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Revue Philosophique de Louvain

Alain, philosophe de la culture et théoricien de la démocratie.


Colloque de Cérisy-la-Salle, 1974
André Reix

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Reix André. Alain, philosophe de la culture et théoricien de la démocratie. Colloque de Cérisy-la-Salle, 1974. In: Revue
Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 78, n°40, 1980. pp. 608-609;

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608 Comptes rendus

La révision de l'historicisme proposée par Troeltsch trouve dans


l'éthique et dans la tension vers le futur le moyen de sortir du relativisme
des valeurs. En effet, même si l'histoire ne touche qu'à l'individuel, elle y
découvre quelque chose d'universellement valable. Mais la multiplicité
qualitative, visée par la pensée historique, ne laisserait pas saisir
l'universalité qu'elle apporte, si on ne la rangeait pas sous des concepts et
des jugements généraux. Le principe d'organisation de tels concepts ne
peut pas être un concept de loi, comme dans le cas des sciences de la
nature, mais uniquement le concept de ce qui rassemble une série
d'événements individuels dans une totalité unique et significative: le
concept de valeur. L'histoire vise les valeurs, et la philosophie critique de
l'histoire ne fait que déployer leurs conditions de possibilité, sans pouvoir
déduire de là leur accomplissement. Le but de la conceptualisation
historique est déterminé à la fois par Va priori théorétique et par un a
priori a-théorétique en tant que moment essentiel à l'accomplissement de
la valeur. Dans cette tension pratique vers le futur — dans une inspiration
éthique — l'historicisme dépasse ses limites et se pose comme
«philosophie matérielle de l'histoire». La connaissance objective de l'histoire
fournit une base à la conscience humaine qui se pose dans le monde
historique comme production de valeurs. «La visée d'une histoire qui
serve la vie est confirmée par l'aboutissement éthique de VHistorismus
comme l'impulsion la plus secrète de la recherche de Troeltsch» (p. 262).
Fabio Ciaramelli.

Alain, philosophe de la culture et théoricien de la démocratie.


Colloque de Cérisy-la-Salle, 1974. Un vol. 29x21 de 207 pp. Paris, Les
Amis d'Alain, 1976. Prix: 48 FF.
En 1974 eut lieu au Centre culturel international de Cérisy-la-Salle,
sous la direction de Gilbert Kahn, un colloque sur le thème «Vigueur
d'Alain, vigueur de Simone Weil», duquel sont extraits les exposés
relatifs à Alain et de larges extraits des discussions qui les suivirent. Un
appendice Alain et Simone Weil exprime deux points de vue différents sur
les rapports de pensée entre le maître et son élève la plus remarquable.
En quatre jours, les participants ont réussi à présenter dans ses
grandes lignes l'enseignement d'Alain comme méthode et comme
doctrine, ainsi que sa pratique de la littérature et des arts; puis, y adhérant
intimement, ils ont exposé sa théorie politique et singulièrement sa
conception de la démocratie. Alain fut avant tout un maître pour qui la
méthode socratique, observe G. Kahn, n'est pas une méthode
d'enseignement, mais un dialogue avec soi. De cette méthode, qui est
surtout une attitude et une aptitude spirituelles, découlent son
enseignement de philosophie, ses points de vue sur les philosophes et leurs
Philosophie contemporaine 609

systèmes, sur les beaux-arts qu'il rattache, assez artificiellement, à ces


systèmes, et ses idées sur la politique et la vie quotidienne qu'il apprécie à
la façon de Montaigne, en cherchant le juste équilibre en toutes choses.
De là vient que certains l'ont comparé à Montaigne, ce qui est faux. Bien
qu'il accorde une priorité au jugement, Alain se méfie du discours et des
excès qui ne sont pas de son monde. Il défend ses idées pour maintenir
son indépendance. Il est démocrate avec J.-J. Rousseau qui met la
souveraineté dans le peuple, à condition d'accepter une assemblée de
représentants élus qu'il faut d'ailleurs contrôler. Tout repose, en fait, sur
la vertu des citoyens, hélas! En conclusion, Alain a-t-il enrichi la
philosophie? Nous ne le croyons pas. Il exprime plutôt concrètement une
position d'intellectuel avec ses principes et ses contradictions en fervent
citoyen auquel ce colloque redonne vie d'une manière enthousiaste.
André Reix.

Louis Couturat, Les principes des mathématiques, avec un appendice


sur la philosophie des mathématiques de Kant, nouveau tirage. Un vol.
21 x 13,5 de vm-311 pp. Paris, Librairie scientifique et technique Albert
Blanchard, 1980. Prix: 50 FF.
L'algèbre de la logique, 2e édition. Un vol. 21 x 13,5 de 101 pp. Paris,
Librairie scientifique et technique Albert Blanchard, 1980. Prix: 25 FF.
Un éditeur a eu l'heureuse idée de rééditer quelques œuvres de
Couturat qui, dans le domaine de la logique, fut un vulgarisateur et un
initiateur. Celui-ci, dans son étude des théories, demeure philosophe, ce
qui lui permet de juger des principes et d'énoncer des conclusions en
marquant nettement l'originalité des deux sciences, la logique et la
mathématique. Ce point de vue critique reste l'apport le plus solide de
l'A. Devant la fusion, consommée de nos jours, de la logique et de la
mathématique, qui permet aux logiciens contemporains une surenchère
de forme philosophique, il convient de s'interroger sur les véritables
rapports des deux sciences, ce qui est le seul problème valable de la
formalisation de la connaissance mathématique. Comme Peirce et
Russell, Couturat appuie son examen des principes logiques sur cette
assertion: les seules définitions véritables sont les définitions nominales
et explicites. Il marque ainsi la supériorité d'une logique des relations, la
logique devenant la science de tous les raisonnements formellement
nécessaires. Les arguments des avocats, quoique logiques, n'entrent pas
dans la mathématique. La logique est donc plus générale que la
mathématique, et seule elle est purement formelle et par suite universelle.
On peut, en conséquence, définir la mathématique par sa matière, un
ensemble de définitions logiques, et par sa forme, un ensemble purement
logique. Identique à la logique par sa forme, la mathématique n'en est

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