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I
HANDICAP
Généralités, histoire et représentations
GÉNÉRALITÉS
+1
MILLIARD DE
PERSONNES
Soit :
~15% de la population mondiale
~ 1 personne sur 7
+1
Tendance à l’augmentation :
MILLIARD DE — Vieillissement de la population
mondiale
PERSONNES — Augmentation des maladies
chroniques
Cependant :
— ces approches tripartites ignorent certaines considérations et sont donc incomplètes (ex : limitations
fonctionnelles basées sur une liste d’activités non exhaustive de la vie de tous les jours) ;
— ces chiffres (estimations) sont issus d’un échantillon de populations (de 20 à 59 ans, vivant en
ménage) et sont donc ni révélateurs à l’échelle globale (nationale), ni inclusifs d’autres populations ;
— statistiques vieillissantes (2008), insuffisantes et éloignées des réalités actuelles.
GÉNÉRALITÉS
Article L114 du Code de l’action sociale et des familles, introduit par la Loi
no2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Texte intégral disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/
GÉNÉRALITÉS
« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d'activité ou restriction de
participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une
altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles,
mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. »
Article L114 de la Loi no2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et
des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
= handicap moteur
(< 2005 : « déficience motrice »)
Situationnalise le
handicap
déresponsabilise l’individu
au profit de la société
Remet en cause le facteur
environnemental (favorable
ou défavorable)
Dans cette situation : l’individu présentant un handicap moteur ne peut gravir les
marches, contrairement aux autres individus (environnement défavorable à son
évolution, inadéquate et inégalitaire, donc « handicapant »).
La responsabilité ne repose alors pas sur sa condition personnelle (stigmatisation),
mais sur la société (cadre de vie ou organisation sociale) qui doit permettre une
accessibilité à tous les individus (obligation dans l’espace public).
RAMPE D’ACCÈS
PMR
GÉNÉRALITÉS
Le handicap, s’il peut être apparenté à un processus (P. FOUGEYROLLAS, 1998), reste
donc le fruit d’une situation dynamique qui prend en compte les facteurs personnels
ET environnementaux.
Ainsi, deux individus, présentant une même altération dans un environnement donné
et au même moment, ne seront pas forcément dans la même situation de handicap,
car leurs vécus ne sont pas identiques.
À l’inverse, on remarque facilement que deux personnes que l’on peut considérer
« légalement » dans une même situation de handicap ne sont jamais les mêmes
(portée limitée de la loi de 2005).
De plus, la notion de situation peut parfois être discutée face aux réalités engendrées
par certains types de handicap, ex : TSA et troubles associés ; polyhandicap ; etc.
EN RÉSUMÉ :
Intégrée dans une discussion plus large, elle permet également d’interroger le
rapport à la norme en société.
GÉNÉRALITÉS
Pour bien comprendre ce rapport à la norme et comment en sommes
nous arrivé là :
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
Le mythe d’ŒDIPE (en grec « Oidipous », « Οιδιπους »,
signifiant : « celui qui a les pieds enflés »)
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
Ainsi :
L’exposition est une pratique qui, en Grèce antique, consiste a
abandonner un nouveau-né (P. BRULÉ, 2009), notamment lorsque
l’enfant présente une « tare physique ».
Représentée à travers les arts et la mythologie (ex : Héphaïstos),
cette pratique révèle que, dans cette société, l’altérité (physique)
était considérée comme la marque défavorable d’un châtiment
divin (pratique religieuse).
De plus, à travers l’automutilation d’Œdipe, la cécité est bien
associée à un châtiment, mais symbolise aussi un rejet du réel, de la
vérité (représentation qui est entrée de nos jours dans le langage
courant : « être aveugle à … »).
Gustave MOREAU, Œdipe et le Sphinx, Huile sur
toile, 1864.
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
« Et l'Éternel [le Seigneur] parla à Moïse, en disant : “Parle à
Aaron, en disant : Aucun homme de ta descendance, dans ses
générations, qui a quelque défaut corporel, ne s'approchera pour
présenter le pain de son Dieu. Car quiconque a un défaut corporel
ne s'approchera pas : l'homme aveugle, ou boiteux, ou qui a le
nez déformé ou un membre plus long que l'autre ; […]. »
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
« Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : “Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous”. »
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc, Chapitre 6, verset 20.
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
Le terme récurrent de « pauvres », récurrent dans l’exégèse biblique, désigne et
assimile alors un ensemble hétérogène de populations, dont les personnes
porteuses d’altérités physiques, les malades, les sans abris, les mendiants, les
opprimés, etc.
À travers ses voyages décrits dans les différents Évangiles, J. -C. est régulièrement
amené à côtoyer ces populations et à leur porter assistance, notamment en
provoquant des guérisons miraculeuses (ex : épisodes des « secrets
messianiques »).
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
Ces idées, qui rompent avec la norme sociale de l’Ancien Testament, vont forger des
représentation de l’altérité qui se répandront dans toute l’Europe à travers le
christianisme.
Car, si l’altérité n’est ici plus considérée comme un péché et stigmatisée dans l’accès
au culte, elle est toutefois associée à une faiblesse et reste l’empreinte de la volonté
divine, d’une force démoniaque, d’une conséquence subie du destin, à travers
laquelle l’œuvre de Dieu doit se réaliser.
Ainsi se créé un paradoxe : avec, d’une part, l’exaltation de la « pauvreté », lui
conférant des valeurs positives inspirant la vénération et la charité (inclusion), et,
d’autre part, l’infériorisation sociale de la condition du « pauvre », comprise comme
une faiblesse et un châtiment démoniaque (exclusion).
ANTIQUITÉ
HISTOIRE
De ce fait, ce paradoxe sera le socle de représentations ambivalentes durant la
période du Moyen-Âge :
ANTIQUITÉ MOYEN-ÂGE
HISTOIRE
LE MONSTRE
Du latin « monstrum » et « monstrare » : « ce qu’il faut montrer ».
À la fois craints et vénérés, les monstres, parfois considérés d’origine
bestiale, attiraient les foules et interrogeaient les autorités et les
penseurs.
Sur le plan juridique, la figure du monstre est un être qui, par son
existence, viole les lois de la société (civile et religieuse) et de la
nature, à la différence de l’« infirme » (M. FOUCAULT, 1999).
Au Moyen-Âge, il est à la fois le messager de la colère divine et,
intégré dans la pastorale manichéenne de l’enfer et du péché, il est
un envoyé du diable et annonciateur de malheur.
Ambroise PARÉ, « Figure d’un enfant monstrueux,
de défaut de la semence », 1598.
ANTIQUITÉ MOYEN-ÂGE
HISTOIRE
L’INFIRME
ANTIQUITÉ MOYEN-ÂGE
HISTOIRE
À la fin du Moyen-Âge, l’organisation de société (norme sociétale) va s’élaborer
autour de la capacité d’un individu à travailler (pénurie de main d’œuvre due à la
peste noire).
Dans différents pays européens, des mesures de répressions apparaissent à
l’encontre des « vagabonds » et des « mendiants ».
En France, on discrimine les « pauvres méritants » (infirmes) des « mauvais »
indigents oisifs (rôle de la « police des pauvres »), les premiers étant éligibles à la
charité, les autres étant condamnés (prison, châtiments corporels, pendaison, etc.)
et parfois marqués au fer rouge (détermine leur statut social).
À partir du XVIe siècle et à la Renaissance, ce climat politique va conduire au modèle
du « grand renfermement ».
ANTIQUITÉ MOYEN-ÂGE
HISTOIRE
Promu par l’Église de Rome et progressivement répandu dans toute l’Europe du
XVIIe siècle, le « grand renferment » désigne une période de concentration et
d’enfermement des individus présentant un danger pour la société, c’est-à-dire
faisant obstacle à l’ordre social et à la norme fondée sur le travail
(M. FOUCAULT, 1961).
Cela coïncide avec l’apparition du capitalisme durant la Renaissance, rompant avec
la tradition médiévale fondée sur la charité et le salut divin.
La figure du « pauvre », à laquelle on attribuait auparavant une connotation positive,
se dégrade davantage pour devenir alors « le misérable » et « l’inutile ».
C’est dans ce but que Louis XIV, principal investigateur de ce dispositif en France,
créera plusieurs « hôpitaux généraux » (exemples à Paris : Hôpital de la Salpêtrière,
des Incurables, Hôtel des Invalides, etc.).
Exemples :
Ambroise PARÉ, chirurgien et anatomiste français, va, dès le XVIe siècle
dans son Traité des monstres et prodiges (1575), remettre en cause
l’ancrage théologique de l’existence des « monstres » en développant
une catégorisation empirique (fondée sur l’observation et
l’expérience) des anomalies du corps humain : la tératologie.
Cette catégorisation, loin d’être rigoureuse et enclin à l’imagination,
va toutefois s’établir non pas en fonction des malformations du corps,
mais de leurs origines supposées, qui peuvent être issues du divin
mais aussi de causes naturelles et héréditaires (Y. BRAILLE, 2005).
Par une perspective médicale et anatomique, l’altérité devient ainsi
un objet d’étude et de connaissance qui caractérisera plus tard le
Ambroise PARÉ, « Figure d’un enfant monstrueux,
siècle des Lumières .
de défaut de la semence », 1598.
Autres exemples :
Denis DIDEROT, Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749) : à travers cet essai, Diderot
met en scène un dialogue fictif entre deux aveugles et un mathématicien voyant. En faisant des
aveugles les sujets principaux de l’ouvrage et en plaçant ces deniers à l’égal du philosophe, Diderot
questionne l’altérité dans les perceptions du monde, de Dieu, et le primat du sens de la vue sur le
toucher. Cette réflexion (qui lui value la prison) renverse la statut d’infériorité de l’aveugle sur le
voyant.
Cette conception (dont la forme la plus extrême sera menée aux États-Unis), qui
apparait dans une période de conflit (guerre franco-prussienne de 1870 et chute du
Second Empire), sera influencée par l’hérédité biologique et l’apparition des
premiers diagnostiques prénatals.
Ainsi, l’école est rendu obligatoire pour les enfants (6 à 12 ans) avec les lois de Jules FERRY
(1882), le premier institut médico-pédagogique est créé à Vitry par Désiré-M. BOURNEVILLE
(1890) et se penche sur l’éducation spécialisée des enfants « idiots », « DÉGÉNÉRÉS »,
« arriérés » ou « anormaux » (création de classes de « perfectionnement » en 1909).
La loi sur les accidents du travail (adoptée le 9 avril 1898) vise à réparer le
préjudice subi par la victime sans pour autant engager la pleine responsabilité de
l’employeur.
Pour la première fois, la société, du fait de son activité, est jugée comme
responsable des risques et des préjudices encourus, et la loi lui incombe de devoir
réparer ses fautes. Les accidentés deviennent les « victimes du progrès ».
L’INVALIDE
Du latin « invalidus » : « impuissant, faible, qui n’est pas vaillant ».
Présent dès le XVIIe siècle, les « invalides » désignaient à l’origine une catégorie
socioprofessionelle précise : celle des vétérans de guerre ayant subis des
blessures incapacitantes, morales ou physiques.
Les travailleurs les plus modestes ont l’obligation légale de souscrire à une
assurance sociale couvrant maladies, vieillissement, décès et invalidité, celle-ci
étant financée par des cotisations sociales et patronales.
? Alban BRICENO
Chargé de cours
Doctorant (5ème année)
EN CAS DE QUESTIONS Musicologie (Faculté des Humanités)
CEAC — SCALab
📧 alban.briceno@univ-lille.fr ou Moodle