LITTÉRATURE

La magie du verbe
africain

POLARs
Brûlantes intrigues

ESSAIs – HISTOIRE
Allemagne : lorsque
le mur est tombé...

Zep
BANDE DESSINÉE
Quand la BD se tait

BIEN-ÊTRE
éloge de l’imperfection

Le retour
JEUNESSE
du zizi sexuel Les mythes grecs
pour adultes
ARTS ET PASSIONs
• Au fil des étoffes
Fr. 5.– • Le flexitarisme
© Photo Mehdi Benkler

septembre 2019 | Le magazine de l’actualité du livre par Payot Libraire

RENÉ édito
La rentrée du zizi
CHAR Chère lectrice,
Cher lecteur,

SOURCES
Oui, je vous l’accorde, le titre en forme de jeu de mots de cet
édito est un peu facile! Toutefois, quand on a la chance d’avoir
Zep en couverture, ce serait dommage de s’en priver! L’illustre

ET CHEMINS
auteur de bandes dessinées nous fait l’honneur d’une grande
interview à l’occasion de la sortie du deuxième tome de sa
série Happy Sex, aussi hilarant et instructif que le premier.
Au menu de notre magazine de rentrée, nous avons tenu à

DE LA
rendre hommage à la maison d’édition genevoise Héros-
Limite qui fête cette année ses vingt-cinq ans d’existence.
Oh, certes, il s’agit d’une maison de taille aussi modeste que
l’est son directeur, Alain Berset (qui n’a rien à voir avec son

POÉSIE homonyme en politique, conseiller fédéral) ; cependant, la

qualité de son catalogue autant que la belle facture de sa
production en font à nos yeux une maison remarquable – et ce
d’autant plus qu’elle fait preuve d’une grande audace dans ses
choix en publiant des auteurs et des textes ambitieux.
14 JUIN – Autre événement de première importance : nous fêterons
cette année les cent ans de présence de Payot à Genève! Après
29 SEPTEMBRE Montreux et Vevey en 1918, c’est en effet en 1919 que la librairie
2019 met un premier pied à Genève, plus précisément place du
Molard, à côté de la Tour des douanes, en rachetant la librairie
Burkhardt. Cent ans, ce n’est pas rien! Cet anniversaire sera
dignement célébré dans nos deux librairies genevoises
au mois de novembre, en particulier du 7 au 9, avec un
FONDATION programme d’animations et d’événements exceptionnels!

JAN MICHALSKI Nous nous réjouissons de vous y accueillir nombreux à cette

occasion.
POUR L’ÉCRITURE ET
En attendant, nous vous invitons à découvrir notre sélection de
LA LITTÉRATURE la rentrée littéraire, mais aussi nombre de dossiers tous plus

1147 MONTRICHER intéressants les uns que les autres dans tous les domaines,
de la littérature africaine aux trente ans de la chute du mur de
MA-VE 14H-18H Berlin, en passant par le succès grandissant de la mythologie
grecque dans la production de livres pour la jeunesse.
SA-DI 9H-18H
Bonnes lectures et belle rentrée!

Pascal Vandenberghe
Président-Directeur général
Payot Libraire

3
 6
News
34
Bien-être
L’actualité au pays du livre Éloge de l’imperfection
36 Nouveautés

8
Grande interview 38
Zep Jeunesse
Le retour du zizi sexuel pour les Les mythes grecs
grands 40 Nouveautés

12
Littérature
42
Arts et passions
La magie du verbe africain Au fil des étoffes
15 Les éditions Héros-Limite 44 Le flexitarisme ou le compromis
16 Nouveautés françaises dans votre assiette
18 Nouveautés traduites 46 Nouveautés
20 Nouveautés suisses

22 48
100 ans de Payot à Genève
Polars

50
Brûlantes intrigues
24 Nouveautés

26
Dans la bibliothèque idéale de...
Sophie Fontanel
51 Impressum
Essais – Histoire
Allemagne : lorsque le mur est tombé
28 Nouveautés

30
Bande dessinée
Quand la BD se tait
32 Nouveautés

L’ALBUM QUI RÉJOUIT !

EN LIBRAIRIE LE 10 SEPTEMBRE
© Éditions Delcourt
© ZEP 2019

Découvrez plus
de #HappySex
5
 les news
les NEWS
SOURIEZ, C’EST LA RENTRÉE!
Rangez les maillots et les serviettes de plage, l’heure de reprendre le che-
min des classes a sonné! Les étudiants des Universités et des Hautes écoles
pourront bénéficier d’une remise de 20% sur les livres de cours dans toutes
les librairies Payot du 9 septembre au 3 novembre. En outre, pour chaque
tranche d’achat de Fr. 100.-, un bon d’une valeur de Fr. 10.- leur sera offert.
Voilà de quoi remplir sacs à dos et bibliothèques sans vider les porte-mon-
naie!
Jusqu’au 22 septembre, les écoliers, collégiens et gymnasiens profiteront
d’un rabais de 10% sur tous les livres de la rentrée avec – en prime – la pos-
sibilité de gagner 100 x 1 BD à choix dans notre rayon!
Voir conditions en magasin.

À LA FAVEUR DE L’AUTOMNE…
Si la fin des festivals d’été vous file le bourdon, réjouissez-vous : ceux de
l’automne sont là!
BDFIL fête ses 15 ans avec des expositions – dont celle, tout en magie, d’Alex
Baladi, invité d’honneur du festival et figure de la bande dessinée indépen-
dante et expérimentale – et des animations autour du genre, des perfor-
mances et de nombreuses dédicaces. Mettez le champagne au frais… et que
vivent les bulles!
BDFIL, du 12 au 16 septembre, Lausanne www.bdfil.ch
Si la 4e édition du Festival du livre suisse, qui se déroulera sous la prési-
dence de l’aventurière Sarah Marquis, réserve cette année encore une place
de choix à la thématique du voyage, c’est la littérature italophone qui sera
mise à l’honneur. Des lectures, des rencontres (bilingues, parfois!) avec des
auteurs d’ici et d’ailleurs, une escapade littéraire dans le Tessin : il y en aura
pour tous les goûts!
© Alex Baladi, BDFIL 2019
Festival du livre suisse – Terre de voyage, du 20 au 22 septembre,
Médiathèque Valais, Les Arsenaux, Sion www.festivaldulivresuisse.ch
Le mois d’octobre sera animé ou ne sera pas, avec notamment le festival
Animatou qui vous invite à plonger dans le meilleur du cinéma d’animation.
Cette année, préparez-vous à mettre le cap vers l’Est! En effet, le festival invite
la Pologne, une contrée qui jouit d’une grande tradition dans le genre animé
et qui porte une culture célébrant la liberté, la spiritualité et la nature.
Animatou, du 4 au 12 octobre, Genève www.animatou.com

LE MCBA VOUS ACCUEILLE DANS SES NOUVEAUX MURS
aimerLIRE | septembre 2019
Le Musée cantonal des beaux-arts (MCBA) déménage à deux pas de la gare
de Lausanne dans un bâtiment conçu sur mesure. Son exposition inaugurale,
Atlas. Cartographie du don, mettra en valeur les riches collections cantonales
du musée. Payot Libraire est heureux d’être partenaire de ce nouveau lieu
entièrement dédié à la culture, notamment avec un cycle de conférences
d’auteurs en lien avec l’art et ses multiples facettes!
MCBA, dès le 5 octobre, PLATEFORME 10, Lausanne www.mcba.ch
© MCBA
6 7
Payot Libraire fête 100 ans
de présence à Genève!
Pour en savoir plus,
rendez-vous en page 48.
Karine Tuil © Francesca Mantovani, éditions Gallimard

Mon premier livre
Papa lit et maman coud
Naïf par son graphisme désuet, ce manuel, qui
fut le sésame de lecture de nombreux écoliers
romands, ne manquera pas de surprendre par les
clichés qui l’émaillent. Conçu pour la première
fois par des pédagogues en 1912, puis partielle-
ment révisé jusqu’à cette troisième et dernière édi-
tion datant de 1969, Mon premier livre garde – au
lendemain même de Mai 68 – les traces des sté-
réotypes conservateurs qui avaient alors cours sur
l’organisation familiale, la répartition des tâches,
l’ordre social et moral, voire des lieux communs
discriminants hérités du colonialisme.
Ce travail de réédition en fac-similé mené en
connaissance de cause, à titre de contribution
à la mémoire de l’édition romande, n’a en aucun
cas pour objectif de remettre au goût du jour des
valeurs datées, et à certains égards critiquables.
UN ESPRIT SAIN DANS UN CORPS SAIN
Le développement personnel et les médecines naturelles ont la
cote. Pour preuve, le nombre d’événements (et d’ouvrages!) qui
leur sont consacrés ne cesse d’augmenter. Des ateliers autour
de l’énergétisme et de l’ésotérisme, des thérapies manuelles ou
encore des produits biologiques et de l’artisanat vous attendent
au Salon des thérapies naturelles à Aigle. Pour sa 20e édition,
le Salon du mieux-vivre de Fribourg s’intéressera quant à lui
aux arbres et à leur prétendue sagesse avec plus d’une centaine
d’exposants et de conférences qui leur seront dédiés.
Salon des thérapies naturelles, les 26 et 27 octobre,
Centre mondial du cyclisme, Aigle
www.salontherapiesnaturelles.ch
Salon du mieux-vivre de Fribourg,
du 8 au 10 novembre, Forum Fribourg
www.mieux-vivre.ch
Daniel Brélaz, Michel Pastoureau, Guillaume Rihs,
Karine Tuil ou encore Éric-Emmanuel Schmitt :
ne manquez pas nos rencontres de l’automne!
Pour être tenus informés des événements que nous orga-
nisons dans nos librairies ou chez nos partenaires cultu-
rels, une seule adresse : evenements.payot.ch. Inscrivez-
vous à notre newsletter entièrement personnalisable!
L’objectif est de permettre la mise en perspective du chemin
parcouru en un demi-siècle par l’école publique en termes
d’égalité, d’intégration, de culture, d’ouverture au monde et
de droit à la différence!
Mon premier livre (3e édition, 1969), manuel d’enseigne-
ment de la lecture à l’usage des premiers degrés de l’école
publique, édité par Payot Lausanne, réédition en fac-simi-
lé disponible dès le 26 août 2019 en exclusivité chez Payot
Libraire et sur www.payot.ch. Tirage limité.
Remerciements: Le Département
de la formation, de la jeunesse et
de la culture (DFJC) de l’État de
Vaud, propriétaire du contenu de
la dernière édition (1969); Nicole
Vidoudez pour son autorisation à
la reparution de l’ouvrage illustré
par son père, Marcel Vidoudez;
tous les auteurs, éditeurs ou ayants
droit qui ont donné leur accord.
zep | Grande Interview
Le retour du zizi sexuel
pour les grands
Zep donne vie à un deuxième album Happy Sex aussi hilarant et surprenant que le
premier. À l’occasion de cette sortie, nous avons rencontré le bédéiste genevois qui
aborde, sans complexe et avec une drôlerie folle, la sexualité chez les grands enfants
que nous sommes.
Un interphone. Une grille qui s’ouvre lentement. Une
allée claire qui fend un petit bois touffu où il doit faire
bon jouer aux cow-boys et aux Indiens. Au bout du
chemin, sur le perron d’une grande demeure du xviiie
siècle, nous attend Philippe Chappuis alias Zep, la
bouille ronde et le regard espiègle : on sent que l’en-
fant qui vit dans la peau de l’auteur ne sommeille
jamais vraiment! Après avoir pris un verre d’eau, on
grimpe sous les combles pour s’installer dans l’antre
du créateur de Titeuf. La canicule genevoise a pris ses
marques dans l’atelier. On attaque l’interview. Malgré
les tenues estivales, on dégouline mais on éclate aussi
de rire car l’esprit de Chappuis est aussi vif que le
soleil. Bonne humeur et chaleur rythment cet entretien
haut en couleur.
aimerLIRE | septembre 2019
• Qu’est-ce qui a motivé, il y a une décennie mainte-
nant, la création de votre premier Happy Sex?
Tout d’abord, je tiens à dire que je n’avais pas du tout
prévu de réaliser une série! Pour moi, à ce moment-
là, Happy Sex était clairement un one shot! Je venais
de travailler durant deux ans à l’adaptation en exposi-
tion du Guide du zizi sexuel pour la Cité des sciences
à Paris.
8 9
© Photo Mehdi Benkler
Par Laurence Desbordes
J’avais donc beaucoup de dessins et pas mal d’idées pour
parler de la manière la plus drôle et la plus désamorçante
possible de la sexualité et de la puberté. Cela m’a donné
envie de faire le même exercice pour des adultes, cette fois
en n’ayant pas la contrainte de ce que l’on peut et ne peut
pas montrer.
• N’avez-vous pas eu peur de déstabiliser votre lectorat?
Mon entourage pensait que je ne devais pas faire cet album
car j’étais estampillé « auteur jeunesse » et que c’était donc
assez risqué. C’est vrai qu’il y a eu quelques précédents
malheureux comme Tomi Ungerer par exemple. Il est l’un
des plus grands illustrateurs jeunesse et il a été quasiment
banni de l’édition pour enfants et adolescents parce qu’il
avait osé faire un album érotique au tout début des années
septante. Toutefois, on était quand même trente ans plus
tard donc cela me semblait davantage possible. En outre,
rien ne me semblait sulfureux dans cette histoire. Au
contraire, je trouvais même étonnant qu’il n’y ait pas plus
d’ouvrages qui parlent de sexualité de manière marrante.
En effet, il y a une grande tradition de bandes dessinées
érotiques, mais c’est toujours dans un registre, assez clas-
sique, pour hommes. Pour ma part, je n’avais pas du tout
envie de cela. Je voulais plutôt faire un Titeuf pour adultes!
• Alors justement, comment ce premier Happy Sex a-t-
il été reçu?
Je n’ai jamais eu aucun retour négatif, et personne ne m’a
dit : « c’est scandaleux de dessiner ça! ». Au contraire même,
des lecteurs occasionnels de bandes dessinées sont venus
me voir en me disant que c’était très bien. En fait, il a reçu
un très bel accueil à sa sortie. Nous en avions imprimé,
il y a 10 ans, 70'000. Or, pour suivre ce qui se passait en
librairie, on a dû faire trois réimpressions en dix jours!
C’était vraiment chouette, car il y avait tout un public qui
ne s’était jamais vraiment intéressé à Titeuf mais aussi un
large public féminin qui, il y a dix ans, n’était pas forcément
intéressé par la bande dessinée. C’était aussi amusant de
voir des jeunes gens de 18-20 ans qui achetaient l’album
pour l’offrir à leurs parents. Lors des dédicaces, ces per-
sonnes me disaient : « quand j’étais petit, c’était mon père
et ma mère qui m’offraient Titeuf, maintenant c’est à moi de
prendre la relève »... Il y avait aussi des lecteurs qui venaient
me voir en me disant : « j’ai adoré le gag sur le gars qui met
ses couilles dans les géraniums! ». C’est amusant, cette
impudeur que l’on a lorsqu’on parle de sexe avec humour.
• Quand est-ce que vous avez eu l’idée de vous lancer
dans un Happy sex 2?
En fait, quand je dessine un album, je fais toujours plus de
storyboards qu’il ne m’en faut et, à la fin, j’ai toujours beau-
coup de chutes. En rangeant un peu mes affaires, je suis
tombé sur une pochette avec les restes de Happy Sex. En
relisant certaines planches, j’ai beaucoup ri et je me suis
dit qu’il y avait matière à faire un deuxième tome. En plus,
cela faisait huit ans que le premier volume était sorti : il était
clair que beaucoup de nouvelles choses avaient vu le jour
– notamment dans les pratiques autour de la rencontre ou
sur la manière d’aborder la sexualité et la séduction. J’ai
donc commencé à faire des storyboards pour voir si cela
venait et, en deux trois jours, j’avais déjà vingt-cinq pages…
Je pouvais donc proposer à mon éditeur de faire un deu-
xième album. La sortie de ce numéro 2 tombe pile dix ans
plus tard, à un mois près.
 la sexualité,
c’est aussi souvent des
ratages et à l’arrivée
c’est plutôt rigolo.
• Est-ce qu’il y a un âge recommandé pour Happy Sex?
Légalement, il faut être majeur, et la mention « réservé aux
adultes » est inscrite sur l’album. Maintenant, étant donné
que ce sont les seuls albums que j’ai faits et qui sont « inter-
dits » aux mineurs, mes enfants ou d’autres trouvent injuste
de ne pas pouvoir le lire. Je leur dis alors que ce n’est pas
une question d’interdiction mais plutôt qu’ils trouveront la
bande dessinée drôle une fois qu’ils seront en âge d’avoir
une vie sexuelle.
De toute façon, il ne faut pas se faire d’illusions : les
jeunes aujourd’hui regardent une tonne de pornogra-
phie en ligne. On sait que ces sites sont la première
source d’éducation sexuelle pour les adolescents. Ces
derniers apprennent sur Internet et ont une idée fabri-
quée qui n’est pas la réalité. Ils vont à la fois vouloir
faire des choses et accepter des choses qui ne vont pas
forcément avec la notion de plaisir. Ils sont plutôt dans
l’exploit. De ce fait, s’ils tombent sur un Happy Sex, cela
peut aussi leur montrer que la sexualité, c’est aussi
souvent des ratages et qu’à l’arrivée c’est plutôt rigo-
lo. Il est important d’en faire un sujet moins lourd avec
moins d’attentes. Le sexe, et c’était aussi ma devise
pour le premier album, cela reste le terrain de jeux
des adultes – l’endroit où l’on peut encore s’amuser.
Idéalement, on devrait pouvoir être plus détendu que
dans nos autres actes habituels d’adultes.
• Dix ans ont passé entre les deux albums. Notre
sexualité a-t-elle évolué ou changé durant cette
décennie?
Dans mon deuxième Happy Sex, il y a peu d’histoires
homosexuelles car j’ai peu de légitimité à les raconter,
donc elles sonnent moins bien que les autres lorsque je
les écris. Toutefois, c’est vrai que durant ces dernières
années, quelques albums sur le sujet ont fait leur appa-
rition – notamment ceux d’un auteur allemand très
populaire qui s’appelle Ralf König et que j’aime beau-
coup. Il raconte le quotidien d’un couple homosexuel, et
c’est franchement très amusant. Aujourd’hui, le grand
enjeu de l’hétérosexualité, c’est d’avoir une vie sexuelle
épanouissante, sans cesse renouvelée et libérée de
toutes contraintes. Cependant, cela ne va pas de soi!
Dans les faits, c’est souvent un peu casse-gueule et cela
peut aboutir à des conflits larvés voire à des sépara-
tions car c’est dur de trouver une entente sexuelle avec
quelqu’un. Cela prend un certain temps déjà pour bien
se connaître soi-même… Avant, c’était tout de même
fou de se dire que les gens faisaient l’amour ensemble
pour la première fois le jour de leur mariage. Si c’était
une catastrophe, il fallait beaucoup de maturité et de
courage pour communiquer à l’autre ses attentes.
• Le rôle de la femme dans une relation sexuelle
vous apparaît-il différent aujourd’hui?
On est tout de même passé par plusieurs phases.
Pendant longtemps et jusqu’au xviiie siècle, on pen-
sait qu’il fallait qu’une femme jouisse pour tomber
enceinte. Il valait donc mieux s’entraîner à lui donner
du plaisir si jamais un jour on voulait faire des enfants!
Ensuite, on s’est rendu compte que ce n’était pas le
cas, et que même c’était mieux si la femme ne jouis-
sait pas car ce n’était pas très moral… Il y a bien sûr des
cultures totalement différentes où le plaisir doit être
partagé, mais disons que, majoritairement sur notre
planète, l’humain n’est pas très clair ni très détendu
par rapport au sexe.
zep | Grande Interview
 le plaisir est quelque
chose qui est consenti. Ce
n’est pas obligatoire.
En outre, c’est quand même particulier: les femmes fonc-
tionnent sur un cycle et pas les hommes. C’est comme faire
une partie de tennis avec quelqu’un qui ne vient pas tous les
jours, ou ne vous renvoie pas la balle à tous les coups (ndlr:
il éclate de rire). Le fait de comprendre cela, c’est déjà une
bonne clef de lecture parce que ce qui peut être un gros suc-
cès le mardi peut se transformer en gigantesque fiasco le
jeudi. C’est plutôt compliqué à appréhender pour les hommes
qui fonctionnent sur quelque chose de plus statique.
C’est bien aussi de répéter et de prendre conscience que le
plaisir est quelque chose qui est consenti. Ce n’est pas obliga-
toire. On ne vole pas l’orgasme de quelqu’un et on ne le force
pas à jouir. Ce sont des règles basiques mais qui sont telle-
ment tues dans la pornographie que l’on a besoin de le redire
régulièrement. Le mouvement #MeToo a remis un peu cela
en avant mais la puissance de la pornographie sur Internet est
telle qu’il faut le dire sans cesse.
• Néanmoins, si on en croit vos deux volumes Happy Sex,
on peut rire du sexe?
Je pense même que c’est obligatoire… C’est une clef pour
toute la vie. Il faut apprendre à rire de soi-même dans tous les
sujets possibles. Cela nous aide vraiment à traverser l’exis-
tence. Bien sûr, il ne faut pas forcément se marrer pendant
l’acte sexuel car, pour les messieurs, cela coupe souvent leurs
moyens – mais je comprends très bien que parfois cela soit
irrésistible. En tout cas, rire d’une histoire qui est arrivée aux
autres, dans un livre ou dans un film, cela permet d’évacuer
la tension et parfois d’aborder certains sujets de manière plus
détendue. Je veux toutefois préciser une chose : dans ma BD, je
souhaite faire rire d’une situation mais jamais me moquer de
quelqu’un. C’est important.
• Pourtant, les démarches artistiques, qui plus est humo-
ristiques, autour de la sexualité sont relativement rares...
Quand je travaillais sur le premier volume, j’ai entendu l’in-
terview d’une sexologue canadienne qui appelait de ses vœux
les artistes en leur disant : « ne laissez pas le sexe aux porno-
graphes! ». C’est vrai que c’est un sujet tellement important
dans nos vies que je trouve cela triste qu’il soit si peu investi
par les artistes. En littérature, il y a un peu plus de créativité
autour du sexe mais au cinéma, c’est carrément le désert…
aimerLIRE | septembre 2019
Cela reste très pudibond, comme peut l’être 50 nuances de
Grey. À la sortie du premier Happy Sex, des producteurs ont
acheté les droits pour en faire un film, mais dix ans plus tard
on en est toujours à l’état de projet. Il y a eu je ne sais pas
combien de tournages planifiés. Cela se monte puis cela se
© Photo Mehdi Benkler
démonte parce qu’il y a toujours un problème… Le cinéma est
soumis à beaucoup plus de contraintes, comme la limite d’âge
par exemple, alors que le livre a beaucoup plus de liberté.
10
• Dans les différents genres que vous abordez, est-ce
qu’il y en a un que vous préférez?
J’aime bien la variété. Cela m’amuse de faire rire avec des
gags mais, par exemple, j’ai vraiment apprécié le travail de
documentation que j’ai pu faire pour The End pour lequel
je suis allé à la rencontre de spécialistes. J’étais en quelque
sorte un reporter. Là, je suis en train de faire une grande
exposition sur les portraits de héros de bandes dessinées
– Tintin, Spirou, Bécassine – avec mon écriture graphique.
C’est vraiment du plaisir que de composer et de dessiner
une image. J’adore cette activité, mais je sais que cela ne
dure qu’un temps et que je devrai ensuite passer à autre
chose. Je ne suis pas un marathonien. Je n’aurais pas pu
sortir dix albums de Titeuf d’affilée. Après en avoir fait
quatre, j’avais envie de m’attaquer à un autre projet pour
ne pas me lasser ni perdre le plaisir de raconter des his-
toires. C’est essentiel aussi pour les auteurs d’être amusé
et saisi dans leur travail. À partir du moment où cela
devient routinier, c’est la fin du plaisir.
• Avez-vous été surpris par le succès incroyable de
Titeuf?
Non, parce que le premier album n’a pas eu un succès
phénoménal. C’est venu progressivement. Avec le recul,
je me rends compte que j’ai eu beaucoup de chance mais,
sur le moment, l’arrivée de la réussite de Titeuf m’a paru
interminable. En Suisse, j’ai senti tout de suite quand le
vent a tourné. Je crois que c’était lors du deuxième tome.
Les gens venaient en dédicace, ils rentraient chez eux, le
lisaient et revenaient pour en acheter un deuxième qu’ils
voulaient offrir. De séances en séances, il y avait de plus
en plus de monde. C’était génial, mais je dois dire qu’ici
c’est allé plus vite car le contexte est favorable aux créa-
tifs. Le pays est petit, les médias sont alertes et à l’écoute
de ce qui se fait. Chez nous, la presse n’est pas un qua-
trième pouvoir qui ne s’intéresse pas à ce qui se passe
à l’échelle du peuple – comme cela peut être le cas en
France par exemple. Dans l’Hexagone, pour Titeuf, il n’y
avait aucune résonance au-delà des libraires de bandes
dessinées.
Biographie
• Philippe Chappuis est né le 15 décembre 1967
à Genève
• Il choisit le pseudo Zep en hommage au groupe
Led Zeppelin
• Il étudie à l’École des arts décoratifs de Genève,
section bande dessinée
• Il dessine pour des journaux suisses romands,
et dès 1985 collabore au Journal de Spirou,
Fluide Glacial, et publie dès 1988 son premier
album : Victor n’en rate pas une!!
• 1990 : Léonard Coquillard
• 1991 : Kradok Amanite Bunker
C’est au quatrième album que cela a commencé à prendre.
J’ai connu le succès tout d’un coup, lorsque les médias
généralistes se sont intéressés à mon travail. À l’époque,
le fait de passer au journal de 20 heures démultipliait
votre visibilité. Je pense que c’est différent maintenant, car
il existe deux cent cinquante chaînes de télévision diffé-
rentes… Certes, aujourd’hui, c’est toujours bien d’être invi-
té dans ce genre d’émissions, mais le résultat est vraiment
moindre. Ce que peut faire Quotidien de Yann Barthès est
beaucoup moins fort que ce que pouvait faire à l’époque
Nulle part ailleurs sur Canal+. Il n’y a plus d’émissions qui
fédèrent comme autrefois…
• Quand est-ce que le succès a dépassé vos espé-
rances?
Lorsqu’on a commencé à traduire mes livres un peu par-
tout et qu’il y a eu des adaptations, des dessins animés, du
merchandising, des expositions dans le monde entier…
Cependant, comme ce n’était pas une attente, je l’ai pris
davantage comme une curiosité marrante. On m’invitait
pour parler de Titeuf en Tanzanie, et je disais : « eh bien
soit! ». J’ai reçu des médailles, des distinctions mais je n’ai
jamais fait de bandes dessinées pour cela. C’est comme
passer dans des émissions de télévision, cela n’a jamais
été mon ambition. Je le fais et je suis content de le faire,
cela fait partie du travail, mais je n’ai jamais pensé au fait
que toute ma vie allait se jouer au moment où j’allais ren-
contrer Michel Drucker…
• Quel sera le thème de votre prochain album?
Je ne sais pas encore. Maintenant, j’ai décidé d’attendre
qu’un livre sorte avant de m’attaquer au prochain – alors
que pendant vingt-cinq ans, dès que j’avais fini un album,
je passais à un autre le lendemain. Du coup, je ne profi-
tais pas pleinement de ces moments où l’on rencontre des
gens, où l’on va en dédicace, où l’on voit des journalistes,
où l’on échange. J’étais déjà dans un autre projet et donc
pas complètement disponible. J’arrivais à faire le travail
mais je ne profitais pas de cet épisode agréable, lorsque
les lecteurs me donnent leurs retours.
• 1992 : Naissance de Titeuf, Glénat
• 1993 : L’amour c’est pô propre, Glénat
• 14 albums s’en suivent jusqu’en 2017
• 2017 : À fond le slip, Glénat
Entre-temps
Happy Sex, Delcourt, octobre 2009
What a Wonderful World!, Delcourt, octobre 2015
What a Wonderful World! 2, Delcourt, novembre 2016
The End, Rue de Sèvres, avril 2018
11

La magie du verbe africain | lit térature
la magie
du verbe africain
Les romans puisant leurs histoires dans les profondeurs du continent noir s’imposent
magnifiquement en cette rentrée littéraire 2019. Ce sont de vrais rayons de soleil qui
caressent l’esprit et bouleversent l’âme.
L’Afrique est aussi multiple que sa littérature. Néanmoins,
il existe un dénominateur commun des écritures sur le
continent noir: le récit s’enracine toujours dans l’oralité,
dans ces contes et ces légendes que les anciens trans-
mettent au fil des ans aux nouvelles générations pour
qu’elles n’oublient jamais d’où elles viennent et qui elles
sont. La famille et les origines sont le terreau sur lequel
se bâtissent tous les romans africains – et ce quels que
soient le pays natal de leur auteur et la langue dans
laquelle il s’exprime.
aimerLIRE | septembre 2019
Par les yeux de l’enfant
Le succès de Petit pays de Gaël Faye sorti en 2016 semble
avoir donné de l’élan aux éditeurs pour publier des récits
qui mettent en scène une Afrique contemporaine et non
idéalisée et dans lesquels l’enfance tient le rôle principal.
Il est vrai que l’histoire de Gabriel et de sa sœur Ana, nés
au Burundi d’un père jurassien et d’une mère tutsie, a
12
© Photosite
Par Laurence Desbordes
de quoi émouvoir le lecteur. Tous les ingrédients sont là:
sans compromis mais avec humour et tendresse pour son
enfance peuplée de manguiers et de crocodiles, le jeune
héros nous raconte sa vie de petit privilégié rattrapée et
disloquée par la furie d’un pays au bord de l’implosion.
Une fois devenu adulte, Gabriel nous transmet avec émo-
tion et nostalgie son désarroi devant la disparition de son
paradis. Le Moabi cinéma de Blick Bassy est de la même
veine que Petit pays : sorti également en 2016, c’est aussi
le premier roman d’un auteur-compositeur-interprète.
L’auteur nous raconte l’histoire de cinq héros camerou-
nais un peu plus âgés que Gabriel et qui ne rêvent eux
que de quitter leur contrée pour l’Europe. Cette chronique
poétique d’une jeunesse à la dérive – écrite en camfran-
glais, un mélange de français, d’anglais et des deux cent
soixante langues du Cameroun – nous montre la plu-
ralité de ce continent encore aux prises avec son passé
de clans et de terre colonisée. Après l’Afrique centrale,
retournons du côté de l’Afrique de l’Est avec Au petit
Design: Saentys - Illustration: © Carll Cneut
bonheur la brousse, nouveauté de cette rentrée litté-
raire qui nous amène de la Suisse au Tchad, sur les
pas de Bendiman. Né à Genève, le petit garçon ne
connaît rien de son pays d’origine jusqu’au jour où
ses parents sont sommés de s’en retourner sur le sol
de la mère patrie. Arrêtés à leur descente de l’avion,
les deux adultes ne peuvent plus s’occuper de leur
rejeton qui, livré à lui-même, cherchera par tous les
moyens à les faire libérer. Nétonon Noël Ndjékéry,
écrivain à la double nationalité suisse et tchadienne,
nous livre ici un magnifique roman initiatique aux
allures de fable poétique qui nous obsède longtemps
une fois la dernière page tournée.
Citons un autre bijou de la littérature du continent
noir écrit avec la voix d’un enfant : L’autre moitié du
soleil de Chimamanda Ngozi Adichie. Même s’il ne
s’agit pas d’une nouveauté, ce roman est un incon-
tournable de la littérature africaine et plus précisé-
ment nigérienne. Ugwu, boy de 13 ans, sert Odenigbo,
un intellectuel idéaliste dans le Lagos des années
1960. Lorsque le Biafra déclare son indépendance
vis-à-vis du Nigeria, le petit monde d’Ugwu va se
trouver menacé. Avec des personnages inoubliables
et une écriture envoûtante, Chimamanda Ngozi
Adichie dresse des portraits d’hommes et de femmes
engagés qui essayent de changer la destinée de leur
nation. Cette auteure, plutôt connue pour ses textes
féministes, sait aussi parler de l’enfance avec brio.
Femmes de tête
Justement, le deuxième sexe a un rôle important
pour ne pas dire crucial dans la littérature noire – et
pas uniquement chez Chimamanda Ngozi Adichie.
La preuve en est dans les romans de Fatou Diome.
Évoquons en particulier le dernier roman de l’au-
LA
teure, Les veilleurs de Sangomar, qui nous emmène
à la rencontre des âmes des défunts – et plus préci-
sément de ceux décédés en 2002 à bord du ferry
Joola qui assurait la traversée entre Dakar et la
FABRIQUE
Casamance. Parmi ces noyés, il y a le mari adoré de
Coumba, jeune veuve qui attend la tombée de la nuit
pour entrer en contact avec les veilleurs de l’île de
DES
Sangomar qui s’occupent de l’esprit des morts. Cette
Orphée au féminin fera tout ce qui est possible pour
retrouver sa moitié, quel que soit le prix à payer. Fatou
Diome nous ensorcelle à nouveau avec son écriture
CONTES
imagée et lyrique; elle nous donne envie de replon-
ger, une fois le livre refermé, dans ses romans pré-
cédents dans lesquels la magie de la langue nous
berce.Parlons aussi d’une autre nouveauté de cette
rentrée littéraire, Girl de l’Irlandaise Edna O’Brien. La
romancière qui a consacré son œuvre à défendre la Exposition temporaire
Du 17 mai 2019 au 5 janvier 2020
cause féminine s’attaque ici aux cas de ces lycéennes
nigérianes enlevées par le groupe terroriste Boko
Haram en 2014. Elle prend la voix de l’une de ces ado-
lescentes qui, maltraitée, violée, mariée puis mère,
s’échappera de cet enfer pour retrouver les siens qui
ne la considèrent plus comme l’une des leurs. Lauréat 2017
du Prix Européen
du Musée de l’année
La magie du verbe africain | lit térature
À travers ce destin torpillé, Edna O’Brien nous donne à lire un
portrait de femme bafouée mais victorieuse. Même si le style
de l’Irlandaise reste celui d’une Occidentale et n’a rien de cette
magie de l’oralité que possèdent les auteurs des terres ocre,
Girl n’en demeure pas moins un beau livre sur la survie, la soli-
darité féminine et l’amour maternel.
Dans une dialectique plus imagée, la Photo de groupe au bord
du fleuve d’Emmanuel Dongala nous raconte la révolte quelque
part en Afrique de « casseuses de cailloux» qui se rebellent
contre la tyrannie masculine et politique de leur région.
L’union et la résistance de ces femmes finiront par payer
et trouver un chemin dans le cœur des dirigeants de cette
contrée. Politique et lucide, même si le happy end sonne un
peu faux, le roman de Dongala est d’une efficacité surprenante.
Quand la politique s’en mêle
Le continent africain, c’est aussi des us et coutumes tellement
bien gommés par les pays colonisateurs que personne ne s’y
retrouve car tous les repères ont disparu. Telle est l’histoire
de Fama, un prince déchu de la côte des Ébènes qui lutte pour
pouvoir survivre et continuer de pratiquer les rites ancestraux.
Écrit en 1976, Les soleils des indépendances est un grand clas-
sique visionnaire qui nous annonçait d’une certaine façon les
atrocités commises depuis au moins quatre décennies sur tout
le continent.
Annonce publicitaire
Le regretté écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma
signait alors un ouvrage sur les espérances d’un
peuple avide de démocratie mais attaché à ses tradi-
tions ancestrales.
Quant à Kintu, c’est probablement le plus inclassable
des romans de cette rentrée : il est à la fois fémi-
niste et politique; il fait aussi entendre la voix des
enfants trimbalés entre les conflits existentiels et
ceux qui minent l’Ouganda depuis la nuit des temps.
Publiée en anglais en 2014 et traduite seulement
maintenant en français, cette saga familiale étalée
sur trois siècles a rencontré un succès énorme en
Ouganda, mais aussi aux États-Unis et en Angleterre
où l’auteure, Jennifer Nansubuga Makumbi, vit
aujourd’hui. Dans ce récit épique, la trentenaire
nous entraîne au cœur d’un clan foudroyé par une
malédiction. De 1750 à nos jours, les descendants
maudits de Kintu affrontent leur destin avec courage
jusqu’au jour où ils décident de se rebeller contre le
mauvais sort. D’une puissance narrative incontes-
table, ce livre s’impose déjà comme un classique de
l’Afrique de l’Est.
• Bibliographie
Petit pays, Gaël Faye, Le Livre de poche • Le
Moabi cinéma, Blick Bassy, Gallimard • Au
petit bonheur la brousse, Nétonon Noël Ndjé-
kéry, Hélice Hélas • L’autre moitié du soleil,
Chimamanda Ngozi Adichie, Folio • Les veil-
leurs de Sangomar, Fatou Diome, Albin Mi-
chel • Girl, Edna O’Brien, Sabine Wespieser
• Photo de groupe au bord du fleuve, Emma-
nuel Dongala, Babel • Les soleils des indépen-
dances, Ahmadou Kourouma, Points • Kintu,
Jennifer Nansubuga Makumbi, Métailié
Héros-Limite : 25 ans de bonheur | lit térature
Héros-Limite :
25 ans de bonheur
Une maison d’édition atypique et talentueuse fête
son quart de siècle. Saluons cette belle histoire!
Par Joëlle Brack Grosmangin
Le nom insolite de cette petite maison d’édition genevoise est tiré Héros-Limite fourmille d’idées pour toucher
d’un recueil du poète roumain Ghérasim Luca (1913-1994) passion- de nouveaux publics, ajoutant à son trésor
né de typographie. Il s’agit d’un clin d’œil d’Alain Berset au moment Guillaume Tell pour les écoles de Max Frisch,
de baptiser son projet. Cet ancien libraire et imprimeur souhaite au Ábel dans la forêt profonde de Tamási ou la
départ faire les livres qui n’existent pas (ou plus) ; il se lance donc en Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix
1994 en autodidacte avec des ouvrages qu’il réalise entièrement (« Je de Giono. Ces vraies réussites éditoriales
voulais juste faire en sorte qu’ils se reconnaissent… ») avant d’étoffer sa sont de superbes petits livres-objets qui font
production – sans en perdre la maîtrise. Lancé par les signatures de oublier certaines déceptions, comme le peu
Valère Novarina, Roger Lewinter et John Cage, Héros-Limite a d’abord d’écho de L’histoire de Comock l’Esquimau
visé la poésie, puis la littérature et les sciences humaines, en rééditant de Flaherty et Carpenter. À propos de cet
des textes disparus ou non traduits. Cette évolution enchante l’éditeur: ouvrage, Berset « pense plus que jamais que
« Maintenant on me met sur la piste de choses à faire! » ce témoignage ignoré devrait faire partie
du patrimoine mondial… mais c’est égal, au
Le catalogue s’est ainsi élargi avec une jolie collection de poche, moins on a fait ce livre et il existe! »
« Feuilles d’herbe ». La pétillante vie de clown de Grock, les nouvelles
cocasses d’Ion Luca Caragiale, les facéties de l’amie éléphante du
naturaliste Gerald Durrell ou la délicieuse farce politique de Leonard
Wibberley côtoient aujourd’hui les écrits du géographe anarchiste
Élisée Reclus!
• Bibliographie
Grock raconté par Grock, Grock, Héros-Limite • L’effroyable suicide de la rue de la Fidélité, Ion Luca Caragiale,
Héros-Limite • Mon amie Rosy, Gerald Durrell, Héros-Limite • La souris qui rugissait, Leonard Wibberley, Hé-
ros-Limite • L’homme des bois, Élisée et Élie Reclus, Héros-Limite • Guillaume Tell pour les écoles, Max Frisch,
Héros-Limite • Ábel dans la forêt profonde, Áron Tamási, Héros-Limite • Lettre aux paysans sur la pauvreté et
la paix, Jean Giono, Héros-Limite • L’histoire de Comock l’Esquimau, Robert Flaherty et Edmund Carpenter,
Héros-Limite
SUR NOTRE LIBRAIRIE EN LIGNE, LA LIVRAISON EST GRATUITE
www.payot.ch
15
nouveautés | lit térature FRANÇAISE
Ceux qui partent,
J. Benameur, Actes Sud
Emilia et son père Donato ont fait le
choix de quitter leur Italie natale afin de
démarrer une nouvelle vie en Amérique.
Entre le moment où le bateau accoste
et la première fois où ils foulent le sol
américain, une multitude de pensées, de
doutes, d’espoirs et de rencontres vont se
produire. Émigrer, oser le grand départ,
tout quitter sans renoncer. Ce livre nous
transperce. C’est une histoire d’exil dévoi-
lée avec talent et subtilité telle une symphonie.
Fanny Roturier, Payot Lausanne
Les petits de Décembre,
K. Adimi, Seuil
Des gamins apprennent que leur terrain
de football va être remplacé par deux
grosses villas pour des colonels et leur
famille. Une révolte s’organise alors pour
lutter contre ce que ces enfants consi-
dèrent comme une appropriation illégale.
Kaouther Adimi dresse le portrait d’une
Algérie des magouilles, de la corruption,
des arrestations arbitraires, mais aussi de la solidarité, du cou-
rage et de l’espoir. Il s’agit d’un roman plaisant et optimiste sur
le pouvoir de l’enfance.
Lætitia Bourquenoud, Payot Lausanne
Jour de courage,
B. Giraud, Flammarion
Dans le but de faire son coming out, Livio,
jeune étudiant, réalise un exposé sur un
autodafé de livres prohibés par le régime
nazi. Magnus Hirschfeld, médecin alle-
mand, fut le premier à étudier la sexualité
humaine, à lutter contre la persécution
des homosexuels et à être victime de cet
autodafé en 1933. Ce roman mêle les
deux histoires du médecin et de l’étudiant, deux destins à un
siècle d’écart. Tout le talent de Brigitte Giraud réside dans sa
manière de parler de l’homophobie sans fard à travers l’his-
toire. C’est percutant.
Fanny Roturier, Payot Lausanne
Où bat le cœur du monde,
P. Hayat, Calmann-Lévy
Darius nous fait voyager dans le monde
de la musique et du jazz. Ayant perdu
aimerLIRE | septembre 2019
l’usage de la parole suite à un trauma-
tisme d’enfance, la clarinette est devenue
son moyen d’expression. Tiraillé entre
son rêve de musicien et la volonté de sa
maman qui le pousse à faire de grandes
études, il doit choisir: vivre sa passion ou
faire honneur aux sacrifices de sa mère. C’est un roman magni-
fique sur la musique, et plus particulièrement sur le dépasse-
ment de soi et l’envie d’aller plus loin.
16
Kathleen Gallay, Payot Genève Rive Gauche
La collectionneuse,
A. Vannouvong,
Mercure de France
Détective privée débutante,
Frédérique se voit confier
une enquête intéressante : elle
est engagée pour retrouver
Victoria, star du monde de
l’art contemporain, qui a dis-
paru de façon extrêmement
mystérieuse. Cette énigme va amener Frédérique de
galerie en galerie, de Paris à Hong Kong en passant
par Bruxelles, Bâle et Miami. Vivant dans la chasteté
depuis longtemps, ce voyage va la confronter à son
propre désir et à sa sexualité qui vont s’imposer dans
sa vie et la révéler à elle-même.
Marc-Emmanuel Crippa, Payot Morges
Les simples, Y. Grannec,
Anne Carrière
La promesse de l’enfer pour
mauvaise conduite ne fait pas
frémir les plus croyants. Avec
une plume pointue, Yannick
Grannec dépeint le quotidien
des bénédictines de l’abbaye
de Notre-Dame du Loup et
leur volonté d’autonomie.
Cependant, l’évêque de Nice souhaite à tout prix faire
vaciller cette organisation, trop autonome à son goût,
à coups de complots pour en récupérer les profits.
En effet, ces « simples » femmes seraient douées pour
la médecine des plantes – une aptitude qui risque de
leur porter préjudice...
Margaud Quartenoud, Payot Fribourg
Une bête au paradis,
C. Coulon, L’Iconoclaste
Blanche, farouche et résolue,
n’a connu que la ferme de
sa grand-mère Émilienne et
les tragédies qui les ont liées
toutes deux à cette terre diffi-
cile. Autour de ces femmes se
nouent les destins de Gabriel,
le frère renfermé sur leur drame d’enfance, de
Louis, garçon de ferme recueilli et dévoué, et du bel
Alexandre qui trouve la force de s’émanciper. De ce
nœud de destins fragilisés par la mort et la violence
familiale ou sociale se dessine petit à petit une bête,
incarnation de la malédiction de ce coin de paradis.
Florent Gaillard, Payot Montreux
nouveautés
Littérature
FRANÇAISE
Opus 77, A. Ragougneau,
Viviane Hamy
Claessens est un grand chef d’or-
chestre, notamment celui de l’OSR. Il a
bien sûr initié ses enfants à la musique
et ses attentes sont immenses :
ils doivent devenir des virtuoses.
Comment grandit-on avec cette exi-
gence et cette pression familiale?
Comment peut-on bien se construire
et ne pas décevoir? Ce roman est une partition d’une grande
intelligence et d’une finesse psychologique passionnante.
Sur le fil, envoûtant et fascinant, il vous emmène crescendo
vers sa dernière note.
Christine Grivel, Payot Genève Cornavin
Les choses humaines,
K. Tuil, Gallimard
À l’apogée de sa carrière, la vie du
célèbre couple Farel bascule du jour
au lendemain lorsque leur fils est
accusé de viol. Très vite, la presse et
l’opinion publique s’emparent de l’af-
faire via les réseaux sociaux. Y a-t-il eu
consentement ou viol? Doit-il y avoir
présomption d’innocence ou condam-
nation? Toute la complexité pour la justice est de pouvoir
rendre un verdict objectif dans ce tourbillon médiatique.
Inspirée par l’affaire Stanford et de nombreux témoignages,
Karine Tuil livre un roman haletant proche de la réalité.
Pascaline Besnier, Payot Genève Rive Gauche
De pierre et d’os,
B. Cournut, Le Tripode
À l’aube, une jeune femme se voit
séparée de sa famille par la fracture
de la banquise qui l’éloigne aussi
brutalement qu’irrémédiablement
d’eux. Son père n’a le temps que de lui
envoyer une peau d’ours polaire, un
harpon et un talisman. Uqsuralik doit
très vite quitter la tiédeur de l’enfance si elle veut survivre.
L’auteure nous offre une immersion romanesque et ethno-
logique dans la culture inuit, ses mythes et traditions. C’est
un voyage au plus près de ce peuple qui nous donne accès
à la beauté de ses chants, de ses veillées au coin du feu et de
son rapport au monde.
Romeo Cini, Payot Neuchâtel
Les échappées, L. Taïeb,
Les Éditions de l’Ogre
Dans une société qui n’a comme
valeurs que le travail, le silence et l’ef-
fondrement de l’individu, que feriez-
vous si, tous les soirs sur une radio
pirate, une voix vous parlait de libertés
que vous n’avez jamais connues, de
joies et de choix que vous ne pouvez
pas atteindre, ni même comprendre?
Vous assistez à un moment d’écoute clandestine et
vous le partagez avec d’autres anonymes de par le
monde : allez-vous réagir, oserez-vous espérer? Voici un
superbe roman sur l’aliénation et le passage à l’acte.
Romeo Cini, Payot Neuchâtel
Les guerres intérieures,
V. Tong Cuong, JC Lattès
Pax Monnier est comédien à
Paris. Son agent lui décroche
une entrevue avec un célèbre
réalisateur américain. Or, tandis
qu’il s’apprête à partir de chez lui
pour aller à son rendez-vous, du
bruit se fait entendre dans son
immeuble d’habitude si paisible.
Pax se persuade que cela ne le regarde pas car inter-
venir lui ferait prendre du retard. Il apprendra dans les
journaux que son voisin s’est fait violemment agresser
à ce moment-là. L’auteure livre un roman très beau et
sensible sur la peur, la culpabilité et la résilience.
Stéphanie Roch, Payot Nyon
Un monde sans rivage,
H. Gaudy, Actes Sud
Tout commence par la photo de
ces deux hommes plantés sur la
glace devant une montgolfière
gisant tel un géant endormi.
Atteindre le pôle Nord en ballon,
c’est l’objectif que s’était fixé l’ex-
pédition suédoise Andrée en 1897.
Est-ce une ambition démesurée
ou un véritable enjeu de carto-
graphes? Mêlant des extraits du
journal de bord à la liberté de la fiction, l’auteure trace,
avec la méticulosité du documentaliste, les contours
vertigineux d’une aventure pleine de rêves déchus dans
un huis clos blanc ouvert aux quatre vents.
Typhaine Marc, Payot Genève Rive Gauche
UnPur, I. Desesquelles,
Belfond
Des jumeaux adorables sont en
vacances avec leur mère à Venise.
Ce rêve tourne bientôt au cauche-
mar: l’horreur fait irruption, fra-
cassant l’enfance et ses repères.
Quel adulte devient-on lorsque
l’innocence a été volée, que le
double familier a fait défaut, par force puis par choix,
et enfin quand le mal devient normal? Avec une infinie
délicatesse mais sans esquiver la cruelle réalité des
enfants abusés, Isabelle Desesquelles confie la parole à
l’un des jumeaux, miroir devenu déformant de ce qu’au-
raient pu – et dû – être la vie et le bonheur.
Joëlle Brack Grosmangin, payot.ch
17
nouveautés | lit térature TRADUITE
Les prisonniers de la liberté,
L. Di Fulvio, Slatkine
Un trio rêve de liberté et d’un destin en
Argentine : Rocco fuit la mafia, Rosetta
s’échappe de son village et du baron qui le
dirige, Raquel la Russe veut un mari pour
se débarrasser de sa belle-mère. Si Buenos
Aires semble la terre de tous les possibles
en ce début de xxe siècle, le sadisme des
hommes mettra sans cesse à l’épreuve nos
héros, éperdus de justice et emplis de bonté. Romanesque et cruel,
le nouveau livre de Di Fulvio signe aussi le retour de la traductrice
Elsa Damien. C’est un double bonheur!
Antoinette de Perrot, Payot Lausanne
Dévorer le ciel, P. Giordano, Seuil
Bern, Tomaso et Nicolas sont jeunes, libres
et beaux ; frères de sang à la vie à la mort, ils
sont élevés en dehors de l’école, mais dans
la religion. Teresa rencontre ce trio, ce qui
change sa vie. Elle est fascinée par Bern – un
être tourmenté, attaché à la nature et à cette
magnifique terre des Pouilles – et vivra son
amour pour lui jusqu’au sacrifice entre sexe,
passion et renoncements. Paolo Giordano
signe un roman d’adieu à la jeunesse et aux illusions qui laissent
croire que l’on peut dévorer le ciel.
Antoinette de Perrot, Payot Lausanne
Les mutations, J. Comensal, Les Escales
La vie de Ramón bascule lorsqu’il apprend
qu’il est atteint d’un cancer. Son seul espoir
de guérison est de se faire amputer de la
langue. Pour cet avocat qui vit de sa parole,
c’est une grande remise en question qui
commence. Infantilisé ou pris en pitié, le rap-
port aux autres devient insupportable. Son
unique confident est un perroquet grossier
qui va l’aider à se décharger de ses frustra-
tions pour aller à l’essentiel. Jorge Comensal
signe un premier roman à l’humour acerbe et parfaitement rythmé.
Aurélie La Rocca, Payot Genève Rive Gauche
Ida Brandt, H. Bang, Libretto
Dans une société danoise du xixe siècle qui
oscille entre progrès et tradition, le maître
du roman impressionniste laisse entrevoir
ses personnages et leurs sentiments tus à
travers des scènes dialoguées de la banalité
quotidienne. Orpheline de père et élevée
aimerLIRE | septembre 2019
par une mère austère, Ida Brandt grandit
dans une tristesse langoureuse alors que sa
candeur la conduit à s’émanciper. Il s’agit
d’un portrait qu’il faudra apprécier avec patience en observant les
nuances estompées et en acceptant les nombreux silences.
Bertille Amortegui, Payot Genève Rive Gauche
18
Ordesa, M. Vilas,
Éditions du sous-sol
C’est dans une langue
à la fois brute et douce
mais aussi d’une poésie
troublante que ce grand
écrivain espagnol va
explorer, à travers la forme
du roman, la mémoire
familiale. On y découvre une famille aimante
d’une classe sociale où les efforts et les sacrifices
n’ont pas toujours porté leurs fruits. La mort des
parents, expérience intime mais universelle, est
la colonne vertébrale de ce texte fort et poignant
qui marquera profondément ses lecteurs.
Christelle Moncalvo, Payot Sion
Mécanique de la
chute, S. Greenland,
Liana Levi
Au sommet de sa réussite,
le milliardaire philan-
thrope Jay Gladstone,
propriétaire d’une équipe
de la N.B.A. et P.-D.G.
du groupe immobilier à
son nom, va tout perdre.
L’incompréhension est totale. Comment en
est-il arrivé là, lui qui était tellement persuadé
de son ouverture d’esprit, de sa tolérance et de
son capital sympathie? Ce roman propose une
radioscopie de l’Amérique de l’ère Obama sur les
questions raciales, sur la probité de la politique
et de la justice. Le personnage de Jay Gladstone
cristallise toutes les questions que se pose l’Amé-
rique d’aujourd’hui.
Daniel Snevajs, Payot Neuchâtel
Te souviendras-tu
de demain?,
Z. Miłoszewski, Fleuve
Ludwik et Grazyna ont
à nouveau 30 ans lors-
qu’ils se réveillent dans
la Pologne de 1963 avec
la sagesse et l’expérience
d’une longue vie. Jusqu’à
hier, ils vivaient en 2013
et approchaient les 80 ans. La Pologne qu’ils
découvrent n’est pas tout à fait la même que
celle qu’ils ont connue puisque leur pays fait
maintenant alliance avec la France. Leur amour
surmontera-t-il l’épreuve de cette étrange
expérience? Voici une dystopie pétillante d’in-
telligence sur le couple et les bégaiements de
l’histoire.
Daniel Snevajs, Payot Neuchâtel
Les Amazones, J. Fergus,
Cherche Midi
Vingt ans après le début de la
formidable saga historique des
Mille femmes blanches, Jim Fergus
boucle sa trilogie « involontaire »
que les grands espaces, les cultures
amérindiennes et le courage de
ses héroïnes l’ont poussé à écrire!
Alors que s’estompe le souvenir
des carnages du xixe siècle, les héritières de ces combats
rejoignent notre temps à travers des aventures poignantes
et des revendications qui montrent que les femmes et les
Apaches luttent toujours pour voir leurs droits reconnus…
Joëlle Brack Grosmangin, payot.ch
Un mariage américain,
T. Jones, Plon
Les prénoms de Roy et Celestial
semblaient leur promettre un futur
radieux embelli par le pouvoir et
la félicité domestique. Hélas, le
coup du sort qui s’abat sur ce jeune
couple afro-américain plein d’ave-
nir ruine immédiatement leurs
projets : accusé de viol, Roy disparaît
en prison pour des années, laissant
Celestial face à une terrible solitude. Pourra-t-elle faire
tenir seule un mariage à peine célébré contre lequel se
liguent l’injustice légale et sociale, la ségrégation et un
ami d’enfance plus réel que l’époux condamné?
Joëlle Brack Grosmangin, payot.ch
Starlight, R. Wagamese, Zoé
Dans ce dernier et ultime roman,
nous retrouvons avec bonheur
Franklin Starlight, héros des Étoiles
s’éteignent à l’aube. Désormais
adulte, cet amoureux de solitude
et de grands espaces va voir son
quotidien voler en éclats lors-
qu’une jeune femme en cavale et
sa petite fille trouvent refuge dans
sa ferme. À travers une écriture d’une simplicité émou-
vante, Richard Wagamese nous plonge dans le récit d’une
reconstruction imprégnée de nature tout en nous mainte-
nant en haleine jusqu’à la fin!
Ludivine Morand, Payot Lausanne
nouveautés
Littérature
TRADUITE
Ce que l’on sème,
R. Porter, Gallimard
C’est un premier roman à l’écriture
flamboyante et pleine d’humour que
Regina Porter nous offre pour cette
rentrée. L’auteure nous plonge dans
les destins croisés de deux familles
– l’une noire, l’autre blanche – tout
en dressant un portrait peu connu
de l’Amérique des années 1950 à
nos jours. S’il nous emporte dès les premières pages dans
une magnifique fresque familiale, ce livre nous surprend
et nous bouscule aussi dans nos habitudes de lecteurs
grâce à une construction déroutante et originale!
Ludivine Morand, Payot Lausanne
La vie en chantier,
P. Fromm, Gallmeister
Comme à son habitude, Pete
Fromm fait mouche avec des thé-
matiques très fortes. La vie de Taz
se retrouve étrangement dans le
même état que la maison qu’il est
en train de retaper avec sa femme.
Chaque coup de marteau est un pas
en avant pour grandir et se sentir
à nouveau vivant. C’est une vie décalée, qui perd tout son
sens, mais qui mérite pourtant qu’on s’y accroche. Les
chantiers ne sont rarement qu’une question d’extérieur.
Margaud Quartenoud, Payot Fribourg
Villa Pirasol,
S. Kreller, Les Presses de la Cité
Gwendoline, octogénaire veuve d’un
papetier, n’a pas la force de chasser
son importune locataire. Elle porte
le poids d’une vie effacée : la perte
de ses parents pendant la Seconde
Guerre mondiale, puis la soumis-
sion à un mari violent qui fit fuir
leur unique enfant. Ses souvenirs
révèlent aussi l’histoire de l’après-
guerre en Allemagne, ce pays confronté à sa violence et
ses crimes. Peut-être est-il temps de laisser la graine de la
révolte permettre enfin à cette femme de changer le cours
de son destin.
Patricia Weber, Payot Vevey
19
nouveautés | lit térature SUISSE
Des enfants dans les
arbres, A. Voisard,
Éditions d’autre part
Voici le récit de la vie d’une
petite famille jurassienne
et de la communauté qui
l’entoure, rythmé par le fil
des saisons et des années
– avant, pendant et après la
Seconde Guerre mondiale.
L’auteur offre un texte bref,
épuré et poétique qui est une véritable ode à la nature, à
sa richesse, à sa subtile beauté et à sa redoutable puis-
sance.
Sébastien De Oliveira, Payot Yverdon-les-Bains
De fiel et de fleurs,
G. Y. Chevalley,
L’Âge d’Homme
1903 à Paris. Installés dans
leur vie bourgeoise, Irène
et son mari mènent une vie
confortable. Toutefois, la
mort rôde et se rapproche
dangereusement. Le passé
peut resurgir à tout moment.
L’auteur nous dresse le
portrait vivifiant et critique
d’une époque au fil d’une
écriture tonique et pleine d’humour. Un bonbon acidulé
à déguster!
Christine Grivel, Payot Genève Cornavin
Hôtel Belvédère,
J. Pilet, L’Aire
En cet été 1914, la nouvelle de
la guerre surprend aussi bien
la clientèle internationale
que les employés de l’hôtel
Belvédère à Glion, au-des-
sus de Montreux. Aidé par le
directeur de l’établissement,
Jules Monod émigre en
Afrique. Jacques Pilet s’ins-
pire de son passé familial
pour retracer une époque particulière où la grande his-
toire influence la petite.
Stéphanie Roch, Payot Nyon
aimerLIRE | septembre 2019
20
Minuit blanc,
M. Marchand,
L’Âge d’Homme
Comment guérir de la fin
d’un amour lorsqu’on se
retrouve seul dans un nouvel
appartement qui devait être le
cocon du renouveau? Suffit-
il de déménager comme le
lézard fait sa mue? Ce court
texte d’une infinie justesse et
à la beauté émouvante est le
second roman d’un jeune auteur dont on peut affirmer
sans détour: « voilà un écrivain! »
Lætitia Bourquenoud, Payot Lausanne
Grand National,
R. Buti, Zoé
Carlo vit une période trouble :
sa femme le quitte, son
employé est passé à tabac et
sa mère fugue de l’EMS. Il la
retrouve au Grand National,
un hôtel sur les hauts de
Montreux, pour un dernier
tête-à-tête. Que connaît-on
de la vie de ses parents? Que
sait-on de leurs émois amou-
reux, de leur passion secrète? Voici un roman sensible
sur nos rapports aux autres.
Aurélie Sonnay, Payot Lausanne
Torrentius, C. Thibert,
Héloïse d’Ormesson
Pays-Bas, xviie siècle.
Johannes van der Beeck, dit
Torrentius, est un peintre de
natures mortes admirées et
de toiles pornographiques.
Noceur et dandy invétéré, il
va à l’encontre de la morale
calviniste de son temps.
L’Église veut le juger pour
en faire un exemple. L’auteur
raconte ici un personnage passionnément romanesque
dans une langue évocatrice.
Christophe Delpau, Payot Genève Rive Gauche
nouveautés
Littérature
SUISSE
Ici tout est encore
possible, G. Molinari,
Delcourt
Dans une usine en dés-
hérence, l’ambiance est à
la morosité. La présence
Découvrez
d’un loup en lisière va
bouleverser la routine des les plus
salariés. Si, comme le dit
Virgile, le loup ne cherche belles feuilles
pas à surprendre la ber-
gère, qu’en serait-il d’une
veilleuse de nuit? Ce livre de l'automne
salvateur agit sur notre inconscient à la manière des
précieuses fables de notre enfance.
Pierre-Yves Amade, Payot Genève Rive Gauche
Absolument
modernes!,
J. Meizoz, Zoé
La modernité en ces
années septante est aux
portes du Haut-Val : la
voiture, le lait en brique,
la hotte d’aspiration, etc.
Le narrateur au nom évo-
cateur, Jérôme Fracasse,
raconte avec humour et
causticité cette période
que traverse son père, un ouvrier persuadé que le
mieux est à venir. Il s’agit d’un texte brillant d’audace
et de tendresse!
Christelle Moncalvo, Payot Sion
TOUTES LES CHRONIQUES
DES LIBRAIRES SUR
www.payot.ch
21
Brûlantes intrigues | Polars
Brûlantes intrigues
Pyromanes, incendies, incendiaires, pompiers… Faisons un bref tour d’horizon de la
question du feu et de ses conséquences dans le roman noir.
Par Christophe Dupuis
Nous aurions dû ouvrir notre article avec la chro-
nique de Fire Lover. A True Story de Joseph Wambaugh.
Malheureusement, ce livre n’est pas traduit en français.
Recommandé par l’auteur Louis Sanders et cité par Val
McDermid dans Scènes de crime, il reprend le parcours
du plus tristement célèbre pompier pyromane, John Orr,
qui a allumé plus de deux mille feux entre 1984 et 1991 en
Californie. Heureusement, il nous reste quelques réfé-
rences en français pour venir éclairer le sujet.
Les pyromanes
Pyromanie de Bruce DeSilva met en scène Mulligan,
journaliste d’un quotidien local, qui va couvrir une série
d’incendies criminels. Ce roman, de facture très clas-
sique, est centré sur une femme cheffe de bataillon chez
aimerLIRE | septembre 2019
les pompiers ; l’auteur explore différentes sortes de cor-
ruption et s’intéresse au métier de journaliste qui évolue
sans cesse.
Changeons radicalement de décor avec Wojciech
Chmielarz qui nous emmène en Pologne, en plein hiver.
Dans Pyromane, l’inspecteur Mortka, de la section cri-
minelle et antiterrorisme, va se retrouver à enquêter sur
plusieurs incendies. L’intérêt de ce roman réside dans la
description sociale des habitants de Varsovie et les rap-
22
Les incendies
« Toutes les couches de la population étaient représentées,
la tragédie n’avait épargné ni classe ni religion, affectant
tous les quartiers, toutes les communautés, répandant
la douleur indéfiniment. » La tragédie, c’est l’incendie du
Arbor Dance Hall en 1929. S’en servant comme point de
départ pour Un feu d’origine inconnue, Daniel Woodrell,
toujours aussi magistral dans ses descriptions, brosse le
portrait des habitants d’une ville sur plusieurs généra-
tions, revenant inlassablement, sous différents aspects, à
cet incendie originel.
La saison des feux, s’ouvre sur une maison qui achève
de brûler et, visiblement, l’incendiaire est toute trouvée.
Toutefois, le cœur du livre n’est pas là. Celeste Ng offre
une étude de mœurs particulièrement fine, étudie les
relations entre différentes classes sociales et travaille
la question de la maternité. Le tout se passe dans l’uni-
vers si particulier de Shaker Heights, quartier utopiste de
Cleveland où l’auteure a grandi, et brille par les relations
inextricables qui se lient entre des personnages totale-
© ognennaja
ment différents.
Quittons l’Ohio et sa communauté feutrée pour la
Californie avec Ryan Gattis. Dans Six jours, l’auteur nous
plonge dans les émeutes qui ont suivi l’acquittement des
policiers coupables d’avoir passé à tabac Rodney King. Le
bilan de ce drame est terrible : « 10'904 arrestations, plus
de 2'383 blessés, 11'113 incendies ». Au milieu de ce chaos,
l’auteur s’attache à différents personnages – essentielle-
ment des membres de gangs – collant au plus près de leur
personnalité.
ports qu’entretiennent flics et pompiers. « Tous deux tra-
vaillaient sous des uniformes somme toute pas si diffé-
rents : mêmes problèmes, mêmes paperasses inutiles et
stupides, et même sentiment du devoir qui empêche de
tout envoyer balader. »
Chez Jérôme Fansten, il est impossible de différencier le
romancier de l’incendiaire. Les chiens du paradis s’ouvre
sur une scène de feu asphyxiante. L’un des protagonistes
est un « ancien maître ès bombes de la police nationale »,
autant dire qu’il s’y connaît en explosions et que le livre est
brûlant. Les chiens du purgatoire – le deuxième roman de
Fansten – met en scène des policiers qui, en sous-main,
mettent le feu à des squats. L’auteur est méticuleux, pré-
cis et pointu dans ses descriptions, même s’il nous confie
ceci : « Au début de mon troisième roman, Manuel de dra-
maturgie à l’usage des assassins, je mets en perspective
mes deux premiers romans en signalant les approxima-
tions et les choix de mises en scène. Par exemple, le back-
draft des Chiens du paradis est impossible en l’état : outre
que le personnage principal serait mort, il aurait fallu
beaucoup plus de temps pour que l’explosion soit pos-
sible. Mais j’ai privilégié l’efficacité de la scène plutôt que DÉCOUVREZ L’AGENDA DE NOS RENCONTRES LITTÉRAIRES SUR
l’exactitude pyrotechnique. C’est donc précis, mais c’est evenements.payot.ch
aussi un leurre… » N’est-ce pas là pour autant la force de la
fiction : nous faire croire que tout est réel?
Les pompiers
Il existe même des auteurs pompiers. On pense natu-
rellement à l’immense Larry Brown. Cependant, il est
beaucoup plus rare de trouver des auteurs pompiers qui
écrivent des polars avec des pompiers. Louis Sanders est
l’un d’eux : il a signé l’excellent La lecture du feu et il a de
nombreuses anecdotes noires à raconter sur les pom-
piers en milieu rural. Nous l’avons interrogé sur son rap-
port au feu et nous le laissons conclure cet article. « Tous
les pompiers ne sont pas pyromanes mais je conseillerais
à tous les pyromanes de devenir pompier pour se rap-
procher au maximum de l’objet de leur fascination. Mais
si le pyromane éprouve une excitation sexuelle devant
le feu, ce n’est pas mon cas. Être pompier m’a permis de
faire l’expérience du caisson, un container métallique
dans lequel on allume un incendie. Les gaz font mon-
ter la chaleur sous le plafond jusqu’à six cent cinquante
degrés, et ils s’enflamment. Je suis pris dans une vague
de flammes comme un surfer dans un rouleau. La fumée
est si épaisse que je ne vois même pas mes gants. Tout
est noir, on n’entend rien. La chaleur m’enveloppe comme
une couverture pesante. Je suis bien. Je me dis que c’est
peut-être un avant-goût de la mort. Si quelqu’un ouvre la
porte, les fumées vont exploser en une boule de feu de la
taille du caisson. Le pyromane éprouve un sentiment de
puissance lorsque des dizaines de pompiers et d’engins
se déplacent à cause de lui, pour lui en quelque sorte. Il est
à l’origine de tout cela, de ce chaos et de toute cette acti-
vité. Est-ce que je ressens un sentiment de puissance de
m’être trouvé au cœur du feu, d’être entré dans des mai-
sons qui brûlent? Peut-être. Je crois que oui. »
• Bibliographie
Scènes de crime, Val McDermid, Les
Arènes • Pyromanie, Bruce DeSil-
va, Actes Sud • Pyromane, Wojciech
Chmielarz, Le Livre de poche • Les
chiens du paradis, Jérôme Fansten,
Anne Carrière • Les chiens du purga-
toire, Jérôme Fansten, Anne Carrière
• Manuel de dramaturgie à l’usage
des assassins, Jérôme Fansten, Pocket
• Un feu d’origine inconnue, Daniel
Woodrell, Autrement • La saison des
feux, Celeste Ng, Pocket • Six jours,
Ryan Gattis, Fayard • La lecture du
feu, Louis Sanders, Rivages
23
NOUVEAUTés | polars | SF
Boule de foudre,
L. Cixin, Actes Sud
Obsédé par le phénomène
des boules de foudre
depuis la mort de ses
parents, Chen a construit
sa vie autour de ce mystère
insoluble. Soutenu par Lin
Yu, une jeune militaire
enjouée et obsédée par les
armes, l’adolescent mène
ses propres recherches
qui vont se retrouver au cœur d’intérêts plus vastes,
entre fantasme scientifique et intérêts militaires.
Ce roman est semblable à ceux de Jules Verne où
science et conscience se confrontent.
Florent Gaillard, Payot Montreux
Du sang sous les aca-
cias, B. Richard, Favre
Bernadette Richard aime
explorer les genres litté-
raires. Après une trentaine
de publications, elle joue
cette fois-ci dans la cour
du polar – à sa manière,
toujours décalée. Yànnis
Cortat, flic gréco-suisse,
la journaliste américaine
Violette MacIntosh, son
chien Platon et Amélie de Saint-Sauveur, une biolo-
giste parisienne, se retrouvent en Tanzanie où des
meurtres d’un genre particulier ensanglantent la
savane.
Vincent Bélet, Payot La Chaux-de-Fonds
Coup de vent,
M. H. Smith, Gallmeister
Voici un polar déjanté
comme on les aime! Si
vous lisez la première
phrase, je vous garantis
que vous enchaînerez avec
la suivante, puis avec tout
le reste! Dans le décor idyl-
lique des Caraïbes, cette
course-poursuite entre
un trader escroc qui s’en est mis plein les poches,
un détective gay malheureux en amour spécialisé
dans les filatures financières et une championne de
aimerLIRE | septembre 2019
Le couteau,
J. Nesbø, Gallimard
Harry a tout sacrifié pour la
femme de sa vie. Quand celle-ci
le quitte, il perd tout et sombre
dans l’alcool. Ses collègues et
amis essayent de l’aider en lui
retrouvant un poste dans les
enquêtes non classées. C’était
sans compter son flair légen-
daire qui l’entraîne sur la piste
d’une vieille connaissance, tueuse en série de son état. Il
se lance alors sur ses traces, au mépris des ordres de sa
supérieure.
Silvana Cotelli, Payot Neuchâtel
La fille dans la tour,
K. Arden, Denoël
La cour de Russie est au bord de
la crise. Pour tenter de préserver
la paix, le prince Dimitri part à
la recherche d’un groupe de bri-
gands qui sème la terreur dans
les villages à travers le royaume.
En chemin, sa troupe croise un
mystérieux chevalier encapu-
chonné. Seul le prêtre reconnaît
l’énigmatique individu – et pour cause, il s’agit de sa jeune
sœur Vassia qu’il n’avait plus revue depuis des années.
Jennifer Roduit, Payot Yverdon-les-Bains
Il était une fois dans l’Est,
Á. Soltész, Agullo
Nous sommes en Slovaquie, à la
fin des années 1990. Comment
rétablir l’ordre quand le sys-
tème judiciaire est corrompu?
Comment protéger une mineure
lorsque la police se range du côté
des violeurs? Comment croire
en la loi quand on ne vous laisse
plus croire en rien, sinon en votre
propre sens de la justice? Ce premier roman noir slovaque
traduit en français est un bijou violent porté par des per-
sonnages puissants.
Stéphanie Berg, Payot Lausanne
Quatre jours de rage,
K. Nelscott, L’Aube
Dans ce sixième opus, on
retrouve un Smokey Dalton
plus défiant que jamais. Après
avoir recherché un refuge
pour lui et son fils adoptif hors
de Chicago, il doit revenir
dans cette ville pour gagner
sa vie. Il reprend alors son
travail d’enquêteur pour la
compagnie Sturdy, propriété
de son amie Laura. Lors d’une inspection, il tombe sur
trois cadavres qui vont l’entraîner dans le passé de son
amie…
Silvana Cotelli, Payot Neuchâtel
Mensonge, JP Delaney,
Mazarine
Claire, une actrice britan-
nique exilée à New York, a
besoin d’argent pour survivre.
Elle accepte de travailler pour
des avocats en piégeant des
hommes mariés, soupçonnés
d’infidélité par leurs épouses.
Le jeu change quand l’épouse
d’un homme volage est assas-
sinée. Claire maîtrise l’art
de la manipulation, mais ne va-t-elle pas être prise au
piège à son tour? JP Delaney signe ici un grand thriller
psychologique.
Aline Dewarrat, Payot Vevey
L’arbre aux fées,
B. M. Radburn, Seuil
Fuyant son mal-être après la
disparition inexpliquée de sa
fille, Taylor accepte un poste
de ranger en Tasmanie. Peu
après son arrivée, une enfant
disparaît. Dans le village de
Glorys Crossing, condamné
à l’engloutissement par un
barrage hydroélectrique, la
liste des suspects s’allonge.
Ce polar dépaysant et un peu étrange se passe dans le
décor fantasmagorique du parc national Ben Lomond.
Patricia Weber, Payot Vevey
L’incivilité des fantômes,
R. Solomon,
Aux forges de Vulcain
(couverture provisoire)
Lanceuse d’alerte sociétale, la
science-fiction s’est souvent
fait le porte-voix des mino-
rités. Elle donne ici la parole
à un peuple opprimé. Digne
héritière d’Octavia Butler, l’au-
teure noire américaine resitue
l’esclavagisme dans un futur lointain et imagine une
révolte sociale féroce au sein d’un navire interstellaire
rassemblant les derniers fragments de l’humanité.
Guillaume Colié, Payot Genève Rive Gauche
Mon territoire, T. Sharpe,
Sonatine
Fille d’un dealer de drogue
à North County, Harley a,
dès l’âge de 8 ans, côtoyé de
près la violence sous toutes
ses formes. Toutefois, c’est la
vengeance qui l’anime actuel-
lement : mettre de l’ordre dans
les affaires de son père atteint
d’un cancer irréversible tout
en vengeant le meurtre de sa mère, morte sous ses
yeux. Ce roman dans lequel l’humanité de l’héroïne
nous marque au fer rouge est âpre et violent.
Pierre-François Clavel, Payot Lausanne

course à la voile cupide ne vous laissera pas indiffé-

rent. À déguster bien frappé!
Pierre-François Clavel, Payot Lausanne

nouveautés TOUS LES LIVRES POUR

TOUS LES LECTEURS
polars | SF www.payot.ch

24 25
Lorsque le mur est tombé… | ESSAIS | HISTOIRE
Lorsque
le mur
est tombé…
Depuis le 9 novembre 1989, les décennies
se succèdent mais ne se ressemblent pas.
Les interprétations de l’événement le plus
important de la fin du xxe siècle, d’abord
enthousiastes, ont viré à l’amer. L’histoire est-
elle condamnée à tourner en rond?
Par Samuel Dixneuf
1989. Y a-t-il eu une année plus riche en événements décisifs que
celle-ci pour le reste de notre histoire contemporaine? La chute
du mur de Berlin, épilogue aussi inattendu que soudain d’un
objet à la splendeur fétide, a marqué durablement les esprits en
raison de sa haute teneur symbolique. Mais pour quel résultat?
Avant de contempler et d’interpréter l’apocalypse, il convient
d’en relire la genèse. L’historien anglais Frederick Taylor
remonte le temps avant 1989 pour comprendre la gestation du
mur et sa signification. Son ouvrage, sobrement intitulé Le mur
de Berlin, est d’une clarté didactique et d’une vivacité narrative
propres à éveiller l’intérêt du plus rétif des étudiants. Taylor se
permet de lier avec pudeur dans sa préface l’histoire du mur
avec la sienne : l’érection de cette balafre coïncide tragiquement
avec une intime blessure – le décès de son père. Cet exemple
nous montre comment appréhender au plus juste cette césure
« séparant les êtres humains des êtres humains, les amis des
amis, les parents des enfants, les frères et sœurs des frères et
© FrankvandenBergh
sœurs ». Il faut raconter, comme le font Marion Van Renterghem
et Alexandre Lévy, des histoires vraies, tissées dans l’épaisseur
des vies humaines, seules capables de restituer le tumulte de
l’histoire.
aimerLIRE | septembre 2019
26
La nostalgie, camarade
Marion Van Renterghem, grand reporter longtemps pas-
sée par Le Monde et spécialiste des questions européennes,
s’interroge dans son dernier essai, Mon Europe, je t’aime
moi non plus (1989-2019) : qu’avons-nous fait de nos 30 ans?
Le questionnement est un brin nostalgique, comme un écho
négatif de l’ostalgie, cette nostalgie bien particulière envers
la RDA ; s’il évoque en général l’âge rêvé des possibles, le
vertige de la liberté, il raisonne ici de manière différente. La
journaliste, tout en convoquant Gainsbourg et l’amour-pas-
sion qui se consume par son ardeur, prend vite un ton plus
sombre lorsqu’elle cite Françoise Giroud. « Ainsi commence
le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte […]
et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard
pour l’expulser. »
Pourtant, l’année 1989 reste attrayante à bien des égards.
« On allait vers le nouveau. Tout se dérangeait. C’était exci-
tant, c’était beau. » Hélas, le happy end historique – théorisé
par le chercheur en sciences politiques Francis Fukuyama
– se craquèle rapidement : « d’autres déchirures, nouvelles,
profondes » affleurent. On assiste d’abord à des crispations
souverainistes incarnées par le revirement de Viktor Orbán,
héros déchu dessinant une étrange boucle temporelle qui
relie « l’autocratie communiste à l’autocratie nationaliste »
dans le deuxième chapitre du livre. Il y a ensuite le rejet
d’une Europe jugée élitiste « qui culminera dans […] le “non”
[...] au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel
européen ».
Dans cette déambulation européenne très personnelle, on
croise des responsables politiques mais aussi un marchand
dublinois, presque ruiné mais stoïque, un chiffonnier athé-
nien d’origine turque plein de panache, « enfant de la crise
financière », un ultra-conservateur ami de Steve Bannon…
Ces différentes rencontres sont autant de manières d’éclai-
rer la sidération qui s’empare de l’auteure. Cette dernière
redoute le retour d’une peste brune, voire noire, tout en
évitant soigneusement de plonger franchement dans les
contradictions du modèle européen libéral, ce que l’on peut
regretter.
La frontière intérieure
Si le monde d’avant 1989 était coupé en deux blocs relative-
ment stables, celui d’après devient plus complexe. « Les fis-
sures apparaissent de toutes parts », même au sein des pays.
« Il y a les bienheureux du monde global et ceux qui n’ont pas
pu suivre […] les mondialisés des capitales contre les enraci-
nés de la périphérie. » L’insécurité culturelle provoquée par
la crise migratoire de 2015 vient compléter un tableau deve-
nu bien sombre, une sorte de balkanisation intime.
C’est justement vers ce territoire morcelé, une zone d’une
radicale étrangeté, que nous emporte Alexandre Lévy,
ancien correspondant permanent à Sofia pour Le Temps et
aujourd’hui rédacteur en chef adjoint du magazine Books.
Son livre, Carnets de la Strandja, explore « la région la plus
sauvage, la moins peuplée et la plus méconnue du pays », un
parc naturel situé aux confins de la Bulgarie, juste avant la
frontière turque. C’est là que se situait auparavant le klion,
une frontière infranchissable pour les Bulgares
qui voulaient fuir le régime communiste. En
2013, face à l’afflux de migrants, est érigée une
autre frontière en négatif de la première. Ironie
de l’histoire : si auparavant on redoutait que les
gens fuient le pays, on les empêche aujourd’hui
d’y entrer. « La Strandja agit comme un révéla-
teur » explique Alexandre Lévy. Pour l’auteur, qui a
passé une partie de son enfance et de son adoles-
cence en Bulgarie, c’est l’occasion d’explorer les
replis intimes de son histoire tout en parlant de la
grande. Il parcourt la région au volant d’une vieille
Subaru, revoit de vieux amis, des connaissances,
des ennemis parfois, et lève souvent le coude alors
que défilent les paysages et la bande-son de son
adolescence. Au gré de ses rencontres, parfois
sérieuses et parfois légères, le destin de l’Europe
s’esquisse en effet : lacunaire, incertain, tortueux,
comme la mémoire.
Le spectre du populisme
Pour les vingt ans de la chute du mur, Frederick
Taylor rédigea une introduction pour son ouvrage
publié quatre ans auparavant. Il écrit notamment :
« le caractère bancal de la réunification allemande
[…] est à l’image de la situation actuelle. […] Nous
avons compris que le dégel risquait de faire resur-
gir des phénomènes rébarbatifs » – qui s’incarnent
dans l’islamisme radical et le néofascisme. Une
autre préface sera publiée dans quelques mois,
pour les trente ans de l’événement. Nous avons pu
nous la procurer. Comme attendu, le pessimisme
monte d’un cran, même si Taylor réaffirme la sta-
bilité allemande et se livre à un panégyrique de
Berlin, cité libre par excellence. « 30 ans après la
chute du mur de Berlin, alors que l’Europe et le
monde semblaient s’ouvrir à tous les possibles,
des barrières s’érigent de nouveau. » Ces barrières
sont aussi dans les têtes, comme en témoignent
le Brexit et la montée des populismes. C’est à ce
sujet, qui résonne comme un avertissement pour
le reste du continent (en particulier en Europe
centrale et orientale), que le livre de Roman
Krakovsky, historien enseignant à Genève, s’atta-
quera. Il paraîtra à la rentrée.
Bibliographie 
Le mur de Berlin, Frederick Taylor, Per-
rin • Mon Europe, je t’aime moi non plus
1989-2019, Marion Van Renterghem, Stock
• Carnets de la Strandja. 1989 – 2019 d’un
mur l’autre, Alexandre Lévy, Buchet/
Chastel • Le populisme en Europe centrale
et orientale, Roman Krakovsky, Fayard
27
NOUVEAUTés | ESSAIS | HISTOIRE
La Nature et le roi.
Environnement, pouvoir et
société à l’âge de Charlemagne
(740-820), J.-P. Devroey,
Albin Michel
Le lieu : le royaume des Francs.
L’époque : entre 740 et 820. L’auteur:
Jean-Pierre Devroey, historien et uni-
versitaire belge, spécialiste du haut
Moyen Âge. Voici une étude passionnante des écosys-
tèmes, de l’économie politique et de l’histoire sociale pen-
dant les règnes de Charlemagne, Pépin le Bref et Louis le
Pieux. Sous une plume vivante et affûtée, l’auteur livre une
histoire de famines, de maladies et de croyances. Il s’agit
d’une histoire humaine sur une période volontairement
délimitée et courte.
Xavier Huberson, Payot Genève Rive Gauche
Des hommes justes. Du patriar-
cat aux nouvelles masculinités,
I. Jablonka, Seuil
Qu’est-ce qu’un homme juste, égali-
taire, féministe? En partant de l’histoire
des fondements du patriarcat, l’histo-
rien nous met au défi de définir de nou-
velles masculinités afin de perturber ce
système patriarcal ancestral. Il vante les mérites des mas-
culinités plurielles qui ne reposent plus sur une masculini-
té unique, virile et dominatrice – aujourd’hui malheureu-
sement toujours en vigueur. Pour cela, l’éducation a une
grande part à jouer pour qu’à l’avenir puissent s’épanouir,
côte à côte, des hommes justes et des femmes libres.
François Houriet, Payot Neuchâtel
Le temps des magiciens. 1919-
1929, l’invention de la pensée
moderne, W. Eilenberger, Albin
Michel
L’ouvrage de Wolfram Eilenberger
nous emmène dans la Mitteleuropa
de l’entre-deux-guerres, cet espace à
la fois mythifié et source d’une pro-
digieuse activité intellectuelle et artistique. En effet, les
ouvrages majeurs de Wittgenstein, Heidegger, Cassirer et
Benjamin sont publiés entre 1919 et 1929 ; ils sont à l’ori-
gine de toutes les écoles de pensée qui façonnent encore la
philosophie aujourd’hui. Entre biographie et analyse phi-
losophique, l’auteur retrace les chemins de pensée de ces
quatre philosophes.
Frédéric Greffet, Payot Lausanne
aimerLIRE | septembre 2019
Notre pain est politique. Les blés
paysans face à l’industrie bou-
langère, Groupe Blé de l’Arde,
La dernière lettre
Le titre et le sous-titre résument à eux
seuls tout le contenu de ce livre. Riche
de belles illustrations, l’ouvrage a été
écrit par un groupe de paysans boulangers qui dresse
28
le portrait du pain aujourd’hui, depuis les champs de blé
jusqu’au fournil. Cet ouvrage pédagogique et engagé
donne de l’espoir face à l’impasse du productivisme
agricole.
Frédéric Greffet, Payot Lausanne
Braves bêtes. Animalité et
handicap, une cause commune,
S. Taylor, Les Éditions du Portrait
Dans cet essai percutant, Sunaura
Taylor bouscule les catégories et ren-
verse nos définitions de la normalité.
Elle démonte les oppressions dont sont
victimes tant les animaux que les per-
sonnes handicapées. Elle-même atteinte d’arthrogrypose,
elle nous pousse à repenser ce qui détermine la valeur
d’une vie en détruisant au passage le validisme de Peter
Singer. C’est un texte qui parle de différence et d’altérité
comme d’une richesse inhérente à la vie et qui propose des
chemins communs d’émancipation.
David Haldimann, Payot Lausanne
Homo biologicus. La libérté est
dans nos gènes, P.-V. Piazza,
Albin Michel
À travers son ouvrage Homo biologicus,
Pier Vincenzo Piazza démontre que
la biologie est changeante et volatile,
contredisant ainsi une définition déter-
ministe communément admise. Ce
constat lui permet de réfuter l’idée d’un humano-centrisme
dualiste, accepté jusqu’alors par la majorité des sciences
humaines et des religions, et de prouver que nos expé-
riences de vies modifient biologiquement notre être en
influençant les caractéristiques habituellement attribuées
à l’esprit.
Marie Ramuz, Payot Lausanne
Promenades au pays de l’écri-
ture, A. Petrucci, Zones Sensibles
Une des dimensions fondamentales
de l’histoire de l’humanité est celle de
ses expressions écrites. À travers elles,
les sociétés humaines documentent
et justifient leurs interprétations du
passé ; elles nourrissent leurs idéolo-
gies et leurs orientations futures. Ainsi,
l’évolution des systèmes graphiques s’avère être les symp-
tômes et les conséquences de changements plus profonds
– à la fois sociaux, politiques, économiques et culturels. Cet
ouvrage propose une promenade passionnante et érudite
dans les mondes de l’écrit.
Marcel Weber, Payot Lausanne
nouveautés
essais | histoire
Histoire du scepticisme. De la
fin du Moyen Âge à l’aube du xixe
siècle, R. Popkin, Agone
Publié pour la première fois intégra-
lement en français, l’ouvrage du phi-
losophe et historien des idées Richard
Popkin retrace minutieusement l’his-
toire du scepticisme moderne. Depuis
la crise intellectuelle que provoque
la Réforme jusqu’aux Lumières en
passant par Montaigne, Descartes ou Spinoza, ce courant
philosophique est le terreau des idées les plus révolution-
naires comme du conservatisme le plus étroit. Il s’affirme
de première importance dans la formation de la pensée
moderne.
Marcel Weber, Payot Lausanne
Peuple, pouvoir & profits,
J. E. Stiglitz, Les liens qui libèrent
On ne présente plus Joseph E. Stiglitz,
brillant économiste, lauréat du prix
Nobel en 2001. Dans son dernier essai,
le plus connu des représentants de la
nouvelle économie keynésienne dresse
un portrait au vitriol du néolibéralisme
et de ses dérives. Les grandes entre-
prises, les pouvoirs politiques qu’elles achètent ainsi que
les populistes profitant de la crise passent également sous
l’analyse du nobélisé. Ce texte, moins théorique et plus
engagé, donne quelques pistes pour améliorer la situation.
Julien Foëx, Payot Genève Cornavin
La suite de l’histoire. Actrices,
créatrices, G. Fraisse, Seuil
Philosophe et historienne féministe,
Geneviève Fraisse met ici en lumière
les moyens adoptés par des femmes
artistes pour réaliser leurs œuvres et
chambouler les codes – autrement
dit se libérer et se mettre à égalité
avec l’autre sexe. Depuis longtemps déjà, Colette, Zelda
Fitzgerald, Louise Bourgeois, Isadora Duncan, Siri
Hustvedt ainsi que beaucoup d’autres écrivaines, dan-
seuses, musiciennes, comédiennes ou cinéastes ont agi
dans cette lutte que les actrices ont fait redémarrer récem-
ment avec le mouvement #MeToo.
Cristina Buemi, Payot Sion
L’utopie déchue. Une contre-his-
toire d’Internet (xve-xxie siècle),
F. Tréguer, Fayard
À travers une histoire des luttes poli-
tiques et des moyens de communi-
cation, Félix Tréguer cherche à com-
prendre pourquoi un projet qui avait au
départ pour objectif l’émancipation s’est
transformé en un outil de propagande
et de surveillance sous l’égide de l’État. Du xve siècle à nos
jours, l’auteur fait un état des lieux de l’appropriation de
la technologie qui a conduit à des stratégies d’alliances
entre gouvernements et seigneurs du capitalisme pour le
contrôle social.
Carine Ardouin, Payot Genève Rive Gauche
Rousseau et Genève. Du Premier
Discours au Contrat social, 1749-
1762, H. Rosenblatt, Markus Haller
L’ouvrage d’Helena Rosenblatt offre une
introduction à la pensée de Rousseau
pour tous ceux qui souhaiteraient
comprendre sa participation active à la
vie politique genevoise. Partant du pos-
tulat que les historiens ont largement
ignoré ou simplifié le lien entre les écrits du philosophe et
les événements sociaux et politiques de sa ville natale, l’au-
teure ambitionne d’éclairer le sens historique des textes
politiques rédigés par Rousseau en les replaçant dans le
contexte historique genevois de l’époque des Lumières.
Carine Ardouin, Payot Genève Rive Gauche
À la recherche des Phéniciens,
J. Crawley Quinn, La Découverte
Mystérieux peuple de navigateurs
et commerçants établis dès -1200
dans la région de l’actuel Liban, puis
colons du pourtour méditerranéen,
les Phéniciens restent pourtant une
sorte d’énigme historique. Cet essai
passionnant déconstruit la légende
d’une civilisation qui n’avait certainement pas conscience
d’elle-même, créée par les historiens antiques. Il redonne
vie aux différentes cités-États levantines de Byblos, Sidon,
Tyr ou Gaza d’où émergea une culture sophistiquée mais
qui semble échapper à notre conception de l’histoire du
monde.
Alexandre Guex, Payot Nyon
La première croisade.
L’appel de l’Orient,
P. Frankopan,
Les Belles Lettres
Après le succès des Routes de la soie,
La première croisade est enfin traduit
en français. Directeur du Centre de
recherches sur Byzance à Oxford,
Peter Frankopan nous offre la troisième voie, parfaitement
convaincante et cohérente, sur cette première croisade :
entre chrétienté et Islam, nous découvrons l’histoire
du point de vue de Byzance. Point de passage obligé et
acteur majeur de la région, Constantinople devient source
d’études et d’interprétations pour Peter Frankopan. Une
nouvelle fois, notre histoire est remise en question!
Xavier Huberson, Payot Genève Rive Gauche
29
Quand la bande dessinée se fait muette | Bande dessinée
Quand la bande dessinée
se fait muette
Une bande dessinée muette n’a que son titre pour accrocher le lecteur. Elle propose
une expérience de lecture inédite et souvent forte qui requiert une participation
active.
Certaines bandes dessinées n’ont pas de dialogues
dans des phylactères, ni de descriptions ou d’expli-
cations dans des cartouches ; elles présentent tout au
plus des aides à la compréhension sous forme de pan-
neaux indicateurs, d’affiches ou d’articles de journaux.
Tout se concentre alors dans la mise en page : la suite
des images et les différents plans qui rappellent les
techniques utilisées par le cinéma. La bande dessinée
muette fait parfois figure d’ovni, à l’opposé de certaines
séries classiques où dialogues et texte occupent une
grande place.
Relativité du temps
La couverture noire, d’un format carré peu courant,
est déjà une énigme. Y figurent ce titre étrange 3’’ et le
portrait coupé du visage d’un homme apeuré dans un
cadre. Si l’on observe plus attentivement, on distingue
aimerLIRE | septembre 2019
30
© Sabre, Éric Feres, Dargaud
Par Katia Furter
un reflet dans sa pupille, soit l’amorce d’une séquence.
On apprend que l’histoire se déroule sur trois secondes
– le temps pour une balle d’atteindre sa cible. Un
homme mêlé à un scandale financier dans le monde du
sport va être assassiné.
• Bibliographie
3’’, Marc-Antoine Mathieu, Delcourt • Là où vont
nos pères, Shaun Tan, Dargaud • Gon, Masashi
Tanaka, Pika édition • Un océan d’amour, Wil-
frid Lupano et Grégory Panaccione, Delcourt •
Tremen, Pim Bos, Dargaud • Arzach, Moebius,
Les Humanoïdes associés • Saccage, Frederik
Peeters, Atrabile • Sabre, Éric Feres, Dargaud
On entre dans la bande dessinée, attiré par le traitement en
noir et blanc. Les planches sont composées de neuf cases
carrées, théâtres de zooms qui se suivent de reflet en reflet.
Les indices défilent par arrêts sur image, comme au cinéma.
Quant à l’histoire, il faudra tout reprendre en boucle pour
peut-être la saisir entièrement tant le voyage, les distances
et les implications sont rapides. L’album se referme sur un
miroir en face d’un miroir. Que se passe-t-il lorsque deux
miroirs se regardent? Rien. Il n’y a plus même de voyeur, juste
des reflets. Le voyeurisme absolu. Vertigineux.
Au nom des miens
Quand Shaun Tan se lance dans Là où vont nos pères, il a
une solide expérience d’auteur-illustrateur pour la jeunesse.
Il s’adresse ici à un public plus âgé en conservant la forme
de l’album illustré. L’histoire organisée en chapitres – une
caractéristique courante dans la bande dessinée muette – se
compose de planches de vignettes carrées. Parfois cepen-
dant, un seul dessin, de couleur sépia, rappelant les vieux
albums photo, envahit la page. Tout à coup, des éléments
étranges flottent comme en apesanteur. On pense à des
décors de cinéma muet. Qu’on ne s’y trompe pas pourtant,
l’histoire est simple, tristement universelle. Se penchant sur
ses origines, Shaun Tan rend hommage à ceux – immigrés,
réfugiés, exilés – qui, un jour, quittent tout et se retrouvent
dans un espace qui leur est totalement inconnu, indéchif-
frable. L’histoire de ce père de famille qui débarque avec sa
valise dans une mégalopole surréaliste et peuplée de créa-
tures étranges dont il ne maîtrise aucun code pourrait n’être
qu’angoissante. L’auteur préfère montrer la solidarité – celle
d’êtres qui, comme le héros, ont vécu l’exil. Ces derniers
vont l’aider, lui enseigner les codes, se raconter, partager un
repas et des rires. L’homme trouvera du travail et sa famille le
rejoindra. Sa fille s’intégrera rapidement et l’histoire se répé-
tera. Cet ouvrage merveilleux a reçu de nombreux prix.
Histoire de bête
Le récit s’ouvre sur une rivière tumultueuse que remontent
des saumons. Bien planté sur ses pattes, un ours attend : la
chasse peut enfin commencer! Le lecteur y participe, saisi
par les remous glacés, les grondements, les coups de griffes
et de crocs ainsi que l’odeur de chair des poissons. La fête est
interrompue par l’irruption de Gon le dinosaure venu récla-
mer sa part de festin. Une bagarre terrible s’ensuit ; elle prend
fin lorsque les deux animaux épuisés s’endorment – l’ours les
pattes en croix et le dinosaure lové dans la fourrure épaisse
du plantigrade. Gon est un bébé pourvu d’une force immense.
Seul au monde, le petit dinosaure a tout à
apprendre et le fera au gré de rencontres avec
toutes sortes d’animaux. Le dessin est époustou-
flant. Parfois violent dans les scènes de chasse,
il est contrebalancé par l’humour et la tendresse
de l’auteur pour son héros. Ce manga a connu le
succès auprès d’un large public.
Palette aquatique
Partons maintenant en mer dans Un océan
d’amour pour des aventures rocambolesques
en compagnie d’un vieux pêcheur, de sa femme
en costume breton, d’une mouette, et de bien
d’autres personnages tous plus surprenants les
uns que les autres. Sur un mode léger et drôle,
le scénariste – reconnu, c’est un comble, pour la
qualité de ses dialogues – aborde des probléma-
tiques sérieuses liées à la mer, l’amour qui dure
et les traditions bigoudènes. Le dessinateur, un
habitué de la bande dessinée muette, alterne un
découpage rythmé et efficace avec des pleines
pages magnifiques réalisées à la palette gra-
phique. Il donne vie à des personnages bien cro-
qués et drôles. L’album a été très remarqué à sa
sortie.
Et quelques titres encore
Pour les amateurs d’étrange et de science-fic-
tion, Tremen rappelle Arzach de Moebius qui
a révolutionné l’histoire de la bande dessinée
muette et auquel l’auteur rend hommage. Dans
un monde post-apocalyptique rendu par un
dessin gris et étonnant, un voyageur solitaire
et sa monture errent dans la désolation d’une
ville peuplée d’êtres bizarres. Tout aussi cau-
chemardesque, Saccage du Genevois Frederik
Peeters nous conduit dans un monde dévas-
té en une succession de tableaux colorés en
pleine page qui sont autant de références pictu-
rales. Sabre fait un saut dans le passé en met-
tant à l’honneur un petit tigre à dents de sabre
né il y a 15'000 ans. Au fil des saisons, dans une
nature étonnamment rendue par un dessin d’une
grande beauté, il va de découverte en découverte,
d’apprentissage en apprentissage.
31
NOUVEAUTés | Bande dessinée
Il était 2 fois Arthur,
G. Carlé, N. Antico, Dupuis
Avril 1916. Alors que l’Europe s’en-
fonce dans la guerre, la ville de
Barcelone est le théâtre d’une ren-
contre mythique entre deux géants
de ce siècle : Arthur Cravan – ancien
boxeur et poète suisse, dandy provo-
cateur et précurseur des dadaïstes
et surréalistes – affronte Jack Arthur
Johnson, premier Noir américain champion du monde dans la
catégorie poids lourds. Nine Antico propose ici un récit miroir
en noir et blanc.
Diego Queyrichon, Payot Genève Cornavin
Clyde Fans, Seth, Delcourt
Voici une saga familiale où l’on suit
les frères Matchcard à Toronto entre
les années 1950 et 1970, au moment
où l’entreprise familiale fait faillite.
Abandonnés par leur père alors qu’ils
n’étaient que des enfants et sur le
point de perdre leur maman malade,
Abe et Simon doivent se battre pour
sauver leur entreprise de ventilateurs
électriques face à la montée de l’air conditionné. C’est le grand
retour de Seth et de sa merveilleuse ligne claire.
Nathalie Bétrix, Payot Lausanne
Les Indes fourbes, A. Ayroles,
J. Guarnido, Delcourt
Connaissant coup par coup la
déchéance puis la renommée, la pau-
vreté puis la fortune, don Pablos de
Ségovie raconte ses péripéties. Ses
pas le mèneront des pics de la cordil-
lère des Andes jusqu’aux méandres
de l’Amazone pour finalement arri-
ver dans ce lieu où tout est possible
et que l’on nomme Eldorado. L’histoire prend vie grâce à la
plume d’Ayroles et au dessin de Guarnido et c’est magistral!
Stéphanie Picard, Payot Lausanne
Mondo reverso. Tome 2,
A. Le Gouëfflec, D. Bertail,
Fluide Glacial
C’est avec grand plaisir que l’on se
plonge dans ce deuxième opus de
Mondo reverso, ce western qui joue
avec les genres : ici les femmes sont
aimerLIRE | septembre 2019
shérifs, desperadettes et cheffes
indiennes tandis que les hommes
sont cantonnés aux rôles et stéréo-
types féminins de l’époque. Le dessin en bichromie et les
personnages hauts en couleur nous plongent tête la première
dans le monde rude et sans pitié du Far West.
Anna Morier-Genoud, Payot Lausanne
32
Nouveau contact,
B. Duhamel, Bamboo
Nouveau contact est un récit
sur les dangers du monde
moderne et des réseaux
sociaux. Alors qu’il ne désire
plus partager ses images,
Doug, un ancien photo-
graphe retiré dans le village
paradisiaque de Castle Loch,
va dévoiler le cliché d’une étrange créature sur le
réseau Twister. Ce geste anodin finira par boulever-
ser le village : journalistes, écologistes ou simples flâ-
neurs vont envahir les lieux pour tenter d’apercevoir
cette créature.
Benjamin Giangrande, Payot Lausanne
Phénix. L’oiseau de feu.
Intégrale. Volume 1,
O. Tezuka,
Delcourt/Tonkam
On ne présente plus Tezuka,
le dieu du manga, auteur
majeur dont le travail a mar-
qué plusieurs générations
de lecteurs. Phénix, son
œuvre phare, est pourtant
injustement méconnue. Il
s’agit d’une véritable saga fleuve mélangeant histoire
de l’humanité et fable cosmique ; c’est aussi la série
qui a servi de fil rouge à sa production artistique –
une synthèse foisonnante et passionnante. Un réel
chef-d’œuvre, encore.
Guillaume Colié, Payot Genève Rive Gauche
Macbeth, roi d’Écosse.
Tome 1 : Le livre des sor-
cières, T. Day, G. Sorel,
Glénat
Entre mythes écossais et
légendes shakespeariennes,
cette somptueuse adaptation
de Thomas Day revisite la
destinée de Macbeth depuis
sa rencontre avec les trois
sorcières jusqu’à son accession au trône. Le magni-
fique dessin de Guillaume Sorel ajoute une touche
sombre et sensuelle à ce récit oscillant entre fantas-
magorie, complot et trahison. Et si Lady Macbeth ne
nous avait pas tout dit? La fin de l’histoire sera pour le
tome 2!
Jennifer Roduit, Payot Yverdon-les-Bains
nouveautés
Bande dessinée
Formica. Une tra-
gédie en trois actes,
Fabcaro,
6 pieds sous terre
À lire sur un « mélaminé
thermorésistant recou-
vrant généralement du
mobilier de cuisine » ou
dans votre fauteuil préfé-
ré, cette bande dessinée
épatante et époustouflante vous donnera des fous
rires. Fidèle à lui-même, le dessinateur et scéna-
riste Fabcaro reste fidèle à lui-même (ai-je écrit
une absurdité? Non, je rends hommage au style
CHRISTOPHE ARLESTON ET BAMBOO LANCENT
de l’ouvrage), hilarant dans le ton et les situations.
Énergisant! LA NOUVELLE MAISON D’ÉDITION
Germain Junod, Payot Vevey DÉDIÉE AUX MONDES IMAGINAIRES !
Le vagabond des
étoiles. Tome 1,
Sorties 2019
Riff Reb’s, Soleil
Après l’adaptation du
Loup des mers de Jack DANTHRAKON
London, Riff Reb’s s’at- Scénario : Christophe Arleston
taque au Vagabond des Dessin : Olivier Boiscommun
étoiles, l’histoire d’un Couleur : Claude Guth
Visuel provisoire © Drakoo 2019
condamné à mort qui Un apprenti marmiton se retrouve
attend l’heure de son confronté à un terrible grimoire
exécution. Pour fuir les magique, le Danthrakon, qui
tortures qu’il subit, il s’évade par la pensée en s’empare de son corps.
revivant ses vies antérieures. Entre réalisme et Sortie en septembre
fantastique, ce roman graphique s’impose à la fois
comme un procès contre l’univers carcéral et un
hommage à l’imaginaire.
Sophie Moor, Payot Morges LA PIERRE DU CHAOS
Scénario : Gabriel Katz
Le royaume de Dessin : Stéphane Créty
Couleur : Leonardo Paciarotti
Blanche-Fleur. Tome
Visuel provisoire © Drakoo 2019
1, B. Feroumont, L’Empire vient de restaurer le
Dupuis service militaire pour tous. Deux
jeunes privilégiés jusqu’alors
Il était une fois une
protégés se retrouvent envoyés
contrée où les oiseaux aux frontières où ils réveillent par
parlent et où les histoires accident un ancien artefact.
de complots finissent Sortie en octobre
bien en général! Dans
ce spin-off du Royaume,
qui peut se lire indépendamment de la série, on
découvre les origines d’Anne qui souhaite faire DRAGON & POISONS
rénover sa taverne. Cependant, l’abjecte reine va Scénario : Isabelle Bauthian
chercher à lui mettre des bâtons dans les roues. Dessin : Rebecca Morse
Couleur : Aurélie F. Kaori
Visuel provisoire © Drakoo 2019
C’est drôle, décalé, politiquement incorrect et
rehaussé de dessins dynamiques et généreux! À Pamoison, tout est empoisonné !
Valentina Ferrandes, Payot Nyon Deux amis se lancent à l’assaut
d’un puits aux souhaits, gardé par
un dragon, et hélas pour eux, ils
triomphent…
Sortie en octobre
www.drakoo.fr 33
Éloge de l’imperfection | Bien-être
Vous ne vivrez jamais de vacances parfaites, mais des
vacances stimulantes, intenses et réconfortantes. À par-
tir du moment où vous aurez accepté le fait que la vie est
imparfaite, vous pourrez commencer à apprécier toutes
ces imperfections. » Chassons donc la tristesse et l’an-
xiété générées par la recherche insensée du bonheur.
Dans Foutez-vous la paix! Et commencez à vivre, le phi-
losophe Fabrice Midal s’éloigne des conceptions les plus
courantes de la méditation pour parler à l’enfant qui est
en nous. Il nous invite à oublier les injonctions de la vie
moderne – comme être parfait, rester calme en toutes
circonstances, bannir les échecs ou chercher à tout com-

© Team imparfaite. La charge mentale c’est non!, Petra Kolber, Leduc.s

Faisons place à la sobriété, vivons en harmonie avec
la nature et enrichissons nos relations pour accueillir
le plaisir. Quittons le monde toxique du travail, déles-
tons-nous du superflu et écoutons-nous. Être en phase
avec ses valeurs nous libère et nous rend disponible au
vrai et au beau.
De son côté, Beth Kempton nous invite dans Wabi sabi. Le
bonheur est dans l’imperfection à honorer les rythmes de
la nature, à simplifier et embellir notre intérieur, à être à
l’écoute de la nature, à voir la beauté dans l’imperfection
et à tirer les enseignements de nos erreurs sans stresser.
Selon l’auteure, « le plus grand changement, le plus grand
enseignement du wabi sabi réside dans le changement
de perspective. Regarder le monde par la lentille du wabi
sabi en fait un lieu plus beau, plus délicat, plus clément
et plein de possibilités et de plaisirs. » L’auteure livre des
prendre. Méditer, c’est entrer en rapport au présent tel
qu’il est, sans jugement, pour « observer, dans une bien-
veillante neutralité, ce qui nous arrive, nous touche, nous
parle. Il ne s’agit pas de se négliger, mais d’accepter la
complexité et la nuance du monde. » Se foutre la paix, c’est
donc « sortir des schémas, accepter de ne pas savoir, de
ne pas contrôler. » Chaque chapitre présente des applica-
tions concrètes de cette pratique dans tous les aspects du
quotidien.
L’homme moderne doit donc apprendre à se déprogram-
mer pour retrouver la voie de la sérénité. Les superhé-
ros n’existent pas : nous sommes fragiles, nous faisons
des erreurs, nous n’avons pas à avoir honte de nous.
Arrêtons-nous pour nous écouter et suivre nos envies les
plus intimes, celles qui sont en phase avec nos valeurs.
Il y aura toujours quelqu’un qui sera meilleur que nous

Éloge de l’imperfection applications concrètes et nous invite à nous poser les

bonnes questions afin de déclencher ce changement de
posture. Avoir une attitude réaliste et détendue nous rend
mais, en nous réconciliant avec nous-mêmes et en accep-
tant nos fragilités, nous sortirons de l’angoisse pour
nous faire du bien au quotidien.
disponible à la beauté de ce qui est humble, modeste et
La quête illusoire de la réussite et de la perfection est souvent source de tristesse non conventionnel ; cela élargit notre horizon en enri-
et d’anxiété. Apprenons donc à savourer les petits plaisirs de la vie avec la lecture chissant notre vie.
revigorante d’opuscules qui célèbrent le lâcher-prise.
Par Muriel Thalmann • Bibliographie

Wabi sabi. L’art d’accepter l’imperfection,

Arthur et Ludivine vous rebattent les oreilles en perma-
nence avec leur extraordinaire voyage en Namibie et
votre belle-mère s’émerveille devant le couple parfait que
forment sa fille et son mari tandis que votre meilleur ami
se complaît dans sa réussite professionnelle... Tous ces
bonheurs parfaits vous dépriment? C’est le moment d’em-
brasser le wabi sabi, l’art de savourer l’imperfection des
êtres et des choses. En effet, contrairement à ce que votre
entourage s’évertue à vous démontrer, la vie n’est qu’im-
perfection.
Se satisfaire de moins comme si c’était plus
Le wabi sabi est un concept japonais intraduisible dans
lequel s’incarne une vision de la vie, une posture qui
nous invite à nous accepter tels que nous sommes. Cela
aimerLIRE | septembre 2019
aussi l’antidote au burn out – la maladie du siècle qui voit Tomás Navarro, La Martinière • Wabi sabi. Le
hommes et femmes s’effondrer parce qu’ils veulent trop bonheur est dans l’imperfection, Beth Kempton,
bien faire et ne s’autorisent aucune faiblesse. Marabout • Foutez-vous la paix! Et commencez
à vivre, Fabrice Midal, Pocket • POUR ALLER
L’adepte du wabi sabi apprend à s’accorder aux change- PLUS LOIN : Rien à battre! Pour en finir avec la
ments et aiguise sa capacité à vivre une vie qu’il ne peut mauvaise conscience, bien vivre sans péter les
contrôler ; il développe une nouvelle attitude qui le mène- plombs,Tommy Jaud, Favre • Team imparfaite.
ra à la sérénité et à l’inspiration. Il se prépare à savourer La charge mentale c’est non!, Petra Kolber, Le-
la liberté au quotidien et sait que rien ne dure éternelle- duc.s • Le goût des choses imparfaites, Haemin
ment : en acceptant les choses imparfaites, incomplètes et Sunim, Marabout
impermanentes, il pourra avancer et accepter la vie telle
qu’elle se présente et non telle qu’il se la figure ou que ses
fréquentations se l’imaginent. SUR NOTRE LIBRAIRIE EN LIGNE, LA LIVRAISON EST GRATUITE
www.payot.ch
Dans son livre Wabi sabi. L’art d’accepter l’imperfection,
Tomás Navarro présente une méthode simple et didac-

revient à apprécier la beauté de la vie et à reconnaître
la nature impermanente, imparfaite et incomplète des
choses. Il s’agit de prendre conscience des bienfaits que
nous apporte l’existence et d’apprendre à laisser place à
la sensibilité en abandonnant toute stratégie. Le wabi sabi
nous invite à être réceptif à la beauté en gardant les yeux
et le cœur ouverts afin de savourer le quotidien car nous
n’en maîtrisons pas les aléas. Commencer par être bien-
veillant avec soi-même et cesser de s’autoflageller, c’est
34
tique qui nous amène à adopter cette nouvelle attitude
au quotidien afin de vivre la vie qui correspond à nos
valeurs et à nos aspirations. « Vous ne trouverez jamais le
partenaire parfait, mais quelqu’un avec qui vous pourrez
construire une relation saine et équilibrée. Vous ne trou-
verez jamais le travail parfait, mais un travail qui vous
permettra, pendant un temps, de vous épanouir, d’ap-
prendre et de rentrer chez vous en éprouvant un senti-
ment de satisfaction.
35
NOUVEAUTés | BIEN-ÊTRE
Ma vie en contes. écrivez
vos légendes personnelles,
A. Dechezelle, M. Stern, Véga
Cet ouvrage accompagnera le lec-
teur sur le chemin de sa vie en sui-
vant ses propres saisons et envies.
Il l’invitera à l’écriture de contes
personnels afin de le soutenir lors
de passages difficiles. Il l’aidera
aussi à témoigner de son histoire
singulière pour lui et pour ses proches. Il s’agit d’un joli car-
net de route à offrir et à s’offrir.
Caroline Streitz, Payot Genève Cornavin
Développement (im)per-
sonnel. Le succès d’une
imposture, J. de Funès,
L’Observatoire
Accéder rapidement et durable-
ment au bonheur, c’est bien évi-
demment tentant! Ces promesses
séduisent un public de plus en
plus large, avide de mieux-être.
Après les incohérences des pro-
cessus en entreprise, la philo-
sophe Julia de Funès décrit
celles de certaines méthodes de développement
personnel en s’appuyant sur son expérience profession-
nelle et le bon sens.
Dominique Bähni, Payot Neuchâtel
Vivre au rythme de son
cœur, E. Lefébure, Flammarion
Après le succès de sa trilogie
Orahe, Estelle Lefébure nous
parle cette fois-ci du cœur dans
tous ses états avec l’aide d’un car-
diologue, d’une sexologue, d’une
philosophe et d’une sophrologue.
La célèbre mannequin partage
son expérience personnelle et ses
astuces ; elle propose des pistes
pour vivre au rythme de son cœur.
Élodie Ceccon, Payot Genève Rive Gauche
Émotifs talentueux.
Être soi autrement,
N. Alsteen, Josette Lyon
Qu’est-ce qui cloche chez moi? Ce
livre-outil vous aidera peut-être
aimerLIRE | septembre 2019
dans votre quête afin de com-
prendre votre différence (haut
potentiel, hypersensibilité, TDHA,
etc.). Il vous invitera à poser un
regard neuf sur vous-même et
vos multiples richesses. C’est une
occasion de redécouvrir et d’assumer votre singularité avec
des clés, des témoignages et des exercices.
Julie Baulet, Payot Genève Rive Gauche
36
Tout savoir sur la respira-
tion. Ses dimensions phy-
siologique, énergétique,
psychologique et trans-
personnelle, D. Kieffer,
Jouvence
Apprendre à placer son souffle
permet d’agir immédiatement
sur votre santé, votre longévité,
votre vitalité, vos émotions,
votre mémoire, votre sommeil
ou encore votre concentration. Cette étude réunit des
outils issus du yoga, du qi gong et de la sophrologie afin
d’améliorer sa technique respiratoire. Dis-moi comment
tu respires, je te dirai qui tu es!
Serge Gariglio, Payot Morges
Ma bible des émotions,
C. Aimelet-Périssol,
A. Aimelet, Leduc.s
Dans ce guide qui deviendra
assurément une référence, les
auteures nous convient à iden-
tifier nos émotions et à ne plus
être esclave de celles-ci. Cette
bible vous permettra de décryp-
ter tous les types d’émotions grâce à des astuces, des cas
pratiques et des témoignages pour vivre enfin sereine-
ment et ne plus dire « c’est plus fort que moi! ».
Christian Mureu, Payot Morges
Le secret de la lecture,
C. Alvarez, Les Arènes
La lecture est l’apprentissage
le plus emblématique de l’édu-
cation d’un enfant. Dans cette
remise en cause nécessaire,
Céline Alvarez développe une
approche bienveillante où le
plaisir et l’autonomie de l’enfant
vont de pair pour une éducation
plus égalitaire. Le but est de
s’affranchir de modèles éducatifs dans lesquels le bien-
être de l’enfant n’est pas la priorité.
Florent Gaillard, Payot Montreux
nouveautés
BIEN-ÊTRE
100 idées pour éviter les Mon atlas des philosophies du
punitions. Un livre pour bonheur, M. Fleury, Kiwi
redonner le sourire aux On oublie que le bonheur possède
enfants et aux parents, autant de définitions qu’il y a de per-
M. Costa, Tom Pousse sonnes sur Terre et qu’il suffirait de
Cet ouvrage propose cent chercher par-delà les frontières pour
solutions pour ne plus punir trouver celle qui pourrait nous cor-
et ne plus recourir aux respondre. Cet atlas vous ouvre les
cris et au chantage. Toutes portes des philosophies du bonheur
ces recettes vont vous (ré) du monde, pratiquées depuis la nuit
apprendre à être bienveil- des temps, et vous offre les clés pour trouver la vôtre!
lant, à ne plus culpabiliser et à mener votre enfant Melissa S. Allcock, Payot Fribourg
vers l’autonomie tout en restant exigeant. Il s’agit
d’une boîte à outils bienvenue en cette période de ren- Voyage au pays de la bêtise.
trée si propice aux tensions en famille! Ces croyances qui nous pour-
Anne Bouvier, Payot Yverdon-les-Bains rissent la vie!, S. Marquis, La
Martinière
Le yoga, mon rituel de Croyances et superstitions sont
vie. Routines bien-être, parfois un remède pour apaiser les
nutrition et beauté, peurs qui nous habitent et trouver du
C. Denis, Marabout sens à sa vie. Serge Marquis décrypte
Le yoga est un voyage qui notre rapport à celles-ci et nous aide
nous pousse de l’extérieur à différencier l’utile de l’inutile avec
vers l’intérieur. Catalina humour et légèreté. Ce livre se veut comme une exploration de
Denis nous invite à explorer la mécanique des croyances à utiliser comme une boussole en
ce qu’elle appelle une philo- ces temps d’incertitude.
sophie de vie. La discipline Julie Baulet, Payot Genève Rive Gauche
est abordée dans sa totalité : respiration, postures,
Annonce publicitaire
méditations, astuces beauté et même recettes détox
pour prendre soin de soi! L’ouvrage est ponctué de
photos et de nombreux mantras.
Sophie Mesnard, Payot Vevey
Tout soigner avec 16
huiles essentielles.
Manuel pratique d’aro-
mathérapie familiale,
F. Couic Marinier,
A. Touboul, Terre vivante
Vous avez besoin de seize
huiles essentielles (et pas
une de plus) pour vous
constituer une base d’aro-
mathérapie sans vous rui-
ner. Ce guide, clair et complet, vous donnera toutes
les formules et les associations possibles pour soi-
gner la plupart des petits maux du quotidien à tous
les âges. Il renferme également des recettes pour la
beauté, le nettoyage ou la cuisine!
Raphaëlle Lécuyer, Payot Lausanne
TOUTES LES CHRONIQUES
DES LIBRAIRES SUR
www.payot.ch
37
 Les mythes grecs
Les mythes grecs séduisent la jeunesse | jeunesse
On retrouve la fille du roi Minos dans un nouvel ouvrage aux
Éditions La Joie de Lire. Le fil d’Ariane emprunte à la mythologie son Mythologie et parentalité
esthétique foisonnante : chaque double page abrite un labyrinthe

séduisent la jeunesse
Les récits mythologiques – portés initialement à l’oral – remportent un grand succès
en librairie, tout particulièrement auprès des enfants et des adolescents. Décryptage.
Par Guillaume Henchoz
« Ulysse, qu’est-ce que c’est que ce bonhomme? » s’in-
terrogeait d’une voix à la fois rauque, sage et pétillante
l’historien et mythologue Jean-Pierre Vernant devant
le jeune auditoire du centre dramatique national de
Montreuil, le 12 mai 2001. Sa prestation a été enregistrée
et diffusée sur France Culture dans le cadre d’une série
de conférences intitulées « Lumières pour enfants ». Elle
est encore visible sur Internet, portée par la page d’ac-
cueil du site de la radio ou grâce à la magie des réseaux
sociaux. Pendant plus d’une demi-heure, Vernant, en bon
passeur de mythes, raconte Ulysse – son odyssée – et
s’interroge sur les leçons de vie que nous apporte le récit
de ses aventures.
En pratiquant de la sorte, Vernant, renoue avec la fonc-
tion première du mythe : raconter une histoire. Il gratte
le récit pour lui restituer son oralité. On l’oublie trop
souvent, mais avant d’être fixés sur des papyrus, du par-
chemin puis du papier, les mythes ont d’abord été portés
de génération en génération par des bardes d’un genre
particulier qui arpentaient la Grèce en scandant ce que
l’on appelle les Aèdes, se les remémorant et les modifiant
sans cesse. En bon conteur, Jean-Pierre Vernant s’inscrit
dans cette tradition. L’un de ses ouvrages, L’univers, les
dieux, les hommes, gagne d’ailleurs à être lu à haute voix
et reste accessible à un jeune public s’il est porté par un
lecteur adulte enjoué.
De nos jours, les histoires fabuleuses de la mythologie n’ont
toutefois plus les mêmes fonctions qu’elles avaient. Elles
n’encadrent plus les rites et ne s’articulent plus à ce qu’on
pourrait appeler une pensée religieuse. En revanche, les
mythes continuent toujours de nourrir nos grandes ques-
tions existentielles : qu’est-ce qu’une bonne vie? Comment
affronter la mort? Pourquoi le mal existe-t-il?
Il n’est donc pas étonnant de retrouver les dieux et les
héros dans les rayons de vos librairies. Le dessinateur
Yvan Pommaux, par exemple, a publié à L’école des loisirs
plusieurs grands albums mêlant bande dessinée et textes
documentaires autour des grands héros de la mythologie
grecque. Sa démarche est à la fois pédagogique et poé-
tique : la narration entremêle les interrogations d’enfants
qui découvrent les grands récits mythologiques par la
voix de leur père ou leur mère. C’est une lecture à conseil-
ler tant aux jeunes qu’à leurs parents qui souhaitent che-
vaucher ces aventures mythiques.
De son côté, Hélène Montardre porte la collection
« Mythologie & compagnie » aux Éditions Nathan : une
série qui s’adresse aux jeunes lecteurs et qui leur permet
de découvrir les aventures d’Ulysse, d’Hercule ou d’Or-
phée mais qui met aussi l’accent sur les personnages
féminins à l’instar d’Ariane.
autour d’une thématique inspirée par un récit mythologique. Il s’agit
d’un bon moyen pour initier de manière ludique les plus jeunes lec-
teurs à la matière mythologique.
Toutefois, si la force du mythe réside précisément dans son orali-
té, il faut alors surtout s’arrêter sur le travail de Murielle Szac. Cette
dernière a été nourrie à la mythologie grecque depuis son enfance
et s’est forgé une profonde conviction : ces histoires s’adressent à
toutes et tous et nous éclairent sur nous-même. En 2007, elle publie
aux Éditions Bayard le premier ouvrage d’une série : Le feuilleton
d’Hermès. C’est un texte aux illustrations sobres, constitué en cent
épisodes destinés à être lus à haute voix. Tout comme l’historien
Jean-Pierre Vernant, Murielle Szac renoue ainsi avec l’oralité des
récits mythologiques qui restitue toute leur saveur à ces histoires et
qui les rend accessibles au plus grand nombre.
D’ailleurs, le psychopédagogue Serge Boimare ne s’y est pas trom-
pé : il a préfacé les dernières éditions des Feuilletons de Murielle
Szac et utilise ces textes comme matériel pédagogique. Pour Serge
Boimare, les mythes grecs offrent des figures d’identification et per-
mettent de développer des outils de médiation culturelle efficaces.
La mythologie aide les élèves à se poser ; elle contribue à enrichir
et structurer leur monde intérieur. N’hésitez plus : optez pour une
rentrée mythologique cette année!
« Les mythes nous parlent de situations
concrètes que nous vivons au quotidien »
affirme en substance Murielle Szac. Un
exemple éclairant est celui de la parenta-
lité. Il suffit de jeter un bref coup d’œil du
côté de la psychanalyse pour s’en assurer.
Qui n’a jamais entendu parler du com-
plexe d’Œdipe, le fameux personnage à
qui on promet qu’il devra un jour tuer son
père et épouser sa mère? Achille non plus
n’est pas en reste : il est confié dès son
plus jeune âge à un père adoptif et n’ap-
prendra la vérité sur ses origines qu’une
fois l’âge adulte atteint. Que dire enfin de
Persée et de Pâris enlevés à leur famille
pour les protéger?
Du côté des dieux, c’est tout aussi com-
pliqué : Zeus multiplie les conquêtes et
engendre des générations de héros sur
tout le territoire grec. Artémis, déesse de
la chasse, de la nature et des naissances,
est aussi un personnage difficile à cer-
ner. Les banquets entre les divinités et les
héros sur le mont Olympe ressemblent
beaucoup à un repas de fête dans une
famille recomposée. Ce n’est pas éton-
nant qu’on s’y retrouve!

• Bibliographie
aimerLIRE | septembre 2019

L’univers, les dieux, les hommes. Récits grecs des origines, Jean-Pierre Vernant, Points • Thésée. Comment
naissent les légendes, Yvan Pommaux, L’école des loisirs • Orphée et la morsure du serpent, Yvan Pommaux,
L’école des loisirs • Œdipe, l’enfant trouvé, Yvan Pommaux, L’école des loisirs • Ulysse aux mille ruses, Yvan
Pommaux, L’école des loisirs • Troie, la guerre toujours recommencée, Yvan Pommaux, L’école des loisirs • Pé-
gase, le cheval des dieux, Hélène Montardre et Aurélie Abolivier, Nathan • Le fil d’Ariane. Mythes et labyrinthes,
Jan Bajtlik, La Joie de Lire • Le feuilleton d’Hermès, Murielle Szac, Bayard Jeunesse • Le feuilleton d’Ulysse, Mu-
rielle Szac, Bayard Jeunesse • Le feuilleton de Thésée, Murielle Szac, Bayard Jeunesse • Le feuilleton d’Artémis,
Murielle Szac, Bayard Jeunesse

38 39
NOUVEAUTés | jeunesse
Ma maison,
A. Desbordes,
P. Martin, Albin Michel
Jeunesse
De sa première maison,
un peu étroite, Archibald
n’a aucun souvenir. C’était
le ventre de sa mère.
Celle d’aujourd’hui, il
l’aime beaucoup et de plein de manières : grande,
ouverte sur l’extérieur pour laisser le monde y
pénétrer ou portes fermées et calfeutrées pour un
peu d’intimité. Le petit garçon est aussi curieux
de découvrir les maisons de ses amis mais celle
qu’il préfère par-dessus tout reste quand même la
sienne. Entouré de sa petite sœur et de ses parents,
Archibald s’y sent tellement bien! Dès 3 ans.
Anne Robyr, Payot Fribourg
Le petit pirate des
étoiles, M. Bussi,
P. Nille, Langue au chat
Michel Bussi continue sa
percée réussie dans la lit-
térature jeunesse avec ce
conte parlant du temps qui
passe et de l’envie de gran-
dir. Bébé-pirate, héros de
cette aventure, est le dernier de sa famille. Il gran-
dit mais reste néanmoins, pour tous ses proches,
le plus petit, celui qu’il faut protéger et dorloter. Le
petit bonhomme décide donc de partir en navette
spatiale pour défier le temps et vieillir plus vite,
mais rien n’y fait. Sa quête l’aidera à comprendre
qu’il faut avant tout savoir savourer l’instant pré-
sent. Dès 3 ans.
Paola Roulet, Payot La-Chaux-de-Fonds
Un jour, j’irai dans
l’espace, D. Litchfield,
Belin Jeunesse
Lucie téléphone constella-
tions. Avec sa lampe torche,
la petite fille envoie des
appels en direction du ciel…
jusqu’au jour où une navette
spatiale se pose dans la
forêt! En surgit un alien
débonnaire, probable cousin du E.T. de Spielberg.
Une belle histoire d’amitié va naître entre la petite
aimerLIRE | septembre 2019
Edison. La fascinante plongée
d’une souris au fond de l’océan,
T. Kuhlmann, NordSud
Vous souvenez-vous de Lindbergh,
la première souris pilote, ou encore
d’Armstrong, la première souris
astronaute? Grâce à leurs exploits, le
monde des souris a changé et les petits
rongeurs sont devenus plus curieux et
intelligents. Parmi eux, le jeune Peter
a hérité d’un étrange message de son ancêtre qui aurait fait
naufrage et perdu son trésor. À l’aide de son vieux professeur, il
embarque pour une épopée sous-marine à la recherche d’une
découverte inestimable qui éclairera à jamais l’humanité!
Dès 6 ans.
Tiphanie Crochu-Gouy, Payot Neuchâtel
Sous les arbres. Tome 1:
L’automne de M. Grumpf,
Dav, Les Éditions de la Gouttière
C’est l’automne dans la forêt où vit M.
Grumpf. Écureuils, souris et hérissons
s’activent autour du blaireau grognon.
Malgré son caractère et son air bougon, il vient en aide à toutes
les petites bêtes qui frappent à sa porte avant l’heure de l’hiberna-
tion. Même si certaines sont un peu collantes, il ne râle que dans
sa tête. Cette série pour les petits se déclinera sur quatre saisons.
Coloré et avec peu de texte, ce livre est tout ce qu’il faut pour que
les enfants rêvent et apprennent à lire en s’amusant! Dès 6 ans.
Nathalie Bétrix, Payot Lausanne
Billes, L. du Faÿ, Sarbacane
Cet album réunit tout ce qu’il faut savoir
sur ce jeu indémodable que sont les
billes: les différentes collections et
matières existantes, les techniques de
tir ainsi que les règles du jeu. L’ouvrage
très graphique et coloré ravira aussi
bien les petits que les adultes. Tout est ici
réuni pour qu’on se replonge avec nos-
talgie dans les doux souvenirs d’enfance.
Dès 6 ans.
Élisabeth Tornay, Payot Lausanne
Midi pile. Une aventure de
Jacominus Gainsborough,
R. Dautremer, Sarbacane
Nous voici de retour au beau pays de
Jacominus Gainsborough, ce petit
lapin que nous suivons au fil de sa vie.
Apollo 11. Les premiers pas
de l’homme sur la lune,
B. Wennagel, M. Ferret,
Quelle Histoire Éditions
Le 20 juillet 1969 est sûrement
l’un des jours les plus mémo-
rables de l’histoire du monde. Après un voyage de plus
de 72 heures depuis la Floride, l’équipage d’Apollo 11 est
enfin prêt pour se placer en orbite lunaire. Pendant que
Michael Collins reste dans le module de commande, Neil
Armstrong et Buzz Aldrin s’en vont fouler le sol lunaire en
première mondiale. Retrouvez ces informations et bien
d’autres dans ce documentaire plein d’illustrations avec
des jeux en fin d’ouvrage. Dès 6 ans.
Diego Queyrichon, Payot Genève Cornavin
Pépère le chat. Tome 1 : La
maison du chat, R. Badel,
Flammarion
(couverture provisoire)
Pépère est un gros chat de gout-
tière, libre mais fatigué de vivre
seul. Le jour de ses 7 ans, Pépère
prend une grande décision, celle
de changer de vie et de trouver
une maison qui deviendrait son petit chez-lui. En effet,
pour Pépère, une maison sans chat, c’est comme une
cheminée sans feu. Le hasard et une mauvaise météo vont
le conduire chez Pierre, Marion, Louise et Victor. Les pre-
miers jours de cohabitation ne seront pas de tout repos…
Quelle jolie thématique pour une première lecture en BD!
Dès 7 ans.
Sabine Berset-Robadey, Payot Lausanne
Le cœur d’Yildirim,
V. Chappellet, M.-A. Boidin,
Delcourt
Lucas et Virginie sont frère et
sœur. Après avoir fui l’orphelinat
pour échapper à l’horrible direc-
trice, les voilà à bord d’une petite
embarcation en plein milieu de
l’océan. Même s’ils sont repêchés
par un terrifiant capitaine de
navire, leur situation ne s’améliore pas vraiment… Pour
regagner leur liberté, ils devront aider le commandant à
retrouver son cœur que la reine des sirènes lui a dérobé.
Chavirant! Dès 12 ans.
Nathalie Bétrix, Payot Lausanne
pour une mission délicate, le fils de la famille rivale se rap-
proche dangereusement de son secret. Scott Westerfeld
nous replonge dans l’univers dystopique d’Uglies, et ça
marche! Dès 13 ans.
Turkia Potet, Payot Genève Rive Gauche
Never ever,
M. Leymarie, Syros
Tout oppose nos deux person-
nages principaux, Natacha et
Franck : la première enchaîne les
conquêtes sans lendemain tandis
que le second est obsédé par une
seule fille. Tous les deux ont une
folle envie d’être aimés. Natacha
se cherche, essaie de combler un
manque d’affection pour ne pas
ressentir le vide qu’elle a en elle. Franck se cache derrière
une solide armure faite d’humour et d’ironie, quitte à être
exaspérant pour son entourage. Ce roman chaleureux et
ancré dans le réel fait du bien. Dès 14 ans.
Etienne Duvoisin, Payot Yverdon-les-Bains
Sans foi ni loi,
M. Brunet, Pocket Jeunesse
1920, dans l’Ouest américain.
Garett, 16 ans, fils d’un pasteur
violent, est kidnappé par Ab
Stenson, une hors-la-loi en cavale.
Il est d’abord terrifié par cette
femme repoussante au carac-
tère rude et à l’aspect sale qui
incarne tout ce qu’on lui a appris
à détester. Toutefois, petit à petit,
il s’émerveille de son courage et
de sa liberté. Ainsi, il apprend l’affirmation de soi et s’in-
terroge sur les lois – celles des hommes comme celles de
Dieu. Nous voici plongés dans un univers peu évoqué dans
la littérature jeunesse, celui des westerns et de la conquête
de l’Ouest. Cela se révèle passionnant! Dès 15 ans.
Laëtitia Loubet, Payot Genève Rive Gauche
Signé poète X,
E. Acevedo, Nathan
Xiomara, Xio pour les intimes,
est une adolescente de Harlem
qui peine à trouver sa place et
surtout sa voie dans un monde
qui l’oppresse. Trop grande, avec
un corps tout en courbes, elle ne

fille et cet extraterrestre. Une question se pose
toutefois : que faire de la famille quand on rêve de
cosmos? Avec ses découpages inventifs et ses effets
de lumières plus hypnotisants que jamais, David
Litchfield confirme son goût pour le rêve et la poé-
sie. Cet objet fascinant non identifié est à savourer
dès 5 ans.
Yves Hehlen, Payot Nyon
40
Cette fois-ci, vivez son rendez-vous d’amour avec Douce en vous Impostors, S. Westerfeld,
promenant dans ce livre d’exception comme si vous y étiez. Les Pocket Jeunesse
tableaux se succèdent, révélant un changement et une surprise à Frey a été élevée pour vivre dans
chaque page. Grâce à des découpes aussi fines que de la dentelle, l’ombre de sa sœur jumelle Rafi,
cette traversée est une immersion totale dans l’univers poétique et entraînée à recourir à tous
de Rébecca Dautremer. Dès 6 ans. les moyens pour la protéger.
Sophie Moor, Payot Morges Personne ne connaît son exis-
tence, mais lorsque son père l’en-
voie prendre la place de sa sœur
NOUVEAUTés jeunesse
passe pas inaperçue. Pleine de vie
et d’envies, elle souffre de devoir
suivre les principes de sa mère
qui ne s’appliquent qu’aux filles. Alors, elle se réfugie dans
un carnet, qu’elle noircit page après page. Elle y parle de
son quotidien et de sa révolte avec une grande sensibilité.
Un magnifique roman en vers! Dès 15 ans.
Camille Gross, Payot Vevey
41
Au fil des étoffes | ARTS
© evdakovka
Au fil des étoffes
Les tissus constituent la base d’un vêtement, surtout depuis que les imprimés
ont fait leur apparition. Voici un petit point historique sur les motifs, leurs
significations, mais aussi leurs origines.
Par Laurence Desbordes
Le vêtement existe depuis que l’homme est pré-
sent sur la Terre. À ses débuts, il était simplement
un instrument de protection en peau d’animal,
tout simple, et tirait son originalité de la cou-
leur du pelage et des irrégularités. Au fil des
décennies, le vêtement s’est sophistiqué, orné et
transformé jusqu’à devenir un marqueur social
reposant sur le matériau, la coupe, la qualité
de l’étoffe et bien plus tard l’imprimé utilisé. La
reproduction sur tissus de motifs – emprun-
tés à la nature puis à la géométrie – n’arrive
en Europe qu’à la fin du xvie siècle. Parties des
aimerLIRE | septembre 2019
comptoirs indiens et importées par les Portugais
sur le vieux continent, ces cotonnades avec des-
sins firent très vite fureur auprès de l’élégante
élite européenne. On appelle ces étoffes les
indiennes, bien évidemment en raison de leur
pays d’origine, et on date leur naissance autour
de 2000 avant J.-C. Les artisans locaux se trans-
mettaient de génération en génération les tech-
niques utilisées par leurs pairs pour les créer.
42
indiennes. C’est le début de l’impression européenne. L’Angleterre,
les Pays-Bas et la Suisse montent les premières manufactures locales.
En France, les fabriques de soieries et de lainages, se sentant mena-
cées, veulent mettre un frein à cette concurrence et poussent le pou-
voir royal à interdire les indiennes, quelle que soit leur provenance.
Malgré ce train de retard, l’Hexagone se rattrapera vite et, vers 1760,
toute l’Europe est à l’unisson dans la conception des motifs. C’est
d’ailleurs le dessinateur des imprimés qui a le rôle principal dans
ce monde du vêtement. En effet, ce sont souvent de véritables chefs-
d’œuvre qu’exécute l’artiste en réalisant des scènes allégoriques, litté-
raires ou familières.
La chimie textile entre dans la danse
Au début du xixe siècle, l’impression du textile évolue : la machine
apparaît et l’activité de production des indiennes entre alors dans
l’ère industrielle. En même temps, le domaine des couleurs se trans-
forme grandement car la chimie devient une science fort prisée et
appliquée – et ce jusque dans des domaines aussi inattendus que celui
de la mode par exemple. Avec la découverte, par l’Anglais Perkins en
1856, de la mauvéine, le premier colorant de synthèse, les vannes des
teintes s’ouvrent. En 1902, plus de sept cents différentes couleurs sont
conçues pour le plus grand bonheur des créateurs de textile qui s’en
donnent à cœur joie.
Mode et décoration unies dans les motifs
C’est dans Le grand livre du design textile que l’on se rend compte de
la complicité entre le monde de la mode et celui du tissu d’ameuble-
ment. Marnie Fogg, diplômée d’un master d’art et de design, consul-
tante mode auprès des médias et auteure de nombreux ouvrages sur
les tissus, nous offre dans cet opus un mood board de plus de mille
deux cents photos de créations imaginées par cent grands noms du
design textile, mais aussi toutes les techniques utilisées telles que
les impressions numériques et sérigraphiques ou par rongeage. Ce
magnifique pavé rassemble stylistes, designers et créateurs de mode
au cœur des mêmes pages ; il illustre parfaitement à la fois l’évolution
La décoration de ces toiles de coton était longue et complexe
avec d’abord un dessin à la main sur pochoir reproduit à
l’infini sur le drap et ensuite l’utilisation de mordants – des
sels métalliques qui fixent les colorants des teintures. Au fil
du temps, de riches palettes de couleurs émergent avec une
dominante de rouge garance et de bleu indigo.
Les premières contrefaçons
Lorsque au xviie siècle les échanges commerciaux augmen-
tent entre l’Orient et l’Occident, ces tissus aux motifs adaptés
aux desiderata et aux goûts européens deviennent totalement
incontournables et se déversent par cargaisons entières
chez les couturiers des rois et des nobles. Ces étoffes légères,
résistantes à la lumière et aux lavages, sont préférées par les
cours du vieux continent à des lourdes soieries aux lainages • Bibliographie
ou au lin unis.
Évidemment, la demande se faisant grandissante, certains Le grand livre du design textile, Marnie Fogg, Dunod • Motifs William Morris, collectif, Place des Victoires • Motifs
ont vu là l’occasion de s’enrichir : vers les années 1640, des art déco. Inspirations et influences, collectif, Place des Victoires* • Motifs Extrême-Orient, collectif, Place des Vic-
marchands arméniens installent à Marseille les techniques toires* • Wax. 500 tissus, Anne Grosfilley, La Martinière
* épuisé
d’un art qui remonte à la nuit des temps
mais aussi les prouesses techniques et
scientifiques qui ont permis le développe-
ment, la multiplication et la démocratisation
des motifs.
Déclinaisons jusqu’à l’infini
Ces motifs sont d’ailleurs déclinés dans de
beaux livres édités par Place des Victoires*
qui répertorient tous les genres d’impri-
més ou de motifs que nous pouvons rencon-
trer depuis plusieurs siècles. C’est aussi en
consultant leurs pages que l’on s’aperçoit
que tout est un éternel recommencement ou
une réinterprétation des époques et de leurs
tendances. En parlant de tendance, il est
impossible de passer à côté du wax qui orne
coussins ou jupes depuis maintenant plus
de deux ans. Ce tissu ciré – d’où son nom
(wax signifie « cire » en anglais) – trouve
ses origines au xixe siècle. Contrairement à
ce que l’on pense, il ne vient pas d’Afrique.
C’est ce que nous explique Anne Grosfilley
dans son ouvrage Wax. 500 tissus aux
Éditions de La Martinière. En effet, cette
étoffe est le résultat du développement de
l’industrie textile européenne et de l’ex-
pansion de la colonisation. À l’époque,
Nantes et Manchester cherchaient à délo-
ger et bien sûr à surpasser la production
de cotonnades imprimées en Inde. De ce
fait, les deux villes s’allient avec les Pays-
Bas qui venaient de coloniser l’Indoné-
sie, s’inspirent du batik local et utilisent
une machine conçue par le Belge Jean-
Baptiste Théodore Prévinaire, appelée « La
Javanaise », qui permet d’imprimer du coton
recto verso à la cire. Ensuite, et pour des
raisons à la fois politique et économique, le
wax n’arrive pas à supplanter les indiennes
et on se tourne alors vers le continent afri-
cain pour développer cette étoffe qui connaît
un succès énorme auprès des élites locales.
Le livre d’Anne Grosfilley, docteure en
anthropologie, est un voyage érudit mais
aussi esthétique et sublime au fil de la nais-
sance de cette étoffe. Il nous offre une his-
toire passionnante de ces tissus et un car-
net de tendances magnifique. De la belle
ouvrage, assurément!
43
Le flexitarisme ou l’art du compromis dans l’assiette | loisirs
Le flexitarisme
ou l’art du compromis dans l’assiette
Faut-il arrêter de manger de la viande? De nombreuses raisons écologiques,
éthiques ou sanitaires pourraient nous pousser à franchir le pas. La question est
cependant bien plus complexe qu’il n’y paraît. Plusieurs ouvrages – essais historico-
philosophiques, livres-pamphlets, guides de santé ou recueils de recettes – parus
récemment sur le sujet alimentent le débat.
Par Cornélia Mühlberger de Preux
Notre rapport aux bêtes est devenu schizophrène : d’un
côté, nous choyons nos animaux domestiques plus que
de raison ; de l’autre, nous ingurgitons steaks et crevettes
sans nous préoccuper le moins du monde des condi-
tions dans lesquelles ces denrées sont produites. Dans
sa Lettre ouverte aux animaux (et à ceux qui les aiment),
Frédéric Lenoir raconte l’évolution de nos relations aux
bêtes à travers les siècles et montre comment l’homme,
au départ chasseur-cueilleur vivant en harmonie avec
aimerLIRE | septembre 2019
les autres êtres vivants, a fini par se proclamer maître
du monde. Il évoque son affection pour les animaux,
parle de ce qui nous rapproche et de ce qui nous différen-
cie d’eux ; il convoque Pythagore, Kant, Montaigne, Jane
Goodall ou encore saint François d’Assise pour enri-
chir la discussion. Dans une fresque à la fois historique,
éthologique et culturelle intitulée L’humanité carnivore,
Florence Burgat poursuit la réflexion en interrogeant ce
qui a nourri notre rapport à l’animal et à la viande au fil
44
© Se libérer de la viande. 100 astuces simples et efficaces pour une vie plus saine, Stepfanie Romine, L’imprévu
Devenir végétarien est-il pour autant la solution? Hélas, en ce qui
concerne la production des aliments non carnés, il ne faut pas se faire
d’illusions : l’agriculture industrielle charrie, elle aussi, son lot de
dérives. Elle est notamment responsable de la dégradation des sols
et des pertes de biodiversité ; c’est ce que relève Paul Ariès dans sa
Lettre ouverte aux mangeurs de viande qui souhaitent le rester sans
culpabiliser. Dans cet ouvrage dynamite, le politologue soutient que
le lobby des céréales n’a rien à envier à celui de la viande. Il rappelle
aussi qu’une part croissante de la production végétale est utilisée
pour nourrir nos voitures et dénonce certaines incohérences du véga-
nisme. On apprend par exemple que certaines fermes véganes s’ap-
provisionnent en fumier auprès d’autres paysans. En outre, ce n’est • Bibliographie
pas un hasard si les grandes firmes et les financiers s’intéressent de
si près aux biotechnologies alimentaires et investissent massivement Lettre ouverte aux animaux (et à
dans la production et commercialisation du hamburger végétal et
autres « fausses viandes »…
ceux qui les aiment), Frédéric Le-
noir, Le Livre de Poche • L’humanité
carnivore, Florence Burgat, Seuil •
Qu’en est-il de la santé dans tout cela? Quel est le régime alimentaire
le plus à même de nous apporter ce dont nous avons besoin? Dans
Faut-il manger les animaux?, Jona-
than Safran Foer, Points • Lettre ou-
Végétarien, végan ou flexitarien? Ce qui est bon pour la santé, le doc- verte aux mangeurs de viande qui
teur Édouard Pélissier répond à la question de façon claire et nuan- souhaitent le rester sans culpabili-
cée en s’appuyant sur de solides études. Il ne cache d’ailleurs pas les ser, Paul Ariès, Larousse • Végéta-
carences – en protéines, en vitamine B12, en oméga-3 ou en fer – aux- rien, végan ou flexitarien? Ce qui est
quelles sont potentiellement exposés végétariens et véganes s’ils ne bon pour la santé, Édouard Pélissier,
conçoivent pas leurs menus de façon équilibrée. L’auteur insiste éga- Odile Jacob • Se libérer de la viande.
lement sur le fait qu’un régime sans viande ni poisson ne s’improvise 100 astuces simples et efficaces pour
pas : il s’agit de bien calculer, de varier les aliments, d’acquérir une une vie plus saine, Stepfanie Ro-
bonne connaissance de leurs contenus respectifs et… de prendre le mine, L’imprévu • Bye bye la viande
temps pour les préparer. D’après le docteur Pélissier, le salut se trou- (ou presque). Un livre sans culpabili-
verait peut-être du côté du flexitarisme, un régime bigarré compor- té & sans pression, Louise Browaeys,
du temps. Elle étudie les mythes, les rituels et les fonde- tant de la viande mais en quantité moindre. Audrey Cosson, Larousse • Flexita-
ments de l’alimentation carnée pour nous aider à com- rien, Jo Pratt, Hachette
prendre pourquoi cette dernière occupe tant de place Une fois les bases théoriques posées, nous pouvons nous mettre à la
aujourd’hui – au propre comme au figuré. pratique! Le petit guide Se libérer de la viande propose cent astuces
simples et efficaces pour une vie plus saine. En plus de rappeler les
L’élevage industriel ne sort pas grandi de ces lectures. fondements d’une alimentation appropriée, Stepfanie Romine donne
Le tableau qu’en brosse l’écrivain américain Jonathan dans son livre de nombreux conseils concrets permettant d’effectuer
Safran Foer dans Faut-il manger les animaux? est aussi la transition. Elle égrène les équivalents végétaux des produits car-
particulièrement sombre et implacable. Atypique, le livre nés comme le seitan, le tempeh, les champignons ou encore la levure
mêle enquêtes, témoignages et souvenirs personnels. Il alimentaire. Ce qui est important, c’est de se faire plaisir : pourquoi
nous plonge au cœur d’une batterie de poulets, d’un parc d’ailleurs ne pas essayer une nouvelle recette chaque semaine? Pour
d’engraissement bovin, d’une cage porcine ou dans les ce faire, il existe de nombreux livres à même de vous seconder dans
eaux troubles d’une salmoniculture. Rien ne nous est votre reconversion et de la rendre jouissive. Nous en citerons deux
épargné : espaces confinés, abattages à la chaîne, mani- ici : Bye bye la viande (ou presque) et Flexitarien. Le premier sert la
pulations génétiques, utilisation abusive d’hormones et théorie en la mélangeant avec les fondamentaux avant de proposer
d’antibiotiques, risques de pandémie, etc. L’auteur n’ou- des recettes de plats de plus en plus végétariens. Vous trouverez dans
blie pas d’évoquer l’impact sur le réchauffement clima- le second quatre-vingts recettes flexitariennes : soupes, petites et
tique et les autres charges environnementales. grandes assiettes, dips, bouchées. Tout un menu au programme!
45
NOUVEAUTés | arts et passions
Jacques Tati. The Complete Work, collectif, Taschen Accessoires à coudre. 30 pro- Turquie. Le livre de cui-
Avis aux cinéphiles! L’œuvre intégrale du génial Jacques Tati (1907-1982) va jets colorés pour compléter sine, M. Dağdeviren,
paraître sous forme de coffret collector aux Éditions Taschen. Ce coffret a été ses tenues, L. Meunier, Phaidon
réalisé grâce à un accès aux archives de la famille Tati et a été conçu par le I. Leloup, Marie-Claire Les Éditions Phaidon nous
célèbre studio graphique M/M à Paris. Il contient cinq ouvrages, un jeu de Lise Meunier et Isabelle Leloup étonnent une fois encore en
société et une boîte sonore. s’associent pour nous proposer proposant une véritable ency-
Stéphanie Cuvilliez, Payot Neuchâtel 37 projets de création : des sacs clopédie de la cuisine turque
à main, pochettes, foulards et avec plus de cinq cents recettes.
chapeaux dans des styles colorés Ce sont toutes les diversités
Urbex RDA. Charlotte Perriand, et variés avec de beaux tissus. Des schémas et des patrons régionales de la Turquie, pays
L’Allemagne de l’Est L. Adler, Gallimard accompagnent ces créations. Découvrez ces modèles élé- aux multiples influences,
racontée par ses lieux À l’occasion de la rétrospective gants et audacieux, avec une touche glamour et rétro. que vous trouverez dans cet
abandonnés, Charlotte Perriand à la Fondation Anouk Lassilaa, Payot Nyon ouvrage. L’introduction explique l’origine de chaque
N. Offenstadt, Louis Vuitton de Paris, Laure Adler recette. Le tout est magnifiquement mis en page.
Albin Michel signe un essai biographique sur la La vie secrète des champi- Laurence Mudry, Payot Genève Rive Gauche
Nicolas Offenstadt nous créatrice, femme libre et engagée, gnons. À la découverte d’un
régale de sa vision acérée qui transforma le design du xxe monde insoupçonné, Downton Abbey.
sur l’histoire de la RDA, siècle. Accompagné de deux cents R. Hofrichter, Les Arènes Le livre de cuisine,
trente ans après sa réuni- photographies issues des archives Ils sont petits, grands, colorés ou A. Gray, Marabout
fication avec l’Ouest. En de la famille Perriand, ce superbe unis, un peu gluants et pas très On ne présente plus Downton
cette année anniversaire de la chute du mur de Berlin, ouvrage nous éclaire sur la destinée et l’œuvre d’une femme ragoûtants. Souvent cachés au Abbey. À l’occasion de la sortie
il observe et nous rend compte de la disparition d’un moderne et visionnaire. cœur de la forêt, les champignons du film, les Éditions Marabout
monde, d’une culture, presque d’une civilisation, à tra- Marion Renoul, Payot Genève Cornavin restent mystérieux et certains publient un livre de recettes
vers les ruines de cette époque : l’urbex RDA. d’entre eux sont même dangereux. officielles tirées de l’univers de
Isabelle Botté, Payot Genève Rive Gauche Félix Vallotton. Intimité(s)... Le naturaliste allemand Robert cette série anglaise incontour-
et le regard de Jean-Philippe Hofrichter nous emmène dans l’univers méconnu des Fungi nable. On y retrouve des plats,
Carlo Zinelli, Toussaint, K. Poletti, pour une jolie balade remplie de découvertes. des spécialités de l’époque et des menus traditionnels.
F. Millioud Henriques, J.-P. Toussaint, Estelle Monnat, Payot Yverdon-les-Bains Les fans qui désirent se plonger dans cet art culinaire
Ides et Calendes Martin de Halleux seront ravis!
Carlo Zinelli, figure majeure En 1898, Vallotton réalise dix Équilibre. Le yoga des mon- Véronique Gonzato, Payot Genève Cornavin
de l’art brut, est mis à l’hon- saynètes, dix gravures sur bois tagnes, P. Tournaire, Paulsen
neur dans une exposition pour illustrer des épisodes de la vie Alpinistes, trailers et autres dis- Fabriquer ses couteaux.
à la Collection de l’art brut conjugale bourgeoise où la pro- ciples de la montagne ont investi Conception, forge, mon-
de Lausanne. Une des rares gressive expansion du noir accom- ce terrain et la dureté de ses tage, L. Zerra, Eyrolles
études en français à lui être pagne la noirceur des scènes éléments pour pratiquer le yoga Si vous ne voulez pas être un
exclusivement consacrée représentées. Introduites par une rêverie de Jean-Philippe dans une quête d’équilibre, de second couteau lors de votre
paraît à cette occasion aux Toussaint, elles s’accompagnent d’autres gravures tout aussi performance sportive et d’accom- prochaine expédition, vous vous
Éditions lausannoises Ides célèbres comme Le bain ou La paresse. plissement spirituel. Ce livre sous devez de fabriquer le vôtre, de
et Calendes, riche d’articles signés par des spécialistes. Valentina Chicca, Payot Lausanne le signe de l’harmonie rassemble couteau! Je ne vous mettrai pas
Stéphanie Cuvilliez, Payot Neuchâtel témoignages et photographies qui révèlent l’intensité du le couteau sous la gorge, mais
Art africain, F. Bolz, yoga et du sport comme philosophie de vie. c’est votre devoir de le tenir par le manche et de vous
MAH. Les Collections Place des Victoires Charlotte Jacobsen, Payot Lausanne lancer dans ce projet! De la conception à l’affûtage, ce
du Musée d’art et d’his- Cet ouvrage présente des créa- livre présente tout ce qu’il faut savoir sur cet outil indis-
toire de Genève, tions de différentes époques et les Ultra-trails de légende, pensable.
collectif, Favre classe par régions géographiques, I. Corless, Glénat Serge Gariglio, Payot Morges
De Hodler à Konrad Witz, de d’ouest en est. Les objets mis en Ian Corless, ancien champion
l’art antique à des œuvres avant avaient de nombreuses fonc- devenu photoreporter, nous
plus contemporaines, la tions, et parce qu’ils sont présentés présente un livre unique sur les
richesse des collections du en dehors de leur contexte d’ori- grands trails de légende. Tous les nouveautés
Musée d’art et d’histoire de gine, on ne peut qu’apprécier la magie qu’ils dégagent. Ce ingrédients sont ici réunis : le déni-
aimerLIRE | septembre 2019

Genève en fait un monu- livre se veut une véritable introduction à l’art africain. velé, la durée, les difficultés sur LOISIRS
ment de la culture romande, Deborah Raccanello, Payot Fribourg le terrain, des commentaires de
voire européenne. Les Éditions Favre se proposent, à sportifs ainsi que des photographies à vous couper le souffle
travers cet ouvrage richement illustré, de présenter (Maroc, Dolomites, Grand Canyon). La préface est signée par
cent quatre-vingts œuvres emblématiques de ce musée nouveautés Kilian Jornet.
SUR NOTRE LIBRAIRIE
EN LIGNE, LA LIVRAISON
incontournable. Catherine Bargier, Payot Genève Rive Gauche
Isabelle Botté, Payot Genève Rive Gauche BEAUX-ARTS EST GRATUITE
www.payot.ch

46 47
Payot Genève, 1919 – 2019 : un siècle d’or | PAYOT
La première adresse genevoise de Payot à la place du Molard (photo datée de 1923)
Payot Genève, 1919 – 2019 :
un siècle d’or
Payot Libraire célèbre le 100e anniversaire de son installation à Genève et d’une
formidable aventure commerciale et culturelle!
Par Joëlle Brack Grosmangin
Une très longue et belle histoire se joue entre
Genève et la littérature. De La Guerre des Gaules
de Jules César (ier siècle av. J.-C.) à Joël Dicker,
grand prix du roman de l’Académie française
pour La vérité sur l’affaire Harry Quebert en
2012, la ville est imprégnée de grands noms de
aimerLIRE | septembre 2019
la littérature : Rousseau, Voltaire, Mary Shelley –
elle y écrivit Frankenstein en 1816 – et Rodolphe
Töpffer, Henri-Frédéric Amiel et Isabelle
Eberhardt, Albert Cohen, Nicolas Bouvier, Metin
Arditi… Comment Payot qui, au sortir de la
Première Guerre mondiale, entendait bien déve-
lopper ses librairies, pouvait-il résister à la cité
de Calvin?
48
 C’est à la place du Molard,
qu’en 1919 Samuel Payot jeta son dévolu
sur une librairie à céder.
L’année 1964, pendant laquelle s’est déroulée l’exposition
nationale suisse, fut le théâtre d’une expérience audacieuse
mais visionnaire. À cette époque, Payot dédouble son activité
avec l’ouverture, rue Grenus, d’un second lieu de vente ouvert
à la démocratisation de la culture et des études ainsi qu’à
la production anglophone. Il sera remplacé en 1992 par le
magasin de la rue Chantepoulet et sa librairie anglaise sous
le sceau d’une conception novatrice qui signe aujourd’hui
encore la plupart de nos douze librairies.
Patricienne et internationale, la ville de Genève inaugure en
2014 une nouvelle étape pour Payot avec la création d’une
arcade au sein même de la gare Cornavin. Surtout, la réu-
nion l’année suivante des deux sites historiques (de la rue du
Marché et de la rue Chantepoulet) en une seule entité, Rive
Gauche, rue de la Confédération, vaste et ultramoderne, est
immédiatement adoptée par les Genevois toujours aussi fer-
vents lecteurs.
C’est dans nos deux librairies genevoises que nous nous
réjouissons de vous accueillir pour fêter ensemble un siècle
de complicité autour du livre et le centième anniversaire
d’une idée neuve!
Sans doute ne reste-t-il plus personne pour se souvenir que ce
nom figura d’abord sur l’historique place pavée du Molard, où
battait le cœur de Genève depuis le Moyen Âge… C’est là, à côté de
la Tour des douanes, qu’en 1919 Samuel Payot jeta son dévolu sur
une librairie à céder : l’aventure genevoise était lancée! Lorsqu’en
1928 l’arcade fut détruite par un incendie, l’activité de Payot
était déjà bien implantée. Samuel décida donc de racheter une
autre maison renommée pour s’installer rue du Marché. Il ima-
ginait alors que dans ce lieu en plein centre-ville, les étudiants
du collège Calvin et de l’université, les hommes d’affaires gene-
vois, les artistes et intellectuels étrangers en séjour ou en exil,
les employés des organisations internationales (Croix-Rouge,
Société des Nations, etc.) et les touristes toujours plus nombreux
se bousculeraient devant ses vitrines débordant de livres!
Genève 1919-2019 : Le programme
Pour et avec vous, Payot Genève célébrera son
centenaire d’octobre à décembre : un feuil-
leton festif qui se veut une vraie page d’his-
toire(s)! Au sommaire de notre livre d’or, nous
avons inscrit :
•U ne journée du dessin de presse avec des
dessinateurs d’ici et d’ailleurs
• Des stars en « libraires d’un jour » pour vous
conseiller pavés et pépites
• Un brunch des écrivains qui enchantera les
dévoreurs de livres
• Une belle promenade littéraire pour lecteurs
nomades
• Des rencontres et des conférences avec des
auteurs d’exception
• Une murder party signée d’un as du polar –
la page blanche en aura le vertige!
• Un escape game en librairie pour les Petits
Poucets futés
• Un immense concours, palpitant de l’in-
trigue au dénouement
• Des livres-mystères, à lire entre les lignes
• La projection d’un film à la page
Et bien d’autres choses encore au chapitre des
réjouissances... Rendez-vous dans vos
librairies de Genève Rive Gauche et Genève
Cornavin!
Pour en savoir plus,
consultez
evenements.payot.ch
qui met ce programme
à jour en continu.
Payot Rive Gauche, rue de la Confédération 7
Payot Cornavin, gare CFF (ouvert 7/7)
49
SOPHIE FONTANEL | DANS LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE DE…
DANS LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE DE…
SOPHIE FONTANEL
Journaliste pour la presse écrite, influen-
ceuse mode et romancière, Sophie Fontanel
est résolument une femme dans l’air du
temps. Dans les chroniques qu’elle signe
pour L’Obs, elle pose un regard à la fois libre
et philosophique sur les tendances actuelles.
Publiés aux Éditions Robert Laffont, ses
romans connaissent un immense succès.
Elle présente aujourd’hui Nobelle, un titre
qui a piqué notre curiosité quant à ses inspi-
rations de lecture…
• Pour vous, quel est le classique parmi les classiques?
À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Je l’ai lu quand
j’avais 19 ans. Je le relis en ce moment, et là soudain c’est un autre
livre, sans doute parce que la vie m’a appris un certain nombre
de choses. Pour moi, ce roman englobe tout. Il s’élève dans les
airs, il fonce dans les fondations des hommes, et il glane tous les
détails possibles sur les côtés. Proust, avant de s’enfermer pour
écrire, nous a vus, tous, nous ses frères humains.
• Quel est le livre qui vous a fait pleurer?
La Storia d’Elsa Morante. J’ai été bouleversée par la simplicité de
l’héroïne qui se fait violer sans presque réaliser de quoi il s’agit,
qui enfante un bébé de cette sordide union et en fait le soleil de
sa vie. On ressent la pureté de cet amour entre cette mère et son
enfant. Le caractère sublime du petit garçon, son aspect presque
divin, se révèle ; on éprouve avec lui le sort que la vie, la guerre et
la pauvreté lui réservent.
• Celui qui mériterait le prix Nobel de littérature?
Notes de chevet de Sei Shōnagon. C’est une poétesse du Moyen
Âge japonais. Cette femme avait beaucoup d’esprit et savait mer-
veilleusement écrire. Elle faisait des listes – listes des choses
que l’on oublie sans raison, des choses qui sont agréables de
prime abord mais un peu ridicules, etc. Ses notes de chevet sont
sans équivalent dans le monde ; il s’agit de petites merveilles. En
outre, c’est une femme – et je viens d’écrire Nobelle sur le destin
d’une femme qui a le prix Nobel de littérature.
aimerLIRE | septembre 2019
• Le livre que vous ne pourrez jamais finir?
Belle du Seigneur. La perversité qui gagne me donne envie de
fuir, même s’il y a un envoûtement dans l’écriture d’Albert Cohen.
Je n’aime pas là où il emmène son héroïne. C’est un peu réaction-
naire et cela me lasse. Toutefois, la vraie raison, c’est peut-être
que la fin est tragique – je le sais, un oncle me l’a dit…
50
Par Belen Sampayo
• Enfin, celui que vous avez honte d’aimer?
Journal inutile de Paul Morand. D’ailleurs, ce n’est pas
tant que j’ai honte de l’aimer, c’est plutôt qu’on aime-
rait que j’aie honte de lire les mots d’un homme qui
n’aimait ni les femmes, ni les juifs, ni les homosexuels.
Nous sommes très loin de mes valeurs, et l’auteur me
choque souvent. Cependant, je trouve que le pire qui
puisse nous arriver, c’est de ne lire que des gens qui
pensent comme nous, d’être dans le confort de se
sentir dans son bon droit. Les autres pensées sont
passionnantes. Chacun a le droit d’avoir ses propres
opinions, même si cela ne va pas dans mon sens.
Le top 5 des livres de Sophie Fontanel
1. L’amour aux temps du choléra,
de Gabriel García Márquez
2. Jacques le fataliste, de Denis Diderot
3. Tous les tomes de la série des Jeeves,
de P. G Wodehouse
4. Tous les romans d’Agatha Christie
5. Homo faber, de Max Frisch
Sophie Fontanel en
quelques titres…
Nobelle (Robert
Laffont, 2019),
Une apparition
(Pocket, 2019),
La vocation
(J’ai Lu, 2017)
Pour découvrir tous les titres du Loup
et les réserver dans la librairie Payot de votre choix, rendez-vous sur le site
impressum
Direction : Pascal Vandenberghe
Rédactrice en chef : Laurence Desbordes
Coordination iconographique :
Mohamed Benabed, Amandine Teyssier
Coordination rédactionnel libraires :
Belen Sampayo
Directrice artistique : Christel Rodriguez
Correction : Silvère Long et Océane Diambwana
Journalistes : Joëlle Brack Grosmangin, Laurence
Desbordes, Samuel Dixneuf, Christophe Dupuis, Katia
Furter, Guillaume Henchoz, Cornélia Mühlberger de
Preux, Belen Sampayo, Muriel Thalmann
Libraires : Melissa S. Allcock, Pierre-Yves Amade, Bertille
Amortegui, Carine Ardouin, Dominique Bähni, Catherine
Bargier, Julie Baulet, Vincent Bélet, Stéphanie Berg,
Sabine Berset-Robadey, Pascaline Besnier, Nathalie Bétrix,
Isabelle Botté, Laetitia Bourquenoud, Anne Bouvier,
Joëlle Brack Grosmangin, Cristina Buemi, Élodie Ceccon,
Valentina Chicca, Romeo Cini, Pierre-François Clavel,
Guillaume Colié, Silvana Cotelli, Marc-Emmanuel Crippa,
Tiphanie Crochu-Gouy, Stéphanie Cuvilliez, Christophe
Delpau, Sébastien De Oliveira, Antoinette de Perrot, Aline
Dewarrat, Etienne Duvoisin, Valentina Ferrandes, Julien
Foëx, Florent Gaillard, Kathleen Gallay, Serge Gariglio,
Benjamin Giangrande, Véronique Gonzato, Frédéric
Greffet, Christine Grivel, Camille Gross, Alexandre Guex,
p
fête les 10 ans de Lou
LA LIBRAIRIE EN LIGNE
www.payot.ch
David Haldimann, Yves Hehlen, François Houriet, Xavier
Huberson, Charlotte Jacobsen, Germain Junod, Aurélie
La Rocca, Anouk Lassilaa, Raphaëlle Lécuyer, Laëtitia
Loubet, Typhaine Marc, Sophie Mesnard, Christelle
Moncalvo, Estelle Monnat, Sophie Moor, Ludivine Morand,
Anna Morier-Genoud, Laurence Mudry, Christian Mureu,
Anouk Neusser, Stéphanie Picard, Turkia Potet, Margaud
Quartenoud, Diego Queyrichon, Deborah Raccanello,
Marie Ramuz, Marion Renoul, Anne Robyr, Stéphanie
Roch, Jennifer Roduit, Fanny Roturier, Paola Roulet, Daniel
Snevajs, Aurélie Sonnay, Caroline Streitz, Maurice Turc,
Élisabeth Tornay, Marcel Weber, Patricia Weber
Photographe : Mehdi Benkler
Publicité : Anne Niederoest (a.niederoest@payot.ch)
ou aimerlirepublicite@payot.ch
Site internet : Anne Tarou (a.tarou@payot.ch)
et Anick Burnier (a.burnier@payot.ch)
Commercial : Philippe Ciamporcero
(p.ciamporcero@payot.ch)
et Mohamed Benabed (m.benabed@payot.ch)
Communication : Anne Niederoest
(a.niederoest@payot.ch)
et Belen Sampayo (b.sampayo@payot.ch)
Imprimeur : Juillerat Chervet SA
Tirage : 9’000 exemplaires
Périodicité : 5 numéros par an
.ch
51