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REPRESENTATIONS
SOCIALES DES ÉLÈVES
CLASSESD'ENSEGNEMENTSPÉCIALISÉ4 ET 3 e e
PAR F. BERGÉ
(*)LES CLASSES D'ENSEIGNEMENT SPECiAliSE (SES)
cessaire de rappeler le vécu en EPS de ces élèves. Le projet d'établis-
La SES est une sectionde'nseginementspécialisé,associéeàuncollège,maisayantune sement coordonné avec le projet pédagogique d'EPS prévoit une inté-
gestion financière et unedonationhoraireglobale(D.H.G.)quiluisontpropres.Jusqu'aux gration totale en EPS des élèves de6eet 5" de SES dans les classes de
derniers textes officiels de décembre1990,lesseulsenseignantspouvantintervenirenSEScollège par quota de six ou sept élèves. Ils ont donc reçu un enseigne-
ment en EPS de deux fois I heure 30 par semaine en classe démixtée
étaient des instituteursspecialisés(enseignementgénéraletdesprofesseurs et pardegroupe
lycéeprofessionnel
de niveaux (établis pour l'année scolaire à partir de
quelques tests athlétiques et gymniques).
d'EPS. d'anglais, de technologie. Les élèves actuellement en3ede SES n'ont pas eu d'EPS l'année précé-
dente.
Un excédent horaire en EPS a pu être utilisé cette année pour assurer
L'entrée en SES s'effectue à la sortie de l'enseignement primaire (classe un de enseignement
perfectionne- de 1 heure par semaine et par semestre pour les 4e, et
ou CM2). Elle concerne des élèves présentent tous un important de 1 heurescolaire,
retard 30 par semaine et par année pour les 3e. Des contraintes d'ef-
es- n'ont
fectif et d'emploi du temps pas permis d'obtenir une classe mixte
sentiellement du à un milieu socio-culturel très défavorisé. en4e; les garçons et les filles se sont donc partagé l'heure semaine en
. La SES comporte trots cycles successifs .
e
deux semestres. En revanche, la mixité a pu être réalisée pour les 3 .
- 1e cycle d'enseignement général: 6e et 5e (12 à 14 ans):
l'élève choisira un enseignement
de cursus SES. soit il a les moyens de réussir le CAP par la voie de l'apprentissage. 65
Revue EP.S n°235 Mai-Juin 1992 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
Dans les
adapté)sera
nonvé années
définies à
la réussite venir,
par lade les
loitous SEGPA (section
d'oirientation
les élèves de
avec d'enseignement
juillet
diplômes
1989,de
vont
niveaugénéral
remplacer professionnel
V. les SES. L'objet an
PRESENTATION DU QUESTIONNAIRE
Le questionnaire a été présenté alors que les élèves suivaient un cycle
e e
de volley-ball pour les 3 , un cycle de football pour les 4 garçons. Le
recueil des informations a été réalisé en salle. Nous avons veillé au
strict anonymat des réponses. Chaque question a été commentée et par-
fois même reformulée.
ANALYSE DES REPONSES
> L'EPS et son intégration dans le système scolaire
(Analyse des réponses aux questions 1-2-3-4)
Revue EP.S n°235 Mai-Juin 1992 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
Soulignons que ce questionnaire s'adresse à des élèves qui n'ont jamais
e e
lité de l'enseignant d'EPS qui, par un discours ou des actes (parfois in-
connu la mixité en 6 et 5 en EPS. conscients), a transmis aux élèves les objectifs de son enseignement de
Une enquête réalisée par le Ministère de l'Education Nationale en 1986 l'EPS.
(5) laisse apparaître que 38% des garçons et 29% des filles préfére- On remarque, ici. le rôle que peut avoir le système scolaire dans la
raient être dans des classes séparées. Les résultats concernant notre construction des représentations sociales des élèves.
échantillon d'élèves s'éloignent très fortement de ces chiffres. A cette
question objective, 50% des filles et seulement 32% des garçons sont
favorables à la mixité en EPS : 24% des garçons et seulement 12% des
filles la rejettent.
Nous avons posé, par ailleurs, aux élèves, des questions plus subjec-
tives nécessitant une représentation d'eux-mêmes en activité. Il appa-
Questions et résultats bruts
5 Pour toi l'EPS cela sert à quoi ?
raît d'abord un rejet par les garçons des activités « historiquement fé- Inscris dans l'ordre (1 - 2) tes 2 choix (présentation de
minines » (6). 82% des garçons rejettent la danse ; par contre, plus 8 possibles)
d'une fille sur deux est prête à pratiquer en mixité la lutte et la danse.
Les 38% refus de la danse par les filles peuvent s'expliquer par le seul
e
cycle de GRS pratiqué au cours du cycle d'observation 675 .
Un résultat inattendu est le refus des filles de jouer avec un camarade
garçon (75%) ou fille (70%) plus faible qu'elles. Est-ce un rejet du sta-
tut qui leur est souvent assigné dans les sports collectifs traditionnelle-
ment enseignés ? Il s'avère donc que les garçons de SES se méfient de
la mixité en EPS car cela les obligerait à s'investir dans des activités
historiquement féminines envers lesquelles un faible niveau d'experti-
se, dû à la non connaissance de ces APS. les dévaloriserait à leur yeux.
Par contre, on remarque un désir des filles de SES de pratiquer l'EPS
en classe mixte, désir égalitaire de la part d'élèves provenant de classes
sociales où la répartition des tâches en fonction du sexe est particuliè-
rement prégnante.
>• EPS etfinalitéssociales
(Analyse de la réponse à la question 5)
Les réponses à la question 5 nous ont surpris car nous nous attendions
à une justification de l'EPS par une action de défoulement, de mise en
œuvre d'activités sportives cathartiques.
Si l'on relève les trois premiers choix (garçons et filles, ici d'un com-
mun accord):
1 - la santé.
2 - le développement des capacités motrices,
3 - l'habitude de faire du sport dans la vie. et qu'on les confronte aux
objectifs généraux assignés à l'enseignement de l'EPS par les I.O. 85 et
86. on note une étrange similitude.
De plus, les élèves ne font pas l'amalgame EPS-APS et les différen-e
cient nettement quant à leurs objectifs poursuivis (cf. 6 et7echoix seu-
e
lement des garçons,5eet 6 choix des filles).
« La santé s'apprend sans cesse » (7) semble avoir fait du chemin de-
puis les I.O. de 1967 et il paraît raisonnable d'envisager la responsabi-
DESSINS : CHRISTOPHE DECRAND
68
Revue EP.S n°235 Mai-Juin 1992 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
Enfin, il est utile pour permettre un choix éclairé des élèves dans la
e
Classe de 4 filles poursuite de leur cursus (pour orientation en L.P.) qu'ils rencontrent sur
les quatre années la quasi totalité de sept familles définies par les I.O.
• Cross (trois séances) : préparation au cross du collège comme facteur de 1985.
d'intégration. Pour conclure, nous rappellerons que l'EPS en SES se justifie à plu-
• Badminton (dix séances) : activité duelle « qui met en sueur » ; la tra- sieurs titres comme :
jectoire ralentie est favorable à un meilleur placement des élèves, pri- - agent principal d'intégration de la SES dans la vie du collège ;
vilégiant ainsi les choix tactiques. - moyen indispensable pour atténuer certains déficits cognitifs et mo-
teurs que présentent certains élèves ;
• Danse (sept séances) : forte motivation de l'ensemble des filles. - possibilité à long terme d'ouvrir le droit à la gestion physique de leur
future vie d'adulte.
Classe de3emixte L'ensemble de ces missions nécessite un travail continu et de qualité
• Endurance (six séances) : préparation au cross du collège comme auprès de ces élèves.
facteur d'intégration. Francis Berge
• Basket-ball (sept séances) : activité collective appréciée par les filles ; Professeur agrégé d'EPS
exploit technique centré sur l'adresse et pas seulement sur la vitesse. Collège F. Truffaut
• Volley-ball (dix séances) : activité non connotée sexuellement qui (42) Rive de Gier.
emporte l'adhésion de tous ; de plus, la classe est techniquement ho-
mogène dans la mesure où les élèves ont tous suivi un cycle de douze
séances en sixième. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
• Triple-saut (six séances) : activité athlétique permettant une grande (1) I.O. 1985 de collège et compléments 675' et 473' du B.O. du 30.06.88.
marge de progrès qui a pour effet un regain de motivation. (2) David B. « Rugby au féminin : influence de la pratique sur lesreprésentationsinitiales
• Gymnastique aux agrès (sept séances) : de l'activité » in. « Différencier la pédagogie en EPS » CRUISE -revueEPS 1989.
- entrée dans l'activité gymnique par le choix d'un agrès : (3) David B. « Représentations et actions » in « L'EPS aujourd'hui : ce qui s'enseigne »
- mise en place d'une notation ne privilégiant pas la difficulté par rap- SNEP 1989.
port aux éléments de liaison. (4) Moscovici S. « La psychanalyse, son image, son public » PUF 1961.
Nous avons établi dans cette programmation un choix d'activités ne (5) « Repères et références statistiques sur les enseignements et la formation » Ed. 1986 Mi
bouleversant pas l'intimité des élèves (rejet volontaire du football - hé- nistère de l'Education Nationale.
térogénéité impossible à gérer - et de la danse). (6) Davisse A. « Les mixités en EPS » revue EPSn°197 - 1986.
(7) I.O. 1967.
> Programmation des activités à long terme (8) Volondat M. et Davisse A. « Mixité - Pédagogie des différences et didactiques » - EPS
n° 206- 1987.
Il s'agit, pour les années futures, de revendiquer une pratique d'au
e (9) BO n° 47 du 20/12/90 page 2973.
moins deux heures d'EPS pour les 4 et les3eSES. Cela est officielle-
ment possible depuis les nouveaux textes régissant les SES (9) : mais,
pour que ces circulaires se vérifient dans les établissements, il sera né-
cessaire d'engager des actions syndicales et politiques qui dépasseront
l'enseignant face à ses élèves mais le concerneront et l'impliqueront di-
rectement.
Il nous semblerichede rechercher la mixité et celle-ci devrait être d'au-
tant mieux acceptée qu'elle s'appliquera préalablement au cycle d'ob-
e
servation 6 et 5e. De même, il paraît important qu'au cours de ces deux
années, tous les élèves puissent bénéficier d'au moins un cycle de 10
à 12 séances de sport de combat (de percussion ou de préhen-
sion) et d'un cycle d'A.P.E.X. (danse ou GRS).
e
L'introduction des élèves de6eet 5 de SES par quota dans
les classes de collège se déroulant bien, il y aura lieu de
conserver cette organisation.