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exemple) des atomes, les uns par rapport aux autres. 1.2. Prélèvement et pastillage
Sur la figure 1, on voit l’aspect d’un spectre qui
Pour obtenir un spectre représentatif du biofilm
montre à la fois de la matière organique et des pro-
étudié, il est nécessaire de faire le prélèvement de
duits minéraux. L’important est que les informations
manière rigoureuse. La première opération consiste
concernant les divers types de composés se trouvent
à procéder à un lavage du biofilm à l’eau déminéra-
être séparées, la fréquence dépendant de la masse des
lisée, de manière à éliminer au maximum l’eau du
atomes aussi bien que de la longueur des liaisons. Ces
réseau qui l’imbibe et les « sels » qu’elle contient.
informations peuvent être traitées indépendamment.
Un séchage modéré, par évaporation à la tempé-
De manière générale, la masse des groupements
rature ambiante (ou éventuellement à l’étuve
d’atomes, à l’origine d’une bande, augmente de
jusqu’à 60 °C maximum), suffit alors à éliminer
l’infrarouge proche à l’infrarouge lointain, c’est-à-dire
l’excès d’humidité sans dénaturer le produit à
de λ = 2,5 μm à 50 μm en longueur d’onde, ou
analyser. La seconde opération est le prélèvement
encore, en prenant 1/λ, de 4 000 à 200 cm–1 en
proprement dit. Lorsque le biofilm est abondant, on
nombre d’ondes (ν*).
peut utiliser une technique de micro-abrasion à
Schématiquement, les groupements O-H sont les l’aide de petits outils en acier inoxydable. S’il est
premiers à apparaître entre 4 000 et 3 000 cm–1, invisible à l’œil nu, on procède par contact : du
suivis des liaisons organiques (surtout entre 3 000 et bromure de césium en poudre fine est frotté sur la
1 000 cm–1), puis les groupements CO3, SO4, SiO4, surface et se pollue par le biofilm. C’est ce bromure
de 1 550 à 600 cm–1, et enfin les oxydes et oxy- enrichi en biofilm qui sera analysé.
hydroxydes métalliques entre 600 et 200 cm–1.
On procède alors au pesage (en routine, une pesée de
Par ailleurs, cette technique prend en compte la 10 à 100 μg) à l’aide d’une balance automatique au
symétrie des groupements d’atomes et de la maille microgramme. Le broyage doit être soigné, d’une
cristalline, ce qui permet de distinguer les variétés durée standardisée (10 minutes, par exemple). Il se
allotropiques d’un même composé chimique. Par fait en présence de bromure de césium (23 ± 2 mg
exemple, le carbonate de calcium CaCO3 donne des pour une pastille de 5 mm de diamètre). Ce dernier
bandes d’absorption différentes selon qu’il est sous est indispensable pour obtenir des spectres dans
une forme amorphe et très hydratée ou, plus classi- l’infrarouge lointain (jusqu’à 200 cm–1). L’opération
quement, sous forme de calcite, d’aragonite ou de se fait dans un mini-mortier en alumine monocristal-
vatérite. line (α-Al2O3), incolore, saphir ou rubis suivant la
couleur de l’échantillon. Après broyage, on procède
Au-delà d’une approche qualitative, des mesures
immédiatement au pastillage à l’aide d’un moule
quantitatives sont possibles. C’est pourquoi il est
approprié (5 ou 3 mm de diamètre) placé sous une
intéressant de pouvoir mesurer les quantités de
presse hydraulique.
matières prélevées. L’information se trouve inscrite
sur les documents sortant du spectromètre, mais il
faut savoir l’en extraire avec certitude. Le principe est 1.3. Spectres infrarouges
simple : après broyage de l’échantillon dans du Les pastilles sont analysées avec un spectromètre
bromure de césium (transparent à l’infrarouge) Perkin-Elmer à transformée de Fourier, avec une
servant de dispersant, on comprime l’ensemble sous résolution de 4 ou 8 cm–1 en accumulant 120 spectres
forme d’une pastille dont l’aire présentée au spectro- (conditions de routine). Tous les spectres sont enre-
mètre est constante. Dans ces conditions, les absor- gistrés en mode absorbance, donnant ainsi une
bances sont additives et, pour un groupement donné, échelle linéaire pour les mesures quantitatives.
l’absorbance A est proportionnelle à la masse m du L’appareil est équipé d’un système de réduction du
groupement présent dans la pastille. La pratique est trajet optique dans l’air, afin de minimiser les pertur-
un peu plus complexe. Elle dépend notamment de la bations liées à l’air ambiant (humidité, CO2). La
qualité des spectres obtenus [5, 6]. figure 1 donne un exemple de spectre ainsi obtenu.
Sur ce spectre, formé sur une surface en polyéthylène, 1.5. Caractérisation des micro-organismes
on observe bien l’eau résiduelle d’hydratation du De manière parallèle, des recherches systématiques
biofilm (O-H), les bandes (liaisons C-H, vers de la nature de la flore bactérienne de ces mêmes
2 950 cm–1) des matières organiques et les bandes biofilms ont été mises en œuvre. Le biofilm est décro-
amide I et II des protéines, caractéristiques d’une ché par grattage, écouvillonnage ou passage dans une
activité biologique, ainsi que la présence de miné- cuve à ultrasons, d’une autre portion de tuyaux
raux : carbonate de calcium sous forme de calcite (titane, caoutchouc, PVC, etc.), étudiés conjointe-
(repérée C) et aluminosilicates (repérés SiO4). ment par spectrométrie IR. Ce prélèvement est ense-
mencé par inclusion en gélose nutritive (gélose PCA),
1.4. Opérations complémentaires puis incubé à 36 °C ± 2 °C pendant 44 heures (± 4 h),
Le dépouillement des spectres obtenus peut se heur- et à 22 °C (± 2 °C) pendant 68 heures (± 4 h), de
ter à diverses difficultés lorsqu’il y a interférence entre sorte que les micro-organismes revivifiables forment
les bandes d’absorption de plusieurs produits. C’est des colonies dans et sur le milieu. Cette première
pourquoi on peut, après enregistrement du spectre, étape permet une estimation quantitative de la flore
rebroyer la pastille, puis la calciner à une tempéra- et une comparaison des techniques de décrochage.
ture appropriée. Cette calcination peut avoir pour En même temps, dans le but d’identifier la flore, celle-
objet la transformation d’une substance, peu visible ci est récupérée à la surface d’une membrane
en infrarouge (IR), en une autre qui absorbe avec plus (0,45 μm) par filtration, puis cultivée sur une gélose
de netteté (par exemple, les sulfures qui peuvent être PCA 48 h à 36 °C. Elle est par la suite repiquée,
transformés en sulfates), ou bien l’élimination des isolée, puis identifiée par une combinaison d’obser-
matières organiques par calcination à 550 °C en vations microscopiques et de tests biochimiques. Les
atmosphère oxydante. différents résultats des divers échantillons de tuyaux
Après calcination, on reconstitue une pastille qui est sont comparés entre eux. Les résultats sur des
passée dans les mêmes conditions dans le spectro- portions prélevées dans le temps du même tuyau sont
mètre. La perte de substance, lors des transferts, est comparés de la même façon.
limitée à 1 % si l’on prend soin de piéger les résidus
sur les parois (de la coupelle, par exemple), avec très 1.6. Eaux utilisées
peu de CsBr (pur, broyé), en les ajoutant à la pastille. Pour former des biofilms caractéristiques de circuits
On peut voir, sur la figure 2, le spectre du résidu d’eaux destinées à la consommation humaine, on a
minéral du biofilm de la figure 1. On retrouve de l’eau choisi de travailler avec des eaux naturelles, utilisées
en faible quantité (eau atmosphérique reprise par pour l’alimentation de Paris (d’origine souterraine,
hygroscopie lors du pastillage), de la calcite (notée C), aqueducs de la Vanne et du Loing, eau A) ou une eau
ainsi que des aluminosilicates (notés SiO4). (B) d’origine superficielle (eau de Seine destinée à
Tem pérature (°C ) 11,6 10,0 en eau quasi stagnante à l’extérieur des tubes, et des
C onductivité (μS /cm ) 506 448 biofilms en eau circulante à l’intérieur des tubes
pH 7,5 7,8 (figure 3).
Turbidité (NFU) 0,10 0,15 Les tubes utilisés, d’un diamètre d’un demi-pouce,
Dureté (degré F) 27,1 22,6
ont été choisis, lors d’essais préliminaires, en maté-
Titre alcalimétrique complet (degré F) 22,1 16,7
riaux divers : cuivre, acier inoxydable austénitique,
C alcium (m g/l) 106,4 85,0
titane, verre et bicouche polyéthylène/caoutchouc.
M agnésium (m g/l) 2,4 3,3
Par la suite, on a uniquement utilisé des tubes en
Sodium (mg/l) 6,9 10,0
P otassium (m g/l) 1,8 2,9
titane (pour avoir un matériau à la fois inerte en
Total (méq/l ) 5,86 5,03 matière de corrosion, mais aussi non nutritif et non
Hydrogénocarbonate (mg/l) 269,6 203,7 toxique pour les micro-organismes), et des tubes
S ulfate (m g/l) 21,0 29,0 bicouche polyéthylène/caoutchouc (pour disposer de
C hlorure (m g/l) 18,0 24,0 matériaux nutritifs). De cette manière, l’analyse n’est
Nitrate (mg/l) 32,0 24,0 gênée par des interférences avec les produits de cor-
Total (méq/l ) 5,88 5,01 rosion ou par un ralentissement des colonisations,
provoqué par l’effet, plus ou moins bactéricide, de
matériaux comme le cuivre et le verre.
Tableau I. Caractéristiques physico-chimiques moyennes des eaux étudiées
l’alimentation de Paris), dont les compositions types 2. Résultats obtenus sur divers biofilms
sont données au tableau I. Ces résultats sont relatifs à une campagne d’obten-
Des biofilms ont été également produits, à partir tion de biofilms, d’une durée de 35 jours. L’eau utili-
d’eaux résiduaires, ayant ces deux eaux comme sée est l’eau B (eau de Seine). La température de l’es-
alimentation. sai est la température ambiante, de l’ordre de 20 °C.
1.7. Dispositif pour la formation des biofilms 2.1. Biofilms observés sur divers matériaux
Quatre matériaux ont été utilisés : un matériau
Afin de disposer de biofilms formés dans des condi-
nutritif, le caoutchouc, deux matériaux réputés
tions hydrauliques identiques, on utilise, dans un bac
« inertes », le titane et le verre, et un matériau réputé
de 15 litres, un ensemble de quatre tubes de 10 cm
bactériostatique, le cuivre.
de long, montés en série, dans lesquels circule l’eau
en circuit semi-ouvert, avec appoint permanent et
purge pour éviter de concentrer cette eau en sels
Rapport
Rapport Rapport Rapport d’absorbance
d’absorbance
d’absorbance d’absorbance Matières organiques/
Matières
Amide I/eau Aluminosilicates/eau aluminosilicates
organiques/eau
Rapport
Rapport
Rapport Rapport d’absorbance
d’absorbance
d’absorbance d’absorbance Matières
Matières
Amide I/eau Aluminosilicates/eau organiques/
organiques/eau
aluminosilicates
sures, s’est portée sur les différences qui peuvent être caractérisables (formule, cristallinité) et mesurables,
observées entre biofilms « intérieurs », formés dans soit directement par une absorbance caractéristique,
une eau en écoulement, et biofilms « extérieurs », soit en comparant les absorbances avant et après
formés dans la même eau quasi stagnante. Les résul- calcination. Il est important de constater que, sur
tats sont reportés sur le tableau III. environ 150 biofilms formés à partir d’eaux destinées
à la consommation humaine et analysées par nos
Les valeurs mesurées des différentes absorbances soins, on trouve toujours des quantités importantes
montrent une situation complexe. Cependant, quelle d’aluminosilicates. Or, ces eaux sont des eaux de
que soit la durée des essais, les matériaux nutritifs, faible turbidité (inférieure en général à 0,2 NTU). On
polyéthylène et caoutchouc, restent bien ceux qui peut donc penser qu’il existe une synergie entre
favorisent le plus les biofilms. Les résultats ne sem- micro-organismes et particules colloïdales d’argiles
blent pas influencés par la stagnation ou l’écoule- dans le développement des biofilms. Il faut alors
ment. Pour le matériau inerte et non nutritif, en l’oc- considérer que les substances minérales sont autre
currence le titane, la durée et l’écoulement semblent chose que des « impuretés » piégées par le biofilm
jouer un rôle, ce qui est logique puisqu’il faut que les lors de sa constitution. Au contraire, elles sont réel-
éléments nutritifs puissent, par diffusion, alimenter lement constitutives de ce biofilm. Dans le cas pré-
les micro-organismes du biofilm, surtout en début de sent, nous avons déjà vu que les quantités des deux
formation. Néanmoins, ces matériaux permettent la
composés majoritaires (organique et minéral) sont
formation, sans difficulté, de biofilms qui peuvent
souvent d’un ordre de grandeur comparable, comme
être relativement abondants.
on avait déjà pu l’observer dans le cas de la filtration
des produits laitiers.
À travers les exemples cités, on peut voir que la tech-
nique d’analyse par spectrométrie d’absorption infra-
rouge, sur des prélèvements de faible quantité, de En effet, dans une étude plus ancienne, en associant
l’ordre de 100 μg, en utilisant des micro-pastilles de 3 la spectrométrie infrarouge avec d’autres techniques
ou 5 mm de diamètre, donne des spectres IR d’excel- telles que la spectrométrie de photoélectrons X,
lente qualité qui permettent bien de caractériser toute les auteurs avaient pu conclure à une interaction
la complexité organique et inorganique des biofilms. protéines-phosphates-calcium [7], ce matériau mixte
(très variable suivant la nature de ces protéines) étant
Par ailleurs, les analyses effectuées, après calcination, susceptible de se fixer sur la zircone [8] ou d’autres
ont prouvé sans conteste que les biofilms étudiés supports comme les aciers inoxydables [9]. Fonda-
contiennent toujours des produits minéraux qui sont mentalement, en effet, les protéines possèdent loca-
lement dans leur structure des charges résiduelles à ment individuel. Par ailleurs, on a pu montrer récem-
plusieurs niveaux. Par exemple, des charges positives ment [11] que, dans les biofilms qui se forment au
sur les atomes de calcium disséminés sur un certain départ des évacuations de lavabos, les aluminosili-
nombre de sites, mais également des charges néga- cates provenant des dentifrices sont l’élément structu-
tives au niveau des groupements carboxylates. Elles rant essentiel.
peuvent donc amorcer une fixation sur des supports
très divers, surtout si l’on s’éloigne de leur point Conclusion
isoélectrique. Les ions calcium extérieurs viennent
de toute façon se complexer avec les protéines, les L’analyse par spectrométrie infrarouge des biofilms
carboxylates constituant des sites privilégiés (analo- est une méthode simple, rapide à mettre en œuvre
gie avec les carbonates, qui ont leur bande principale (une demi-heure par spectre), à forte sensibilité,
dans la même région voisine de 1 400 cm–1). Les pre- donnant des informations qualitatives et quantitatives
mières structures de ces matériaux mixtes sont concernant les composés, aussi bien organiques
amorphes dans le cas des phosphates, et plus aisé- qu’inorganiques, que ces derniers soient amorphes,
ment visibles que les carbonates de calcium. Les bien ou mal cristallisés (dans ce cas, on peut évaluer
hydroxyapatites sont les composés thermodynami- un taux de cristallinité).
quement stables dans ces conditions, mais avec une Dans des circuits alimentés en eaux destinées à la
énergie d’activation plus élevée que pour CaCO3 ; consommation humaine, les caractérisations effec-
elles se forment au cours du temps ou sont activées tuées ont bien confirmé, sur des tubes en écoulement
par élévation de la température. Il y a bel et bien, dans sans apport de contamination par des eaux de rivière,
ce cas, une synergie entre la formation de « dépôts » que des biofilms pouvaient être formés dans des
et celle de biofilm. La rigidification de ces structures, temps raisonnables de quelques dizaines de jours.
par un excès de composé inorganique cristallisé, Ces biofilms se forment sur toutes les surfaces
n’intervient pas dans les premières étapes et dépend, étudiées, mais, bien sûr, d’abord sur les matériaux
notamment, des propriétés du composé inorganique nutritifs comme le caoutchouc et le polyéthylène. Les
engagé. matériaux métalliques inertes peuvent, eux aussi, se
recouvrir facilement de biofilms.
Dans les biofilms formés en milieu aqueux, ce sont
En conséquence, on a jugé opportun d’associer ces
sans doute les silicates, ou les aluminosilicates d’ori-
deux types de matériaux (inertes et nutritifs) pour
gine argileuse, qui jouent ce rôle de rigidification. Les
obtenir une caractérisation correcte des dépôts
résultats obtenus sur plus d’une centaine de biofilms,
obtenus. De cette manière, les produits de corrosion
formés sur divers matériaux (verre, cuivre, aciers
n’interfèrent pas avec les produits qui proviennent
inoxydables, PVC, caoutchouc) ont montré qu’avec
de l’activité biologique du biofilm. Cette activité bio-
une alimentation à base d’eaux industrielles, de
logique n’induit pas seulement des produits orga-
rivière ou souterraine, on obtenait toujours des
niques, mais aussi des produits minéraux parmi les-
aluminosilicates, quelle que soit la turbidité de l’eau
quels on retrouve toujours des aluminosilicates
utilisée. Il semble bien que les développements bacté-
amorphes, mais aussi, quelquefois, du carbonate de
riens, révélés en infrarouge par les bandes amides I
calcium sous forme de calcite ou d’aragonite. Ainsi,
et II, sont facilités par la présence de ces composés
dans le cas de biofilms mélangés à des produits de
d’origine argileuse. En retour, les développements
corrosion, les aluminosilicates pourraient servir de
bactériens doivent contribuer au piégeage de ces
marqueurs révélant la présence d’activité biologique
aluminosilicates. Cette hypothèse est confortée par
dans le processus de corrosion et d’encrassement.
ce que l’on peut observer dans le domaine de l’assai-
nissement. Il est bien connu [10] que l’adjonction de Bien entendu, ces études doivent être couplées avec
smectites colloïdales est utilisée pour améliorer le les méthodes classiques de caractérisation des micro-
fonctionnement des fosses septiques en assainisse- organismes présents.
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Résumé
F. HUI, G. P. HUSSON, B. HOCHET, G. REBOUTÉ, J. LÉDION
Caractérisation de biofilms par spectrométrie d’absorption infrarouge
Les exigences de la réglementation européenne trométrie d’absorption infrarouge permet d’accé-
concernant la distribution des eaux destinées à la der, de manière relativement simple, aux diffé-
consommation humaine ont conduit les distribu- rents composés organiques ou inorganiques pré-
teurs d’eau, comme les exploitants de circuits sents dans les biofilms.
d’eaux à usage domestique ou industriel, à s’inté- Technique aujourd’hui très classique et largement
resser de plus en plus à la matière organique fixée utilisée en routine par de nombreux laboratoires,
sur les parois des matériaux placés au contact de elle a connu un regain d’intérêt avec l’apparition
l’eau. Cette matière organique est placée dans le d’appareils utilisant la transformée de Fourier.
langage courant sous le vocable « biofilm ». Cependant, les applications se cantonnent souvent
Le biofilm est, la plupart du temps, considéré sous à la chimie organique, alors qu’elle est nettement
son aspect « organique ». Il est défini comme une sous-utilisée pour l’analyse des produits inorga-
« organisation structurée de micro-organismes, niques.
dans une matrice polysaccharidique et protéique, L’obtention de spectres complets est beaucoup
protectrice et nutritive, adhérant à une surface ». plus rapide, fournissant des informations sur l’hy-
Dans cette optique, le biofilm serait composé de dratation des produits, les différentes matières
cellules bactériennes et de leurs métabolites. Il organiques et les divers types de composés inor-
aurait, en général, une structure très poreuse ganiques présents. Bien sûr, la méthode a aussi
(plus de 80 % d’eau) et comporterait également des limites, mais elles ne sont généralement
une part plus ou moins importante de particules pas contraignantes pour l’étude de la fraction
inorganiques piégées dans des exopolymères. De minérale des biofilms.
plus, au sein d’un biofilm, des organismes plus Cependant, le dépouillement des spectres obtenus
évolués comme des algues, des protozoaires, peut se heurter à des difficultés lorsqu’il y a inter-
cohabiteraient avec les bactéries… férence entre les bandes d’absorption de plu-
Les matières inorganiques ne sont citées que pour sieurs produits. C’est pourquoi on peut, après
mémoire. Cependant, quelques rares auteurs se enregistrement du spectre, rebroyer la pastille,
sont tout de même intéressés aux relations miné- puis la calciner à une température appropriée.
raux/bactéries. Ces contributions restent, malgré Cette calcination peut avoir pour objet la transfor-
tout, peu nombreuses. C’est pourquoi nous propo- mation d’une substance, peu visible en infrarouge
sons de montrer comment l’utilisation de la spec- (IR), en une autre qui absorbe avec plus de netteté
(par exemple les sulfures, qui peuvent être trans- caractérisables (formule, cristallinité) et mesu-
formés en sulfates), ou bien l’élimination des rables, soit directement par une absorbance
matières organiques par calcination à 550 °C en caractéristique, soit en comparant les absor-
atmosphère oxydante. Après calcination, on bances avant et après calcination. Il en résulte une
reconstitue une pastille qui est analysée dans les présence quasi générale d’aluminosilicates,
mêmes conditions. même dans les eaux de faible turbidité destinées à
la consommation humaine. Par ailleurs, lors d’une
Les analyses effectuées avant et après calcination étude sur la cinétique de formation de biofilm, on
sur une centaine de biofilms ont prouvé, sans peut coupler ces analyses avec la caractérisation
conteste, que tous les biofilms étudiés contenaient – par culture et/ou polymerase chain reaction (PCR) –,
bien des produits minéraux en quantités quelque- au cours du temps, des micro-organismes se déve-
fois très importantes. Ces produits minéraux sont loppant dans le biofilm.
A b st ra c t
F. HUI, G. P. HUSSON, B. HOCHET, G. REBOUTÉ, J. LÉDION
Biofilms characterisation by infrared spectrometry
The requirements of the European regulations J. Lecomte, had described in details, in the middle
concerning drinking water supply have led the of the last century, the interest of the infrared
water treatment companies and the network opera- absorption spectrometry for both organic and inor-
tors to be more and more interested in the organic ganic compounds.
matters fixed on the wall of materials in contact Nowadays, it takes less time to obtain complete
with water. These organic matters are commonly spectrums and, in the process, one gets informa-
called “biofilms”. tion about the compounds hydration and the diffe-
For most researchers, biofilm is just considered rent types of organic and inorganic matters. Of
under its “organic” aspect. They define biofilm as course, the method also shows its limits, but these
a “structured organism of micro-organisms in a are not restrictive as far as the study of the mine-
matrix of polysaccharides and proteins which are ral fraction of the films is concerned.
protective and nutritive, adherent to a surface”. However, the interpretation of the obtained spec-
In the simplest case, biofilm would be composed tra can be difficult when there is interference
of bacteria cells and their metabolites. Such a bio- among absorption picks of several compounds.
film would have generally a very porous structure This is why we usually regrind the pastille, after
(more than 80% of water) and would also contain a saving the spectrum, then calcine the pastille at a
more or less important part of inorganic particles suitable temperature. This calcination can be
trapped in the exopolymers. Moreover, within the aimed at transforming a substance, which shows
biofilm, more evolved organisms, such as algae poor absorbance in IR, into another one which
and protozoans would cohabit with the bacteria. gives a strong absorbance (e.g. sulphide can be
Inorganic matters are just mentioned by the way, transformed into sulphate). The recalcination can
perhaps with the intention of giving an exhaustive be also used to eliminate organic matters at
enumeration and in order to underline well the 550 °C. After the recalcination, a new pastille is
complexity of the biofilm. Nevertheless, a few made and it is analysed in the same conditions.
researchers are interested in the relations bet- The obtained results after the calcinations have
ween minerals and bacteria in the biofilm. In spite showed indisputably that the studied biofilms
of all, their contribution remains scarce. That is contained indeed mineral matters which are by
why we propose to show how the use of infrared far to be of a minority: on one of them, a propor-
absorption spectrometry allows to characterise, in tion of 43% of mineral matters has been obtained
a relatively simple way, the different inorganic after calcinations during 17 hours at 550 °C (the
compounds found in biofilms. biofilm having been dried previously during 1 h at
The infrared absorption spectrometry is now a very 60 °C). In addition, these mineral matters can be
classical method, which is largely used by nume- characterised and measured either directly by a
rous laboratories. Although it is an old method, it characteristic absorbance or by comparison of
has sparked renewed interest as the Fourier absorbance before and after calcination. More-
Transformed mode was used. Nevertheless, it is over, during a study on the kinetics of biofilms
usually only implemented in the field of organic formation, we can combine these analyses with
compounds, and not in the analysis of inorganic the characterisation (by culture and/or PCR) of
matters, even though some pioneers such micro-organisms developed in the biofilms.
&
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