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UNIVERSITE DE DOUALA

FSJP -Droit 3
ESSEC / M2 Fiscalité

DROIT FISCAL GENERAL

Pr. Pierre ALAKA ALAKA


Conseil fiscal agréé Cemac
Diplomé de l’ENI de Clermont Ferrand et
L’ENA de France

Introduction générale
I- La notion d’impôt
II- L’impôt – l’Etat et le contribuable

1ère partie : Le droit de l’impôt

Chapitre I : Les fondements constitutionnels du droit fiscal


Section I : Les principes fondamentaux du droit fiscal
I- Le principe de la légalité fiscale
II- Le principe d’égalité
III- Le principe d’annualité
IV- Le principe de nécessité
V- La réception des sanctions pénales par le droit fiscal
Section II : Les fonctions de l’impôt
I- La fonction financière
II- La fonction économique
III- La fonction sociale

Chapitre II : Les sources du droit fiscal appliquées aux contribuables


Section I : Les sources internationales
VI- Les conventions fiscales internationales
VII- Le droit communautaire
Section II : Les sources internes
I- La constitution
II- Le CGI et les lois de finances
III- Les principes généraux de droit
IV- Les règlements
V- La jurisprudence
VI- La doctrine administrative
ème
2 partie : La fiscalité des affaires
Chap. 1 Les sources du droit fiscal des affaires
1
Section 1 Les textes
§1 – Les lois fiscales
A – Les textes applicables
B – Application de la loi fiscale dans le temps
C – Interprétation de la loi fiscale
§2 – Les règlements
§ 3 – La jurisprudence
§ 4 – La doctrine administrative
§ 5 – Les Conventions internationales
§ 6 – Les principes généraux de droit
Section II : La réception de la fiscalité par le contribuable
§ 1 – La liberté de gestion
§ 2 – Les limites de la liberté de gestion
A – La théorie de l’abus de droit
1 – définition de l’abus de droit
2 – répression de l’abus de droit
B – La théorie de l’Acte anormal de gestion
1 – définition de l’acte anormal de gestion
2 – répression des AAG
C – Les erreurs Comptables et les décisions de gestion
§ 3 – Les Centres de gestion agréés
Section III : Les principales notions de Comptabilité sanctionnées par le
droit fiscal
§ 1 – Les principes de détermination du résultat fiscal
I – La théorie du bilan
A – Le rattachement des opérations de l’entreprise
1 – le critère de la Créance acquise
2 – L’exercice de rattachement des P.S.
3 – l’exercice de rattachement des P.I.
B – L’affectation des biens de l’entreprise
II – Le principe de l’annualité et de l’indépendance des exercices
III – La théorie de la correction symétrique des bilans
A – Nature des écritures concernées
B – Nature des erreurs rectifiables
IV – Les autres théories
A – La gestion du réalisme du droit fiscal
B – Le principe de régularité et de sincérité
C – Le principe de prudence
D – La notion de chiffre d’affaire ou de revenu
E – La notion de stock
1 – définition
2 – impact sur le résultat de l’entreprise
3 – évaluation

Troisième partie : Les impôts au Cameroun

o chapitre 1 Les régimes d'imposition


 1- Régime de l'impôt libératoire
 2-Régime simplifié d'imposition (RSI)

2
 3-Régime du réel
 Chapitre 2 la diversité des impôts applicable aux projets
1 La TVA
 2 Droit d'accise
 3 Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP)
 4 Impôt sur les sociétés
 5 Impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (IRCM)
 6 Taxe spéciale sur les revenus (TSR)
 7 Centimes additionnels communaux (CAC)
 8 Patente
 9 Droit d'enregistrement
 10 Fiscalité locale
 11 Fiscalités spécifiques
o - Produits pétroliers
o - Foresterie
o - Régime fiscal des projets structurants
o -Fiscalité agricole

Bibliographie indicative

1. Gabriel Ardant, Histoire de l’impôt, tome 2, Paris Fayard, 1971 ;


2. Michel Bouvier, Introduction au droit fiscal et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ, 1998 ;
3. Bernard Castagnède, Précis de Fiscalité internationale, Paris, PUF, 2002 ;
4. Gérard Chambas, Fiscalité et développement en Afrique subsaharienne, Paris, economica, 1994 ;
5. Maurice Cozian, Les grands principes de la fiscalité des entreprises, Paris litec, 1986 ;
6. Jean-Baptiste Fotsing, Le pouvoir fiscal en Afrique : essai sur la légitimité fiscale dans les Etats
d’Afrique Noire Francophone, Paris LGDJ, 1995 ;
7. Maurice Lauré, science fiscale, Paris PUF, 1993 ;
8. Leroy Beaulieu, traité de science des finances ;
9. Martinez Jean Claude, Di Malta, Droit fiscal contemporain tome 1, l’impôt le fisc et le
contribuable, Paris Litec, 1983 ;
10. Albert Leonard Dikoume, la fiscalité pétrolière des Etats membres de la CEMAC, L’Harmattan,
Paris 2008 ;
11. Francois Coliard, Droit fiscal des entreprises, Gualino, Paris, 2003 ;
12. Jean-Phillipe Baur, Droit fiscal général, CPU, Paris 2001 ;
13. Pierre ALAKA ALAKA, La gouvernance Fiscale, Edilivre, Paris 2009 ;
14. Pierre ALAKA ALAKA, L’impôt au Cameroun, contribution à l’étude d’un dysfonctionnement
administratif, L’Harmattan, Paris 2009 ;
15. Pierre ALAKA ALAKA, Raymond MBADIFFO, Fiscalité et comptabilité, le principe d’évaluation
des impôts et taxes selon le modèle OHADA, éd. B&Co, Douala 2002 ;
16. Pierre ALAKA ALAKA, Fiscalité africaine, Edition universitaire européenne , Cologne, 2017

3
17. Pierre ALAKA ALAKA , Les procédures de contrôle en matière fiscale dans l’espace OHADA ?
EUE, Cologne 2017
18. Jean Marie MEKONGO, les retenues à la source au Cameroun, Presses Universitaires Libres ;
Douala 2009
19. Odile TOGOLO, Administration fiscale et ressources humaines en Afrique Subsaharienne : le cas
du Cameroun, éd. du Septentrion, Lille 1996 ;
20. Pierre ALAKA ALAKA, Systèmes fiscaux comparés : l’expérience Camerounaise des réformes,
Revue Algérienne des sciences juridique, politique et économique, Alger N° 003/2002 ; Revue
IDARA N° 26, Alger 2003, Revue Cafrad, N° 66, Tanger 2006 ;
21. Pierre ALAKA ALAKA, Le citoyen et le pouvoir fiscal au Cameroun, Revue Penant, éd Juris
Africa, N° 854, Paris 2006 ;
22. Pierre ALAKA ALAKA, Libre propos sur l’africanisation de l’impôt et de son droit, Revue
française de droit et économie, Paris, Novembre 2006 ;
23. Pierre ALAKA ALAKA, Dépenses fiscales et développement économique en Afrique : des pistes
exploitables, Revue CAFIDA, N°46, Abidjan 2005.
24. LOIC Philip ; Finances publiques, 4eme édition, Cujas, paris 1992
25. Patrick Serlooten, introduction au droit fiscal, Dalloz, paris 2000
26. Jacques Bruron, Le contrôle fiscal, LGDJ, paris 1991
27. Félix ATECK à Djam, Droit du contentieux fiscal camerounais, l’harmattan, paris 2009
28. François Bourguignon, Fiscalité et redistribution, la documentation française, paris 1998
29. Code général des impôts 2021
30. Pierre ALAKA ALAKA, la fiscalité agricole,EUE, Cologne, 2022
31. Pierre ALAKA ALAKA , Les nouvelles règles de la profession de conseil fiscal en zone CEMAC,
EUE, Cologne, 2022

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INTRODUCTION GENERALE

Après les Saintes écritures, la Grande Charte de 1215 dont la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789 n’est que le prolongement, constituent les textes de référence du
droit fiscal.
Les constitutions africaines s’en sont inspirées dans leurs préambules et leurs dispositifs
pertinents pour en faire le domaine privilégié de la vie de l’Etat, matière essentielle du droit
public.
Le droit fiscal est à la charnière de l’économie, du droit des affaires, de la gestion, du droit privé
de la sociologie, de la science politique et de l’histoire des Etats. L’impôt est ainsi au cœur du
fonctionnement de l’Etat. Les lois de finance de l’année inscrivent sa pertinence dans les
différents codes des impôts
Les principes conditionnent toute politique fiscale qui elle-même est assise sur la psycho-
sociologie du contribuable.

Chapitre préliminaire

I- La Notion d’impôt
A. Définition
L’impôt se définit de plusieurs manières, selon les contextes. Mais la définition la plus
connue reste celle du Doyen GASTON JEZE au début du XXe siècle « L’impôt est un
prélèvement pécuniaire obligatoire, requis des particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et
en vue de la couverture des charges publiques ». Cette définition repose sur le principe d’égalité
des contribuables devant les charges publiques. Elle recèle cinq caractères :
- Le prélèvement est pécuniaire, obligatoire et définitif
- Le prélèvement est requis des particuliers
- Il est assuré par voie d’autorité
- Il n’a pas de contre partie
- Il est effectué pour couvrir les charges publiques.
Pour nous l’impôt est une contribution légale que chaque citoyen apporte au développement de
son pays en contrepartie de l’épanouissement individuel et collectif que celui-ci procure

B. Notions voisines
Il faut distinguer l’impôt des autres prélèvements fiscaux que sont : la taxe et la
redevance. Cette confusion est due à l’ignorance du législateur qui ne sait pas distinguer les
termes impôts, taxe, contribution et redevance et les emploie à tort et à travers.
- La redevance n’est due qu’en contre partie d’un service public destiné à un utilisateur.
- La taxe est versée en rémunération d’un service généralement obligatoire. Elle n’est pas
proportionnelle au service rendu
- Le prix est la contre partie d’un bien ou d’un service dans une relation marchande
- L’impôt se distingue aussi de la parafiscalité qui est une cotisation obligatoire perçue par un
organisme public ou privé ayant une personnalité morale distincte de celle de l’Etat et de ses
démembrements et ayant un intérêt économique ou social

II- L’impôt – l’Etat et le contribuable


L’impôt est le plus important flux financiers qui fonde la solidarité entre l’Etat et le
contribuable : acteur de l’économie.

A. Fondements de l’impôt
Le prélèvement de l’impôt se fonde sur deux principes fondamentaux, la rentabilité et la
solidarité.
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C’est dire qu’un impôt doit être rentable c’est-à-dire qu’il doit fournir le maximum de
ressources à l’Etat.
Ainsi la TVA, apparue en CEMAC en 1994 représente un prélèvement dont la rentabilité
est assurée.
La solidarité fiscale quant à elle apparaît comme une justification utile et indispensable
pour la masse des contribuables qu’à une nécessité pour l’administration fiscale.
C’est pourquoi tout impôt doit être juste et de cette solidarité, découle la justice fiscale.

B. Aspects de l’impôt
- L’impôt a d’abord un aspect technique dont les termes et les conditions sont contenues dans le
CGI et le LPF.
- L’impôt a un aspect juridique. Il appartient à la Fiscalité, discipline juridique relevant
essentiellement de la branche du droit public. Toute la théorie de l’impôt a été bâtie en référence
à ce droit. Ce rattachement s’explique par les modalités de son contentieux et par ses liens étroits
avec les finances publiques. Cependant, à elle seule, elle dépendrait des sciences économiques et
de gestion comme du droit privé et droit des affaires, ainsi que de la science politique, tant elle
est proche des considérations de ces disciplines.
- L’aspect politique découle de ce que l’impôt et le pouvoir politique sont étroits et anciens.
« Rendez à césar ce qui est à césar ». L’impôt est un moyen de domination comme de
satisfaction d’un électorat toujours gourmand.
- L’aspect économique de l’impôt s’explique par le fait qu’il n’y a pas d’économies sans impôt.
Il est l’un des instruments les plus efficaces de toute politique économique.
- L’aspect sociologique permet de se préoccuper des rapports entre l’impôt et des phénomènes
sociaux : consommation, revenu, patrimoine, épargne.

C. Les rapports entre le fisc et son contribuable sont constamment renforcés


Une charte du contribuable a vu le jour, le rescrit fiscal a été réglementé. Les organes de
médiations ont été mis en place, le préalable d’ordre public a été renforcé par la réclamation
préalable.
Toutes ces mesures n’ont pas permis de discipliner le contribuable qui a constamment
abondé dans la mauvaise foi. C’est pourquoi nous avons distingué deux catégories de
contribuable : Le contribuable félin et le contribuable mollusque.

Première Partie : Les principes du droit fiscal général

Chapitre I : LES FONDEMENTS CONSTITUTIONNELS DE LA FISCALITE

Section I : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX


I- La légalité fiscale

A. Le principe
La légalité signifie ce qui est conforme au droit c’est-à-dire à l’ensemble des normes
juridiques.

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La légalité doit être retenue au sens strict c’est-à-dire ce qui relève de la loi. Le principe
signifie que la décision d’imposer et l’essentiel du régime de l’impôt relèvent de la loi c’est-à-
dire de la compétence du législateur.
Le principe de légalité tire sa source du consentement de l’impôt posé par l’article 14
DDH « Tous les citoyens ont le droit de constater par eux même ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en
déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. » Seul le peuple ou le parlement
peuvent donc instituer un impôt et fixer son régime. Au Cameroun, le pouvoir fiscal a toujours
été exercé par le parlement jamais par le peuple.
Le principe signifie que la loi fiscale soit toujours suffisamment claire et ne puisse donner
lieu à plusieurs interprétations. En revanche, il n’est pas interdit au législateur d’empiéter sur le
domaine réglementaire. Dans ce cas le gouvernement aura simplement, par la suite la possibilité
de recourir à la procédure de la délégalisation, s’il désire récupérer sa matière.

B- Les atténuations

Dans la pratique, le principe connaît plusieurs limites :


- Les textes sont présentés par le Gvt et préparés par l’Adm – fiscale.
- Le gouvernement dispose d’une majorité parlementaire et les députés de l’opposition
assistent très peu aux débats.
- Le gouvernement dispose des prérogatives constitutionnelles qui permettent de passer par
la loi des finances pour introduire des dispositions fiscales, ce qui est difficile avec la loi
ordinaire.
- Ce principe ne s’applique pas à la parafiscalité, aux taxes et redevances qui sont
généralement mises en place par des dispositions réglementaires.
- Le législateur ne dispose pas du pouvoir absolu en matière fiscale.

II- Le principe d’égalité


Il est énoncé sous une forme générale dans la DDH art. 1er : « Les hommes naissent et
demeurent libres et égaux en droit » et l’art. 6 : « La loi doit être la même pour tous soit qu’elle
protége, soit qu’elle punisse la constitution Camerounaise assure l’égalité devant la loi de tous
les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Ce principe découle de l’article 13 DDH « La contribution commune doit être également
répartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés ». Ce principe ne signifie pas que tous
les citoyens doivent payer le même montant d’impôt, ni même être soumis au même régime
fiscal.
- Il signifie que la loi fiscale ne doit pas comporter de discrimination injustifiée qui
s’appuierait sur le sexe, la religion ou la tribu.
- Que le législateur ne peut instituer un régime différent entre les contribuables que dans la
mesure où cela se justifie par une différence de situation.

III- Le principe d’annualité


Il concerne le délai de l’autorisation du prélèvement fiscal. Cette autorisation n’est
donnée que pour un an (12 mois) cela ne signifie pas que le régime de l’impôt soit donné pour un
an. Cela signifie que l’autorisation doit être renouvelée chaque année dans le cadre de la loi des
finances.
Pour ce qui est du paiement, le principe dispose le cadre d’une année. Et en pratique,
l’impôt est plutôt payé mensuellement, trimestriellement ou spontanément.

IV- Le principe de nécessité


Il est tiré de l’article 13 DDH de 1789 « Pour l’entretien de la force publique et pour les
dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. L’impôt est donc
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nécessaire non seulement pour la couverture des dépenses publiques mais aussi pour la
distribution des aides à des catégories sociales défavorisées. C’est pourquoi on ne peut pas fixer
de limites à la pression fiscale et on ne peut non plus légitimer la fraude fiscale.

V- La réception des sanctions pénales par le droit fiscal


Le juge a été amené à appliquer au droit fiscal les principes constitutionnels de droit
pénal.
- La loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a point d’effet rétro actif. Ce principe ne
s’impose pas au législateur qui peut toujours décider de conférer un effet rétro actif à la
nouvelle loi qu’il vient d’adopter.
- Le principe de proportionnalité s’applique au droit fiscal et signifie que toute sanction
doit être proportionnelle à la faute.
- Le principe du respect des droits de la défense a favorisé une plus grande protection des
droits du contribuable. Il signifie qu’aucun redressement ne peut être conclu sans que le
contribuable ait eu à donner son point de vue.

Section II : LES FONCTIONS DE L’IMPÔT


A quoi sert l’impôt que l’on paie ?
La réponse à cette question dépend de la conception que l’on se fait du prélèvement fiscal.
Aujourd’hui, le rôle de l’impôt est de communiquer la distribution des richesses et de modifier
les évolutions spontanées de l’économie. Mais c’est souvent difficile, car les impératifs de
rendement, de justice sociale et d’efficacité économique sont souvent contradictoires.

A. La fonction financière
C’est la fonction principale au niveau de l’Etat. Près de 80% des dépenses du budget
général sont financées par l’impôt.
Pour remplir cette fonction, l’impôt doit être productif. C’est Pourquoi le plus grand
nombre de contribuables doit payer l’impôt. (Principe de l’universalité) et que l’assiette fiscale
doit être élargie (Limitation des exonérations et des exemptions). De même :
- Le prélèvement fiscal doit être stable c’est-à-dire, il faut éviter de modifier constamment
le régime de l’impôt car « Un vieil impôt est toujours un bon impôt »
- Le prélèvement fiscal doit être élastique c’est-à-dire que le taux de l’impôt doit pouvoir
augmenter sans provoquer de vives réactions.
L’expérience montre qu’au-delà d’un certain seuil, l’augmentation des taux peut au
contraire, se traduire par une diminution du rendement de l’impôt, (Trop de taux tuent les
totaux). Dans le système fiscal Camerounais, on peut estimer que cette fonction est moins bien
remplie à cause du recours constant à la dette du FMI et de la B.M, de la corruption devenue
systématique des passes droites et de nombreuses exemptions officieuses. (Voir l’impôt au
Cameroun ALAKA ALAKA Harmattan).
Malgré ces disfonctionnements, la TVA reste encore le seul impôt qui satisfait cette
exigence. Toutefois, la TVA serait plus productrice si on instituait la facture normalisée pour y
arrêter la fraude qui anéantit le rendement de cette taxe à la consommation inventée par le
français Maurice Lauré en 1952.

B. La fonction économique
L’outil fiscal est un moyen d’incitation qui ne nécessite pas la mise en œuvre de
procédures de contrôle et de sanctions particulières à l’instar du blocage des prix, de la
restriction des échanges etc.
L’impôt est alors le moyen d’action privilégié au point de vue économique. En faisant
varier le taux des impôts ou en accordant des avantages fiscaux voire des exemptions fiscales, on
peut agir sur le comportement des ménages, donc sur la consommation, on agit sur le
comportement des épargnants, donc sur le niveau de l’épargne, ou encore sur les décisions des
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entrepreneurs (dont dépend le niveau des investissements), comme l’a souligné Gabriel Ardant,
l’impôt est d’avantages une technique libérale qu’interventionniste.
Dans le cadre d’une politique conjoncturelle, l’augmentation ou la diminution sur le
revenu va permettre d’agir sur le niveau de la consommation et de l’épargne,
- La variation du taux de l’impôt sur les sociétés agira sur le niveau des investissements,
- La variation du taux de la TVA, sur le niveau des prix et par conséquent sur l’inflation,
- Dans le cadre d’une politique à moyen terme, la fonction économique de l’impôt s’exerce
par le biais des contrats fiscaux ou de contrats de plan par lesquels l’Etat s’engage à
reconnaître aux entreprises du secteur public ou privée un certain nombre d’avantages
fiscaux à condition qu’elles orientent leurs investissements dans un sens qui correspond
aux choix effectués Par le plan ou la politique poursuivie.
Au Cameroun, on a essayé les codes des investissements qui ont échoué et on attend les
décrets d’application d’une charte des investissements qui tardent à venir.
Ensuite, il est reconnu que l’utilisation de l’impôt peut s’avérer efficace pour le
développement du mariage et de la natalité. Au Cameroun, des réseaux anti-natalité ont introduit
un IRPP qui encourage le célibat et détruit la famille.
Il y a lieu d’avoir des doutes sur l’efficacité des mesures qui ont été prises, pourtant
l’utilisation de l’impôt est indispensable pour mener une politique économique efficace.

C. La fonction sociale
Cette 3éme fonction découle de l’idée que le système capitaliste fait de l’inégalité le
moteur de la croissance. Il en résulte que les mécanismes de redistribution du fruit de la
croissance soient confisqués par une élite prébendière spécialiste des notions de soutiens ;
phénomènes de rentes qu’il convirent de corriger. D’où la nécessité des aides sociales,
d’investissements collectifs au profit des pauvres, qui sont possibles par l’augmentation de la
fiscalité des plus riches.
L’objectif social de l’impôt a été observé avec joie dans les pays scandinaves (Suède –
Danemark) où les prélèvements fiscaux sont opérés dans un optique de redistribution et de
financement des dépenses sociales.
La fonction sociale repose sur la progressivité et la personnalisation de l’impôt. Elle est
utilisée pour les droits de succession et pour l’impôt de solidarité sur la fortune. Plus notre
fortune est importante, plus on nous retient l’impôt.
Le recours à la personnalisation de l’impôt permet de tenir compte de la situation
personnelle du contribuable notamment de ses charges familiales, on l’appliquait en matière
d’IRPP de 2003 qui a saccagé ce recours. On l’applique également en matière de succession où
l’on tient compte du degré de parenté de l’héritier pour fixer le taux de l’impôt.
En effet dans un Etat comme le notre qui distribue des revenus inégaux et insuffisants, la
réduction des inégalités reste un rêve. En redistribuant des revenus inégaux, la fiscalité ne peut
rétablir l’égalité sans remettre en cause les fondements de l’ordre social établi où les nouveaux
riches et leurs familles continueront encore à exprimer leur suprématie.
La lutte contre les inégalités, pour ceux qui n’atteindront pas les positions de pouvoir doit
passer par une action sur les revenus primaires et tout ce qui en conditionne le montant.
Toutes ces politiques passent par les personnes législatives et réglementaires.

Chapitre II : LES SOURCES DU DROIT FISCAL APPLIQUE AU CONTRIBUABLE

Section I : LES SOURCES INTERNATIONALES


I- Les conventions fiscales internationales
Salon l’article 45 de la constitution Camerounaise, les traités et accords régulièrement
ratifiés, c’est-à-dire qui sont incorporés dans l’ordre juridique interne par un vote de l’Assemblée
nationale ont une valeur juridique supérieure à celle des lois, sous réserve de réciprocité
(application du traité ou de l’accord par l’autre partie).
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La supériorité des conventions fiscales internationales sur le CGI, qu’elles soient
antérieures ou postérieures, est reconnue à la fois par le juge judiciaire et le juge administratif.
Les conventions internationales représentent une source substantielle de l’application du droit
fiscal aux contribuables. Ce sont des conventions que le Cameroun signe au quotidien avec
d’autres Etats qui sont surtout des conventions fiscales et qui ont pour but de prévenir la non
imposition, ou la double imposition.
Elles ont toutes pour objet l’impôt sur le revenu et les impôts sur les bénéfices des
entreprises.

II- Le droit Communautaire


Le droit communautaire influence sur le droit fiscal Camerounais par le biais des grandes
règles du traité de l’OHADA et des actes de la CEMAC.
Mais l’OHADA n’ayant pas traité des questions fiscales a une incidence remarquable sur
le droit des sociétés et le droit comptable qui se soumettent à leur tour au droit fiscal.
Le droit communautaire de la CEMAC par contre prend des actes qui sont soit des
règlements directement applicables soit des directives qui
imposent aux Etats membres de modifier leur système juridique dans un certain délai. C’est une
directive de la CEMAC qui fixe les règles concernant la TVA dans les Etats membres. Les Etats
ne peuvent pas fixer par eux-mêmes le domaine d’application de la TVA et les seuils des taux
sont fixés par la CEMAC.

Section II : LES SOURCES INTERNES


I- La constitution
Salon l’article 26 de la constitution, sont du domaine de la loi « la création des impôts et
taxes et la détermination de l’assiette, du taux et des modalités de recouvrement de ceux-ci ».
Ainsi en matière fiscale, la loi va intervenir pour déterminer l’ensemble des règles, et non
pour fixer un cadre général. Il en résulte une impossibilité presque totale pour le pouvoir
réglementaire autonome de l’article 27 de la constitution d’intervenir dans le domaine fiscal. On
doit donc considérer que la loi est le texte de base en fiscalité.

II- La loi
Il existe une foisonnante littérature en matière fiscale sous forme de lois. La plupart de
ces lois ont été regroupés dans un document unique appelé code général des impôts et de
l’enregistrement, du timbre et de la curatelle. Il comprend le code pénal des impôts et le livre des
procédures fiscales. Un texte législatif, voté chaque année et la loi des finances. Elle détermine et
fixe les mesures nouvelles pour l’année à venir en matière fiscale.

III- Le code général des impôts


Le code général des impôts rassemble les lois fiscales et comprend des annexes.
Dans sa partie législative, le CGI est structuré en deux livres : le livre 1er porte sur les
impôts et taxes (article 2 à 613), le livre deuxième régit les procédures fiscales et s’appelle livre
des procédures fiscales (LPF) il va des articles L 1 à L 147.
Les annexes comprennent une partie législative relative aux lois régissant la parafiscalité
et une partie réglementaire comprenant les décrets, arrêtés circulaire et instructions en matière
fiscale. Le CGI est devenu un maniement délicat dans la mesure où les dispositions changent
chaque année. Sa lecture doit donc être faite en fonction des années litigieuses.
Le livre des procédures fiscale vise à clarifier et à améliorer la présentation des
dispositions relatives à la procédure fiscale. Il est articulé sur l’assiette de l’impôt, le contrôle de
l’impôt, le recouvrement et le contentieux de l’impôt. On lui a adjoint tout récemment une charte
du contribuable vérifié qui récapitule les droits et les obligations du contribuable en période de
vérification.

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IV- Les principes généraux du droit
Les principes que nous avons déjà étudiés peuvent être utilisés pour défendre ses intérêts
face à l’administration. Face à l’administration fiscale, le contribuable est en droit d’invoquer
selon le cas qui est le sien, le principe d’égalité devant les charges publiques lorsqu’il se sent
acculé par des contrôles incessants. Ce principe s’associe avec l’égalité devant l’impôt, ce qui
signifie que les personnes se trouvant dans la même situation doivent être traitées de manière
équitable. En dehors du principe d’égalité, le principe de non rétroactivité de la loi fiscale est
plus en vue. Il y a aussi le principe du caractère contradictoire de la procédure en matière fiscale.
Aucun redressement ne peut être conclu si le contribuable n’a pas été en mesure de donner son
point de vue.
Enfin, il y a le principe de l’autorité absolue de la chose jugée au pénal et l’indépendance
de l’instance fiscale et de l’instance pénale.

V- Les règlements
L’impôt est du domaine de la loi. Nous l’avons vu avec l’article 26 de notre constitution :
« C’est la loi qui fixe les règles concernant l’assiette, les taux et les modalités de recouvrement
des impositions de toute nature ». Il reste cependant une large compétence au pouvoir
réglementaire ; c’est le pouvoir réglementaire qui assure l’exécution du budget de la nation. On
parle alors d’un pouvoir réglementaire d’application.
Ce pouvoir intervient également dans le cadre du pouvoir réglementaire autonome de
l’article 27 « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ressortissent au pouvoir
réglementaire ». Le gouvernement peut donc intervenir essentiellement pour ce qui concerne
l’administration fiscale, la juridiction et la procédure fiscale.
- Le gouvernement exerce donc son pouvoir réglementaire en matière fiscale par des
décrets du PR, des arrêtés du PM et Ministre des finances.
Toutefois, ces textes n’ont pas pour rôle d’interpréter la loi. On ne peut donc pas édicter
des dispositions plus rigoureuses que celles de la loi, et inversement plus favorables que celles de
la loi (l’exonération non prévue par la loi par exemple)

VI- La jurisprudence
Le contentieux fiscal est reparti entre deux ordres de juridiction : la juridiction
administrative et la juridiction judiciaire.
- Le juge judiciaire, notamment le Tribunal de Grande Instance, en matière des impôts
indirects (Hors TVA) des droits d’enregistrement, du timbre et autres taxes assimilées,
les droits de succession.
- Le juge administratif, notamment la chambre administrative de la Cour Suprême est
compétente pour la TVA et les impôts directs. C’est donc le juge administratif qui a le
domaine de compétence le plus étendu en matière fiscale, la saisine du juge passe d’abord
par une réclamation préalable auprès de l’administration.

VII- La doctrine administrative


Le caractère obscur et complexe des textes fiscaux pousse l’administration à produire des
instructions, des circulaires des notes de services, des commentaires administratifs de
jurisprudence.

Deuxième partie - LES SOURCES DU DROIT FISCAL DES AFFAIRES

SS 1 – Les lois fiscales


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A – Les textes applicables
Quelle que soit la branche du droit, la loi fiscale constitue la source essentielle en matière fiscale.

1- La Constitution de janvier 1996 dispose, dans son article 26 al 2,3, que la création des impôts
et taxes et la détermination de l’assiette, du taux et des modalités de recouvrement de ceux-ci
sont du domaine de la loi.
2- L’abondante législation fiscale a été ressemblée dans un Code Général des Impôts (loi n°
2002/2003 du 19 avril 2002/RC) qui s’est substituée aux anciennes appellations du Code des
Impôts et CETC. Chaque année, la loi des finances vient modifier certaines dispositions de ce
texte. La lecture du CGI tient donc compte de l’année des impositions et des dispositions en
vigueur au cours de cette année.
3- Le CGI de 2002 a introduit un titre II, portant Livre de procédures fiscales qui contient les
procédures à suivre pour calculer, contrôler et recouvrer l’impôt ainsi que les garanties et voies
de recours des contribuables. Toutes ces dispositions relèvent du domaine de la loi.
4- La Guide fiscal officiel du Cameroun a vu le jour en 1989, réimprimé en 1992, et la troisième
édition bilingue a été rendue publique en 2004. ce document comprend : le CGI au 1er janvier
2004, les dispositions fiscales contenues dans les lois des finances de 1983 à 2004.
5- Les circulaires interprétatives des dispositions fiscales des lois susvisées et les instructions
fiscales administratives, les conventions fiscales ratifiées par le Cameroun et destinées à éviter les
doubles impositions et enfin la Charte du contribuable vérifié.
6- Le Cameroun a ratifié à ce jour la Convention franco-camerounaise du 21 octobre 1976, 31
mars 1994 (Avenant), la Convention camerouno-canadienne du 26 mai 1986 et l’Accord franco-
suisse du 13 juillet 1990.

B) Application de la loi fiscale dans le temps


L’application de la loi fiscale ne diffère pas des autres lois. Mais, en matière fiscale, il y a un
problème d’une sensibilité récurrente : c’est l’application de la non-rétroactivité de la loi ; le
préambule de la Constitution énonce que la loi ne peut avoir d’effet rétroactif. En matière fiscale, ce
principe signifie qu’un texte fiscal ne peut s’appliquer à une imposition dont le fait générateur est
antérieur à l’entrée en vigueur de ce texte. Ce principe n’a cependant pas de valeur constitutionnelle
de telle sorte que rien n’interdit au législateur d’adopter des dispositions rétroactives justifiées par
des raisons d’intérêt général. Le principe de non rétroactivité s’impose à l’autorité réglementaire. Il
existe de nombreuses lois fiscales rétroactives expressément édictées dans l’intérêt du contribuable,
afin de le faire bénéficier d’un avantage instauré par une loi postérieure.
Les Lois des finances contiennent pour la plupart des dispositions déclarées interprétatives.
La Loi interprétative est celle qui sans rien ajouter ou retrancher à une disposition ambiguë, vient
éclairer le sens et notamment clarifier des difficultés d’application. Elle vient rendre au texte l’exacte
portée qui a été voulue par ses auteurs. Toutefois, elle est source d’une grande insécurité juridique.

c) Interprétation de la loi fiscale


L’interprétation des textes fiscaux obéit aux principes d’interprétation de tous textes.
Ainsi le 1er principe applicable est qu’un texte clair se suffit à lui-même.
Lorsqu’un texte ambigu ou insuffisant a besoin d’interprétation, cette interprétation se fait à
l’aide de l’ensemble du texte et à titre subsidiaire uniquement, s’il y a lieu, en recourant aux travaux
préparatoires.
En ce moment, l’interprétation se fait alors en respectant un autre principe fondamental
d’interprétation, celui de l’interprétation restrictive des lois fiscales. Ce principe tire sa source dans le
principe de légalité de l’impôt.
L’application stricte ne prévaut que lorsque le texte à interpréter porte exonération ou
atténuation d’impôt.
Au contraire, pour d’autres textes, le juge adopte une interprétation extensive ; l’interprétation
large est alors justifiée par le fait qu’elle permet de retenir un sens favorable au contribuable, ou bien
par le silence de la loi de telle sorte que le législateur doit être réputé n’avoir voulu apporter aucune
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dérogation à un principe général du droit, tel que celui de l’égalité des citoyens devant les charges
publiques.

SS 2 – Les règlements
La compétence exclusive du législateur en matière budgétaire est confirmée mais le
Gouvernement joue un rôle important dans l’aménagement du droit fiscal des affaires. C’est ainsi
qu’il est amené à émettre des règlements en application de la loi. De plus, puisqu’en vertu de l’article
27 de la Constitution camerounaise, les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ressortissent
au pouvoir réglementaire ».
Le Gouvernement pourra émettre, même en matière fiscale, des règlements autonomes. Un tel
pouvoir est cependant assez limité, vu le caractère général des termes définissant le domaine législatif
en matière fiscale, il concerne cependant essentiellement, l’administration fiscale, la juridiction fiscale
et la procédure fiscale.
Le Gouvernement exerce en matière fiscale son pouvoir réglementaire soit par des circulaires et
instructions etc. … les différentes sortes de règlements forment respectivement l’annexe 04 du
Guide fiscal officiel de la République du Cameroun.
La coexistence de ces deux sources de droit : la loi et le règlement, pose la question de leurs
rapports.
L’illégalité d’une circulaire ou instruction qui contredirait la loi serait sanctionnée par le juge de
l’excès de pouvoir (annulation) et le juge de l’impôt (exception d’illégalité).
Le Gouvernement ne peut prendre des dispositions qui seraient plus rigoureuses que celles de la
loi.

SS 3 – La jurisprudence
Le contentieux fiscal est réparti entre deux ordres de juridiction : la juridiction administrative et
la juridiction judiciaire. Ceci a entraîné la formation de deux jurisprudences.
Le juge judiciaire, plus précisément le TGI est compétent en matière de droits d’engagements, de
taxe de publicité foncière, droit de timbre, contributions indirectes et taxes assimilées. Ses jugements
ne sont pas susceptibles d’appel en matière fiscale et ne peuvent qu’être attaqués directement en
cassation.
Le juge de référé est compétent en matière de vice de procédure relative au recouvrement de
l’impôt. Ses décisions sont susceptibles d’appel. Mais très souvent, puisqu’il s’agit du juge de
l’urgence, la possibilité d’appel s’est effritée.
Le juge correctionnel en matière de fraude fiscale.
Le juge administratif. En attendant la création des tribunaux administratifs dont le projet est en
cours d’étude, le juge judiciaire à travers le CACS et l’AST-PCS jouent le rôle du juge administratif
de l’impôt.
Il est compétent en matière d’impôts et de taxes sur le chiffre d’affaires (TVA). C’est donc ce
juge qui a le domaine de compétence le plus étendu en matière fiscale. (IRPP, I.S. TVA)
Il faut préciser qu’on ne peut pas attaquer directement un acte de l’Administration fiscale devant
le juge administratif. Il faut tout d’abord effectuer un recours devant l’Administration fiscale (recours
administratif, gracieux, ou hiérarchique).
C’est en cas d’insatisfaction qu’on peut saisir le juge administratif, après avoir rempli d’autres
conditions qui seront étudiées dans le cours de Contentieux fiscal.
La jurisprudence occupe une place importante en fiscalité des affaires. C’est ainsi que le juge a
construit des grandes théories comme l’acte anormal de gestion, la théorie du bilan, la distinction des
décisions de gestion et des erreurs Comptables, la liberté d’inscription au bilan, la notion de revenus.

SS 4 – La doctrine administrative
L’abondance et l’obscurité des textes fiscaux amènent d’administration à produire des
instructions, des circulaires, des notes de service … dans le but d’aider ses agents à mieux
comprendre et appliquer les textes et même la jurisprudence.

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Les contribuables eux-mêmes peuvent poser la question au Ministre en passant par un
parlementaire de leur circonscription, ou demander à l’Administration de se prononcer sur telle ou
telle question fiscale personnelle.
Ces ensembles de textes n’ont aucune valeur juridique vis-à-vis des contribuables. En effet, ils
sont élaborés par des autorités administratives sans aucune compétence réglementaire. Mais ils
peuvent avoir un impact sur le contribuable.
Donc à priori, la doctrine administrative est illégale. Mais elle est présente. Cette illégalité a donc
deux conséquences :
- soit la doctrine administrative est illégale parce qu’elle est plus rigoureuse que la loi qu’elle
est censée appliquer, dans ce cas, le juge écartera évidemment cette doctrine, et ne prendra en
compte que la loi ;
- soit celle-ci est illégale parce qu’elle est plus favorable à la loi. Et dans ce cas
l’Administration sera tentée de revenir rétroactivement sur cette doctrine et d’appliquer la loi
dans toute sa portée. Les contribuables qui auront bénéficié de cette doctrine ne pourront faire
l’objet d’un redressement. Mais heureusement, la protection apportée aux entreprises par la
possibilité d’opposer à l’administration sa propre doctrine leur est fournie par les textes en
vigueur (Voir cours de Contrôle fiscal).
Il faut simplement noter que lorsque le redevable a appliqué un texte fiscal selon l’interprétation
que l’administration avait fait connaître par ses instructions ou circulaires publiques et qu’elle
n’avait pas rapportée à la date des opérations en cause, elle ne peut poursuivre aucun
rehaussement en soutenant une interprétation différente.

SS 5 – Les Conventions internationales


Elles constituent une source importante du droit des affaires, en vertu de leur supériorité sur le
droit fiscal interne. Il s’agit bien évidemment des Conventions qui ont pour but de prévenir les
doubles impositions ou à l’inverse, l’évasion fiscale, mais aussi de nombreux accords internationaux
dont l’objet n’est pas fiscal mais qui ont ou peuvent avoir des incidences fiscales.
Le droit Communautaire (4ème année) influe beaucoup sur le droit fiscal de notre pays par le biais
des grandes règles qui sont édictées dans le cadre du traité CEMAC même si certains pays éprouvent
des difficultés à respecter ces règles : la liberté de circulation, liberté d’établissement, l’interdiction
des aides de l’Etat qui faussent la concurrence, les impositions intérieures discriminatoires.
Ensuite, il y a le droit Communautaire dérivé, qui s’effectue à travers les directives et les
règlements et qui reste encore le ventre mou de notre intégration. (TVA …)

SS 6 – Les principes généraux de droit


Toute la science fiscale s’accorde à appliquer le principe de légalité de l’impôt avec la règle selon
laquelle dans le de la loi, l’interprétation doit se référer aux principes constants ou supérieurs du
droit fiscal.
Le principe le plus souvent utilisé par le juge fiscal est celui de l’égalité devant l’impôt qui
voudrait que le même régime juridique soit appliqué à toutes les personnes qui se trouvent dans des
situations identiques, mais il ne s’oppose pas à ce que des dispositions différentes soient appliquées à
des personnes qui se trouvent dans des situations différentes.
Les autres principes sont moins souvent mis en avant, mais restent tout aussi importants. Le
droit a la sécurité fiscale qui s’oppose aux voltes face de l’Administration, de même l’idée selon
laquelle la puissance publique n’a pas à s’ingérer dans les affaires des particuliers a fait abandonner
au fur et à mesure, le principe de neutralité fiscale, fondée sur la thèse du libéralisme classique selon
laquelle l’impôt doit avoir pour unique fonction de financer les dépenses publiques.

Section II – La prise en compte (réception) de la fiscalité par l’entreprise


SS 1 – La liberté de Gestion

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Les entreprises doivent prendre en compte dans le choix de leurs décisions de gestion l’apport
de la fiscalité, car il faut connaître parfaitement et savoir utiliser les très nombreux textes de droit
fiscal.
Le droit fiscal appliqué à l’entreprise touche directement les différentes décisions qu’une
entreprise est amenée à prendre :
- le choix de la forme de l’entreprise puisque le régime varie selon qu’il s’agit d’une
entreprise individuelle ou une société.
- Le choix du type de fonds utilisés par l’entreprise pour un investissement : fonds propres
ou emprunts.
En cas d’emprunt, les intérêts du crédit seront des charges déductibles, ce qui n’est pas le cas
lorsqu’il s’agit des fonds propres.
- le choix du type d’amortissement : Lorsque ce choix est légalement possible, les
conséquences du choix d’un amortissement linéaire ou d’un amortissement dépressif ne
sont pas mes mêmes pour le résultat imposable.
- Le choix d’inscrire ou non des immeubles non liés à l’exploitation dans le bilan des
entreprises individuelles etc…
Il est donc admis que l’Administration fiscale ne peut intervenir directement dans la gestion de
l’entreprise. Elle ne peut donc pas critiquer telle ou telle décision de gestion de l’entreprise. Elle n’est
pas un contrôleur de gestion. L’entreprise a tout à fait la possibilité légale de ne pas créer de matière
imposable, c’est-à-dire de ne pas créer de bénéfices. Mais, évidemment ce ne saurait être sa finalité.
La liberté de gestion de l’entreprise emporte l droit d’opter pour la voie la moins imposée. Ce
droit emporte également sur le droit de choisir librement la dépense que l’entreprise entend
engager. Donc l’Administration n’a pas à donner des leçons de gestion au contribuable.
En revanche, il existe la notion d’erreur de gestion ou de risque excessif qui créent les limites
de cette liberté.

SS 2 – Les limites de la liberté de Gestion


A – La théorie de l’abus de droit
1) La définition de l’abus de droit
L’article L33 présente les grandes ligner de l’abus de droit.
« Toute opération conclue sous la forme d’un Contrat ou d’un acte juridique quelconque dissimulant une
réalisation ou un transfert de bénéfices ou erreurs effectués directement ou par personnes interposées, n’est pas
opposable à l’Administration des Impôts, qui a le droit de restituer en conséquence les bases des impôts sur les
sociétés ou sur le revenu des personnes physiques ».
En cas de réclamation devant la juridiction contentieuse, l’Administration a la charge de la
preuve.
En éclatant cet article, on peut distinguer deux types d’abus de droit.
- L’abus de droit constitué par un acte fictif effectué par le contribuable ; dans ce cas le
contribuable a voulu dissimuler quelque chose au fisc.
Ex : Une donation dissimulée sous la forme d’une vente, cas classique d’abus de droit.
- L’abus de droit lorsqu’un contribuable a effectué un acte dans un but exclusivement fiscal,
c’est-à-dire pour atténuer ou éluder une charge fiscale. Le contribuable a fait un montage
juridique uniquement dans un intérêt fiscal.
Pour pouvoir être qualifiés d’abus de droit, les actes doivent avoir été effectuée
intentionnellement par le contribuable pour diminuer son imposition, ou échapper à celle-ci, et
l’Administration devra prouver que le montage juridique a réellement permis de réduire ou d’éluder
l’imposition qui aurait normalement été due si ce montage n’avait pas été effectué.

2) La répression de l’abus de droit


La répression de l’abus de droit est extrêmement sévère.
L’Administration requalifie l’opération qui est en cause et applique l’impôt qui aurait dû être
versé.

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Compte tenu de la sévérité de la répression, le contribuable peut éviter le recours par
l’Administration à l’abus de droit en utilisant la procédure du rescrit fiscal. C’est-à-dire avant de
réaliser un montage juridique, une entreprise peut interroger l’Administration par écrit. Si cette
dernière autorise le montage, ou qu’elle n’a pas répondu dans les six mois, elle ne peut plus invoquer
par la suite l’abus de droit.
Cette demande de consultation doit être adressée à l’Administration Centrale à la Division de la
législation et du Contentieux, afin qu’il y ait une unité dans l’application des textes.

B – La théorie de l’acte anormal de gestion


1) Définition
La théorie de l’acte anormal de gestion s’intéresse à l’intérêt de l’entreprise. Il existe deux
types d’actes anormaux de gestion :
- L’acte par lequel l’entreprise a supporté des charges étrangères à son intérêt, parce que ces
charges sont injustifiées dans leur principe ou d’un montant excessif. (il est à noter que l’article 7 du
CGI qui définit les Charges déductibles rejette, au titre des déductions, les dépenses dites
somptuaires).
- L’acte par lequel l’entreprise a renoncé à un profit ou accepté une diminution de celui-ci.
Ex : * Achat ou location par l’entreprise, pour un profit très élevé, d’un bien appartenant au
Dirigeant ;
* Prise en charge par l’entreprise d’un emprunt contracté par un associé ;
* Rémunération excessive du personnel ;
* Cadeau importants offerts à la clientèle … de renonciation à un profit ;
* Vente par l’entreprise d’un bien à un prix inférieur à sa valeur vénale ;
* Loyer insuffisant perçu par l’entreprise pour un de ses biens.

2) La répression des Actes anormaux de gestion


Lorsque la preuve de l’acte anormal de gestion est établie et confirmée, l’Administration va
effectuer un rappel de l’impôt selon le régime dont relève l’entreprise.
 Si la charge était étrangère à l’intérêt de l’entreprise, l’Administration procèdera à une
réduction des Charges déductibles.
 S’il s’agissait d’une renonciation à un profit, il y aura réintégration dans les bases
d’impositions du profit auquel l’entreprise a renonce.

C) Les erreurs Comptables et des décisions de gestion


Dès lors que la Comptabilité est arrêtée, elle ne peut plus être modifiée en vertu du principe de
l’intangibilité des écritures Comptables. Ce principe tire sa force dans les textes fiscaux et dans l’Acte
Uniforme OHADA traitant du droit Comptable.
Mais la reconnaissance du droit à l’erreur limite ce principe en vertu du pouvoir donné à
l’Administration de rectifier les impositions et donc des écritures Comptables en remontant dans le
passé jusqu’à la date des prescriptions.
L34 LPF : « Les omissions totales ou partielles constatées dans l’assiette de l’impôt, les insuffisances et
inexactitudes ou les erreurs d’imposition, peuvent être réparées par l’Administration jusqu’à la fin de la quatrième
année suivante celle au titre de laquelle l’impôt ou la taxe est exigible ».
Un tel pouvoir, reconnu unilatéralement instaurerait une inégalité au profit de l’Administration
dans ses relations avec le contribuable.
C’est pourquoi, la jurisprudence a reconnu au contribuable un droit à l’erreur par lequel il peur
réclamer la correction de ses propres erreurs à la condition d’en justifier la matérialité et le montant.
Mais, si l’erreur devient le résultat d’un choix voulu et délibéré, ce droit ne lui permettra de
contester toutes les opérations préjudiciables.
C’est pourquoi, la notion d’erreur Comptable est complétée par celle de décision de gestion.
- D’une part, il peut se produire des erreurs Comptables involontaires de la part de
l’entreprise. Celle-ci n’a pas respecté involontairement une règle Comptable.

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L’Administration pourra alors effectuer un redressement, en remontant jusqu’à la date de
prescription. (L’erreur ne lui est pas opposable). A l’inverse, l’entreprise qui a commis une erreur à
son détriment/omission en Comptabilité des frais déductibles) peut demander à l’Administration
fiscale que le résultat qu’elle a déclaré soit abaissé. (Cela n’est possible que lors d’un contrôle (L34)
afin d’obtenir un allègement d’imposition.
- D’autre part, il arrive que l’entreprise commette une erreur Comptable délibérée pour
diminuer le résultat imposable (omission de produits, enregistrement de charges fictives etc…) ou
pour, à l’inverse, présenter un bilan plus alléchant à son banquier, afin d’obtenir plus facilement en
emprunt. Dans ce cas, elle n’enregistre pas toutes les charges. En cas de redressement, l’entreprise ne
peut opposer une erreur délibérée à l’Administration afin qu’elle l’autorise d’enregistrer ces charges.
Il ne sera donc pas possible dans de tels cas volontaires de demander à l’Administration de rectifier
son omission.
- Enfin, ceci nous amène à distinguer les décisions de gestion. Une décision de gestion
(régulière) sous-entend une possibilité de choix (contrairement à l’erreur Comptable), entre plusieurs
possibilités légales offertes par la fiscalité. Ex : choix entre un amortissement linéaire et un
amortissement dégressif.
La décision de gestion est une épée de Damoclès. Elle est à la fois opposable à l’entreprise qui ne
peut plus modifier sa décision et opposable à l’Administration qui ne peut pas la critiquer.

SS 3 – Les Centres de gestion agréés


Les Centres de gestion agréés sont des associations prévues au Cameroun depuis 1973,
constituées par un Décret du Premier Ministre en 2000 et font l’objet en ce moment de modification
sans qu’elles n’aient jamais vu le jour.
Pour pouvoir être constituées, il faut un minimum de 100 membres et l’agrément est renouvelé
tous les trois ans.
Leur objectif est de contribuer à une meilleure connaissance des revenus réels des entrepreneurs,
d’apporter une aide en matière fiscale, de gestion, de tenue de Comptabilité, de formation des
entreprises industrielle, commerciale, artisanale ou agricole.
L’adhésion à un CGA procure un nombre appréciable d’avantages aux adhérents. Assistance
fiscale et comptable, bénéfices d’avantages fiscaux en contrepartie de quelques obligations
minimales. A ce titre, les adhérents doivent fournir au CGA tous les éléments nécessaires à
l’établissement d’une Comptabilité sincère de leur exploitation. Ils doivent communiquer au centre
leurs bilans et leurs Comptes de résultat. De plus, et afin de diminuer la fraude fiscale, les adhérents
doivent accepter les paiements par chèque. Les manquements graves ou répétés à ces obligations
entraînent l’exclusion du Centre.

Section III – Les principales notions de comptabilité


Une bonne compréhension du droit fiscal des affaires nécessite de posséder quelques notions
élémentaires de Comptabilité et de droit fiscal général. Ceci n’est d’ailleurs pas suffisant, il est
également utile d’avoir une certaine culture juridique, notamment en droit Commercial, en droit des
Sociétés, en droit Privé et plus globalement en droit Public.
Comptabilité et Fiscalité sont intimement liées. Et comme nous allons le voir, le résultat
imposable est basé sur le résultat comptable de l’entreprise. Ce dernier subit des modifications avant
d’aboutir au résultat fiscal. De même, la plupart des régimes de déclaration fiscale comprennent des
tableaux comptables. (Voir cours de Comptabilités)

SS 1 – Les principes de détermination du résultat fiscal


I – La théorie du bilan
S’étant subtilisée à la théorie de la source qui définissait par le passé le revenu imposable, la
théorie du bilan permet d’imposer la totalité de l’enrichissement de l’entreprise, quelqu’un soit
l’origine. La définition du résultat fiscal dépend de la différence d’actif net entre l’ouverture et la
clôture de l’exercice. (Article 6 du CGI)

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L’application de la théorie du bilan soulève deux difficultés principales, tenant l’une au
rattachement des opérations de l’entreprise à l’exercice, l’autre au critère d’affectation des biens au
patrimoine de l’entreprise.

A – Le rattachement des opérations de l’entreprise


L’article 6 du CGI n’a pas clairement défini l’exercice de rattachement d’une vente ou d’une
prestation de service à un exercice donné.
Supposons une vente conclue en novembre 2012. La livraison a lieu de 26 décembre 2013. La
facture est rédigée le 6 janvier 2014 par le vendeur et payée avec un retard par l’acquéreur le 25
janvier 2015.
La vente ainsi réalisée doit-elle être rattachée à l’exercice 2013 (livraison de la chose), l’exercice
2014 (établissement de la facture) ou à l’exercice 2015 (règlement de la facture) ?
Cette question est réglée par l’article L34 du CGI, qui prévoit que l’exercice de rattachement doit
être celui au cours duquel a lieu la livraison du bien pour les ventes et opérations assimilées, ou
l’encaissement du prix pour les prestations de services et travaux immobiliers.
A l’image de la Comptabilité, la fiscalité prend donc an considération les créances acquises et
non les produits encaissés pour toutes les opérations de ventes et opérations assimilées. C’est le
principe de la Comptabilité d’engagement, par opposition à la Comptabilité de Caisse.
Les engagements sont les produits et les charges (d’où le principe de la compta-livraison des
créances acquises et des dépenses engagées. Ainsi le bénéfice se définit en matière d’I.S. et de BIC,
par les facturations et non par les encaissements ou les décaissements.
Toutefois, en matière de BNC, c’est le contraire.
Ces règles de rattachement sont impératives de telle sorte que si elles n’étaient pas respectées,
l’administration puisse opérer une rectification.
Ce principe est valable du moment que la créance est certaine dans son principe et son montant,
la seule possibilité consiste à constituer, dès la fin de l’exercice, une provision égale au montant de la
créance jugée irrécouvrable.

1 – Le critère de la créance acquise


Les ventes et opérations assimilées sont rattachées à l’exercice au cours duquel intervient la
livraison du bien. La notion de livraison retenue pour l’I.S. et la BIC est conforme à celle appliquée
en matière de TVA. Il s’agit de la délivrance du bien au sens du droit privé. Il y a donc coïncidence
entre le fait générateur et l’exigibilité de la TVA.
- En revanche, si des acomptes ont été versés au moment de la livraison, ils sont comptabilisés
spécialement : (Compte Clients : Avances et acomptes reçus sur commande) et ne sont pas pris en
considération pour la détermination du résultat.
- Si a vente est subordonnée à une condition suspensive (vente à l’essai), la vente est rattachée à
l’exercice au cours duquel la condition se réalise.

2 – Exercice de rattachement des prestations de service


En matière de travaux publics, la date à retenir pour la prise en compte des produits et celle de la
réception provisoire.
Si l’entrepreneur considère la perte de la créance comme probable (en raison des malfaçons
commises), il peut éventuellement constituer une provision.

3 – Exercice de rattachement des prestations intellectuelles


Concernant le rattachement à l’exercice du paiement, si celui-ci était échelonné en application du
Contrat, sur plusieurs exercices, c’est toujours la date du paiement qui sera prise en compte.

B – L’affectation des biens de l’entreprise


La théorie du bilan exige que soit prise en compte de la variation de l’actif net quelle que soit
l’origine de l’élément d’actif ou de passif considéré.

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Après avoir longtemps hésité entre le critère de l’affectation et celui de l’utilisation, la science
fiscale a vu que la jurisprudence est aujourd’hui fixée et qu’on peut la résumer dans le principe de la
liberté d’affectation.
Le contribuable est libre d’affecter un bien nécessaire à l’exercice de la profession soit à son
patrimoine privé, soit à son patrimoine professionnel. La décision d’affectation qu’il prend est une
décision de gestion opposable à l’Administration comme à lui-même. Mais cette liberté d’affectation
a des limites.
Certains biens sont par nature affectés obligatoirement à l’exercice de la profession : Le fonds de
commerce, le stock. Ne pas le faire figurer au bilan constitue une erreur Comptable qui sera rectifiée
par l’Administration. Il en est aussi des dettes liées à l’exploitation. Dans le régime de base, seuls les
biens utiles à l’exploitation peuvent être affectés à l’entreprise.
II – le principe de l’annualité et de l’indépendance des exercices
Le principe de l’annualité veut que le contribuable soit imposé sur l’ensemble des gains nets dont
le fait générateur est survenu au cours d’une année déterminée.
L’obligation de découper le temps en année ou en exercices de 12 mois consécutifs induit le
principe de l’indépendance des exercices. Ainsi, les bénéfices d’un exercice ne peuvent être affectés
que par les produits et charges de cet exercice.
Le principe de l’annualité de l’impôt découle de l’article 15 du CGI selon lequel l’impôt est assis
sur les bénéfices obtenus sur une période de 12 mois correspondant à l’exercice budgétaire. De ce
principe, découle le principe de l’indépendance des exercices, qui signifie que le contribuable ne peut
pas retarder l’imposition d’un gain dont le fait générateur est survenu ; de même, les vérificateurs se
réfèrent à cette règle pour rejeter les charges qui ne sont pas rattachables à l’exercice. Le
contribuable ne peut ni avancer, ni retarder la déduction d’une charge dont le fait générateur survient
au titre d’une année déterminée.
D’une façon plus précise, l’application de la règle de l’indépendance des exercices a pour
conséquence, l’impossibilité de prise en compte d’événements postérieurs à l’exercice, ainsi que
l’interdiction d’admettre la rétroactivité de certains actes pourtant admis en droit privé.

III – la théorie de la Correction symétrique des bilans


Le bénéfice se définit par la variation de l’actif net entre le bilan d’ouverture et le bilan de
clôture, il existe de fait une solidarité entre les exercices, puisque le bilan d’ouverture d’un exercice
n’est rien d’autre que le bilan de clôture de l’exercice précédent et réciproquement.
La théorie de la correction symétrique des bilans, vient donc, au-delà des principes de l’annualité
et de l’indépendance des exercices, tenir compte de la solidarité des exercices entre eux pour éviter
qu’en cas de contrôle de l’Administration, une rectification n’ait d’incidence que sur un seul exercice
et donc dégage un profit fictif. Ainsi, la correction des erreurs doit se poursuivre jusqu’à ce que le
résultat de l’exercice corresponde strictement à la définition du bénéfice imposable donnée par le
CGI article 6.
Ainsi, si une dette devait être rattachée à l’exercice 2014 et que par erreur, elle l’a été en 2015, il
n’est pas suffisant que l’Administration corrige l’erreur commise en 2015 en la rejetant du résultat
Comptable.
En le faisant, l’entreprise serait imposée sur un bénéfice qu’elle n’a pas réalisé. Il convient donc
de rectifier également le bilan de l’exercice 2014 pour y faire figurer la dette déductible devant être
rattachée à cet exercice. Donc, si les mêmes erreurs entachent les écritures de plusieurs exercices, les
corrections doivent se produire d’exercice en exercice jusqu’à redresser celui au cours duquel l’erreur
a été commise. C’est cela, la règle de la correction symétrique des bilans.

A – Nature des écritures concernées


Cette règle est valable pour les Comptes de bilan et ne s’applique pas aux Comptes de résultat.
Car ces derniers traduisent la permanence de l’entreprise et donc la solidarité des exercices, puisque
les mêmes écritures se retrouvent dans plusieurs bilans successifs.

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Appliquer la théorie de la correction symétrique aux produits et aux charges d’exploitation serait
illogique puisque si l’omission d’une charge ou d’un produit rend erroné le résultat de l’exercice, il ne
modifie pas le bilan d’ouverture de l’exercice suivant.
Les titulaires de BNC ne peuvent en revendiquer l’application.

B – Nature des erreurs rectifiables


Le problème qui se pose est celui de la décision de gestion et de l’erreur Comptable.
Alors que la décision de gestion est un choix délibéré de l’entreprise, l’erreur Comptable traduit
une méconnaissance par le contribuable de sa situation, en ce sens qu’elle est la conséquence d’une
erreur matérielle ou d’une erreur de droit.
Ainsi, seules les erreurs Comptables sont susceptibles d’être rectifiées tant par le contribuable
que par l’Administration.
Mais la jurisprudence a étendu la correction symétrique des bilans aux décisions de gestion
irrégulières qui s’apparentent comme on l’a vu, à de véritables erreurs Comptables et qui ne se
distinguent des erreurs Comptables ordinaires que par leur caractère volontaire.
Donc l’erreur Comptable délibérée et non peut voir s’appliquer la théorie de la Correction
symétrique des bilans.
La limite reste l’intangibilité du bilan d’ouverture du premier exercice non prescrit.
La valeur du dernier exercice prescrit est définitive, car elle a servi à asseoir une imposition
devenue définitive.

IV – Les autres théories


A – La question du réalisme du droit fiscal
Le droit fiscal prend en compte des situations de fait. Il va imposer un individu pratiquant
illégalement une activité médicale, de Conseil, comme un Médecin ou comme un Conseil agréé.
Cela se comprend ; car on ne voit pas pourquoi le droit fiscal protégerait les personnes exerçant
illégalement une activité. Le droit fiscal va également imposer une société de fait comme une société
de droit.
Toutefois, il n’est pas le seul à prendre en compte des situations de fait.

B – Le principe de régularité et de sincérité


Il est établi par le droit Comptable OHADA. Il signifie que les comptes annuels doivent être
réguliers, sincères et donner une image fidèle du patrimoine de la situation financière et du résultat
de l’entreprise.

C – Le principe de prudence
OHADA souligne également que les comptes annuels doivent respecter le principe de prudence.
L’entreprise doit prendre en compte tout ce qui amoindrit, ou risque d’amoindrir son patrimoine.
Concrètement, elle ne peut enregistrer que les bénéfices ; notamment elle doit procéder aux
amortissements et aux provisions nécessaires, même si le bénéfice est insuffisant ou inexistant.

D – La notion de revenu ou de chiffre d’affaires


Le chiffre d’affaires est l’ensemble des opérations réalisées par l’entreprise avec les tiers (ventes
de marchandises, ventes de biens produits et de services) dans le cadre de l’activité professionnelle
normale, habituelle de l’entreprise. Ainsi sont exclus du chiffre d’affaires, les subventions
d’exploitations, les redevances pour concessions, brevets, licences, les produits financiers, les plus-
values réalisées à l’occasion de la cession d’immobilisation.

E – La notion de Stocks
Les stocks font l’objet d’une définition précise au niveau fiscal. Ils sont traités selon des règles
particulières dans le Compte de résultat de l’entreprise et leur évaluation obéit à des méthodes
déterminées.

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1) La définition des stocks
L’allusion faite aux stocks est contenue dans l’article 6 al 3 : « Les stocks sont évalués au prix de
revient, l’entreprise doit constituer une provision pour dépréciation de stocks. Les travaux en cours sont évalués au prix
de revient. »
Cette allusion ne donne aucune définition du stock. Il faut don se référer à la science fiscale pour
comprendre que « Le stock est constitué par l’ensemble des marchandises, des matières premières, des matières et
fournitures consommables, des productions en cours, des produits intermédiaires, des produits finis, des produits
résiduels et des emballages non destinés à être récupérés, qui sont la propriété de l’entreprise à la date de l’inventaire et
dont la vente en l’état ou au terme d’un processus de production à venir ou en cours permet la réalisation d’un bénéfice
d’exploitation. »
C’est dire que les stocks sont des éléments qui sont destinés à être vendus en l’état (les
marchandises) ou à être vendus au terme d’un processus de production.
Pour figurer dans les stocks, les biens doivent être a propriété de l’entreprise et ne pas avoir le
caractère d’immobilisation.

2) L’impact des stocks sur le résultat de l’entreprise


Concrètement, comment les stocks sont-ils traités dans le Compte de résultat de l’entreprise ?
Les stocks ne constituent pas une recette à proprement parler. Mais on prend en compte au
niveau Comptable leur évolution, que l’on appelle variation des stocks. Car celle-ci traduit un
enrichissement ou un appauvrissement de l’entreprise ; une augmentation des stocks, au niveau
Comptable et fiscal, augmente les produits de l’entreprise. Mais dans la réalité, une telle
augmentation peut signifier que l’entreprise n’arrive plus à écouler ses stocks, ce qui n’est pas bon
signe.
La variation de stock est constituée par la différence entre le stock initial (début de l’exercice ou
clôture de l’exercice précédent) et le stock final (clôture de l’exercice).
- Si le stock initial est supérieur au stock final, il y a eu déstockage
- Si le stock initial est inférieur au stock final, il y a eu stockage
Pour calculer le résultat de l’entreprise, on utilise la formule suivante :
(Ventes – achats) ± (la variation des stocks)
Cette formule peut sembler barbare. Simplement que dans le Compte de résultat, on ne prend en
compte que la variation des stocks et non le stock lui-même.
Le droit fiscal observe avec attention le poste « production stockée). C’est à ce poste qu’on porte
en augmentation ou en diminution des produits, les variations des biens et des services en cours de
fabrication, des produits finis, des produits intermédiaires et des produits résiduels.
- Lorsque le niveau de stock de ces éléments augmente on considère que les produits
augmentent
- Lorsque ce niveau diminue on considère que les produits diminuent.
Au regard de ce postulat, la grande difficulté réside dans l’évaluation des stocks.

3 – L’évaluation des stocks


L’article 6 al 3 a donc définit l’évaluation des stocks sans en donner la méthode d’évaluation qui
varie selon le type d’élément stocké.
Les produits achetés sont évalués hors taxe si l’entreprise récupère la TVA.
Pour calculer le coût de revient des produits stockés, les entreprises ont deux méthodes
d’évaluation.
- la méthode du coût moyen pondéré de la période de rotation des stocks
- la méthode FIFO (first in, first out) ou en français PEPS (premier entré, premier sorti).
- La méthode LIFO n’est pas autorisée en droit fiscal en ce qu’elle consiste à évaluer les stocks
au prix de revient le plus ancien qui en principe est le moins élevé. Ce qui aboutirait à une
diminution de l’évaluation des stocks.
Les calculs de ces différentes méthodes relèvent du Cours de Comptabilité.

21
Troisième partie Les impôts au Cameroun

Chapitre 1 : Les régimes d'imposition

Section 1 Régime de l'impôt libératoire


Les personnes physiques dont le chiffre d'affaires annuel hors taxes est inférieur à
10 000 000 F CFA sont assujetties au paiement de l'impôt libératoire, à l'exception des
exploitants forestiers, des officiers publics ministériels, et des professions libérales.
Sont également assujettis à l'impôt libératoire :

1. Les exploitants de baby-foot dont le nombre de machines est inférieur à 10,


2. Les exploitants de flippers et jeux-vidéo dont le nombre de machines est inférieur
à 5,
3. Les exploitants de machines à sous dont le nombre de machines est inférieur à 3
À défaut de détermination du chiffre d'affaires, les activités relevant de l'impôt libératoire
font l'objet d'une classification spécifique. L'impôt libératoire est dû par commune, par
établissement, et par activité dans le cadre de l'exercice de plusieurs activités distinctes
dans le même établissement. Toutefois, le marchand ambulant paie l'impôt libératoire
uniquement dans la commune de son domicile. L'impôt libératoire est payé
trimestriellement, dans les quinze jours suivant la fin du trimestre pour lequel il est dû. Il
est payé à l'aide d'une fiche. Toute personne qui entreprend une activité soumise à
l'impôt libératoire doit en faire la déclaration dans les 15 jours qui suivent le début de
l'activité. Elle ne doit payer cet impôt qu'à compter du premier jour du trimestre auquel
elle a commencé d'exercer. Le paiement de l'impôt libératoire donne droit à la
délivrance d'une fiche de paiement. Le non- affichage de cette fiche entraine la
fermeture de l'établissement concerné. (on reviendra en détail dans le cours de fiscalité
locale)
Section 2 : Régime simplifié d'imposition (RSI)
Les personnes physiques et morales dont le chiffre d'affaires annuel hors taxes est
supérieur ou égal à 10 000 000 FCFA et inférieur à 50 000 000 FCFA sont assujetties
au régime simplifié d'imposition en abrégé RSI. Relèvent également du RSI les
personnes physiques et morales réalisant les opérations suivantes :

1. Le transport interurbain de personnes par minibus et cars de moins de 50 places


et exploitant au plus 5 véhicules ;
2. L'exploitation des babyfoots dont le nombre de machines est compris entre 10 et
25;
3. L'exploitation des flippers et jeux vidéo dont le nombre de machines est compris
entre 5 et 15;
4. L'exploitation des machines à sous dont le nombre est compris entre 3 et 10.
Ils doivent tenir leur comptabilité suivant le système allégé (SA) du plan comptable
OHADA. Ils peuvent opter pour le régime du réel dans les mêmes conditions.
Ils ne peuvent collecter la TVA. Ils sont assimilables à des consommateurs finaux.

22
Section 3 : Régime du réel
Les membres des professions libérales et les exploitants forestiers sont assujettis de
plein droit à ce régime. Les personnes physiques et les personnes morales dont le
chiffre d'affaires annuel hors taxes est supérieur ou égal à 50 000 000 FCFA sont eux
aussi assujetties à ce régime d'imposition. Relèvent également du régime du réel les
personnes physiques et morales qui réalisent les opérations suivantes :

1. Le transport interurbain de personnes par minibus et cars de moins de 50 places


et exploitant plus de 5 véhicules ;
2. Le transport interurbain de personnes par minibus et cars d'au moins 50 places,
quel que soit le nombre de véhicules exploités ;
3. L'exploitation de babyfoot dont le nombre de machines est supérieur à 25;
4. L'exploitation de flippers et jeux vidéo dont le nombre de machines est supérieur
à 15;
5. L'exploitation de machines à sous dont le nombre de machines est supérieur à
10.
Ils doivent tenir leur comptabilité suivant le système normal(SN) du plan comptable
OHADA. Ils sont les seuls à pouvoir collecter et déduire la TVA.

REMARQUE
Il est important de préciser que l'option vaut pour trois exercices fiscaux quand bien
même le chiffre d'affaires pendant ces exercices serait inférieur au minimum légal.

Chapitre 2 : la diversité des impôts au Cameroun

Section 1 : LA TVA
Il existe une Taxe sur la valeur ajoutée perçue par l'État et les communes. Son
fonctionnement est similaire aux TVA des autres pays.
Le taux général de la TVA au Cameroun est de 17,5% (19,25% avec les centimes
additionnels communaux) depuis 2005. Il était de 18,7 % auparavant. il existe un taux
zéro (0 %) qui s'applique aux exportations des produits imposables et à toutes les
opérations réalisées avec les entreprises situées dans la zone franche industrielle et les
points francs.
I- Personnes Imposables
Les personnes imposables sont les personnes suivantes lorsqu'elles réalisent des
opérations entrant dans le champ d'application de la TVA :

 Les personnes morales de droit public (l'État, les collectivités territoriales


centralisées, les établissements publics administratifs);
 Les personnes morales de droit privé (les sociétés de capitaux ; les sociétés de
personnes ; les associations ; les groupements d'intérêt économique ; les
groupements d'intérêt collectif ; les sociétés à capital public ; les sociétés
d'économie mixte)
23
II- Opérations imposables
A- Opérations imposables par nature
Les opérations imposables par nature à la TVA sont les suivantes :

1. Les livraisons de bien


2. Les prestations de services
3. Les importations
4. Les travaux immobiliers
5. Les ventes d'articles et de matériels d'occasion faites par les professionnels
6. Les cessions d'immobilisations corporelles non comprises dans la liste des biens
exonérés visés à l'article 241 du code des douanes
7. Les opérations immobilières de toute nature réalisées par les professionnels de
l'immobilier
8. Les ventes de produits pétroliers importés ou produits au Cameroun
9. Les jeux de hasard et de divertissement
10. Toute autre opération économique réalisée à titre onéreux
B- Opérations imposables en vue d'une disposition expresse de la loi
C'est le cas de :

 Les livraisons à soi-même (activités réalisées par les personnes imposables pour
les besoins de l'entreprise ou pour d'autres besoins dans le cadre de l'exploitation.
Exemple : consommation par une entreprise de son stock. Dans ce cas, elle est
fournisseur et client. Taxer ces opérations visent à assurer la neutralité de la TVA et
à rétablir l'équité fiscale)
 Les prestations de services à soi-même : elles sont de deux types: l'utilisation
d'un bien affecté à l'entreprise pour les besoins privés de la personne imposable,
ceux de son personnel ou à des fins étrangères à l'entreprise. Si le bien utilisé a
ouvert droit à déduction, la taxation est effective ; la prestation effectuée à titre
gratuit par la personne imposable ou assujetti pour ses besoins privés, ceux de son
personnel ou à des fins étrangères à l'entreprise.
C- Le cas particulier des exportations
Les exportations sont taxées au taux zéro.
III- Opérations exonérées
Le code général des impôts énumère les différents produits et les types d'opérations
exonérées de TVA de par leur nature ou du fait de la loi.
(Plus de détails dans le Cours sur la TVA)

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Section II- Droit d'accise
Le droit d'accise est un impôt fonctionnant selon le même mécanisme que la TVA et qui
touche certaines catégories de biens listés comme les boissons (alcooliques ou non),
les tabacs, les bijoux et, depuis 2006, les véhicules.
Avant 2006, son taux était unique à 25 %. Depuis 2006, Taux normal à 25 % et taux
réduit à 12,5 % (véhicules). (Voir cours sur la TVA)

Section III- Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP)


L'impôt sur le revenu des personnes physiques est retenu à la source pour les salariés.
Il n'existe pas de mécanisme de quotient familial.
Depuis 2005 :
A- Revenu imposable :
L'IRPP est liquidé par application du barème ci-après, après abattement de 500 000 F
CFA sur la somme des revenus nets catégoriels, tel que défini à l'article 69 du Code
général des impôts. Le revenu imposable des salariés est égal au montant brut perçu,
plus les avantages en nature pris aux montants réels, moins un abattement forfaitaire
de 30 %, et moins les cotisations versées à la CNPS.
B- Barème :

Tranche de revenu Taux


Section IV- Impôt sur les sociétés
De 0 à 2 000 000 10 %
Base imposable :
De 2 000 001 à 3 000 000 15 %
La base imposable de l'impôt sur les sociétés est
De 3 000 001 à 5 000 000 25 %
égale au chiffre d'affaires moins tous les frais engagés
Plus de 5 000 000 35 % par l'entreprise pour obtenir ce chiffre d'affaires.
Certaines dépenses sont cependant exclues du
champ de déductibilité par la loi et doivent être réintégrées au bénéfice comptable.
Taux :
Le résultat fiscal est imposé au taux unique de 30 % (33 % CAC compris).

Section V- Impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (IRCM)


Cet impôt concerne les revenus d'actions et assimilés ainsi que les revenus occultes. il
se substitut alors à l'IRPP ou à l'IS et est retenu à la source.
Son taux est de 16,5 % (15 % pour le principal et 1,5 % au titre de CAC) en 2005.

Section VI- Taxe spéciale sur les revenus (TSR)


Cette taxe frappe les prestations de services facturées à l'étranger. Selon les
conventions fiscales, elle peut être déductible dans le pays étranger.
Son taux est de 15 % (selon la convention fiscale franco-camerounaise, 7,5 % si
l'entreprise est domiciliée en France).

Section VII- Centimes additionnels communaux (CAC)


Les centimes additionnels communaux sont une taxe supplémentaire de 10 % qui
frappe les impôts suivant : TVA, IS, IRPP, et TPRCM.

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Les dispositions du chapitre 2 de la loi de finances 2002/014 du 20 décembre 2002 ont
institué l'IRCM à la place de la TPRCM
Selon les dispositions de l'article 581 du Code Général des Impôts du Cameroun, les
centimes additionnels communaux frappent aussi la Taxe sur la Propriété Foncière au
taux de 10 %.
Cette taxe est perçue au profit des communes.
Plus de détails

Section VII- Patente


Il existe un impôt appelé contribution de la patente perçu au profit des communes,
payable par toute personne physique ou morale exerçant une activité commerciale
au Cameroun.
Selon les dispositions de l'article C12 du Code Général des Impôts du Cameroun, les
nouvelles entreprises sont exonérées de la patente au titre des deux (2) premières
années de leur exploitation.
Formule de calcul (2010) :
Au-delà d'un chiffre d'affaires de 2 000 000 000 F CFA, un abattement de 5 % est à
chaque tranche entière de 500 000 000 F CFA sans que la réduction ne puisse
dépasser 30 % du chiffre d'affaires au-dessus de 2 000 000 000 F CFA.
(Chiffre d'affaires - Abattement) x Barème x 2,03 + Taxe de développement locale
Barème :
Chiffre d'affaires Classe Taux Toutefois, en ce qui
égal ou sup. à 2 milliards de francs 1re 0,0875 % concerne le transport
interurbain de
égal ou sup. à 1 milliard et inf. à 2 milliards 2e 0,100 %
personnes et le
égal ou sup. à 500 millions et inf. à 1 milliard 3e 0,108 % transport de
égal ou sup. à 300 millions et inf. à 500 millions 4e 0,116 % marchandises, la
patente est calculée
égal ou sup. à 100 millions et inf. à 300 millions 5e 0,150 %
ainsi qu'il suit:
égal ou sup. à 15 millions et inf. à 100 millions 6e 0,160 % a) Pour les
inférieur à 15 millions 7e 0,400 % transporteurs de
personnes et par
véhicule:

 une taxe déterminée égale à 27 500 F CFA et;


 une taxe variable égale à 1 250 F CFA par place à partir de la onzième place.
b) Pour les transporteurs de marchandises et par véhicule :

 une taxe déterminée égale à 37 500 F CFA et;


 une taxe variable égale à 2 500 F CFA par tonne de charge utile au-dessus de 3
tonnes.
 (Plus de détails dans le cours sur la fiscalité locale)

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Section IX- Droit d'enregistrement
Le droit d'enregistrement est une taxe qui frappe les contrats (sauf les contrats de
travail) et les transactions sous seing privé. Ce droit peut être fixe, proportionnel,
progressif ou dégressif.
Liste des cas les plus courants et tarifs :

 Contrat de bail immobilier urbain commercial : 10 % du total des loyers prévus


 Contrat de bail immobilier urbain d'habitation : 5 % du total des loyers prévus
[articles 341 et 543 du code général des impôts(CGI)]
 Vente de véhicule automobile : 5 % du montant de la vente
 Marchés publics de plus de 5 000 000 F : 2 % du montant du marché
 Transactions sur les biens immobiliers : 15 % du montant de la transaction
 Transactions sur des terrains immobiliers non bâtis : 5 % du montant de la
transaction
 Transactions sur des valeurs mobilières : 2 % du montant de la transaction
 Contrats de mariages : 1 %
 Contrats de mariages sans apports : droit fixe de 20 000 F
 Augmentation de capital : depuis la loi n°2009/018 du 15 décembre 2010 portant
loi des finances de la République du Cameroun au titre de l'exercice fiscal 2010,
l'article 546 alinéa b du code général des impôts (CGI) dispose que l'enregistrement
des actes de constitution, de prorogation de société et d'augmentation de capital est
GRATIS Mutations par décès : droit progressif (2 % à 10 %)
 Testament : droit fixe de 12 000 F

(Plus de détails dans le cours sur les droits d’enregistrement et de succession)

Section X- Fiscalités spécifiques


I -Produits pétroliers
Il existe une taxe spéciale sur les produits pétroliers (TSPP) :
Montant :

 Essence-super : 120 francs / litre


 Gas-oil : 65 francs / litre
Selon l'article 232 du Code Général des Impôts, le fait générateur de cette taxe est
constitué par :

 la livraison des produits taxables par la Société Nationale de Raffinage ;


 L’introduction des produits sur le territoire ;
 la première utilisation de produits lorsqu'il s'agit des livraisons à soi-même.
Le fruit de cette taxe est réparti de la manière suivante :

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 Fonds routier, 75 et 65 F CFA, respectivement à prélever sur le litre d'essence-
super et de gazole
 Trésor Public 45 F CFA
II- Foresterie
Redevance forestière annuelle : cette taxe annuelle est assise sur la surface de la
concession forestière par un taux à l'hectare décidé lors d'un appel d'offre, qui comporte
une offre technique (pondérée à 30 % du total) et une offre financière (pondérée à 70 %
du total). Le taux plancher (minimum requis) est de 1 000 FCFA par hectare (1,52 €). La
moyenne des offres retenues était d'environ 2 800 FCFA par hectare (4,27 €) début
2006. Les redevances les plus élevées tournent autour de 8 000 FCFA par hectare
(12,2 €).
Taxe d'abattage : taxe de 2,5 % de la valeur mercuriale des bois abattus en forêt.
Taxe d'entrée à l'usine : taxe de 2,25 % de la valeur mercuriale de la grume entrant en
usine.
Droit de douanes à l'exportation : taxe de 17,5 % de la valeur mercuriale sur les
exportations de bois en grumes.
Surtaxe à l'exportation : surtaxe sur les grumes allant de 500 à 4 000 Francs CFA par
m³ selon les essences. La principale essence exportée, l'ayous, supporte une surtaxe
de 4 000 FCFA par m³.
Note : les valeurs mercuriales sont votées semestriellement par l'assemblée
nationale sur proposition des douanes.
III- Régime fiscal des projets structurants
Selon les dispositions des articles 114 et 115 du Code Général des Impôts du
Cameroun, sont éligible au régime fiscal des projets structurants, les grandes
entreprises qui remplissent les conditions fixées par le décret N° 2008/2304/PM du 28
juillet 2008 précisant les modalités d'application du régime fiscal particulier des projets
structurants du Code Général des Impôts du Cameroun.
Les avantages fiscaux liés à ce régime sont :
- Exonération de la contribution des patentes au titre des deux (02) premières années
d’exploitation ;
- Enregistrement au droit fixe de 50 000 FCFA des actes de constitution, prorogation et
augmentation de capital et les mutations immobilières directement liées à la mise en
place du projet ;
- Exonération de la TVA sur les achats locaux de matériaux de construction et sur les
importations destinées à la mise en place du projet ;
- Application de l'amortissement accéléré au taux de 1,25 du taux normal pour les
immobilisations spécifiques acquises pendant la phase d’installation ;
- Rallonge de la durée du report déficitaire de quatre (04) à cinq (05) ans.

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