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ESMT1, quels développements pour une « championne » dans un

secteur mature, dérégulé et en forte mutation ?


L’ESMT (Ecole Supérieure Multinationale des Télécommunications) de Dakar « a été créée
en 1981 à l’initiative de 7 pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Mali, Mauritanie,
Niger, Sénégal et Togo). » Ces pays fondateurs seront rejoints par la Guinée en 1998. Cela a
été possible grâce au concours de la coopération internationale, notamment un projet de
programmes des nations unies pour le développement (PNUD). L’école dispose d’un statut
diplomatique depuis 1986. Elle est régie par des textes réglementaires et statutaires. Sa
gouvernance est assurée à travers 4 organes : le conseil des ministres, le conseil
d’administration, la direction générale et le conseil scientifique et pédagogique (voir annexe).

L’ESMT « est leader dans son domaine d’activités, au niveau de l’Afrique francophone, en
tant qu’acteur majeur dans le renforcement des capacités institutionnelles et humaines. » En
effet, l’ESMT accompagne depuis 30 ans ses pays membres « à travers les Offices des Postes
et Télécommunications (OPT) de l’époque avant la libéralisation et la privatisation du
secteur ». L’école, qui considère que sa contribution dans la création de richesses dans ses
pays membres est « sous-tendue par un enseignement et une formation de qualité » dans les
métiers des Télécom/TIC, a accompagné les opérateurs historiques, les nouveaux entrants (les
opérateurs mobiles), les fournisseurs d’équipementiers ainsi que les autorités nationales de
régulation telle l’ARTP (Agence de régulation des Télécommunications et de Poste) au
Sénégal. Les responsables de l’école se disent ainsi « heureux de constater que les pays et les
opérateurs qui ont eu à recourir, pendant des années, à l’ESMT, sont les meilleurs en matière
de développement des TIC à l’image du Sénégal où « 60 à 70% des cadres qui sont dans les
métiers purement Télécom/TIC sont issus de ESMT ».

Face à la rapidité des évolutions technologiques qui marquent le secteur des


télécommunications, les autorités de l’ESMT ont l’ambition « de faire de cette école une
référence mondiale » et souhaite attirer sous peu dans leur campus « de jeunes asiatiques,
européens, … venir (y) faire leur cursus ». Pour atteindre de tels objectifs dans ce secteur, où
« si la concentration des talents et la question du financement sont réunies, il n’y a pas de
raison qu’on ne réussisse pas », l’ESMT compte agir sur trois leviers :

 « une concentration de talents constitués par des enseignants-chercheurs hautement


qualifiés ; des étudiants recrutés par un processus de sélection très rigoureux. »
 « des équipements technologiques de dernière génération ».
 Une bonne gouvernance à travers des organes et des outils de management
performants.

Les responsables de l’ESMT accordent une très grande importance au partenariat avec les
acteurs du secteur, notamment l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), leurs
« clients » que sont « ministères, opérateurs, régulateurs, … » et les équipementiers. Dans le

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Ce cas est rédigé par Birahim GUEYE

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cadre de ses partenariats l’ESMT a ouvert en 2009, avec le constructeur Alcatel-Lucent, un
« Training Centrer de dernière génération ». Pour les responsables de cette institution, leur
partenariat avec les fabricants d’équipements « permet à l’ESMT de relever le défi de
l’évolution rapide des technologies ». L’école vient de décrocher, pour la deuxième fois, le
Label de Centre d’Excellence de l’UEMOA grâce notamment aux « investissements » sur
fonds propre et grâce à l’appui de partenaires institutionnels et financiers comme l’Union
Européenne ou l’UEMOA. Ces différents partenariats permettent de relever le plateau
technique de l’école et d’offrir aux étudiants et stagiaires formés de trouver, au minimum, ce
qu’il y a chez les opérateurs.

Grâce au soutien de l’UEMOA, l’ESMT a pu acquérir des équipements dans le domaine de la


compatibilité électromagnétique des ondes radio qui permet « d’analyser les impacts des
ondes radio sur la santé » des populations. L’ESMT s’est ainsi dotée « la capacité technique et
les compétences humaines pour faire toutes les collectes, les analyses et présenter aux
autorités et décideurs des rapports scientifiques, pouvant les aider dans la définition de leurs
politiques de développement et les prises de décisions. »

Durant les premières années de son existence, « les produits de l’ESMT étaient déjà des
professionnels » avant de rejoindre l’école. Trouver un travail, après leur graduation, n’était
pas un problème. Depuis que le secteur a été libéralisé avec l’arrivée de la concurrence,
l’école doit faire face à une nouvelle réalité, l’insertion professionnelle de ses étudiants en
formation initiale. Pour les responsables de l’école, « ces jeunes très compétents, talentueux,
avant même la fin de leur cycle, à travers leurs stages, ont déjà leur premier emploi. » Ainsi,
on estime, en moyenne, que 80% des diplômés de l’ESMT trouvent un emploi dans les 6 mois
après la fin de leur formation. Ce fort taux d’insertion est obtenu grâce aux partenariats noués
avec les opérateurs, les équipementiers, les Ministères et les autorités de régulation, qui
viennent détecter les talents de l’école avant la fin de leur cursus et leur proposer des stages
qui se concluent généralement par des contrats d’embauche. Certains partenaires, qui
souhaitent attirer les meilleurs talents, n’hésitent pas à sponsoriser certains étudiants de
l’ESMT. Pour favoriser l’insertion des « produits » de l’ESMT, il est proposé aux étudiants
des modules en entrepreneuriat dont l’ambition est de mettre à leur disposition des outils qui
leur permettront de créer leurs propres structures.

Les « produits » de ’ESMT doivent cependant faire face à la concurrence des diplômés des
écoles et universités nationales (Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar, Ecole
Polytechnique de Thiès, Ecole Sénégal-Japon, etc.) mais surtout des universités occidentales
et maghrébines. Les autorités de l’école considèrent les grandes écoles et universités
occidentales et maghrébines comme des « concurrents-partenaires ». Même s’ils considèrent
que « le jeune africain, formé à l’ESMT, ne souffre d’aucun complexe par rapport au jeune
européen, formé dans les institutions du Nord », ils offrent des « cycles en partenariats avec
des institutions du Nord ». Un étudiant, en prépa dans le campus de Dakar, Cotonou ou
Yaoundé, peut choisir de rejoindre une école européenne ou maghrébine partenaire de
l’ESMT.

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La dimension capital humain est très présente dans le discours des autorités de l’ESMT. On
note ainsi des déclarations du type : « au-delà du matériel et de la technologie, il y a les
qualifications et les aptitudes de l’homme. L’homme, le capital humain, est au début et à la fin
de tout. … Après le savoir, le savoir faire, nous leur (les étudiants) apprenons le savoir-être.
Ce qui se traduit, en termes de comportement, d’état d’esprit et de créativité. »

Après 30 ans d’existence, les autorités de l’école se projettent dans l’avenir et ont l’ambition
« de donner à l’ESMT une envergure régionale, continentale, voire même mondiale. »

Questions :

1. Analyser l’environnement externe et interne de l’ESMT.


2. Evaluer le poids des différentes forces de la concurrence dans le secteur des écoles
supérieures de formation en Télécommunications, puis représenter les sur un hexagone
sectoriel.
3. Analyser les forces et les faiblesses de l’école ainsi que les menaces et les opportunités
auxquelles elle doit faire face.
4. Quels sont les facteurs qui ont fondé le succès de l’entreprise durant les 30 dernières
années ? Ces facteurs peuvent-ils assurer à l’ESMT un avantage concurrentiel
durable ?
5. Après avoir défini les principaux critères de segmentation stratégique, dites quels sont
les principaux domaines d’activités de l’ESMT ?
6. Quelles sont les options stratégiques essentiellement poursuivies par l’ESMT ?
Quelles autres options pourrait-elle intégrer ?
7. Quelles stratégies de développement devraient adopter les responsables de l’ESMT ?

Sources :
Site web de l’ESMT, www.esmt.sn
Interview de Mohamadou Arabani SAIBOU, Directeur Général de l’ESMT dans « Magazine
Réussir, N° 67 – Juin 2012).

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ANNEXE : STRUCTURES DE GOUVERNANCE DE L’ESMT

CONSEIL DES MINISTRES

PRESIDENCE
Le conseil des Ministres est l'organe suprême de décision de l'ESMT. La présidence du
conseil des Ministres est assurée , à tour de rôle et par ordre alphabétique, pour un mandat de
deux (2) ans , par le Ministre en charge des Télécommunications / TIC des Etats Membres.
MISSION
Le conseil des Ministres fixe les grandes orientations de l'ESMT et approuve ses stratégies de
mise en œuvre. IL nomme le Directeur Général et le Directeur de l'Enseignement, de la
Formation et de la Recherche.

Le conseil d’administration
COMPOSITION
Le conseil d'Administration est composé de deux représentants par Etat Membre dont un du
Ministère en charge des Télécommunications / TIC, et un de l'organe de Régulation des
Télécommunications / TIC.
MISSION
Le conseil d'Administration approuve le programme d'activités et de budget de l'ESMT. Il
adopte les règles et procédures administratives et financières et le statut du personnel .IL
approuve le rapport des commissaires aux comptes, le rapport de gestion et les états
financiers préparés par le Directeur général.

LA DIRECTION GENERALE
MISSION DU DIRECTEUR GENERAL
L'Ecole Supérieure Multinationale des Télécommunications est dirigée par un Directeur
Général. IL est nommé par le conseil des Ministres suite à un appel à candidatures parmi les
cadres du secteur des Télécommunications/ TIC des états membres de l'ESMT. Son mandat
est de quatre ans renouvelable une fois.

MISSION DU DIRECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT,DE LA FORMATION ET DE


LA RECHERCHE
Le directeur de l'Enseignement, de la Formation et de la Recherche est nommé par le Conseil
des Ministres suite à un appel à candidatures parmi les les cadres du secteur des

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Télécommunications/ TIC des états membres de l'ESMT. Son mandat est de quatre ans
renouvelable une fois.

Le Conseil Scientifique
IL est constitué auprès du Directeur Général un Organe consultatif dénommé << Le conseil
Scientifique et Pédagogique >> La mission du conseil Scientifique et Pédagogique est
d'assurer le développement et le maintien des programmes d'Etudes de qualité que l'ESMT a
l'obligation d'établir et d'exécuter. IL apporte toute assistance pour la mise en place des
programmes de fonction de qualité.

Le conseil Scientifique et Pédagogique est composé du :

 Du Directeur Général de l'ESMT qui assure la présidence


 Du Directeur de l'Enseignement, de la Formation et de la Recherche qui est le
rapporteur
 Du Responsable du Département Marketing et développement Institutionnel
 De l'ensemble des Enseignants / Formateurs
 Des Représentants des acteurs du secteur des Télécommunications/TIC (Opérateurs,
Organes de Régulation, etc...) et des partenaires.
 Des Représentants des équipementiers
 Des Représentants des Grandes Ecoles d'Ingénieurs
 D'un (1) ou deux Représentants des Etudiants suivant le cycle concerné.

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