein, le
processus chordal.
 Secondairement, ce cordon cellulaire se creuse et s’étend en avant et en bas,
constituant le canal chordal. La paroi ventrale du canal chordal fusionne avec
l’endoblaste et se fragmente tandis que sa paroi dorsale s’épaissit et constitue la
plaque chordale. Le canal chordal est alors ouvert à ses deux extrémités et fait
communiquer la cavité amniotique et le lécithocèle secondaire.
 La plaque chordale va ensuite proliférer vers la partie caudale de l’embryon en
repoussant le nœud de Hensen à proximité de la membrane cloacale. La
communication entre la cavité amniotique et le lécithocèle secondaire se réduit à un
tout petit canal, le canal neurentérique.
 Au 19ème jour, l’endoblaste se reconstitue et repousse les éléments dérivés de la
plaque chordale qui constituent, entre l’ectoblaste et l’endoblaste, un axe cellulaire
médian : la chorde dorsale.

Ainsi au 19ème jour après la gastrulation et la mise en place de la chorde dorsale, l’embryon
se présente sous la forme d’un disque embryonnaire à 3 feuillets :

63
- un feuillet dorsal ectoblastique qui devient l’ectoblaste secondaire
- un feuillet moyen, le chordo-mésoblaste avec dans son axe cranio-caudal, la chorde et
latéralement le mésoblaste
- un feuillet ventral, l’endoblaste
Entre ces feuillets, quelques cellules détachées du mésoblaste constituent un tissu conjonctif
de remplissage très lâche : le mésenchyme intra-embryonnaire.

3.3. Différenciation de la plaque puis de la gouttière neurale et évolution du


mésoblaste
 L’ébauche du SNC
* Au 18ème – 19ème jour, l’ectoblaste qui recouvre l’axe cranio-caudal en avant du nœud de
Hensen s’épaissit en avant du nœud de Hensen sous l’action inductrice de la chorde. Cet
épaississement plus large dans sa partie craniale, prend la forme d’une raquette renflée en
avant : la plaque neurale qui présente une croissance cellulaire très rapide et s’étend
progressivement vers la partie caudale.
Dès lors, l’ectoblaste secondaire a donné naissance à deux ensembles cellulaires distincts :
le neuroectoblaste (plaque neural) et l’épiblaste (dérivé du reste de l’ectoblaste secondaire)

* Vers le 20ème jour, les bords latéraux de la plaque neurale se relèvent, transformant la
plaque en gouttière neurale qui fait saillie dans la cavité amniotique. La zone de jonction
entre les bords de la gouttière neurale et l’épiblaste constitue alors les deux crêtes
longitudinales : les crêtes neurales.

* A la fin de la fin de la 3ème SD, les bords de la gouttière se rejoignent et commencent à


fusionner dans la partie moyenne pour constituer le tube neural. Au moment de cette fusion,
les crêtes neurales s’isolent dans le mésenchyme intra-embryonnaire sous-jacent de part et
d’autre du tube neural

 Le mésoblaste, répartit dans tout le disque embryonnaire de chaque côté de la chorde,


va se développer de façon très active du 19ème au 21ème jour et former 3 bandes
longitudinales de chaque côté de la chorde dorsale :
- Le mésoblaste para axial
- Le mésoblaste intermédiaire
- Le mésoblaste latéral ou lame latérale

Chacune de ces 3 zones de mésoblaste va commencer sa différenciation avant que ne


s’achève la 3ème SD.

a) Dans le mésoblaste para axial, les cellules se groupent en amas déterminant une
segmentation : on appelle somite chaque amas cellulaire. Cette segmentation commence
dans la région craniale et progresse vers la région caudale.

On distingue ainsi au 21ème jour, 4 à 7 paires de somites disposés de façon symétrique qui
soulèvent l’épiblaste de part et d’autre de la zone de fermeture du tube neural

b) Au niveau du mésoblaste intermédiaire, il se forme également de groupements


cellulaires en regard de chaque somite : ce sont les premiers néphrotomes. L’ensemble

64
du mésenchyme intermédiaire constitue le cordon néphrogène qui donnera naissance à
l’appareil urinaire.
c) Au niveau du mésoblaste latéral et de la zone cardiogène, apparaissent
progressivement des lacunes qui vont confluer et former une cavité : le coelome intra-
embryonnaire. Cette cavité, en forme de fer à cheval à concavité caudale, communique
latéralement très largement avec le coelome extra-embryonnaire.
Cette lame latérale est alors clivée en deux lames de tissus mésoblastiques :
- L’une dorsale, en continuité avec le mésenchyme extra-embryonnaire qui entoure
l’amnios : le mésoblaste somatique
- L’autre ventral, en continuité avec le mésenchyme extra-embryonnaire qui entoure le
lécithocèle secondaire : le mésoblaste splanchnique
(Le mésoblaste somatique et l’épiblaste constitueront ensemble la paroi du corps :
somatopleure, le mésoblaste splanchnique et l’endoblaste constitueront ensemble la paroi
du tube digestif : splanchnopleure)

4 – A LA FIN DE LA 3EME SD
On est passé d’un disque embryonnaire didermique à un disque embryonnaire tridermique
où sont apparus les principaux tissus :
- L’ectoblaste a fait place à l’épiblaste et au neuroectoblaste : gouttière neurale et crêtes
neurales
- La chorde s’est individualisée ainsi que le mésoblaste qui se segmente déjà en somites,
cordon néphrogène, mésoblaste splanchnopleural et somatopleural
- L’endoblaste n’a pas subi de transformation
- Le mésenchyme intra-embryonnaire se développe et occupe tout l’espace laissé libre par
les autres feuillets
- Le mésenchyme extra-embryonnaire est le siège de différenciation des vaisseaux extra-
embryonnaires et de gonocytes primordiaux
Le disque embryonnaire devenu tridermique présente un axe de latéralité gauche droite
centrée par la chorde et une polarité céphalo-caudale et dorso- ventrale.

5 – ANOMALIES DE LA 3EME SD

5.1. Les perturbations de la gastrulation entraînent des anomalies de l’organisation axiale


de l’embryon
Le début de la 3ème SD, qui correspond au début de la gastrulation, est une période de
grande sensibilité aux agents tératogènes. A ce stade, on peut dresser une cartographie des
nombreux organes ou systèmes, œil, cerveau et autres groupes cellulaires, sensibles aux
différents agents. Par exemple, de fortes doses d’alcool à ce stade détruisent les cellules de
la ligne médiane à l’extrémité craniale du disque embryonnaire, entraînant des
malformations des structures cranio faciales constituant l’holoprosencéphalie. Ce stade, 2
semaines après la fécondation, correspond à 4 semaines après les dernières règles, période
à laquelle la femme peut difficilement se rendre compte qu’elle a commencé une grossesse.

La gastrulation peut être interrompue par des facteurs génétiques ou tératogènes. La


dysgénésie caudale (sirénomélie) est due à un défaut de mésodermisation de l’extrémité
caudale de l’embryon. Le mésoblaste caudal contribue à la formation des membres
inférieurs, de l’appareil urogénital (mésoblaste intermédiaire), des vertèbres lombosacrées. A
ce défaut de mésodermisation répond un large spectre de malformations appelé VATER

65
(anomalies Vertébrales, une atrésie Anale, une fistule Trachéo-oesophagienne, et
malformation Rénales) ou VACTRM (VATER + malformations cardiovasculaires et des
membres inférieurs) : hypoplasie et fusion des membres inférieurs, anomalies vertébrales,
agénésie rénale, imperforation anale, anomalie du tractus génital. Dans l’espèce humaine,
ces malformations sont fréquemment associées au diabète maternel
Le situs inversus est caractérisé par une transposition des viscères droits et gauches
thoraciques et abdominaux. La fréquence des malformations structurales associées n’est
que faiblement accrue chez les sujets porteurs de cette anomalie. Environ 20% des porteurs
de situs inversus complet présentent des bronchectasies et des sinusites chroniques dues à
une anomalie des cils vibratiles (syndrome de Kartagener). Il est intéressant de remarquer
que les cils vibratiles sont normalement présents à la surface ventrale de la ligne primitive et
qu’ils peuvent être impliqués dans les modalités de la gastrulation. Il existe des formes
incomplètes de situs inversus, n’intéressant qu’un petit nombre d’organes. La bilatéralisation
d’organes normalement unilatéraux, de même que l’absence d’un organe unilatéral, comme
les polysplénies et les asplénies, entrent dans ce cadre de malformation (anomalies de la
latéralisation). C’est dans les formes partielles de situs inversus que l’on retrouve le plus de
malformations associées, malformations cardiaques en particulier.

Il existe des tumeurs congénitales associées à la gastrulation. En effet des reliquats de la


ligne primitive peuvent persister dans la région sacrococcygienne et donner naissance à des
tumeurs, les tératomes sacrococcygiens. Ces tumeurs contiennent les dérivés des 3 feuillets
embryonnaires. Ce sont les plus fréquentes des tumeurs du nouveau-né. Leur fréquence est
de 1 cas sur 37.000 naissances. Elles sont plus fréquentes chez les enfants de sexe féminin.
Elles deviennent habituellement malignes pendant l’enfance et doivent être enlevées dès
l’âge de 6 mois

Le chordome est une tumeur qui se développe à partir de reliquats de la notochorde, peut se
localiser dans la tête ou dans la région sacrée. Il est plus fréquent chez les hommes en fin
de vie adulte (à partir de 50 ans) et peut être bénin ou malin

5.2. Les perturbations de la constitution de la chorde dorsale entraînent, du fait de son


rôle d’induction, des anomalies de la formation de la gouttière neurale et du rachis

5.3. L’apparition de deux lignes primitives peut être à l’origine de jumeaux par séparation
en deux disques embryonnaires ou de montres doubles si les zones de jonction persistent
entre les deux moitiés du disque initial.
Ces malformations pourront être décelées par la surveillance échographique de la grossesse
au cours des premiers mois de développement.

CONCLUSION
La 3ème SD est la semaine de la gastrulation, du début de la neurulation, de l’apparition du
gradient céphalocaudal et de la symétrie de l’embryon. C’est la semaine de la formation des
ébauches vasculo-sanguines et sexuelles dans le mésenchyme extra-embryonnaire et
l’apparition des signes cliniques et biologiques de grossesse chez la mère.

66
Ectoblaste + Mésoblaste + Entoblaste = Embryon Pl 18

Somatopleure Cavité amniotique


Cordon ombilical

Amnios
Septum transversum
Tube cardiaque

Vésicule vitelline Allantoïde

Splanchnopleure Mésenchyme
Extra-
Coelome embryonnaire
extra-
embryonnaire

Cytotrophoblaste Syncytiotrophoblaste Lacune + sang maternel

Pl 18

Syncytiotrophoblaste
+
Cytotrophoblaste
+
Mésenchyme
extraembryonnaire
vascularisé
=
Villosité tertiaire

Tube cardiaque

Ilots de
Wolff et Pander

67
Migration crâniale et latérale des cellules épiblastiques

Crâniale :
mésoblaste axial:
plaque préchordale
processus notochordal

Latérale :
mésoblate para axial
mésoblaste intermédiaire
lame latérale

68
Pl 23
Crêtes
Gouttière neurale
neurales

Cavité
amniotique

Lames Chorde
latérales dorsale
Endoblaste

Mésoblaste para-axial
Mésoblaste intermédiaire

Pl 23 Ectoblaste
Bandelettes
Somite Epiderme ganglionnaires

Neurectoblaste

Tube neural

Chorde
dorsale

Intestin
primitif

Néphrotome Coelome interne

69
Epiderme Pl 23
Bandelette
ganglionnaire

Cavité

Tube
neural
Dermatome
Chorde
dorsale

Myotome

Sclérotome
Pl 23

La neurulation

70
La neurulation

71
Sirénomélie

Anomalie de la neurulation primaire

72
CHAP. 9 : LA QUATRIEME SEMAINE DE DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION
1 – La délimitation de l’embryon

1.1. Dans le sens transversal


1.2. Dans le sens longitudinal
1.3. Augmentation du volume de la cavité amniotique

2 – Formation des ébauches des organes

2.1. Le neuroectoblaste et l’épiblaste


2.2. Le chordo-mésoblaste
2.3. L’endoblaste
2.4. Les formations branchiales
2.5. L’évolution du mésenchyme pendant la 4eme SD

CONCLUSION

OBJECTIFS
1 – Décrire les principaux phénomènes de la 4ème SD chez l’œuf fécondé
2 – Décrire les principaux phénomènes de la 4ème SD chez la mère
3 – Décrire les principales anomalies de la 4ème SD

73
INTRODUCTION
C’est au cours de la 4ème SD que s’achève l’embryogenèse (formation de l’embryon) que
commence l’organogenèse (formation des organes et appareils à partir des dérivés des
feuillets embryonnaires initiaux)

Deux ordres de phénomènes se déroulent en même temps


- La délimitation de l’embryon du fait d’une plicature qui intervient à la fois dans le sens
transversal et dans le sens longitudinal
- La formation des ébauches des principaux organes à partir de chacun des 3 feuillets et du
mésenchyme intra-embryonnaire

1 – LA DELIMITATION DE L’EMBRYON
Elle intervient dans les deux directions de l’espace et transforme le disque embryonnaire en
un embryon.

1.1. Dans le sens transversal


La délimitation est due à plusieurs facteurs :
- La croissance rapide des dérivés de l’ectoblaste, en particulier de la plaque neurale, qui
provoque une saillie dorsale de l’embryon dans la cavité amniotique
- L’augmentation de volume de la cavité amniotique
- La stagnation du lécithocèle
- La sphère choriale, au contraire, se développe peu ce qui oblige l’ensemble de l’embryon et
de ses annexes, en particulier la cavité amniotique, qui se développent activement, à replier
sur eux-mêmes.
Ainsi les bords du disque sont repoussés vers la face ventrale de l’embryon, ce qui
détermine la délimitation transversale : les deux bords du disque se rejoignent sur la ligne
médiane, il se produit une soudure des tissus homologues et l’embryon est entièrement
cerné par l’épiblaste

1.2. Dans le sens longitudinal


Les mêmes phénomènes sont également visibles
- La prolifération très rapide du neuroectoblaste dans la région craniale de l’embryon
entraîne la saillie de toute l’extrémité craniale qui, sous l’effet de la poussée de la cavité
amniotique, bascule à 180° et prolonge sous la face ventrale en repoussant la zone
cardiogène
- De même, la poussée de la cavité amniotique détermine un repli de la région caudale
Ces deux poussées contribuent à rapprocher les deux régions craniale et caudale de
l’embryon, ce qui détermine la délimitation longitudinale.
Au final, quand la délimitation est terminée, la région du toit du lécithocèle secondaire
constitue par tubulation, un conduit intra abdominal de nature endoblastique, l’intestin primitif
relié au reste du lécithocèle, devenu vésicule vitelline, par un canal étroit, le canal vitellin, qui
traverse la face ventrale de l’embryon.
On appelle pédicule vitellin l’ensemble constitué par ce canal vitellin, la partie du
mésenchyme extra-embryonnaire splanchnopleural qui l’entoure et les vaisseaux vitellins
qu’il contient.

1.3. Augmentation du volume de la cavité amniotique

74
Cette augmentation repousse vers la sphère choriale le mésenchyme extra-embryonnaire
somatopleural et tend à effacer le coelome extra-embryonnaire. Elle provoque le
rapprochement des deux extrémités de la paroi de l’amnios et détermine la formation du
cordon ombilical entièrement cerné par la paroi amniotique et qui réunit les constituants du
pédicule vitellin et du pédicule embryonnaire (mésenchyme et vaisseaux ombilicaux). Ce
cordon relie la face ventrale de l’embryon (zone ombilicale) à la sphère choriale.

2 – FORMATION DES EBAUCHES DES ORGANES

2.1. Le neuroectoblaste et l’épiblaste

2.1.1. Le tube neural


Au cours de la 4ème SD, la gouttière neurale se soude par ses bords et se transforme en tube
neural. Cette soudure commence au niveau de la partie moyenne tandis que chaque
extrémité reste provisoirement ouverte dans la cavité amniotique. Les deux ouvertures sont
appelées neuropores antérieur et postérieur
- Le neuropore antérieur se ferme au 25ème – 26ème jours
- Le neuropore postérieur se ferme au 28ème jour.

Le SN prend alors la forme d’un tube creux de calibre réduit dans sa partie caudale (future
moelle épinière) avec une extrémité craniale plus large (futur encéphale) replié sur la face
ventrale de l’embryon au moment de la délimitation.
A la fin de la 4ème SD, l’extrémité céphalique présente trois zones dilatées : le proencéphale,
le mésencéphale et le rhombencéphale

2.1.2. Les crêtes neurales


De chaque côté, la zone de jonction située entre les bords de la gouttière neurale et le reste
de l’ectoblaste (épiblaste) s’isole du reste du neuroectoblaste au moment de la fermeture du
tube neural. Cette zone fait saillie sur la face dorsale, d’où son nom de crête neurale.

Très rapidement, les cellules crestales s’enfoncent dans le mésenchyme sous-jacent et, en
même temps que se produit la segmentation du mésoblaste para axial, les crêtes neurales
se fragmentent en petits amas cellulaires qui constituent les ébauches des ganglions
rachidiens. Ces amas sont disposés sur le même plan transversal que les somites

2.1.3. L’épiblaste
Il se modifie peu au cours de la 4ème SD sauf au niveau de l’extrémité céphalique où il
apparaît des zones de différenciations à destinée sensorielle : les placodes (auditives,
olfactives et optiques ou cristalliniennes).

2.2. Le chordo-mésoblaste

2.2.1. La chorde
Formée à la 3ème SD, elle constitue l’ébauche du squelette axial de l’embryon. Pendant la
4ème SD, elle pénètre dans l’extrémité caudale de l’embryon ; au niveau de l’extrémité
craniale, elle reste à distance de la membrane pharyngienne. Elle est constituée de cellules
vacuolaires entourées d’une gaine.

75
2.2.2. Le mésoblaste
Il est constitué, depuis la 3ème SD, de chaque côté de l’axe caudal par trois bandes
tissulaires longitudinales (mésoblaste para axial, mésoblaste intermédiaire et mésoblaste
latéral)

a) Le mésoblaste para axial


Il continue sa segmentation dans le sens longitudinal commencée pendant la 3ème SD
constituant les somites, amas cellulaires disposés par paire de part et d’autre du tube neural
et de la chorde. Cette segmentation contribue à diviser l’embryon en étages superposés,
bien visibles au niveau du tronc. Chaque étage est constitué de la paire de somites, de ses
dérivés et des structures voisines situées dans le même plan transversal. On appelle
métamère chacun de ces niveaux et cette segmentation est appelée métamérisation.

Au 30ème jour, 30 paires de somites sont ainsi individualisées, mais la métamérisation se


poursuivra jusqu’au 40ème jour. A ce stade, le mésoblaste para axial est constitué de 42 à 44
paires de somites distincts depuis l’extrémité céphalique vers l’extrémité caudale : 3 à 4
paires occipitales (transitoires et mal individualisées), 8 paires cervicales, 12 paires dorsales,
5 paires lombaires, 5 paires sacrées, 8 à 12 paires coccygiennes mal individualisées.

Les somites vont évoluer et donner ultérieurement le squelette, l’appareil locomoteur


et les parois du corps.

b) Le mésoblaste intermédiaire
Il se segmente à son tour depuis le niveau de la deuxième paire de somites occipitaux
jusqu’à celui de la quatrième paire de somites lombaires pour constituer en dehors des
somites de petits amas cellulaires, les néphrotomes, ébauches des portions sécrétrices de
l’appareil urinaire
- Au niveau de la 2ème paire occipitale à celui de la 5ème paire cervicale ces néphrotomes
seront à l’origine du pronéphros
- Au niveau de la 6ème paire cervicale jusqu’à celui de la 4ème paire lombaire il peut se former
un à deux néphrotomes par métamère, cet ensemble constituera le mésonéphros
- La partie la plus caudale du cordon néphrogène ne se métamérise pas, elle donne
ultérieurement le blastème à l’origine du métanéphros

c) Le mésoblaste latéral
Il ne se segmente pas mais se clive dès la fin de la 3ème SD en deux lames, ventrale et
dorsale (splanchnopleurale et somatopleurale) qui bordent, au moment de la délimitation de
l’embryon le cœlome interne ou intra-embryonnaire. Dans la partie moyenne et caudale de
l’embryon, le cœlome interne donnera la cavité pleuro-péritonéale et autour de l’ébauche
cardiaque, la cavité péricardique.

2.3. L’endoblaste
La délimitation de l’embryon isole le plafond du lécithocèle secondaire qui prend alors la
forme d’une gouttière à ouverture ventrale, la gouttière digestive. A la fin de la délimitation,
cette gouttière se ferme progressivement et devient le tube digestif primitif au niveau duquel,
à la fin de la 4ème SD, on distingue trois zones :
- L’intestin primitif antérieur qui s’ouvre dans la cavité amniotique à son extrémité craniale
par résorption de la membrane pharyngienne au 27ème jour.

76
- L’intestin primitif moyen relié à la vésicule ombilicale ou vitelline par le canal vitellin qui
passe dans la zone ombilicale
- L’intestin primitif postérieur dont la partie terminale, ou cloaque, est fermée par la
membrane cloacale qui se résorbera ultérieurement. La partie ventrale du cloaque reste en
communication avec le canal allantoïdien résultant de l’allongement du diverticule
allantoïdien enfermé dans le cordon ombilical

2.4. Les formations branchiales


La partie céphalique de l’intestin antérieur, appelée intestin pharyngé, en forme d’entonnoir,
communique par son extrémité large avec la cavité amniotique après résorption de la
membrane pharyngienne. Cet ensemble sera à l’origine de la cavité bucco nasale.

A partir de la 4ème SD, de chaque côté, des sillons apparaissent sur les parois latérales de
l’intestin pharyngien, les poches endoblastiques. En même temps, en regard des
précédents, apparaissent sur la face externe, recouverte de l’épiblaste, des sillons qui
s’invaginent : les poches ectoblastiques ou branchiales. Ces replis endoblastiques et
ectoblastiques délimitent des massifs cellulaires de mésoblaste et de mésenchyme, les arcs
branchiaux, disposés de chaque côté de l’intestin pharyngé
Chaque arc branchial contient une ébauche vasculaire, le futur arc aortique.
Ultérieurement,
- les dérivés du mésoblaste participeront à la formation du squelette de la face et du larynx et
seront à l’origine des muscles de tête et de cou,
- les poches endoblastiques seront à l’origine des formations lymphoïdes
- tandis que les poches ectoblastiques donneront le conduit auditif externe et le sinus
cervical

2.5. L’évolution du mésenchyme pendant la 4ème SD


L’ensemble du mésenchyme extra-embryonnaire et intra-embryonnaire est le siège, pendant
la 4ème SD, de la formation d’ébauches vasculaires. Toutes ces ébauches vasculaires vont
entrer en communication pendant la 4ème SD et constituent la circulation intra et extra
embryonnaire

2.5.1. Au niveau des villosités choriales, du mésenchyme extra-embryonnaire de la


sphère choriale et du pédicule embryonnaire, les ébauches vasculaires apparaissent à la fin
de la 3ème SD, deviennent confluentes et forment un réseau drainé par des troncs
vasculaires, les vaisseaux ombilicaux, passant par le cordon ombilical pour joindre les
vaisseaux qui se constituent dans le mésenchyme intra-embryonnaire

2.5.2. Autour de la vésicule vitelline se forment deux réseaux qui se drainent par deux
gros troncs : les vaisseaux vitellins qui passent également par le cordon ombilical

2.5.3. Au niveau du mésenchyme intra-embryonnaire les premiers vaisseaux


individualisés lors de la formation d’ébauches vasculaires sont :
- Les aortes dorsales primitives droite et gauche dont les parties caudales fusionnent sur la
ligne médiane et dont les parties céphaliques s’infléchissent sur la face ventrale pour entrer
en connexion avec l’extrémité céphalique du tube cardiaque.

77
- Les veines primitives dites cardinales antérieure et postérieure qui constituent ensemble de
chaque côté un segment commun, le canal de Cuvier, lequel s’abouche à l’extrémité caudal
du tube cardiaque.
Ces vaisseaux constituent avec l’ébauche cardiaque les voies de la circulation intra-
embryonnaire.

2.5.4. Lors de la formation des ébauches vasculaires, en avant de la membrane


pharyngienne, une zone mixte initialement extra-embryonnaire, formé de mésoblaste et de
mésenchyme constitue la zone cardiogène. Cette zone est également le siège de la
formation d’ébauches vasculaires sous la forme de deux tubes, les tubes endocardiques. Au
moment de la délimitation de l’embryon et de la fermeture de la paroi ventrale, la zone
cardiogène repoussée sur la face ventrale devient intra-embryonnaire tandis que le
mésoblaste splanchnopleural se condense et forme une enveloppe autour des tubes
endocardiques. Puis ces deux tubes se rapprochent et fusionnent sur la ligne médiane en
constituant un tube cardiaque impaire entouré par la zone dense splanchnopleural, elle-
même circonscrite par le coelome intra-embryonnaire (futur cavité péricardique). Les
premiers battements cardiaques apparaissent vers le 23ème jour.

CONCLUSION
Au total, la 4ème SD marque la fin de l’embryogenèse. L’embryon est désormais délimité et
prend sa forme définitive tandis que toutes les ébauches des organes sont constituées. Les
migrations cellulaires et les processus morphogénétiques impliquent l’intervention de
nombreux gènes et de mécanisme très complexes et précis. La 4ème SD est donc une phase
très critique du point de vue tératologique.

Cavité amniotique
Epiderme
Tube Mésoblaste
neural Para-axial
Corde
dorsale

Lame
latérale

78
Evolution du mésoblaste (4ème semaine)

79
Coupe transversale

Coupe longitudinale

80
Vésicule ombilicale Cavité amniotique
Coelome externe Allantoïde
Embryon

Placenta diffus Chorion

Cavité amniotique
Allantoïde
Vésicule ombilicale Coelome externe
Embryon

Placenta polarisé
Cavité amniotique
Allantoïde

Coelome externe Vésicule ombilicale


Embryon
Cordon ombilical Chorion
Pl 21

Embryon de 1 mois
Vertex
Placode otique
Placode optique

Arcs branchiaux
Bourgeon
céphalique
Maxillaire sup. Eb. membre sup.
Maxillaire inf
Saillie cardiaque
Somites
Cordon ombilical

Bourgeon
caudal Eb. membre inf.

Pl 19

81
CHAPITRE 12 : LA GEMELLITE

INTRODUCTION

1 – Les divers types de jumeaux

1.1. Les faux jumeaux


1.2. Les vrais jumeaux

2 – Les conditions étiologiques et fréquence

2.1. Le facteur génétique


2.2. Le facteur hormonal

3 – Les conséquences de la gémellité

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Définir les jumeaux et la gémellité


2 – Décrire les conditions de survenue des vrais jumeaux
3 – Décrire les conséquences de la gémellité

94
INTRODUCTION
La survenue d’une grossesse gémellaire concerne environ 1% de naissances et se traduit
par la naissance de deux enfants à l’issue d’une grossesse.

1 – LES DIVERS TYPES DE JUMEAUX

1.1. Les faux jumeaux


Le plus souvent (70% des cas de grossesses gémellaires), il s’agit de deux ovocytes
fécondés au cours d’un même cycle menstruel aboutissant à des jumeaux dizygotes.
Chacun des zygotes évolue indépendamment et s’implante séparément au niveau de la
muqueuse utérine ; leur patrimoine génétique est différent, comme le cas de leurs frères et
sœurs. Chacun des zygotes se développe avec sa sphère choriale, son placenta et sa cavité
amniotique : ce sont de faux jumeaux

Jumeaux dichoriaux et diamniotiques Jumeaux monochoriaux et diamniotiques

95
1.2. – Les vrais jumeaux
Ils résultent de l’évolution particulière d’un seul ovocyte fécondé : Ce sont des jumeaux
monozygotes dont le patrimoine génétique est identique. Selon le stade de développement
où intervient le dédoublement des structures, ils peuvent ainsi avoir en commun une partie
des annexes embryonnaires

 Le début de la segmentation
Si chacun des deux premiers blastomères évolue de façon indépendante, il apparaîtra deux
morulas, deux blastocystes (et deux boutons embryonnaires) capables de s’implanter et de
constituer une sphère choriale.
Après implantation, chaque bouton embryonnaire pour se développer et permettre la
formation d’un disque embryonnaire et de la cavité amniotique : la grossesse est dite
dichoriale et diamniotique.

 Au stade de bouton embryonnaire


Un clivage du bouton embryonnaire en deux moitiés égales provoque la formation de deux
disques embryonnaires et de deux cavités amniotiques à l’intérieur d’une sphère choriale
commune qui donnera un seul placenta. La grossesse est dite monochoriale diamniotique

 Au stade de disque embryonnaire didermique


La formation de deux lignes primitives parallèles peut provoquer la formation deux disques
tridermiques ayant la même cavité amniotique apparue avant le clivage : la grossesse est
dite monochoriale monoamniotique. Le clivage incomplet du disque didermique initial peut
être à l’origine de zones d’accolement persistant entre les deux jumeaux aboutissant à la
naissance de « monstres doubles » ou « siamois »

2 – LES

CONDITIONS ETIOLOGIQUES ET FREQUENCE

96
Les deux facteurs étiologiques les plus évidents sont le facteur génétique et le facteur
hormonal

2.1. Le facteur génétique


En faveur de l’action de ce facteur, témoigne le fait que la fréquence des jumeaux varie
selon les familles, les races et selon les régions.

2.2. Le facteur hormonal


Ce facteur hormonal est uniquement valable pour les grossesses dizygotiques.
L’hyperactivité gonadotrope (FSH et LH) entraîne une stimulation ovarienne excessive qui se
traduit par la ponte simultanée de deux (ou plusieurs) ovocytes (phénomène de
polyovulation).

3 – LES CONSEQUENCES DE LA GEMELLITE


Les grossesses gémellaires sont plus volontiers pathologiques que les grossesses simples
et la prématurité y est fréquente.
- La connexion des systèmes vasculaires extra-embryonnaires peut être à l’origine de
mélange des sangs et des troubles de la vascularisation entre les jumeaux
- Le déficit vasculaire peut se traduire par un retard de développement
- La prématurité

CONCLUSION
Les grossesses gémellaires sont plus volontiers pathologiques que les grossesses simples
et la prématurité y est fréquente. Le diagnostic de vrais ou faux jumeaux est de difficultés
variable selon les cas. Le diagnostic précoce de grossesse gémellaire est une nécessité
absolue pour prévenir l’apparition de complication au 1er rang desquels se place la
prématurité.

97
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LA GENETIQUE

PLAN

1 – Rôle de la génétique en médecine : les disciplines de la génétique humaine et médicale

2 – Classification des maladies génétiques


2.1. Les maladies monogéniques
2.2. Les maladies chromosomiques
2.3. Les maladies polygéniques ou multifactorielles

3 – La transmission des caractères


3.1. Quelques définitions
3.2. L’arbre généalogique
3.3. Les lois de Mendel

4 – Le conseil génétique

5 – Le diagnostic prénatal des affections génétiques

6 – Le dépistage néonatal

OBJECTIFS

1 – Définir les différents termes couramment utilisés en génétique


2 – Décrire la classification des maladies génétiques humaines
3 – Décrire la transmission des caractères en génétique humaine

1
1– Rôle de la génétique en médecine : les disciplines de la génétique humaine et médicale

La Génétique s’intéresse à la transmission et la variation des caractères observées dans tous les
organismes vivants. A l’intérieur de ce champ très vaste, la génétique humaine est la science de
l’étude de la variation, de la transmission des caractères chez les êtres humains, et la génétique
médicale s’intéresse à la transmission des caractères chez les êtres humains ayant un impact
médical. Les deux champs d’intérêt se superposent de façon très importante et en fait, pour de
nombreux généticiens, ne forment qu’un.

A l’intérieur de la génétique humaine médicale, il existe de nombreux centres d’intérêt, en suivant


les différentes directions dans lesquelles la génétique s’est développée. Les disciplines de
spécialisation principale sont : l’étude des chromosomes ou la cytogénétique, l’étude de la structure
et de la fonction des gènes ou la génétique moléculaire et biochimique ou Biologie Moléculaire et
leurs applications dans le diagnostic et le soin du patient ou la génétique clinique.
Outre la clinique, la génétique médicale s’applique aux soins des patients dans le domaine du
conseil génétique, du dépistage permettant d’identifier dans la population les personnes
susceptibles de développer ou de transmettre une maladie génétique, et du diagnostic prénatal. Le
généticien clinique est un médecin formé en génétique et impliqué directement dans le diagnostic
des maladies génétiques et les soins des patients atteints de ces maladies.
La génétique médicale s’adresse également à autres spécialités cliniques. En obstétrique, le
diagnostic prénatal de certaines anomalies génétiques est devenu monnaie courante dans le
domaine des soins de santé prénatale. En médecine adulte, il est maintenant accepté que beaucoup
de maladies communes, telles que la maladie des artères coronarienne, l’hypertension artérielle et
le diabète sucré, ont une importante composante génétique.
D’autres domaines de la génétique humaine sont la génétique des populations, la génétique
épidémiologique, la génétique du développement et l’immunogénétique. Ces disciplines ont
également un impact médical important, en particulier dans la compréhension et la prévention des
maladies humaines.

La génétique médicale connaît depuis quelques années un intérêt croissant pour plusieurs raisons :
1 – La quasi disparition dans les sociétés industrielles de la mortalité d’origine infectieuse et
nutritionnelle, a fait apparaître l’importance résiduelle de la pathologie congénitale et héréditaire
chez l’enfant, d’où le développement des recherches dans ce domaine. Aujourd’hui, au moins un
tiers des enfants dans les hôpitaux pédiatriques des pays développés souffrent de maladies
génétiques. Certains enfants infectés le sont en raison d’un défaut ou d’un déficit génétique
compromettant leur résistance. La plupart des cas de rachitisme dans ces pays sont dus, non pas
à des défauts de nutrition, mais à des défauts génétiques. Aussi les progrès dans le domaine de la
chirurgie et de la médecine ont augmenté la probabilité de survie et, par conséquent, la prévalence
des maladies génétiques augmente.
2 – L’existence d’une composante génétique dans les maladies de l’adulte, voire du vieillard, est
soit démontrée, soit suspectée.
3 – L’homme est de mieux en mieux connu sur le plan biologique. Ce qui explique le grand nombre
d’étude génétique le concernant. La carte du génome humain est en voie d’établissement.
4 – Le développement quasi « exponentiel » des connaissances en biologie moléculaire a ou aura
des applications nombreuses dans le domaine médical. On commence à entrevoir les thérapies
géniques.
2
5 – La prévention des maladies génétiques pose parfois des problèmes d’éthique qui méritent d’être
discutés

2 – Classification des maladies génétiques


Parmi les maladies causées totalement ou partiellement par les facteurs génétiques, on peut citer
trois catégories : les maladies monogéniques (dues à l’atteinte d’un seul gène nucléaire ou
mitochondrial), les aberrations chromosomiques (de nombre et ou de structure), et les maladies
multifactorielles ou polygéniques

2.1. Les maladies monogéniques


Elles sont causées par des allèles mutants. La mutation peut être présente sur un chromosome ou
sur les deux chromosomes d’une même paire. Dans chacun des cas, la cause peut être attribuée à
une erreur dans l’information génétique (gène). De telles maladies ont une distribution familiale
caractéristique. Exemple : la drépanocytose. Les maladies mitochondriales sont dues à un défaut
d’un gène mitochondrial. Exemple : la neuropathie optique héréditaire de Leber
On emploie indifféremment les termes d’hérédité monogénique, monofactorielle ou mendélienne
pour caractériser la transmission des maladies génétiques dues à une mutation impliquant un seul
couple de gènes

2.2. Les maladies chromosomiques


Elles sont dues, non pas à une simple erreur dans le programme génétique, mais au contraire à un
excès ou un défaut de gènes contenus dans un chromosome entier ou dans des segments
chromosomiques. Exemple la trisomie 21 ou syndromes de Down.

2.3. Les maladies polygéniques ou multifactorielles


Elles expliquent un grand nombre de désordres de développement, tels que les malformations
congénitales et la plupart des maladies communes de l’adulte. Elles résultent de la combinaison de
petites variations qui par synergie peuvent causer la maladie ou y prédisposer

3 – La transmission des caractères

3.1. Quelques définitions


Les termes les plus couramment employés en génétique sont les suivants :

 Diploïde et haploïde
Le noyau des cellules humaines non sexuelles ou cellules somatiques comporte 46 chromosomes
(23 paires). Les autosomes sont les 22 paires de chromosomes qui sont identiques dans les deux
sexes. Les gonosomes, ou chromosomes sexuels, sont les chromosomes X et Y. Les cellules
somatiques sont dites diploïdes. Le noyau des cellules sexuelles comporte 22 autosomes et un
gonosome, les cellules sexuelles sont dite haploïdes.

 Gènes
- Le gène est l’unité d’information génétique.
- Le site physique d’un gène est situé sur le chromosome et est dénommé locus.
- Les allèles sont les différentes formes que peut prendre un même gène, à un locus donné ; Des
gènes allèles gouvernent une même fonction, mais celle-ci peut s’exprimer d’une façon différente
3
suivant l’allèle considéré. Les allèles d’un gène diffèrent entre eux par variation de séquence. Le
terme variation de séquence ou mutation n’est cependant pas synonyme de pathologie ; une
variation de séquence peut n’avoir, en effet, aucune conséquence sur le phénotype (« mutation
silencieuse » ou « polymorphisme ») ; quand la mutation du gène entraîne une maladie, on parle
d’allèle morbide.
- Un individu qui possède deux allèles identiques à un même locus est dit homozygote. Un individu
qui possède deux allèles différents à un locus est dit hétérozygote.
- Plusieurs gènes portés par un même chromosome sont dits liés ; les gènes portés par les
chromosomes sexuels X ou Y sont dits liés au sexe ; les gènes portés par les autosomes sont dits
gènes autosomiques

 Génotype et phénotype
Le génotype désigne, au sens strict, la constitution génétique de la cellule ou de l’individu. C’est
l’ensemble de l’information génétique transmise d’une génération à l’autre. Par simplification, ce
terme désigne la configuration des allèles à un locus donné.
Le phénotype désigne les caractères observés permettant de reconnaître un individu ; il peut s’agir
aussi bien d’un caractère non pathologique (par exemple, les groupes sanguins ou les groupes
tissulaires HLA) que d’une maladie.

 Caractères
On appelle caractère l’expression ou la manifestation visible d’un gène ou d’un groupe de gènes.
- Lorsqu’un même caractère est sous le contrôle de plusieurs couples de gènes, on parle de
polymérie
- Lorsque plusieurs caractères dépendent d’un même couple d’allèles on parle de pléïotropie
- Lorsque deux allèles d’un même couple sont différents (hétérozygotie), il peut arriver qu’un seul
d’entre eux exprime son caractère, il est dit dominant ; l’autre est dit récessif. Si les deux allèles
différents d’un même couple conjuguent leurs effets pour exprimer un caractère « mixte » ou
« intermédiaire », on parle de codominance ou semi – dominance. Un caractère récessif ne
s’exprime que si les deux allèles récessifs sont présents.

 Croisement
L’étude de la transmission des caractères est réalisée par des croisements entre des sujets
différents entre eux par certains de leurs caractères. On appelle hybrides les descendants de tels
croisements. L’ensemble des hybrides de première génération constitue la F1. Le croisement de
sujets F1 permet d’obtenir une deuxième génération : F2. Le croisement de sujets de type F1 avec
des individus des types parentaux constitue un rétrocroisement, ou back – cross.

 Maladies congénitales et maladies héréditaires


Une maladie congénitale est une maladie présente à la naissance ; elle peut être génétique ou non.
Exemple la rubéole contractée au cours de la grossesse peut engendrer des malformations
congénitales. A l’inverse, beaucoup de maladies génétiques ou héréditaires ne sont pas
congénitales et ne s’expriment qu’au cours de la vie ; on estime, par exemple, que 10% des
maladies monogéniques ne sont découvertes qu’à l’âge adulte.

4
3.2. L’arbre généalogique
La constitution de l’arbre généalogique utilise des symboles internationaux représentés ci-dessous.

5
3.3. Les lois de Mendel
1 – Uniformité des hybrides de première génération : Si on considère un croisement entre deux
sujets qui diffèrent par un seul caractère (monohybridisme), il apparaît que les hybrides de F1 sont
semblables. Leur phénotype peut être celui de l’un des parents (dominance d’un des allèles) ou
peut réaliser un type mixte ou intermédiaire (codominance ou semi – dominance des allèles)
2 – Pureté des gamètes : Dans F2 on trouve des individus qui présentent le phénotype observé en
F1 et des individus qui présentent dans un pourcentage fixe les phénotypes des parents du
croisement initial.
3 – Loi de disjonction indépendante des caractères : Si on croise deux individus qui diffèrent par
plusieurs caractères (polyhybridisme), on constate que ces caractères sont dans les générations
suivantes hérités de façon indépendante les uns des autres, et se retrouvent associés en F2 comme
s’ils avaient été distribués au hasard. Il existe des exceptions à cette loi. C’est le cas des linkages
ou gènes liés.

4 – Le conseil génétique
Il a pour but d’évaluer le risque de survenue ou de récurrence d’une maladie ou d’une malformation
dans la descendance d’un couple, de proposer à celui-ci les différentes solutions qui s’offrent à lui
pour avoir des enfants normaux et de l’aider dans sa décision. C’est une démarche médicale
originale dans le sens où elle s’adresse le plus souvent à un couple et non à un individu, qu’elle
concerne une tierce personne, l’enfant à venir, qu’elle n’aboutit le plus souvent à aucune
thérapeutique et que la prévention repose sur l’interruption médicale de grossesse. Cette activité
requiert une formation spécifique, non seulement à la génétique et la médecine des maladies
chroniques, mais également à la dimension psychologique.

5 – Le diagnostic prénatal des affections génétiques


Il vise à prévoir ou à diagnostiquer, au cours de la grossesse, une pathologie qui se manifestera
soit dès la période fœtale soit au cours de la vie du sujet à naître

6 – Le dépistage néonatal
Il a pour principe de rechercher de façon systématique, chez les tous nouveaux nés de la population
générale ou d’une population à risque, une pathologie à révélation précoce, avant que celle-ci
n’entraîne des séquelles irréversibles. Plus simplement, l’enfant dépisté doit en tirer un bénéfice
personnel immédiat

En France quatre affections, la phénylcétonurie, l’hypothyroïdie congénitale, l’hyperplasie


congénitale des surrénales et la mucoviscidose, bénéficient d’un dépistage néonatal systématique.

6
CHAPITRE 2 : LE CARYOTYPE HUMAIN

INTRODUCTION

1. Définition
2. Méthodes d’étude
3. Description du caryotype humain
4. Indications du caryotype

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Définir le caryotype humain


2 – Décrire la technique de caryotype
3 – Citer les indications du caryotype humain

7
1. DEFINITION

Le caryotype est une technique qui permet l’étude des chromosomes d’un individu. Cette technique
permet d'obtenir une image, en microscopie optique, des chromosomes d’une cellule au cours de
la métaphase ou de la prométaphase de la mitose.
En génétique médicale, le caryotype contribue à la mise en évidence de remaniements
chromosomiques équilibrés ou déséquilibrés.
La résolution d’un caryotype standard est celle d’une bande chromosomique, soit environ 5 à 10
millions de paires de bases (mégabases).

2. METHODES D’ETUDE
Les méthodes utilisées sont maintenant, avec quelques modifications, universellement employées
dans les laboratoires de cytogénétique :
(1) 5 ml de sang veineux → (2) séparation des hématies (obtention des leucocytes) → (3) leucocytes
en culture pendant 3 jours à 37° → (4) colchicine dans le milieu de leucocyte → (5) séparation des
leucocytes → (6) solution saline hypotonique → (7) étalement sur lame → (8) coloration → (9)
photographie → (10) caryotype.

2.1. Les cellules utilisées


Les lymphocytes sont le plus souvent utilisés : le sang total, recueilli stérilement sur héparine, est
incubé 48 à 72 heures dans un milieu de culture contenant une lectine à fort pouvoir mitogène
(phytohémagglutinine ou PHA)
Les fibroblastes demandent une culture cellulaire d’une à trois semaines. Tous les tissus riches en
fibroblastes, comme la peau, peuvent être utilisés. Le fragment tissulaire est recueilli dans un milieu
de culture stérile additionné d’antibiotiques.
Pour le caryotype fœtal, ce sont les cellules des villosités choriales (dès la 10ème semaine de
grossesse), du liquide amniotique (dès la 16ème semaine de grossesse) et le sang du cordon (dès
la 18ème semaine de grossesse)

2.2. L’identification des chromosomes


Il y a des années, comme il n’était pas possible de distinguer les chromosomes les uns des autres,
un grand nombre de chercheurs les avaient classés en 7 groupes de A à G en fonction de leur taille
et de la position de leur centromère.
A = 1 – 3, B = 4 – 5, C = 6 – 12, D = 13 – 15, E = 16 – 18, F = 19 – 20, G = 21 – 22.

La technique d’autoradiographie a été utilisée pour améliorer l’identification des chromosomes.


Cette technique laborieuse a été remplacée par les techniques de coloration qui permettent
l’identification précise des chromosomes.
Il existe quatre techniques de coloration
- La fluorescence à la quinacrine ou méthode Q selon laquelle certaines bandes chromosomiques
apparaissent fluorescentes sous l’effet de la microscopie fluorescente
- Des techniques de coloration spéciale de la région centromérique ou méthode C
- La coloration de Giemsa ou méthode G
- La méthode « inversée » ou méthode de zonation R

8
Les méthodes G et R sont des méthodes de marquage. Ils révèlent le long des chromosomes une
alternance de bandes transversales, faiblement ou fortement colorées dont la séquence est
spécifique à chaque paire de chromosomes. Les bandes G (GTG) sont obtenues par dénaturation
enzymatique et les bandes R, par dénaturation thermique. Ces deux marquages sont
complémentaires. Ils révèlent l’euchromatine. Ces deux techniques sont les techniques classiques
utilisées en routine. Les méthodes C et Q sont des techniques spécifiques.

3. DESCRIPTION DU CARYOTYPE HUMAIN


- Le chromosome métaphasique
Il est constitué de deux chromatides sœurs réunies par un centromère dont la position définit les
bras courts ou p et les bras longs ou q ; l’indice centromérique, p / (p+q) distingue les chromosomes
méta- et sub-métacentriques des acrocentriques où le centromère est très distal, les bras courts
très réduits et surmontés de tiges (organisateurs nucléolaires) porteuses de satellites. Les télomères
sont les extrémités distales des chromosomes.

- Classification des chromosomes


Le caryotype humain comporte 46 chromosomes, soit 22 paires d’autosomes et une paire de
gonosomes : deux chromosomes X dans le sexe féminin et un chromosome X et un chromosome
Y dans le sexe masculin. Le caryotype normal s’écrit : 46,XX ou 46,XY.
Jusqu’au début des années 1970, la morphologie simple est utilisée pour classer très
approximativement les chromosomes par taille décroissante de 1 à 22 et selon leur indice
centromérique ou, plus simplement, en groupe de A à G
Les techniques de marquage identifient chaque paire de chromosomes par le motif de bandes
claires et sombres. Les bandes sont répertoriées dans une nomenclature internationale (fig9-2 page
87 Génétique médicale formelle). Chaque bras chromosomique est divisé, selon sa taille, en une
ou quatre régions ; chaque région en bandes et sous bandes numérotées du centromère au
télomère. Par exemple la dénomination 6p21.2 désigne la deuxième sous bande de la première
bande de la région 2 des bras courts du chromosome 6 et se prononce : six p deux un point deux.

9
4. INDICATIONS DU CARYOTYPE
4.1. En anténatal
Le caryotype est l’examen de référence lorsqu’une anomalie chromosomique est suspectée en
période anténatale.
Les indications sont variées :

- Age maternel élevé, supérieur ou égal à 38 ans


- Anomalie chromosomique de structure de l’un des parents
- Antécédents pour le couple de grossesse avec caryotype anormal
- Les signes d’appel échographique fœtal : clarté nucale, malformations fœtales, retard de
croissance intra utérine, anomalie du liquide amniotique
- Les signes d’appel biologique maternel : élévation des marqueurs sériques maternels : hCG
(hormone chorionique gonadotrope), uE3 (estriol non conjugué), AFP (α-fœtoprotéine)

4.2. En post natal


Poser l’indication du caryotype nécessite un examen clinique précis qui permet souvent de
suspecter l’anomalie car la duplication ou le déficit d’un segment chromosomique donné correspond
à un syndrome souvent stéréotypé avec une dysmorphie caractéristique.
En générale les anomalies des autosomes ont des conséquences graves et diffuses et associent :
une dysmorphie craniofaciale, des troubles du tonus, un retard mental, des anomalies des
dermatoglyphes et des malformations viscérales, fréquentes mais peu spécifiques. Toutefois, les
indications du caryotype sont relativement restreintes : les maladies géniques ne sont pas, en
général, explorées par un caryotype et une malformation viscérale isolée s’accompagne rarement
d’une anomalie chromosomique. Les principales indications du caryotype sont les suivantes :

4.2.1. Chez l’enfant


- phénotype évocateur d’un syndrome chromosomique courant
- hypotonie néonatale / dysmorphie / malformations
- ambiguïté sexuelle
- retard mental / trouble de comportement / dysmorphie / malformation
- troubles du développement sexuel et de la croissance
- phénotype d’un syndrome avec microdélétion / duplication

4.2.2. Chez l’adulte


- parent / famille d’enfants porteurs d’une anomalie de structure chromosomique
- couple ayant eu plusieurs fausses couches spontanées
- antécédents personnels et familiaux de morts fœtales ou de malformations récurrentes
- bilan avant assistance médicale à la procréation
- aménorrhée / ménopause précoce
- azoospermie ou oligospermie sévère

10
CHAPITRE 3 : HEREDITE MONOGENIQUE OU MENDELIENNE

1 – Généralités
1.1. Définition
1.2. Notions fondamentales
1.3. La dominance et la récessivité des allèles
2 - Hérédité autosomique dominante
2.1. Définition
2.2. Caractéristiques généalogiques des maladies AD
2.3. Exemples de maladie AD
3 - Hérédité autosomique récessive
3.1. Définition
3.2. Caractéristiques généalogiques des maladies AR
3.3. Exemples de maladie AR
3.4. La consanguinité
4 - Hérédité liée au chromosome X
4.1. Hérédité récessive liée à l'X (RLX).
4.2. Hérédité dominante liée à l'X (DLX)

11
1. GÉNÉRALITÉS
1.1. Définition
Les termes d'hérédité monogénique, d'hérédité monofactorielle ou d'hérédité mendélienne
sont employés indifféremment pour caractériser la transmission des maladies génétiques
occasionnées par des mutations dans un seul gène.

1.2. Notions fondamentales


Le noyau des cellules somatiques humaines comporte 46 chromosomes (23 chromosomes d’origine
paternelle et 23 d’origine maternelle).

 Les autosomes gonosomes ont les 22 paires de chromosomes identiques dans les deux
sexes. Les chromosomes X et Y sont appelés gonosomes ou chromosomes sexuels.

 Le gène est l'unité d'information génétique. Le site physique où se situe un gène sur le
chromosome est dénommé locus.

 Les allèles sont les différentes formes que peut prendre un même gène, à un locus donné.

 Les allèles diffèrent entre eux par variation de séquence. Certaines de ces variations entraînent
un dysfonctionnement du gène : ce sont des mutations.

 D’autres variations n’ont pas de conséquence sur le fonctionnement du gène : ce sont des
polymorphismes.

 Un allèle porteur d’une mutation est appelé Quand la mutation du gène entraîne une maladie,
on parle d'allèle morbide.

 Un individu possédant deux allèles identiques à un locus donné est dit homozygote.

 Un individu possédant deux allèles différents à un locus est dit hétérozygote.

 Le génotype décrit, au sens strict, la constitution génétique de la cellule ou de l'individu. Par


simplification, ce terme désigne la configuration des allèles à un locus donné.

 Le phénotype désigne les caractères observés en génétique humaine. Il peut s'agir aussi bien
d'un caractère non pathologique (ex : groupes sanguins, groupes tissulaires HLA) que d'une
maladie.

 Une maladie congénitale est présente à la naissance ; elle peut être génétique ou non
(ex : le virus de la rubéole peut être à l’origine d’anomalies congénitales). A l'inverse, beaucoup
de maladies génétiques ne sont pas congénitales et ne s'expriment qu'au cours de la vie; on
estime, en effet, que 10% des maladies monogéniques ne sont découvertes qu'à l'âge adulte.

1.3. La dominance et la récessivité des allèles


Les notions de dominance et récessivité sont fondamentales pour comprendre l’hérédité
monogénique ; elles définissent l’influence relative, sur le phénotype, des deux allèles situés au
même locus sur les chromosomes homologues.

12
- L’allèle A est dit dominant sur l’allèle B si les phénotypes associés respectivement au génotype
homozygote AA et hétérozygote AB sont identiques ; l’allèle B est dit alors récessif.

- Si le phénotype d’un sujet AB est intermédiaire entre ceux résultant de AA et de BB, les allèles A
et B sont dits semi-dominants.

- Si le sujet AB exprime à la fois ce qui est observé pour le génotype AA et pour celui BB, les deux
allèles sont dits co-dominants (c’est le cas des groupes sanguins A et B)

2. HEREDITE AUTOSOMIQUE DOMINANTE

2.1. Définition
Les gènes dont les mutations sont responsables des maladies transmises sur le mode autosomique
dominant (AD) sont localisés sur les autosomes. L’allèle muté responsable de la maladie est
dominant sur l’allèle « sauvage » : la maladie s’exprime chez l’hétérozygote.

2.2. Les caractéristiques généalogiques

- Les deux sexes sont atteints avec la même fréquence si le sujet atteint est viable et fécond.
- La transmission de la maladie peut se faire par les deux sexes ; on observe en particulier des
transmissions père-fils qui sont caractéristiques de l’hérédité AD.
- Tout sujet porteur d’un allèle morbide AD a un risque de 50% de le transmettre à ses enfants quel
que soit leur sexe.
- Des sujets atteints peuvent être observés sur plusieurs générations et leur répartition apparaît
verticale sur l’arbre généalogique.

Certaines prédispositions pour les cancers se transmettent comme les caractères dominants ; c’est
le cas, par exemple, de 5% des cancers du sein, de certains cancers du côlon, des formes familiales
de cancers médullaires de la thyroïde et des formes familiales de rétinoblastome (cancer de la rétine
de l’enfant)

2.3. Exemples de maladies autosomiques dominantes

- Hypercholestérolémie familiale : due à une anomalie du gène du récepteur pour le LDH-


cholestérol (19p13)
- Achondroplasie : nanisme débutant à la naissance dû à une mutation dans le gène FGFR3
(4p16.3)
- Maladie de Marfan : affection touchant notamment l’œil, le squelette, les gros vaisseaux et due le
plus souvent à des mutations dans le gène de la fibrilline 1 (15p21)
- Chorée de Huntington : maladie neurologique dégénérative (4p16)
- Ostéogenèse imparfaite : maladie avec fragilité osseuse due à une anomalie du collagène de
type I
- Neurofibromatose de type 1 (NF1) : maladie pouvant associer, de façon très variable, des signes
cutanés, des tumeurs nerveuses, des signes osseux et un retard des acquisitions (17q11)

13
Figure 1. Représentation schématique de la transmission d’une maladie autosomique
dominante (l’allèle morbide est en noir)

3. HEREDITE AUTOSOMIQUE RECESSIVE


3.1. Définition
Les gènes impliqués dans les maladies transmises sur le mode autosomique récessive (AR) sont
localisés sur les autosomes. L’allèle muté responsable de la maladie est récessif sur l’allèle
«sauvage » (normal) ; les hétérozygotes sont saints et la maladie ne s’exprime que chez
l’homozygote.

3.2. Les caractéristiques généalogiques


- Les deux sexes sont atteints avec une fréquence égale
- Les parents sont en général sains, et sont le plus souvent hétérozygotes
- Dans la famille, les sujets atteints se retrouvent le plus dans la même fratrie, donnant une
répartition horizontale sur l’arbre généalogique
- Le risque de récurrence : un couple d’hétérozygote a un risque de 25% d’avoir un enfant atteint à
chaque nouvelle conception

14
Figure 2. Représentation schématique de la transmission d’une maladie autosomique
récessive (l’allèle morbide est en noir)

3.3. Exemples de maladies autosomiques récessives

- La mucoviscidose est la maladie AR la plus fréquente dans les pays développés. Elle est due à
des mutations dans le gène CFTR (7q31)
- La drépanocytose et les thalassémies sont les pathologies génétiques AR de l’hémoglobine.
- La plupart des maladies héréditaires du métabolisme, dues à des anomalies enzymatiques,
sont AR (phénylcétonurie (12q24), par exemple)

3.4. La consanguinité
On parle d’union entre sujet apparentés (et improprement d’union consanguine), quand les deux
membres du couple ont au moins un ancêtre commun. Dans cette situation, l’homme et la femme
ont un certain risque d’avoir reçu, de leur ancêtre commun, un allèle identique en un locus donné,
et, ainsi, de donner naissance à des enfants homozygotes. Le coefficient de consanguinité définit
la probabilité que les enfants de cette union reçoivent effectivement deux fois le même allèle.

15
4. HEREDITE LIEE AU CHROMOSOME X
Les maladies dont le gène est localisé sur le chromosome X se transmettent le plus souvent sur le
mode récessif lié à l’X (RLX), mais certaines (beaucoup plus rare) sont transmises sur le mode
dominant lié à l’X.

4.1. Hérédité récessive liée l’X


4.1.1. Définition
Dans ce mode d’hérédité, les femmes hétérozygotes sont cliniquement saines mais peuvent
transmettre la maladie ; elles sont dites conductrices de la maladie. La maladie se manifeste chez
le sujet de sexe masculin (XY) qui possède une seule copie, mutée, du gène (sujets hémizygotes)

4.1.2. Les caractéristiques généalogiques


- Seuls les garçons sont atteints. Dans les formes familiales, les sujets mâles atteints se retrouvent
uniquement dans la lignée maternelle. Il n’y a aucun sujet atteint dans la lignée paternelle, et on
n’observe jamais de transmission père-fils
- Risque de récurrence : Le risque pour la descendance d’une femme conductrice est le suivant :
un garçon sur deux atteint ; une fille sur deux est conductrice. Si un homme se reproduit, aucun de
ses enfants n’est malade mais toutes ses filles sont conductrices.

Figure 3. Représentation schématique de la transmission d’une maladie récessive liée à l’X


(le chromosome X portant l’allèle morbide est en noir)

16
4.1.3. Exemples de génopathies récessives liées à l’X

- Dystrophie musculaire de Duchenne : maladie musculaire débutant vers deux ans et entraînant
une atteinte progressive de pratiquement tous les muscles (Xp21)
- Hémophilie A : maladie due à la diminution d’activité ou à l’absence du facteur VIII de la
coagulation (Xq27)
- Hémophilie B : maladie due à la diminution d’activité ou à l’absence du facteur IX de la coagulation
(Xq27)
- Daltonisme : anomalie de la vision des couleurs (Xq27)
- Déficit en G6PD : déficit enzymatique en glucose-6-phosphate déshydrogénase qui est une
enzyme du globule rouge (Xq27)

4.2. Hérédité dominante liée l’X

4.2.1. Définition
Dans la transmission dominante liée à l’X (DLX), l’allèle morbide occasionne un caractère dominant
et se manifeste aussi bien chez les garçons hémizygotes que les filles hétérozygotes (souvent à un
degré de gravité moindre pour celle-ci).

4.2.2. Les caractéristiques généalogiques


Les deux sexes peuvent être touchés par la maladie. En général, les filles hétérozygotes sont moins
sévèrement malades que les garçons. Les femmes atteintes peuvent transmettre leur maladie aux
enfants des deux sexes avec un risque de ½. Dans la descendance d’un homme atteint, toutes les
filles reçoivent le gène muté ; mais il n’y a jamais de garçon atteint (pas de transmission père-fils).
La pénétrance peut être incomplète et l’expressivité variable.

4.2.3. Exemples de génopathies dominantes liées à l’X

- Syndrome de l’X fragile : cause très fréquente de retard mental dont le gène (FMR1, Xq27.3)
peut être porteur d’un type particulier de mutation par expansion de trinucléotides (en fait, semi-
dominant)

- Rachitisme vitamino-résistant hypophosphatémique : anomalie du récepteur de la vitamine D


(Xq22)

- Déficit en ornithine transcarbamylase (OTC) : déficit enzymatique sur le cycle de l’urée (Xp11)

17
Figure 4. Représentation schématique de la transmission d’une maladie dominante liée à l’X
(Le chromosome X porteur de l’allèle morbide est en noir)

18
CHAPITRE 4 : EMPREINTE GENOMIQUE OU PARENTALE

1 – Définitions
1.1. Empreinte parentale

1.2. Disomie uniparentale

2 – Mise en évidence
2.1. Chez la souris
2.2. Chez l’homme

3 – Exemples humains d’empreinte parentale


3.1. Le syndrome de Willi Prader
3.2 Le syndrome d’Angelman

4 – Mécanismes moléculaires

Conclusion : pourquoi l’empreinte parentale ?

OBJECTIFS

1 – Définir l’empreinte parentale ou génomique


2 – Décrire la mise en évidence de l’empreinte parentale ou génomique
3 – Décrire les mécanismes moléculaires de l’empreinte parentale
4 – Enumérer 2 exemples humains de maladies à empreinte parentale

19
1 – DEFINITIONS

1.1. Empreinte parentale


C’est l’expression différente d’un gène selon son origine maternelle ou paternelle.
C’est une nouvelle forme de régulation de l’expression des gènes.
Il y a un changement d’expression après passage dans la lignée germinale du sexe opposé.
Cette expression est toujours monoallélique.
Cependant les séquences des gènes maternelles et paternelles sont les mêmes. D’où le nom de
mécanisme épigénétique.

1.2. Disomie uniparentale


C’est la présence chez un individu diploïde de deux chromosomes hérités d’un parent. On décrit :
Hétérodisomie uniparentale : les deux chromosomes sont d’une paire. Elle est observée dans la
réparation des trisomies (la cellule élimine un chromosome surnuméraire).
Isodisomie uniparentale : les deux chromosomes sont les copies d’un même chromosome. Elle
est observée dans la réparation des monosomies (la cellule duplique le chromosome unique).

2– MISE EN EVIDENCE

2.1. Chez la souris


Le phénomène d’empreinte parentale a été observé dans les transplantations nucléaires, les
translocations et les disomies uniparentales.

2.2. Chez l’homme


C’est un constat dans certaines circonstances comme les triploïdies, les disomies uniparentales, les
microdélétions et les microduplications chromosomiques.

 Les triploïdies : 69, XXX ou XXY ou XYY


Dans les diandries, c'est-à-dire fécondation d’un ovocyte II par deux spermatozoïdes (deux
génomes paternels et un génome maternel), l’embryon et malformé et le placenta est énorme avec
phénomène de môle hydatiforme et de cancérisation du placenta.
Dans les dyginies, c'est-à-dire fécondation d’un ovocyte II avec son globule polaire par un
spermatozoïde (deux génomes maternels et un génome paternel), le fœtus est de petite taille avec
beaucoup de malformations et un placenta hypotrophique.

 Les disomies uniparentales observées dans les maladies récessives autosomiques


Exemple : la mucoviscidose : c’est une pathologie dont le gène est situé sur le chromosome 7 et
code pour le canal chlore. Un enfant présente une mucoviscidose avec retard de croissance et
trouble mental et à l’étude moléculaire un trouble sur les deux allèles. Le père est sain. La mère est
hétérozygote pour le gène.

 Les disomies uniparentales observées dans le syndrome de Bloom et dans le syndrome de


Willi Prader et d’Angelman

 Les microdélétions chromosomiques : les syndromes de Willi Prader et d’Angelman liés à


une anomalie du chromosome 15.
20
 Les microduplications chromosomiques : Syndrome de Wiedmann Beckwith et le
chromosome 11. Il est toujours d’origine paternelle et concerne les facteurs de croissance
surtout rénaux (WT1). Il existe une disomie uniparentale dans 20% des cas et toujours paternelle

3 – EXEMPLES HUMAINS D’EMPREINTE PARENTALE


3.1. Le syndrome de Willi Prader
Enfant hypotonique en période néonatale, retard mental, psychomoteur et de croissance modéré et
obésité après l’âge de deux ans à cause des troubles alimentaires (ils ont toujours faim)
Une femme ayant le syndrome de Willi Prader va transmettre à sa descendance le syndrome
d’Angelman.

3.2. Le syndrome d’Angelman


C’est un syndrome malformatif avec retard mental important, microcéphalie, épilepsie importante
avec EEG particulier, une démarche ataxique, une acquisition tardive de la marche et des épisodes
de rires inappropriés d’où son nom de patain riant.

4 - MECANISMES MOLECULAIRES
C’est une modification épigénétique qui se surajoute à la séquence moléculaire. Les gènes soumis
à empreinte parentale sont groupés en domaine ou clusters chromosomiques réalisant des régions
chromosomiques soumis à empreinte parentale

 Les critères nécessaires


- Effacement au cours de la gamétogenèse
- Initialisation avant la fécondation
- Stabilité dans les cellules somatiques
- Permettant la régulation de l’expression des gènes selon leur paternelle ou maternelle
- Expression monoallélique
Le phénomène s’efface dans les cellules germinales primordiales, se met en place avant la
fécondation et est irréversible une fois mise en place.

 Il existe une différence de méthylation selon l’origine paternelle ou maternelle des gènes. L’allèle
maternel est toujours hyperméthylé et celui paternel est hypométhylé

 Il existe un asynchronisme de réplication des gènes soumis à empreinte parentale. Il doit exister
des gènes marqueurs d’empreinte : boites d’empreinte modifiant la structure de la chromatine
dans ces régions.

CONCLUSION : pourquoi l’empreinte parentale ?


- C’est une parade pour prévenir la parthénogenèse et l’aneuploïdie. Le clonage est possible car
elle se fait avec les cellules somatiques où l’empreinte est déjà prête.
- Rôle dans la croissance fœtale : les gènes paternels = facteurs de croissance importants pour le
développement et les gènes maternels = facteurs de régulation négative de croissance. La
croissance normale est un équilibre entre ce conflit d’intérêt maternel et paternel
- Participation au développement cérébral et au dimorphisme sexuel retrouvé chez la souris
- Facteurs d’adaptation rapide à l’environnement par modification rapide et réversible.

21
CHAPITRE 5 : MODIFICATIONS DU MATERIEL GENETIQUE :
MUTATIONS ET RECOMBINAISONS

Introduction

1 – Les mutations cytogénétiques


1 – 1 – Les anomalies de nombre
1 – 2 – Les anomalies de structure

2 – Les mutations infra cytogénétiques ou moléculaires


2 – 1 – Les mutations ponctuelles
2 – 2 – Les délétions / insertions géniques
2 – 3 – Les mutations ponctuelles des sites d’épissage
2 – 4 – Les mutations « dynamiques »

3 – Les effets fonctionnels des mutations en fonction de leur position dans le gène
3 – 1 – Mutations dans les sites régulateurs / promoteurs
3 – 2 – Mutations exoniques
3 – 3 – Mutations des sites d’épissage et intronique
3 – 4 – Mutations des sites régulateurs en 3’
3 – 5 – Mutations extra géniques ou effet trans.

4 – Les recombinaisons
4 – 1 – Transformation bactérienne
4 – 2 – La conjugaison bactérienne
4 – 3 – La transduction

Conclusion

OBJECTIFS

1 – Définir une mutation et ses différents types


2 – Décrire les caractéristiques des mutations cytogénétiques
3 – Décrire les caractéristiques des mutations infra cytogénétiques ou moléculaires
4 – Décrire les effets fonctionnels des mutations en fonction de leur position dans le gène
5 – Décrire les caractéristiques des recombinaisons et leurs applications cliniques

22
INTRODUCTION
Une mutation, en terme fondamental strict est une modification du génome. En Médecine elle prend
une signification pathogénique et on doit la distinguer du polymorphisme. Ainsi au sens plus strict :
La mutation : c’est toute altération du génome conduisant à une pathologie ou à une maladie
Le polymorphisme : C’est une modification du génome n’entraînant pas de phénotype décelable et
constitue une variation naturelle du génome entre les individus d’une même espèce.
Les mutations ou anomalies du génome à l’origine des maladies génétiques humaines doivent être
considérées selon deux niveaux :
- Les mutations ou altérations cytogénétiques décelables par l’étude chromosomique par la
cytogénétique conventionnelle et la cytogénétique moléculaire.
- Les mutations ou altérations infracytogénétiques ou moléculaires détectables par la
Biologie moléculaire.
Ces deux types de mutations se rejoignent cependant par des mécanismes communs : l’altération
d’un ou de plusieurs gènes dans une région chromosomique donnée avec des anomalies de
l’expression ou la fonction.
Les mutations surviennent de façon spontanée ou induites par des facteurs exogènes
(rayonnements ionisants, agents chimiques etc.) soit :
- Dans la lignée germinale avec un risque de transmission
- Dans une cellule somatique donnant une mutation somatique sans risque de transmission
- Durant l’embryogenèse provoquant une mutation germinale ou post zygotique tardive donnant un
sujet atteint constitutionnel ou mosaïque

Maladie génétique familiale


Cas sporadique

1 – LES MUTATIONS CYTOGENETIQUES


On décrit classiquement les anomalies de nombre qui résultent des anomalies de la fécondation ou
d’une mauvaise répartition lors d’une division cellulaire, et les anomalies de structure qui implique
une ou plusieurs cassures chromosomiques suivie de recollement anormal

1 – 1 – Les anomalies de nombre


Par définition, les anomalies de nombre affectent le nombre des chromosomes et non leur structure
qui demeure normale.
Elles peuvent être homogènes, présentes dans toutes les cellules de l’organisme, ou en mosaïque.
Lorsqu’elles sont homogènes elles résultent le plus souvent d’une non disjonction à la méiose 1 ou
2 entraînant une monosomie ou une trisomie. On parle alors d’aneuploïdie (le nombre des
23
chromosomes n’est pas un multiple exact du nombre haploïde de chromosomes). Leur correction
peut être à l’origine d’une disomie uniparentale (voir cours sur l’empreinte parentale).
Les trisomies autosomiques les plus susceptibles d’être observées à la naissance sont la trisomie
21, 18, 13 et la trisomie 8 en mosaïque. Les trisomies des chromosomes sexuels sont très
fréquentes, et portent aussi bien sur l’X que sur l’Y : 47,XXX ; 47,XXY ; 47,XYY. On peut aussi voir
des nombres plus importants : 48,XXXX etc.
Les monosomies autosomiques sont rarement observées à la naissance du fait, sans doute, de leur
élimination lors des premiers stades de la vie embryonnaire. Pour ce qui concerne les chromosomes
sexuels, la monosomie X, responsable du syndrome de Turner, est la seule anomalie gonosomique
viable.
Les mutations homogènes peuvent être dues à des polyploïdies qui correspondent à un nombre
anormal de lots haploïdes entiers. La plus fréquente est la triploïdie, caractérisée par la présence
de trois lots haploïdes de chromosomes : 69,XXX ou XXY ou XYY. Les triploïdies sont dues à des
accidents de la fécondation.
Les anomalies de nombre en mosaïque sont particulièrement fréquentes dans le cas des
chromosomes sexuels. Elles sont caractérisées par la présence d’au moins deux clones différents
et résultent d’une non disjonction post-zygotique. Les mosaïques dérivent d’un zygote unique alors
que les chimères dérivent de deux zygotes et peuvent être dues à des accidents de fécondation
proprement dite, tels que la double fécondation.

NB : Un sujet possédant un nombre anormal de chromosome est dit hétéroploïde. Un multiple exact
du nombre haploïde des chromosomes (n) est appelé euploïdie et toute autre anomalie du nombre
des chromosomes est appelée aneuploïdie.

1 – 2 – Les anomalies de structure


Les anomalies de structure sont la conséquence de cassures chromosomique suivies par un ou
plusieurs recollements anormaux. Par définition les trisomies et les monosomies partielles résultent
de remaniement de structure
Les anomalies de structure peuvent affecter un ou deux chromosomes, homologues ou non
homologues, parfois d’avantage.
Elles peuvent être équilibrées ou non équilibrées. Les anomalies équilibrées n’entraînent pas de
déséquilibre du matériel chromosomique et non habituellement pas d’effet phénotypique. Une
situation très particulière est celle où la cassure en interrompant un gène entraîne une maladie
génétique correspondante.
Les anomalies équilibrées peuvent entraîner, lors de la méiose, la formation de gamètes
déséquilibrés donnant des zygotes anormaux, ce qui se traduira par la survenue d’avortement ou
par la naissance d’enfants porteurs d’anomalies congénitales. Les anomalies non équilibrées
peuvent survenir de novo ou être la conséquence d’un remaniement parental équilibré.
Les anomalies de structure sont les délétions, les duplications et les inversions concernent un
chromosome et les translocations portent sur deux chromosomes.

1 – 2 – 1 – Les délétions (del)


Elles résultent d’une cassure chromosomique avec perte d’un segment distal (délétion terminale)
ou de deux cassures sur un même bras chromosomique avec perte du segment intercalaire
(délétion intercalaire). Les chromosomes en anneau (r) résultent d’une cassure à chaque extrémité

24
d’un chromosome suivie d’un recollement avec perte des segments distaux. Les structures en
anneaux sont assimilables à une double délétion.
Le mécanisme pathogénique dans une délétion est le plus souvent un défaut d’expression d’une ou
de plusieurs protéines. La maladie s’exprime si les deux allèles sont mutés ou si le défaut
d’expression d’un des allèles n’est pas compensé par le second allèle conservé.
Exemples de pathologies humaines par délétion :
Le syndrome du cri de chat ou monosomie partielle 5p (5p-)
Le syndrome de Di Georges ou del 22 q 11
Myopathie de Duchenne ou del X p 21 (certains cas)

1 – 2 – 2 – Les Inversions (inv)


Elles sont dues à une double cassure sur le même chromosome, suivie de recollement après
inversion du segment intermédiaire. Elles sont dites péricentriques si le centromère est compris
dans le segment intermédiaire. Elles sont dites paracentriques si les deux cassures se sont
produites sur le même bras chromosomique.

1 – 2 – 3 – Les duplications (dup)


Un segment chromosomique est dupliqué ou amplifié en « n » fois. L’ordre de la séquence amplifié
peut être conservé (directe) ou inversé. La pathologie résulte le plus souvent d’une hyper expression
d’un ou de plusieurs gènes ou proto oncogènes situés dans la région amplifiée.
Exemple : amplification de N-myc dans le neuroblastome

1 – 2 – 4 – L’isochromosome (i)
C’est un chromosome anormal formé de deux bras longs ou de deux bras courts d’un même
chromosome avec perte de l’autre bras. Il peut être monocentrique ou dicentrique selon le
mécanisme de formation. L’isochromosome le plus souvent rencontré est l’isochromosome pour le
bras long de l’X qui constitue une variante cytogénétique du syndrome de Turner.

1 – 2 – 5 – Les translocations
Elles portent sur deux chromosomes. La translocation se définit comme un échange de matériel
chromosomique entre deux chromosomes non homologues. On distingue les translocations
réciproques (t) dues à des échanges de segments chromosomiques entre deux chromosomes ; et
les translocations robertsoniennes (rob) dues à une fusion centromérique des chromosomes
acrocentriques. Ces translocations peuvent être équilibrées ou non équilibrées. Elles peuvent être
transmises ou survenir de novo.

2 – Les mutations infra cytogénétiques ou moléculaires


On distingue plusieurs types de mutations selon la nature de la variation apparue dans la séquence
de l’ADN. Les plus simples consistent dans le remplacement d’une base par une autre ou la délétion
d’une base de la séquence. Il existe plusieurs grandes filières de réparation de l’ADN qui limitent le
taux de mutation induites par les agents physiques ou chimiques. Les mutations que l’on observe
correspondent aux erreurs qui n’ont pas été réparées avec succès.

2 – 1 – Les mutations ponctuelles


C’est la substitution d’une base par une autre base. Ce sont les modifications les plus communes
du génome. Elles ne conduisent pas obligatoirement à une mutation pathogène. La plupart sont
25
corrigées par le système de réparation. On décrit les transitions (remplacement d’une base purique
par une base purique, ou d’une base pyrimidique par une base pyrimidique) et les transversions
(remplacement d’une base purique par une base pyrimidique ou l’inverse). Selon la nature du
nouveau codon, on décrit

2 – 1 – 1 – Les mutations ponctuelles non sens


Elles génèrent un codon STOP parmi les trois possibles dans le système universel du code
génétique soit TAA, TGA ou TAG. La conséquence théorique de ces mutations non sens est la
synthèse d’une protéine tronquée. Elles entraînent un effet de perte de fonction que la truncation
soit courte ou longue. Selon la position du codon STOP anormal, la protéine peut : continuer à
exercer un effet biologique dans sa région conservée ou être totalement destabilisée et disparaître
rapidement par diminution de la demi-vie.
Exemple : Syndrome de Waardenburg

2 – 1 – 2 – Les mutations ponctuelles faux sens


Elles entraînent le changement de la signification en aminoacide du codon. D’apparence
moléculaire moins agressive, elles sont à l’origine de :
- L’effet dominant négatif ou protéine suicide dont l’analogie avec la forme normale entraîne des
perturbations de la voie physiologie concernée
- L’activation génique ou oncogénique
- L’altération d’interactions fonctionnelles et des effets biologiques lorsque la mutation faux sens
intervient dans un domaine d’interaction protéine - protéine ou protéine – ADN
Exemple : La drépanocytose : Glu6Val
Au total, ce n’est pas la localisation de la mutation qui joue mais son effet. Les mutations faux sens
représentent 30% des mutations germinales dans nombre de maladies génétiques

2 – 1 – 3 – Les mutations ponctuelles silencieuses


Ces mutations ne changent pas la signification du code génétique. Elles sont à la base des
polymorphismes de nucléotides et globalement non pathogènes. On décrit
Les mutations faux sens neutres : L’acide aminé remplacé (D) et l’acide aminé remplacent (E) ont
des effets identiques
Les mutations silencieuses : le codon est différent mais l’acide aminé est identique. C’est une
mutation isosématique.

2 – 2 – Les délétions / insertions géniques

2 – 2 – 1 – Les mutations Frameshift


C’est une délétion ou insertion d’un nombre de bases non multiple de 3. Elles entraînent un
décalage du cadre de lecture entraînant la synthèse d’une protéine tronquée. Ces mutations
« Frameshift » aboutissent généralement à un codon STOP prématuré situé plus au moins loin en
aval de la délétion ou de l’insertion.

2 – 2 – 2 – Les mutations en phase


C’est une délétion ou insertion d’un nombre de bases multiple de 3. Elles n’entraînent pas de
décalage du cadre de lecture. Elles induisent la perte d’un ou plusieurs acides aminés. La
nomenclature est la même. Elles constituent un piège du diagnostic en Biologie moléculaire. Elles
26
ne sont accessibles que par la PCR ou le Southern blot quantitatifs ou par les techniques de FISH
sur le tissu constitutionnel ou lésionnel. Elles entraînent la perte d’hétérozygotie.

2 – 3 – Les mutations ponctuelles des sites d’épissage


Elles surviennent aux jonctions constituées de 2 bases consensus présentes chez tous les
organismes supérieurs : exon – intron (site donneur GT), intron – exon (site accepteur AG). Elles
entraînent une excision anormale de l’exon ou une rétention anormale de l’intron.

2 – 4 – Les mutations « dynamiques »


Elles entraînent des maladies par expansion de « triplet » par amplification anormale.
Exemples : épilepsie myoclonique, retard mental lié à l’X fragile, ataxie de Friedreich, maladie de
Huntington, ataxie spinocérébelleuse 1 – 7, dystrophie myoclonique de Steinert.

3 – Les effets fonctionnels des mutations en fonction de leur position dans le gène

3 – 1 – Mutations dans les sites régulateurs / promoteurs.


Elles entraînent :
- une sous expression du gène (méthylation, mutation affectant un site consensus de fixation du
complexe d’initiation)
- une fusion- dérégulation dans les réarrangements du type de translocation, inversion, délétion….

3 – 2 – Mutations exoniques
Elles provoquent
- une modification de la signification d’un acide aminé avec induction d’effet dominant négatif et / ou
modification de substrat et / ou une déviation métabolique
- une truncation protéique (effet délétère)
- un effet de délocalisation intracellulaire de la protéine
- un effet de la maturation et / ou stabilité post transcriptionnelle et / ou post traductionnelle.

3 – 3 – Mutations des sites d’épissage et intronique


Elles sont responsables d’
- une inactivation d’un site donneur avec lecture « traductionnelle » d’un intron
- une inactivation d’un site donneur ou accepteur d’épissage avec excision aberrante d’un exon
- une activation d’un site cryptique d’épissage avec gain ou perte d’une séquence codante

3 – 4 – Mutations des sites régulateurs en 3’


Elles peuvent entraîner
- une altération du codon de terminaison et d’élongation protéique anormale
- une altération des signaux de polyadénylation provoquant une instabilité de l’ARNm

3 – 5 – Mutations extra géniques ou effet trans.


Elles sont mal identifiées. Il s’agit de mutations intervenant sur un gène ou une séquence proche
ou distante du gène de la maladie et influant par effet « trans » sur celui-ci.

27
4 – Les recombinaisons
Des échanges de matériel héréditaire peuvent se produire chez les virus ou chez les bactéries, lors
des phénomènes que l’on décrit sous le vocable de parasexualité : transformation et conjugaison
bactérienne, transduction

4 – 1 – Transformation bactérienne
C’est la transformation d’une bactérie vivante par l’ADN d’une bactérie morte. Elle correspond à une
recombinaison génétique qui s’effectue en trois étapes :
- L’ADN donneur s’attache à la membrane plasmique de la bactérie receveuse. Le fragment
transformant proprement dit correspondant à un millier de paires de nucléotides pénètre
linéairement à travers la membrane. Au cours de ce passage l’un des brins est digéré par une
endonucléase, l’autre brin (ADN monocaténaire) pénètre donc seul dans le cytoplasme du receveur
- L’ADN du receveur est dénaturé localement et l’un de ses deux brins excisé, au niveau d’une
séquence structuralement proche de celle de l’ADN transformant. Le brin excisé est remplacé par
le brin d’ADN du donneur qui s’intègre ainsi au chromosome de la bactérie receveuse
- Au cours de la réplication de l’ADN de la bactérie receveuse, chaque brin sert de matrice pour la
formation à son contact d’un brin exactement complémentaire, il se forme deux homoduplex. Les
deux bactéries résultant de la division de la bactérie receveuse sont donc différentes, l’une est
identique à la bactérie receveuse initiale et l’autre identique à la bactérie donneuse initiale.
4 – 2 – La conjugaison bactérienne
Elle s’effectue entre deux bactéries vivantes dont la recombinaison donne une nouvelle bactérie
différente des deux bactéries initiales. Les bactéries manifestent une espèce de « différenciation
sexuelle ». Certaines souches bactériennes F- (fertilité négative) sont incapables de produire entre
elles des recombinants. D’autres souches F+ sont capables de donner des recombinants entre elles
(rarement), mais en forment toujours avec les bactéries F-. Les bactéries F+ peuvent être
considérées comme des « mâles » donneurs de matériel génétique, les bactéries F- sont des
« femelles » ou receveuses de matériel génétique. Le « sexe » bactérien est conditionné par un
facteur génétique particulier, l’épisome ou facteur F. L’épisome correspond à la notion de plasmide,
c’est une molécule d’ADN circulaire portant un petit nombre de gènes et qui est libre dans le
cytoplasme ; il effectue sa réplication de façon autonome plus rapidement que le chromosome
bactérien. L’épisome peut être transmis d’une bactérie à une autre, on a : F+ x F- → F+. Ainsi
l’introduction de quelques bactéries F+ dans une culture de F- peut conférer le « sexe mâle » à toute
la culture qui devient alors F+, par transmission de l’épisome. L’ensemble du phénomène est appelé
sexduction. De plus, on a observé que dans les souches F+ un petit nombre de bactéries sont
capables d’entrer en conjugaison avec les bactéries F-, et de se comporter comme des donneurs
de matériel génétique autre que l’épisome. Ces bactéries sont désignées par le sigle Hfr (bactéries
à haute fréquence de recombinaison).

4 – 3 – La transduction
Les bactériophages sont des virus parasites des bactéries. Ce sont des virus à ADN. Comme tous
les virus ils ne possèdent ni membrane plasmique, ni cytoplasme, ni noyau, et sont incapables de
se multiplier librement. Pour se reproduire ils doivent obligatoirement parasiter une bactérie hôte :
ils se fixent sur elle par leur plaque basale épineuse, puis injectent leur ADN dans la bactérie. Il a
été montré que les caractères génétiques peuvent être transmis d’une bactérie à une autre par
l’intermédiaire de bactériophage : c’est la transduction. Ces phages sont des phages transducteurs

28
CHAPITRE 6 : LES ANOMALIES CHROMOSOMIQUES

INTRODUCTION
1. Anomalies des autosomes

1.1. Trisomie 21 (Syndrome de Down)


2.2. Trisomie 18 (Syndrome d'Edwards)
1.3. Trisomie 13 (Syndrome de Patau)

2. Anomalies des gonosomes


2.1. Syndrome de Klinefelter (47, XXY)
2.2. 47, XYY
2.3. Syndrome de Turner (45, X)
2.4. Syndrome de Noonan
2.5. 47, XXX

29
INTRODUCTION
Les anomalies chromosomiques regroupent des anomalies de nombre ou de structure des
chromosomes. La plupart de ces anomalies sont générées de novo dans les cellules germinales
des parents, mais il existe également des anomalies chromosomiques héréditaires.

1 - ANOMALIES DES AUTOSOMES


1.1. Trisomie 21 (Syndrome de Down)

Fréquence : 1 pour 800 naissances vivantes ; le risque augmente en fonction de l'âge maternel
Diagnostic chez le nouveau-né sur l'association Hypotonie + dysmorphie

Clinique
*Dysmorphie :
- Tête petite, arrondie, faciès rond, profil plat
- Fentes palpébrales obliques en haut et en dehors
- Oreilles petites, mal ourlées
- Bouche petite avec protrusion de la langue, voûte palatine ogivale
- Petites taches pigmentées en périphérie de l'iris (taches de Brushfield)
- Mains avec doigts courts et brachymésophalangie (brièveté de la 2ème phalange) et clinodactylie
(déviation latéro-dorsale) surtout du 5ème doigt.
- Pli palmaire transverse unique

*Malformations associées fréquentes :


- cardio-vasculaires (dans 50% des cas)
- digestives, surtout atrésie ou sténose duodénales
*Encéphalopathie se traduisant par un déficit mental d'intensité variable : le QI se situe autour de 50
à l'âge de 5 ans et décroît ensuite le plus souvent. Difficultés d'acquisition du langage et encore plus
de la lecture et de l'écriture.

30
Cytogénétique
Il s'agit dans 95% des cas d'une trisomie libre (Chromosome 21 surnuméraire avec formule
47,XX,+21 ou 47,XY,+21). Dans les autres cas, il s’agit d'une trisomie 21 par translocation, le
chromosome 21 surnuméraire étant transloqué sur un autre chromosome acrocentrique, 14 le plus
souvent : 46,XX,t(14;21) ou 46,XY,t(14;21), parfois aussi 21 ou 22. Ces anomalies chromosomiques
sont en mosaïque dans 2,5 % des cas, la gravité de l'atteinte clinique est indépendante de la
proportion observée de cellules trisomiques.

Diagnostic prénatal
Le diagnostic de certitude est possible par étude du caryotype foetal, mais les indications sont
parfois difficiles à poser dans des situations à risque faible.

1.2. Trisomie 18 (Syndrome d'Edwards)


Fréquence : 1/9 000 naissances

Clinique
- Hypoplasie des bourgeons maxillaire et mandibulaire
- Dolichocéphalie,
- Microrétrognathie- Implantation basse des oreilles, mal ourlées, aspect aunesque
Attitude en suppliant des membres supérieurs
- Pouce, index et auriculaire recouvrant 3ème et 4ème doigts
- Pieds en piolet
- Cardiopathie fréquente (CIA, CIV)
- Malformation paroi abdominale (omphalocèle)
- Mort précoce
Diagnostic prénatal : possible sur signe d'appel échographique :
Malformations et retard de croissance (RCIU) débutant au 2° trimestre

. Trisomie 18 : petit visage triangulaire,


pied en piolet, chevauchement des
doigts, omphalocèle

31
1.3. Trisomie 13 (Syndrome de Patau)
Fréquence : 1/20 000 naissances

Clinique :
- Holoprosencéphalie et Hypoplasie du bourgeon frontal
Forme majeure : Cyclopie, Anophtalmie, Proboscis
Forme classique : Hypotélorisme, Microphtalmie
- Bec de lièvre, Gueule de loup (fente labiale et palatine)
- Front fuyant,
- Ulcérations du cuir chevelu
- Angiomes
- Malformations diverses : oculaires, cérébrales, cardiaques (CIA, CIV), génitales (cryptorchidie,
utérus bifide), hernie ombilicale, hexadactylie, pieds en piolet, spina bifida, mort précoce (quelques
mois)

Diagnostic prénatal : possible sur dépistage échographique des malformations.

Trisomie 13 : dysmorphie, fente labiale médiane, holoprosencéphalie, polydactylie et


omphalocèle

32
1.4. Délétion partielle 5p (Maladie du cri du chat)
Fréquence : 1/50 000 à 1/100 000 naissances
Clinique :
- Rarement létal
- Débilité profonde
- Langage inexistant
- Hypotrophie
- Dysmorphie faciale
Chez le nourrisson : cri aigu et plaintif (rappelant le miaulement d'un chat), microcéphalie, visage
lunaire, hypertélorisme et épicanthus, micrognathie
Chez l'enfant : visage étroit, petite mandibule, malformation du larynx
Cytogénétique : del (5) (p14p15)

2. ANOMALIES DES GONOSOMES

2.1. Syndrome de Klinefelter (47,XXY)


Fréquence : 1/1.000 garçons (mosaïques comprises)
Pas de rôle de l'âge parental

Clinique :
Signes principaux :
- Atrophie testiculaire
- Gynécomastie
- Stérilité
- Pas de dysmorphie importante
Diagnostic posé : à la puberté le plus souvent, parfois pour stérilité, rarement à la naissance,
rarement chez le jeune enfant (parfois pour malformation non spécifique des organes génitaux
externes).
Phénotype :
- Atrophie testiculaire : constante - testicules petits, mous contraste ; avec scrotum de taille et de
pigmentation normale.
- Verge le plus souvent normale, parfois hypoplasique
- Gynécomastie : n'est pas constante (1/3 à 1/4 des cas) ; apparaît vers 12-13 ans, volume modéré,
au début asymétrique.
- Autres anomalies des caractères sexuels secondaires : pilosité rare, répartition gynoïde des
graisses
- Stérilité : azoospermie pratiquement constante.
Morphologie du sujet : variable. Soit sujets longilignes, avec membres longs, soit sujets de
morphologie masculine normale (sujets parfois même de petite taille)
Développement intellectuel normal dans la majorité des cas ; cependant certains sujets peuvent
présenter des difficultés scolaires et d'inadaptation sociale ou des troubles psychotiques.

Dosages hormonaux
- Pas de modification des sécrétions hormonales avant la puberté
- FSH élevée à partir de la puberté
- Testostérone normalement secrétée, mais diminution spontanée autour de 30 ans.
34
Cytogénétique :
Dans 85 % des cas, l'anomalie est homogène : 47, XXY dans toutes les cellules.
Les autres cas sont des mosaïques 47, XXY/46, XY ou 47XXY/46XX

2.2. 47, XYY


Fréquence : 1/1.000 garçons

Clinique :
Phénotype peu caractéristique :
Taille le plus souvent supérieure à la normale
Fonction testiculaire normale, fécondité normale, descendance normale
Pas de conséquence sur la méiose : la régulation se ferait au cours des mitoses de multiplication
des spermatogonies, éliminant l'Y surnuméraire. Un seul chromosome Y est retrouvé dans la plupart
des spermatocytes I.
Développement psychique :
QI : normal
Excès d'affectivité ou agressivité ; intolérance à la frustration

2.3. Syndrome de Turner (45, X)

Fréquence : 1/10 000 filles à la naissance (cependant, fréquence beaucoup plus élevée à la
conception). Pas de rôle de l'âge parental
Diagnostic posé :
Soit à la naissance ou chez le nourrisson : syndrome de Bonnevie-Ulrich
Petite taille (45-47 cm) ou même hypotrophie
Lymphoedème du dos, des mains et des pieds
Excès de peau sur la nuque
Soit chez la petite fille
Soit chez l'adolescente

Clinique
Signes principaux
Petite taille (1 m 50)
Impubérisme
Agénésie ovarienne
Malformations somatiques évocatrices :
Dysmorphie prononcée, généralement évocatrice, avec nombreux signes cependant
rarement tous présents chez un même sujet.
Dysmorphie craniofaciale :
Fentes palpébrales obliques en bas et en dehors,
Commissures labiales, ptosis, voûte palatine ogivale
Micro-rétrognathisme, oreilles bas implantées.
Cou, thorax, abdomen :
Pterigium coli, cou court, large, épais
Implantation basse des cheveux
Thorax large en bouclier, mamelons hypoplasiques, écartés.
35
Membres :
M.S : cubitus valgus, raccourcissement du 4è et du 5è métacarpien
M.I : écrasement du plateau tibial interne
Organes génitaux - Endocrinologie :
OGE : restent infantiles
OGI : utérus hypoplasique, gonades atrophiques
Aménorrhée Iaire
Pilosité pubienne réduite, axillaire absente.
Développement mammaire réduit ou absent.
FSH élevée ; 17 céto stéroïdes diminués
Peau, phanères :
Fréquence des naevi pigmentaires
Malformations viscérales
Cardiaque : coarctation de l'aorte (20 % des cas de la forme classique 45, X).
Rénale : rein en fer à cheval, défaut de rotation, hypoplasie ou agénésie
Squelettique : genou, poignet, main, retard de l'âge osseux, selle turcique petite
Organes des sens : myopie sévère, cataracte congénitale, surdité congénitale ou
troubles de l'audition
Développement psychomoteur : extrêmement variable
Soit débilité légère
Soit QI normal
Caractères et maladies liés au sexe :
Daltonisme, Hémophilie Myopathie...Se retrouvent avec la même fréquence que
dans le sexe masculin.

Formes génétiques :
55 % des cas formule 45 X.
Pas de corpuscule de Barr : test de Barr -
Le chromosome X présent est d'origine maternelle dans 76 % des cas.
45 % des cas restants sont des variantes de nombre ou de structure
Mosaïques : 46, XX/45, X
Anomalies de structure, homogènes ou en mosaïque :
Isochromosome X: 46, X,i(Xq)
Délétions : del Xp, del Xq
Anneau de l'X : 46,X,r(X)

Reproduction
Possibilité de grossesse qui reste cependant exceptionnelle:
Chez des femmes : 45, X homogène, ou en mosaïque,
Chez des femmes avec anomalies de structure de l'X.
Risque génétique élevé ~ 80 %
Avortements spontanés +++
Morts nés, malformations viscérales
Aberrations de type turnérien, autres aberrations chromosomiques
Seuls environ 1/3 des enfants nés vivants ont été considérés comme normaux.

36
2.4. Syndrome de Noonan
Défini par un phénotype turnérien et un caryotype normal (46,XX ou 46,XY)
Syndrome de cause génique - Transmission Dominante autosomique
Fonction gonadique variable (depuis agénésie gonadique jusqu'à développement gonadique normal
et fertilité)

2.5. 47, XXX


Fréquence : 1/1 000 filles

Clinique :
Phénotype, puberté et fertilité habituellement normaux
QI : Normal ou légèrement diminué.

37
CHAPITRE 7 : LE SYSTEME DE GROUPE SANGUIN

INTRODUCTION

1 – LES GROUPES SANGUINS ERYTHROCYTAIRES


1 – 1 – Le système ABO
1 – 2 – Le système Rhésus
1 – 3 – Les autres systèmes.

2 – LES AUTRES GROUPES SANGUINS

3 – TRANSMISSION DU GROUPE SANGUIN

4 - PATHOLOGIE : incompatibilité rhésus ou iso immunisation fœto-maternelle


4 – 1 – Définition
4 – 2 – Pathogénie
4 – 3 – Prévention

CONCLUSION

OBJECTIFS

1 – Définir le système sanguin ABO et rhésus


2 – Décrire les caractéristiques des différents groupes sanguins dans le système sanguin ABO
3 – Décrire les caractéristiques des différents groupes sanguins dans le système sanguin rhésus
4 – Décrire le processus d’installation de l’incompatibilité rhésus ou iso immunisation fœto-
maternelle et sa prévention.

38
INTRODUCTION
La surface des globules rouges est hérissée de complexes lipoprotéiques associés à des
polysaccharides. Les complexes sont des antigènes c’est à dire qu’ils sont susceptibles d’induire la
formation d’anticorps lorsqu’ils sont en compétition avec une structure différente de la leur.
On a dénombré plus de 100 antigènes. Ces antigènes sont regroupés en système de groupe.
Chaque système comporte soit différents allèles d’un même gène porté par un seul locus soit
plusieurs gènes très liés car ayant des locus très proches sur le même chromosome. On dénombre
19 systèmes de groupes différents.

Le groupe sanguin est l’ensemble de propriétés antigéniques du sang permettant de classer les
individus et d’assurer la compatibilité sanguine entre donneurs et receveurs. Ces propriétés
antigéniques caractérisent plusieurs cellules sanguines (globules rouges, plaquettes, granulocytes),
ce qui permet de distinguer différents types de groupes sanguins. Le groupe sanguin (ABO, HLA
etc.) est l’un des éléments qui déterminent l’identité de chaque individu
Ici nous allons étudier essentiellement les groupes sanguins érythrocytaires : groupes sanguin :
ABO (H), les systèmes Rhésus

1 – LES GROUPES SANGUINS ERYTHROCYTAIRES


Il se caractérise par des antigènes présents à la surface des globules rouges.

1 – 1 – Le système ABO
C’est le plus important, et doit être respecté dans toutes les transfusions. Il est défini tout d’abord
par la présence d’antigènes A, B, ou AB pour les groupes A, B ou AB, ou par l’absence d’antigène
pour le groupe O, ensuite par la présence d’anticorps dans le sérum : respectivement anti-A, anti-B
et anti-A+B chez les sujets B, A et O. Les sujets O sont dits donneurs universels et les sujets
AB receveurs universels.

Découvert en 1901 par Landteiner, ce système a une importance capitale dans le système de
groupe sanguin humain. Dans ce système on a 3 types d’antigènes : antigène A, B, et H. Les trois
antigènes ont une structure commune appelée structure P. Tous les individus possèdent au
préalable une substance P. La substance P est convertie en structure H ou antigène H par la L –
fucose transférase. La structure H est convertie en structure A ou antigène A par la N
acétylgalactosamine transférase ou en structure B ou antigène B par la D – galactose transférase.

Sans la N acétylgalactosamine transférase et la D – galactose transférase, la structure H n’est pas


convertie.

Chaque Hématie possède nécessairement des antigènes H. Par contre les antigènes A et B chez
un individu peuvent être soit tous présents, soit présents isolement (A ou B) ou tous absents. C’est
pour cela que l’on observe 4 phénotypes de groupe sanguin :
(A) ou groupe A: antigènes A et H
(B) ou groupe B: antigènes B et H
(AB) ou groupe AB: antigènes A, B, et H
(O) ou groupe O: antigènes H
Très rarement en il existe des individus qui n’ont pas de structure H, c'est-à-dire qu’ils ne peuvent
pas transformer la structure P en H. Or sans H pas de A ou B. Ces sujets sont dits du groupe O
39
Bombay. Ils ont soit une anomalie ou un déficit de la structure P, soit une anomalie ou un déficit en
L – fucose transférase.

Génétiquement la production des antigènes A, B et H est régie par deux locus différents situé sur
le chromosome 9.

Tous les individus de phénotype A ont dans leur sérum des anticorps anti-B et ceux de phénotype
B possèdent des anticorps anti-A. Les sujets de groupe AB n’ont d’anticorps et ceux du groupe O
ont des anticorps anti-A et anti-B. C’est pourquoi les sujets du groupe AB peuvent le sang de tous
les groupes. Ils sont dits receveurs universels. Les sujets du groupe O peuvent à tous les groupes
et ils sont donneurs universels. Par contre ils ne peuvent recevoir que du sang du groupe O

Remarques :
Les antigènes A, B et H ne sont pas strictement humains. Ainsi à la naissance le bébé lorsque par
exemple il est de groupe A il n’a pas d’anticorps anti B. Mais 3 à 4 mois après la naissance, rentrant
en contact avec des êtres ayant des antigènes B, il va fabriquer des anticorps anti B.
L’antigène rhésus est strictement humain. Ainsi tant qu’il n’a pas de contact entre un sang rhésus
positif et un négatif, le négatif ne va jamais fabriquer d’anticorps anti rhésus.
Exemple : l’isoimmunisation rhésus ou incompatibilité foetomaternelle rhésus.

1 – 2 – Le système Rhésus
Il existe au moins 8 antigènes rhésus ou facteur rhésus. 3 à 5 d’entre eux sont les plus répandus:
D, C, c, E, et e. La présence de l’antigène D définit le groupe rhésus positif et son absence le groupe
rhésus négatif, les autres antigènes étant présents dans l’un ou l’autre cas. La dénomination rhésus
vient du fait qu’on a identifié un des facteurs du système rhésus chez le singe rhésus avant de le
découvrir chez l’être humain. Les anticorps correspondants à l’antigène n’existe pas de façon
naturelle mais peut apparaître après immunisation, lors de la transfusion ou d’une grossesse par
exemple.
Découvert par Landteiner et al en 1940 les sujets de rhésus positifs portent l’antigène RH. Les sujets
de rhésus négatifs n’ont pas d’antigène. On admet que le chromosome 1 a un locus occupé par un
seul gène à deux allèles dominant : RH ou Rh + et récessif : rh ou Rh –.

40
1 – 3 – Les autres systèmes
Les autres systèmes majeurs en matière de transfusion sont le système Kell, le système Duffy, le
système Kidd et le système MNS. Le plus important, le système Kell, fait l’objet d’une détermination
chez les femmes enceintes et chez les multitransfusés et comporte deux antigènes, dont le plus
fréquent, l’antigène K, stimule une forte production d’anticorps. Ils ont une importance sur le plan
judiciaire ou sur le plan de la recherche. Ils entraînent des réactions hémolytiques faible ou nulles.

2 – LES AUTRES GROUPES SANGUINS


D’autres classifications ont trait à d’autres cellules sanguines : les antigènes propres aux plaquettes
(essentiellement PLA1 et PLA2) offrent peu d’intérêt en transfusion ; certains antigènes propres aux
granulocytes ; enfin le système HLA (Human Leucocyte Antigen) repose sur la classification
d’antigènes existant sur toutes les cellules sanguines sauf les globules rouges ; il présente un intérêt
et doit être pris en considération dans la transplantation d’organe et de moelle osseuse.

3. TRANSMISSION DU GROUPE SANGUIN


La carte du groupe sanguin d'une personne porte deux indications :
 son appartenance à l'un des quatre groupes, A, B, AB ou O, du système ABO ;
 son appartenance à l'un des deux groupes, Rh+ ou Rh-, du système Rhésus.

Le système ABO est gouverné par un gène situé sur le chromosome 9. Trois versions de ce gène
existe, les allèles A, B et O. Les allèles A et B sont co-dominants alors que l’allèle O est récessif.

Le système Rhésus est gouverné par un gène situé sur le chromosome 1. Le gène Rhésus présente
deux allèles notés Rh+ et Rh-. Rh+ est dominant et Rh- récessif.

Le tableau suivant montre les POSSIBILITES de groupe des enfants selon le groupe sanguin des
parents

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Exemple de transmission de groupes sanguins

4 – PATHOLOGIE : Incompatibilité rhésus ou isoimmunisation foeto-maternelle


4 – 1 – Définition
C’est l’antagonisme entre le sang d’une femme enceinte et celui du fœtus, ou entre le sang d’un
transfusé et celui du donneur, lié à l’un des antigènes du système Rhésus (Rh).

4 – 2 – Pathogénie
Une femme Rh- et un homme Rh+ peuvent avoir un enfant Rh- : dans ce cas, il n’y a aucun
problème d’incompatibilité Rhésus. Mais ils ont également des chances d’avoir un enfant Rh+. Dans
ce cas, pendant la grossesse, tout passage de globules rouges de sang fœtal dans le sang maternel
entraînera chez la mère la formation d’anticorps anti-Rhésus. Normalement, il n’y a pas aucun
contact entre le sang de la mère et celui du fœtus. Toutefois, un contact peut avoir lieu à l’occasion
d’un épisode pathologique durant la gestation (saignement, grossesse extra-utérine, placenta
praevia, cerclage, avortement ou mort in utéro), d’un examen de dépistage anténatal (ponction de
sang fœtal, amniocentèse) ou encore pendant l’accouchement. La première grossesse d’une
femme Rh- est ainsi le plus souvent sans danger pour l’enfant. Toutefois, lorsqu’elle attend un
second enfant Rh+, il est possible que son sang contienne des anticorps anti-Rhésus. Ceux-ci vont
alors traverser le placenta et détruire les globules rouges du fœtus, exposant celui-ci à une anémie
grave, la maladie hémolytique du nouveau-né. Les premiers signes de la maladie apparaissent en
fin de grossesse et à la naissance. L’hémolyse s’accompagne d’un ictère. Dans lésions irréversibles
du cerveau peuvent survenir en l’absence de traitement.

4 – 3 – La prévention
La prévention consiste à surveiller la grossesse des femmes rhésus négatif enceinte par le dosage
répété des anticorps anti-rhésus maternels. Après l’accouchement, on injecte à la mère dans les 72
heures des gamma globulines anti-D, substances qui détruisent les globules rouges du fœtus dans
le sang maternel avant qu’ils aient déclenché la production d’anticorps anti-rhésus.

CONCLUSION
La connaissance et la compréhension du système de groupe sanguin permettent d’assurer la
compatibilité sanguine entre donneurs et receveurs et d’éviter la survenue de l’incompatibilité
rhésus.

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CHAPITRE 8 : GENIE GENETIQUE : TRANSGENESE, MUTAGENESE,
THERAPIE GENIQUE

INTRODUCTION

1– Les animaux transgéniques

2 – La thérapie génique
2 – 1 – Les différentes autorisations
2 – 2 – Les vecteurs
2 – 3 – Les techniques

3 – La mutagenèse

OBJECTIFS

1 – Définir la transgenèse, la mutagenèse et la thérapie génique


2 – Décrire les techniques de la transgenèse
3 – Décrire les techniques de la thérapie génique

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INTRODUCTION
Le génie génétique représente l’application technologique des connaissances de la biologie
moléculaire
Les applications de la biologie moléculaire sont multiples et très prometteuses. Ces techniques
peuvent ainsi être utilisées dans les laboratoires de recherche pour étudier la structure et les
fonctions d’une protéine ou l’expression d’un gène, dans l’industrie pour faire fabriquer par les
cellules ou un animal des protéines utiles à l’homme, ou encore dans les laboratoires de biologie
clinique pour effectuer certains diagnostics. Enfin, on espère beaucoup des thérapies cellulaires et
géniques.
Le transfert et / ou les modifications de gènes peuvent être réalisés dans les cellules germinales ou
les cellules somatiques. Pour des raisons éthiques, ils ne sont autorisés chez l’homme.

1 – LES ANIMAUX TRANSGENIQUES


Les animaux transgéniques sont utiles pour étudier la fonction d’un gène ou pour préparer
des modèles animaux de maladies humaines. On espère aussi pouvoir les utiliser pour améliorer la
production animale.
Un gène d’origine étrangère est introduit par micro – injection dans le noyau d’un œuf qui
vient juste d’être fécondé. Ce transfert de gène s’effectue dans l’un des deux pronuclei avant qui ne
fusionnent. L’œuf génétiquement modifié est réimplanté dans l’ovuducte ou l’utérus d’une femelle
porteuse. Seul un faible pourcentage des œufs ainsi soumis à une micro – injection donnera
naissance à des individus transgéniques. Généralement, le transfert s’effectue non pas avec un
gène, mais avec un ADNc. L’intérêt d’effectuer un transfert de gène avant la première division
cellulaire permet que ce gène soit présent dans toutes les cellules de l’organisme, y compris les
cellules sexuelles.
L’inconvénient de cette technique est que le gène ne s’insère pas à la position qu’il occupe
normalement sur le chromosome, mais s’intègre au hasard et donc pas obligatoirement dans un
site qui permettra son expression : l’insertion est donc aléatoire.
Une autre technique faisant appel aux cellules ES est le criblage précis par recombinaison
homologue. Cette technique est délicate à réaliser. Elle n’est actuellement applicable que chez la
souris. Elle peut être utilisée pour inactiver un gène (en anglais knock-out, traduit en français par
« invalidation de gène par recombinaison homologue »). C’est un moyen d’étudier la fonction
précise d’un gène. Elle est particulièrement utile pour étudier chez les mammifères la fonction de
gènes pour lesquels il n’existe pas de mutants spontanés

2 – LA THERAPIE GENIQUE
Une technique porteuse d’espoir est la thérapie génique : introduire des gènes sains dans
des cellules malades.
Le gène sain n’est pas introduit juste à la place du gène déficient, ce l’on ne peut pas faire
chez l’homme (uniquement actuellement chez la souris, à l’aide des cellules ES), mais ajouté en
plus aux cellules. Il sera cependant transcrit et traduit, libérant ainsi, in situ, la protéine manquante
ou une autre protéine thérapeutique
Réussir techniquement à introduire un gène sain n’est pas suffisant. Il faut être certain que
ce gène n’est pas toxique pour la cellule (qu’il ne perturbera pas l’expression d’autres gènes
importants), et que la quantité de protéines produites ne sera ni faible, ni excessive. De plus, une
réflexion éthique est évidemment nécessaire et doit précéder ce type d’intervention.

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2 – 1 – Les différentes autorisations
Avant qu’une thérapie génique puisse être entreprise chez l’homme, de nombreuses étapes
doivent être franchies et plusieurs autorisations, dont celle du Comité d’éthique, doivent être
obtenues

2 – 2 – Les vecteurs
Les cellules, protégées par leur membrane lipidique, sont imperméables à l’ADN. Des vecteurs
doivent donc être utilisés pour introduire un gène dans une cellule. Ce sont principalement les virus.
On tire profit du fait qu’ils entrent naturellement dans les cellules. Ils doivent être modifiés pour que
n’existe aucun risque pathogène direct ou indirect, pour qu’ils ne puissent pas se reproduire dans
les cellules humaines. Ils vont donc être rendus défectifs : les gènes essentiels à leur réplication
sont supprimés. Ils ne pourront ainsi pas se disséminer dans les tissus du patient. Seul le gène
thérapeutique sera exprimé.
Les virus les plus utilisés sont les rétrovirus, les lentivirus, les adénovirus, les virus associés aux
adénovirus (AAV) et les virus simplex. Mais il existe aussi d’autres vecteurs non viraux.

2 – 3 – Les techniques
Deux sortes de techniques sont principalement utilisées. Le choix dépend essentiellement de la
nature de la cellule à modifier

1 – La technique ex vivo
Les cellules à traiter sont prélevées chez le patient et mises en culture. Le vecteur porteur
du gène thérapeutique est ajouté. Puis, les cellules où le nouveau gène est bien inséré sont
sélectionnées et réintroduites dans l’organisme du patient

2 – La technique in vitro consiste à administrer le vecteur recombinant directement dans l’organisme


du patient (par injection ou par inhalation …)

3 – La mutagenèse
C’est une technique utilisée dans des laboratoires de recherche pour introduire dans un ADN des
mutations telles que délétion, insertion, substitution, qu’il s’agisse de simples bases ou groupements
de plusieurs nucléotides. M. Smith, initiateur de la mutagenèse dirigée a reçu le prix Nobel de chimie
en 1993.

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CHAPITRE 9 : BASES GENETIQUES DE LA PREDISPOSITION AUX
CANCERS

1 – Définition

2 – La prédisposition familiale au cancer


2 – 1 – Les critères en faveur d’une prédisposition génétique
2 – 2 – Intérêt de son étude

3 – Groupes des gènes responsables de processus de cancer


3 – 1 – Les oncogènes
3 – 2 – Les gènes suppresseurs de tumeurs
3 – 3 – Les gènes de réparation de l’ADN

4 – La transduction des signaux extracellulaire mitogènes et antimitogènes


4 – 1 – Les signaux extracellulaires : les facteurs de croissance
4 – 2 – Les récepteurs

5 – Quelques voies de signalisation

6 – Les proto-oncogènes, les oncogènes et les gènes suppresseurs de tumeurs

OBJECTIFS

1 – Définir le cancer
2 – Décrire les éléments de la prédisposition familiale au cancer
3 – Décrire les gènes responsables de processus de cancer
4 – Décrire les voies de transduction des signaux extracellulaire mitogènes et anti-mitogènes

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1 – DEFINITION
Le cancer est une maladie génétique résultant des altérations génétiques :
- l’altération ou la mutation concerne toutes les cellules : mutation constitutionnelle
- l’altération ou la mutation porte sur les cellules d’un seul tissu : mutation génétique somatique non
héréditaire
Le cancer est un processus avec multi étapes : accumulation de mutations et instabilité.
1 à 5% des cancers sont transmis selon un mode AD

2 – LA PREDISPOSITION FAMILIALE AU CANCER


- facteurs environnementaux et culturels
- facteurs génétiques : anomalies constitutionnelles des cellules germinales

2.1. Les critères en faveur d’une prédisposition génétique


- Antécédents familiaux (1er, 2ème degrés, deux générations successives)
- Précocité de la tumeur
- Caractère bilatéral ou multifocal de la tumeur
- Antécédents personnels ou familiaux d’autres cancers

2.2. Intérêt de son étude


- Préventif : diagnostic précoce des tumeurs chez les sujets prédisposés
- Meilleure compréhension des mécanismes de la cancérologie

3 – GROUPES DES GENES RESPONSABLES DE PROCESSUS DE CANCER

3.1. Les oncogènes


Les proto oncogènes assurent le contrôle positif du cycle et de la différenciation cellulaires. En cas
de mutation de ces proto oncogènes, ils deviennent oncogènes dont l’activité est excessive ou
inappropriée. Il peut s’agir de mutation ponctuelle, d’amplification génétique, de dérégulation de
l’expression : translocation ou de réarrangement structural

Fonctions et localisation des proto oncogènes : Ce sont des facteurs de croissance ou des
récepteurs de facteurs de croissance. Ils sont nombreux tels que le RET impliqué dans le cancer
médullaire de la thyroïde.

3.2. Les gènes suppresseurs de tumeurs


Normalement ces gènes entraînent une inhibition de la croissance des cellules tumorales. Leur
inactivation provoque des tumeurs. Il faut une altération de deux allèles contrairement aux proto
oncogènes pour l’apparition de tumeur.
La prédisposition est transmise sur un mode AD. Pour faire la maladie, il faut une atteinte des deux
allèles ou une perte d’hétérozygotie c'est-à-dire que le deuxième allèle est délétère ou muté.

3.3. Les gènes de réparation de l’ADN : origines du cancer chez l’homme


Une cellule cancéreuse est une cellule dont la division n’est plus contrôlée et qui a perdu le
plus souvent tout ou une partie de sa spécialisation (on dit qu’elle se « dédifférencie »).
Lorsqu’on étudie in vitro cette cellule, on observe essentiellement les caractéristiques
suivantes (qui ne s’acquièrent pas d’ailleurs pas simultanément mais successivement) :
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- « l’immortalisation » (possibilité d’un nombre théoriquement illimité de division)
- « la transformation » qui se manifeste par :
* la perte de « l’inhibition de contact » ; les cellules ne stoppent plus leur multiplication quand
elles entrent en contact les unes avec les autres ; elles se chevauchent et forment des petits foyers
constitués de plusieurs couches de cellules qui s’empilent au lieu de former des couches
monocellulaires.
* la perte de « la nécessité d’ancrage » ; les cellules n’ont plus besoin de s’ancrer sur un
milieu solide pour se diviser, ce qui traduit principalement une modification des propriétés du
cytosquelette.

La conviction des chercheurs aujourd’hui est que la plupart des cancers résultent de
l’altération d’une seule cellule. Cette altération est le plus souvent la conséquence de la mutation
d’un gène, qui va produire une protéine anormale, qui joue un rôle essentiel dans le contrôle de la
division cellulaire, de l’apoptose, de la différenciation cellulaire ou de la stabilité du génome
(réplication et réparation de l’ADN. La progression de la tumeur se fera ensuite par l’accumulation
successive de mutations et d’altérations qui vont conduire à la mort de la plupart des cellules
anormales. Cependant, certaines de ces mutations vont conférer à la cellule un avantage sélectif
qui va conduire non seulement à la survie de ces cellules anormales, mais aussi à leur prolifération
rapide.
Le cancer chez l’homme peut être lié à de multiples causes. Il peut par exemple être en
relation avec des déséquilibres hormonaux (certains cancers du sein), être lié à l’environnement,
comme les radiations ionisantes émises par le soleil (certains cancers de la peau), les radiations
radioactives (dans les cancers du sang), le tabac (dans les cancers des poumons). Seuls quelques
cancers sont liés à des virus. Il s’agit de virus à ADN comme le virus de l’hépatite B dans le cancer
primitif du foie, le virus d’Epstein Barr dans le lymphome de Burkitt ou des papillomavirus dans
certains cancers cutanés et génitaux

Quel que soit l’événement causal initial (on parle d’initiation de la tumeur), sa progression
sera favorisée par de très nombreux facteurs et aboutira à une dérégulation de la division et de la
mort cellulaire. Une bonne compréhension des mécanismes et de facteurs impliqués dans la division
cellulaire et de la mort cellulaire programmée est indispensable, avant d’envisager quels sont les
gènes (oncogènes et gènes suppresseurs des tumeurs), dont l’altération conduit au cancer.

4. LA TRANSDUCTION DES SIGNAUX EXTRACELLULAIRE MITOGENES ET


ANTIMITOGENES.
L’activité de division d’une cellule et donc d’un tissu est en fait très dépendante de nombreux
signaux extracellulaires. Ces signaux extracellulaires ou médiateurs, qu’il s’agisse d’hormones ou
de médiateurs du système immunitaire (cytokines), sont le plus souvent des protéines et vont donc
exercer leur effet sur la cellule en se liant à un récepteur membranaire spécifique. L’activation de
ce récepteur membranaire sera responsable de la mise en jeu d’une voie de signalisation
intracellulaire, qui ira in fine moduler le cycle cellulaire ou d’autres fonctions cellulaires. Pour leur
grande part, ces médiateurs extracellulaires, leurs récepteurs et leurs voies de signalisation sont
altérés au cours du cancer. La parfaite connaissance de ces systèmes de signalisation est
nécessaire avant d’envisager comment certaines de leurs altérations peuvent conduire au cancer

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4.1. Les signaux extracellulaires : les facteurs de croissance
La famille la plus importante de régulateurs de la division cellulaire est incontestablement celle des
facteurs de croissance, qui agissent par l’intermédiaire de récepteur – enzymes à la surface de la
cellule. En se fixant sur leurs récepteurs membranaires, ces médiateurs ou ligands sont capables
de déclencher une action dans la cellule, sans entrer eux-mêmes dans cette cellule. Ces ligands
transmettent donc un « signal » qui est traduit en langage intracellulaire : c’est ce qu’on appelle la
transduction. Ces signaux jouent un rôle important dans la croissance, la différenciation et la
transformation cellulaires
Les facteurs de croissance sont de petites glycoprotéines formées d’une ou de deux chaînes de
quelques acides aminés qui sont sécrétées par une cellule ou par un tissu. Ils sont désignés en
anglais par deux lettres GF (growth factor pour facteur de croissance) précédées de l’initiale du tissu
qui les produit. Ainsi les facteurs de croissance EGF, FGF, PDGF, NGF et HGF, sont
respectivement identifiés dans l’épiderme, les fibroblastes, les plaquettes sanguines, les neurones,
l’endothélium vasculaire et le foie. Il faut ajouter IGF 1 et 2, proches de l’insuline. Les leucocytes
sanguins produisent des protéines, qui sont très proches des facteurs de croissance et appelées
cytokines. Parmi elles, on distingue de très nombreuses interleukines, les interférons, le TNF (tumor
necrosis factor) et les CSF (colony stimulating factor). Tous ces facteurs vont pouvoir moduler les
fonctions cellulaires par des mécanismes autocrines, paracrines ou endocrines.

4.2. Les récepteurs


On peut citer
- les récepteurs tyrosine kinase des facteurs de croissance
- les récepteurs de surface à sept passages membranaires couplés aux protéines G (RCGP)

5 –QUELQUES VOIES DE SIGNALISATION


- La voie anti-proliférative du TGFβ : Comme les facteurs de croissance, les protéines de la famille
du TGFβ (TGFβ, activines, BMP) sont sécrétées et agissent le plus souvent sur des tissus
environnant. Impliqués dans le développement mais aussi dans la prolifération, différenciation et
l’apoptose des cellules, ces facteurs agissent par l’intermédiaire de récepteurs membranaires. Le
TGFβ se lie à son récepteur et déclenche une série de réactions qui aboutit à la transcription de
certains gènes. La transcription de ces gènes favorise l’apoptose et inhibe la division cellulaire.
- La voie Wnt / β – caténine est la voie probablement la plus connue en raison de son implication
dans certaines formes familiales de cancers du côlon. Il s’agit d’une voie de signalisation qui joue
normalement un rôle important dans le développement embryonnaire.
- La voie des protéines Hedgehog : Des anomalies de cette voie au cours du développement fœtal
peuvent être létales. Chez l’adulte, certaines altérations de la voie Hedgehog ont été identifiées au
cours du cancer.

6 – LES PROTO-ONCOGENES, LES ONCOGENES ET LES GENES SUPPRESSEURS DE


TUMEURS
Toutes les protéines impliquées dans la croissance, la prolifération, la différenciation et l’apoptose
cellulaires sont des constituants de nos tissus. Elles assurent le contrôle de l’état de différenciation
et de division des tissus et régulent le nombre de nos cellules. Certains gènes codant ces protéines
sont altérés au cours du cancer. On parle alors d’oncogènes et de gènes suppresseurs de tumeurs.

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Les oncogènes sont des gènes dont l’activation va favoriser la croissance tumorale. Le gène normal
de la cellule est appelé proto-oncogène et sa forme active « oncogène ». Classiquement l’activation
d’un seul allèle de ce gène est suffisante pour produire un effet sur la croissance. Il s’agit donc
d’effets dominants.
Les gènes suppresseurs de tumeurs codent des protéines qui inhibent la division cellulaire ou
favorisent l’apoptose. Cette fois-ci, c’est l’inactivation de ces gènes qui va favoriser la croissance
tumorale. Le plus souvent, une altération des deux allèles de ces gènes est nécessaire pour obtenir
un effet sur la croissance.

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