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Caractérisation de biofilms par spectrométrie


d’absorption infrarouge
 F. HUI1, G. P. HUSSON2, B. HOCHET1, G. REBOUTÉ1, J. LÉDION1

Mots-clés : spectrométrie infrarouge, aluminosilicates, biofilms, composés inorganiques


Keywords: infrared spectrometry, aluminosilicates, biofilms, inorganic compounds

Introduction relations minéraux/bactéries [2, 3]. Ces contributions


restent, malgré tout, peu nombreuses.
Les exigences de la réglementation concernant la
C’est pourquoi nous nous proposons de montrer
distribution des eaux destinées à la consommation
comment l’utilisation de la spectrométrie d’absorp-
humaine ont conduit les distributeurs d’eau, ainsi que
tion infrarouge permet d’accéder, de manière relati-
les exploitants de circuits d’eaux à usage domestique
vement simple, aux différents composés inorganiques
ou industriel, à s’intéresser de plus en plus à la
présents dans les biofilms.
matière organique fixée sur les parois des matériaux
La spectrométrie d’absorption infrarouge est une
placés au contact de l’eau. Cette matière organique
méthode aujourd’hui très classique et largement
est désignée dans le langage courant sous le vocable
utilisée en routine par de nombreux laboratoires. Bien
« biofilm ».
qu’elle soit ancienne, elle a connu un regain d’intérêt
Pour la plupart des auteurs, le biofilm est considéré avec l’apparition d’appareils utilisant la transformée
sous son aspect « organique ». Par exemple, de Fourier. Cependant, les applications se cantonnent
COSTERTON et coll. [1] définissent le biofilm souvent à la chimie organique, alors qu’elle est
comme une « organisation structurée de micro- nettement sous-utilisée pour l’analyse des produits
organismes dans une matrice polysaccharidique et inorganiques, même si certains pionniers, comme
protéique, protectrice et nutritive, adhérant à une LECOMTE [4], en avaient décrit, au milieu du siècle
surface ». dernier et dans le détail, l’intérêt pour les substances
Dans le cas le plus simple, ce biofilm serait composé de aussi bien organiques qu’inorganiques.
cellules bactériennes et de leurs métabolites. Un tel bio- De nos jours, l’obtention de spectres complets est
film aurait généralement une structure très beaucoup plus rapide, fournissant des informations
poreuse (plus de 80 % d’eau) et comporterait également sur l’hydratation des produits, les différentes matières
une part importante de particules inorganiques piégées organiques et les divers types de composés inorga-
dans des exopolymères. De plus, au sein d’un biofilm, niques présents. Bien sûr, la méthode a aussi des
des organismes plus évolués comme des algues, des limites, mais elles ne sont généralement pas contrai-
protozoaires, cohabiteraient avec les bactéries… gnantes pour l’étude de la fraction minérale des
Les matières inorganiques ne sont citées qu’en biofilms.
passant, sans doute dans le souci d’être complet et de
ne rien oublier dans l’énumération, et cela pour bien 1. Matériels et méthodes
souligner la complexité du système. Cependant, 1.1. Principaux avantages de la méthode
d’autres auteurs se sont tout de même intéressés aux d’analyse
La spectrométrie infrarouge ne fait, elle, aucune dif-
1 Arts et Métiers ParisTech – LIM-UMR CNRS 8006 – 151, boulevard de férence entre composés organiques et inorganiques.
l’Hôpital – 75013 Paris.
2 Université Paris Descartes – 4, avenue de l’Observatoire – 75006 Paris. Elle voit seulement les mouvements (vibrations, par

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exemple) des atomes, les uns par rapport aux autres. 1.2. Prélèvement et pastillage
Sur la figure 1, on voit l’aspect d’un spectre qui
Pour obtenir un spectre représentatif du biofilm
montre à la fois de la matière organique et des pro-
étudié, il est nécessaire de faire le prélèvement de
duits minéraux. L’important est que les informations
manière rigoureuse. La première opération consiste
concernant les divers types de composés se trouvent
à procéder à un lavage du biofilm à l’eau déminéra-
être séparées, la fréquence dépendant de la masse des
lisée, de manière à éliminer au maximum l’eau du
atomes aussi bien que de la longueur des liaisons. Ces
réseau qui l’imbibe et les « sels » qu’elle contient.
informations peuvent être traitées indépendamment.
Un séchage modéré, par évaporation à la tempé-
De manière générale, la masse des groupements
rature ambiante (ou éventuellement à l’étuve
d’atomes, à l’origine d’une bande, augmente de
jusqu’à 60 °C maximum), suffit alors à éliminer
l’infrarouge proche à l’infrarouge lointain, c’est-à-dire
l’excès d’humidité sans dénaturer le produit à
de λ = 2,5 μm à 50 μm en longueur d’onde, ou
analyser. La seconde opération est le prélèvement
encore, en prenant 1/λ, de 4 000 à 200 cm–1 en
proprement dit. Lorsque le biofilm est abondant, on
nombre d’ondes (ν*).
peut utiliser une technique de micro-abrasion à
Schématiquement, les groupements O-H sont les l’aide de petits outils en acier inoxydable. S’il est
premiers à apparaître entre 4 000 et 3 000 cm–1, invisible à l’œil nu, on procède par contact : du
suivis des liaisons organiques (surtout entre 3 000 et bromure de césium en poudre fine est frotté sur la
1 000 cm–1), puis les groupements CO3, SO4, SiO4, surface et se pollue par le biofilm. C’est ce bromure
de 1 550 à 600 cm–1, et enfin les oxydes et oxy- enrichi en biofilm qui sera analysé.
hydroxydes métalliques entre 600 et 200 cm–1.
On procède alors au pesage (en routine, une pesée de
Par ailleurs, cette technique prend en compte la 10 à 100 μg) à l’aide d’une balance automatique au
symétrie des groupements d’atomes et de la maille microgramme. Le broyage doit être soigné, d’une
cristalline, ce qui permet de distinguer les variétés durée standardisée (10 minutes, par exemple). Il se
allotropiques d’un même composé chimique. Par fait en présence de bromure de césium (23 ± 2 mg
exemple, le carbonate de calcium CaCO3 donne des pour une pastille de 5 mm de diamètre). Ce dernier
bandes d’absorption différentes selon qu’il est sous est indispensable pour obtenir des spectres dans
une forme amorphe et très hydratée ou, plus classi- l’infrarouge lointain (jusqu’à 200 cm–1). L’opération
quement, sous forme de calcite, d’aragonite ou de se fait dans un mini-mortier en alumine monocristal-
vatérite. line (α-Al2O3), incolore, saphir ou rubis suivant la
couleur de l’échantillon. Après broyage, on procède
Au-delà d’une approche qualitative, des mesures
immédiatement au pastillage à l’aide d’un moule
quantitatives sont possibles. C’est pourquoi il est
approprié (5 ou 3 mm de diamètre) placé sous une
intéressant de pouvoir mesurer les quantités de
presse hydraulique.
matières prélevées. L’information se trouve inscrite
sur les documents sortant du spectromètre, mais il
faut savoir l’en extraire avec certitude. Le principe est 1.3. Spectres infrarouges
simple : après broyage de l’échantillon dans du Les pastilles sont analysées avec un spectromètre
bromure de césium (transparent à l’infrarouge) Perkin-Elmer à transformée de Fourier, avec une
servant de dispersant, on comprime l’ensemble sous résolution de 4 ou 8 cm–1 en accumulant 120 spectres
forme d’une pastille dont l’aire présentée au spectro- (conditions de routine). Tous les spectres sont enre-
mètre est constante. Dans ces conditions, les absor- gistrés en mode absorbance, donnant ainsi une
bances sont additives et, pour un groupement donné, échelle linéaire pour les mesures quantitatives.
l’absorbance A est proportionnelle à la masse m du L’appareil est équipé d’un système de réduction du
groupement présent dans la pastille. La pratique est trajet optique dans l’air, afin de minimiser les pertur-
un peu plus complexe. Elle dépend notamment de la bations liées à l’air ambiant (humidité, CO2). La
qualité des spectres obtenus [5, 6]. figure 1 donne un exemple de spectre ainsi obtenu.

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Étude

C : calcite ; SiO4 : aluminosilicates. C : calcite ; SiO4 : aluminosilicates.


Figure 1. Spectre d’un biofilm (sans précaution particulière de Figure 2. Spectre du biofilm de la figure 1, après calcination à
prélèvement) 550 °C

Sur ce spectre, formé sur une surface en polyéthylène, 1.5. Caractérisation des micro-organismes
on observe bien l’eau résiduelle d’hydratation du De manière parallèle, des recherches systématiques
biofilm (O-H), les bandes (liaisons C-H, vers de la nature de la flore bactérienne de ces mêmes
2 950 cm–1) des matières organiques et les bandes biofilms ont été mises en œuvre. Le biofilm est décro-
amide I et II des protéines, caractéristiques d’une ché par grattage, écouvillonnage ou passage dans une
activité biologique, ainsi que la présence de miné- cuve à ultrasons, d’une autre portion de tuyaux
raux : carbonate de calcium sous forme de calcite (titane, caoutchouc, PVC, etc.), étudiés conjointe-
(repérée C) et aluminosilicates (repérés SiO4). ment par spectrométrie IR. Ce prélèvement est ense-
mencé par inclusion en gélose nutritive (gélose PCA),
1.4. Opérations complémentaires puis incubé à 36 °C ± 2 °C pendant 44 heures (± 4 h),
Le dépouillement des spectres obtenus peut se heur- et à 22 °C (± 2 °C) pendant 68 heures (± 4 h), de
ter à diverses difficultés lorsqu’il y a interférence entre sorte que les micro-organismes revivifiables forment
les bandes d’absorption de plusieurs produits. C’est des colonies dans et sur le milieu. Cette première
pourquoi on peut, après enregistrement du spectre, étape permet une estimation quantitative de la flore
rebroyer la pastille, puis la calciner à une tempéra- et une comparaison des techniques de décrochage.
ture appropriée. Cette calcination peut avoir pour En même temps, dans le but d’identifier la flore, celle-
objet la transformation d’une substance, peu visible ci est récupérée à la surface d’une membrane
en infrarouge (IR), en une autre qui absorbe avec plus (0,45 μm) par filtration, puis cultivée sur une gélose
de netteté (par exemple, les sulfures qui peuvent être PCA 48 h à 36 °C. Elle est par la suite repiquée,
transformés en sulfates), ou bien l’élimination des isolée, puis identifiée par une combinaison d’obser-
matières organiques par calcination à 550 °C en vations microscopiques et de tests biochimiques. Les
atmosphère oxydante. différents résultats des divers échantillons de tuyaux
Après calcination, on reconstitue une pastille qui est sont comparés entre eux. Les résultats sur des
passée dans les mêmes conditions dans le spectro- portions prélevées dans le temps du même tuyau sont
mètre. La perte de substance, lors des transferts, est comparés de la même façon.
limitée à 1 % si l’on prend soin de piéger les résidus
sur les parois (de la coupelle, par exemple), avec très 1.6. Eaux utilisées
peu de CsBr (pur, broyé), en les ajoutant à la pastille. Pour former des biofilms caractéristiques de circuits
On peut voir, sur la figure 2, le spectre du résidu d’eaux destinées à la consommation humaine, on a
minéral du biofilm de la figure 1. On retrouve de l’eau choisi de travailler avec des eaux naturelles, utilisées
en faible quantité (eau atmosphérique reprise par pour l’alimentation de Paris (d’origine souterraine,
hygroscopie lors du pastillage), de la calcite (notée C), aqueducs de la Vanne et du Loing, eau A) ou une eau
ainsi que des aluminosilicates (notés SiO4). (B) d’origine superficielle (eau de Seine destinée à

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minéraux. Les tubes sont immergés dans le bac, de


Eau A Eau B
Paramètres telle manière que l’on puisse former des biofilms
Eau souterraine Eau de surface

Tem pérature (°C ) 11,6 10,0 en eau quasi stagnante à l’extérieur des tubes, et des
C onductivité (μS /cm ) 506 448 biofilms en eau circulante à l’intérieur des tubes
pH 7,5 7,8 (figure 3).
Turbidité (NFU) 0,10 0,15 Les tubes utilisés, d’un diamètre d’un demi-pouce,
Dureté (degré F) 27,1 22,6
ont été choisis, lors d’essais préliminaires, en maté-
Titre alcalimétrique complet (degré F) 22,1 16,7
riaux divers : cuivre, acier inoxydable austénitique,
C alcium (m g/l) 106,4 85,0
titane, verre et bicouche polyéthylène/caoutchouc.
M agnésium (m g/l) 2,4 3,3
Par la suite, on a uniquement utilisé des tubes en
Sodium (mg/l) 6,9 10,0
P otassium (m g/l) 1,8 2,9
titane (pour avoir un matériau à la fois inerte en
Total (méq/l ) 5,86 5,03 matière de corrosion, mais aussi non nutritif et non
Hydrogénocarbonate (mg/l) 269,6 203,7 toxique pour les micro-organismes), et des tubes
S ulfate (m g/l) 21,0 29,0 bicouche polyéthylène/caoutchouc (pour disposer de
C hlorure (m g/l) 18,0 24,0 matériaux nutritifs). De cette manière, l’analyse n’est
Nitrate (mg/l) 32,0 24,0 gênée par des interférences avec les produits de cor-
Total (méq/l ) 5,88 5,01 rosion ou par un ralentissement des colonisations,
provoqué par l’effet, plus ou moins bactéricide, de
matériaux comme le cuivre et le verre.
Tableau I. Caractéristiques physico-chimiques moyennes des eaux étudiées

l’alimentation de Paris), dont les compositions types 2. Résultats obtenus sur divers biofilms
sont données au tableau I. Ces résultats sont relatifs à une campagne d’obten-
Des biofilms ont été également produits, à partir tion de biofilms, d’une durée de 35 jours. L’eau utili-
d’eaux résiduaires, ayant ces deux eaux comme sée est l’eau B (eau de Seine). La température de l’es-
alimentation. sai est la température ambiante, de l’ordre de 20 °C.

1.7. Dispositif pour la formation des biofilms 2.1. Biofilms observés sur divers matériaux
Quatre matériaux ont été utilisés : un matériau
Afin de disposer de biofilms formés dans des condi-
nutritif, le caoutchouc, deux matériaux réputés
tions hydrauliques identiques, on utilise, dans un bac
« inertes », le titane et le verre, et un matériau réputé
de 15 litres, un ensemble de quatre tubes de 10 cm
bactériostatique, le cuivre.
de long, montés en série, dans lesquels circule l’eau
en circuit semi-ouvert, avec appoint permanent et
purge pour éviter de concentrer cette eau en sels

C : calcite ; MO : matière organique ; SiO4 : aluminosilicates.


Figure 4. Spectres infrarouge, avant et après calcination, du
biofilm formé sur la paroi intérieure d’un tube de caoutchouc
Figure 3. Dispositif utilisé pour le développement de biofilms (eau en écoulement permanent)

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Étude

Sur la figure 4, relative au biofilm formé à l’intérieur


du tube souple en caoutchouc, on observe les pics
d’absorption classiques des biofilms : matières orga-
niques révélées par les absorptions liées aux liaisons
C-H, ainsi que les bandes amide I et II (1 650 et
1 550 cm–1). On observe, en outre, de petites quan-
tités de calcite, ainsi que la présence d’aluminosi-
licates. Ces produits sont confirmés sur le spectre
obtenu après calcination. Il faut bien noter que,
malgré les apparences, les aluminosilicates sont en
bien plus grande quantité que le carbonate de
calcium. En effet, les carbonates absorbent beaucoup C : calcite ; MO : matière organique ; SiO4 : aluminosilicates.
Figure 6. Spectres infrarouge, avant et après calcination, du bio-
plus que les silicates, à quantités molaires égales. Il film formé sur la paroi intérieure d’un tube de titane (eau en
écoulement permanent)
faut aussi remarquer que le biofilm, après un séchage
à 60 °C de 30 minutes, comporte encore beaucoup
déposés est supérieure à la quantité de calcite. Cela
d’eau.
est parfaitement net sur le spectre obtenu après
Les spectres obtenus sur les parois internes des tubes calcination à 550 °C.
de verre borosilicaté sont reportés sur la figure 5. Le Sur la figure 6, ce sont les spectres relatifs au biofilm
biofilm correspondant est moins abondant. Cepen- formé sur la paroi interne de tubes en titane qui sont
dant, les produits minéraux associés, calcite et représentés. L’écoulement étant toujours identique à
aluminosilicates, sont toujours présents. Comparati- celui utilisé pour les autres tubes. Là encore, on peut
vement, la calcite est légèrement plus abondante, ce observer, pour ce matériau à la fois non nutritif et non
qui peut être mis en rapport avec l’alcalinité superfi- réactif du point de vue chimique ou électrochimique,
cielle du verre. que le biofilm contient les mêmes produits que précé-
demment. L’hydratation moins abondante est sans
Lorsqu’on procède à l’analyse du biofilm formé sur la
doute liée au fait que le biofilm se forme plus lente-
paroi interne d’un tube en titane, donc non nutritif,
ment en l’absence d’un substrat nutritif, d’où l’analo-
mais aussi non actif du point de vue chimique
gie avec le spectre obtenu sur le verre. La seule diffé-
ou électochimique, il est observé néanmoins que,
rence se situe au niveau de la calcite, qui est en très
là aussi, le biofilm est hydraté et contient tous les
faible quantité, ce qui est logique puisque le matériau
produits déjà présents sur les autres matériaux
n’apporte aucune alcalinité.
(figure 6). De même, la quantité d’aluminosilicates
Enfin, l’analyse des produits formés sur la paroi
interne de tubes de cuivre a donné les spectres de la
figure 7. Le produit dominant est bien sûr un produit
de corrosion du cuivre, la malachite de formule
Cu2CO3(OH)2 (repérée M sur le spectre). Cette mala-
chite est très mal cristallisée, mais son identification
ne fait aucun doute. Les matières organiques sont peu
visibles, car elles sont masquées largement par la
bande énorme des O-H. De même, on ne peut pas se
prononcer sur la présence ou non des bandes amide I
ou amide II, qui sont occultées par les bandes de
malachite.
C : calcite ; MO : matière organique ; SiO4 : aluminosilicates.
Figure 5. Spectres infrarouge, avant et après calcination, du bio- De plus, le cuivre ayant la réputation d’être bactério-
film formé sur la paroi intérieure d’un tube de verre borosilicaté
(eau en écoulement permanent) statique, il ne facilite pas la mise en place de biofilm.

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comme le verre ou les métaux, qui peuvent se corro-


der, même modérément comme le cuivre. D’où le
choix qui a été fait d’utiliser des métaux à l’état passif,
tels que les aciers inoxydables ou le titane (tota-
lement inerte), couplés à du tuyau bicouche poly-
éthylène/caoutchouc, quasi inerte, mais nutritif pour
les micro-organismes. Une campagne d’essai, dont les
résultats ont donné plus d’une centaine de spectres à
exploiter, a permis de regarder les corrélations qui
peuvent exister entre les quantités des différents pro-
duits présents dans les biofilms.
C : calcite ; M : malachite ; MO : matière organique ; SiO4 : aluminosilicates.
Figure 7. Spectres infrarouge, avant et après calcination, du
Pour cela, on compare l’absorbance des substances à
« biofilm » formé sur la paroi intérieure d’un tube de cuivre (eau évaluer, avec l’absorbance de l’eau résiduelle présente
en écoulement permanent)
dans le biofilm après séchage standard de 30 minutes
Cela a été mis en évidence par d’autres méthodes à 60 °C. Du fait que l’eau est considérée comme le
comme le dosage d’ATP. Par ailleurs, le rôle « anti- principal constituant des biofilms par la plupart des
tartre » du cuivre est bien vérifié : on ne note pas auteurs [1-3], c’est cette eau résiduelle, faisant forcé-
la présence de calcite dans le « biofilm-produit de ment partie de la constitution du biofilm, qui sert de
corrosion ». référence. Les résultats obtenus sont donnés dans les
tableaux II et III. On constate, en ce qui concerne les
Mais, comme pour les autres matériaux, on retrouve divers matériaux utilisés, que c’est bien le caoutchouc
des aluminosilicates piégés dans le dépôt. Cela est
qui donne les biofilms les plus abondants, en ce sens
nettement visible sur le spectre obtenu après calcina-
que c’est sur ces matériaux que l’on observe le plus
tion, même si les silicates sont occultés dans l’infra-
de matières organiques. Cela est confirmé par la pré-
rouge lointain par le CuO résultant de la transforma-
sence la plus marquée de la bande amide I pour ce
tion de la malachite.
matériau. L’observation visuelle va également dans
le même sens. La durée de constitution du biofilm,
2.2. Évolution des biofilms dans le temps 35 ou 90 jours, ne semble pas influer sur le classe-
ment de ce matériau nutritif.
Les quatre exemples qui sont donnés, ci-dessus, mon-
trent que si l’on veut observer commodément des bio- Après ces résultats préliminaires, une analyse plus
films, il faut éviter l’emploi de matériaux réactifs, fine, mettant en jeu un plus grand nombre de me-

Rapport
Rapport Rapport Rapport d’absorbance
d’absorbance
d’absorbance d’absorbance Matières organiques/
Matières
Amide I/eau Aluminosilicates/eau aluminosilicates
organiques/eau

C aoutchouc 0,75 0,70 0,36 2,08


Matériau Titane 0,40 0,37 0,46 0,87
(35 jours) C uivre 0,16 0,21 0,20 0,80
V erre 0,43 0,43 0,21 2,05
C aoutchouc 0,45 0,63 0,27 1,67
Matériau Titane 0,33 0,30 0,12 2,75
(90 jours) C uivre 0,06 0,47 0,35 0,17
V erre 0,36 0,36 0,13 2,77
Tableau II. Recherche de corrélations entre les quantités de produits présents sur les tubes en titane, en verre, en cuivre, et sur les
tuyaux bicouche polyéthylène/caoutchouc, en écoulement et en eau stagnante

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Étude

Rapport
Rapport
Rapport Rapport d’absorbance
d’absorbance
d’absorbance d’absorbance Matières
Matières
Amide I/eau Aluminosilicates/eau organiques/
organiques/eau
aluminosilicates

Titane (extérieur) 0,65 0,45 0,55 1,18


Matériau Titane (intérieur) 0,24 1,06 0,38 0,63
(35 jours) PE (extérieur) 0,76 0,54 0,34 2,23
Caoutchouc (intérieur) 0,76 0,61 0,38 2,00
Titane (extérieur) 0,32 0,25 0,11 2,91
Matériau Titane (intérieur) 0,35 0,36 0,13 2,70
(90 jours) PE (extérieur) 0,65 0,53 0,30 2,17
Caoutchouc (intérieur) 0,55 0,53 0,24 2,29
Tableau III. Recherche de corrélations entre les quantités de produits présents sur les tubes en titane, ainsi que sur les tuyaux bicouche
polyéthylène (PE)/caoutchouc, en écoulement ou en eau stagnante

sures, s’est portée sur les différences qui peuvent être caractérisables (formule, cristallinité) et mesurables,
observées entre biofilms « intérieurs », formés dans soit directement par une absorbance caractéristique,
une eau en écoulement, et biofilms « extérieurs », soit en comparant les absorbances avant et après
formés dans la même eau quasi stagnante. Les résul- calcination. Il est important de constater que, sur
tats sont reportés sur le tableau III. environ 150 biofilms formés à partir d’eaux destinées
à la consommation humaine et analysées par nos
Les valeurs mesurées des différentes absorbances soins, on trouve toujours des quantités importantes
montrent une situation complexe. Cependant, quelle d’aluminosilicates. Or, ces eaux sont des eaux de
que soit la durée des essais, les matériaux nutritifs, faible turbidité (inférieure en général à 0,2 NTU). On
polyéthylène et caoutchouc, restent bien ceux qui peut donc penser qu’il existe une synergie entre
favorisent le plus les biofilms. Les résultats ne sem- micro-organismes et particules colloïdales d’argiles
blent pas influencés par la stagnation ou l’écoule- dans le développement des biofilms. Il faut alors
ment. Pour le matériau inerte et non nutritif, en l’oc- considérer que les substances minérales sont autre
currence le titane, la durée et l’écoulement semblent chose que des « impuretés » piégées par le biofilm
jouer un rôle, ce qui est logique puisqu’il faut que les lors de sa constitution. Au contraire, elles sont réel-
éléments nutritifs puissent, par diffusion, alimenter lement constitutives de ce biofilm. Dans le cas pré-
les micro-organismes du biofilm, surtout en début de sent, nous avons déjà vu que les quantités des deux
formation. Néanmoins, ces matériaux permettent la
composés majoritaires (organique et minéral) sont
formation, sans difficulté, de biofilms qui peuvent
souvent d’un ordre de grandeur comparable, comme
être relativement abondants.
on avait déjà pu l’observer dans le cas de la filtration
des produits laitiers.
À travers les exemples cités, on peut voir que la tech-
nique d’analyse par spectrométrie d’absorption infra-
rouge, sur des prélèvements de faible quantité, de En effet, dans une étude plus ancienne, en associant
l’ordre de 100 μg, en utilisant des micro-pastilles de 3 la spectrométrie infrarouge avec d’autres techniques
ou 5 mm de diamètre, donne des spectres IR d’excel- telles que la spectrométrie de photoélectrons X,
lente qualité qui permettent bien de caractériser toute les auteurs avaient pu conclure à une interaction
la complexité organique et inorganique des biofilms. protéines-phosphates-calcium [7], ce matériau mixte
(très variable suivant la nature de ces protéines) étant
Par ailleurs, les analyses effectuées, après calcination, susceptible de se fixer sur la zircone [8] ou d’autres
ont prouvé sans conteste que les biofilms étudiés supports comme les aciers inoxydables [9]. Fonda-
contiennent toujours des produits minéraux qui sont mentalement, en effet, les protéines possèdent loca-

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lement dans leur structure des charges résiduelles à ment individuel. Par ailleurs, on a pu montrer récem-
plusieurs niveaux. Par exemple, des charges positives ment [11] que, dans les biofilms qui se forment au
sur les atomes de calcium disséminés sur un certain départ des évacuations de lavabos, les aluminosili-
nombre de sites, mais également des charges néga- cates provenant des dentifrices sont l’élément structu-
tives au niveau des groupements carboxylates. Elles rant essentiel.
peuvent donc amorcer une fixation sur des supports
très divers, surtout si l’on s’éloigne de leur point Conclusion
isoélectrique. Les ions calcium extérieurs viennent
de toute façon se complexer avec les protéines, les L’analyse par spectrométrie infrarouge des biofilms
carboxylates constituant des sites privilégiés (analo- est une méthode simple, rapide à mettre en œuvre
gie avec les carbonates, qui ont leur bande principale (une demi-heure par spectre), à forte sensibilité,
dans la même région voisine de 1 400 cm–1). Les pre- donnant des informations qualitatives et quantitatives
mières structures de ces matériaux mixtes sont concernant les composés, aussi bien organiques
amorphes dans le cas des phosphates, et plus aisé- qu’inorganiques, que ces derniers soient amorphes,
ment visibles que les carbonates de calcium. Les bien ou mal cristallisés (dans ce cas, on peut évaluer
hydroxyapatites sont les composés thermodynami- un taux de cristallinité).
quement stables dans ces conditions, mais avec une Dans des circuits alimentés en eaux destinées à la
énergie d’activation plus élevée que pour CaCO3 ; consommation humaine, les caractérisations effec-
elles se forment au cours du temps ou sont activées tuées ont bien confirmé, sur des tubes en écoulement
par élévation de la température. Il y a bel et bien, dans sans apport de contamination par des eaux de rivière,
ce cas, une synergie entre la formation de « dépôts » que des biofilms pouvaient être formés dans des
et celle de biofilm. La rigidification de ces structures, temps raisonnables de quelques dizaines de jours.
par un excès de composé inorganique cristallisé, Ces biofilms se forment sur toutes les surfaces
n’intervient pas dans les premières étapes et dépend, étudiées, mais, bien sûr, d’abord sur les matériaux
notamment, des propriétés du composé inorganique nutritifs comme le caoutchouc et le polyéthylène. Les
engagé. matériaux métalliques inertes peuvent, eux aussi, se
recouvrir facilement de biofilms.
Dans les biofilms formés en milieu aqueux, ce sont
En conséquence, on a jugé opportun d’associer ces
sans doute les silicates, ou les aluminosilicates d’ori-
deux types de matériaux (inertes et nutritifs) pour
gine argileuse, qui jouent ce rôle de rigidification. Les
obtenir une caractérisation correcte des dépôts
résultats obtenus sur plus d’une centaine de biofilms,
obtenus. De cette manière, les produits de corrosion
formés sur divers matériaux (verre, cuivre, aciers
n’interfèrent pas avec les produits qui proviennent
inoxydables, PVC, caoutchouc) ont montré qu’avec
de l’activité biologique du biofilm. Cette activité bio-
une alimentation à base d’eaux industrielles, de
logique n’induit pas seulement des produits orga-
rivière ou souterraine, on obtenait toujours des
niques, mais aussi des produits minéraux parmi les-
aluminosilicates, quelle que soit la turbidité de l’eau
quels on retrouve toujours des aluminosilicates
utilisée. Il semble bien que les développements bacté-
amorphes, mais aussi, quelquefois, du carbonate de
riens, révélés en infrarouge par les bandes amides I
calcium sous forme de calcite ou d’aragonite. Ainsi,
et II, sont facilités par la présence de ces composés
dans le cas de biofilms mélangés à des produits de
d’origine argileuse. En retour, les développements
corrosion, les aluminosilicates pourraient servir de
bactériens doivent contribuer au piégeage de ces
marqueurs révélant la présence d’activité biologique
aluminosilicates. Cette hypothèse est confortée par
dans le processus de corrosion et d’encrassement.
ce que l’on peut observer dans le domaine de l’assai-
nissement. Il est bien connu [10] que l’adjonction de Bien entendu, ces études doivent être couplées avec
smectites colloïdales est utilisée pour améliorer le les méthodes classiques de caractérisation des micro-
fonctionnement des fosses septiques en assainisse- organismes présents.

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Étude

Bibliographie
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Résumé
F. HUI, G. P. HUSSON, B. HOCHET, G. REBOUTÉ, J. LÉDION
Caractérisation de biofilms par spectrométrie d’absorption infrarouge
Les exigences de la réglementation européenne trométrie d’absorption infrarouge permet d’accé-
concernant la distribution des eaux destinées à la der, de manière relativement simple, aux diffé-
consommation humaine ont conduit les distribu- rents composés organiques ou inorganiques pré-
teurs d’eau, comme les exploitants de circuits sents dans les biofilms.
d’eaux à usage domestique ou industriel, à s’inté- Technique aujourd’hui très classique et largement
resser de plus en plus à la matière organique fixée utilisée en routine par de nombreux laboratoires,
sur les parois des matériaux placés au contact de elle a connu un regain d’intérêt avec l’apparition
l’eau. Cette matière organique est placée dans le d’appareils utilisant la transformée de Fourier.
langage courant sous le vocable « biofilm ». Cependant, les applications se cantonnent souvent
Le biofilm est, la plupart du temps, considéré sous à la chimie organique, alors qu’elle est nettement
son aspect « organique ». Il est défini comme une sous-utilisée pour l’analyse des produits inorga-
« organisation structurée de micro-organismes, niques.
dans une matrice polysaccharidique et protéique, L’obtention de spectres complets est beaucoup
protectrice et nutritive, adhérant à une surface ». plus rapide, fournissant des informations sur l’hy-
Dans cette optique, le biofilm serait composé de dratation des produits, les différentes matières
cellules bactériennes et de leurs métabolites. Il organiques et les divers types de composés inor-
aurait, en général, une structure très poreuse ganiques présents. Bien sûr, la méthode a aussi
(plus de 80 % d’eau) et comporterait également des limites, mais elles ne sont généralement
une part plus ou moins importante de particules pas contraignantes pour l’étude de la fraction
inorganiques piégées dans des exopolymères. De minérale des biofilms.
plus, au sein d’un biofilm, des organismes plus Cependant, le dépouillement des spectres obtenus
évolués comme des algues, des protozoaires, peut se heurter à des difficultés lorsqu’il y a inter-
cohabiteraient avec les bactéries… férence entre les bandes d’absorption de plu-
Les matières inorganiques ne sont citées que pour sieurs produits. C’est pourquoi on peut, après
mémoire. Cependant, quelques rares auteurs se enregistrement du spectre, rebroyer la pastille,
sont tout de même intéressés aux relations miné- puis la calciner à une température appropriée.
raux/bactéries. Ces contributions restent, malgré Cette calcination peut avoir pour objet la transfor-
tout, peu nombreuses. C’est pourquoi nous propo- mation d’une substance, peu visible en infrarouge
sons de montrer comment l’utilisation de la spec- (IR), en une autre qui absorbe avec plus de netteté

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Caractérisation de biofilms par spectrométrie d’absorption infrarouge

(par exemple les sulfures, qui peuvent être trans- caractérisables (formule, cristallinité) et mesu-
formés en sulfates), ou bien l’élimination des rables, soit directement par une absorbance
matières organiques par calcination à 550 °C en caractéristique, soit en comparant les absor-
atmosphère oxydante. Après calcination, on bances avant et après calcination. Il en résulte une
reconstitue une pastille qui est analysée dans les présence quasi générale d’aluminosilicates,
mêmes conditions. même dans les eaux de faible turbidité destinées à
la consommation humaine. Par ailleurs, lors d’une
Les analyses effectuées avant et après calcination étude sur la cinétique de formation de biofilm, on
sur une centaine de biofilms ont prouvé, sans peut coupler ces analyses avec la caractérisation
conteste, que tous les biofilms étudiés contenaient – par culture et/ou polymerase chain reaction (PCR) –,
bien des produits minéraux en quantités quelque- au cours du temps, des micro-organismes se déve-
fois très importantes. Ces produits minéraux sont loppant dans le biofilm.

A b st ra c t
F. HUI, G. P. HUSSON, B. HOCHET, G. REBOUTÉ, J. LÉDION
Biofilms characterisation by infrared spectrometry
The requirements of the European regulations J. Lecomte, had described in details, in the middle
concerning drinking water supply have led the of the last century, the interest of the infrared
water treatment companies and the network opera- absorption spectrometry for both organic and inor-
tors to be more and more interested in the organic ganic compounds.
matters fixed on the wall of materials in contact Nowadays, it takes less time to obtain complete
with water. These organic matters are commonly spectrums and, in the process, one gets informa-
called “biofilms”. tion about the compounds hydration and the diffe-
For most researchers, biofilm is just considered rent types of organic and inorganic matters. Of
under its “organic” aspect. They define biofilm as course, the method also shows its limits, but these
a “structured organism of micro-organisms in a are not restrictive as far as the study of the mine-
matrix of polysaccharides and proteins which are ral fraction of the films is concerned.
protective and nutritive, adherent to a surface”. However, the interpretation of the obtained spec-
In the simplest case, biofilm would be composed tra can be difficult when there is interference
of bacteria cells and their metabolites. Such a bio- among absorption picks of several compounds.
film would have generally a very porous structure This is why we usually regrind the pastille, after
(more than 80% of water) and would also contain a saving the spectrum, then calcine the pastille at a
more or less important part of inorganic particles suitable temperature. This calcination can be
trapped in the exopolymers. Moreover, within the aimed at transforming a substance, which shows
biofilm, more evolved organisms, such as algae poor absorbance in IR, into another one which
and protozoans would cohabit with the bacteria. gives a strong absorbance (e.g. sulphide can be
Inorganic matters are just mentioned by the way, transformed into sulphate). The recalcination can
perhaps with the intention of giving an exhaustive be also used to eliminate organic matters at
enumeration and in order to underline well the 550 °C. After the recalcination, a new pastille is
complexity of the biofilm. Nevertheless, a few made and it is analysed in the same conditions.
researchers are interested in the relations bet- The obtained results after the calcinations have
ween minerals and bacteria in the biofilm. In spite showed indisputably that the studied biofilms
of all, their contribution remains scarce. That is contained indeed mineral matters which are by
why we propose to show how the use of infrared far to be of a minority: on one of them, a propor-
absorption spectrometry allows to characterise, in tion of 43% of mineral matters has been obtained
a relatively simple way, the different inorganic after calcinations during 17 hours at 550 °C (the
compounds found in biofilms. biofilm having been dried previously during 1 h at
The infrared absorption spectrometry is now a very 60 °C). In addition, these mineral matters can be
classical method, which is largely used by nume- characterised and measured either directly by a
rous laboratories. Although it is an old method, it characteristic absorbance or by comparison of
has sparked renewed interest as the Fourier absorbance before and after calcination. More-
Transformed mode was used. Nevertheless, it is over, during a study on the kinetics of biofilms
usually only implemented in the field of organic formation, we can combine these analyses with
compounds, and not in the analysis of inorganic the characterisation (by culture and/or PCR) of
matters, even though some pioneers such micro-organisms developed in the biofilms.

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