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COURS DE PHYSIQUE ATOMIQUE ET MOLECULAIRE

Traditionnellement, la Physique atomique et moléculaire a été un champ


d’applications de la Mécanique quantique, grâce à l’analyse (à travers des spectres observés
dans la nature ou produits en laboratoire) de la structure interne des atomes (mouvements
électrons/noyaux).
Cependant, d’autres propriétés intéressantes, pas forcément traitées par la Mécanique
quantique, sont de nos jours beaucoup discutées, par exemple, l’influence de la taille
(agrégats), de la température dans certaines structures.

CHAPITRE I : Introduction historique à la Quantification : Contribution de Planck,


Einstein et Bohr

Les premières idées sur la quantification et de la physique moderne (physique


quantique particulièrement) remontent à la période située entre 1900 et 1925. Leur point de
départ fut la difficulté d’interpréter dans le cadre des lois physiques connues à l’époque trois
faits expérimentaux précis :

- la courbe variation, en fonction de la longueur d’onde (ou fréquence), de la densité


d’énergie émise par les corps ;
- l’effet photoélectrique i.e. l’extraction d’un électron de métal à l’aide d’une onde
électromagnétique ;
- le spectre de raies émis par les atomes et notamment par le plus simple d’entre eux,
l’atome d’hydrogène.

Nous allons donner ici un bref aperçu des théories élaborées respectivement par Planck,
Einstein et Bohr, pour interpréter ces trois faits. Ces trois théories introduisent une même idée,
la quantification, i.e. la restriction à des valeurs particulières des résultats de la mesure de
certaines grandeurs physiques.

1.1. Rayonnement du corps noir

Tous les corps portés à une température rayonnent de l’énergie électromagnétique. Ce


rayonnement est directement relié à celui émis par un corps idéal, appelé corps noir, qui a la
propriété d’absorber toutes les radiations quelle que soit la fréquence.
Expérimentalement, on réalise un corps noir en perçant un petit trou dans une cavité
dont les parois sont portées à la température : toutes les radiations qui pénètrent dans cette
cavité ne peuvent en sortir.

Fig.1.1

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A l’aide de dispositifs particuliers, on peut étudier la loi de répartition de la densité
d’énergie en fonction de la fréquence pour une température donnée.

Fig.1.2

Le spectre du corps noir est un spectre continu.

 Interprétation de Planck

Devant l’échec de l’interprétation continue, Planck postule que la paroi qui constitue le
corps noir est formée d’oscillateurs. Il ajoute surtout que les transferts d’énergie se font de
façon discontinue. Chaque oscillateur véhicule une quantité d’énergie proportionnelle à la
fréquence du rayonnement :
(1.1)

A l’aide des considérations de la thermodynamique statistique, Planck établit la


formule suivante :
( ) (1.2)
( )

Planck pensa longtemps que le quantum d’énergie n’était qu’un intermédiaire


de calcul dont la Physique classique ne tarderait pas à se dégager. A la fin de sa vie, il convint
que ce quantum avait une signification plus profonde qu’il ne l’avait d’abord pensé.

1.2. Effet photoélectrique

Lorsqu’on envoie une onde électromagnétique sur un métal, on observe que, dans
certaines conditions, ce métal émet des électrons.
L’expérience montre que :
- l’émission des électrons se produit si la fréquence du rayonnement est supérieure à
une fréquence-seuil caractéristique du métal de la cathode utilisée. Elle est
instantanée ;

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- l’énergie des électrons émis est indépendante du flux lumineux. En effet, les
différentes courbes ( ) donnent pour la même valeur du potentiel négatif
(potentiel d’arrêt) auquel il faut porter l’anode (Fig.1.4).

Cathode

Anode

+
Source Ampèremètre
de tension
-

Fig. 1.3

L’énergie cinétique des électrons à la sortie de la cathode est directement liée à


puisque la conservation de l’énergie entre la cathode et l’anode permet d’écrire :

( )( | |) | | (1.3)

D’autre part, | | augmente linéairement lorsque augmente (Fig.1.5).

| |

O O

Fig.1.4 Fig.1.5

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Dans le cadre classique de la théorie électromagnétique de la lumière, l’énergie
transportée par l’onde est proportionnelle au carré de son amplitude et indépendante de la
fréquence, ce qui rend inexplicable l’existence d’un courant de saturation dépendant du flux
lumineux.

 Interprétation d’Einstein (1905)

Einstein étend l’hypothèse de Planck en attribuant une réalité au quantum


d’énergie à la particule de lumière. La particule de lumière, appelée photon,
transporte une énergie proportionnelle à la fréquence de l’onde électromagnétique.
Il interpréta l’effet photoélectrique en termes de collision inélastique entre un
photon et le métal (électron du métal). Au cours de la collision, le métal absorbe le photon
dont l’énergie est fournie à un électron. Cette énergie permet à l’électron de vaincre les
forces qui le maintiennent dans le métal et d’acquérir, une fois sorti du métal, une énergie
cinétique. Il en résulte, en notant l’énergie d’extraction :

(1.4)

Par conséquent, en posant , on obtient :

( ) (1.5)
Ainsi :
- si , il y a un courant qui est une preuve que les électrons sont émis. Ceci est la
condition pour obtenir l’effet photoélectrique ;
- si , il n’y a pas de courant donc pas d’émission des électrons : pas donc d’effet
photoélectrique.

1.3. Spectre de raies de l’atome d’hydrogène

Expérimentalement, le spectre d’émission d’une lampe contenant de l’hydrogène


à une pression de n’est pas un spectre continu comme le spectre du corps noir
mais un spectre de raies (Fig.6).

Fig.1.6 : Raies visibles de l’atome d’hydrogène

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Les raies du spectre visibles correspondent, comme l’a montré Balmer à des
longueurs d’onde reliées à deux nombres entiers et par la relation :

( ) (1.6)

où étant la constante de Rydberg (du nom du spectroscopique


suédois).

 Interprétation de Bohr (1913)

Le point de départ de Bohr fut le modèle planétaire de l’atome d’hydrogène


élaboré par Rutherford. L’électron décrit uniformément un cercle autour du proton sous
l’action de la force électrostatique.

( )

( )

Fig.1.7

Dans le référentiel du laboratoire où le proton est supposé fixe, on a, d’après le


principe fondamental de la dynamique classique :

⃗ ⃗ (1.7)
avec :

⃗ ⃗⃗ (1.8)

en posant , et en notant le rayon du cercle (décrit par l’électron autour du proton)


et ⃗⃗ le vecteur unitaire radial.
Comme ⃗ ⃗⃗ , il vient :

(1.9)
Soit l’énergie cinétique donnée par :
(1.10)

Quant à l’énergie potentielle dont dérive la force électrostatique, elle vaut :

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∫ ∫ [ ] (1.11)

Finalement, l’énergie totale s’écrit dans le modèle classique :

(1.12)

Bohr introduisit alors deux idées nouvelles en contraction avec la Physique


classique :
a- Sur certaines trajectoires privilégiées, l’électron, bien qu’accéléré ne rayonne pas
de l’énergie. Ces trajectoires sont bien définies par la quantification de l’action :

∮⃗ ⃗ ; ⃗ ⃗ (1.13)

cette expression devient, pour une période de révolution de l’électron autour du proton :

; (1.14)

Cette relation est souvent traduite par la quantification du moment cinétique de


l’électron :
(1.15)
Puisque l’énergie cinétique est :

(1.16)

D’où :
( ) (1.17)

La quantité
(1.18)

est appelée le rayon de courbure de l’atome de Bohr. Par conséquent, l’énergie est donnée
par :
(1.19)
Il est naturel d’introduire l’énergie, , appelée le Rydberg, définie par :

( ) ( ) (1.20)

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où :
(1.21)

est communément appelé la constante de structure fine.


Comme , on trouve et donc :

( ) (1.22)

b- L’émission de la lumière doit être attribuée à des transitions de l’électron d’une


trajectoire à une autre d’énergie plus faible. Le photon émis a une énergie
égale à :

(1.23)
Par conséquent :

( ) (1.24)

Soit:
( ) ( ); (1.25)

Remarques:

1- On peut généraliser la formule, , aux atomes hydrogénoïdes (dont la


charge du noyau est ) possédant un seul électron. On obtient dans ce cas :

(1.26)

où est la masse réduite du système électron-proton.

La formule donnant la longueur d’onde dans une émission de lumière s’écrit


alors :
( ) (1.27)

2- On a pris l’habitude d’associer une « couche » à chaque valeur de pour l’énergie

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Pour , on dit que l’électron est sur la couche et que sont état d’énergie
correspondant est l’état fondamental.
Pour , on note les couches , les états d’énergie
correspondants sont appelées états excités de l’atome. On peut généraliser ce
résultat aux atomes à plusieurs électrons. En suivant la règle de Stoner, sur une
couche ne peuvent graviter que électrons.

1.4. Autres expériences de quantification ou de mise en évidence des niveaux d’énergie

1.4.1. Expérience de Frank et Hertz

L’expérience de J. Franck et G. Hertz (neveu de H. Hertz), réalisée en Allemagne


en 1914, consiste à étudier les pertes d’énergie subies par des électrons accélérés à la suite de
collisions avec les atomes de gaz (de la vapeur de mercure par exemple).

cathode grille

plaque

Vapeur de Hg

G
U

Fig.1.7

Les électrons émis par la cathode chauffée sont accélérés par le champ électrique
entre la cathode et la grille, puis, traversant la grille, atteignent la plaque et donnent un
courant électrique dans la galvanomètre G. On applique entre la grille et la plaque un petit
potentiel de freinage , ce qui fait que les électrons qui ont traversé la grille avec
de faible vitesse sont refoulés en sens inverse, c’est-à-dire qu’ils n’atteignent pas la plaque et
ne passent pas dans le galvanomètre.
Lorsqu’on augmente le potentiel d’accélération en commençant par de petites
valeurs, l’intensité du courant dans le galvanomètre croit d’abord monotonement, mais tombe
brusquement lorsque . Puis le courant croit de nouveau avec , mais lorsque

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, il y a une nouvelle chute de l’intensité du courant. Une troisième chute
a lieu pour , etc… (Fig.1.8).

(A)

U (V)
4,9 9,8 14,7

 Interprétations

Les phénomènes observés s’expliquent comme suit. Dans leur course de la


cathode à la grille, les électrons heurtent les atomes de vapeur de mercure. Les collisions dans
le milieu peuvent de nature élastique ou inélastique.
La chute brutale de l’intensité du courant pour peut être interpréter par
la collision inélastique

En effet, lorsque l’énergie de l’électron atteint la valeur caractéristique d’une transition


, il cède toute son énergie cinétique à l’atome de mercure Hg. Il ne peut donc
plus atteindre la plaque, d’où la chute de l’intensité du galvanomètre.
Cependant, l’électron arrêté par ce choc est de nouveau accéléré dans le champ
vers la grille et possède suffisamment d’énergie pour remonter le champ opposé, il atteint la
plaque et l’intensité du courant augmente de nouveau. Ceci explique la nouvelle montée de la
courbe lorsque . Pour une valeur de , un même électron peut
perdre une deuxième fois son énergie cinétique en excitant un atome de Hg. Il ne peut
atteindre la plaque. On enregistre alors une deuxième chute de l’intensité du galvanomètre, et
ainsi de suite.
Les maximas de l’intensité mettent en évidence la transition la plus probable
entre deux niveaux d’énergie de l’atome Hg : le niveau fondamental et le premier niveau
excité.
Dans cette expérience, Franck et Hertz ont montré que la vapeur de mercure Hg
soumise à un bombardement d’électrons d’énergie supérieure à commence à émettre
de la lumière ultraviolette de longueur d’onde . Ce rayonnement est dû à la
désexcitation de Hg* :

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( )

La longueur d’onde des photons émis est obtenue par la relation :

Cette valeur théorique, , est à comparer avec la valeur expérimentale .

1.4.2. Rayons X caractéristiques. Loi de Moseley

 Production des rayons X

Le mécanisme de production des rayons X se fait en deux étapes :


- lorsque l’on soumet la matière à un bombardement d’électrons rapides, de particules
(noyau ), de protons, on peut arracher un électron atomique d’une couche
profonde (K ou L) ;
- il en résulte que l’atome est ionisé et possède un trou sur cette couche profonde. Ainsi,
un électron atomique d’une couche externe ( ) vient occuper ce trou et cela
constitue le spectre X des raies.
Les spectres caractéristiques de rayons X sont constitués de plusieurs séries que
l’on désigne ici aussi par les lettres K, L, M, N, … Chaque série comprend un grand nombre
de raies que l’on désigne respectivement KI, KII ou LI, LII, …
D’après ce qui précède, l’énergie d’un niveau est donnée par (cf. éq. 1.26) :

Le photon X, émis lors d’une transition entre un noyau très excité ( ) et un niveau
proche du noyau, on a une énergie :
; car (1.28)

Dans le cas d’un atome à plusieurs électrons (ou d’un atome ayant perdu un
électron d’une couche profonde) il faut tenir compte de l’interaction entre l’électron
périphérique séparé par ( ) électrons et le noyau. On introduit une constante d’écran
qui rend compte globalement de cet effet. La charge apparente du noyau en interaction avec
un électron s’écrit ( ) . L’énergie devient :

( ) (1.29)

d’où la fréquence des rayons X :


( ) (1.30)

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Le savant anglais Moseley a établi expérimentalement la loi de fréquence des
rayons X par la relation :
( ) √ √ ( ) (1.31)

 Enoncé de la loi de Moseley : La racine carrée de la fréquence de la raie


caractéristique correspondante est une fonction linéaire du numéro atomique de
l’élément.
En comparant les équations (1.30) et (1.31), on en déduit que :

(1.32)

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