Vous êtes sur la page 1sur 16

Ann. Kinésith ér., 1985, t. 12, n° 9, pp.

401-416 MÉMOIRE
© Masson, Paris, 1985

Biomécanique de la jonction crânio-rachidienne


M. MAESTRO (1), A. BERTHE (2)
(1) Chirurgien assistant (Pr Argenson), Centre Hospitalier régional de Nice, F 06000 Nice. (2) Moniteur cadre en masso-kinésithérapie,
Enseignant à l'École de Kinésithérapie de Nice, F 06000 Nice.

l,
V

Introduction Une étude anatomo-fonctionnelle de cette


région va nous permettre d'analyser ce déséquili-
bre permanent et d'en tirer les conséquences
Les condyles occipitaux, l'atlas et l'axis pathologiques et thérapeutiques.
réalisent une zone fonctionnelle entre la cyphose
sphéno-occipitale rigide et la lordose du rachis
cervical inférieur semi-mobile. C'est donc une
zone de rupture. Anatomie fonctionnelle
La station érigée dans le port vertical de la
tête qu'elle entraîne fait travailler le rachis
cervical en compression axiale. L'odontoïde ~a Jon~ti0r;tcranio-rachidienne doit concilier
surplombe la colonne antérieure disco-corpo- trOISImperatifs apparemment contradictoires :
réale du rachis cervical, il est intégré dans la -. impératif.de stabilité: l'odontoïde doit soute-
fonction cranio-rachidienne dont il représente n~r et. dmger les mouvements du mobile
Je pivot médian anatomique. L'atlas pris entre cephal.Ique(5 kg ~n ~oyenne chez l'adulte) (10).
le « marteau condylien» et'« l'enclume axoï-' , .J& p()Ids.dé: lêl te.te Impose un fonctionnement
dien » a toujours tendance à basculer en flexion articulaire appuyé en charge (Rabischong, Bon-
dorsale et à glisser vers l'arrière sur l'axis. L'atlas nel) (21, 22);
par l'adjonction du ligament transverse tendu - impératif de mobilité : le rachis cervical
.~
entre ses masses latérales et situé en arrière de ~up'é~ieur libère la tête du rachis cervical
J'arc antérieur deyient un anneau ostéofibreux Infeneur. Ce dernier pourra avoir des mouve-
dans lequel s'engage l'apophyse odontoïde. ments purs indépendants comme des mouve-
1 Lors de la position neutre de la tête, il existe me~t~ amplifiés par le rachis cervical
1 toujours un porte-à-faux COCI-CIC2 responsa- su~en:ur ~14);
L ble de la dorsiflexion spontanée de l'atlas avec - zn;p,eratif de protection: elle doit enfin protéger
une composante rétropulsive qui est limitée par les elements vasculo-nerveux de cette région :
l'odontoïde. L'odontoïde vient donc contre- les artères vertébrales qui s'anastomosent pour
carrer les mouvements spontanés de l'atlas.- donner le tronc basilaire. Le bulbe rachidien et
~
Ïi Ainsi par l'intermédiaire de l'arc antérieur de la m?e~le épinière tolèrent malles mouvements
CI, il reçoit une partie des forces transmises par de CIsaIllement.
les condyles et les répartit dans les deux colonnes Essai de résolution finaliste du problème
!
Il
zygapophysaires sous-jacentes. Cette notion mo-
difie la conception classique de Schneider. Il convient donc de réaliser un modèle capable
de se mouvoir'. dans les trois plans de l'espace,
Travail réalisé à partir de MAESTRO M. - Nouvelle approche mis en charge par le poids de la tête, capable
biomécanique thérapeutique des fractures de l'odontoïde de d'éviter les mouvements de cisaillement aux
l'adulte. A propos de 24 cas cliniques, Thèse Méd., Nice, 1982. éléments qui la traversent (11).
Tirés à part: A. BERTHE, 20, rue de Jussieu, F 06000 Nice. Quatre types d'articulations permettent ces
402 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 9

""_
,
<=->
/ 1Ç;({b~
)C>(
<../5t)"
' /'"ol""" •• r;,,0'1 >
.
: 1
,i1~
::,!u~

tlr:~--') L,'""l<r/a ~ 1 vi

,","è" ~

r: , Ilv
'

H~()ba" G
ANT

F..iS«'v

Po,/<rc SUf;N'.vr (f:p~
A p.;,,'t< ••• u !1"rero c,,~r",,",r(F.AC

/ POST

FIG. 2. - a. - Les ligaments alaires sont situés sur la surface


~ d'un cône. b. - Jeu des ligaments alaires dans la limitaion des
rotations (vue supérieure).
FIG. 1. - A. - Les systèmes mécaniques qui permettent de
limiter la rotation. B. - Influence du hauban souple sur la sphère
mobile: Par éloignement de l'insertion du hauban, sur la sphère
que pour adopter la solution d'une combinaison
par rapport au pivot, pour le même abaissement, on obtient une
rotation plus importante. de plusieurs articulations.
Pour éviter les contraintes en cisaillement du
trois degrés de liberté (la grande mo]:Ülité système nerveux, ce dernier devra avoir un trajet
passant le plus près possible des axes de
excluant l'amphiarthrose) : mouvements.
- l'énarthrose, mais sa stabilité impose un
contrôle musculo-ligamentaire trop important à Pour faire tourner une sphère en appui sur un
ce nIveau; axe de manière stable, cet axe doit pénétrer la
- la condyliennene permet pas de mouvements sphère le long de son axe: c'est le bilboquet qui
combinés et nécessite une laxité pour ...la .réalise ainsi un~ trochoÏcieJfig. 1 A). Pour limiter
rotation; . ,.' cette rotation on peut:
- l'articulaÛon"en selle; où la rotation dite - soit interposer un butoir osseux mais ce
conjointe n'existe que par la combinaison des dernier sera exposé aux fractures et à l'usure;
deux autres mouvements simultanés et n'a pas - soit-donner une extrémité conique à l'axe, ce
d'axe défini; qui rend la rotation impossible en appui;
- l'arthrodie est trop instable. - soit relier la sphère et l'axe par un hauban
,Nous devons donc exclure l'articulation uni- souple doué d'élasticité qui, lors de la rotation,
Ann. Kinésithér.,. 1985, t. 12, nO 9 403

S~l"fac:e c..o""ol.~"'c.V\r\e.
,Jll'oir-e.

Zc,-,c z. OH d' $c~hoJ'l


e LOn

d'''''fcrh'o"dv do /'3a"".r d. Hu!:,.,


i'j_mel'lr J.lo"t'~
;S4vc.l;,,".

a
Fm. 4. - Nécessité du ménisque osseux représenté par l'atlas
pour libérer le trou occipital et garder la tension des ligaments
alaires.

Fm. 3. - a. - Représentation demi-schématique du ligament A


alaire droit avec ses 2 faisceaux. b. - Représentation demi-
schématique du ligament transverse (vu en 3/4 avant gauche et
sectionné sur la ligne médiane, l'odontoi'de a été enlevé).

s'enroule autour de l'axe. Ainsi mis en tension,


il freinera le mouvement et représentera une
force de rappel pour la rotation inverse. Si la
longueur de ce hauban varie peu, son point
d'insertion sur la sphère mobile aura tendance
à s'abaisser ou à se rapprocher de l'axe de
rotation si une inclinaison était permise
(fig. 1B). B
Pour un même abaissement, la rotation
Fm. 5. - A. - (calque de vadiographie sagittale). B. - (calque
possible sera plus importante si l'insertion du de radiographie frontale).
hauban sur la sphère est éloignée de l'axe de
rotation (fig. 2 a, 2 b et 3 a, 3 b). supérieure jusqu'au niveau de l'insertion des
Nous voyons apparaître les deux ligaments ligaments alaires, nous voyons apparaître l'apo-
alaires qui sont insérés sur la surface d'un cône. physe odontoïde.
Ils permettent des rotations droite et gauche. Pour conserver la tension des ligaments, il faut
Chaque ligament constitué de deux faisceaux alors intercaler entre sphère et tige axiale une
antéro-inférieur et postéro-supérieur aura tou- bague qui maintiendra la hauteur: c'est l'atlas
jours des fibres tendues et laxes. (fig. 4, 5).
Pour libérer les deux autres degrés de liberté: Les deux degrés de liberté vont pouvoir
Dans le bilboquet, la tige axiale s'engage dans
s'exprimer mais de façon inégale à cause du
la sphère au centre de laquelle elle bute. Cet effet
de butoir interdit toute flexion-extension et passage de, l'axe nerveux.
inclinaison latérale, mais maintient la tension Passage de l'axe nerveux :
des ligaments alaires. Deu.(\:.artifices le permettent
Si on supprime la tige axiale dans sa partie - l'excentration de l'axe en le déplaçant vers

f'
404 Ann. Kin ésith ér. , 1985, t. 12, n° 9

FIO. 6. - Inclinaison du cone des ligaments et de l'odontoi"de


vers l'arrière pour permettre le passage de l'axe nerveux.

L •.I<. ••• I•.sJt;'o~ d.~a",/>-. d. <fhh •.


H (oZ

1. 1 AXE PE ROTATioN. c

FIG. 8. - a. - Support inférieur de l'atlas. b. - Vue de face.


c. - Vue supérieure : carrossage des articulations atloïdo-
axoidiennes en dos d'âne.

l'avant et en l'inclinant de telle façon qu'il


devienne oblique en haut et en arrière;
- l'inclinaison du cône des ligaments alaires vers
l'arrière: les insertions supérieures deviennent
alors déjetées vers l'arrière (fig. 6).
La rotation dans ces nouvelles circonstances
se fera sur un mode excentrique (fig. 7A, B).
Ce type de rotation entraîne un déplacement
important de l'axe de la sphère (trajet de l'axe
n nerveux), or il faut minimiser ces déplacements
en cisaillement dus à l'avancement et à la
latéralisation de l'axe de la sphère lors de la
f>1rninvh'Oh
ole.
clu V'r\~lJYew.U\J-r
~$..a~U"","u..O'\r.
rotation. Ceci est possible en donnant au pivot
autour duquel tourne l'atlas non pas une section
cylindrique mais une section elliptique. Cette
ellipse odontoïdienne a son grand diamètre dans
D le plan frontal (fig. 7 C, D).
FIG. 7. - A - Insertions des ligaments alaires sur la sphère. Ils Nous venons de conclure que la rotation de
sont devenus obliques en arrière et en dehors. B - Rotation l'atlas autour du pivot odontoïdien se fait sur
excentrique sur un axe. C - Rotation excentrique sur un axe
par glissement cylindrique. D - Rotation excentrique sur un axe un mode excentrique, autour d'un axe elliptique
par glissement elliptique. de rotation, par glissement. Mais la stabilité de

~-
= -----
Ann. Kin ésithér., 1985, t. 12, nO 9 405

." - .. .._.-
.. .-~

-
.
- .

-
P05T'

~"""."'i:"C'"

cqg;
a
<, ,. ~. ,, '
\~/ .~ b~

FIG. 10. - a. - Les cavités glenoïdes de l'atlas convergent en


d" avant. b. - La partie antérieure des cavités glenoïdes est
verticalisée en avant al > 'a2.
al\r-~rI'tI.J~
ci.l'dH.;!S

FIG. 9. - Trochoïde modifiée.


- Expression des deux autres degrés de liberté:
La flexion-extension: du fait de l'inclinaison en
cet ensemble nous oblige à résoudre deux haut et en arière de l'odontoïde, un mouvement
problèmes : de flexion-extension de l'atlas est possible en
- le problème du support inférieur de l'atlas, combinant le glissement des surfaces articulaires
de sa stabilisation autour de l'odontoïde et atloïdo-axoïdiennes, la décoaptation de l'arti-
l'expression des deux autres degrés de liberté à culation atlanto-odontoïdienne et le jeu viscoé-
ce lllveau; 1astique du ligament transverse.
- le problème du mode d'appui de la tête sur Pour augmenter la faible amplitude du mou-
l'atlas, sa stabilité et les mouvements permis à vement, la trochoïde sera modifiée en rempla-
ce lllveau. çant les surfaces planes en surfaces convexes
a) Le support inférieur de l'atlas : Si l'atlas odontoïdienne et concave atloïdienne (fig. 9).
n'avait pas de calage latéral, il pourrait y avoir L'inclinaison latérale ne pourra s'exprimer
des mouvements de cisaillements par glissement qu'au prix' d'une décoaptation atlanto-axoï-
(translation lors de la rotation excentrique dienne ou d'une rotation associée.
modifiée). Les surfaces inférieures seront mou- b) L'appui de la sphère céphalique sur le joint
lées sur la surface d'un cône à base inférieure .. atloi'dien
Pour limiter la course horaire et antihoraire, Cet appui doit permettre la flexion-extension
pour protéger les ligaments alaires, il faut et l'inclinaison latérale.
carrosser les surfaces articulaires en dos d'âne La condy1ienne répond à ces deux impératifs,
opposé par leur sommet, couplés par rapport à mais il faut échancrer sa partie postérieure pour
l'axe de symétrie et en faisant converger leurs le passage de l'odontoïde et des éléments
axes transversaux vers l'avant (fig. 8 a, b, c). nerveux.
- Stabilisation de l'atlas autour de l'odontoTde : Les parties latérales sont reliées par deux arcs
L'atlas repose sur l'axe odontoïdien par trois rigides antérieur et postérieur (fig. 10 a).
points d'appui, l'arc antérieur et les deux Pour garder' le trou occipital postérieur et
surfaces articulaires inférieures. Il reste à éviter limiter la fuite des condyles vers l'avant, on
sa bascule vers l'avant en le verrouillant en verticalise les surfaces articulaires que l'on fait
arrière contre l'odontoïde par une structure converger vers l'avant.
souple qui est le ligament transverse. En flexion, les condyles glissent le long d'un

r"
406 Ann. Kin ésith ér. , 1985, t. 12, n° 9

Iu.U!iIlt.

FIG. 11. - Carrossage des cavités glénoïdes de l'atlas. A gauche:


Plan horizontal. Au centre: Plan sagittal. A droite: Planfrontal.

mur osseux vertical qui représente une cale de


plus en plus haute.
En extension, les condyles montent sur une
surface abrupte qui freine vite le mouvement
(fig. 10 b).
La condylienne est en fait très modifiée
(fig. Il) :
· dans le plan horizontal le rayon de courbure
décroît d'avant en arrière;
· dans le plan sagittal, les surfaces convergent
vers le tubercule sous-glénoïdien situé au 113 an-
térieur; la surface est donc très verticale en
avant et plus horizontale en arrière;
FIG. 12. - Les glènes de l'atlas sont découpées sur la surface
· dans le plan frontal la surface est d'abord très de 2 tores elliptiques de section elliptique.
oblique en haut et en dedans puis d'avant en 1. Convergeant en avant
arrière cette obliquité diminue. On peut donc 2. Convergeant en haut
3. Dont le grand axe est incliné en arrière.
considérer qu'une telle surface est découpée sur
l'extrémité de deux tores elliptiques de section
sont la flexion et l'extension (mouvements qui
elle-même elliptique, ces deux tores convergent
permettent d'opposer des surfaces articulaires
en avant en haut et leurs grands axes sont
semblables), des mouvements de tiroir sont
inclinés vers l'arrière (fig. 12).
possibles en position· neutre de la tête;
La variation progressive du rayon de courbure - en flexion et en extension, il existe une
dans tous les plans permet de déduire que les
mouvements se font autour d'axes instantanés décoaptation articulaire partielle;
- de l'existence des deux points d'appui préfé-
de rotation, le passage de l'un à l'autre
rentiels à la partie antérieure et postérieure des
s'accompagne de glissement des surfaces' arti-
glènes, leur partie moyenne est parfois absente;
culaires l'une sur l'autre et de décoaptation
- deux surfaces à rayon de courbure variable
d'une partie de l'articulation. Ceci est compati-
et correspondant exactement auraient des diffi-
ble avec la disposition excentrique des ligaments
cultés à glisser;
et leurs larges surfaces d'insertion.
L'examen des surfaces articulaires des - permet le pompage du liquide synovial essen-
tiel au métabolisme cartilagineux.
condyles occipitaux montre que ceux-ci sont
Les deux articulations occipito-atloïdiennes
carrossés de façon inverse: les petits rayons de
vont assurer la stabilité latérale. Leur carrossage
courbure se trouvent vers l'arrière et non pas
permet urie auto-limitation de la flexion-exten-
en avant, les grands rayons de courbure se
sion qui se fait selon l'axe d'enroulement des
trouvent en avant et non pas en arrière.
condyles, disposée dans le plan frontal.
Ceci rend compte des faits suivants : L'inclinaison latérale est possible, mais au prix
étant donné que les deux positions de stabilité d'une rotation associée, elle se fait selon un axe

-
Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 9 407

sagittal perpendiculaire au précédent mais situé ••• Conrro Jo :!r",vi/<' d, la ~Ië (G)
1,5 cm au-dessus de lui (17, 26, 27). • Ax< d'",r-o';lo,.,<~r-oI'Ho..Jy"L
Protection des artères vertébrales : leur trajet
est à distance des axes de rotation, elles subissent
des mouvements de translation auxquels elles
s'adaptent grâce à 4 boucles d'allongement (2).
En conclusion à cette étude articulaire :
Nous aboutissons à la conception d'un édifice
ostéo-articulaire à caractère diarthrodial doué
d'une grande stabilité intrinsèque. Cet édifice
présente trois points particuliers :
1) L'existence d'un pivot axial odontoïdien
articulé avec une pièce intermédiaire, l'atlas, qui
joue le rôle de « ménisque osseux ».
2) L'existence dans les plans sagittaux para- Contd,rCoC",

médians droit et gauche d'un porte à faux 1 E)(rt~s,'o~ occipilô'8I-1oid,e~~e

articulaire CaCl, CIC2, ces articulations étant


respectivement décollées d'arrière en avant et de
haut en bas.
3) Cet édifice ne peut fonctionner dans les trois
plans que grâce à l'adjonction de trois pièces
ligament aires :
- le ligament cruciforme qui complète la tro-
choïde axiale et solidarise les trois pièces
osseuses, il doit être d'une grande solidité (5) ; + Ed~n~ia" aHo',o(o-J)(o',c!,,,,n(
(G <sr", v dal"s do 1 :'x,,-
- les deux ligaments occipito-odontoïdiens laté- 01 'en,avlo""<"'" J..s ,-"..dil')
raux ou alaires qui freinent la rotation axiale E'1uilil.n possible.
de façon élastique.
Faisant suite à cette étude articulaire, une
étude statique puis dynamique s'impose. FIG. 13. - Position d'équilibre instable de la tête sur la colonne
cervicale.

Étude statique

~!,;-:n<:~r-
H. p..ta-droiè
La position d'équilibre de la tête correspond po!>të.l'"tc.v ••..

à une hyperextension du rachis cervical supé- L Î'j:l .•..•.•.


e""t- o«ipi r"
-.J.Ho(d,'u . , 1.,2 t~rJ 1

rieur considéré comme seul. En dehors de cette Compos<inJë ivE..


RÉnioPuLs
position, l'équilibre est instable (fig. 13). Nous
retrouvons le levier du 1er genre ou interappui
dont (fig. 14) :
- la force fléchissante passe en avant des
condyles; FIG. 14. - Étage occipito-atloi'dien = Levier interappui.

- l'appui est représenté par les articulations


Les bras de levier sont à peu près équidistants,
occipito-atloïdiennes ;
le petit droit postérieur a une composante
- la force résistante sera: le ligament occipito-
atloïdien latéral, la membrane occipito-atloï- rétro puIsive sur l'atlas.
dienne postérieure, les muscles petit droit Les articulations atloïdo-axoïdiennes oppo-
postérieur, le ligament nucal. sent des surfaces convexes et dont le contact est

~------
408 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 9

L;~"r),,"r nucdl ARTICULATION


ARTERE: VERTÉBR ••••LE
oeci P 1 TO-"" TLo1b 1Ii: /'>INE (4ÈME eouCLE)
'H.G,.nd d,o,~
ARC POSTÉRIEUR DE L'ATLAS
fWsürlc-tJt"

ARTICULATION
~e.WI brd ne od-/oïdo-
_d)c:'otCl;eV'l ne:
A RTÈRE VI'::RTÉ BR .•••r-E

L'jam,»rd' ;JRNOLD ( 1 ÈRE BOUCl...E)

C fal'Jeu,," c:.()(.1Mc1v y)

Hi
T

FIG. 17 a. - Le porte à taux articulaire entre CO-CI et CI-C2.

FIG. 15. - Étage atloi"do-axoi"dien = Levier interappui.

H"o.l, f.cU-droit-
~s lêlrtt'uv .

FIG. 16. - Couple de rotation de l'atlas (vertical).

réalisé au milieu des surfaces articulaires.


Nous retrouvons ici aussi un levier inter appui
dont (fig. 15) :
- la force fléchissante est toujours la même;
- l'appui est l'axe transversal passant par le
milieu des surfaces cartilagineuses;
- la force résistante est représentée par : le
ligament atloïdo-axoidien inférieur d'Arnold, la
membrane atloïdo-axoïdienne postérieure, le
ligament nucal, les muscles grand droit posté-
rieur (composante rétro puIsive faible).
Si on superpose les deux leviers (fig. 16), on FIG. 17 b. - Coupe anatomique de la région.
remarque que le point d'appui du levier supé-
rieur est décalé en arrière par rapport au point
d'appui du levier inférieur. Il en résulte au rotation sagittal : le ligament atloido-axoidien
niveau de l'atlas un couple de rotation tendant antérieur, les éléments de résistance du premier
à faire tourner la vertèbre en flexion dorsale ou levier.
extension par rapport à l'axis. Son arc postérieur Intégrons à ce porte à faux le système de pivot
tend à se rapprocher de l'arc neural de l'axis axial (fig. 17 a et b, 18 A, B, C et D). L'appui
et en même temps à l'éloigner de l'occipital, ce CI-C2 est instable (convexe-convexe), l'atlas a
qui était déjà sa tendance spontanée. tendance spontanément à glisser vers l'arrière
Deux éléments s'opposent à ce couple de si le ligament atloïdo-axoïdien est présent. S'il
Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 9 409

PrOJ'C.r.>'''1 de. 14-

Sv~ !iC.(! ,,~r.·(.UJJ,I,"l


t",firic.vr( .
Pr0.1",e.h·Olll de. \ci

sv'f.~c.c. j'Linoïdill\)\'I:

FIG. 18 C

FIG. 18. - A - (Calque de radiographie axiale sur pièce


anatomique). B - (calque de tomographie sagittale).
FIG. 18 D

est rompu l'atlas va glisser vers l'avant sur l'axis FIG. 18 C et D. - Présentation anatomique de la même vue.
. avec un mouvement de bascule en extension. Le L 'ondontoïde bloque le mouvement spontané de l'atlas .

pivot odontoïdien va s'opposer à ces mouve-


ments (fig. 19),. l'odontoi"de est en contact avec
l'arc supérieur de l'atlas en avant et le ligament
transverse en arrière.
Lors de la rotation, la glène opposée à la
rotation avance, la surface inférieure atloidienne
du même côté avance aussi et se trouve sur une
pente oblique en bas et en avant. Le décalage
a tendance à diminuer mais persiste (fig. 20 a,
b et c).
Du côté de la rotation, la glène recule, la FIG. 19. - Coupe de rotation de l'odontoïde (horizontal).
surface inférieure fait de même, et se trouve sur
une pente oblique en bas et en arrière accélérant
recul et rotation. Le décalage des points d'appui avec une composante rétro puIsive transmise à
devient assymétrique mais persiste. l'odontoïde.
En position neutre de la tête, quel que soit Le rachis cervical inférieur grâce à la lordose
le degré de rotation, il existe toujours un porte amène facilement le centre de gravité à l'aplomb
à faux articulaire COCI-CIC2 responsable d'une des condyles, mais le crâne est en flexion sur
tendance spontannée de l'atlas à la dorsiflexion le rachis cervical supérieur (29).

t---
410 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, nO 9

CONDITIONS D'ÉQUILIBRE DE L'EXTRÉMITÉ exercer une force moyenne de 1,6 kg. Le poids
CER VICO-CÉPHALIQUE sur chaque condyle sera de 3,3 kg (moitié de
5 kg + 1,6 kg).
Dans la position neutre de la tête (fig. 21)
reposant sur l'atlas, la tête fonctionne selon un Dans la position d'extension de la tête et du
cou
levier inter-apui avantageux. Le bras de levier
de la force fléchissante est plus court (rapport la force fléchissante devient une force d'exten-
de 1 à 3) que celui de la force résistante. Pour sion car le centre de gravité passe en arrière de
équilibrer la tête, les muscles postérieurs devront l'axe d'enroulement des condyles.
la force résistante d'équilibration représentée
alors par les muscles antérieurs du cou a un bras
de levier encore plus long que celui du poids
de la tête (rapport variant de 1 à 3). Les muscles
2ol1t'j t:l~ 'OllG,r;.
CeC:f. antérieurs du cou auront peu de force à
développer pour équilibrer et rappeler la tête du
a fait dans ce levier inter-appui avantageux.
FIG. 20 a. - En rotation le porte à faux articulaire CO-CI et
CI-Cz persiste.

b FIG. 20 b et c. - Coupe anatomique de la région. c


[.
f

Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, nO 9 411


i
1

R~ih'cn nl.v(;.c. ExtëJ1st'ol1 . FI~xio". L '"oIo"rtiid,


t . t J t;.~"snul-
Le. vier- .Inté", _PPUt Le.v •.e ....tl'\r~ •...:1.f>pui Le.vie.1I' i,,!ëv-_ppvi VI,.f.~rr,·~
aVin(;zge.ux:. ava..,r;.je.uJ( . 'lui r-V\~.c::zolt!.vu\ir dH rOY~~s.
dt.!>érvat'lt;s5etJ'J<. •

FIG. 21. - Conditions d'équilibre de l'extrémité cervico-


céphalique.

b
Dans la position de flexion de la tête et du FIG. 22. - Conception de la répartition du poids de la tête dans
cou le rachis cervical. a. - Selon Schneider 1954. b. - D'après nos
travaux.
le bras de levier de la force fléchissante
augmente, le levier interappui a tendance à L'odontoïde transmet une partie des forces du
devenir désavantageux mais la jonction craniora- poids de la tête, l'étude des travées osseuses nous
chidienne travaille de moins en moins en charge. le laissait supposer (fig. 22).

RÉPARTITION DES FORCES


CINÉMA TIQUE
AU SEIN DE L'AXIS

Selon le schéma classique (Scheider 24 Ka- Aux schémas classiques (étage occipital
pandji 12) le poids de la tête est transmis par atlas = flexion-extension, peu d'inclinaison, pas
les condyles occipitaux aux glènes de l'atlas, aux de rotation; étage atlas axis = rotation pas
masses latrales de l'axis puis selon trois direc- d'inclinaison peu de flexion-extension (13) nous
tions : corps et articulaires postérieures. L'odon- substituons le tableau de mesures en retenant
toïde ne reçoit pas de force. les mesures de Mansat et Autissier (15)
Werne, Bonnel, Rabischong parlent de rot3;- (tableau 1).
tion appuyée. L'atlas a tendance une fois chargé Il faut souligner :
à : glisser vers l'arrière, se mettre en hyper- - l'existence d'une rotation occipito-atlantoï-
extension sur l'axis, cette tendance étant bloquée dienne importante (~ 200) qui est couplée à une
par le pivot axial. L'odontoïde reçoit deux sortes inclinaison latérale du même côté;
de sollicitations : - l'existence d'un verrouillage rotatoire de cette
- une force de pulsion vers l'arrière transmise articulation en flexion et extension extrême et
par l'arc antérieur ; la présence d'un tiroir des condyles sur les glènes
- une force de rotation vers l'arrière transmise en position intermédiaire;
par l'arc antérieur qui a tendance à glisser vers - cette rotation débute entre l'atlas et l'axis puis
le haut (15, 27). Le ligament transverse solida- se complète entre atlas et occipital sauf lorsque
rise odontoïde et arc antérieur, dont le couple la tête est en flexion ou extension forcée;
de rotation vertical de l'atlas se transforme en - la flexion-extension semble à l'inverse débuter
un couple de rotation horizontal de l'odontoïde. entre occipital et atlas puis atlas et axis (fig. 23J.
412 Ann. Kin ésithér., 1985, t. 12, nO 9

TABLEAU 1. - Alesures comparées des mouvements possibles dans le rachis cervical supérieur.
CaCI
20°20°
30° 13°
25°
10° 15
80°

20°
25°
30
47° 60°
A3°

15°
A 30
?18
8°20°

rotation
47° 80°
(22-58°) + G)CIC2
40°
A(D44°
inclinaison
8° (4-13,5) 50°
latérale
230 60°
(9-410) 60 60°
A 80°
C1C2
flexion-extension

~i
~,.I~ 1
Étude dynamique

/
Tous les muscles sont pairs et symétyriques,
on les étudiera en deux catégories, les muscles
intrinsèques et les extrinsèques (28) :

LES MUSCLES INTRINSÈQUES

Fra. 23. - «Jeu» immuable de la jonction crânio-rachidienne


dans la flexion-extension (calques de vadiographiesdynamiques). Au nombre de 6, ils sont mono articulaires
(fig. 24) :
- 2 paires d'intertransversaires entre Clet C2
sont coaptateurs.
- Les muscles grand oblique tendus entre
l'épineuse et l'axis et les transverses de CI. Ils
ont une triple obliquité à 45° en avant en haut
et en dehors. Ils sont en prenant appui sur l'axis
coaptateurs de CI sur C2, rétropu1seurs de CI,
ils protègent le ligament transverse, ils sont les
rappels actifs de la rotation (protection des
FIG. 24. - Muscles intrinsèques au rachis cervical supérieur. ligaments alaires).
Ann. Kin ésithér., 1985, t. 12, n° 9 413

FIG. 25 b. - Coupe anatomique des muscles extrinsèques (vue


inférieure).

VU! pO$tGrtevr!.

FIG. 25 a. - Muscles extrinsèques (connections avec le crâne). Connections musculaires avec le rachis cervical
inférieur, la ceinture scapulaire et le thorax
LES MUSCLES EXTRINSÈQUES Seul l'axis est haubanné :
1) d'une part avec le rachis cervical inférieur :
Connections musculaires avec le crâne: - en avant :
(fig. 25 a et b) a) les muscles longs du cou relient C2 avec
1) En avant CI est amarré à l'occipital part les S dernières cervicales et les 3 premières
4 muscles : dorsales;
les muscles petit droit antérieur; - en arrière :
- les muscles petit droit latéral. a) les muscles inter épineux relient C2 à C3 ;
Ils sont frontaux et vertical, coaptateurs de b) les muscles transversaires épineux relient
CaCl et freins actifs de l'extension. C2 à C4, CS à C6;
2) En arrière les deux vertèbres sont reliées c) les muscles semi-spinalis du cou relient C2
au crâne : à T2 et T3 ;
- les muscles petit oblique : sagittaux, obliques d) les muscles splénius cervical relient C2 à
en haut en arrière et légèrement en dehors, ils T3, T4et TS (ils relient aussi CI).
sont des ligaments actifs freinant la flexion du 2) d'autre part grâce aux muscles qui hauban-
crâne et la rotation sagittale de l'atlas; nent la colonne cervicale sur des éléments osseux
- les muscles petit droit postérieur : obliques sous-jacents non rachidiens.
en haut, en arrière, et légèrement en dehors, ils - latéralement:
freinent la flexion du crâne et la rotation de a) les muscles scalène moyen qui relient
l'atlas; C2 C3 C4 CS C6 C7 à la 1re cote;
- les muscles grand droit postérieur : verticaux b) les muscles angulaire de l'homoplate qui
sagittalement obliques en haut et en dehors, ils 1."elientC2 C3 C4 à l'angle supéro-interne de
sont impliqués dans l'extension et la rotation du l'omoplate.
crâne ..
Ces petits muscles ayant une obliquité dans Les muscles qui pontent le rachis cervical
les trois plans de l'espace sont couplés fonction- supérieur
nellement aux structures ligament aires qu'ils - en avant :
protègent. Le petit bras de levier en fait des a) l'appareil hyoïdien,
muscles de contrôle et de réglage du jeu des b) les muscles sterno-cléidomastoïdiens,
pièces osseuses (12). c) les muscles prévertébraux : les portions
414 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, nO 9

Li5.J.N\f:.Yl.f- trd.Y1rv(!;r~e.
Y'o\C••••.br,.)..,~ ()e.c;p;f-o-aHoj',;;kuH1.~ .u,/'i:.t"(.u~~ .

L •.9cil'\'\l:. ••• r sv$'p.e.•.••


r~vr ole Id del'\r

C2.p'v/~
O-I"t·,<. ••• ld,r-c:. .

L,·:s .••.•... e.\<\t"" mer\"\bV"dl'\.c


a.Ho'iJo~.xo,c".(lel'\ . aHoiclo _d;<,,'i(;o/l'~I'I11 ~
p".r~\"':euV"e

FIG. 26. - Couple musculaire céphalogyre.

FIG. 28. - Ligaments de la jonction crânio-rachidienne


(coupe sagittale médiane).

FLEXION
Par l'étude de la disposition des muscles, on
peut conclure :
- la jonction crânio-rachidienne possède des
petits muscles de réglage du jeu articulaire;
- la jonction crânio-rachidienne appartient à
une chaîne po1yarticulée entourée de toute part
par des muscles capables d'harmoniser les
mouvements des chaînons osseux et de rigidifier
l'appareil ostéo1igamentaire;
ROTA Tt'ON - cette charpente ostéoligamentaire est hauban-
née à tous les étages grâce à des muscles longs
1
qui sont éloignés des articulations qu'ils pontent

FIG. 27. - Interactions ligam en ta ires.


U/. ce qui augmente le bras de levier; ils ont tous
un trajet oblique ce qui induit des mouvements
de flexion-extension, inclinaisons latérales mais
obliques descendantes du long du COU; les aussi des rotations.
muscles grand droit antérieur de la tête; La densité musculaire augmente vers le rachis
- en arrière : cervical supérieur du fait du petit bras de levier
a) les muscles transversaires de la tête ou petit et de la recherche constante d'équilibration de
comp1exus ou longissimus capitis (long dorsal) ; la tête (8).
b) le semi-spina1is de la tête ou grand Les freins des mouvements sont constitués
comp1exus en dedans du précédent; par:
c) les spino-transversaires ou sp1énius capitis les butoirs osseux (26) ;
et cervicis; les muscles antagonistes (fig. 26);
d) le trapèze. les ligaments qui sont en plus de freins, des
Ann. Kin ésithér., 1985, t. 12, nO 9 415

Bord .;;:nlt:,,(v,.. du L\·~~W\.e.Y\r occ~pilo_drloïdù~ .•..•.i.J..rërd(.


Trov Oc.c.ipa;;d.
Ca psv« cI< \ 'd ft{<'V\d~·OV. ~Hoïdo -.1 >c'oi.·dÙ~~Vl.nt..
L.a.psul< olt llarl,'cu\atï'o~ occipaô -~HoT~,'~t'lfI~
LifJil.Wltl'lt fi,a."rvt.vro_
Yf\ o!.W\br.al'\e.cce.~p;~ - aHoï:dÙ~.\"IY\,t:
_ occip/{:'I.
fne:.IM.brdl'1( dHoiclc--dx-o"i"c!t'~\"In.e

.Tv'cc.r(V\Q. et,- \ '..1~(, pO$[C't~e.vv cI. lia. rias


6".d YI"! oco<p;idl ci' ARnOLD
tiu~d.( pe.h'r d roi. r pos:i'ër~emr
vsc!t Gt,s"d droir ?oJ:lë~'(lJv
-"\I~
Li5.,"~"r el' Y 'Pe~1- ra.~ .tous,-
(J('(.ip;T\UP'

li5.i.mu)( /Fd"~~t:se Anasrol'l'\Os( e.1'\~ 1«.

Li3~n1C"t ~n!v"·.so. 1- .d- 2. (t1Hf Cl!..tvic=al.


-oiIxo·id'<t.VI.

,\".,t", 1.'Io,'",,~
.DL5'1V~ ù..tëv- V~'1~ b~d:!
Cz' C3

(,~

FIG. 29. - Structures ligamentaires postérieures (d'après une


dissection anatomique).

8.4 u V-
V.:i$~vlo-ncr"t.LJJ(
I.
gardiens des axes de mouvements et de stabilisa- ..•.'-"Ic-h" .•.

tion articulaire (5) (fig. 27) (30) (rappel notions


d'anatomie fig. 28, 29, 30).
FIG. 30: - Vue postéro-inférieure de la jonction occipito-
rachidienne (inspirée de la Rouvière et Paturet).
Conclusion

L'étude biomécanique de la jonction craniora- celles de la station ériée mais n'est plus mis en
chidienne et du rachis cervical supérieur permet charge. Ces contraintes provoquent des forces
de mieux comprendre les mécanismes fractu- de cisaillement qui seront contraires au déplace-
raires de l'odontoïde ainsi que les possibilités de ment fracturaire.
mobilisation (non forcée) de cette région. La rééducation dans ce cas sera, de diminuer
Lors d'un traumatisme par choc sur le crâne, les douleurs, prévenir les complications tardives,
la chaîne cinétique qui était ouverte se ferme. favoriser l'impaction, créer une sangle mus-
Des forces de cisaillement se créent surtout celles culaire (avec minerve) par des contractions
en hyperextension pour le rachis cervical supé- musculaires réflexes à partir de muscles à
rieur. Il se réalise une fracture de la base de distance, enfin réobtenir des réactions proprio-
l'odontoïde oblique en bas et en avant qui reste ceptives indispensables à cette région du fait de
stable si le ligament occipito-atloïdien reste la concentration des capteurs neuro-musculaires
intact, instable s'il est rompu, avec un risque de (3, 4, 7, 9, 16, 18, 19, 20).
luxation immédiate ou tardive (1, 6, 10, 12, 23).
- '- La mobilisation .....
de cette région tiendra
Dans toutes les possibilités thérapeutiques le compte des libertés articulaires mais aussi de sa
décubitus dorsal va avoir un effet bénéfique: en vulnérabili té.
effet l'atlas se met en flexion sous l'occipital par Par blocage manuel du rachis cervical infé-
fermeture de la chaîne cinétique. Le poids de rieur nous pouvons réaliser des mouvements de
la tête transmis par les condyles appuie sur la flexion-extension, d'inclinaison latérales qui sont
partie postérieure des glènes, l'atlas se met en toujours couplés avec une rotation. La rotation
flexion dorsale sous l'occiput et l'axis. Le rachis débute bien dans l'articulation CIC2, et se
cervical inférieur est en légère lordose, l'odon- poursuit dans cac 1 sauf si cette articulation est
toïde est soumis aux mêmes contraintes que en flexion ou en extension extrême.

('..--
416 Ann. Kin ésithér., 1985, t. 12, nO 9

7. FOURNIER B. - Techniques de contractions isométriques


Dans cette position de flexion ou extension des muscles du cou par irradiation, après intervention de
extrême, le vérouillage rotatoire est total, il Cloward. Résultats é1ectromyographiques. Ann. Kinésithér.,
existe un tiroir que l'on peut rechercher en 1980, 7, 255-265.
8. FUENTES J. M. - A propos du rachis cervical. Montpellier.
position intermédiaire. 9. GAUBERT P., VIEL E. - Rôle de la rééducation dans les
Le passage des deux artères vertébrales dans fractures cervicales non compliquées. Extrait de «Journées
cette région induit une notion de vulnérabilité de Rééducation ». L'Expansion Editeur, 1970, 5-14.
aux mouvements de rotation forcés par réduc- 10. GROS C., BAZIN M., FREREBEAU P., PRIVAT J. M.,
BENEZECH J., KUNHER A. - Technique d'extension conti-
tion voire occlusion du flux sanguin (25). nue transcranienne par vis. Neuro Ch ir., 1979, 25, 52-53.
Des fractures méconnues, des pseudarthroses 11. HAINAUT K. - Introduction à la biomécanique. Éditions
de l'odontoïde doivent nous rendre prudent à Maloine, 1976.
12. KAPANDJI lA. - Physiologie articulaire, Fascicule 111.
toute mobilisation forcée, le respect des ampii- Éditions Maloine.
tudes actives non douloureuses reste le règle de 13. Kuss G. - Anatomie et physiologie des articulations
base à toute thérapie de cette région. atloido-axoidienne. Soc. Anat., Paris 1920, 265-279.
14. LOVET J. - Traumatismes graves du rachis cervical infé-
Au classique schéma de Schneider, nous rieur de l'adulte. Thèse Méd., Nice, 1982.
rajoutons la notion de la transmission d'une 15. MANSAT P., AUTISSIER J. M. - Cinétique vertébrale du
complexe crânio-rachidien. Éléments de biomécanique du
partie des forces du poids de la tête par le pivot rachis. Congrès des Anatomies. Clermont-Ferrand 1980,
odontoïdien. Les deux glènes sont toujours 362-378.
chargées mais la charge varie avec la position 16. MEYER J., BARON J. B. - Les processus impliqués dans la
régulation posturale. Insep publications, 1982.
de la tête. Le point d'appui antérieur entre la 17. PATURET G. \- Traité d'anatomie Humaine. Masson Éd.,
dent et le ligament transverse devient élastique. 1951, tomes 1, 2, 3, 4.
Il y a alors analogie avec le reste du rachis. Deux 18. PIRET S., BEZIERS M. M. - La coordination motrice. Aspect
appuis latéraux et un appui antérieur élastique mécanique de l'organisation pyschomotrice de l'homme.
Masso Édit., 1971.
constitué par la colonne disco-corporéale. Nous 19. POISNEL J. L., DAVID J. Ph., VIEL E. - Evaluation des
avons donc une unification de la conception de rotations cervicales sur une population de 230 sujets non
l'appui isoélastique trip ode à tout le rachis. La consultants. Ann. kinésithér., 1981, 8, 53-55.
20. PorSNEL J. L. - Épidémologie des limitations d'amplitude
justification de cet appui souple antérieur se du rachis cervical chez 230 sujets non consultants. Flexion
trouve dans l'anatomie des traverses osseuses de haute et flexion basse. Annal. Kinésitér., 1981, 8, 57-63.
la dent et aussi par la pathologie de cette 21. RABISCHONGP. - Anatomie et biomécanique de la jonction
articulation. crânio-rachidienne. 2e syposium de pathologie rachidienne.
Montpellier, 1980, 63-64.
22. - RABISCHONG P. - Les explorations fonctionnelles. Le
Rachis. Laboratoires Roussel.
Références 23. - ROy-CAMILLE R., DE LA CAFFINIERE J. Y., SAILLANT
G. - Traumatismes du rachis cervical supérieur CI-,Cl.
1. AANDERSON L. D., ALONZO (D') R. T. - Fractures of the Masson, Édit., 1973.
, odontoid pro cess of the axis. 1. Bone Joint Surg., 1974, 54 A, 24. - SCHNEIDER R. C., LIVINGSTONE K. E., CAVE ALE.,
8-1663-1674. HAMILTON G. - HangmaI).'s franctures of the cervical
2. ARGENSON c., FRANCHE J. P., SYLLA S., DINTIMILLE H., spi ne. 1. Neuro. Surg., 1965, 22, 141-154.
PAPAZIAN S., DI MARTINO V. - Les artères vertébrales 25. - VIEL E., CLARIS J. - Biomécanique du rachis cervical
(segments VI et V2), Anat. Clin., 2-29-41. . et implications en rééducation. Ann. kinésithér., 1984, 11,
3. AZEMAR G., RIPOLL H. - Éléments de neurobiologie des 57-67.
compartiments moteurs. Insep publications, 1982. 26. - WERNE S. - Studiès in spontaneous atlas dislocations.
4. DAVID J. Ph, VIEL E. - Étu'de statique et dynamique de A. Orthop. Scand., 1957, 23, Copenhagen.
la colonne. Applications de la technique de Mestdagh à 27. - WHITE A., PANJABI M. - Clinical bioméchanics of the
l'examen des nucalgies. Ann. Kinésithér., 1981, 8, 35-43. spine. Édit. J.B. Lippincott Compagny, Philadelphia, To-
5. FIELDING J.,W., COCHRAN G. VB., LAWSING III J. F., ronto 1978.
HOHL M. - Tears of the transverse ligament of the axis. 28. - WINCKER G. - Manuel d'anatomie topographique et
1. Bone Joint Surg., 1974, 56 A, 8-1683-1691. fonctionnelle. 2e édition. Masson Édit., Paris 1974.
6. FISCHER L. - Fractures et luxations fermées du rachis 29. - WOESTIN J. - Étude du mouvement, tome 1, La mécani-
cervical chez l'adulte. Cah. enseign., SOFCOT; 1983. que. Prodiu,m Édit., Bruxelles 1970.

Vous aimerez peut-être aussi