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Contes et Légendes

Contes et Légendes
Dernier ajout le dimanche 15 août 2004.

Djéha

On ne sait que peu de choses sur l'origine de ces


contes. Ils sont sans doute très anciens, mais ils
semblent, selon les versions, avoir évolué avec le

temps. La question est toujours en débat.


Cependant, on peut avancer quelques hypothèses. Il
y a bien une unicité des contes, puisque les contes
des Imazighen du Maroc, des Kabyles, des Chaouias
ou des Touaregs présentent de grandes similitudes,

certains thèmes étant communs.

Vous retrouverez un nombre de contes Kabyles et


Chleuhs et d'histoires populaires d'Algérie et de la
région. La mise à jour est mensuelle, chaque

premier du mois un nouveau conte est publié.

Méfiez vous des contrefaçons... Rien n'est mieux


que l'original !

Aïcha Mozbayel - épisode 1


lundi 1er juillet 2002 par HMM

Aïcha Mozbayel - Episode 2


dimanche 1er septembre 2002 par HMM

Aïcha Mozbayel - Episode 3


dimanche 1er décembre 2002 par HMM

http://www.tamurth.net/rubrique.php3?id_rubrique=2 (1 sur 4)31.08.2004 17:18:01


Contes et Légendes

Aïcha Mozbayel - Episode 4


samedi 1er mars 2003 par HMM

Aubépin
lundi 1er avril 2002 par HMM

Balajoudh et l'Ogresse Tseriel


samedi 1er février 2003 par HMM

Conte du Chat
vendredi 1er novembre 2002 par HMM

Contes berbères chaouis de l'Aurès


vendredi 21 mars 2003 par HMM

Divers références de livres d'Histoires


populaire, de Contes et de Légendes
mercredi 15 janvier 2003 par HMM

Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame


Facile
lundi 15 juillet 2002 par HMM

Histoire du Coffre
samedi 1er mai 2004 par HMM

L'Homme, la Vipère et le Hérisson


samedi 1er décembre 2001 par HMM

L'Ogresse et la Princesse Clair-de-Lune


(Thiziri)
mercredi 1er mai 2002 par HMM

La chatte
dimanche 1er février 2004 par HMM

La femme noire et les trois Tahenchit


vendredi 1er février 2002 par HMM

La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur


mardi 1er avril 2003 par HMM

La légende de Sidi Brahim


jeudi 1er novembre 2001 par HMM

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Contes et Légendes

La légende du Rossignol - Pourquoi chante t


il la nuit ?
lundi 1er décembre 2003 par HMM

La tombe oubliée
vendredi 1er août 2003 par HMM

Le Chacal, le Lion et le Mulet


lundi 15 avril 2002 par HMM

Le Chêne de l'Ogre
dimanche 1er juin 2003 par HMM

Le Conte Berbère
mardi 1er janvier 2002 par HMM

Le corbeau qui s'était piqué avec une épine


dimanche 1er août 2004 par HMM

Le Hérisson, le Chacal et le Lion


jeudi 1er août 2002 par HMM

Le Lion l'Hyène et le Chacal


mardi 1er octobre 2002 par HMM

Le maître d'école et la femme


lundi 1er septembre 2003 par HMM

Le Mari, la Femme et les villageois


lundi 1er octobre 2001 par HMM

Le père cruel
mercredi 1er janvier 2003 par HMM

Le roi Baghai
jeudi 1er avril 2004 par HMM

Le Roi des échos


jeudi 1er juillet 2004 par HMM

Le Sultan
samedi 1er novembre 2003 par HMM

Les contes berbères ressemblent beaucoup


à ceux des frères Grimm
mardi 27 mai 2003 par HMM

http://www.tamurth.net/rubrique.php3?id_rubrique=2 (3 sur 4)31.08.2004 17:18:01


Contes et Légendes

Les fourberies d'Inisi - La figue de barbarie


mercredi 1er octobre 2003 par HMM

Les fourberies d'Inisi - La gale


mardi 1er juin 2004 par HMM

Les fourberies d'Inisi - Les pilleurs de détritus


jeudi 1er janvier 2004 par HMM

Les tapis du fils du négociant


vendredi 1er mars 2002 par HMM

Ouarda
jeudi 1er mai 2003 par HMM

Ouargla et ses Anciens !


lundi 1er mars 2004 par HMM

Sidi Aïssa
mardi 1er juillet 2003 par HMM

Tersheddat et ses compagnes jalouses


samedi 1er juin 2002 par HMM

http://www.tamurth.net/rubrique.php3?id_rubrique=2 (4 sur 4)31.08.2004 17:18:01


Djéha

Djéha
Dernier ajout le dimanche 15
août 2004.

A l'aide ! Djéha
jeudi 15 juillet 2004 par HMM

Au jardin potager
lundi 1er décembre 2003 par HMM

Ceux qui savent et ceux qui ne savent


pas...
mercredi 1er octobre 2003 par HMM

Comment se débarrasser des Tigres


samedi 1er mars 2003 par HMM

Connais-tu Djeha ?
samedi 1er novembre 2003 par HMM

Djeha a des dettes


lundi 15 décembre 2003 par HMM

Djéha au marché
lundi 15 mars 2004 par HMM

Djéha econome
jeudi 15 avril 2004 par HMM

Djeha et la viande
samedi 1er mai 2004 par HMM

Djeha et le palmier
lundi 15 septembre 2003 par HMM

Djéha et ses souris


mardi 15 juin 2004 par HMM

Djéha et son âne

http://www.tamurth.net/rubrique.php3?id_rubrique=20 (1 sur 3)31.08.2004 17:18:06


Djéha

samedi 15 mars 2003 par HMM

Djeha et son chien


mardi 1er avril 2003 par HMM

Djéha fait la lessive


dimanche 15 août 2004 par HMM

Djeha marchand
mardi 15 avril 2003 par HMM

Djéha pauvre
dimanche 1er août 2004 par HMM

Djéha préserve ses chaussures


mardi 1er juin 2004 par HMM

Djéha se paye des chaussures


jeudi 1er juillet 2004 par HMM

Djéha va avoir un enfant !


jeudi 15 janvier 2004 par HMM

Grave question !
jeudi 1er avril 2004 par HMM

J'aimerais enlever le haut de mon bol


dimanche 15 février 2004 par HMM

Je me le demande aussi !
vendredi 1er août 2003 par HMM

L'échelle se vend n'importe où


mardi 1er juillet 2003 par HMM

La Corde à Linge
lundi 15 septembre 2003 par HMM

La menace de Djéha
jeudi 15 mai 2003 par HMM

La Vieille Lune
dimanche 15 juin 2003 par HMM

Le Manteau de Ch'ha
jeudi 1er mai 2003 par HMM

http://www.tamurth.net/rubrique.php3?id_rubrique=20 (2 sur 3)31.08.2004 17:18:06


Djéha

Pourquoi payer une marchandise que je


n'achète pas ?
lundi 1er mars 2004 par HMM

Qu'on m'apporte le gros livre noir


vendredi 15 août 2003 par HMM

Qui est Djéha ?


vendredi 14 février 2003 par HMM

Si tu ne crois pas, compte !


dimanche 1er juin 2003 par HMM

Sur l'âne
jeudi 1er janvier 2004 par HMM

Trop de monde !
samedi 15 novembre 2003 par HMM

Une affaire de lumière


lundi 1er septembre 2003 par HMM

Une maison ne peut-elle avoir deux


portes ?
mardi 15 juillet 2003 par HMM

Une question véritable


samedi 15 mai 2004 par HMM

http://www.tamurth.net/rubrique.php3?id_rubrique=20 (3 sur 3)31.08.2004 17:18:06


Aïcha Mozbayel - épisode 1

Aïcha Mozbayel - épisode 1


Les aventures d'Aïcha Mozbayel
Le lundi 1er juillet 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Aïcha Mozbayel - Episode 4
● La chatte
● La légende de Sidi Brahim
● Balajoudh et l'Ogresse Tseriel
● Les fourberies d'Inisi - Les pilleurs de détritus
● Ouarda
● Ouargla et ses Anciens !
● Conte du Chat

Les aventures diverses et variées de Aïcha Mozbayel,


Aïcha la faiseuse de gaffes et de scandales, sont des

contes populaires dans les villes d'Algérie et dans les


communautées originaire d'Afrique du nord en Israel.

Un homme qui allait à son travail, la trouva assise sur son chemin.

Hum ! grogna-t-il, enveloppée d'un châle bleu


Elle se tient au bout de la rue !

Hum ! répondit-elle. O yeux de sa mère !


O sourcils de sa sœur !
Ce gilet brodé t'appartient-il ?

Va chez nous, et contemple notre situation !

Le soir même, quand il rentra chez lui, il pria sa mère de demander


la main de cette jeune fille.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=11 (1 sur 4)31.08.2004 17:18:10


Aïcha Mozbayel - épisode 1

Mais avec quoi ? s'écria sa mère, avec quoi irais-je demander sa


main ? avec des poux sans doute !

Le lendemain en partant pour son travail, il retrouva la jeune fille au


même endroit. Il se tinrent les mêmes propos que la veille.

Va chez nous et contemple notre situation. Lui dit-il en


rebroussant chemin pour rentrer chez lui.

Elle le suivi alors discrètement et colla son oreille contre la porte de


la maison. Il parlait à sa mère :
« Mère, allume donc !
La lune nous éclairera, répondit la mère.
Qui y-a-t-il à manger, mère ?
De la galette et des oignons, mon fils !
M'as tu reprisé la chemise ?
Oui, j'ai enlevé un morceau de la manche pour la rapiécer. »

N'ayant rien perdu de cette conversation, Aïcha repartit


discrètement.
Le lendemain, il la retrouva sur son chemin et ils échangèrent à
nouveau les mêmes propos.

Va chez nous, et contemple notre situation !


« j'ai été chez vous et j'ai vu votre situation !
La lune est votre lustre !
Les oignons sont vos pommes
Et vous enlevez des manches
Pour rapiécer vos bas (de chemise) »

Le soir, il rentra chez lui, plus résolu que jamais à épouser cette
jeune fille. Et il persuada sa mère d'aller demander sa main.
Elle alla dons frapper à la porte de la maison de la jeune fille ?
« qui est là ? demanda celle-ci de l'intérieur.
Ouvrez
Pose le pied dur le ciment, soulève le fer et pousse le bois »

La mère entra et demanda à la jeune fille :

pourquoi ne t'es tu pas levée pour m'ouvrir ?


« La rose délicate de mon giron m'empêche de courir ! Où est ta mère ?
Elle est parti accompagner ce qu'elle n'a jamais amené !
Où est ton père ?
Il est parti accompagner ce qui ne reviendra jamais ! »

La mère ne comprit rien à ce discours énigmatique, et s'en alla

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Aïcha Mozbayel - épisode 1

rendre compte a son fils qui lui expliqua :


« La rose rouge, c'est sa virginité, sa mère est allé accouché une
femme et son père est allé a un enterrement »
Il tenait absolument à épouser Aicha, et peu de temps après, on lui
accorda sa main. Un mois plus tard, le mariage fut célébré.
Au lendemain de la nuit de noces, une jeune fille qui louchait alla
voir Aïcha :
« Bonjour, la mariée, dit la jeune fille.
Bonjour, ô toi dont un œil cuisine pendant que l'autre verse de l'huile ! »
La jeune fille alla en pleurant se plaindre à sa mère, qui décida
« d'aller voir ça » avec ses nombreux enfants.
« Bonjour la marié !
Bonjour, ô chienne aux nombreux chiots »
La dame révoltée, s'en alla se plaindre à la maîtresse de maison, qui
décida d'aller vérifier la véracité des faits.
« Bonjour la mariée,
dit-elle, il paraît que tu as…
Par l'endroit d'où sont sortis tes enfants, je n'ai rien dit de tout cela ! »
La dame horrifiée, courut vers le mari de Aïcha qui vint a son tour :
« Bonjour la mariée », dit-il.
Elle lui répondit par une grossièreté énorme.
« Par Dieu, s'enflamma-t-il, tu ne passeras plus une seule nuit sous mon toit ! »

pour la répudier, ils allèrent chez le cadi, un homme pieux et noble,


richement vêtu de ses nombreux burnous et gandouras. Avant qu'il
ne rende don verdict, Aïcha lui fit le geste d'offrir quelque chose, les
deux mains réunies, voulant lui signifier que si le jugement est en sa
faveur elle lui donnerait une poignée de louis d'or. Le cadi la
compris ainsi.

« Comment ? dit-il au beau-père d'Aïcha, vous voulez répudier cette


femme qui vient juste d'arriver chez vous ? A peine deux jours, et
vous voulez la répudier, elle a tous les droits sur vous ! elle garde
tous les bijoux, tous les meubles ! tous ce qu'elle a apporté et tout
ce que vous lui avez offert ! »
Quand tout le monde reparti, le cadi arrêta Aïcha :
« Donne !
Quoi donc ?
Ce que tu m'as promis par ton geste !
Mais tu es fou ? mon geste te disait de cacher tes parties
génitales !
Mes parties ? mes parties visibles et toutes mes gandouras, tous
mes burnous ! …
Si, si ! dit-elle, c'était visible ! tu as attiré la honte sur toi ! »

Et elle s'en alla, cherchant, cherchant …

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=11 (3 sur 4)31.08.2004 17:18:10


Aïcha Mozbayel - épisode 1

adapté de l'arabe dialectal par Kamel ABDOU


Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

A suivre ...
Episode 2

Vos réactions

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Aïcha Mozbayel - Episode 2

Aïcha Mozbayel - Episode 2


Les aventures d'Aïcha Mozbayel
Le dimanche 1er septembre 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Le Hérisson, le Chacal et le Lion
● Les tapis du fils du négociant
● Le Chacal, le Lion et le Mulet
● L'Homme, la Vipère et le Hérisson
● Le Mari, la Femme et les villageois
● La tombe oubliée
● Le père cruel
● Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes
et de Légendes

Aïcha trouva un jour un homme en train d'emménagerdans une


nouvelle demeure. Elle se donna aussitôt l'apparence d'une femme
enceinte en remplissant sa robe de toutes sortes de chiffons, et se
joignit aux femmes qui aidaient l'homme à installer ses effets...

L'emménagement fini, elle prit place sur l'unique chaise de la


maison, à l'unique table. L'homme qui était pieux et honnête, la prît
pour l'une des nombreuses voisines qui l'avaient si aimablement
aidé, et n'osa rien lui demander, hormis son nom.
"je m'appelle You-Youtez(Welwlou : faites des youyou), dit elle"

Elle resta assise si longtemps, que l'homme, térassé par la fatigue,


s'endormit profondément, (© publié par Tamurth.net)Elle déménagea
alors tous les meubles de la maison, ne lui laissant que la natte sur
laquelle il dormait.

Le lendemain, très tôt, l'homme sortit de sa maison affolé, appelant :


"Youyoutez ! Youyoutez ! (Welwlou ! Welwlou !)"

Aussitôt, les voisines se mirent à pousser de stridents youyou.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=69 (1 sur 2)31.08.2004 17:18:12


Aïcha Mozbayel - Episode 2

"Je vous dit Youyoutez ! " s'énerva-t-il.


Leurs youyou redoublèrent de stridence.
"Mais enfin, dit-il, je cherche Youyoutez ! la femme enceinte qui
m'a aidé hier ...

Mais, répondirent les femmes, nous l'avions prise pour ta


femme ! Et nous pensions que tu nous demandais de faire des
youyou parce qu'elle a accouché pendant la nuit ! "

Episode 1
adapté de l'arabe dialectal par Kamel ABDOU
Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

A suivre ...
Episode 3

Vos réactions

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Aïcha Mozbayel - Episode 3

Aïcha Mozbayel - Episode 3


Les aventures d'Aïcha Mozbayel
Le dimanche 1er décembre 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Le Hérisson, le Chacal et le Lion
● Les tapis du fils du négociant
● Contes berbères chaouis de l'Aurès
● Le Chacal, le Lion et le Mulet
● L'Homme, la Vipère et le Hérisson
● La tombe oubliée
● Le Mari, la Femme et les villageois
● Le père cruel

Un jour Aïcha rencontre un vieillard.


"Epouse-moi ! lui dit-elle, épouse-moi, et tu retrouveras ta jeunesse !

Comment ? Laisse-moi en paix ma fille ; je suis un vieillard


respectable avec des enfants et des brus...

Epouse-moi, te dis-je, tu retrouveras ta jeunesse !


Mais enfin...
Si, tu retrouveras ta jeunesse ; tu redeviendras jeune homme ! "
Il finit par se laisser tenter, et elle l'emmena au bain maure, où elle
fit raser barbe et moustache.
"Quel est ton nom ? demanda-t-il.

Bezghètchine ! (Ce prénom n'existe pas et le mot ne veut rien dire)


répondit-elle.
Bezghètchine ? demanda-t-il étonné.
Oui ! "
Il se déshabilla, et entra au bain. Aussitôt, elle prit tous ses habits et
s'en alla furtivement.

Il termina bientôt son bain et appela "Bezghètchine" pour qu'elle lui

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=70 (1 sur 2)31.08.2004 17:18:17


Aïcha Mozbayel - Episode 3

donne ses vêtements. Personne ne répondit à l'appel de ce nom,(©


publié par Tamurth.net) sauf le tenancier du bain qui demanda :
"Que veux-tu ?

Appelle la femme qui m'attend avec mes effets.


Il n'y a plus personne dans le bain et personne ne t'attend !
Malheur ! comment rentrer chez moi ? par pitié cousin, prête-moi
une djellaba pour rentrer chez moi ! "

Il rentra finalement chez lui, mais dès qu'il franchit le seuil de la


maison, ses brus, affolées, s'écrierent à sa vue :
"Oh ! mon Dieu ! Quel est cet étranger qui viole l'honneur de notre
demeure ? ! "

Il se fit reconnaître et expliqua à sa famille qu'il avait été victime


d'une "garce".

Episode 1
Episode 2
adapté de l'arabe dialectal par Kamel ABDOU
Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

A suivre ...
Episode 4

Vos réactions

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Aïcha Mozbayel - Episode 4

Aïcha Mozbayel - Episode 4


Les aventures d'Aïcha Mozbayel
Le samedi 1er mars 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le Chacal, le Lion et le Mulet
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● Le Mari, la Femme et les villageois
● La tombe oubliée
● Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes
et de Légendes

Aïcha trouva un jour un homme qu'elle persuada de la prendre pour


épouse. Il la prit pour femme.

Quelques temps plus tard, toute la famille fut invitée à une fête.
Aïcha refusa d'y aller, affirmant qu'elle n'était pas femme à parader
dans les fêtes, mais au contraire, une femme "de foyer", "d'intérieur"...
Mais ils insistèrent tellement qu'elle accepta des les accompagner à
condition toutefois, qu'elle revienne avant eux pour s'occuper de la
préparation du repas.
Ils partirent donc pour la fête, ne laissant à la maison que leur vieille
mère.

Aïcha revint bientôt et mit une grande marmite de tripes sur le feu.
La vieille femme entra aux toilettes.
Aïcha la suivit avec les tripes bouillantes et les lui fourra de force
dans la gorge.
La vieille femme hurla, hurla et mourut.

Quand le reste de la famille rentrea de la fête, on s'enquit de la


vieille mère.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=71 (1 sur 3)31.08.2004 17:18:21


Aïcha Mozbayel - Episode 4

"Je ne sais pas où elle est, dit Aïcha, je l'ai vu par là tout à l'heure,
maisj'étais trop occupé par le ménage, le repas... "

Ils cherchèrent dans toute la maison, et trouvèrent enfin, horrifiés le


cadavre de leur mère gisant dans les toilettes, la bouche débordant
de tripes.
"Chuuuuut ! chuuuuut ! leur intima Aïcha, taisez-vous ! Silence !
silence, vous allez attirer la honte sur nous !
Elle a volé les tripes du repas pour les manger. Silence, que les gens
n'apprenent pas la vérité ! la honte est sur nous ! "

Ils se turent et enterrèrent leur mère dans la plus grande discrétion.


Morte en tombant. morte en tombant.

Bientôt la famille dut repartir assister à une autre fête de mariage et


Aïcha resta seule avec son vieillard de beau-père.
Elle prit sept bâtons très flexibles et commença à lui fouetter
sauvagement la langue. (© publié par Tamurth.net)Les sept bâtons y
passèrent et la langue du vieillard ne fut bientôt qu'un lambeau de
chair informe et sanguinolant.
"Qu'est-il arrivé ? Qu'y-a-t-il ? " s'affolèrent les membres de la
famille à leur tour.

Qu'est-ce que j'en sais ? répondi Aïcha avec humeur. Vous me


laissez toujours seule avec les problèmes ! Demandez-lui ce qu'il
veut !

que t'est-il arrivé . père ?"

Le père fixait alors Aïcha, la montrait du doigt et se mettait à


bredouiller et à baver.
"Il vous dit qu'il va mourrir et qu'il veut que tous ses biens me
reviennent à moi, Aïcha !

Mais, et sa langue... sa langue ! ?


Est-ce que je sais, moi, ce qui est arivé à sa langue ! " Le vieillard
se mettait à gigoter de plus belle, l'accusant du doigt.
"Voyez ! Voyez vous-même ! Il insiste pour me désigner comme
seule et unique héritière. Il veut que vous inscriviez tous ses biens,
tout ce qu'il possède à mon nom."

Ce qui appartient à Dieu revint à Dieu ; il mourut et Aïcha hérita de


tous ses biens.

Episode 1
Episode 2

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=71 (2 sur 3)31.08.2004 17:18:21


Aïcha Mozbayel - Episode 4

Episode 3
adapté de l'arabe dialectal par Kamel ABDOU
Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

A suivre ...

Vos réactions

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Aubépin

Aubépin
Conte Kabyle
Le lundi 1er avril 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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frères Grimm
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● Le corbeau qui s'était piqué avec une épine
● Aïcha Mozbayel - Episode 3
● La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

C'est une longue aventure qui attend une jeune fille.


Elle traverse de nombreuses épreuves, y compris

quand elle est devenue femme. Nous vous laissons


découvrir cette histoire pleine de rebondissements

étranges, où l'on trouvera des bêtes fauves cruelles,


un frère qui se laisse malheureusement influencer
par sa femme, un fils exemplaire... et une mise en
abîme du conte lui-même qui devient magique....

Il était une fois un homme qui aimait passionnément la chasse. Dès


le point du jour il s'en allait dans la forêt à la poursuite du gibier et
ne rentrait qu'à la tombée de la nuit. Il prit un jour un perdreau
vivant, qu'il ramena à la maison et confia à sa femme en lui disant :

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=45 (1 sur 14)31.08.2004 17:18:26


Aubépin

Prends bien soin de cet oiseau et surtout veille à ce qu'il ne


s'envole pas. Au printemps, je m'en servirai d'appât pour attirer les
perdrix.

L'homme et la femme n'avaient qu'une fille. Comme elle s'ennuyait


d'être toujours seule à la maison, elle demanda à sa mère de lui
donner le perdreau pour jouer avec lui. La mère d'abord refusa, puis
devant les pleurs et les prières de sa fille, finit céder, mais avec force
recommandations :
Attache-lui à la patte une longue ficelle, ferme toutes les issues
pour que le perdreau ne puisse pas s'échapper, car, si tu le perds,
ton père nous chassera de la maison toutes les deux.

La petite fille promit de veiller très soigneusement sur le perdreau.


Chaque matin elle le sortait de sa cage, s'enfermait avec lui dans une
pièce et jouait jusqu'à ce qu'elle fut fatiguée. Un soir qu'elle venait
pendant toute la journée de le taire courir, danser, voleter au bout
de sa ficelle, une soif ardente s'empara d'elle. Elle ouvrit la porte
pour aller boire et frrr !... le perdreau s'engouffra dans l'issue qu'on
lui avait ménagée et s'envola d'un trait, emportant la ficelle avec lui.

Le soir, quand le chasseur rentra, sa femme lui servit à dîner, et il


s'apprêtait à aller dormir quand il s'avisa que le perdreau n'était plus
à la place où il le trouvait ordinairement :
Vous avez changé l'oiseau de place ? demanda-t-il ?

Sa femme resta figée de peur.


Eh bien, dit-il, qu'est-ce que tu as fais du perdreau ? Je ne le vois
pas.

Elle du lui avouer la vérité.


Quoi ? s'écria le chasseur, furieux, je t'avais bien recommandé…
Ta fille avait soif, elle n'a ouvert la porte qu'un tout petit
instant…
Elle a ouvert la porte, mais c'est toi qui lui as donné le perdreau.
Puisque c'est ainsi, vous allez partir les deux à sa recherche toutes
les deux et vous ne rentrerez que quand vous l'aurez retrouvé.

La femme eut beau pleurer, prier, le mari ne voulut rien entendre.


Vous allez sortir tout de suite !
Dehors il fait nuit. Où irons-nous ? Nous ne connaissons pas le
pays, ta fille ni moi. Demain dès le point du jour…
Non cria le chasseur, maintenant !

La femme réveilla sa fille ; elle enferma vite quelques maigres

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Aubépin

provisions dans un nouet(2) et elles partirent dans la nuit. Elles


marchèrent longtemps dans la forêt. Elles suivaient les chemins
tracés, de peur le tomber sur des bêtes sauvages, mais elles ne virent
de perdreau nulle part à cette heure de la nuit. À la fin elles
entrèrent dans un maquis épais, où elles rencontrèrent une hase(3)
affairée.

Que faites-vous à cette heure dans la forêt ? s'étonna la hase.


Nous cherchons un perdreau que nous avons perdu, dit la mère.
Malheureuses ! Vous êtes ici dans la demeure des fauves. Ils sont
tous à chasser dans la forêt. C'est aujourd'hui mon tour de garder
leur repère. Mais c'est bientôt l'aube, ils vont rentrer et s'ils vous
trouvent ici, ils vous mangeront.
Fuyons ! cria la fille.
II est trop tard, dit la hase. Où iriez-vous ? Les animaux sont déjà
sur le chemin du retour et vous allez sûrement les rencontrer.
Quoi faire alors ? demanda la mère.
Vous voyez cet arbre ? dit la hase. Il est haut et touffu. Vous allez
monter et vous cacher dans le feuillage le plus haut que vous
pourrez. Vous y resterez tout le jour. A la nuit tombée les animaux
vont sortir. Vous descendrez et vous fuirez d'ici.

La mère et la fille montèrent jusqu'au faîte de l'arbre. Elle s'y


installèrent le plus commodément qu'elles purent, la fille au-dessus
de sa mère. Bientôt des rugissements, des cris, des sifflements, des
bruits de branches cassées annoncèrent le retour des fauves. À
mesure qu'ils arrivaient, ils allaient s'installer chacun dans son coin
pour le reste de la journée. (© publié par Tamurth.net)Le lion rentra le
dernier.
Hum ! dit-il, cela sent la chair fraîche.
Pendant que vous étiez absents, dit la hase, je me suis préparé un
léger repas, je viens juste de finir.

Les fauves s'endormirent. Au haut de l'arbre, la femme était morte


de peur. La petite fille n'arrêtait pas de pleurer, tant qu'à la fin une
larme tomba sur la moustache du lion.
Enfants, rugit-il, il y a quelqu'un dans l'arbre. Je viens de recevoir
une goutte sur la lèvre.
C'est la pluie, dit la hase.
Fourmi, dit Ie lion, monte voir dans l'arbre.

La fourmi monta. Au haut de l'arbre elle rencontra la jambe de la


femme et la mordit. La mère l'écrasa, de peur que la fourmi n'aille
piquer sa fille et ne lui arrache un cri de douleur.

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Aubépin

La petite continuait de pleurer et de nouveau une larme tomba,


cette fois sur le front du tigre, qui cria :
Enfants, cet arbre est habité. Une goutte vient de me tomber sur
le front.
C'est le temps qui est couvert, dit la hase, il tombe quelques
gouttes de pluie.
Chacal dit le lion, sors voir quel temps il fait.

Le chacal revint bientôt.


Alors ? demanda le lion.
Il fait un temps superbe, dit le chacal et la lune éclaire comme en
plein jour.
Serpent, ordonna le lion, monte dans l'arbre

Le serpent ondula le long du tronc, puis, de branche en branche,


arrivai jusqu'au faîte. Il buta sur la jambe de la femme et la piqua.
Un hurlement s'éleva aussitôt, puis le corps de la mère vint s'affaler
lourdement par terre. Les fauves se précipitèrent, le déchiquetèrent
en un rien de temps et se partagèrent les morceaux pour les
dévorer. Dans le ventre de la femme ils trouvèrent un bébé, que la
hase aussitôt revendiqua pour sa part :
Je n'ai plus de dents, dit-elle, je ne pourrais mâcher que la chair
tendre du bébé.

Le lion le lui laissa et elle l'étendit dans un coin, sur un lit d'herbes,
avec ce qui restait des os de la mère.
Je le mangerai cette nuit, dit-elle, quand vous serez partis. Le soir
venu, les fauves commencèrent à se lever de leur sommeil et, les
uns après les autres, à sortir de nouveau à la recherche de gibier
dans la forêt. Avant de partir, il leur fallait établir le tour de garde de
ce jour-là.
Aujourd'hui, dit la hase, je suis fatiguée, je veux bien vous garder
la maison aujourd'hui encore : de toute façon, j'ai de quoi manger
pour toute la journée.

Les animaux se dispersèrent. Quand le dernier eut disparu, la hase


rassembla ce qui restait des os de la mère, en retira la moelle qu'elle
mit dans des tubes de roseau. Puis elle se tourna vers la fille :
Descends, malheureuse, lui dit-elle

La fille descendit, les yeux exorbités par l'épouvante et tout rouges


d'insomnies. La hase lui tendit le bébé.
Voici ton frère, lui dit-elle. Emporte-le, prends bien soin de lui,
élève le jusqu'à ce qu'il devienne grand et puisse te venir en aide
Comment le nourrirai-je ? demanda la fille.

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Aubépin

Prends ces tubes. Dedans il y a la moelle de ta mère. Chaque fois


que ton frère pleurera, trempe ton doigt dans la moelle et donne-le-
lui à sucer. Quand il n'y aura plus de moelle, tu trouveras bien du
lait. Et maintenant va, sauve-toi et ne reviens plus jamais dans ces
parages.

La petite fille prit le bébé, les roseaux et, aussi vite que ses jambes
pouvaient courir, s'enfuit. Quand son frère pleurait, elle trempait
son doigt dans la moelle et le lui faisait téter. Elle se demanda quel
nom elle allait lui donner et, se rappelant que l'antre des fauves où
elle l'avait recueilli était au milieu d'un dense maquis d'aubépines,
elle l'appela Aubépin.

Elle erra longtemps de pays en pays, puis un jour arriva dans un


village où les habitants, touchés par son malheur, lui offrirent
l'hospitalité. Ils lui accordèrent une petite chaumière avec un jardin
qu'elle pouvait cultiver pour vivre. Elle était tout heureuse d'avoir
enfin trouvé un foyer et de quoi subsister. Puis les années passèrent
et elle devint une belle jeune fille. Beaucoup de jeunes gens vinrent
la demander en mariage, mais elle ne vouait pas quitter Aubépin
avant qu'il fut en âge de ne plus avoir besoin d'elle.

Un jour, qu'elle piochait dans son jardin, elle heurta de sa binette un


objet dur qui faillit la lui casser. Elle creusa tout autour et, au bout
d'un instant, déterra un petit pot, empli à ras bord de pièces d'or et
d'argent. Elle en fut tout heureuse et le rapporta à la maison.

Le soir après qu'il eurent dîné :


Mon frère, dit-elle, si on te donnait cent pièces d'or, qu'en ferais-
tu ?
J'achèterais des billes, des toupies ; je me ferais des fusils de
bambou…

Las ! pensa la fille, mon frère est encore bien jeune.

Elle attendit un an ou deux puis un jour posa à son frère la même


question :
J'achèterais un beau cheval, dit Aubépin, et tout le jour je
caracolerais.
Mon frère grandit, se dit la jeune fille.

Plusieurs mois après, elle demanda de nouveau :


Mon frère, si l'on te donnait cent pièces d'or...
J'achèterais une belle maison avec un beau jardin. Puis je me
marierais et ma femme et toi travailleriez dans le jardin.

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Aubépin

Dieu merci, s'écria-t-elle, maintenant, mon frère, tu es un


homme !

Elle alla dans un coin de la maison et revint bientôt avec un petit


pot, dont elle souleva le couvercle : les pièces parurent, blanches et
jaunes, toutes luisantes au soleil ; il y en avait beaucoup plus de
cent. Aubépin n'en croyait pas ses yeux. Sa sœur lui apprit comment
elle avait trouvé le petit pot. Puis il se mit en quête d'une maison
plus spacieuse et plus belle que la pauvre chaumière où ils habitaient
tous les deux. Peu de temps après, il choisit une fiancée dans les
environs et donna une fête splendide pour son mariage.

Ils vécurent tous les trois heureux dans leur nouvelle et grande
maison. Mais la nouvelle mariée, voyant que sa belle-sœur était
beaucoup plus belle qu'elle, et que, du reste, Aubépin continuait
d'aimer tendrement sa sœur, en tomba follement jalouse. Elle
chercha dès lors un moyen de la séparer de son frère, et si possible
de la bannir à jamais.

Un jour qu'elles étaient allées couper du bois dans la forêt, la femme


d'Aubépin trouva sept oeufs de serpent, qui n'étaient pas encore
éclos, et les ramena à la maison. Elle en fit une omelette, en prépara
une autre de sept oeufs de poule et invita sa belle-sœur à venir
manger avec elle. Elle lui servit l'omelette aux oeufs de serpent,
mangea elle-même de l'autre et attendit. Au bout de quelque temps
les oeufs éclorent dans le ventre de la jeune fille. Les serpents
grandirent et bientôt commencèrent à y mener un beau charivari. La
jeune mariée n'attendait que cela.

Au comble de la joie, elle alla trouver son mari :


Ta sœur va avoir un enfant, lui dit-elle.
Impossible ! dit Aubépin.
Si tu ne me crois pas, dit la jeune femme, tu peux t'en assurer toi-
même.
Comment cela ?
En mettant la tête sur les genoux de ta sœur et en écoutant.

Le lendemain, en rentrant de la forêt où il était allé chasser,


Aubépin prétexta une grande fatigue. Il s'allongea pour se reposer et
demanda à sa sœur de s'asseoir près de lui, pour qu'il pût mettre la
tête sur ses genoux. La jeune fille, confiante, s'approcha. Aussitôt
aux oreilles d'Aubépin parvinrent les bruits de la sarabande que les
serpents menaient dans le ventre de sa sœur.

Il en resta stupéfait et, au bout d'un instant, alla trouver sa femme

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Aubépin

Je ne l'aurais jamais cru, dit-il.

Sa femme fit mine d'être très attristée : - Que deviendrons-nous


quand les villageois s'en apercevront ? Tu ne pourras plus sortir sur
la place.
Quoi faire ? demanda Aubépin.
Il faut se débarrasser d'elle.
Jamais ! s'écria-t-il. C'est elle qui m'a sauvé des bêtes féroces, elle
qui m'a élevé, soigné, nourri jusqu'à ce que je devienne un homme.
Sans elle je ne t'aurais jamais épousée.
Alors c'est nous qui devons partir.
Où irions-nous ?
Il y a pourtant un moyen très simple, dit-elle perfidement.
Lequel ?
Tu vas partir avec elle dans la forêt et l'y abandonner. Quelqu'un,
c'est sûr, la recueillera.

Le lendemain, Aubépin réveilla sa femme et sa sœur de bonne


heure et leur dit qu'ils allaient couper du bois dans la forêt, pour
leur provision d'hiver, pendant toute la journée. Il prit les haches,
les cordes, les cognées, un maillet, une calebasse et, suivi de sa
chienne, qu'il tenait en laisse, se dirigea vers les bois. Dès qu'ils
furent arrivés, il s'installa dans un endroit avec sa femme, en indiqua
un autre à sa sœur un peu plus loin :
Tu vas couper dans ce fourré, lui dit-il. Dès que nous aurons fini
de l'autre côté, je t'appellerai et nous remonterons au village. La
jeune fille resta tout le jour à débiter du bois dans son coin. Au loin
elle entendait les jappements de la chienne d'Aubépin et les coups
de sa cognée contre les troncs d'arbres. Le soleil bientôt se coucha,
mais Aubépin frappait toujours. « Mon frère et sa femme veulent
faire en un jour la provision pour tout l'hiver », pensa la jeune fille.
Puis la nuit commença à tomber et elle se mit à appeler :
« Aubépin ! Aubépin ! », mais le fourré était trop dense et Aubépin
n'entendait pas.

Elle était en train d'appeler quand, de l'autre côté du fourré lui


parvint un bruit de sabots sur le sol et un cavalier parut, monté sur
un cheval noir :
Qui que tu sois, dit-il. je te conjure, laisse-moi passer. Il se fait
tard et mes enfants m'attendent.
Je suis une créature comme toi, dit la jeune fille.
En ce cas, dit le cavalier, que fais-tu seule à cette heure dans la
forêt ? Dans un instant les animaux des bois vont sortir et ils te
mangeront.
Mon frère et sa femme coupent du bois tout près d'ici. Tu as dû
les rencontrer sur ton chemin.

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Aubépin

Tout près d'ici, sur mon chemin, je n'ai rien rencontré... qu'une
chienne qui jappe à rendre l'âme.
C'est celle de mon frère. Ces coups que tu entends sont ceux de
sa hache. Va, cavalier, passe ton chemin et me laisse. Mon frère
bientôt viendra me prendre et nous rentrerons au village.

Le cavalier s'éloigna. Peu de temps après en parut un autre, qui posa


les mêmes questions à la jeune fille. Elle lui fit les mêmes réponses.
La nuit maintenant était noire et il était temps de rentrer.

Quand le troisième passa, la sœur d'Aubépin sursauta : elle percevait


à peine la silhouette dans l'obscurité.

Qui que tu sois, dit-il, dis-moi qui tu es.


Une créature comme toi.
Et. que fais-tu si tard au milieu des bois ?
Tu le vois bien, je coupe du bois.
Seule ?
Je ne suis pas seule : mon frère et sa femme sont ici près de moi,
qui coupent du bois eux aussi, pour notre provision d'hiver. Ne les
entends-tu pas ?
Malheureuse ! Il n'y a personne près de toi, qu'une chienne qui
jappe, attachée à un tronc d'arbre. Je suis le dernier homme qui
passe aujourd'hui sur ce chemin.

La jeune fille cette fois eu peur. Elle appela encore une fois
« Aubépin ! Aubépin ! » mais seul l'écho de sa voix lui revient, mêlé
aux aboiements affolés de la chienne et aux chocs sourds de la
cognée d'Aubépin sur les souches.

Elle pria le cavalier de la suivre dans la clairière où son frère devait


se trouver.. Ils y allèrent, mais, à l'endroit où elle l'avait laissé, il n'y
avait personne…que la chienne, qui tirait frénétiquement sur sa
laisse, et, pendus aux branches d'un arbre, le maillet et la calebasse
que le vent entrechoquait, et... elle comprit. Aubépin et sa femme
l'avaient abandonnée dans les bois. Tout cela était un stratagème,
qu'ils avaient imaginé pour se débarrasser d'elle. Ils avaient attaché
la chienne au tronc de l'arbre exprès, exprès ils avaient pendu le
maillet et la calebasse au vent de la forêt : ce qu'elle prenait pour des
bruits de cognée était le choc des deux, quand la bise les agitait.
Je suis perdue, dit-elle
Si tu veux, dit le cavalier, tu passeras cette nuit dans ma maison.
Demain, quand il fera jour, tu iras où bon te semblera.

La jeune fille pensa que, dans son malheur, c'était encore une

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Aubépin

chance pour elle que le cavalier voulût bien la recueillir pour la nuit,
et elle monta en croupe derrière lui. Quand ils arrivèrent, elle
descendit et l'homme vit que la femme qu'il venait de sauver des
bois était d'une beauté merveilleuse. Il lui fit raconter son histoire.
Elle redit tout, depuis le jour lointain où, jouant avec un perdreau,
elle l'avait laissé s'envoler :
Les oeufs de serpent, dit-elle, ont éclos dans mon ventre. Mon
frère me croit enceinte et, pour cela, il m'a menée me perdre dans
les bois. C'est là que vous m'avez trouvée.

Le cavalier était à la fois touché et intrigué. Comme il était peu


probable que la femme voulût retourner en son pays, après ce qui
venait de lui arriver, il aurait voulut l'épouser, mais il fallait d'abord
la débarrasser des serpents qui vivaient dans son ventre et il ne
savait comment s'y prendre. Aussi alla-t-il consulter le sage du
village.
Eh bien, dit le vieillard, voilà comment tu vas procéder. Tu iras au
marché acheter une grande quantité de viande et tu la saleras
abondamment. Donne-la à manger à cette femme, jusqu'à ce qu'elle
en soit rassasiée. Elle aura soif. Refuse-lui toute eau pendant trois
jours. Le quatrième prends-la, pends-la par les pieds à la plus haute
poutre du toit. Par terre, juste au-dessous d'elle, pose un grand plat
de bois, empli d'eau. Puis tiens un couteau d'une main et une badine
de l'autre. À l'aide de la badine agite l'eau, de façon qu'on l'entende
glouglouter, puis tiens ton couteau ouvert et attends.

L'homme fit comme le sage avait dit. Il acheta la viande, la sala, la


grilla, puis la donna à la jeune fille, qui en mangea jusqu'à n'en
pouvoir plus. Une soif intense s'empara d'elle, mais elle demanda en
vain à boire pendant trois jours. Le quatrième le cavalier la pendit
par les pieds, emplit d'eau un plat de bois, qu'il plaça juste au-
dessous d'elle, puis à l'aide d'une badine se mit à donner de petits
coups dans l'eau. Le bruit cristallin et frais se répandait dans toute la
pièce. Les serpents, altérés, commencèrent à mener un grand
vacarme ; ils cherchaient tous à se précipiter vers le bas, pour boire.
À mesure qu'ils apparaissaient, un bref coup de couteau les
tailladait ; les morceaux palpitants tombaient dans le plat avec un
bruit flasque. Quand le dernier fut sorti, le cavalier détacha la jeune
fille, qui n'en pouvait plus.

Pendant plusieurs jours encore il s'occupa de la soigner, car le long


séjour des serpents dans son ventre l'avait vidée de toute force. Au
bout de quelques jours, voyant qu'elle était remise, il lui demanda :
Maintenant que te voilà rétablie, que veux-tu faire ? Veux-tu
retourner dans ton pays ou préfères-tu rester ici ?
Dans mon pays ? dit-elle. Je n'en ai plus : mon frère et sa femme

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Aubépin

m'ont abandonnée dans la forêt.


Dans ce cas, dit le cavalier, veux-tu m'épouser ?

La jeune fille, heureuse d'avoir été tout à la fois sauvée des bêtes et
débarrassée des serpents qui vivaient dans son ventre, y consentit.
Elle épousa le cavalier et ils vécurent heureux plusieurs mois. Puis
elle mit au monde un garçon, qui lui ressemblait à s'y méprendre.

Quel nom lui donnerons-nous ? lui demanda son mari.


J'ai appelé mon frère Aubépin parce qu'il est né parmi les
aubépines. Celui-ci, nous allons l'appeler « l'Argenté », parce qu'il
naît dans la richesse

Les années passaient et, quoiqu'elle n'entendît plus parler d'Aubépin


et de sa femme, par moments un violent désir de les revoir la
prenait, son frère surtout, parce qu'elle avait passé toute sa vie avec
lui et qu'elle n'était pas sûre qu'avec son épouse il fût entièrement
heureux. Son enfant, entre-temps, avait grandi. Il sortait maintenant
tous les jours sur la place pour jouer avec les camarades de son âge.
Il était vigoureux et beau et il ne manquait de rien.

Un jour, pourtant, sa mère le vit revenir à la maison tout en larmes.


Pourquoi pleures-tu ? lui demanda-t-elle.
Les enfants se moquent de moi, dit-il. Ils parlent tous de leurs
oncles maternels ; ils disent qu'ils vont leur rendre visite, et moi, tu
ne m'y as jamais emmené. Le cœur de la jeune femme frissonna, car
c'était ce qu'elle-même désirait depuis longtemps.
Ce soir, dit-elle, quand ton père rentrera, demande lui de te laisser
aller avec moi chez tes oncles. S'il refuse, insiste et pleure jusqu'à ce
qu'il te l'accorde. Dès qu'ils furent assis à dîner, le soir :
Père, dit l'enfant, je voudrais aller chez mes oncles maternels.
Tes oncles maternels ? s'étonna le père, mais... tu n'en as jamais
eu : j'ai rencontré ta mère dans les bois.

L'Argenté se mit à geindre :


Tous les enfants vont rendre visite à leurs oncles. Moi aussi, je
veux y aller avec ma mère.
Très bien ! dit le père. Vous voulez y aller ? Eh bien, allez-y, mais
je vous avertis : vous irez seuls ; moi, je ne viendrai pas chez tes
oncles, parce que je sais que tes oncles, ce sont les bêtes des bois.

Néanmoins, le lendemain, la mère fit mettre à son fils ses plus


beaux habits de fête, puis elle lui jeta des haillons par-dessus.
L'Argenté allait protester.
Sois tranquille, lui dit-elle, dès que nous serons arrivés, je

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Aubépin

t'enlèverai ton manteau sale et tu paraîtras dans tes beaux habits


devant ton oncle.

L'Argenté se calma d'autant plus vite qu'il vit sa mère se couvrir elle
aussi de laides guenilles les robes magnifiques qu'elle avait d'abord
revêtues. Le père les vit prendre le chemin de la forêt par où sa
femme était jadis arrivée, et bientôt ils disparurent. Ils marchèrent
longtemps. De temps en temps ils demandaient à d'autres
voyageurs leur chemin. Vers le soir ils arrivèrent enfin dans un pays
que la mère reconnaissait. Ils s'arrêtèrent.

Nous allons bientôt être chez tes oncles, dit la jeune femme à son
fils. Alors écoute-moi bien. Il y a bien longtemps que je n'ai pas vu
mon frère : je ne sais seulement pas s'il va me reconnaître. Quant à
toi, il ne te connaît même pas. Alors, voilà ce que nous allons faire :
nous allons nous présenter chez lui comme des mendiants. Si ton
oncle me reconnaît et qu'il nous accueille, nous allons enlever ces
vieilles loques et paraître avec nos beaux habits...
Et s'il t'a oubliée ?
C'est ici que tu dois faire attention. Je lui demanderai de nous
laisser passer la nuit dans sa maison, comme des mendiants. Dès
que nous serons installés, tu me demanderas de te dire un conte. Je
ferai semblant de refuser. Insiste jusqu'à ce que j'accepte.

Elle tira de son ballot une vieille sébile de bois, coupa dans un arbre
un gros bâton noueux et ils entrèrent au village. Ils allèrent ainsi de
porte en porte. La jeune femme tournait aisément dans les venelles,
comme si elle les avait quittées de la veille. Elle retrouvait presque
toutes les femmes, à peine un peu vieillies, qui venaient lui porter
du couscous, de la galette, de l'huile, mais sous ses vieilles guenilles
de mendiante, aucune d'elles ne la reconnaissait. Quand elle arriva
devant la demeure d'Aubépin, son cœur se mit à battre. L'aspect
extérieur n'avait pas changé... c'était bien la grande maison qu'ils
avaient achetée, avec l'argent qu'elle avait trouvé dans le jardin. De
l'intérieur lui parvenaient des voix d'enfants qui jouaient.

Elle rassembla son courage :


Pour l'amour de Dieu ! cria-t-elle, aussi fort qu'elle put, pour
couvrir la voix des enfants.
Attends un peu ! dit une femme de l'intérieur.

La mère reconnut la voix de sa belle-sœur. Peu après une petite fille


sortit, avec une pleine assiettée de couscous.
Dieu vous le rende ! dit la mère.

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Aubépin

La petite fille allait partir. - Vous habitez une grande maison, dit la
mère. Demande à tes parents si nous pouvons passer la nuit mon
fils et moi. Nous ne savons pas où aller
Va ton chemin, mendiante, dit la voix de la belle-sœur. Nous
t'avons donné à manger, mais nous avons pas de place pour toi
dans la maison.
Rien qu'une nuit, dit la mère... pour l'amour die Dieu ! Il fait
sombre, mon fils est tout jeune, il a froid et nous ne connaissons
personne. Faites-nous une toute petite place, même dans le hall, s'il
vous plaît. Demain, avant même que vous soyez réveillés, nous
serons partis.

La voix d'Aubépin enfin s'éleva :


Laisse la mendiante et son fils passer la nuit dans la maison. Ils ne
nous gêneront pas.

On les fit entrer. La mère jeta un regard rapide sur Aubépin : il


n'avait pas beaucoup changé. Lui-même la regarda à peine : elle
dissimulait son visage le plus possible, afin de ne pas être tout de
suite reconnue.

Ils mangèrent le couscous que la petite fille venait de leur apporter,


puis :
Mère, dit l'Argenté, raconte-moi une histoire.
Une histoire ! cria la jeune femme, apparemment très irritée. Il ne
nous manque plus que cela ! Les histoires, nous sommes dedans
jusqu'au cou tous les deux... et tu veux encore que je te raconte celle
des autres ?
Mais aujourd'hui, pleura l'Argenté, nous avons bien mangé, bien
bu ; nous allons dormir dans une belle maison. Je veux une histoire.
Tu n'as pas honte de parler ainsi devant ces bonnes gens, qui ont
bien voulu nous héberger cette nuit !

Les enfants d'Aubépin vinrent dans le hall en criant :


S'il te plaît, vieille mère, raconte-nous une histoire avant de
dormir.
Mais peut-être que vos parents sont fatigués ?
Si tu connais des contes, dit Aubépin, dis les aux enfants, cela va
leur faire plaisir.
J'en connais un, qui est un peu long, dit la mère.
Nous avons tout le temps, fit Aubépin.
Mettez-vous devant moi, dit aux enfants la mendiante, qui
tournait le dos à la pièce où se tenaient leurs parents.

Et elle commença :

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Aubépin

« Machaho ! »
« Tellem chaho ! »

Les enfants étaient agglutinés autour d'elle. Aubépin et sa femme,


restés dans la pièce, faisaient semblant de ne pas écouter, mais ils
entendaient tout. La mère s'adressait à son fils, parce que c'est lui
qui avait demandé un conte :

« Argenté, Argenté, mon enfant,


Il était une fois un chasseur qui aimait passionnément la chasse et, un jour,
rapporta un perdreau, qu'il confia à sa femme en lui recommandant de ne pas le
laisser s'envoler. Mais leur fille, en jouant avec l'oiseau, le laissa s'échapper et le
père les chassa toutes les deux de la maison. »

« Argenté, Argenté, mon enfant,


dans la forêt les animaux sauvages dépecèrent la femme, et la petite fille partit
par les chemins, avec le bébé qu'on avait trouvé dans le ventre de sa mère.
Quand son frère fut grand il se maria. »

Tout en contant, la mère jetait de temps à autre un coup d'œil dans


la pièce et, à mesure qu'elle parlait, elle voyait son frère et sa belle-
sœur s'enfoncer peu à peu dans la terre : jusqu'aux chevilles, aux
mollets, aux genoux, aux cuisses. Ils étaient maintenant engloutis
jusqu'à la taille.

« Argenté, Argenté, mon enfant


mais sa belle sœur, jalouse d'elle, lui donna à manger des œufs de serpent qu
bientôt éclorent dans ventre et son frère la crut enceinte. »

La jeune femme regarda : la terre avait aspiré une partie du ventre.

« Argenté, Argenté, mon enfant,


ils allèrent dans les bois avec elle et l'y abandonnèrent au milieu des fauves, avec
une chienne qui jappait, un maillet et une calebasse qui s'entrechoquaient, et la
nuit. »

« Argenté, Argenté, mon enfant,


elle allait être dévorée si un cavalier qui passait ne l'avait recueillie et emmenée
dans sa maison. Il réussit à faire sortir les serpents qu'elle portait dans son
ventre et il l'épousa. »

La mère regarda à la dérobée derrière elle : d'Aubépin et de sa


femme il ne restait que les têtes, qui émergeaient au-dessus du sol
comme des courges rondes

« Argenté, Argenté, mon enfant,


ils eurent un garçon qui grandit et, un jour, revint de la place en pleurant, parce
que ses camarades allaient rendre visite à leurs oncles maternels, et lui n'en avait

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Aubépin

même jamais entendu parler. »

A cet instant la mère vit que les deux têtes avaient disparu : à la
place il y avait des touffes de cheveux, les uns longs, les autres à
côté plus courts. Elle sentit son cœur tressaillir. Elle se leva, agrippa
la tête d'Aubepin par les cheveux et, de toutes ses forces, tira. Le
corps d'abord résista, mais la jeune femme, tremblant de tous ses
membres, ne lâcha pas prise. Bientôt la masse commença à céder.
Le haut du crâne d'Aubépin, puis la tête, les épaules, le buste, la
taille, les jambes, les genoux, les pieds enfin furent déterrés.

Quand Aubépin, livide et tout endolori, se dressa enfin devant elle,


elle se précipita pour l'embrasser, puis elle alla chercher un maillet
et, frappant à toute volée sur ce qui restait du corps de sa belle-
sœur, l'enfonça à tout jamais dans la terre.

Par la suite elle fit venir son mari. Aubepin se remaria et ils vécurent
très heureux dans leur pays.

Machaho !

Mouloud Mammeri, Contes berbères de Kabylie, éditions Pocket, 1996.

(1) En kabyle "Machaho Tellem chaho ! "est une terme intraduisible.


Il est l'équivalent du "Il était une fois" des contes européens. Le conteur dit
"Machaho" pour annoncer qu'il va dire le conte. "Tellem chaho" est la réponse
des enfants, qui attendent le conte avec impatience.
(2) Linge noué pour faire un baluchon.
(3) Femelle du lièvre.

Vos réactions

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Balajoudh et l'Ogresse Tseriel

Balajoudh et l'Ogresse
Tseriel
Conte Kabyle
Le samedi 1er février 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Les tapis du fils du négociant
● Le Hérisson, le Chacal et le Lion
● La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur
● Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes
et de Légendes
● Aubépin
● Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame Facile
● Aïcha Mozbayel - épisode 1
● Les fourberies d'Inisi - La gale

Balajoudh vivait dans les montagnes de Kabylie. Il n'était pas bien


riche. Il avait en tout et pour tout 3 sous en poche. Un jour, il va au
marché, et après avoir bien regardé, il s'achète une figue Elle n'était
pas bien grosse, alors il l'a dégustée jsuqu'à la dernière bouchée. A la
fin il ne lui restait dans les mains qu'une petite queue.

Il est allé dans son jardin et il l'a semée en lui disant :


Toi demain, il faut que tu aies germé, sinon prends garde à toi.

Et le lendemain, la petite queue avait pris racine Alors il lui a dit :


Toi demain, il faut que tu aies poussé, sinon prends garde à toi !

Le lendemain, dans son jardin, une belle pousse sortait de terre avec
des petites feuilles vertes. Balajoudh lui a dit.
Toi demain, il faut que tu sois devenue un figuier sinon prends
garde à toi.

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Balajoudh et l'Ogresse Tseriel

Et le lendemain, au beau milieu de son jardin se trouvait un


magnifique figuier. Balajoudh lui a alors dit :
Toi demain, il faut que tu me donnes de belles figues bien mûres,
sinon prends garde à toi.

Et le lendemain matin, les branches de son figuier croulaient sous le


poids des figues elles étaient tellement grosses et appétissantes que
d'en parler j'en ai l'eau à la bouche !

Alors Balajoudh est monté sur son figuier pour goûter à ses belles
figues. Il en a mangé une, puis deux et quand il a été rassasié, il s'est
mis à crier :
Qui veut des figues, de belles figues bien mûres !

Seulement, il était midi, l'heure la plus chaude de la journée. Il


faisait une chaleur à tuer un âne et les gens étaient chez eux.

Les gens oui, mais pas l'ogresse TSERIEL qui rôdait dans les
parages. Lorsqu'elle a entendu Balajoudh, elle s'est approchée et lui
a dit :
Moi, mon fils, donne-moi de tes bonnes figues

Balajoudh a bien reconnu Tsériel (qui ne la connaît pas dans le


pays ! Et il sait qu'il faut s'en méfier. Seulement, on lui a enseigné le
respect qu'il doit aux anciens. Alors il lui dit :
Ces figues sont à toi, vieille mère, tu n'as qu'à te servir. Mais
Tsériel lui répond.
Mon fils, tu sais bien que je suis vieille et à moitié aveugle. Allez,
cueille-moi quelques figues.

Balajoudh a cueilli quelques figues qu'il a tendues à Tsériel.


Aussitôt, elle l'a attrapé par le bras, l'a fourré dans un grand sac avec
les figues, a mis le sac sur ses épaules et la voilà partie. Dans le sac,
Balajoudh se disait.
Pauvre de moi qui vais mourir si jeune, moi qui aime tellement la
vie.

Et voilà qu'il entend un clapotis.... Mais oui, c'est la rivière qui se


trouve au pied de la colline. Alors, il demande à Tsériel.
Vieille mère, as-tu fait ta prière ? Tsériel s'arrête.
Non pour sûr je n'ai pas fait ma prière aujourd'hui ! Et la voila qui
pose le sac, et qui se met à faire ses ablutions comme on doit faire
avant la prière.

Pendant ce temps, Balajoudh s'empresse de sortir du sac et de le

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Balajoudh et l'Ogresse Tseriel

remplir de pierres. Puis, il prend ses jambes à son cou. Lorsque


Tsériel a fini sa prière, elle remet le sac sur ses épaules et continue
sa route. En chemin elle dit :
Eh mon fils, tu es bien plus lourd que tout à l'heure, tu as dû
manger les figues. Mais, retire donc tes genoux et tes épaules, ils me
font mal..

Une fois rendue chez elle, elle appelle sa fille Vetelis. Il faut que je
vous dise que Vetelis est une beauté... Eh oui, elle n'a qu'un oeil et
pas n'importe quel oeil : un oeil blanc signe suprême de beauté chez
les ogres. Tsériel dit à sa fille :

Fais chauffer la marmite, le repas est dans le sac. Lorsque l'eau fût
bouillante, Tsériel a versé le contenu du sac qui l'a éclaboussée et a
cassé la marmite :
Ah maudit Balajoudh, il m'ajoué un méchant tour mais je me
vengerais.

Le lendemain elle est retournée dans le jardin de Balajoudh. Il était


perché sur son figuier et il criait à qui voulait l'entendre.
Qui veut des figues des belles figues bien mûres ?
Moi, mon fils s'écrie Tsériel. Baljoudh sait qu'il doit se méfier et il
sait aussi le respect qu'il doit aux anciens.

Alors il lui dit :


Tu n'as qu'à te servir, vieille mère !
Mais mon fils, tu sais bien que je suis vieille et à moitié aveugle
alors s'il te plaît... Balaloudh cueille quelques figues et quand il les
tend à Tsériel, elle l'attrape par le bras, le fourre dans son sac et
pose le sac sur ses épaules et la voilà partie.

"Pauvre de moi qui aime tant la vie et vais mourir si jeune" se


lamentait Balajoudh. Et voilà qu'il entend le clapotis de la rivière. Il
dit à Tsériel :
Vieille mère as-tu fait ta prière aujourd'hui ? Tsériel s'arrête et
répond.
Demain mon fils, je la ferai demain. Et elle reprend sa route.
Arrivée chez elle, elle appelle Vetelis.
Prépare la marmite, le repas est dans le sac...

Balajoudh tente le tout pour le tout et dit à Tsériel :


Regarde vieille mère comme je suis maigre Fais moi grossir etje
serais bien meilleur à manger.
Tu as raison, mon fils, tu n'es pas bien gros.

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Balajoudh et l'Ogresse Tseriel

Et à ces mots elle le plonge dans une grande jarre en terre remplie
de dattes et elle lui dit :
Mange mon fils, autant que tu voudras. Dans une semaine je
viendrais voir si tu as grossi.

La semaine passe, bien trop vite pour Balajoudh, et quand Tsériel


lui demande de passer un doigt hors de la jarre. (© publié par Tamurth.
net)Balajoudh ne passe pas son doigt, non non il tend une épine
qu'il avait dans sa poche et lorsque Tsériel la touche, elle lui dit :
Tu es encore trop maigre mon fils, reste encore une semaine et
surtout n'oublie pas de bien manger !

Balajoudh mange et la semaine passe encore trop vite pour lui. La


semaine passe, Tsériel s'approche de la jarre et lui demande de
montrer un doigt. Balajoudh lui tend une brindille cette fois. Tsériel
s'écrie :
Mais cela ne va pas du tout, mon fils, tu es encore trop maigre.
Ecoute je te laisse encore une semaine dans la jarre et dans une
semaine, que tu sois gros ou maigre je te mangerais.
Pauvre de moi, pensait Balaj oudh, pour qui le temps passait trop
vite.

A la fin de la semaine, Tsériel dit à sa fille :


Prépare le couscous, tue balajoudh, coupe-le en petits morceaux
et mets-le à mijoter dans une bonne sauce avec des épices. Moi je
vais chercher le reste de la famille pour les inviter au festin.

Aussitôt Tsériel partie, Vetelis a sorti Balajoudh de lajarre. Elle


tenait un couteau à la main. Balajoudh qui n'avait rien à perdre lui
dit :
On parle de ta beauté jusque dans notre village et je sais comment
te rendre encore plus belle.

L'oeil blanc de Vetelis est devenu rouge de plaisir et elle lui a dit :
Dis-moi comment tu fais ?
Eh bien, je peux te faire des tatouages avec du henné. Mais il me
faut un couteau.

Vetelis n'a pas réfléchi, elle a tendu son couteau à Balajoudh qui
s'en est emparé et... l'a tuée. Puis il a enfilé sa robe et mis son
foulard sur la tête. Et il s'est mis au travail. Il a coupé Vetelis en
petits morceaux, Il l'a mise a cuire avec des épices, de temps en
temps, il tournait bien pour que ça n'attache pas. La table était mise
et le repas servi quand Tsériel est arrivée avec la famille. Ils étaient
aussi nombreux que vous aujourd'hui.

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Balajoudh et l'Ogresse Tseriel

Tout le monde s'est installé pour manger. A un moment, un petit


cousin s'est écrié :
Oh, on dirait bien la main de la cousine Vetelis. Tout le monde a
levé la tête et s'est arrêté de manger

Alors Tsériel a dit :


Mange donc et arrête de faire ton intéressant.

Plus tard, une petite cousine s'est écriée :- Oh mais c'est l'oeil blanc
de la cousine Vetelis et là, silence et l'on a fait passer l'oeil blanc. Et
oui, c'était bien l'oeil de Vetelis. Mais alors, où était donc la cousine
Vetelis ?

Eh bien, elle n'était plus là, parce que Balajoudh avait pris les
jambes à son cou.

Et le conte dit que depuis ce jour Tsériel lui court après mais qu'elle
ne l'a toujours pas rattrapé.

Ecrit et raconté par Maria Mérel

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> Balajoudh et l'Ogresse Tseriel


13 mars 2003, par tiwizi

Pourquoi ne pas faire une version ! en langue d'origine soit en


texte ou téléchargeable s'est valable pour tous les autres Article.
faire promouvoir la langue par ses Propres outil et non de
l'étudier comme un sujet.
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Conte du Chat

Conte du Chat
Conte Kabyle
Le vendredi 1er novembre 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes
et de Légendes
● La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

Ma chahou thelam chahou

Que mon conte se déroule comme un fil.

Un jour parmi les jours de Dieu. Un vieil homme avait un moulin,


trois fils, un âne et un chat. Quand l'heure de la mort arriva, il réunit
ses enfants et fit le partage : à l'aîné, il légua le moulin, au puîné le
bourricot et au cadet le chat. Et il ne tarda pas à mourir.
Les deux grands frères prirent sa place, le plus jeune au chat se dit :
Aux aînés, il a laissé le moulin et l'âne. Ils peuvent s'associer ; l'un
moudra le grain l'autre le transportera. Et moi, j'ai un chat. Qu'en
ferai-je ? Si je le tue, je le mangerai en un repas... Si je le vends... qui
achètera un chat ?

Le chat était à coté et avait tout entendu. Il dit :


Ne crains rien. Si tu suis mes conseils, tu ne manqueras de rien.
Le jeune homme fut d'abord étonné :

Louanges à Dieu qui fait parler les animaux ! Puis répondit au

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=67 (1 sur 7)31.08.2004 17:18:34


Conte du Chat

chat :
Même si je t'écoutais, que pourrais-tu changer pour moi ?

Nous ferons ce que Dieu voudra bien permettre.

Il ajouta :
Achète-moi des sandales de cuir, une calotte, un serroual et un
sac.

Le jeune homme les lui acheta le jour du marché. Le chat revêtit les
habits et fut content. Il jeta le sac sur son épaule et déclara :

Je m'en vais. Toi, occupe-toi de tes affaires et attends-moi ici.

Le chat alla dans les champs, il choisit une aire de battage


fréquentée par les lapins. Il disposa le sac en piège et le maintint
ouvert à l'aide d'un dispositif de ficelles et de branchettes. Il
dispersa un peu de son à l'ouverture du sac et en mit en bonne
poignée à l'intérieur. Puis il alla se dissimuler dans les cactus où il se
mit à l'affût. les lapins arrivèrent un moment après. Ils jouèrent sur
l'aire, virent le son, et se mirent à manger. ils se rapprochaient ainsi
du sac, dans lequel certains pénétrèrent. le chat tira la ficelle et en
prit ainsi quelques-uns. il égorgea quelques bêtes et garda les autres
vivantes.

Dans ce pays, il y avait un Roi. Le chat lui offrit les lapins vivants en
disant que c'était un présent de son maître, Sid el câïd. le Roi
accepta les bêtes et pria le chat de remercier Sid el caïd. Le chat
revint à la maison. Il ramenait avec lui des lapins égorgés. Ils les
firent cuire et les mangèrent.
Une autre fois, le chat piégea des perdrix et en offrit encore au Roi,
"de la part de Sid el caïd". Il en fut ainsi pour les étourneaux, les
grives, les palombes, les tourterelles...

Un jour le Roi lui dit :


Sid el caïd m'a beaucoup honoré. Il est temps que je fasse sa
connaissance. Dis-lui de venir ; je l'invite à m'accompagner à la
chasse.

Le chat répondit :
Si tu veux , je lui dirai de t'attendre sur la route près de la rivière.

Ils fixèrent le jour de la rencontre et le chat partit.


Le chat revint à la maison et informa son maître qui accueillit la
nouvelle avec consternation : il ne savait comment affronter le Roi,
n'étant ni caïd, ni chasseur... Le chat le rassura et lui dit :
tu n'as qu'à y aller et te taire.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=67 (2 sur 7)31.08.2004 17:18:34


Conte du Chat

Le jeune homme se résigna :


Par Dieu qui m'a imposé cette épreuve, je t'accompagnerai ! et
advienne ce que Dieu aura voulu !

Ils se rendirent à la rivière au jour convenu. En arrivant le chat dit à


son maître :
Prépare-toi ; quand le Roi arrivera, déchire tes habits et jette-toi à
l'eau, et attends.

Et ils guettèrent l'arrivée du Roi. Lorsque ce dernier fut en vue, Sid


el caïd se jeta à l'eau et le chat se mit à crier :
Accours, Oh Roi ! la rivière emporte Sid el caïd !

Le Roi donna des ordres à sa suite pour qu'on repêchât Sid el caïd.
Le chat dit aussitôt :
Attends. Tout son linge est déchiré.

Le Roi demanda qu'on offrit un de ses costumes à Sid el caïd. On


sécha Sid el caïd ; on habilla Sid el caïd, et il prit place dans la
calèche du Roi, en silence.

Le Roi, Sid el caïd et la troupe reprirent la route. Le chat précédait.


Il coupait à travers champs et disparut bientôt à leur vue.

Le chat marcha... marcha... (© publié par Tamurth.net)et il rencontra


un groupe de moissonneurs. Il les salua et leur demanda à qui
appartenait le champ. Ils répondirent :
C'est la propriété de l'ogre.

Il leur dit :
Je vous préviens ; le Roi va arriver, il vous posera la même
question. Si vous répondez que c'est la propriété de l'ogre, il vous
coupera la tête. Dites que tout appartient à Sid el caïd.

Peu près, le Roi arriva et les interrogea. Ils répondirent :


C'est la propriété de Sid el caïd.

Le Roi se tourna admiratif vers Sid el caïd et lui dit :


Belle terre que tu as là !
Ce n'est rien ! Répondit Sid el caïd.

Le chat rencontra ensuite des ouvriers qui cueillaient du raisin, des


pastèques, des melons, des poires, des figues...
Chaque fois il leur demandait de répondre que c'était la propriété de
Sid el caïd. Chaque fois le Roi disait son admiration et chaque fois

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=67 (3 sur 7)31.08.2004 17:18:34


Conte du Chat

Sid el caïd répondait que ce n'était rien.

Le chat arriva devant un château. Il frappa à la porte et demanda à


qui était cette maison. On lui répondit :
C'est la demeure de l'ogre ; on te conseille de fuir si tu ne veux
pas être dévoré.

Le chat dit :
Je suis venu le voir. Menez-moi devant lui. L'ogre lui dit :
Parle vite. Qu'es-tu venu faire ? Que veux-tu ?
Seigneur l'ogre, je connais ta réputation. Et je viens voir si ce
qu'on raconte est vrai.
Qu'est-ce qu'on raconte ?
Que tu peux te changer en lion.

L'ogre gonflé d'orgueil se transforma en un lion gigantesque et


rugissant. Le chat, effrayé, se réfugia sur le toit. L'ogre redevint
l'ogre et rit :
Descends, n'aie pas peur.

Le chat redescendit admiratif, il prit le ton le plus humble pour


dire :
On raconte aussi une chose qui me semble impossible, que tu
peux te métamorphoser en souris.

Bien sûr ! Regarde bien.

Et il se transforma en petite souris. Le chat sauta sur la petite bête


et la mangea.

Il réunit les domestiques de l'ogre et leur déclara :


L'ogre est mort. Le Roi va arriver avec ses hommes et Sid el caïd.
Vous sortirez tous lui souhaiter la bienvenue dans le château de Sid
el caïd. Sinon il vous coupera la tête.

Le chat alla accueillir les arrivants et dit :


Bienvenue ô Roi dans la maison de Sid el caïd.

Tout le monde entra dans le château. On mangea, on but et on


s'installa pour la nuit. Le Roi dit :
Sid el caïd, tu as plus de bien que moi. Je te donne ma fille et je te
lèguerai mon trône.

Sid el caïd épousa la fille du Roi et il succèda à son beau-père. Le


chat devint alors le conseiller le plus en vue et le plus avisé du
nouveau Roi.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=67 (4 sur 7)31.08.2004 17:18:34


Conte du Chat

Mon compte a coulé comme l'oued


Je l'ai dit pour les fils de Djouad
Les chacals, que Dieu les maudisses
Et nous, qu'ils nous bénissent.

Conte recueilli du kabyle et traduit par Hamza et Zineb Ali Benali


Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

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> Conte du Chat


23 novembre 2003, par madeleine

C'est l'histoire du chat botté ! ! ! Qui s'est inspiré de qui ?


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> Conte du Chat


24 avril 2003, par RACHID

Moi je considère ces écrits comme des rapports d'étude


ethnologique sur une communauté. par contre je vous suggère de
transcrire la version originale tel quel avant de pratiquer une
adaptation s'est dans ce contesque vous pourriez aider a
promovoire une langue et une culture.
Vos réactions

> Conte du Chat


10 juillet 2003, par Admin

sans aucun problème...

c'est du patrimoine.. ; autant qu'il soit connu de tous le


monde

la source ayant été cité

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=67 (5 sur 7)31.08.2004 17:18:34


Conte du Chat

Conte recueilli du kabyle et traduit par Hamza et Zineb Ali


Benali

Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali

Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989. ISBN : 2-7384-


0561-4

Tamurth.net
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> Conte du Chat


21 novembre 2002, par soraya

j ai beaucoup apprécié cette lecture.pouvez vous me renseigner


sur la source exacte de ce conte ? Merci
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> Conte du Chat


22 novembre 2002, par L'admin ! ! !

voila c'est fait !


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> Conte du Chat


10 juillet 2003, par Antoine LEONARD

Monsieur, Je suis secrétaire-rédacteur du journal intitulé


"Le Papegaie" des Anciens Arquebusiers de Visé. Ces
derniers forment une gilde vieille de 424 ans. Ce journal
relate les activités des arquebusiers tout au long de
l'année et présente des rubriques diverses telles que des
enquêtes concernant le patrimoine ferrovière de la
région, des récits historiques etc. Au centre de la revue,
deux pages sont consacrées aux enfants. Or, pour le
prochain numéro qui sortira en septembre j'aimerai
reproduire le conte Kabyle "Conte du Chat" en indiquant
bien sûr les sources. M'autorisez-vous à le faire ? Si oui, je
vous en remercie ; si non je respecterai votre décision
avec beaucoup de regrets.

Avec mes sincères salutations A. Léonard.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=67 (6 sur 7)31.08.2004 17:18:34


Conte du Chat

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salutations
16 novembre 2002, par Monsieur le Directeur de chaine BRTV

merci pour l'inttention


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Conte du chat
13 juillet 2003, par A. Léonard

Pourriez-vous me dire ce qu'est un serroual ? Merci A.


Léonard
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> Conte du chat


13 juillet 2003, par a

un seroual ou un Sarwel/Sarwal est un pantalon


Ample rond (genre pantallon turc)
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Contes berbères chaouis de l'Aurès

Contes berbères chaouis de


l'Aurès
d'après Gustave Mercier
Le vendredi 21 mars 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Le Lion l'Hyène et le Chacal
● Conte du Chat
● Le Conte Berbère
● Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame Facile
● Le corbeau qui s'était piqué avec une épine
● Le roi Baghai
● La femme noire et les trois Tahenchit
● Aubépin

La présente étude contient un choix de 21 histoires en parler


tachawit. Ces histoires ont été recueillies, autour de la fin du 19e
siècle, par Gustave Mercier et éditées dans ses deux ouvrages : Cinq
textes berbères en dialecte chaouia (1900) et Les Chaouia de l'Aurès
(1896).

Ce recueil nous livre une image de la production orale des Chaouis


et illustre la diversité des styles narratifs et des sujets. Ces histoires
sont donc une source importante d'informations sur un parler peu
étudié.

Les textes sont précédés par une introduction comprenant une note
biographique de Gustave Mercier, ses motivations, une
classification linguistique du parler tachawit, des notes sur les
traditions narratives des Chaouis ainsi que des sommaires des
différents récits.

La partie principale du livre se compose des textes des 21 histoires

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=297 (1 sur 2)31.08.2004 17:18:43


Contes berbères chaouis de l'Aurès

avec une traduction française.

Lafkiouri, Mena / Merolla, Daniela


Contes berbères chaouis de l'Aurès
Ruediger Koeppe publishers, 2002
163 pp., 2 cartes, 4 photos N&B
ISBN 3-89645-382-3,
22,80

source modeberbere.com

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http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=297 (2 sur 2)31.08.2004 17:18:43


Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes et de Légendes

Divers références de livres


d'Histoires populaire, de
Contes et de Légendes
Le mercredi 15 janvier 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le Chêne de l'Ogre
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● Ouargla et ses Anciens !
● Le Conte Berbère
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frères Grimm
● Le roi Baghai
● Aïcha Mozbayel - épisode 1

Taos Amrouche : Le grain magique, contes, poèmes, proverbes


berbères de Kabylie, Paris, François Maspéro ("Voix"), 1969, 251 p.
(épuisé).

L'ouvrage constitue une petite anthologie de la littérature orale


traditionnelle kabyle, présentée dans une très belle traduction de
Taos Amrouche.
Les textes originaux kabyles sont partiellement disponibles, mais la
majorité devra être retranscrite à partir des archives de l'INA, car T.
Amrouche les a racontés en kabyle entre 1957 et 1960 dans des
émissions de l'ORTF. Prévoir une réédition complétée par le texte
kabyle.

Rachid Aliche : Faffa (Ungal) [= France (roman)], Mussidan,


Fédérop, 1956, 142 p.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=204 (1 sur 6)31.08.2004 17:18:46


Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes et de Légendes

Il s'agit d'un des tout premiers romans publiés en langue kabyle


(notation latine). Le thème en est le voyage intérieur et le retour
impossible de l'émigré kabyle en France (épuisé). A noter que ce
livre, comme le premier roman kabyle (Asfel), du même auteur, a
été publié en France par Fédérop, maison d'édition occitane.
Prévoir une réédition complétée par la traduction française.

J.-M. Dallet & J.-L. Degezelle (éditeurs) : Les Cahiers de Bélaïd (ou
la Kabylie d'antan), Fort National, FDB, 1964, 1. Textes, 475 p., Il.
Traductions, 446 p.

Œuvre pionnière de la néo-littérature kabyle, écrite par Bela7fd AT-


ALI vers 1950 (épuisé). L'ouvrage rassemble une série de contes et
de scènes de la vie quotidienne kabyle, écrits par un autodidacte,
longtemps ouvrier en France. Belaïd a appris la notation latine de sa
langue auprès des Pères Blancs de Kabylie, qui ont assuré, après sa
mort, la première publication (à très faible tirage) et la traduction
française de son oeuvre. La notation devra être adaptée aux
pratiques actuelles ; la traduction devra également être revue.
Prévoir une réédition avec révision du texte kabyle et de la
traduction française.

Slimane Azem : Izlan (Textes berbères et français), Recueil de


chants kabyles, Paris, Numidie Music, 1984, 180 p. (épuisé).

S. Azem a été le chantre de l'émigration kabyle en France pendant


près de quatre décennies (1940-1970). La quasi-totalité de son
oeuvre a été rassemblée (et traduite) dans cette petite publication
bilingue, très artisanale, et maintenant épuisée. On pourrait
également envisager un projet plus large d'anthologie de la chanson
de 1'émigration kabyle en France, dont l'œuvre de S. Azem serait le
pivot (+ oeuvre de El-Hasnaoui et Zerrouki allaoua). -> Prévoir
une réédition avec éventuelle intégration dans une anthologie de la
chanson de l'émigration kabyle en France.

Mouloud Feraoun : Le fils du Pauvre, Paris, Le Seuil, 1954 +


traduction kabyle.

Le plus connu des romans de l'écrivain kabyle de langue française a


été récemment traduit en kabyle. L'itinéraire d'un enfant kabyle qui
échappe à la misère villageoise à travers l'École pendant la période
française. A noter que l'on dispose également de la traduction
kabyle d'une autre œuvre très attachante de M. Feraoun : Jours de
Kabylie, Alger, Baconnier, 1954/Paris, Le Seuil, 1968 (K.
Bouamara, trad.) : un projet global de réédition avec traduction

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=204 (2 sur 6)31.08.2004 17:18:46


Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes et de Légendes

kabyle pourrait donc être négocié avec l'éditeur et la famille.


Réédition avec la traduction kabyle.

Arabe dialectal Yacine Kateb : Mohamed, prends ta valise !

Pièce de théâtre en arabe algérien qui a été jouée au début des


années 70 dans tous les foyers d'immigrés, ainsi qu'aux Bouffes du
Nord. Ce texte n'a jamais pu être publié en arabe algérien ; il serait
bon qu'on puisse en disposer, avec une traduction française. Les
ayants droits se chargeraient d'établir le texte définitif de la pièce
(qui a beaucoup évolué).

Slimane Benaïssa : Si tu es tiroir frère, alors qui suis-je ?

Pièce de théâtre créée à Alger, puis réécrite en français sous le titre


'Au delà du voile' ; il serait important de pouvoir disposer du texte
original en arabe algérien, dans son intégralité ; l'édition et la
traduction sont prêtes. Il s'agit d'un auteur de référence pour
l'Algérie depuis le début des années 90 en France.

Mohand Fellag : un texte ou une série de sketchs créés en Algérie


en arabe algérien.

Fellag présente aujourd'hui une image de l'Algérie en France ; il


serait bon de pouvoir disposer de textes de référence en arabe
algérien (et en kabyle). Ce sont des textes récents (1989-93).

SYBOUS, Prince des oiseaux, Conte Kabyle, De Chamy


CHEMINI, Illustration de Zitoun KERKADEM,Ed. Sybous,
Diffusion L'Harmathan, 1999

Aprés ''L'Épine'', ''Tanina et ses fréres'', ''Sybous''est le troisiéme


conte Kabyle de Shamy Chemini, plus connu comme musicien et
membre du légendaire groupe ''Abranis'' . 'Sybous, prince des
oiseaux' est un voyage merveilleux dans la tradition orale et les
légendes de Kabylie(Algérie).

17 contes d'Algérie. L'oiseau du grenadier

Rabah Belamri (Castor Poche Flammarion) - 1998

Dix-sept contes recueillis dans un village de Kabylie, souvent


drôles, parfois cruels, où la magie est omniprésente ainsi que la
tendresse et l'humour.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=204 (3 sur 6)31.08.2004 17:18:46


Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes et de Légendes

7 contes du Maroc - Tony Barton (Castor Poche Flammarion) -


1992

Hadidouane et la sorcière. Contes du Maghreb - Collectif Sahkyod


(La légende des Mondes -L'Harmattan) - 1990

Contes du Maroc - Collection Légendes et Contes - Gründ

Le conteur de l'Atlas - Claude Clément (Jean Noël Beguelin)

Les belles babouches - Elen Usdin - Thierry Maricourt (Mila


Editions) - 1998

Contes berbères de Kabylie - Hamsi Boutkebir, Livre + cassette (E.


P.O.) - 1995

Epopée Touareg - Hamed Bouzzine, Cassette audio (Les grands


conteurs - Octogone) -1996

Contes Kabyles - Recueillis par Léo Frobenius - 4 volumes - Tome


1 : Sagesse - Tome 2 : Le monstrueux - Tome 3 : Le fabuleux -
Tome 4 : Autres contes fabuleux (Edisud) - 1998

Lundja, contes du Maghreb - Sahkyod Cok (L'Harmattan) - 1996

Demi-coq et compagnie - Fables de Tunisie illustrées par Ahmed


Ben Dhiab, Amina Saïd (L'Harmattan) - 1997

Le tambourin magique - Sakina Aît-Ahmed Conte berbère Bilingue


français-berbère (L'Harmattan) - 1993

M'Hand le chacal, Sakina Aît-Ahmed, Conte berbère (L'Harmattan)


- 1997

L'épine - Shamy Chemini - Conte kabyle (L'Harmattan) - 1997

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> Divers références de livres d'Histoires


populaire, de Contes et de Légendes

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Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes et de Légendes

1er décembre 2003, par k. Bouamara

Azul fell-awen

j'ai lu cet article et crû comprendre qu'un "projet global" portant


sur la réedition de l'oeuvre de feraoun est (ou sera) lancé. J'ai,
par point d'honneur (nnif, en kabyle), et avec beaucoup de
passion et de peine, traduit en tamazight (kabyle) "Jours de
Kabylie" que j'ai pu, avec le concours financier du HCA, publié...
mais, hélas, avec un tirage très réduit et une distribution très
mauvaise, à mon sens. Je voudrais bien avoir des informations
sur ce projet de réedition de l'oeuvre féraounienne, d'autant que
cet auteur a été traduit dans plusieurs langues... sauf, ironie du
sort, dans la sienne.

Bien à vous,

K. Bouamara

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populaire, de Contes et de Légendes
6 juillet 2003, par Pedro

Bonjours, Je marrie ma soeur le 24 juillet à Vitry. Mon beau frère


Djamel est Kabil et leur marriage va permettre de réunire
Français et Algériens. Pour marquer cette union, je cherche un
texte (si possible sur l'union sinon un jolie texte des contes des
mille et une nuit... ou poème...) qui puisse être lus en arabe et
en français par didjiga sa soeur et moi même, à la mairie. Nos
deux famille ont hate de se rencontrer, de partager cette union
avec Mathilde et Djamel sous le respect mutuelle des traditions
et de l'échange. Pourriez vous me consailler et m'aider à trouver
un texte pour cette occasion qui serai lus à la mairie à la fois en
arabe et en français par nos deux famille respectives. merci
d'avance Pedro
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> Divers références de livres d'Histoires


populaire, de Contes et de Légendes
31 juillet 2003, par meslem seddik

salut je suit un conteure de sidi bel abbes je vous envoi un

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Divers références de livres d'Histoires populaire, de Contes et de Légendes

conte me contacte a mon emai : mtouchia@yahoo.fr


bonne fete
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Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame Facile

Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma


et Madame Facile
Légende du M'zab
Le lundi 15 juillet 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

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● Le maître d'école et la femme
● La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur
● Le Lion l'Hyène et le Chacal
● Le Roi des échos
● Le roi Baghai
● Sidi Aïssa
● Balajoudh et l'Ogresse Tseriel
● Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des
frères Grimm

On dit qu'au moment où elle était allée puiser de

l'eau assez loin dans l'oued, la caravane qui l'avait


amenée était repartie et qu'elle n'avait pu la
rejoindre.

On chuchote qu'elle avait été abandonné

volontairement parce qu'elle attendait très jeune


encore un enfant. Elle resta donc seule, dans la
grotte qui servait de grenier à sa tribu, c'est-à-dire
où celle-ci entreposait les dattes et le grain qu'elle
avait peut-être reçus pour salaire d'un travail

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=12 (1 sur 3)31.08.2004 17:18:50


Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame Facile

agricole, ou qui provenaient des terres qui dans les


environs leui appartenaient.

La Daya, ainsi l'appelait-on, ne manquait donc de rien si ce n'est de


compagnie. Le soir, pour effrayer les bêtes et se réchauffer, elle
allumait dans son trou un grand feu. Les nomades croyaient cette
grotte hantée et craignaient son approche.

A peu de distance de là, sur la colline où est maintenant bâtie cette


mosquée qui porte son nom, le cheikh Sidi Bou-Gdemma arrêta ses
chameaux et planta sa tente. Tandis que son esclave noir lui servait
du thé, il aperçut la lueur de ce feu qui effrayait les gens de la vallée.
"Va voir, dit-il à l'esclave, ce qui habite ce trou et rapport-moi ce
que tu auras vu."

Le Noir y alla, tout tremblant, car il etait supertitieux et faisait nuit.


Il s'approcha de l'entrée et hâtivement, prêt a fuir, cris : "Qui que tu
sois, djinn ou être humain, dis-moi qui tu es, mon maître désire le
savoir."

La Daya apparut au-dessus des flammes. Or elle était, nous l'avons


dit, très jeune et, malgrès sa crainte, l'esclave ne put que remarquer
sa beauté. En même temps elle criait d'une voix claire et rassurante :
"Je suis femme, tout ce qu'il y a de plus femme. Va le rapporter à
ton maître."

L'esclave y courut, encore tout ému. Il dit tout ce qu'il avait vu et


entendu. L'apparition, pour n'avoir pas été terrifiante, le portait à
l'enthousiasme.
Cheikh Sidi Bou-Gdemma le calma et médita longuement, les yeux
sur la lueur qui s'était faite plus brillante. Finalement, il dit : "Va
demander à cette femme si elle accepte de m'épouser."

Le Noir y courut encore. "Femme, lemaître te demande si tu veux


l'épouser.
chose facile !", s'ecria la Daya.

Le nom lui resta, de Madame Facile. Sidi Bou-Gdemma en fit sa


femme, et comme semble-t-il, le dernier groupe de bâtisseurs
venant de Melika arrivait, à la recherche de l'emplacement de la
dernière ville, ils s'allièrent avec Sidi Bou-Gdemma pour fonder
Ghardaïa, sur la colline de la caverne.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=12 (2 sur 3)31.08.2004 17:18:50


Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame Facile

Le M'zab : Manuelle Roche. Architecture Ibadite en Algérie. Arthaud.

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> Ghardaïa, Sidi Bou-Gdemma et Madame Facile


11 février 2003, par sidi mohamed min barisse(de paris)

article fil moustawa (article à la hauteur)


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Histoire du Coffre

Histoire du Coffre
Conte kabyle
Le samedi 1er mai 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Conte du Chat
● Le roi Baghai
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● Le corbeau qui s'était piqué avec une épine
● Aubépin
● Contes berbères chaouis de l'Aurès
● Aïcha Mozbayel - épisode 1

Que mon conte soit beau et qu'il se déroule comme


un long fil !

Il y avait un roi et ce roi avait un fils tendrement aimé qui lui dit :
Roi mon père, laisse moi aller au marché et voir tes sujets.
Fais selon ton plaisir, lui répondit le roi.

Le prince s'en vint donc au marché et dit à tous les hommes :


Vous ne vendrez ni n'achèterez, vous n'achèterez ni ne vendrez
que vous n'ayez compris ces devinettes.

La première :
Quel est l'être qui , le matin, marche sur quatres pattes, à midi sur deux et le
soir sur trois ?

La seconde :
Quel est l'arbre qui a douze branches et dont chaque branche porte trente
feuilles ?

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=304 (1 sur 4)31.08.2004 17:18:51


Histoire du Coffre

Aucun ne sut répondre. Tous les hommes restèrent muets. Le


marché se dissout.
Une semaine tourna. Le jour du marché ramena le fils du roi. Il
demanda :
Avez-vous trouvé des réponses à mes devinettes ?

Une fois encore tous se turent et se dispersèrent. Qui devait acheter


n'acheta pas. Et qui devait vendre ne vendit pas. Le marché se défit.

Or parmi ces hommes rassemblés se trouvait le surveillant du


marché. Il était trés pauvre et avait deux filles, l'une fort belle et
l'autre, la plus jeune, chétive mais pleine d'esprit.

Le soir lorsque son père rentra, cette dernière lui dit :


Mon père, voici deux marchés que tu pars et que tu nous reviens
les mains vides. Pourquoi ?
Ma fille, répondit le surveillant, le fils du roi est venu et nous a
déclaré : " Vous ne vendrez ni n'achèterez, vous n'achèterez ni ne
vendrez que vous n'ayez compris le sens de ce que je vais dire."
Et que vous a demandé de deviner le prince ? reprit la jeune fille.

Son père lui rapporta les paroles du prince.

La jeune fille réfléchit un peu avant de répondre :


c'est facile, mon père : l'être qui , le matin, marche sur quatres
pattes, à midi sur deux et le soir sur trois, c'est l'homme.

Au matin de sa vie, il rampe sur les pieds et les mains, plus grand il
avance sur ses deux pieds. Devenu vieux, il s'appuie sur un bâton.
Quand à l'arbre, c'est l'année :
l'année a douze mois et chaque mois porte trente jours.

Une semaine passa. En ramenant le jour de marché, elle ramena le


fils du roi. Il demanda :
Et aujourdhui avez-vous deviné ?

Le surveillant parla. Il dit :


Oui, Seigneur. L'être qui le matin marche sur quatres pattes, à
midi sur deux, le soir sur trois, c'est l'homme. Et quand à l'arbre,
c'est l'année.
Ouvrez le marché ! ordonna le fils du roi.

Quand vint le soir, le prince s'approcha du surveillantet lui dit :


Je veux entrer dans ta maison.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=304 (2 sur 4)31.08.2004 17:18:51


Histoire du Coffre

Le surveillant répondit :
Bien seigneur.

Et ils partirent à pied. Le prince déclara :


Je me suis enfui du paradis de Dieu. J'ai refusé ce que voulait
Dieu. Le chemin est long ; porte-moi ou je te porterai. Parle ou je
parlerai.

Le surveillant garda le silence. Ils rencontrèrent une rivière : Le fils


du roi dit :
Fais moi traverser la rivière ou je te la ferais traverser.

Le surveillant qui ne comprenait rien ne répondit pas.

Ils arrivèrent en vue de la maison. La plus jeune fille du surveillant


(celle qui était malingre mais pleine d'intuition) leur ouvrit. Elle leur
dit :
Soyez les bienvenux : ma mère est allée voir un être qu'elle n'a
jamais vu. Mes frères frappent l'eau avec l'eau. Ma soeur se trouve
entre un mur et un autre.

Le fils du roi entra. Il dit en voyant la plus belle fille du surveillant :


Le plat est beau mais il a une fêlure.

La nuit trouva toute la famille réunie. L'on tua un poulet et l'on fit
un couscous de fête. Lorsque le repas fût prêt, le prince dit :
C'est moi qui partagerai le poulet.

Il donna la tête au père ; les ailes au jeunes filles ; les cuisses aux
deux garçons ; la poitrine à la mère. Et il se réserva les pattes. Tous
mangèrent et se disposèrent à veiller.

Le fils du roi se tourna alors vers la jeune fille pleine d'esprit et lui
déclara :
Pour que tu m'aies dit : "Ma mère est allée voir un être qu'elle n'a
jamais vu il faut qu'elle soit sage-femme". Pour que tu m'aies dit
"Mes frères frappent l'eau avec l'eau" ils arrosaient des jardins. Et
quant à ta soeur, "entre un mur et un autre", elle tissait la laine avec
un mur derrière elle et un autre : le métier.

La jeune fille répondit :


Lorsque tu t'es mis en route, tu as déclaré à mon père : "Je me suis
enfui du paradis de Dieu". C'est la pluie qui pour la terre est le
paradis de Dieu : Tu craignais donc de te mouiller ? Et puis tu as
dit : "J'ai refusé ce que voulait Dieu". C'est la mort que tu refusais ?

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=304 (3 sur 4)31.08.2004 17:18:51


Histoire du Coffre

Dieux vuet nous mourions, mais nous, nous ne voulons pas.


Tu as dit enfin à mon père : "Le chemin est long, porte moi ou je te
porterai ; parle ou je parlerai" pour que le chemin semble plus
court.
Tout comme lui tu as dit, lorsque vous vous êtes trouvé devant la
rivière : "Fais moi passer la rivière ou je te la ferais passer" : tu
voulais dire : "indique-moi le gué ou je chercherai" .

En entrant dans notre maison, tu as regardé ma soeur tu as dit "Le


plat est beau, mais il a une fêlure". Ma soeur est belle en effet, elle
est vertueuse, mais elle est fille d'un pauvre homme.
Et puis tu as partagé le poulet. A mon père tu as donné la tête : il est la tête de
la maison.
A ma mère tu as donné la poitrine : elle est le coeur de la maison.
A nous les filles tu as donné les ailes : nous ne resterons pas ici .
A mes frères, tu as donné les cuisses : ils sont les soutiens, les piliers de la
maison.
Et toi tu as pris les pattes parce que tu es l'invité : ce sont tes pieds qui t'on
amené jusqu'ici, ce sont eux qui te remmèneront.

Dés le lendemain le prince alla trouver le roi son père et lui déclara :
Moi, je veux épouser la fille du surveillant du marché.......

d'aprés Le Grain Magique - Taos Amrouche

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http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=304 (4 sur 4)31.08.2004 17:18:51


L'Homme, la Vipère et le Hérisson

L'Homme, la Vipère et le
Hérisson
Conte du pays Chleuh
Le samedi 1er décembre 2001.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

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● Le Lion l'Hyène et le Chacal
● Aubépin
● Aïcha Mozbayel - épisode 1
● Le Sultan

Dans ce conte marocain, une vipère demande des

comptes à un homme et en appel au jugement des


animaux, qui ne sont pas tendre avec lui. Seul le
hérisson rend un jugement favorable, dont l'homme
aurait bien fait de tenir compte, on le comprendra à
la fin....

C'est l'histoire d'un homme qui était en déplacement. Arrivé au


bord d'un ruisseau, voilà qu'il trouva une vipère.
Eh l'homme, lui dit-elle, je vous en conjure, faites moi passer.
C'est ça, ma bonne dame, fit le voyageur, je m'en vais vous faire
passer et alors ne voudrez plus descendre.
Pour sûr, protesta-t-elle, je vous en vous en ferai promesse

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=39 (1 sur 4)31.08.2004 17:18:56


L'Homme, la Vipère et le Hérisson

solennelle.
C'est entendu, dit-il, où vais-je vous mettre ?
Jetez moi simplement sur votre épaule. Il la prit donc sur son
épaule. Et quand il l'eut fait passer, elle ne voulut plus descendre.

Elle lui signifiait qu'elle le citait en justice :


Nous allons soumettre notre litige au chameau que voilà, lui dit-
elle. Le chameau, lui, était vieux ; il ne se levait plus.
Sil me condamne à descendre, ajouta-t-elle, je descendrai ; s'il
vous condamne à me porter, vous ne porterez.

Quand ils furent près du chameau, elle dit à celui-ci :


Pour ce qui est de ce fils d'Adam, partout où il me trouve, il me
tue. Et vous, maintenant, comment allez-vous trancher entre nous ?
Faites- lui un nœud coulant, dit le chameau. Tant que j'étais en
bonne santé et que je transportais de lourdes charges, je vivais dans
l'intimité de l'homme. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien
vous voyez dans quel état il m'a abandonné.

Ils partirent et se rendirent auprès d'un cheval.


Voilà, lui dit la vipère, je vous ai amené cet individu, pour que
vous nous fassiez justice.
Il n'y a pas d'autre justice pour lui, dit le cheval, que celle-là même
que vous lui avez faite là. Au temps où j'étais en bonne santé, il
m'avait confectionné une selle et une rêne brodée, et il me faisait
ferrer en temps utile ;
et j'avais droit à toute sorte de fourrages et à tout ce qui me faisait
besoin. Je le sauvais du milieu de l'ennemi et le ramenais dans le
camp ami. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez
dans quel état l'homme m'a abandonné. Serrez lui le nœud coulant à
lui en faire jaillir les yeux des orbites.

En voilà deux, dit la vipère à l'homme, à qui nous avons soumis


notre différend. Chez qui voulez-vous encore aller ?
Je ne vous en demande plus qu'un seul, dit-il.
C'est entendu, accorda-t-elle, mais à quelque personne que nous
nous adressions, vous trouverez dans son arbitrage les
conséquences de votre comportement.

Ils se rendirent chez le hérisson.


Pour l'amour de Dieu, chef, dit l'homme, il faut que vous me
rendiez justice avec cette créature. Elle m'a demandé de lui faire
passer le ruisseau. Je l'ai fait. Elle ne veut plus descendre.
Vos lois ne sont pas les miennes, dit le hérisson.
Et pourquoi n'avez-vous pas les mêmes lois que nous ? demanda

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=39 (2 sur 4)31.08.2004 17:18:56


L'Homme, la Vipère et le Hérisson

la vipère.
Parce que, dit-il.
Non, non, insista la vipère, prenez la décision qui vous semblera
bonne, et faites nous la nous savoir.
C'est que, dit le hérisson, les gens du ciel, ceux de la terre n'ont
pas à les juger.
C'est donc à moi que vous faites allusion ? demanda la vipère.
Parfaitement, dit le hérisson, si en effet vous voulez obtenir
justice, il vous faut descendre à terre afin que je prononce ma
sentence. Et après, vous ferez comme il vous semblera bon. Elle
descendit donc.

Et maintenant, lança le hérisson à l'homme, voilà le vivant par


terre et vous, vous avez la mort dans la main. Qu'est-ce que vous
attendez d'autre ? L'homme aussitôt frappa la vipère et la tua.

Quand il l'eut tuée, il se pencha sur le hérisson et lui dit :


Je m'en vais t'emporter pour te donner à des gamins.
Est-ce vraiment indispensable que j'aille avec toi ? demanda le
hérisson.
Absolument, dit l'homme.
Au nom du ciel, supplia le hérisson, c'est que j'ai des enfants, et tu
connais bien les droits qu'ils ont sur nous. En quelque état que je les
laisse, c'est ainsi qu'ils resteront. Il faut que tu m'accompagnes pour
passer les voir.
D'accord, fit l'homme et il partit avec lui.

Ils arrivèrent à l'entrée d'un terrier dans lequel il y avait une vipère.
Je t'en prie, dit le hérisson, il faut que tu m'aides. C'est que mes
enfants sont assez désobéissants. Il suffit que je leur dise : "Allez",
pour qu'ils me fassent des difficultés pour sortir. Toi, barre-leur la
route, et le premier qui sort tu l'attraperas.

Le hérisson entra dans le terrier. Quand il arriva auprès de la vipère,


il mit la tête contre les pieds, se roula en boule et piqua la vipère.

L'homme, de son côté, se coucha complètement sur le ventre et se


mit à observer attentivement la venue des petits du hérisson.

Quant à la vipère, dès qu'elle sortit elle tomba sur l'homme qui était
là à guetter. Et vlan, elle le mordit. Le hérisson, qui la suivait, eut la
surprise de constater qu'elle en avait déjà terminé avec lui.
Et voilà, s'écria-t-il , comment on joue un bon tour à quelqu'un !

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=39 (3 sur 4)31.08.2004 17:18:56


L'Homme, la Vipère et le Hérisson

Conté par Abdesslam Ou Lahcen n Id Bram en juillet 1949.

Alphonse Leguil, Contes berbères de l'Atlas de Marrakech, Ed L'Harmattan,


2000.

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> L'Homme, la Vipère et le Hérisson


17 décembre 2003, par assifounila

P' SAHTCOM.

Magnifique conte. L'homme est ingrat, on le sait, mais ici il s'est


fait avoir par plus petit que lui.

Je me régale, quelle bonne idée vous avez eu de diffuser des


contes bérbères sur internet. On a beaucoup à apprendre de la
philosophie chleuh, très pertinente et humaine.

Bonne continuation.

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L'Ogresse et la Princesse Clair-de-Lune(Thiziri)

L'Ogresse et la Princesse
Clair-de-Lune(Thiziri)
Conte Kabyle
Le mercredi 1er mai 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Conte du Chat
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● Les fourberies d'Inisi - Les pilleurs de détritus
● Les tapis du fils du négociant
● Ouarda
● Ouargla et ses Anciens !
● Le Lion l'Hyène et le Chacal

Ce conte met en scène la terrible ogresse Tériel. Ce


personnage monstrueux figure dans un grand

nombre de contes kabyles. Ici elle vient tisser


bénévolement des couvertures chez une pauvre
veuve, mais, on se doute, la suite est funeste...

Maléfices, épreuves et résolution des maléfices se


succèdent.

Autrefois, dans une vieille maison en pierre, vivait une pauvre


veuve, mère de sept enfants. La malheureuse se retrouva sans
aucune ressource financière, lorsque son époux décéda d'une longue
et terrible maladie. Elle dut affronter seule les difficultés de
l'existence. Pour nourrir ses enfants, elle acceptait tous les travaux

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qu'on lui proposait et s'acquittait de ses tâches correctement afin de


récolter quelque argent... Ses fils se chargeaient de l'aider à
l'extérieur, tandis que ses filles s'occupaient du foyer. La vie était
bien pénible pour cette famille nombreuse.

Quand l'hiver approchait, la veuve avait peur que ses enfants ne


meurent. de froid. Alors, à l'aide de bouts de laine recueillis ici et là,
elle se mettait à tisser, tard dans la nuit, une large couverture de
laine.

Par une nuit plus fraîche que de coutume, le vent soufflait à grandes
rafales alors que la pauvre femme s'usait les yeux à tisser jusqu'à une
heure avancée de la nuit. Ses enfants dormaient profondément, les
uns accrochés aux autres, comme s'ils avaient peur de se séparer.

Brusquement, la fragile porte d'entrée claqua. Apparut alors une


énorme silhouette, si effrayante que la veuve recula jusqu'au mur.
Horrible et repoussante, Tériel l'ogresse se tint sur le pas de la
porte, fixant de son regard perçant la pauvre femme toute
tremblante. Le monstre avança vers le métier à tisser et rassura la
femme terrorisée : « Ne crains rien ! Laisse-moi t'aider ! » Stupéfaite
et effarée, la veuve ne put prononcer un seul mot.

Avec un acharnement démentiel, l'ogresse se mit à tisser. La peur au


ventre, la veuve pensa qu'une fois la couverture achevée le monstre
la dévorerait, elle et ses malheureux enfants. Mais le monstre n'en fit
rien. Au contraire, dès qu'il eut fini de tisser une couverture, il en
entama une autre et ceci jusqu'à l'aube. A ce moment-là, le monstre
s'arrêta et sortit en lançant à la femme : « Voilà tes enfants à l'abri
du grand froid ! Rassure-toi, l'hiver prochain, je reviendrai te tisser
d'autres couvertures ! »

Il en fut ainsi durant sept ans. Au début de chaque saison hivernale,


l'ogresse faisait irruption chez la veuve et lui tissait sept couvertures
de laine.

Au bout de la septième année, alors que l'aîné des enfants avait


atteint dix-sept ans, Tériel réapparut un soir d'hiver, comme de
coutume. Elle annonça à la veuve : « Voilà sept ans que je t'aide à
protéger ta progéniture des morsures du froid. Aujourd'hui je suis
revenue te demander de m'offrir ton fils aîné afin de t'acquitter de
ta dette. Pour me témoigner ta gratitude, tu me le donneras, il me
sera très utile. »

La veuve saisit enfin la fausse générosité qui avait motivé l'ogresse

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durant toutes ces longues années. Elle se souvint, qu'enfant, sa


grand-mère lui contait d'innombrables histoires sur cet horrible
monstre qui habitait on ne sait où, qui guettait des proies en
difficulté et dévorait ses victimes toutes crues. Elle lui disait
toujours que Tériel ne se montrait que pour annoncer un malheur.
La pauvre femme réfléchit un peu et pensa que, si elle refusait à
l'ogresse ce qu'elle exigeait d'elle, celle-ci se fâcherait et serait
capable d'avaler toute la famille. Elle se résolut alors à sacrifier son
fils aîné, qui était pourtant son préféré. Elle alla le voir et lui dit à
voix basse : « Mon fils, toi la première perle de mon collier de vie,
tu dois accompagner l'ogresse chez elle ! Je pense qu'elle projette de
te dévorer, mais il existe un moyen pour la contrarier et la faire
tomber dans l'interdit, expliqua la mère. Dès qu'elle s'apprêtera à
t'emmener avec elle, empresse-toi de lui téter le sein, tu deviendras
ainsi son fils et même une ogresse ne peut dévorer son enfant » Il
suivit les recommandations de la veuve. Surprise et dépassé par
l'événement, l'ogresse se mit en colère. et s'adressa à lui : « Petit
misérable ! Tu m'as eue ! Mais je te prendrai malgré tout avec moi. »

L'ogresse plongea le jeune homme dans son sac, le mis sur son dos
et quitta la veuve bouleversée et déchirée par le départ de son fils
aîné.

Le monstre marcha durant de longs jours sans s'arrêter. Le jeune


homme, prisonnier au fond du sac, ne vit aucune lumière et ignora
tout du voyage. Il arrivait à peine à respirer. De temps à autre, le
monstre lui glissait un morceau de galette. Il avait soif, mais il résista
du mieux qu'il le put.

Au terme d'un mois de voyage, Tériel l'ogresse, arriva enfin chez


elle, dans un pays souterrain et obscur, où l'on n'entendait que les
cris des hiboux, des chacals,
des ogres et autres animaux de mauvais augure. Des cris effrayants
qui retentissaient comme des tonnerres stridents. L'ogresse poussa
la porte de son infâme antre et jeta sur le sol le sac qui contenait le
jeune homme. Celui-ci roula par terre, ouvrant les yeux sur le lieu
sinistre où habitait le monstre. L'ogresse saisit violemment le jeune
homme et l'enferma dans une cage.

Tous les matins, le monstre allait chasser et ne rentrait qu'à la


tombée de la nuit, traînant derrière lui de multiples victimes parmi
lesquelles se trouvaient quelquefois de petits enfants. Dès son
arrivée, elle faisait du feu pour se réchauffer puis engloutissait
d'énormes quantités de viande, sans même les cuire. A la fin de ses
copieux et funestes repas, elle lançait vers la cage quelques restes
pour nourrir le jeune homme encore prisonnier, tout en l'insultant

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et maudissant le jour où il était devenu son fils. « Ah ! Si seulement


tu n'avais pas bu de mon lait ! J'aurais fait de toi un agréable
dessert ! aimait-elle à répéter. »

Des jours et des mois passèrent et le jeune homme survécut grâce à


son endurance et à sa ruse. L'ogresse faillit le dévorer à plusieurs
reprises, mais il sut à chaque fois lui rappeler que nulle mère, pas
même une ogresse, ne pouvait dévorer son fils. Celle-ci se voyait
alors contrainte d'y renoncer. Le jeune homme savait éviter les
colères de la monstrueuse créature.

Un jour que l'ogresse était sortie, comme à son habitude pour


chasser, une magnifique perdrix apparut dans la cours du taudis et
se mit à picorer quelques petits grains de-ci de-là. Le jeune homme
vit le bel oiseau et songea : « Si seulement cette perdrix pouvait
deviner mon malheur et me venir en aide ! » Il crut rêver, mais non,
la perdrix lui répondit d'une petite voix mélodieuse : « Comment
pourrais-je t'aider, brave jeune homme ? » Abasourdi et émerveillé,
le jeune homme demanda : « Comment se peut-il qu'une perdrix
sache parler ?
Ne te fie pas à mon apparence ! répondit le gentil oiseau. En
réalité, je suis la princesse Clair-de-Lune. Mon père règne sur le
Pays des Sept Rivières. C'est ma marâtre qui m'a transformée en
perdrix, car mon père a eu le malheur de faire l'éloge de ma beauté
devant elle. Pour se débarrasser de moi, elle m'a condamnée à
l'apparence que tu vois là.
Mais c'est incroyable ! s'étonna le jeune homme.
Oh, oui ! Voilà sept ans que j'arpente les forêts, je traverse
contrée après contrée, goûtant à la vie libre et douce des perdrix. »
Les yeux ébahis, le jeune homme écouta le récit surprenant de
l'oiseau puis demanda : « Si tout ce que tu dis est vrai, peux-tu
m'aider à enlever les grilles qui m'emprisonnent ? » Sans hésiter, la
perdrix répondit : « Je le peux sûrement. Tiens ce bâton ! Ce soir,
quand l'ogresse se jettera sur son repas avec son empressement
coutumier, elle ne te verra pas le glisser dans le feu. Enfonce alors le
bâton enflammé dans la tête du monstre, car c'est là que réside son
âme. Il sera tué sur le coup. Quant à tes grilles, je n'ai pas la force de
les ouvrir, hélas !
C'est déjà bien généreux de ta part de m'avoir donné cette idée.
Le reste, je m'en charge ! » interrompit le jeune homme, stimulé à
l'idée de pouvoir enfin se libérer du joug infernal du monstre.

Vint la nuit. L'ogresse rentra, tenant dans ses bras poilus la carcasse
d'un âne et le cadavre d'un tigre. Fidèle à son habitude, elle alluma
le feu pour se réchauffer et s'installa pour dévorer goulûment sa
prise. Le jeune homme profita de l'inattention du monstre pour

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enflammer le bâton que lui avait donné la perdrix et brusquement,


de sa cage, il le lança en direction de la tête de l'ogresse qui mourut
sur le coup.

Cependant, le jeune homme ne put s'échapper, car les clés étaient


accrochées au cou de Tériel, et le cadavre de l'horrible monstre était
tombé hors de sa portée. Il ne lui restait alors qu'un seul espoir :
celui de voir la perdrix réapparaître et l'aider à sortir.

Il attendit le charmant oiseau un jour, puis deux, puis trois, mais il


ne réapparut qu'au bout d'une semaine. Le jeune homme, épuisé par
la faim et la soif, commençait à désespérer quand, enfin, l'oiseau
surgit dans la cour. Dès qu'il le vit, le jeune homme reprit courage et
le supplia : « Généreuse perdrix, pourrais-tu me rendre un immense
service : j'ai besoin d'ouvrir cette cage et les clés sont pendues au
cou de l'ogresse. Veux-tu essayer de les décrocher pour moi ?
Bien sûr ! répondit l'oiseau, qui s'exécuta sur le champ. » Le jeune
homme put enfin se libérer. Il se jeta sur la nourriture et l'eau,
sautillant de joie en respirant l'air agréable de la liberté. Puis, il prit
la perdrix entre ses mains et la remercia chaleureusement : « Je te
dois la vie, noble petit oiseau ! Le ciel t'a envoyé à moi et tu as eu
pitié de ma misérable condition. Je ne saurais jamais te montrer
toute ma gratitude.
Ce n'est rien voyons ! remarqua l'oiseau, tu aurais agi de la sorte si
tu avais été à ma place » Le jeune homme observa l'oiseau et se
sentit soudain très proche de lui, comme s'il l'avait toujours connu,
comme s'il avait grandi avec lui. Il lui demanda : « Y a-t-il quelque
chose que je puisse faire pour toi ?
Hélas ! Tu ne peux rien pour moi, répondit l'oiseau d'une voix
morne et languissante. Quatre-vingt-dix-neuf nobles princes et
vaillants chevaliers ont essayé de briser le maléfice qui m'accable
mais tous ont péri. Je me suis résignée à accepter mon sort et j'ai
appris à me contenter de ma vie de perdrix. » Compatissant et. très
ému par ces révélations, le jeune homme eut grande envie de tenter
l'impossible pour lui venir en aide, quitte, pour cela, à risquer sa vie.
Jusqu'à présent, il n'avait douté ni du courage qui pouvait l'animer,
ni du goût de l'aventure qui, pour la première fois, faisait battre son
cœur.

Transporté par une vive émotion, il annonça à la perdrix : « Quoi


qu'il puisse m'advenir, je veux tenter de briser ton maléfice ! »
Naturellement, l'oiseau fut touché par le sentiment spontané et
noble du jeune homme. Devant son enthousiasme, il ne put
s'empêcher de lui expliquer ce à quoi il devait s'attendre. « Mon pays
est parcouru par sept fleuves et dans chaque fleuve dort une
gigantesque pieuvre. En m'infligeant ce sortilège, ma belle-mère a

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exigé de chacun de mes prétendants qu'il lui ramène les têtes des
sept pieuvres qu'il aurait sectionnées de son propre sabre. Sache,
mon tendre ami, ajouta la perdrix, que jusqu'à présent personne n'a
été en mesure de réaliser le vœu de ma méchante belle-mère, car les
pieuvres sont colossales et leur ruse est invincible !
Peu importe ! s'exclama le jeune homme, j'essayerai tout de
même !
Et bien, encouragea l'oiseau, mon cœur est tout à toi et mon
bonheur serait de te voir vaincre tous les obstacles. J'attendrais dans
cette forêt et j'espérerai ton retour, priant le Ciel de guider tes pas et
de te venir en aide dans ta généreuse mission ! »

L'oiseau s'envola et le jeune homme se mit à cheminer en direction


de l'horizon. Il marcha ainsi durant des jours. Il apprit notamment à
pêcher, chasser ; escalader des montagnes et affronter des eaux
déferlantes. Après trois mois d'efforts, il atteignit une vieille
maisonnette toute en bois qui semblait déserte et triste. Le jeune
homme décida d'aller voir de près l'humble logis, espérant. pouvoir
s'y reposer de son long et éprouvant périple.

Il frappa donc trois coups à la porte. Il entendit une petite voix


frêle, presque agonisante, demander : « Ô toi, le passant pressé !
Que veux-tu d'un vieillard que les affres de la vie ont épuisé ? »
D'un ton poli et obligeant, le jeune expliqua : « Que la paix soit sur
toi, vieil homme ! Peux-tu m'offrir l'asile juste pour un soir ? Je
viens de loin et je suis fatigué. Je souhaiterais me reposer une nuit
dans la chaleur de ton foyer. » De sa petite voix, le vieillard
répondit : « Soit ! Pousse la porte et entre ! » Doucement, le jeune
homme ouvrit la porte et découvrit un vieil homme tout ridé,
étendu sur une couche sale et pitoyable. Visiblement, l'homme âgé
n'était même pas capable d'allumer le feu de sa cheminée. Il
grelottait de froid et avait l'air affaibli par la soif et la faim. Autour
de lui, l'ameublement rudimentaire était poussiéreux et nauséabond.
Le jeune homme eut pitié de lui. Il ressortit pour ramasser quelques
branches afin de faire du feu. Puis il s'occupa de nettoyer le lit du
vieillard. Il lava délicatement le pauvre homme et pansa ses
blessures. Il se mit ensuite à préparer une soupe avec quelques
légumes et herbes trouvées dans la prairie qui entourait la
maisonnette. Il aida le vieillard à se nourrir et se servit également.

Le visage blême et flétri du vieil homme reprit vie et son regard


terne s'éveilla. Il remercia chaleureusement son invité et lui fit une
surprenante confidence : « On m'appelle Amghar Azemni(1). Je suis
né il y a si longtemps que je ne saurais te dire quand exactement. Je
suis condamné à vivre vieux éternellement. Hélas, il y a quelques
jours, un serpent m'a mordu et son venin m'a immobilisé sur mon

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lit. Le poison ne me fera pas mourir, mais il infecte mon corps. » Le


jeune homme se proposa d'aspirer le poison de la blessure. Le vieil
homme lui désigna la cheville que le serpent avait mordue. Une fois
le poison totalement aspiré, l'homme se sentit soulagé et remercia le
Seigneur de lui avoir envoyé un invité si généreux et si délicat.
« Mon garçon, je ne sais comment te remercier. Tu m'as été d'un
grand secours. Que les portes du Ciel te soient toujours ouvertes !
Et que tes désirs se réalisent ! » Le jeune homme questionna son
hôte : « On dit de toi que tu sais tout sur tout. Arrives-tu à deviner
ce qui me fait voyager depuis des semaines, ô sage homme ?
Oh ! je sais déjà que l'amour fait battre ton cœur et qu'il t'a jeté
sur les chemins imprévisibles de l'aventure ! » Le jeune homme livra
alors à son ami toute son histoire. Il n'omit aucun détail. Son
auditeur resta silencieux ; il hochait de temps à autre la tête. Quand
il eut fini son récit, le jeune homme demanda au vieux sage : « J'ai
besoin de savoir où se situe le Pays aux Sept Fleuves pour tuer les
sept pieuvres qui les habitent. Si je parviens à ramener les têtes
tranchées des pieuvres le maléfice se brisera et la perdrix
redeviendra princesse comme avant.
Mon brave garçon, tout seul tu ne peux te mesurer aux sept
pieuvres géantes. Mais, comme tu possèdes un cœur généreux et
intrépide, je vais t'aider à réaliser ton vœu. Dans le coffre que tu
trouveras sous mon lit, il y a un sabre qui date de mille ans.
D'innombrables et vaillants héros me l'ont emprunté pour vaincre
de redoutables ennemis. Ce sabre, expliqua le sage, a le pouvoir de
trancher les têtes de tous les monstres possibles et imaginables
vivant sur la terre ou sous la mer. Je veux bien te le prêter à
condition que tu me le rapportes, lorsque tu te seras acquitté de ta
mission héroïque !
Sans faute ! s'exclama le jeune homme, fou de joie à l'idée de
pouvoir se battre et libérer sa bien-aimée, qui hantait déjà toutes ses
pensées. » Il prit le sabre magique, complimenta son bienfaiteur et
s'en alla, fièrement, défier son destin.

Le cœur empli d'ambition et d'enthousiasme, Ie jeune homme


traversa plusieurs provinces et forêts. Il emprunta des chemins
inconnus et rencontra de bien étranges et curieux personnages. Il
apprivoisa les uns et se méfia des autres. Il suivit les indications du
vieux sage et supporta fort bien le voyage qui dura, d'ailleurs, des
semaines entières.

Quand enfin se dessina à l'horizon la frontière du pays recherché, le


jeune homme découvrit une montagne si haute qu'elle se perdait
dans le ciel. A ses pieds, prenaient naissance les sept fleuves
maudits où sommeillaient les sept monstrueuses pieuvres. Il sentit
son cœur battre fortement. Il rassembla son courage et s'attaqua

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promptement à sa tâche. Il suivit le premier fleuve jusqu'à sa source,


puis provoqua la pieuvre en lui jetant le corps d'un bœuf comme
appât. Celle-ci sortit des eaux, se prépara à avaler le jeune homme.
Brutalement, celui-ci trancha sa tête, grâce au sabre magique. Il fit
de même avec les six autres pieuvres. D'un pas alerte et fier de son
exploit, le jeune homme n'hésita pas à se rendre au palais pour
demander audience à la reine, traînant derrière lui les énormes têtes
des pieuvres.

Extrêmement contrariée par l'arrivée triomphale du jeune homme,


la méchante reine refusa d'admettre sa victoire. Elle le reçut. alors
froidement ; sèchement, elle décréta qu'il s'agissait d'un démon. Elle
ordonna aux gardes de le brûler vif pour conjurer le mauvais sort.
Le jeune homme se défendit. Il s'adressa au roi, enfermé dans un
mutisme troublant. Il lui dit : « Ô noble roi ! Je ne suis qu'un
humble voyageur. Je souhaite m'acquitter d'une grande dette envers
ta fille, la princesse Clair-de-Lune. Elle m'a sauvé de la mort et je
sais qu'elle a besoin de toi. Ta femme l'a injustement condamnée à
prendre l'apparence d'une perdrix, et tu ne peux deviner ce que j'ai
dû endurer pour parvenir jusqu'ici. Je t'en prie sire ! Fais quelque
chose pour ta fille, cet être si fragile et si généreux, qui n'est autre
que ta chair et ton sang ! » Le roi eut les larmes aux yeux. Il se leva
et ordonna à son épouse de rompre le mauvais sort qui affligeait la
vie de sa fille, puis de quitter le palais immédiatement. D'une voix
amère et déchirée, il s'emporta : « Vieille sorcière ! Tu as réussi à me
séparer de ma fille et à me la faire oublier. Qu'a-t-elle donc fait pour
mériter ta sentence ? Ne t'avait-elle pas aimée comme elle aimait sa
propre mère si seulement le destin ne nous avait pas privés d'elle si
tôt ? Va ! Hors de ce royaume ! Que le Seigneur te maudisse jusqu'à
la fin de tes jours ! »

Le monarque remercia le jeune homme pour sa bravoure et sa


courtoisie. Il le pria de lui raconter ce qu'il avait vu et entendu à
propos de la princesse. Le jeune homme s'exécuta et lui demanda
de le suivre dans la forêt de l'ogresse, où la perdrix l'attendait
impatiemment. Le souverain fit préparer une impressionnante
escorte ; il prit des vivres et des coffres emplis de louis d'or, puis
s'empressa de rejoindre sa fille. Le vide qu'avait laissé la princesse
dans le cœur des deux hommes leur fit oublier la lenteur et la
difficulté du voyage. Ils se promirent tous deux de ne s'arrêter
qu'une fois qu'une fois à destination.

Ce fut un bonheur immense de les voir au chevet d'une jeune fille


rayonnante de beauté et de grâce, qui dormait sereinement sous un
olivier. La princesse se réveilla, se jeta dans les bras de son père puis
embrassa son héros, le remerciant. de tout son cœur : « Je te serai

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éternellement reconnaissante », lui murmura-t-elle. Charmé par


l'éclat de sa beauté, le jeune homme osa s'adresser au roi : « Je sais
que mon rang ne me permet pas de prétendre à une alliance avec
toi, ô noble roi ! Mais je serais infiniment heureux et honoré de te
demander la main de la princesse. » Le souverain regarda le jeune
homme tendrement et lui répondit : « Mon brave garçon ! Ce qui
fait la noblesse d'un homme, c'est d'abord sa vertu ! Je crois que tu
m'as apporté la preuve de ta hardiesse et de ta pureté. Ma fille sera
en sécurité avec toi. Alors, je t'offre sa main avec une immense
joie. »

La princesse Clair-de-Lune adressa à son bien-aimé un sourire


consentant et complice, puis prit le chemin du retour, impatiente de
retrouver les lieux magiques de son enfance.

De retour au palais, le roi annonça allègrement les épousailles de sa


fille avec l'héroïque jeune homme.

Quelques jours plus tard, on célébra fastueusement les noces des


jeunes amoureux et celles de cent autres jeunes gens issus de
familles pauvres du royaume. Le roi souhaita ardemment que le Ciel
bénisse le mariage de sa fille, et il fit preuve pour cela d'une grande
générosité envers ses sujets Une ambiance de réjouissante de liesse
régna au palais durant des jours et des jours. On en profita pour
savourer avec délectation le goût de la paix et du bonheur.

Quelques mois s'écoulèrent. Le jeune homme appréciait pleinement


la vie princière et son épouse, la princesse Clair-de-Lune, prit soin
de son couple. Elle lui offrit toutes les conditions d'une vie
épanouie et heureuse.

Un jour, elle surprit le sabre magique que son époux avait rangé
dans son coffre. Elle le contempla et apprécia la finesse de sa
décoration. Dès que son mari la rejoignit, elle l'interrogea : « D'où te
vient ce magnifique sabre ? » Voilà que le jeune homme se rappela
la promesse faite au vieux sage, le propriétaire du sabre magique. Il
répondit à sa femme : « Heureusement que tu m'as parlé de lui,
sinon je l'aurais complètement oublié. Ce sabre est la clé de notre
salut, ma chérie. Il faut que je le rende à celui qui me l'a prêté. »

Dès le lendemain, le prince sella son cheval, prit quelques


provisions et se dirigea vers la maisonnette du vieux sage. Quand
celui-ci le vit arriver, il le prit dans ses bras et lui confia : « J'étais sûr
que tu reviendrais, mon enfant ! Tu es un homme de qualité, ce
sabre t'appartient, je te l'offre. Quelque chose, cependant, attriste

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mon cœur.
Qu'y a-t-il donc, père ?
II y a dans ce bas monde une mère qui pleure ton absence depuis
des années. Elle te croit mort et s'en veut de n'avoir pu te sauver. Je
l'entends se plaindre à tous les saints à l'approche de chaque hiver.
N'est-il pas temps d'aller la consoler ? » Le jeune homme se souvint
tout à coup du regard déchiré que lui avait lancé sa mère la nuit où
l'ogresse l'avait arraché à elle. Il regretta profondément de l'avoir
oubliée. Le vieux sage le consola : « Ce n'est rien mon brave
garçon ! L'oubli est de nature humaine, va la rejoindre ! Elle sera
certainement heureuse de te revoir. »

Le jeune homme retrouva le chemin de son pays natal et offrit à sa


malheureuse mère le plus beau cadeau que l'on puisse offrir à une
mère au premier jour du printemps. En effet, quand elle vit
s'avancer vers elle un jeune homme élégant et distingué, elle lut
dans son regard ces liens sacrés qui finissent. toujours par réunir
une mère et son enfant. Les retrouvailles furent empreintes d'une
émouvante ferveur.

Le jeune homme raconta à sa mère. tout ce qui lui était arrivé et la


pria de l'accompagner au royaume de son épouse. La femme, d'une
voix mélancolique, lui dit : « Le propre d'une mère est d'élever ses
enfants pour les voir partir un jour. C'est la vie. Retourne à ton
foyer et prend soin de ton épouse. Reviens me voir dès que je te
manquerai, et fais-moi le bonheur d'amener un jour ta descendance.
Je suis déjà comblée de te savoir vivant et heureux. Il est vrai que
l'on dit toujours que se sont. les épreuves qui cisèlent et forgent
l'esprit d'un homme et toi, mon garçon, tu as su affronter ton destin
dignement. Je suis très fière de toi. »

Le jeune homme demeura encore quelques jours auprès de sa mère,


de ses frères et sœurs et savoura avec délices les doux moments
partagés avec sa famille. Puis il s'en retourna auprès de sa dulcinée à
qui il fit le récit de son odyssée.

La princesse Clair-de-Lune et son époux vécurent heureux. Il firent


la joie de leurs parents quand ils leur annoncèrent la naissance de
leur premier enfant, qu'ils prénommèrent bourgeon-de-Printemps.

Extrait des " Contes magiques de haute Kabylie", de Salima Aït Mohamed,
1999. Éditions "Autre temps", collection "Temps contés".

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(1) Le vieux sage en kabyle.

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La chatte

La chatte
Conte de Syrie
Le dimanche 1er février 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le corbeau qui s'était piqué avec une épine
● L'Ogresse et la Princesse Clair-de-Lune(Thiziri)
● Histoire du Coffre
● Le père cruel

Il était une fois une femme qui était bien malheureuse car elle
n'arrivait pas à avoir un enfant. Elle était mariée depuis longtemps
et, malgré ses prières, sa maison était triste, sans joie, sans vie.

Un jour, elle était si triste qu'elle éclata en sanglots et s'écria :

Dieu tout-puissant, toi qui peut tout, aie pitié de moi ! Je t'en
supplie, envoie-moi un enfant, même tout petit, même une chatte
me ferait plaisir ! Oui, même une chatte !

Dieu l'entendit et exauça son voeu. Neuf mois plus tard, elle mit au
monde une petite chatte d'un blanc éclatant avec un tout petit point
noir sur la joue.

La femme fut très heureuse et passa son temps à élever sa chatte


qu'elle aimait d'un amour infini. Et la chatte devint de plus en plus
belle, charmante et agréable.

Quand elle eut grandi et fut devenu raisonnable, la mère laissa la


chatte aller se promener en ville. La jolie chatte aimait découvrir

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=177 (1 sur 2)31.08.2004 17:19:00


La chatte

tous les spectacles de la ville, de la rue, des marchés.

Un jour, elle voulut visiter le jardin du palais royal. Devant la porte,


un jardinier l'arrêta :

Où vas-tu ainsi ? Le jardin est interdit aux chats de ton espèce.

La chatte prononça des mots dans une langue incompréhensible et


le jardinier se retouva renversé, la tête

au sol, les pieds en l'air, sans pouvoir bouger ni crier.

La chatte alla vers des pommiers, elle quitta sa peau de chatte et


devint une très belle jeune fille. Elle remplit son panier de pommes,
remit sa peau de chatte et quitta le jardin en fredonnant une
chanson. Le jardinier se retrouva sur ses pieds sans comprendre ce
qui s'était passé.

Les jours suivants, la chatte retourna dans le jardin du roi et tout


recommença. A la fin, le jardinier pris peur et alerta le prince. Le
lendemain, celui-ci alla se cacher dans le jardin. Il vit la chatte
arriver, il entendit ses paroles bizarres et vit le jardinier tomber à
terre sans bouger. Il vit la chatte se débarrasser de sa peau et se
tranformer en une très belle fillevêtue d'une robe blanche. Elle
remplit son panier de pommes mais, au moment de partir, elle vit
qu'elle avait perdu sa bague. Le soleil allait se coucher, elle rentra
vite chez elle. Le prince la suivit discrètement.

Le lendemain, le prince alla chez la femme, avec sa mère, la Reine.


Ils voulaient acheter la chatte. Mais la femme refusa :

Ma fille n'est pas à vendre

Le prince sortit la bague et la montra à la chatte. Celle-ci quitta alors


sa peau de chatte et devint une belle jeune fille. Sa mère n'en croyait
pas ses yeux. Quant au prince il épousa la jeune fille.

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La femme noire et les trois Tahenchit

La femme noire et les trois


Tahenchit
Fable Touareg
Le vendredi 1er février 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Aïcha Mozbayel - épisode 1
● Conte du Chat
● La légende de Sidi Brahim
● Aubépin
● Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des
frères Grimm

Souvent, la tradition orale transmet des histoires


vécues dépouillées de tout merveilleux mais qui sont
des leçon profitables.

Un certain jour, dans un village, une femme noire sortit pour


ramasser du bois, elle avait finit de rassembler son fagot, lorsqu'elle
aperçut, courant dans sa direction, trois tahenchit féroces et
affamées. Lâchant son bois, invoquant Dieu, la femme grimpa dans
l'arbre le plus proche.

Egratignée par les épines du tawat sauveur, elle regarda les trois
fauves qui, gueule écumante, faisaient le siège de l'arbre.

La journée passa, vint la nuit. Les fauves semblaient dormir, la

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=5 (1 sur 2)31.08.2004 17:19:02


La femme noire et les trois Tahenchit

femme en avait bien envie aussi, (© publié par Tamurth.net)mais


chaque fois qu'elle s'assoupissait, elle frôlait de peu la chute. Ce qui
devait arriver arriva.

Elle succomba de sommeil et tomba. En s'effondrant, elle poussa


un hurlement, puis un autre strident encore lorsqu'elle toucha le sol
au milieu des tahenchit " renez chacun votre morceau" cria-t-elle,
en cachant sa tête dans ses bras.

Mais les tahenchit, effrayées par les cris et les bruits de chute,
s'étaient enfuies vers le désert. La femme en fit autant vers le village.

Tahenchit : le cynhyène, lycaon piclus , féroce chassant en bande, trés redouté


par les Touaregs qui font les traversés vers le Soudan.

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> La femme noire et les trois Tahenchit


10 janvier 2004, par hocine

salut d'abord je remercie tous ceux qui contribuent ou ont


contribue a la realisation de ce site. je suis illustrateur de livres
pour enfants,je recherche depuis toujour des contes berberes en
guise de les illustrer et eventuellement les publier,afin de
preserver un patrimoine plus qu'ignoré. ceci dit,je voudrais
savoir s'il m'est possibl d'utiliser les contes figurant dans ce site ?
je reste par ailleurs ouvert a toutes sortes de propositions. merci
infiniment cordialement,hocine. email : hocine.
mangaka@caramail.com
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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

La fille du Charbonnier, le
verbe enchanteur
Conte kabyle
Le mardi 1er avril 2003.

HMM
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● La légende de Sidi Brahim
● Conte du Chat

Ce conte est sans doute l'un des plus célèbres et on


le retrouve dans de nombreuses variantes au Maroc

et en Algérie. On le connaît aussi sous le nom de "La


fille du charbonnier". Il en existe un équivalent

européen dans les contes slaves. Nous avons retenu


une version de haute Kabylie. Une jeune fille,
d'origine très modeste, va se montrer capable de
résoudre les énigmes d'un roi certes très intelligent,
mais fantasque et sans doute inférieur à elle...

Parmi les majestueuses montagnes de Kabylie vivait autrefois un


charbonnier pauvre et démuni. Il était père de sept filles et peinait

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=44 (1 sur 8)31.08.2004 17:19:08


La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

beaucoup pour nourrir sa nombreuse famille.

Tous les matins, il se rendait dans la forêt et travaillait avec


acharnement. Le soir, à son retour, l'homme était tout noir de
charbon. Ses filles avaient honte de sa condition et s'en
désintéressaient complètement. Elles passaient le plus clair de leur
temps à s'occuper de leurs toilettes. Elles aimaient se farder et jouer
aux bourgeoises.

Thassadith, la cadette des filles, était très différente. Elle s'occupait


des tâches ménagères et prenait soin de son malheureux père.
Volontaire et généreuse, elle se montrait toujours indulgente vis-à-
vis de la paresse et de l'indifférence de ses sœurs, essayant
constamment de réparer leurs erreurs et de combler leurs désirs.
Cette fille était également d'une remarquable beauté et d'une
formidable sagesse. En outre, elle excellait dans l'art de parler. Son
éloquence et la finesse de son esprit étaient reconnues de tous.
Dans tout le village, on la citait en exemple. Au fur et à mesure que
la jeune fille mûrissait, elle montrait un comportement digne des
plus grands sages et philosophes.

Si bien que sa merveilleuse réputation atteignit le palais du roi


Plaisantin. Ce monarque se passionnait uniquement pour les
énigmes, les satires et les bouffonneries. Sa cour regorgeait de
farceurs et de conteurs. Il organisait régulièrement des tournois à ce
propos. Quand ce roi, fantasque et excessif, entendit parler des
talents surprenants de la jeune Thassadith, il eut envie de la
connaître et de la mettre à l'épreuve.

Il convoqua alors le pauvre charbonnier. Celui-ci trembla de peur,


connaissant la tyrannie de l'homme. Il se rendit au palais, priant le
ciel de lui venir en aide. Le roi s'adressa au charbonnier :

« J'ai entendu dire que ta petite dernière a le don de résoudre


n'importe quelle énigme. Serait-elle aussi forte qu'on le prétend ?
Ô noble seigneur ! Il me semble que ce que l'on dit au sujet de ma
fille est quelque peu exagéré. Je suis votre modeste serviteur et ferai
tout ce que vous demanderez, répondit le charbonnier, effrayé par
le regard pénétrant du souverain. - Eh bien, je veux que tu
rapportes à ta fille l'énigme suivante : je possède un arbre qui a
douze branches. Chaque branche se décompose en trente rameaux,
précisa le roi. Si ta fille arrive à deviner de quoi il s'agit, elle sera
récompensée. Si par malheur elle échouait, je vous trancherai la tête
à tous les deux ! Tu as une semaine pour me fournir une
réponse ! ».

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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

Le charbonnier quitta le palais complètement abattu ne sachant


comment aborder sa fille. Il la croyait en effet incapable de trouver
la réponse à l'énigme du roi. Quand Thassadith remarqua la grise
mine qu'affichait son père, elle soupçonna des ennuis. Elle
l'interrogea : « Confie-toi, père ! Dis-moi ce qui te tourmente ! Je te
vois triste et pensif. » Le charbonnier confia à sa fille les raisons de
son souci. La jeune fille sourit et dissipa ses craintes : « Ce n'est pas
difficile, père. Je crois que le roi veut parler de l'année. Les douze
branches étant les douze mois de l'année et les trente rameaux les
trente jours du mois. » Le charbonnier estima la réponse trop
évidente et dit à sa fille, d'une voix sceptique : « Si le roi s'est donné
tant de mal, c'est sans doute que la réponse à l'énigme doit être bien
plus ardue.
Crois-moi, père ! C'est la réponse qu'il faut donner au roi. »

Le jour fatidique arriva et le charbonnier se rendit auprès du roi, le


cœur serré et en proie au doute. N'ayant point d'autre réponse que
celle trouvée par sa fille cadette, il la lui livra. Le roi s'exclama :
« Bon ! Bon ! Voici que ta tête et celle de ta fille sont épargnées !
Pour te témoigner ma satisfaction, je te demande la main de cette
fille à l'esprit si fin. »

Perplexe, le charbonnier n'en crut pas ses oreilles. Il hésita un peu et


finit par lui avouer ses craintes : « Sire, ma fille est bien trop jeune et
trop humble pour toi. Comment un roi aussi puissant que tu es
daignera-t-il regarder la fille d'un misérable charbonnier comme
moi ? » Déterminé et impatient, le roi décréta : « C'est décidé, je la
veux ! Dans douze mois, j'enverrai à ma fiancée les offrandes du
mariage. Tâche de préparer ta fille à cet événement. »

Le charbonnier, encore sous l'effet de la surprise, rassembla


difficilement ses forces pour rentrer chez lui. Il ignorait de quelle
manière prendre la chose. Fallait-il se réjouir de la nouvelle ou bien
s'en inquiéter ? La fantaisie du roi, ses désirs extravagants et son
humeur lunatique étaient bien connus de tous. Thassadith, assez
étonnée par la nouvelle, considéra malgré tout sérieusement la
proposition du roi et, peu à peu, se prépara à devenir l'épouse de cet
homme si singulier. Les douze mois fixés s'écoulèrent. Le
charbonnier attendit avec impatience et anxiété à la fois les
messagers du roi. Il fit de son mieux pour les recevoir dignement.

La modeste demeure vit arriver dix-sept serviteurs, chargés de


somptueux présents destinés à la fiancée. Celle-ci fut ravie par la
magnificence des cadeaux envoyés par le roi. Elle fit montre d'une
grande hospitalité et su se rendre agréable à ses invités. Ces derniers

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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

ne cessaient de l'observer ainsi que leur roi le leur avait ordonné.

Or, durant leur périple, les serviteurs, jaloux de la fiancée et


estimant qu'elle ne méritait pas toutes les largesses du roi, s'étaient
emparés d'une partie des présents. Intuitive, la fine Thassadith le
devina. Néanmoins, elle les reçut honorablement et feignit de ne
rien remarquer de leurs fâcheux agissements. Elle les pria de goûter
à son thé.

Autour de la table, l'un des émissaires du monarque demanda à la


jeune fille : « Où est donc passé ton père ?
Il est allé mettre de l'eau dans l'eau ! répondit-elle.
Et ta mère, où est-elle ? demanda-t-il encore.
Elle est partie voir ce qu'elle n'a jamais vu ! répondit Thassadith. »
Aucun des hommes du roi ne comprit quoi que ce fût aux propos
de la jeune fille. Ils leur semblèrent même sarcastiques et
méprisants. Cependant, ils ne dirent rien.

Bientôt, la famille fut au complet. Thassadith décida de servir le


dîner qu'elle avait soigneusement préparé. Elle présenta un
succulent couscous au poulet. Elle coupa avec une remarquable
délicatesse les morceaux de viande et les distribua soigneusement :
elle offrit à son père la tête du poulet et quelques morceaux de la
poitrine. (© publié par Tamurth.net)A sa mère elle donna le dos et
partagea le reste de poitrine entre ses deux frères. Ses sœurs
reçurent les ailes, quant aux serviteurs, elle leur offrit les pattes. Elle
partagea le reste des poulets de la même manière. Les invités
échangèrent des regards étonnés mais se gardèrent bien de tout
commentaire. Tous passèrent une bonne soirée.

Quand ils furent sur le point de quitter la maison de la fiancée, cette


dernière s'adressa à eux : « Remerciez de ma part votre généreux
maître et présentez-lui mes respects. Je vous charge aussi de lui dire
exactement ceci : il manque du duvet à la perdrix, de l'eau à la mer
et des étoiles au ciel. »

Le roi attendit ses messagers avec impatience. Quand ceux-ci furent


auprès de lui, il leur demanda de lui narrer tous les détails, de lui
raconter et de lui décrire les faits et gestes de sa fiancée, ainsi que
tout ce qu'elle avait pu dire. L'un des serviteurs s'avança et relata :
« Sire, ta fiancée nous a bien reçus, mais nous n'avons rien compris
à ce qu'elle nous a dit. Elle ne parle que par énigmes !
Justement ! fit le roi, rapportez-moi exactement ses paroles. » Les
serviteurs firent le récit complet et détaillé de la visite. Aussitôt, le
roi sermonna ses sujets : « Espèces d'idiots ! Ce n'est pourtant pas

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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

sorcier ! Quand elle vous dit que sa mère est partie voir ce qu'elle
n'a jamais vu, cela signifie qu'elle est partie assister à un
accouchement. Quant au père, il est allé dévier l'eau du courant
pour activer la roue de son moulin et vous savez qu'une fois sortie
du moulin, l'eau retourne vers le courant, expliqua le monarque non
sans ridiculiser ses messagers.
Et comment expliquer le partage des poulets, sire, osa demander
l'un d'eux ?
Son partage me paraît logique et équitable : au père revient la tête
du poulet car il est le chef de famille ; à la mère revient le dos car
elle est la charpente du foyer ; aux mâles de la famille, elle a réservé
la poitrine, car ils constituent le rempart qui la protège des attaques
extérieures ; aux sœurs, elle a remis les ailes car ce sont des filles et
la coutume veut qu'un jour la fille quitte ses parents pour vivre chez
son époux. Quant à vous, imbéciles, elle vous a offert les pattes, car
c'est sur vos deux jambes que vous êtes allés la voir.
Ce n'est pas tout ! fit l'un des domestiques. Avant de nous laisser
partir, elle a ajouté ceci : « A la perdrix il manque du duvet, à la mer
il manque de l'eau et au ciel il manque des étoiles. »

Le roi s'empourpra et s'écria : « Soyez maudits ! Qu'avez-vous fait


de mes offrandes, misérables ? »

Les valets s'empressèrent de répondre : « Nous les avons remis à


votre fiancée, comme convenu.
Vous avez osé me voler, petites vermines ! Si ma fiancée dit qu'il
manque du duvet à la perdrix, cela veut dire que vous avez dérobé
des étoffes d'or. Elle dit aussi qu'il manque de l'eau à la mer, c'est
que vous avez également pris du parfum. Pire encore, vous vous
êtes permis de toucher aux émaux des bijoux, sinon il ne
manquerait pas d'étoiles au ciel. Vous voilà démasqués ! »

Les serviteurs se jetèrent immédiatement aux pieds du roi,


implorant son pardon. Celui-ci voulut leur infliger un châtiment
exemplaire, mais se retint à la dernière minute pour éviter de
choquer sa promise. Il se contenta de les prévenir : « Disparaissez
de ma vue et que je ne vous reprenne plus en train de voler, sinon je
vous couperai les mains ! »

Quelques jours s'écoulèrent et vint le moment de célébrer le


mariage du roi. Le royaume entier était en liesse. On favorisa les
réjouissances et on offrit à boire et à manger à tous. Les poètes, les
conteurs, les magiciens, les danseurs et les musiciens égayèrent les
sept prestigieuses nuits de noces que réserva le roi à sa dulcinée.

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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

Quand Thassadith arriva dans sa demeure royale, parée de ses


ornements chatoyants, parfumée de rose et de jasmin, la démarche
aussi gracieuse que celle d'une perdrix, le roi en fut tout ébloui et
eut du mal à croire qu'il s'agissait de la fille du pauvre charbonnier.
Il proposa d'ailleurs à ce dernier d'améliorer sa condition, tant il
était fier de la fille qu'il lui donnait en mariage.

Confortablement installée, Thassadith resplendissait de mille éclats.


Le charme de sa compagnie attirait tout le monde et son éloquence
enchantait tous les esprits. On ne jurait plus que par son nom. Le
roi, bien qu'amoureux de sa jeune épouse, resta fidèle à sa passion.
Il était toujours aussi féru de plaisanteries et de bonnes histoires. Il
avait gardé l'habitude de faire une partie d'échecs avant de
s'endormir. Mais personne ne réussissait à le battre. Il finit par se
lasser de gagner. Un jour, il invita son épouse à jouer contre lui.
Celle-ci eut le pressentiment qu'elle le vaincrait. De peur de le
froisser, elle le pria de renoncer à son idée. Le roi devina la raison
de son refus. Vexé et blessé dans son orgueil, il devint véhément et
la menaça : « Si un jour par malheur ton esprit venait à battre le
mien, je te répudierais. L'homme doit demeurer le plus fort.
Souviens-toi bien de cela ! » Thassadith, qui aimait tellement son
mari, n'osa pas lui livrer le fond de sa pensée. Elle feignit de vouloir
jouer avec lui et le laissa gagner afin d'éviter sa colère. L'incident fut
clos et la jeune reine apprit à ruser pour éviter au roi tout objet de
mécontentement.

Un soir, la reine installée sur sa terrasse profitait de la petite brise


parfumée aux senteurs des innombrables et magnifiques fleurs de
ses vergers, quand elle surprit l'écho d'une conversation entre deux
inconnus. L'un faisait à l'autre le récit de sa mésaventure :

« Depuis mon arrivée dans ce pays, mes ennuis n'ont pas cessé. J'ai
eu confiance en un homme, il m'a volé mon poulain. J'ai demandé
justice au roi, il s'est empressé de me traiter de voleur. L'homme a
réussi à convaincre le roi que mon poulain était l'enfant de sa mule.
J'ai même dû lui verser une amende !
Mon pauvre ami, quelle injustice ! s'apitoya l'autre homme. »

Du haut de sa terrasse, la reine entendit l'histoire et fut prise de


compassion pour l'étranger. Elle fut indignée de ce qui lui était
arrivé. Tant et si bien qu'elle s'adressa à lui, malgré l'interdiction
formelle du roi de se montrer ou de parler à ses sujets. Elle le
réconforta : « Tout n'est pas perdu brave homme ! » Surpris, les
deux hommes levèrent les yeux mais ne virent personne. La reine
ajouta : « Il n'est pas nécessaire de me voir. L'important est que
justice soit faite. Alors faites ce que je dirai. » L'étranger ne sut

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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

toujours pas quelle était la voix qui lui parlait, mais il la trouva si
réconfortante qu'il lui demanda : « Comment espérer justice alors
que mon procès a déjà pris fin et que le verdict a été rendu ?
Le roi s'est trompé, expliqua la reine, et tu n'as pas assez défendu
ta cause. Je sais ce qu'il faut faire pour y remédier. »

Le lendemain, l'étranger demanda de nouveau audience au roi.


Excédé, le souverain le menaça de lui trancher la tête s'il n'avait pas
de bonnes raisons pour le déranger. Comme la reine le lui avait
recommandé, l'homme expliqua : « Ce n'est pas pour l'affaire d'hier
que je suis là, sire. Voilà ce dont il s'agit. J'ai planté un carré de fèves
près de la rivière. Au moment où je m'apprêtais à en faire la récolte,
des poissons ont surgi de l'eau et ont tout mangé. » Furieux et
caustique, le roi grogna : « Misérable créature ! On ne t'a donc
jamais dit que le jour où les poissons sortiront de l'eau pour se
nourrir ce sera la fin du monde ?
Naturellement, sire, je le sais bien, répondit doucement le
plaignant. Mais l'on raconte aussi que le jour où la mule mettra bas
un poulain, ce sera la fin du monde ! » Le roi se tut un instant,
appréciant la sagesse de l'étranger. Cette fois il le crut et lui
demanda : « Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de cela hier, lors de ton
procès ?
C'est que, répondit l'homme, je ne m'en suis rendu compte que
cette nuit. »

Le roi rendit justice et l'étranger repartit satisfait. Malheureusement,


le souverain reconnut là la finesse d'un esprit qu'il admirait
beaucoup, celui de son épouse. Il en déduisit que c'était elle qui
avait conseillé le plaignant. En outre, il connaissait son penchant
incontrôlable pour la justice. Désapprouvant le fait qu'elle lui eut
désobéi, il entra dans une colère noire et se rendit dans ses
appartements. Le regard froid et menaçant, il lui lança :

« Comment as-tu osé outrepasser mes ordres et violer mes


interdictions ? Rappelle-toi, je t'avais prévenue que si un jour ton
esprit venait à faire de l'ombre au mien, je te chasserais de ma vie.
Alors, prends ce que tu as de plus cher et va-t-en d'ici au plus vite !
Bien ! fit la reine, après tout je l'ai mérité car je n'ai pas respecté ta
parole. J'accepte donc ton châtiment. Mais sire, je te sais généreux
et clément. Me permettras-tu une dernière faveur ?
Si c'est la dernière, oui ! » De sa voix douce et charmeuse
Thassadith lui murmura : « Honore-moi, seigneur, de ta présence au
dîner de ce soir, puisque c'est le dernier que je prendrai dans ce
palais. Veux-tu m'offrir cet agréable souvenir en cadeau d'adieu ?
Bon ! céda le roi. Je viendrai, mais je ne m'attarderai pas ! »

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La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur

Le soir venu, la reine prépara un dîner savoureux. Elle décora ses


appartements de mille et une fleurs suaves et fit brûler de l'encens
de musc et de girofle. Elle se para de son plus beau costume de
soirée et arrosa subtilement son corps d'un parfum exquis et
enivrant. Quand le roi entra dans la pièce, il aperçut une telle aura
se dégageant de sa femme qu'il en fut surpris. Elle l'installa
confortablement et lui servit des breuvages divins. Le souverain prit
tant de plaisir à être en sa compagnie qu'il ne tarda pas à tomber
dans l'ivresse la plus totale. La reine Thassadith attendit de voir son
époux endormi sous l'effet de l'alcool pour le mettre dans une
malle. Elle prit ses affaires et quitta le palais, traînant son lourd
fardeau. Elle marcha toute la nuit.

Au petit matin, la reine enfin rassurée s'arrêta pour se reposer.


Exténuée, elle sombra dans un profond sommeil. Brusquement, le
roi qui commençait à étouffer dans sa cachette, s'agita, donna des
coups, ce qui fit sursauter la jeune femme. Elle souleva aussitôt le
couvercle. Soulagé, le roi respira profondément, regarda autour de
lui et l'interrogea d'une voix nerveuse et impatiente : « Où suis-je ?
Et que fais-je ici avec toi ? Tendrement, la reine lui répondit : « Tu
es avec ton épouse, sire ! Souviens-toi ! Hier, tu m'as chassée. Mais
tu m'as autorisée à prendre ce que j'avais de plus cher. Et comme je
n'ai rien de plus cher au monde que toi, j'ai quitté le palais en
t'emmenant avec moi ! » Le roi ne sut quoi répondre. Il fut
agréablement surpris par le tour que lui avait joué sa femme. Il
comprit à quel point elle l'aimait. Il la serra alors dans ses bras et
déposa sur son front un doux baiser. Puis, il s'approcha de son
oreille et lui murmura : « Je sais à présent que ma vie n'aurait plus
aucun sens sans toi ! » Dès lors, le souverain s'assagit et tempéra ses
humeurs. Il n'hésita plus à demander conseil à son épouse. Il devint
moins tyrannique et fit preuve d'une grande humilité.

Thassadith fit le bonheur de son bien-aimé mais aussi celui des


siens et de tout son royaume.

Et dans ce pays-là, quand une fille naissait, on avait alors coutume


de dire : « Que le Ciel t'offre la sagesse de Thassadith ! »

Vos réactions

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La légende de Sidi Brahim

La légende de Sidi Brahim


Légende du Mzab
Le jeudi 1er novembre 2001.

HMM
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Ba messaoud était depuis plus de vingt ans,


prisonnier loin des siens dans une île. De sa cellule,

on voyait seulement un coin de ciel et Ba Messaoud


s'y lamentait sans espoir.

C'est la fin de l'été, pensait il, la fin de l'été et


maintenant, on a récolté les dattes. Et tous doivent

quitter la palmeraies, avec leur maisonnées. pour se


réinstaller dans les villes. Les réunions de cimetière
ont commencé, les distributions de couscous et de

morceaux de chameau. Moi qui savais le Coran par


coeur ; j'avait droit à la viande. Maintenant, c'est

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=10 (1 sur 4)31.08.2004 17:19:14


La légende de Sidi Brahim

pour ma propre âme qu'ils doivent faire la


distribution, le septième vendredi de l'hiver, car
sans aucun doute, ils me croient mort.

C'était le soir, il fit sa cinquiémé prière, car c'était un homme pieux,


et il s'endormit. Or, cette nuit-là, il eut un songe extraordinaire. Un
vieux cheikh tout délabré, tout branlant, serrant dans sa main une
canne ouvragée se tenait devant lui et lui disait : "Selmek, Ba
messaoud, je suis Sidi Brahim, le cheikh oublié. Je suis mort depuis
bien longtemps et personne ne se souvient plus de moi." Ba
Messaoud, toujours dans son rêve, salua profondément. "Tu
souhaites revoir les tiens, continua Sidi Brahim, et ta palmeraie. Si
tu me fais une promesse, je te donnerai la liberté et même, je te
ramènerai au M'Zab." Ba Messaoud écoutait de toutes ses oreilles,
dans une attitude de grande déférence. "Demain, poursuivit le
cheikh, on t'amènera près de la mer pour effectuer des travaux. tes
gardiens seront peu attentifs car des chiens les secondent.
Ils te donneront pour repas des abats. Garde-toi de les manger et
dès que tu verras un peu eloignés de toi, sauve toi à toutes jambes
vers la mer. Les chiens te poursuivront mais tu leur jetteras les abats
et comme ils sont mal nourris, ils s'arrêteront pour les manger. tu
continueras ta route et fermant les yeux, droit ver la mer.
Et la promesse ?
Voici ma canne (le cheikh oublié la lui tendit). Quand tu arriveras
à EL-Atteuf, tu grimperas tout au haut de la colline et tu jetteras la
canne au vent. Là ou elle se plantera, tu bâtiras en mon nom une
mosquée"

Ba Messaoud allait ouvrir la bouche pour poser toutes les questions


qui lui venaient en tête mais le cheikh avait disparu. L'appelant et le
cherchant, il s'agita si bien dans son sommeil qu'il se réveilla. Il
serrait dans sa main, à son tour, la canne finnement décorée.

Le lendemain, comme prévu, les gardiens l'emmenèrent travailler


dans une carrière proche de la mer. Pour repas, il eut des abats (qu'il
cacha) et des moqueries à propos de cette canne dont il ne voulait
pas se séparer et qui semblait faite pour un seigneur ( les geôliers
pensaient qu'il l'avait gravée lui-même dans sa cellule). Il fit ce
qu'avait dit le cheikh et courut vers la mer, jetant ses abats aux
chiens qui s'arrêtèrent pour les dévorer. puis ilferma les yeux,
toujours courant en diréction de la mer en priant Allah de bien
vouloir éventuellement prendre soin de son âme.

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La légende de Sidi Brahim

Lorsqu'il se réveilla, il entendit d'abord autour de lui la plus douce


des musiques : des voix d'hommes qui, dans sa langue, disaient le
Coran. "Est-ce possible, songea-t-il, Allah le bien aimé, très
miséricordieux, je suis chez moi !"

Il sentait la fraicheur d'une mosquée. Laquelle ? Il ne savait pas


encore. C'était l'heure de la prière et l'imam n'était pas encore arrivé.
Lui, Ba messaoud, était enroulé dans sa kachabia rayée, le capuchon
sur le visage. Il était assis et appuyé probablement à un pilier. tout
cela, il le ressentait sans hâte, s'émerveillant silencieusement et
croyant à peine à son bonheur. Puis l'imam entra et, le
reconnaissant à sa voix, Ba Messaoud sut qu'il se trouvait à Melika
haut. La prière allait commencer. Elle ne commençait pas. l'imam
s'était arrêté au milieu de la mosquée et il disait : "C'est un jour de
réjouissance pour nous, frères. Un des nôtres est revenu : j'ai
"sentit" Ba Messaoud.
Ba Messaoud ? Impossible, imam ! Il est prisonnier depuis plus de
vingt ans et nous n'avons plus aucune nouvelle de lui : autant dire
qu'il est mort. Nous ne le reverrons plus !
Ca sent Ba Messaoud, ici, répétait l'imam, obstiné, il parcourait à
grand pas la salle de la mosquée, soulevant les capuchons des
kachabias pour regarder dessous.
Notre imam baisse, soupiraient les croyants, c'est la démence,
l'heure de la prière va passer ..."Lorsque Ba messaoud se dressa et
baisa la main de l'imam, la surprise et la joie saisirent les assistants.
La prière commença sans tarder, après laquelle Ba messaoud put
s'expliquer. On se souvint de cheikh Sidi Brahim et l'on se repenti
de l'avoir laissé dans l'oubli. Selon la coutume, un groupe de jeunes
bâtisseurs se forma aussitôt pour aider ba messaoud à remplir sa
promesse. Ils partirent avec lui a El-Atteuf sans tarder pour arriver
avant la nuit.

Ils montèrent directement sur la crête de la colline, juste au haut de


la ville, et Ba messaoud je ta la canne au vent.

Désolation ! La canne s'était plantée dans une dune de sable.


Comment bâtir sur du sable ? se disaient entre eux les bâtisseurs. Ba
messaoud décida que la nuit porterait peut-être conseil et qu'il était
temps pour lui de revoir sa famille ( que la foule tout doucement
amassée autour d'eux avait prévenu). Tout le monde fut de son avis
et chacun rentra chez soi dans une assez grande excitation. c'était
un soir orageux et venteux.

L'histoire ne dit pas di Ba Messaoud eut encore une entrevue


nocturne avec le cheikh oublié mais elle assure que, le lendemain,
toute la dune de sable reposait de l'autre côté de la colline (où elle

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La légende de Sidi Brahim

est encore, vous pouvez la voir aujourd'hui). La canne était fichée


dans le roc, tout contre la tombe de cheikh Sidi Brahim. Ainsi fut
donc bâtie sa mosquée.

Le M'zab : Manuelle Roche. Architecture Ibadite en Algérie. Arthaud.

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La légende du Rossignol - Pourquoi chante t il la nuit ?

La légende du Rossignol -
Pourquoi chante t il la nuit ?
Fable Berbère
Le lundi 1er décembre 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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Cela se passait il y a bien longtemps ?


si longtemps même que la date exacte en a été oubliée ?
sur les pentes ensoleillées et arides de la montagne berbère. Dans
l'entrelacement des branches noueuses d'un vieux cep de vigne qui
avait poussé là, un couple de rossignols avait bâti son nid. Tandis
que la jeune femelle couvait consciencieusement ses oeufs tout au
long des jours et des nuits, le mâle, lui, volait à la recherche de
moucherons sans trop s'écarter toutefois du nid, dont il assurait une
garde vigilante.
C'était en juin, et la vigne, sous l'action bienfaisante du soleil,
poussait magnifiquement.

Or, un soir, le rossignol, fatigué par des courses plus longues qu'à
l'ordinaire, s'endormit profondément sur le bord du nid, pour ne
s'éveiller qu'au matin. (© publié par Tamurth.net)A sa stupéfaction, il
constata alors que sa femelle et lui-même étaient devenus
prisonnier des vrilles de la vigne, dont la poussée exubérante avait
formé durant la nuit une cage inattendue.

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La légende du Rossignol - Pourquoi chante t il la nuit ?

Après bien des craintes et des efforts, il parvint enfin à se libérer et


à dégager sa couvée. Mais l'alerte avait été chaude.

Pour se tenir éveillé, et ne plus s'exposer à l'avenir à semblable


péril, il prit la décision de chanter chaque nuit.

"Et ce chant, en souvenir de cette fâcheuse aventure, répète ? dit ?


on ? dans son trille harmonieux, la phrase suivante : "je ne dormirai
plus, jamais plus..."

Conte berbère rapporté par Pierre MANIERE in "Algéria", Février-Mars 1950.


de M. Guy Roque (1) Texte envoyé par Mme ROQUE.
Acep-Ensemble N° 233 juin 2002

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La tombe oubliée

La tombe oubliée
Conte Algérien
Le vendredi 1er août 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● La légende de Sidi Brahim

Il y avait ce qu'il y avait


Il y avait des basilics et des lys

Sur les genoux du prophète


Sur lui prière et salut
Il y avait dans un pays deux frères : l'un était riche et l'autre n'avait
pas devant lui le repas d'un soir. Un jour, les hommes sages allèrent
trouver le riche et lui demandèrent : "Pourquoi n'aides-tu pas ton
frère ? Il n'a rien alors que tu possèdes de grandes richesses."Le
temps passa et vint l'Aïd. Le riche dit à sa servante :
"Voilà un mouton, un sac de semoule et un pot de beurre. Va les
porter à la tombe oubliée."
La servante mit la semoule et le beurre sur l'âne, s'installa sur le bât
après avoir passé une corde au cou du mouton. Elle se mit en route
en se demandant comment elle reconnaîtrait la tombe oubliée.
Elle se rendit dans un cimetière, avisa une tombe délabrée, y attacha
le mouton, y déposa le sac et le pot et revint à la maison de son
maître. Celui-ci lui demanda : "

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=78 (1 sur 7)31.08.2004 17:19:17


La tombe oubliée

As-tu fait la commission dont je t'avais chargée ?


Oui, Sidi." Le temps passa. Les gens du village allèrent voir le
pauvre et le questionnèrent :"

Ton frère a-t-il été généreux avec toi ?


Non", répondit-il. Ils retournèrent auprès du riche et lui
reprochèrent son avarice. Il s'étonna : "

Mais, je lui ai envoyé des vivres pour l'Aïd. Ce doit être un coup
de la servante. Appelle-moi cette fille de chien." Vint la servante : "

Où as-tu mis les provisions que je t'avais confiées ?


Tu m'as ordonné de les porter à la tombe oubliée. Je les ai
déposées sur la tombe la plus désolée du cimetière." Le pauvre avait
tout entendu. Il se leva et fit ce serment : "

Par Dieu, le pays où j'ai été surnommé la tombe oubliée, je n'y


resterai plus. J'y reviendrai quand la fortune m'aura souri." Il se
rendit chez lui et dit à sa femme : "

Prépare-moi quelque chose pour la route. Demain, je partirai. Si


j'arrive à survivre, c'est tant mieux ; si je meurs, tel aura été mon
destin.

Il se leva tôt le matin et se mit en route. Il marchait depuis


longtemps et le soleil commençait à décliner vers le couchant,
lorsqu'il aperçut une fumée devant lui.

Je vais me rendre dans cette maison là-bas. Si elle est habitée par
des ogres, je serai dévoré. Si ce sont des humains qui s'y trouvent,
j'aurai à manger et un abri pour la nuit.
Lorsqu'il fut près de la demeure, il croisa un corbeau qui lui
demanda où il allait. Le pauvre désigna de la main la maison.
Malheureux, c'est là habitent quarante ogres. Mais je vais t'indiquer
comment te tirer d'affaire. Pour pénétrer à l'intérieur de la maison,
tu n'auras qu'à dire : "Porte, ouvre-toi par la grâce de Dieu."
Lorsque tu sortiras, tu prononceras l'autre formule : "Porte, ferme-
toi par la grâce de Dieu."
Le pauvre arriva devant la maison et prononça la formule
d'ouverture. La porte s'ouvrit et il pénétra dans une vaste pièce. Il
vit quarante plats de couscous, accompagnés d'autant de morceaux
de viande et de cruches d'eau. Il mangea une cuillerée dans chaque
plat, prit une bouchée de viande de chaque part et but une gorgée
de chaque cruche. Il s'essuya la bouche et aperçut un énorme tas de
pièces d'or, qui occupait tout un coin de la pièce. Il mit quelques
poignées de louis dans son capuchon, redit la formule d'ouverture.
La porte s'ouvrit, il sortit, prononça la formule de fermeture et le

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=78 (2 sur 7)31.08.2004 17:19:17


La tombe oubliée

lourd battant retomba.

Il revint chez lui et demanda à sa femme le grand plat en bois. Il y


vida les pièces d'or. Ses enfants se mirent à pousser des ris de joie et
lui demandèrent d'où venait cette richesse.
"C'est Allah qui nous a pris en pitié."
Le pauvre envoya sa fille emprunter le boisseau à son frère. Le riche
et sa femme s'interrogèrent : que pouvait bien avoir à mesurer un
homme aussi misérable ? Ils collèrent un peu de résine(loubène, pate
végétal a mastiquer) au fond du boisseau.
Lorsque le pauvre mesura l'or, un Louis resta collé au fond du
récipient. Le riche découvrit la pièce et dit :
Ce fils de chien possède une grande richesse et je n'en savais rien.
Nous verrons cela demain. Le lendemain, il alla trouver son frère et
lui déclara : Mon frère, fils de ma mère, la barbe te mange le visage.
Pourquoi donnes-tu une telle image de misère ? Viens avec moi, je
vais te raser.
Celui qui fait du bien ne demande pas conseil. Allons-y.
Nous serons mieux dans ce champ, là-bas, au soleil. Lorsqu'il
furent à l'écart le riche dit à son frère :
Mets ta tête sur mes genoux. Puis subitement, il ajouta :
Si tu ne me révèles pas d'où vient l'or que tu as, je t'égorgerai.
Mon frère, fils de ma mère ne fais pas de mes enfants des
orphelins ; ne me tue pas et je te raconterai tout. Il lui fit le récit de
son aventure et ajouta :
Si tu y vas, ne mange qu'un peu de chaque plat ne bois qu'une
gorgée de chaque cruche d'eau. Prends dans le tas de louis ce que
Dieu t'auras permis et sors en redisant la formule de fermeture.
Le riche dit à sa femme :
Prépare-moi des vivres pour la route. Je partirai demain.
Il suivit les instructions de son frère. Mais une fois dans la demeure
des ogres, il vida tout un plat de couscous, dévora un morceau
entier de viande et vida un pot d'eau. Il remplit ensuite un grand sac
de pièces d'or qu'il traîna péniblement vers la porte. Il prononça la
formule d'ouverture. Mais la porte resta fermée. Il eut beau répéter :
"Porte, ouvre-toi par la grâce de Dieu", le lourd battant de bois
resta sourd à ses supplications. Ce fut bientôt la nuit. Il entendit le
mugissement des quarante ogres qui revenaient. Il chercha où se
cacher. Il aperçut les peaux des ânes qu'avaient dévorés les ogres, en
endossa une, s'accroupit et entassa les autres dépouilles autour de
lui. Les ogres entrèrent en grognant et, ne trouvant pas le repas de
l'un d'entre eux, se mirent à se quereller. Puis ils se mirent à renifler
et à grommeler.
"L'odeur des Humains est dans nos murs. L'odeur des soldats et
des armes. L'odeur des Humains est dans nos murs."

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La tombe oubliée

Il cherchèrent partout mais en vain. Ils chauffèrent alors les


tisonniers et en piquèrent les peaux d'ânes. Ils finirent par toucher
le malheureux qui hurla. Les ogres se jetèrent sur lui et le
dévorèrent ne laissant que la tête.
Le lendemain, en partant, ils suspendirent devant leur porte la tête
et le burnous de leur victime.
Le second frère, celui qui était pauvre, après avoir vainement
attendu le retour du riche, décida d'aller à sa recherche. Arrivé près
de la maison des ogres, il découvrit la tête dégoulinante de sang et le
burnous de son frère : "J'ai toujours su que tu ne t'en tirerais pas et
qu'ils te mangeraient", soupira-t-il.
Il décrocha ce qui restait de son malheureux frère et reprit le
chemin du retour. Pendant qu'il cheminait, (© publié par Tamurth.net)
le sang tombait goutte à goutte de la tête. Derrière lui l'alouette
recouvrait de poussière la trace sanglante. Lorsqu'il fut près de la
maison l'oiseau passa entre ses pieds. Il le chassa : "

Va-t-en ! Puisse-t-il ce qui m'est arrivé !


C'est ainsi que tu me remercies du bien que je cherche à te faire ?
" Et l'alouette reprit le chemin inverse en découvrant toutes les
gouttes de sang.
Lorsque les ogres revinrent chez eux le soir ils ne trouvèrent plus la
tête et le burnous. Ils se transformèrent qui en chevaux, qui en
marchands qui en outres d'huiles. Ils leur suffisaient de suivre les
traces laissées par le frère pour arriver à sa maison. Il faisait nuit
noire lorsqu'ils frappèrent à la porte.

Qui va là ? Interrogea le frère.


Des invités de Dieu, qui demandent l'hospitalité pour une nuit."
Le maître de maison les fit entrer. Il attacha les chevaux dans un
coin de la cour, déroula des tapis pour les hommes dans un autre, et
entreposa les outres près du réduit où dormait la servante.
Avant la fin de la nuit, la servante se leva pour se mettre à moudre
le grain de la journée. Comme elle n'avait plus d'huile dans sa lampe
elle voulut en prendre un peu dans les outres. Mais voilà que
chaque fois qu'elle s'approchait d'une outre celle-ci sautillait et
s'éloignait. Elle se mit à chanter tout en faisant tourner sa meule :
Lala et Sidi se sont endormis
Que Dieu endorme leur voix !
L'outre saute et se déplace.
Elle chanta tant et si bien qu'elle réveilla sa maîtresse qui secoua son
mari. Celui-ci alla voir la servante :
Fille de chien, qu'as-tu à chanter ainsi de si bon matin ? Elle lui
raconta ce qu'elle avait vu.
Ce sont des Ghouls (des monstres, des ogres), dit-il. Il réveilla son fils
aîné alluma un grand feu et y jeta les hommes encore endormis,

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=78 (4 sur 7)31.08.2004 17:19:17


La tombe oubliée

dans les outres. Il s'apprêtait à y participer les chevaux entravés


quand le fils supplia :

Père regarde combien cette jument est belle ! Laisse-la moi ! Le


père eut beau lui dire que c'était une ogresse, le jeune homme ne
voulut rien entendre. Le père finit par céder.
Le temps passa. Les gens du pays décidèrent se rendre au Sahara
pour acheter de la laine. Le fils demanda la permission de les
accompagner. Le père donna son accord mais lui déconseilla d'y
aller monté sur la jument : "Elle te dévorera, car elle est de la race
des ogres."
Le jeune homme s'obstina dans son désir de parader sur la
magnifique bête. Avant le départ, sa mère lui remit un fuseau et une
quenouille et lui dit :
Mon fils, si la jument veut te manger plante le fuseau et la
quenouille en terre et dit : "Monte arbre de ma mère et de mon
père." Un arbre s'élèvera très haut dans le ciel et tu seras sauvé.
La caravane partit. La jument commença par devancer tout le
monde puis s'arrêta. Les compagnons du jeune homme le
rejoignirent et, comme la jument se roulait par terre et refusait de se
relever, continuèrent leur route. Le jeune homme vit que la jument
devenue ogresse allait le dévorer. Il ficha en terre le fuseau et la
quenouille et dit :
Monte, arbre de ma mère et de mon père. Un arbre monta,
monta... Le fils grimpa le long du tronc qui s'élevait très haut. La
jument-ogresse s'absentait dans la journée et ne revenait que le soir.
Elle passait la nuit à ronger le tronc de l'arbre jusqu'à ce qu'il ne
reste plus qu'un doigt pour qu'il se rompe. Et l'arbre retrouvait son
aspect initial au matin. Il en alla ainsi pendant des jours et des jours.
La caravane était maintenant de retour. Elle passa sous l'arbre. On
interrogea le jeune homme :
Que t'est-il arrivé ?
Ma jument m'a trahi. Elle s'est révélée ogresse. Dites à mon père
mon histoire. Si vous oubliez votre bouillon sera de sang et votre
couscous de charbon.
La caravane repartit et arriva au village. Les hommes du voyage
avaient oublié la commission dont les avait chargés le jeune
homme.
Le soir, on leur servit le souper. Le bouillon devint sang et le
couscous charbon. Ils se souvinrent alors et allèrent avertir le père
de leur infortuné compagnon. Le père leur dit : "Préparez-vous.
Nous partirons demain."
Ils prirent un burnous, une botte de paille et se mirent en route.
Ils arrivèrent au pied de l'arbre descendirent le jeune homme de son
perchoir et attachèrent à sa place le burnous enroulé autour de la
paille. Ils revinrent au village.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=78 (5 sur 7)31.08.2004 17:19:17


La tombe oubliée

Comme tous les soirs l'ogresse vint ronger le tronc. Vers minuit, le
vent se leva et emporta le burnous. Elle se précipita et planta ses
dents, si fort qu'elles restèrent fichées en terre.
"Tu m'as trompé fils de chien mais je te poursuivrai, où que tu
ailles !"
Elle se rendit au village et prit l'apparence d'une jeune femme d'une
grande beauté. Elle se dirigea vers un groupe de jeunes gens parmi
lesquels se trouvait son ancien maître et déclara :

Hommes ! Vous allez vous battre contre moi. Comme tous


refusaient de s'en prendre à une femme, elle ajouta :
Ceuli qui me dominera sera mon époux. Elle défit successivement
tous ceux qui se mesuraient à elle. Il ne restait plus que le jeune
homme qu'elle avait été sur le point de dévorer :
Et celui-là ? Pourquoi ne se bat-il pas ?
Celui-là vient juste d'échapper à l'ogresse et il est encore trop
faible.
Il a peut-être la baraka et pourra me vaincre. On essaya de la
dissuader, mais elle insista et le jeune homme dut l'affronter. Dès
qu'il la toucha, elle tomba et il l'épousa.
Le jeune couple s'installa dans la maison familiale. Le père possédait
maintenant des troupeaux. Chaque nuit, l'ogresse se levait,
choisissait la plus belle bête et la dévorait. Le cheptel diminuait au
lieu d'augmenter. Le père s'inquiétait. Le berger lui dit :
Maître, je compte les bêtes en les faisant entrer dans la cour ; et je
les comptes en les emmenant au pâturage. Sois là demain matin et
tu pourras constater que le troupeau diminue la nuit, dans ta cour.
Le père constata qu'au matin un mouton manquait. Il se cacha au
milieu du troupeau pour voir ce qui se passait. Au milieu de la nuit
sa bru vint dans la cour choisit un beau bélier et le dévora. Il en fut
ainsi pendant trois nuits. La troisième fois le père saisit la jeune
femme par ses cheveux :
Que fais-tu ici et à cette heure, fille de chienne ?
Sidi je suis venue prendre un peu de laine pour ma quenouille.
Le père emmena toute sa famille et quitta le pays. Il demanda aux
autres habitants de partir aussi. Ne restèrent que le fils et l'ogresse.
Elle obligeait son mari à mener le troupeau près de l'oued et le
menaçait :

Si une bête du troupeau ou quelque autre animal que ce soit met


le museau dans l'eau, ton sang en une gorgée et ta chair en une
bouchée.

Le jeune homme passait ses journées à surveiller toutes les bêtes et


à les empêcher de boire. Un jour de canicule, le serpent demanda à
boire. Cela lui fut refusé. Vint ensuite le mouton puis la chèvre, le
chien... Tous les animaux firent la même demande et tous reçurent

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=78 (6 sur 7)31.08.2004 17:19:17


La tombe oubliée

la même réponse.
Enfin une jument lui dit :
"Laisse-moi boire et je te sauverai."
Il la laissa boire. Elle ajouta :
"Monte sur mon dos et ne crains rien."
Tous les autres animaux purent se désaltérer. L'ogresse se mit à la
poursuite du jeune homme. Elle était sur le point de le rejoindre
lorsque la jument lui donna une ruade qui l'envoya rouler loin. Elle
se releva et se remit à courir. La jument lui décocha une seconde
ruade, si bien ajustée qu'elle la tua net. Les habitants du village
revinrent chez eux. Le fils se remettait lentement de la grande peur
de l'ogresse.
Un jour, il voulut revoir l'endroit où elle reposait. Il avait oublié
qu'elle lui avait dit avant d'expirer : "Tu ne m'échapperas pas. Je te
briserai un bras ou t'éborgnerai."
Il mit le pied sur un de ses os qui vola en l'air et lui creva un oeil.

Notre conte est dans la forêt


Que notre récolte soit belle cette année

Tradui t de l'arabe dialectale par Zineb ALI-BENALI


Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

Vos réactions

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Le Chacal, le Lion et le Mulet

Le Chacal, le Lion et le Mulet


Conte du pays Chleuh
Le lundi 15 avril 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

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Une histoire d'animaux des Imazighen Marocains...

C'est l'histoire d'un lion qui s'en vint trouver un chacal et lui dit :
« Je voudrais que vous me procuriez de quoi manger : voilà huit
jours que je reste sur ma faim »
« Il y a ici, répondit le chacal, un mulet qui broute dans un
pâturage : mais il faut que nous lui trouvions un motif ».
« Entendu, dit le lion, quoi que vous décidiez, je vous
soutiendrai »
« Venez, reprit le chacal, rendons-nous ensemble chez lui. Dès
que j'arriverai, je lui dirai que le roi nous a prescrit de produire
chacun son arbre généalogique, à savoir ses racines, bref l'identité
de son père. Voilà, continua-t-il, le langage que je lui tiendrai, c'est
ça le meilleur prétexte. Le mulet, c'est connu, n'a pas d'origine
avouable : ses parents sont la jument et le baudet, sauf votre
respect. Alors, conclut le chacal, quand nous nous présenterons à
vous, il faut que vous m'interrogiez en premier »

Ils arrivèrent donc auprès du mulet. Le chacal l'appela et lui dit :


« Venez voir ce que dit le lion ».

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=38 (1 sur 2)31.08.2004 17:19:18


Le Chacal, le Lion et le Mulet

« Moi, dit le lion, je ne suis que l'envoyé du roi. Ne me prêtez


aucune mauvaise intention »
« Je vous en prie messire », dit le mulet.
« Je viens, dit le lion, vous poser une question : il faudrait que
vous me fassiez connaître vos origines »
« En ce qui me concerne, oncle lion, dit le chacal, je suis chacal,
descendant de chacals, et ceci jusqu'au chacal que Noé a pris avec
lui dans l'arche. »
« Et vous ? » demanda-t-il au mulet.
« Moi, monseigneur répondit le mulet,
je n'ai pas de tête. Il faut que j'aille demander à ma mère quelle est
mon origine ».
« Entendu », dit le lion.

Or notre mulet était de solide carrure. Il s'arrêta auprès d'un


forgeron, et quand il lui eut mis une ferrure neuve, il revint en se
mettant à boiter d'un pied.

Les deux autres lui demandèrent :


« Qu'est-ce qui arrivé pour que vous boitiez ? »
« C'est, dit-il, une lettre que ma mère m'a fourrée dans le sabot.
J'avais peur que si je la mettais dans la bouche elle se mouille ; alors
je l'ai mise dans le sabot ».

Quand il fut près d'eux, il leur dit : « Désignez l'un de vous pour
qu'il vienne la lire » Le lion dit au chacal :
« Allez la lire ».
« Monseigneur, prétexta le chacal, je n'y vois pas clair du tout ».

Le lion s'avança pour la lire. Alors, le visant bien entre les deux
yeux, le mulet lui décocha une ruade qui lui fit voler le crâne en
éclat.

Conté par Abdesslam ou Lahcen n Id Bram en Novembre 1950.

Alphonse Leguil, « Contes berbères de L'Atlas de Marrakech », Editions


L'Harmattan,2000.

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Le Chêne de l'Ogre

Le Chêne de l'Ogre
Conte Kabyle
Le dimanche 1er juin 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● La chatte
● Ouargla et ses Anciens !
● Contes berbères chaouis de l'Aurès
● Le Sultan
● Le Mari, la Femme et les villageois
● Ouarda
● Le Lion l'Hyène et le Chacal
● Le maître d'école et la femme

Que mon conte soit beau et se deroule comme un


long fil !

L'on raconte qu'aux temps anciens il etait un pauvre vieux qui


s'entetait a vivre et a attendre la mort tout seul dans sa masure. Il
habitait en dehors du village. Et jamais il n'entrait ni ne sortait, car il
etait paralyse. On lui avait traine son lit pres de la porte, et cette
porte, il en tirait la targette a l'aide d'un fil. Or ce vieux avait une
petite fille, a peine au sortir de d'enfance, qui lui apportait tous les
jours son dejeuner et son diner. Aicha venait de l'autre bout du
village, envoyee par ses parents qui ne pouvaitent eux-memes
prendre soin du vieillard.

La fillette, portant une galette et un plat de couscous, chantonnait a


peine arrivee :
Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !
Et le grand-pere repondait :
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

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Le Chêne de l'Ogre

La fillette heurtait l'un contre l'autre ses bracelets et il tirait la


targette. Aicha entrait, balayait la masure, serait le lit. Puis elle
servait au vieillard son repas, lui versait a boire. Apres s'etre
longuement attardee pres de ui, elle s'en retournaait, le laissant
calme et sur le point de s'endormir. La petite fille racontait chaque
jour a ses parents comment elle avait veille sur son grand-pere et ce
qu'elle lui avait dit pour le distraire. L'aieul aimait beaucoup a la voir
venir.

Mais un jour, l'Ogre apercut l'enfant. Il la suivit en cachette jusqua


la masure et l'entendit chantonner :
Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !
Il entendit le vieillard repondre
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

L'Ogre se dit ; "J'ai compris. Demain je reviendrai, je repeterailes


mots de la petite fille, il m'ouvrira et je le mangerai !"

Le lendemain, peu avant que n'arrive la fillette, L'Ogre se presenta


devant la masure et dit de sa grosse voix"
Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !
Sauve-toi, maudit ! lui repondit le vieux. Crois-tu que je ne te
reconnaisse pas ?

L'Ogre revint a plusierus reprises mais le vieillard, chaque fois,


devinait qui il etait. L'Ogre s'en alla finalement trouver le sorcier.
Voici, lui dit-il, il y a un vieil impotent qui habite hors du village.
Il ne veut pas m'ouvrir parece que ma grosse voix me trahit.
Indique-moi le moyen d'avoir une voix aussi fine, aussi claire que
celle de sa petite fille.

Le sorcier repondit :
Va, enduis-toi la gorge de miel et allonge-toi par terre au soleil, la
bouche grande ouverte. (© publié par Tamurth.net)Des fourmis y
entreront et racleront ta gorge. Mais ce n'est pas en un jour que ta
voix s'eclaircira et s'affinera !

L'Ogre fit ce que lui recommandait le sorcier ; il achetait du miel,


s'en remplit la gorge et alla s'etendre au soleil, la bouche ouverte.
Une armee de fourmis entra dans sa gorge.

Au bout de deux jours, l'Ogre se rendit a la masure et chanta


Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !

Mais le vieillard le reconnut encore.

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Le Chêne de l'Ogre

Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es.

L'Ogre s'en retourna chez lui.

Il mangea encore et encore du miel. Il s'entendit de longues heures


au soleil. Il laissa des legions de fourmis aller et venir dans sa gorge.
Le quatrieme jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la
fillette. L'Ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant
sa masure :
Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !
Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille ! reponda l'aieul.

L'Ogre s'etait muni d'une chaine ; il la fit tinter. La porte s'ouvrit.


L'Ogre entra et devora le pauvre vieux. Et puis il revetit ses habits,
prit sa place et attendit la petite fille pour la devorer aussi.

Elle vint, mais elle remarqua, des qu'elle fut devant la masure, que
du sang coulait sous la porte. Elle se dit : "Qu'est-il arrive a mon
grand-pere ?".
Elle verrouilla la porte de l'exterieur et chantonna
Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !

L'Ogre repondit de sa voix fine et claire :


Fais sonner tes petits bracelets, o Aicha ma fille !

La fillette qui reconnut pas dans cette voix celle de son grand-pere,
posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu'elle tenait, et
courut au village alerter ses parents.
L'Ogre a mangermon grand-pere, leur annonca-t-ell en pleurant.
J'ai ferme sur lui la porte. Et maintenant qu'allons-nous faire ?

Le pere fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque


famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous cotes
pour porter ces fagots jusqu'a la masure et y mettre le feu. L'ogre
essaya vainement de fuire. Il pesa de toute sa force sur la porte qui
resista. C'est ainsi qu'il brula.

L'annee suivante, a l'endroit meme ou l'Ogre fut brule, un chene


s'elanca. On l'appela le "Chene de l'Ogre". Depuis, on le montre aux
passants.

Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conte a des Seigneurs.

"Le Grain Magique"

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Le Chêne de l'Ogre

Taos Amrouche (Paris : Chez Francois Maspero, 1971)

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Le Conte Berbère

Le Conte Berbère
Le mardi 1er janvier 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Aïcha Mozbayel - épisode 1
● Histoire du Coffre
● La chatte
● La légende de Sidi Brahim
● Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des
frères Grimm
● Le Mari, la Femme et les villageois
● Le roi Baghai
● Tersheddat et ses compagnes jalouses

Plusieurs arguments plaident en faveur de la très grande ancienneté


de ces contes :

Les animaux, voire parfois les plantes : y ont souvent la parole,


ce qui renvoie à une très ancienne culture, probablement
néolithique, où tout être était considéré comme ayant un esprit, et
pouvant donc à ce titre s'exprimer par le verbe. Certains thèmes se
retrouvent d'ailleurs dans les contes européens.

On y retrouve parfois des animaux qui n'existent plus depuis


longtemps en Afrique du Nord. Ainsi, si le lion a disparu
relativement récemment, on trouve parfois mention du tigre, qui lui
a disparu depuis l'antiquité.

Lorsque sont mis en scène les humains, l'autorité du chef est le


plus souvent remise en cause. La femme est souvent mise en valeur
pour son intelligence, et se montre capable de résoudre des
situations que les hommes ne peuvent vaincre. Ceci renvoie à
l'ancienne culture amazighe, où la femme est considérée comme
l'égale de l'homme, et où un chef peut être remis en cause s'il n'est

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=54 (1 sur 3)31.08.2004 17:19:32


Le Conte Berbère

pas compétent.

Souvent des enfants se retrouvent confrontés à des situations


qu'un adulte ne pourrait résoudre, mais ils s'en tirent avec succès.
C'est souvent un père, indigne ou influencé par une femme
mauvaise qui va provoquer cette situation. Alors le jeune garçon
doit se montrer digne d'être un homme dans des épreuves
redoutables qui effraieraient tout adulte.

De même, le plus souvent prisonnière, la jeune fille y est souvent


symboliquement "libérée" donc devenant femme, apte à trouver un
époux. On peut penser que le l'origine des contes remonte à la
préhistoire. Il s'agit sans doute d'une traduction symbolique des
rituels de passages de l'enfant à l'adulte, qui sont très anciens.

Les contes des Imazighen ont pourtant subi diverses influences.


Comme toujours, la culture amazighe a su intégrer divers emprunts.

On trouve quelques contes qui mettent en scène Noé ou


Salomon, et qui indique une influence de la religion juive. D'autres
contes se moquent ouvertement des juifs, qui sont qualifiés de
fourbes, et de voleurs. Cependant, il convient de relativiser : on sait
qu'en Afrique du Nord, les juifs usaient des mêmes contes pour se
moquer....des Imazighen, en changeant les personnages. Il ne s'agit
donc pas d'antisémitisme, mais de rivalités plutôt goguenardes entre
communautés...

Certains contes en appelle au Prophète, au Taleb (Sage ou


étudiant en religion, en Islam) et au Djinn, ce qui signifie qu'ils ont
été adaptés avec l'islamisation(les influences israëlites, pré-
islamique).

Il est d'ailleurs assez facile de montrer que les contes arabes ont
largement emprunté aux contes imazighen. Ainsi, quand Ali Baba
découvre un trésor et demande à son frère riche une mesure pour
mesurer les pièces d'or, sa belle sœur fait enduire le récipient de
poix et récupère une pièce d'or. (© publié par Tamurth.net)On
retrouve exactement la même scène dans un conte kabyle et dans
un conte amazigh marocain. La seule différence, c'est que les
opposants ne sont pas des voleurs mais des ogres, êtres surnaturels
très présents dans les contes des Imazighen... On pourrait
multiplier les exemples de ces emprunts qui montrent qu'en fait les
Arabes se sont largement inspirés des Imazighen.

Certaines moqueries à l'égard du Pacha rappellent comment les

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=54 (2 sur 3)31.08.2004 17:19:32


Le Conte Berbère

Imazighen tinrent têtes à l'empire turc.

Enfin, la mise en scène, assez rare, du coq, emblème de la France


présenté comme stupide, où le ridicule du maître d'école sont sans
équivoque des réponses ironiques de la sagesse populaire à la
colonisation, même si elles s'inspirent sans doute de contes plus
anciens.

Entre très grande ancienneté et souvenir de l'histoire récente, les


contes font donc partie de la mémoire des Imazighen.

Sources diverses ...

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Le corbeau qui s'était piqué avec une épine

Le corbeau qui s'était piqué


avec une épine
Un Conte Turc
Le dimanche 1er août 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

Dans la même rubrique


● Ouargla et ses Anciens !
● Sidi Aïssa
● Histoire du Coffre
● Balajoudh et l'Ogresse Tseriel
● Ouarda
● Le Sultan
● La femme noire et les trois Tahenchit
● Le Lion l'Hyène et le Chacal

Un corbeau s'en allait à travers la campagne. Alors qu'il se posait sur


un buisson, une épine s'enfonça dans sa patte. Il réussit à l'arracher
et il la porta chez une femme. Il lui dit :
Peux-tu me garder cette épine, s'il te plaît.Je reviendrai la
chercher.

La vieille accepta, elle prit l'épine et la posa sur la cheminée. Un jour


passa, puis un autre, le corbeau ne revenait pas.

Un soir, elle alluma sa chandelle. Mais la mèche était trop basse.


Alors la femme prit l'épine pour tirer la mèche. Et voilà que la
flamme de la chandelle brûla l'épine, juste au moment où le corbeau
arrivait !

Je suis venu chercher mon épine, dit le corbeau.


Ah, mon fils, par malheur ton épine a brûlé. J'ai voulu tirer la
mèche de la chandelle avec… Mais le corbeau ne voulut rien
entendre, il répéta :

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=180 (1 sur 3)31.08.2004 17:19:35


Le corbeau qui s'était piqué avec une épine

Je veux mon épine. Je t'avais dit que je viendrais la chercher.

Comme la femme ne pouvait lui rendre son épine, il se mit à crier :


Donne-moi l'épine ou la chandelle ! L'épine ou la chandelle ! Cela
dura des heures, et à la fin, pour avoir la paix, la femme lui donna sa
chandelle. Le corbeau partit avec la chandelle et alla la confier à une
vieille femme. Il lui dit :
Peux-tu me garder cette chandelle. Je reviendrai la chercher.

Le soir même, la vieille prit la chandelle du corbeau pour aller traire


sa vache dans l'étable. Elle posa la chandelle derrière la vache, sur le
sol. Pendant la traite, la vache donna un coup de sabot et cassa la
chandelle, juste au moment où le corbeau arrivait !

Je suis venu chercher ma chandelle, dit le corbeau.


Ah, mon fils, par malheur la vache a cassé la chandelle d'un coup
de sabot. Mais le corbeau ne voulut rien entendre, il répéta :
Je veux ma chandelle ou la vache ! Il cria ainsi pendant des heures
et des heures. La vieille était au supplice. Et à la fin, pour avoir la
paix, elle fut obligée de donner sa vache au corbeau.

Le corbeau prit la vache et alla la mener chez une autre femme.


Peux-tu me garder cette vache, s'il te plaît. Je reviendrai la
chercher bientôt.

La femme installa la vache dans l'étable. Un jour passa, puis un


deuxième, puis un troisième. Le corbeau ne revenait pas. Or, la
femme allait marier son fils. Elle attendait beaucoup d'invités.

La femme attendait donc beaucoup d'invités pour le mariage de son


fils et le corbeau ne revenait toujours pas chercher sa vache. Elle
finit par penser qu'il avait oublié… Elle pensait qu'avec une vache,
on peut préparer beaucoup de plats de viande… Elle attendit
encore un peu … puis elle décida de tuer la vache du corbeau.

Elle tua donc la vache et put préparer beaucoup de plats délicieux


pour tous ses invités. Tous se régalèrent et mangèrent toute la
vache.

Quand il n'en resta plus une seule bouchée, juste à ce moment, qui
arriva ? Le corbeau, bien sûr, qui n'attendait que ça !

Je viens chercher ma vache, dit le corbeau à la femme.


Ta vache ? ! Je ne l'ai plus. J'ai attendu plusieurs jours et puis,
comme tu ne revenais pas, j'ai pensé que tu n'avais plus envie de la

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=180 (2 sur 3)31.08.2004 17:19:35


Le corbeau qui s'était piqué avec une épine

reprendre… Alors, comme je marie mon fils, je l'ai prise pour faire
le repas de noces… Je l'ai offerte aux invités, aux amis de la mariée,
à la famille de la mariée, à la mariée…

Eh bien, puisque tu ne peux pas me rendre ma vache, donne-moi


la mariée ! Au début, la femme ne voulait pas écouter une telle
sottise mais le corbeau commença à crier :
Je veux la vache ou la mariée ! Je veux la vache ou la mariée ! Il
criait et criait et cela dura des heures et des heures. A la fin, pour
avoir la paix, on fut bien obligé de le laisser partir avec la mariée.

Le corbeau partit dans la montagne avec la mariée, habillée de ses


beaux habits. Il rencontra un berger qui jouait de la flûte. La
musique était très jolie, si jolie que le corbeau dit au berger :
Frère, si tu me donnes ta flûte, je te donnerai cette nouvelle
mariée.

Le berger réfléchit, mais pas longtemps. La fille était jolie, toute


prête à être mariée dans ses beaux habits de noces.
D'accord, répondit le berger.

Et le berger donna la flûte au corbeau et prit la mariée. Le corbeau


partit en chantant : J'ai donné l'épine, j'ai pris la chandelle, J'ai donné la
chandelle, j'ai pris la vache, J'ai donné la vache, j'ai pris la mariée, J'ai donné
la mariée, j'ai pris la flûte Duturu, duturu, duturuuuuuuuu…

Vos réactions

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Le Hérisson, le Chacal et le Lion

Le Hérisson, le Chacal et le
Lion
Conte du pays Chleuh
Le jeudi 1er août 2002.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

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● Le Conte Berbère
● Aïcha Mozbayel - Episode 4
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● La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur
● Le Chêne de l'Ogre
● Le corbeau qui s'était piqué avec une épine
● Le maître d'école et la femme
● Contes berbères chaouis de l'Aurès

C'est l'histoire du chacal, du hérisson et du lion qui


s'associèrent pour la culture. Autre variante

retrouvée dans un conte Touareg : Le Lion l'Hyène

et le Chacal

S'étant donc associés, ils labourèrent, moissonnèrent, dépiquèrent,


vannèrent et enfin s'apprêtèrent à partager la récolte. Quand le
boisseau fut apporté, on pria le chacal de procéder à la mesure.
Ayant acquiescé il s'empara du boisseau et se mit à mesurer :
Voilà une part pour moi, annonça-t-il, en voilà pour tonton lion,
et une pour tonton hérisson…

Le lion lui envoya un coup de patte qui lui arracha la peau du crâne.
Alors le hérisson lui enleva le boisseau :
Mais tu ne sais pas mesurer, s'exclama-t-il, et il ajouta, le partage,

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=41 (1 sur 2)31.08.2004 17:19:37


Le Hérisson, le Chacal et le Lion

c'est pas comme ça que ça doit se passer.

Puis prenant la mesure, il commença ainsi :


En voilà une pour tonton lion, en voilà deux pour tonton lion, en
voilà trois pour tonton lion, en voilà quatre pour tonton lion, en
voilà cinq pour tonton lion, et de six pour tonton lion, et de sept
pour tonton lion, et de huit pour tonton lion ; et en voilà une pour
moi et une pour toi, chacal.
Mais qui donc, s'exclama le lion, t'a inculqué de si bonnes
manières ?
Ca, dit le hérisson, c'est ce bon chacal avec son crâne en sang.

Conté par Abdesslam ou Lahcen n Id Bram en novembre 1950.


Extrait des Contes berbères de l'Atlas de Marrakech, Alphonse Leguil Editions
L'Harmattan, 2000.

Vos réactions

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Le Lion l'Hyène et le Chacal

Le Lion l'Hyène et le Chacal


Taneqist , fable Touareg
Le mardi 1er octobre 2002.

HMM
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❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● La tombe oubliée
● Conte du Chat
● Aïcha Mozbayel - Episode 3
● Aïcha Mozbayel - Episode 4
● Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des
frères Grimm
● Ouargla et ses Anciens !
● Les fourberies d'Inisi - La figue de barbarie
● Le Conte Berbère

Ecoutons a présent une histoire, "taneqqist", comme


disent les Touaregs, qui est souvent contée.

Le gibier se faisant rare, le lion convia, un certain jour d'été, l'hyène


et le chacal à chasser avec lui. L'association se révéla fructueuse :
Au bout de peu de temps antilopes et gazelles jonchaient le sol. Un
plantureux repas s'offrait aux chasseurs. Le lion, équitable par
nature, demanda à l'hyène de faire les parts de chacun, De sa
puissante mâchoire, cette dernière eut tôt fait de tailler le gibier en
pièces, qu'elle disposa en trois tas sensiblement égaux.

Fort bien, dit le lion, quand elle eut terminé son ouvrage, mais
que signifient ces tas ?
celui-ci, dit l'hyène, est pour toi, cet autre pour moi, et le dernier
pour le chacal

Deux puissant coups de patte qui renversèrent l'hyène firent la


première réaction du lion, qui expliqua ensuite :

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=6 (1 sur 2)31.08.2004 17:19:40


Le Lion l'Hyène et le Chacal

Ce n'est pas une façon de partager, les gens ont bien raison de
dire que ton esprit est obtus.

Le lion reprit son calme et dit en s'adressant au chacal :


essaie à ton tour de régler cette question

Le chacal rétablit les tas de viandes éparpillés par le lion et dit :


Ce premier tas est pour toi, (© publié par Tamurth.net)ce deuxième
est pour ton repas du soir et ce troisième tas pour ton déjeuner de
demain

Le lion s'extasia :
qui t'a appris à partager ainsi ?
c'est, dit le chacal, la gifle que tu donnas à l'hyène.

Illustration de la loi du plus fort.

Vos réactions

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=6 (2 sur 2)31.08.2004 17:19:40


Le maître d'école et la femme

Le maître d'école et la femme


Conte du pays Chleuh
Le lundi 1er septembre 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le Mari, la Femme et les villageois
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● Le Conte Berbère
● Histoire du Coffre

Mieux vaut éviter de défier une femme, même


quand on est un maître d'école censé être plein de

savoir, voici ce que montre ce conte amazigh


marocain, basé sur l'absurde.

C'est l'histoire d'un maître d'école et d'une femme.

Dites-moi, maître, demanda la femme, qu'est-ce qui l'emporte, est-


ce le savoir de la femme ou celui du clerc ?
Tout savoir existant, répondit-il, appartient en exclusivité à Dieu
et aux clercs.
Nous, reprit la femme, nous possédons un savoir qui fait mourir
et fait revivre.
Blasphème ! s'exclama le clerc, il n'y a que Dieu qui puisse faire
mourir et faire revivre.
Bon, dit-elle, entendu. Pour sûr, je vous le ferai connaître, ce
savoir.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=43 (1 sur 6)31.08.2004 17:19:42


Le maître d'école et la femme

Ne ménagez pas votre peine, répliqua le clerc, tout ce qui est en


votre pouvoir, faites le.

La femme laissa passer un certain temps jusqu'à ce que le maître


d'école eût oublié la chose. Elle attendit que ce fut son tour de lui
porter son repas(1) ; Alors, elle se fit belle et alla le lui porter.
Arrivée au bord de la citerne, dans laquelle il y avait six mètres
d'eau, elle appela le clerc.
Oui, cria-t-il.
Voici votre déjeuner, Monsieur, dit-elle.

Le maître d'école vint donc chercher son repas. Dès qu'il fut arrivé,
voilà qu'elle s'agrippa à lui et poussa des cris.
Mais qu'est-ce que vous faites ? s'exclama le clerc.
Je vais vous faire mourir... dit-elle.

Puis elle lui demanda :


Dois-je vous ressusciter ?
Oui, dit-il.
Alors, dit-elle, laissez-vous tomber dans la citerne.

Le malheureux clerc se laissa tomber dans la citerne. Quand les


gens entendirent les cris de la femme, ils accoururent.

Arrivés auprès d'elle, ils lui demandèrent


Qu'est-ce qu'il y a ?.
J'avais, dit-elle, apporté son repas au maître d'école, je l'ai appelé,
il est venu le chercher, et voilà qu'il a été pris d'un étourdissement et
qu'il est tombé dans la citerne.

Les gens s'avancèrent et retirèrent le clerc de la citerne.

Quand celui-ci eut séché ses vêtements, il annonça à la femme qu'il


la citait en justice.
Allez, lui dit-elle, vous avez autre chose à faire.
Pas question, s'obstina-t-il.
Alors, lui demanda-t-elle, je voudrais que vous me donniez de
quoi au moins me couvrir. C'est que je suis gênée d'aller chez les
gens dans cette tenue.

Le clerc lui donna la pièce d'étoffe dans laquelle il se drapait


habituellement, et il resta lui-même en djellaba.

Arrivés chez le cadi, la femme dit à celui-ci


Dieu m'est témoin cet homme a perdu la raison.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=43 (2 sur 6)31.08.2004 17:19:42


Le maître d'école et la femme

C'est bon dit le cadi, expliquez vous.

Pour l'amour du ciel, Monseigneur, s'écria le maître d'école, il faut


que vous tranchiez mon différend avec cette femme. Elle m'a
appelé en me disant "Voici votre déjeuner" Je suis sorti pour aller le
chercher ; alors elle s'est agrippée à moi et a poussé des cris. Je lui ai
demandé : "Mais pourquoi est-ce que vous avez fait ça !". Elle m'a
répondu : "Je m'en vais vous faire mourir". Au moment où...(les
gens allaient arriver), elle m'a demandé "Voulez- vous que je vous
ressuscite ?"
"D'accord" lui ai-je dit.
Alors elle m'a ordonné de me laisse tomber dans la citerne. "Je me
suis donc laissé tomber dans la citerne", poursuivit-il, les gens sont
accourus et ils ont demandé "qu'est-ce que c'est que ça, qu'est-ce
qui vous prend ?". Alors elle leur à dit : "J'avais apporté son repas
au maître d'école et voilà que je l'ai trouvé qui était tombé dans la
citerne".

Qu'est-ce qui est arrivé, demanda le Cadi à la femme, pour que


vous ayez fait tomber le clerc dans la citerne ?
Je vous en supplie, Monseigneur, dit-elle, c'est ce que je vous ai
dit.
Que m'avez-vous dit ? demanda le cadi.
C'est que, dit-elle, le clerc, ne lui faites aucune confiance car il est
fou.
Pas du tout, Monseigneur, s'écria l'autre, je ne suis pas fou.
Si, Monseigneur, insista la femme, il est fou : en effet d'ici pas
longtemps, il va même vous dire que ce que je porte là est à lui.
Ben quoi, comment, s'exclama le clerc, à qui d'autre serait-ce,
évidemment ? !
N'est-ce pas ? Monseigneur dit la femme, vous voilà arrivé là où
je vous avais dit...
Ce que vous avez dit est vrai, reconnu le cadi, le clerc n'a plus sa
raison.
Je vous en prie, monseigneur, dit la femme, il faut que vous me
donniez quelqu'un qui puisse m'aider à ramener ce clerc pour le
soigner avec des plantes jusqu'à ce qu'il soit guéri.
Ligotez-le, ordonna le cadi, aidez cette femme à le ramener.
Dieu m'est témoin, s'écria le maître d'école, que ceci est une pure
injustice : depuis quand donc ai-je perdu l'esprit ? (2)

0n emmena le clerc.
Je vous en supplie, demanda la femme, descendez-le dans le silo,
et que surtout il ne rompe pas ses liens et en vienne à me tuer.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=43 (3 sur 6)31.08.2004 17:19:42


Le maître d'école et la femme

0n fit descendre le clerc dans le silo. La femme, elle, s'en alla placer
le moulin à main à l'ouverture du silo. Alors chaque fois qu'elle
tournait la meule, vlan, elle envoyait un seau d'eau au maître d'école.
Et celui-ci de gémir : « Aïe aïe aïe, c'est la fin du monde ce déluge ! »

Chaque fois que des gens venaient jeter un coup d'œil sur le clerc,
ils l'appelaient :
Maître
Oui, disait-il.
Comment allez-vous, Monsieur ? lui demandait-on.
Mais vous-mêmes répondait-il comment allez-vous ? Est-ce que
vous n'avez pas failli être emporter par une trombe, avec cet orage
d'hier soir ?

Les gens se disaient : « Ce pauvre maître d'école, sa folie continue à


empirer ».

Un jour, la femme l'appela :


Monsieur Mohammed !
Oui, dit-il.
Est-ce que ça vous suffit, ou bien je vous en rajoute ?
Je vous supplie, dit-il, c'est assez Elle fit donc venir les gens. Ils le
retirèrent du silo et il regagna sa mosquée (3).

Au bout d'un certain temps le voilà qui dit à la femme :


Il faut absolument que vous rende la monnaie de votre pièce
Entendu, Monsieur, répondit-elle, je vous demande alors d'aller
me labourer un potager
D'accord, dit le maître d'école et il s'en alla donc prendre un
attelage et labourer.

Lorsqu'elle lui porta son déjeuner, la femme avait le pan de son


vêtement rempli de poissons. Quand elle eut posé le déjeuner
devant le clerc et que celui-ci eut commencé à manger, (© publié par
Tamurth.net)elle s'éloigna et fit semblant de se mettre à ramasser des
poissons. Puis elle lui demanda :
Pourquoi labourez-vous sans ramasser ces poissons qui sont dans
le sillon ?
Ça alors ! s'exclama le clerc.
Tenez, jetez un coup d'œil, dit-elle.

S'étant levé, voilà qu'il trouva les poissons.


Eh bien, dit-il, emportez-les ; ce soir, vous me les ferez cuire.
Quand le maître d'école fut rentré, elle lui servi du pain.
Et où donc, demanda-t-il sont les poissons de tout à l'heure ?

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=43 (4 sur 6)31.08.2004 17:19:42


Le maître d'école et la femme

Ça ne va quand même pas vous reprendre, s'exclama-t-elle, ce qui


vous est arrivé dernièrement ? Il se jeta sur elle et se mit à la
frapper. Elle poussa des cris.

Les gens accoururent et leur demandèrent :


Qu'est-ce qui vous arrive ?
Je vous en supplie, implora la femme, sauvez-moi. Ne nous posez
aucune question ni à moi ni à cet homme avant de l'avoir ligoté :
c'est que ce qui lui est arrivé dernièrement le reprend à nouveau.

On le ligota.
Eh bien, dit la femme, demandez-lui maintenant qu'est-ce qui lui
a pris et pourquoi il s'est mis à me frapper.

On l'interrogea :
Monsieur Mohammed, qu'est-ce qui vous a pris de frapper cette
femme ?
Tout à l'heure, dit-il, j'étais allé labourer. Lorsqu'elle m'a eu
apporté le déjeuner, elle s'est mise à ramasser des poissons dans le
sillon. Je lui ai dit d'aller nous les faire cuire pour le dîner. Or elle les
a tous mangés au lieu de les mettre à cuire.
Pour ce qui est de ce clerc, constatèrent les gens ,sa folie ne s'est
pas encore dissipée. Faites-le descendre encore dans le silo.

Et le clerc de répéter :
Mais je vous dis qu'il y avait des poissons, aussi vrai que si vous
les aviez vus de vos yeux.
Allez, mon pauvre monsieur, dirent-ils, attendez d'être guéri. Et
ils le firent redescendre dans le silo.

Conté par Abdesslam n Id Bram, juillet 1949.

Alphonse Leguil Contes berbères de l'Atlas de Marrakech, Edition L'harmattan,


2000

(1) Il est de coutume de subvenir matériellement au besoin d'un clerc, et chacun


des villageois le fait à tour de rôle. (2) Le cadi est manifestement peu futé : il
s'agit d'une moquerie contre l'autorité (3) Ce nom de "Monsieur Mohammed"
est une moquerie à l'égard des religieux, mais aussi sans doute à l'égard des
instituteurs coloniaux....

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=43 (5 sur 6)31.08.2004 17:19:42


Le maître d'école et la femme

Vos réactions

> Le maître d'école et la femme


16 novembre 2003, par l'alchimiste

magnifique...y'en a d'autres comme ca.... ? un reve que d'avoir


une anthologie de l'absurde sous la main :) merci l'equipe...
Vos réactions

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=43 (6 sur 6)31.08.2004 17:19:42


Le Mari, la Femme et les villageois

Le Mari, la Femme et les


villageois
Conte du pays Chleuh
Le lundi 1er octobre 2001.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le Lion l'Hyène et le Chacal
● Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des
frères Grimm

Voilà un homme qui a pour épouse une très jolie

femme qu'il aime. Mais celle-ci est vraiment trop


portée sur le sexe, au point de coucher avec tous les
hommes qu'elle rencontre, au désespoir de son mari.
Celui-ci va donc chercher un moyen légal de mettre
fin à cette situation. Ce conte des Imazighen

marocains parle très franchement de la sexualité.


C'est un conte pour adulte mais il n'est en rien
ordurier, et on peut le qualifier de "rabelaisien" et il
est rempli d'humour.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=37 (1 sur 4)31.08.2004 17:19:46


Le Mari, la Femme et les villageois

C'est l'histoire d'un homme qui avait épousé une femme très jolie
mais de mœurs légères. A quiconque lui faisait des propositions, elle
disait :
« d'accord ».

S'il venait à vouloir la répudier, il n'arrivait pas à se séparer d'elle.


S'il supportait son infortune, elle ne faisait que l'empirer. Il se
décida à émigrer.
« Cette ville, se dit-il, où on sait qu'elle est ma femme, il faut
absolument que i'en parte. »

Il émigra donc dans une autre tribu et y demanda l'hospitalité. On


lui fit bon accueil et on lui procura un logement. Or quand les gens
virent que sa femme était si jolie, ils se dirent :
« On va faire une petite collecte de céréales pour cet homme afin
qu'il puisse entretenir son foyer et vivre à l'aise. »

Ainsi firent-ils : c'était à qui apporterait un quart de décalitre, tel


autre un demi, un troisième enfin un décalitre.

Voilà donc que notre homme vit ces bons villageois affluer chaque
jour chez lui et l'assaillir de prévenances :
« Vous habituez-vous ? Si des fois vous aviez besoin de quoi que
ce soit ! ! »

Il en fut perplexe :
« Ma parole, se dit-il, toute cette générosité que me témoignent
ces gens-là, savoir si ce n'est pas à ma femme qu'ils en ont ? ! »

Ayant réfléchi, il se dit :


« Pour sûr, ce problème là, si je ne le résous pas, ils vont m'en
faire voir plus que ceux à qui j'ai échappé ».

Il se rendit à la salle de prière et y attendit que fût récitée la prière


de la nuit, que fussent partis tous les gens un tant soit peu notables
et que reste seulement le tout-venant.
« S'il vous plait, mes amis, s'adressa-t-il à l'assistance. le destin
nous a réunis. Je voudrais vous faire part d'un petit problème. Eh
bien voilà ! C'est lui qui nous a chassés de notre pays. Il ne faudrait
pas que j'attende jusqu'à ce j'ai à avoir honte devant vous. »
« D'accord, lui dit-on, Dieu nous préserve de quoi que ce soit de
honteux entre nous. »
« C'est précisément de cela, reprit-il, que je voulais vous
informer. »
« C'est entendu » lui dit-on.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=37 (2 sur 4)31.08.2004 17:19:46


Le Mari, la Femme et les villageois

« Sachez ceci, poursuivit-il, ma femme, eh bien, elle a une manie


peu avouable. »
« A savoir ? », lui demanda-t-on.
« Eh bien, confessa-t-il, les hommes, elle leur coupe les testicules,
sauf votre respect. ». " Mais, mon bon monsieur, qu'avons-nous à
voir avec votre femme, nous ? C'est à vous seul que nous avons à
faire. »
« A Dieu ne plaise, fit-il, sait-on jamais ! »
« Non, non, Monsieur », protestèrent-ils. Quand notre homme les
eut quittés, ils se dirent entre eux :
« Dites donc, qu'est-ce qu'il est venu nous raconter, celui-là ? ! »
« Demain, si Dieu veut, proposa l'un d'eux, c'est cette question-là
que je vais tirer au clair avant tout le reste, afin de vous informer.
Mais il nous faut user d'une ruse : (© publié par Tamurth.net)vous
allez m'attacher une corde au pied. Vous vous tenez à distance et
cachés. Si je vous crie "tirez", c'est que l*information est bonne
vous tirez donc, afin qu'elle ne me les coupe pas. Si moi je ne vous
dis pas : "tirez" vous restez tranquilles : c'est que l'autre n'a fait que
nous mentir ».
« Eh bien, comme ruse, elle est pas mal celle-là » s'exclamèrent-
ils. Ils fabriquèrent donc une corde et l'apprêtèrent.

Le mari, lui, était retourné chez sa femme, ils avaient dîné et


s'étaient couchés.
« J'ai une nouvelle, ce soir. lui dit-il, comme tu n'en as jamais
entendu de telle. »
« Espérons, dit-elle, qu'elle n'est pas inquiétante. De quoi s'agit-
il ? »
« Chez les gens de ce pays, reprit-il, tout mâle a bien une verge
mais pas de testicules ! »
« Que Dieu nous en préserve, s'exclama-t-elle. Qu'est-ce que c'est
donc que ce pays ! » Mais depuis qu'il lui avait dit ça, elle se
demandait quel jour elle pourrait s'informer et vérifier si ce qu'avait
rapporté son mari était exact ou un pur mensonge.

Or quand le jour se fut levé, voilà que l'autre lui fit signe, elle alla
chez lui :
« Peut-on te voir ou non ? »
« On peut », dit-elle.
« Bon, dit-il, je me tiens à l'intérieur du potager. Quand tu
estimeras le moment favorable, tu viens »
« Entendu. » dit-elle. Puis elle rentra chez elle préparer le petit
déjeuner pour son mari. L'autre était retourné chez ses camarades, il
les avait installés à l'intérieur d'un autre potager. Lui, attacha la
corde à son pied et eux saisirent à trois l'autre extrémité.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=37 (3 sur 4)31.08.2004 17:19:46


Le Mari, la Femme et les villageois

Au bout d'un petit moment, la voilà qui arriva aussi. Le gaillard ne


pensait qu'à ses testicules, avec la peur qu'elle ne les lui coupât. Or,
sitôt qu'elle se fut étendue à terre, elle leva la main pour vérifier s'il
en avait ou pas. A peine l'eut-elle touché de la main que l'autre
bondit en criant :

« Mais tirez donc, bon sang : mes pauvres testicules ! »


« Mais, s'écria-t-elle, c'est seulement à leur sujet que je voulais te
poser une question »
« Et va donc, cria-t-il, tire-toi, c'est bien me les couper que tu
voulais. »

La femme avait beau l'implorer avec force serments pour qu'il


revînt : l'homme n'avait plus confiance en elle. Il partit donc.
« Ce que nous a dit le mari de celle-là, dit-il aux autres, est
absolument vrai. Faites tous gaffe ; des fois qu'elle ne les coupe à
quelqu'un ! »

Nos villageois rentrèrent chez eux, et de ce jour-là, dès qu'ils la


voyaient, ils s'enfuyaient.

Alphonse Leguil « Contes berbères grivois du Haut Atlas », Editions


L'Harmattan, 2000.

Vos réactions

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=37 (4 sur 4)31.08.2004 17:19:46


Le père cruel

Le père cruel
Conte Kabyle
Le mercredi 1er janvier 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Confiture de figues

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Un conte merveilleux
Dieu le rende plaisant

Qu'il le rende semblable à un galon de soie

Il était une fois une femme mariée à un homme cruel. Dès qu'un
bébé voyait le jour il l'égorgeait au grand désespoir de sa femme. Un
jour, il partit pour un long voyage. Durant son absence son épouse
mit au monde un garçon. Elle l'éleva deux années durant avec
amour.
Quand elle apprit le retour de son mari, elle confia son fils à la
voisine en lui faisant promettre de garder le secret. Cette dernière
accepta avec joie.

L'enfant grandissait et avait coutume de jouer devant chez lui. Dès


qu'il voyait l'homme apparaître, il lui disait : « Que le salut soit sur
toi, ô mon père ». Intrigué, l'homme regardait, puis passait son
chemin. Il en fut ainsi tous les jours. à la fin, excédé par cet état de
fait, l'homme en fit part à sa femme. (© publié par Tamurth.net)Il la

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=77 (1 sur 6)31.08.2004 17:19:49


Le père cruel

chargea de dire à la voisine que si le garçon persistait à lui souhaiter


la bienvenue et à l'appeler « père », il le tuerait.

Malgré la mise en garde de sa mère adoptive, l'enfant récidiva.


L'homme entra dans une violente colère.
Craignant alors que son mari ne mette la menace à éxécution, la
vraie mère prit son fils sur son dos et abandonna son domicile. Elle
marcha longtemps...

La nuit la surprit au bord de la mer. Elle avisa au loin une belle


maison, s'en approcha et y pénétra. Un vrai château : elle trouva là
un vieil ogre qui agonisait ; il avait dévoré tous les habitants... Un
instant après il rendit l'âme ; la mère le traîna jusqu'au bord de l'eau
et le poussa dans les flots.
Elle prit alors possession des lieux, et vécut heureuse avec son fils.
Les années passèrent...

Le garçon s'était métamorphosé en un beau jeune homme. Sans


cesse, il demandait des nouvelles de son père ; sa mère lui répondait
évasivement. Elle ne voulait pas qu'il sache la vérité. Néanmoins il
insista tant et si bien que sa mère finit par satisfaire sa curiosité. Elle
sortit de la maison et lui déclara :
« Vois-tu ces champs qui s'étendent à perte de vue, ces gens qui y
travaillent, ces bêtes qui y paissent ? Eh bien, toute cette contrée
appartient à ton père : bêtes et gens ».

Emerveillé par cette nouvelle, le jeune homme interpelle les paysans


occupés à ramasser du blé :
« Holà, braves gens qui travaillez chez mon père !... »

Les paysans levèrent la tête mais ne répondirent point. Le soir,


quand ils virent leur maître, ils lui apprirent au'un jeune homme les
avait appelés. Qui était-il ? Le maître se dit qu'il s'agissait
certainement de son fils disparu avec sa mère quelques années plus
tôt. Il dit aux paysans :
« Demain, s'il renouvelle son appel, répondez-lui. »

Le lendemain, quand le jeune homme les appela, ils levèrent la tête


et répondirent en choeur :
« Nous t'écoutons !
Dites ceci à mon père : ma mère a abandonné avec moi le
domicile conjugal, Dieu a veillé sur nous, elle m'a construit un
château au bord de l'eau. »

Le soir donc, les paysans transmirent le message à leur maître. Ce


dernier ne douta plus qu'il s'agissait en effet de son fils. Comment
faire pour se débarasser de ce garçon dont il ne voulait pas entendre

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=77 (2 sur 6)31.08.2004 17:19:49


Le père cruel

parler ?
Après mûre réflexion, il se tourna vers les paysans et leur dit :
« Demain, quand mon fils vous appellera, vous lui répondrez ceci :
puisque ta mère a abandonné son domicile, et qu'elle t'a construit
un château au bord de l'eau, puisque Dieu a veillé sur vous, il te
faudra pour le château des portes en bois d'ébène que tu iras
chercher dans la montagne lointaine. Fais-le et prouve-moi que tu
es un homme ! »

Le lendemain, quand l'homme apprit que son père le soumettait à


une dure épreuve, il eut beaucoup de chagrin, il se confia à sa mère
qui lui dit :
« Mon cher fils, ton père es un monstre, il veut se débarrasser de
toi. Tu sais bien que le bois d'ébène est difficile à acquérir, la
montagne recèle beaucoup de dangers.
Qu'à cela ne tienne ! Par Dieu, je prouverai à mon père que je suis
un homme, je m'en vais. »

Il sella son cheval et prit le départ pour la montagne. Deux jours


plus tard, il revint à la maison triomphant. Il monta les portes et
fenêtres en bois d'ébène. Au matin suivant, il sortit et annonça aux
paysans qu'il avait réussi dans son entreprise ; il les chargea d'avertir
son père. Ce dernier, en apprenant la nouvelle, fut très étonné.
« Mon fils est brave » se dit-il.
Il déclara aux paysans :
« Demain, vous direz ceci à mon fils : puique ta mère a abandonné
le domicile conjugal et que Dieu a veillé sur vous, puisqu'elle t'a
construit un château au bord de l'eau et que tu l'as doté des portes
et fenêtres en bois d'ébène, il te faudra les peindre avec du lait de
lionne. »

Le lendemain, quand le jeune homme apprit par les paysans que son
père le soumettait à une seconde épreuve, il se mit à pleurer. Sa
mère essaya de le consoler :
« Je te l'avais bien dit, ton père veut ta mort, il use de stratagèmes
pour se débarrasser de toi.
Où pourrais-je trouver du lait de lionne ?
Il te sera difficile d'en avoir mon fils : les fauves te dévoreront. »

Après réflexion, le jeune homme alla trouver le vieux sage. Il lui


raconta son histoire et lui demanda conseil. « C'est une difficile
entreprise pour toi jeune homme. Il te sera difficile d'atteindre ton
but. Néanmoins voilà ce que tu devras faire : achète une vache,
égorge-la, puis coupe-la en morceaux de viande au pied d'un arbre.
Cache-toi dans un coin et attends. »
Le jeune homme suivit à la lettre les conseils du vieux sage. Tapi
dans un coin il attendait... Peu après, les fauves, attirés par l'odeur

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=77 (3 sur 6)31.08.2004 17:19:49


Le père cruel

de la chair fraîche, s'approchèrent de l'arbre et se régalèrent. La


lionne, repue, se détacha du groupe et dit à haute voix :
« Je jure par Dieu que je donnerai à l'auteur de cet acte généreux
tout ce qu'il demandera, même si c'est du lait ».
A ces mots, le jeune homme sortit de sa cachette, il s'avança vers la
lionne en disant :
« Justement c'est ce qui m'amène.
Hum ! si je n'avais pas prêté serment, je t'aurais dévoré ».

Elle se tourna, présenta ses mamelles au jeune homme. Il remplit


alors une outre de lait et s'en retourna chez lui content. Sa mère fut
heureuse de le revoir.

Le lendemain, dès que le soleil se leva, il sortit et annonça la


nouvelle aux paysans. Ces derniers en avisèrent leur maître dès leur
retour des champs.

A l'annonce de la nouvelle, le père resta muet de surprise.


Néanmoins, il ne désarma pas ; il avait à proposer à son fils une
épreuve plus ardue. Il déclara donc à ses ouvriers :
« Demain vous direz ceci à mon fils : Puisque ta mère a abandonné
son domicile, et qu'elle t'a construit un château au bord de l'eau,
puisque Dieu a veillé sur vous et que tu as doté le château des
portes et fenêtres en bois d'ébène, puisque tu les as peintes avec du
lait de lionne, il te faudra maintenant ramener chez toi la fille de
l'empereur des ogres. »

Le lendemain, quand le message lui fut transmis, le jeune homme


devint anxieux. Sa mère le dissuada d'entreprendre un long voyage
pour satisfaire la volonté d'un père cruel. Sourd aux supplications
de sa mère, le jeune homme sella son cheval et s'éloigna de chez lui
au triple galop. Il voyagea trois jourd durant... Il arriva enfin dans
un pays étranger et se renseigna auprès des habitants. L'un d'eux lui
dit :
« Je sais où habite la fille de l'Empereur des Ogres mais je te
déconseille d'y aller.
Pourquoi donc ?
La fille en question habite au septième étage d'un palais, elle est
sous la garde de quatre-vingt-dix-neuf ogres. Ce sont ses frères et
quiconque s'approche du palais met sa vie en danger.
Qu'à cela ne tienne, j'irai la retrouver ! »

Il acheta alors une vache, l'égorgea, puis la coupa en quatre-vingt-


dix-neufs morceaux qu'il mit dans un sac, et il prit la direction du
château. Il arriva à la nuit tombante. Il descendit de cheval et
déposa les mor-ceaux de viande devant la porte. Les ogres, attirés
par l'odeur de la chair fraîche, sortirent du château et se régalèrent.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=77 (4 sur 6)31.08.2004 17:19:49


Le père cruel

Repus, ils déclarèrent tous en choeur :


« Nous jurons par Dieu d'épargner la personne qui nous a permis
de bien manger. En outre nous lui promettons tout ce qu'elle nous
demandera même si c'est notre soeur. »

à ces mots, le jeune homme sortit de sa cachette et leur dit :


« Justement, c'est pour cela que je suis venu.
Hum, si nous n'avions pas prêté serment, nous t'aurions dévoré.
Notre súur nous est aussi chère que la prunelle de nos yeux. Prends-
la mais avant de partir, prends ceci. »

Ils découpèrent chacun à leur tour un morceau de leur peau et ils


mirent tout cela dans un sac qu'ils tendirent au jeune homme en lui
disant :
« Aussitôt que tu te sentiras en danger, tu jetteras les morceaux de
peau dans le feu. »

Le jeune homme acquiesça, aida la jeune fille à monter en selle et


disparut dans la nuit...

Après avoir longtemps galopé en compagnie de la fille de


l'Empereur des Ogres, il arriva en vue de son château. Sa mère
angoissée, l'attendait au seuil de la maison. Dès qu'elle le vit, elle se
jeta dans ses bras en sanglotant. Le lendemain au lever du jour, le
jeune homme annonça aux paysans qu'il avait réussi dans son
entreprise et les pria d'aviser son père.

Quand ce dernier apprit la nouvelle, il entra dans une violente


colère ; puisque son fils avait échappé à tous les dangers, il le tuerait
lui-même : il chargea les paysans d'annoncer à son fils qu'il lui
déclarait la guerre. Quand le jeune homme apprit la nouvelle, il fut
consterné. à la joie de la veille, succéda la tristesse : la mère et son
fils pleurèrent à chaudes larmes.

Le père regroupa tous les hommes valides des trois tribus de la


région et leur distribua des armes. Ils encerclèrent le château et se
préparèrent à l'attaque.

Stoïques, la mère et son fils s'en remirent à Dieu. La fille de


l'Empereur des Ogres apparut alors, tenant entre ses mains le sac
que lui avaient remis ses frères. Elle le jeta dans le feu et, un
moment après, les ogres apparurent dans un nuage de fumée et de
poussière. à la vue des ogres, les soldats prirent peur ; Le père du
jeune homme était parmi eux, et pensa : « Mon fils est un homme
véritable ! »

« Mère, dit le jeune homme, mon père t'a fait du mal, il faudrait qu'il

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=77 (5 sur 6)31.08.2004 17:19:49


Le père cruel

soit châtié. Comment le reconnaître ?


C'est celui qui porte un burnous blanc et une calotte rouge »
répondit la mère. Le jeune homme donna aux ogres l'ordre
d'exterminer tous les soldats et de n'épargner que son père. Ce qui
fut fait sur le champ.
Peu après, il invita son père à rentrer au château et demanda à sa
mère de chauffer une grande bassine d'eau. Il lui présenta un beau
costume en lui disant :
« Je veux que tu prennes un bain dans cette eau de jouvence, mais
avant cela tu prononceras ces paroles : « ÔDieu tout puissant,
débarrasse-moi de mes rides et cheveux blancs et redonne-moi
l'ardeur de mes vingt ans. »

Lorsque l'eau devint bouillante, le père plongea dans la bassine tout


en prononçant la formule magique. Le miracle ne se produisit pas.
Le père mourut, brûlé vif, à la satisfaction du jeune homme et de sa
mère qui furent ainsi vengés...

Voilà, mon histoire a suivi le lit de l'oued


Je l'ai racontée à des fils de seigneurs
A moi, que Dieu pardonne
quant aux chacals, qu'il leur en cuise

Adapté du Kabyle par Ali BENMESBAH


Contes Algériens. Christiane Achour et Zineb Ali-Benali
Media-Plus Algérie (1993) L'harmattan, 1989.

Vos réactions

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Le roi Baghai

Le roi Baghai
Légende Chaoui
Le jeudi 1er avril 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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frères Grimm
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La légende s'est emparée de la destruction de Baghai


au moment de l'invasion hilalienne, elle est connue

de tous les montagnards de l'Aurès qui ont donné


aux personnages les noms les plus connus de la

contrée. Nous ne pouvons résister au plaisir de la


raconter ici ...

"En ce temps-là un certain roi nommé Baghai avait


07 filles M'Toussa, Khenchela, Sbikha ... toutes

riches comme leur père.

Une épaisse forêt d'oliviers s'étendait entre le domaine de Baghai et


celui de sa fille M'Toussa et le pays était si sûr que tous les jours le

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Le roi Baghai

roi envoyait à sa fille un mulet chargé de figues sans conducteur. Le


mulet suivait son chemin dans la forêt, présentait lui-même sa
charge à M'Toussa et revenait à Baghai en portant des raisins.

Or, il arrive que le mulet arrive un jour sans raisin. Baghai fit faire
des recherches et ses serviteurs découvrirent dans le djebel Mahmel
(sud-est de Khenchela) les traces des pas d'un chameau. Cet animal
ne pouvait être la monture que d'un envahisseur arabe. Aussitôt
Baghai écrivit à ses filles de fuir en emportant leurs richesses. Lui-
même fit enlever tous les trésors de son palais et n'y laissa que 02
colombes dont l'une était complètement déplumée.

Peu de temps après les Hilalis se répandirent dans le pays, le


trouvèrent abandonné et parvinrent rapidement au chateau de
Baghai. Toutes les portes en étaient ouvertes, sauf celles de la
chambre qui contenait les colombes. Quand ils l'ouvrirent l'un des
oiseaux s'envola ; l'autre resta entre leurs mains et ils trouvèrent
sous son aile le billet suivant : la colombe s'est envolée avec ses
plumes. Gardez l'oiseau déplumé" .

Episode de la Djazia et de Diab

Nous extrayons la légende suivante d'un très remarquable travail du


conte Vayssière sur la tribu des Ouled Rechaich d'origine berbère,
parlant encore le chaouia et qui habitait jadis l'Aurès . L'élément
arabe représenté par quelques familles hilaliennes les pénétra vers le
milieu du 11° siècle. Le chef de famille était un nommé Diab Ben
Ghanem renommé entre tous par sa sagesse dans les conseils sa
bravoure et sa vigueur dans les combats. On lui donnait le surnom
de Bou Khebir , ceux qui le suivaient prirent celui de Bou
Mokhaiber.

Etablie d'abord en Tripolitaine après son exode de l'Egypte cette


fraction des Ouled Hilal descend des environs de Gafs vers le
Sahara par Tamerza, Négrine et Ferkane, séjourne près de M'Sila
donne son nom à la rivière qui y passe (Ouled Hellal ou Hila)
pousse jusqu'à Badès sur l'oued El Arab , remonte peu à peu cette
vallée jusqu'à Khenchela puis s'éparpillant à droite et à gauche laisse
dans chaque point où elle fait séjour quelques familles fatiguées par
la difficulté de la route.

C'est ainsi qu'on en trouve des traces en peu partout dans l'Aurès
mais principalement dans le djebel Cherchar et les monts des Ouled
Rechaich.

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Le roi Baghai

Les légendes relatives aux Ouled Hilal, à leurs luttes contre les
berbères aux exploits de leurs chefs forment une épopée complète
qui nous transporte aux âge héroîques et qui nous donne une idée
fort exacte de l'esprit et les moeurs arabes ; amour loyauté
chevaleresque à côté de ruses voisines de la duplicité, luttes épiques,
récits de chasses, scènes de la vie nomade et pastorale, on trouve de
tout dans ces chansons de geste dont l'ensemble constitue un
véritable cycle héroîque d'un grand souffle poétique et d'une grande
originalité. Elles sont en prose vulgaire mêlée de morceaux
rythmés ; « les vers sont, disent les Arabes , à l'ensemble ce que le
sel est à la viande ». Il est peu de tolba principalement chez les
Ouled Rechaîch qui ne les connaissent pas ; elles font les frais des
longues veillées autour des feux de bivouac, elles sont assez
nombreuses pour qu'on puisse les varier presque indéfiniment.

Les auditeurs du reste ne se fatiguent jamais ; accroupis dans leurs


burnous ils écoutent dans un silence religieux la voix du conteur qui
s'élève au milieu du calme de la nuit ; de temps en temps un d'eux
allonge son bras nu pour attiser le feu et la flamme jette alors un
reflet plus vif sur tous ces visages bronzés et attentifs. Le spectacle
de ces hommes immobiles dans le cadre merveilleux des nuits
sahariennes frappe l'imagination autant que les récits du rapsode et
on se croit transporté aux âges héroîques où Diab le Hilali courait la
plaine à la poursuite de la Djazia.

Cette djazia joue un grand rôle dans l'épopée hilalienne ainsi que
son amant Diab Ben Ghanem ; elle a donné son nom au tombeau
romain qui se trouve un peu à l'est de Khenchela dans la plaine de
Sbikha près du lieu dit Enchir Oum-Kif. Près de ce point se trouve
aussi la Kouba de mergueb Ed Diab. Voici cette légende :

Au moment où la tribu avait planté ses tentes dans le Sahara vivait


une jeune fille d'origine noble dont tous les guerriers célébraient la
beauté ; elle s'appelait Djazia Bent Serkane . La tribu était fière d'elle
et les plus belles chantées le soir autour des feux avaient été
composées en son honneur.

Un jour Djazia avait réuni chez elle 40 jeunes filles nobles pour une
réjouissance. Or ce jour-là un jeune homme de la même fraction du
nom de Diab Ben Ghanem qui était orphelin et avait pour fortune
40 brebis et 01 bélier, avait mené son troupeau en pâturage dans le
voisinage de la tente de la jeune fille. Remarque de loin une réunion
de femmes il laissa son troupeau et s'approcha pour les voir de près.

Comme il les examinait il aperçut près de la tente de Djazia 02 vases

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Le roi Baghai

dans lesquels celle-ci avait planté des artichauts ; ces plantes bien
soignées portaient de beaux fruits qui donnèrent envie au jeune
homme. Il tira son couteau les coupa et les mangea. Djazia l'aperçut
et lui cria : « Za, Hif » le chassant ainsi en signe de mépris par le cri
dont on se sert pour pousser les chameaux, et lui souhaitait une
maladie habituelle de ces animaux. Diab lui répondit en vers : »
Cette maladie est pour celui qui ne soigne pas son hôte - la verdure
image du printemps doit être réservée à l'hôte ».

Piquée par ces mots, Djazia dit aux jeunes filles qui se trouvaient
avec elle : »Allons prendre chacune une de ces brebis du troupeau
de ce jeune homme ».

Elles firent ce qui leur était dit et rapportèrent à la tente les 40


brebis du Diab.

Ce que voyant celui-ci prit le bélier et l'apporta lui-même. Chacune


des jeunes filles égorgea la brebis qu'elle avait apportée, Diab de son
côté égorgea le bélier en disant :
»
La viande de mouton est la viande des amoureux,
elle est savoureuse
les agneaux et le lait caillé sont la nourriture des Arabes
une troupe puissante s'est jetée sur mon troupeau
les guerrières qui la composaient étaient en nombre égal aux brebis.
Elles ont laissé un bélier seul et appelant ses brebis,
comme une mère, par des bêlements plaintifs
ce bélier représentait ma part de butin
le mâle appartient toujours au mâle.
Toutes les brebis ont été égorgées,
j'ai égorgé aussi le bélier.
Tel est le cours du monde,
on est tantôt riche tantôt pauvre
mon bien a été mangé par des jeunes filles nobles ;
C'est un honneur et un heureux présage pour moi ».

Ces paroles et l'air de grandeur avec lesquelles elles étaient


prononcées donnèrent à Djazia qui se dit : » Ce Diab Ben Ghanem
est un homme ». Elle persuada à ses compagnes toutes filles de
grande tente de demander chacune à ses parents une chamelle pour
la donner à Diab Ben Ghanem en remplacement des brebis qu'il
leur avait si galamment sacrifiées et qui constituaient toute sa
fortune. Ce qui fut dit fut fait ; chacune des jeunes filles lui donna
une chamelle et Djazia elle-même lui donna un chameau mâle.

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Le roi Baghai

Diab Ben Ghanem continua à garder son troupeau de chamelles


comme il gardait son troupeau de moutons. Environ 01 an après
comme il les avait menées en pâturage il vit venir à lui un homme
qui conduisait 02 pouliches par le figure. Une d'elle, de robe
blanche se roulait à terre et se relevait si lentement qu'elle ne tirait
pas sur le licol et que son maître ne s'apercevait même pas de son
manège Diab se dit que cette pouliche devait être de race et de
merveilleuse vitesse ; il demanda au maître des pouliches qui était
juif s'il voulait les vendre ; celui-ci répondit affirmativement . Diab
lui demanda : »Combien veux-tu de la pouliche blanche ? »
L'homme répondit : »Donne-moi tout ton troupeau, je te donne ma
pouliche blanche ». Diab se récria. Après de longs pourparlers, le
juif lui donna la pouliche pour 08 chamelle.

Diab dès ce moment conduisit toujours son troupeau avec cette


pouliche blanche ; il lui donnait au lieu d'orge le lait de ses
chamelles. 03 ou 04 ans s'écoulèrent et la pouliche blanche devint
une belle jument. Pendant ce temps le troupeau de Diab s'était
augmenté il était devenu presque riche avait pris une femme et un
berger le remplaçait dans la garde de ses chamelles ; lui passait tout
son temps à chasser . Il commença dès ce moment à prendre part
aux razzias que les gens de sa fraction dirigeaient contre les
peuplades voisines et bientôt sa réputation de vaillance et de
courage s'étendit dans toutes les tribus. Vers ce temps-là la
renommée de la merveilleuse beauté de la Djazia parvient jusqu'aux
oreilles d'un juif marchand très riche qui parcourait les tribus pour
son commerce. Ne pouvant la demander en mariage l'idée lui vint
de l'enlever. Pour exécuter son projet il se rendit au douar de Djazia
monté sur un cheval si vigoureux et si rapide qu'il ne lui croyait pas
son pareil. Arrivé près des tentes il demanda suivant son
habitude : »Qui veut acheter des bijoux, des bracelets d'or et
d'argent » ? Djazia qui l'avait entendu dépêcha une de ses femmes
avec mission de lui choisir 02 bracelets d'or.

La servante alla trouver le marchand qui après lui avoir demandé de


la part de qui elle venait lui remit 02 bracelets pour les présenter à
sa maîtresse. Celle-ci les trouva d'un beau travail mais après les
avoir essayés les renvoya en disant qu'ils étaient trop grands. Le
marchand remit 02 autres bracelets d'un beau travail aussi mais qui
cette fois se trouvaient trop petits.

Comme la servante les rapportaient encore, le juif lui dit : » Prie


donc ta maîtresse de venir essayer elle-même. C'est seulement en
voyant son poignet que je pourrais lui choisir ce qu'il lui faut ».

La Djazia avertie par sa servante sortit de la tente et s'approcha de

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Le roi Baghai

l'étranger qui était à cheval. « Pourquoi ne mets-tu pas pied à


terre » . Il lui répondit : « Je suis pressé et ma marchandise n'est pas
encombrante. J'ai d'autres douars à visiter. Essayer vite et je vais
partir » . La Djazia s'approcha sans défiance. Comme elle tendait ses
mains au juif pour lui montrer la grosseur de ses poignets celui-ci la
saisit attira la jeune fille à lui, l'enleva sur sa selle et partit à fond de
train.

Immédiatement les gens du douar qui avaient assisté sans avoir eu


le temps de s'y opposer à cet enlèvement si audacieux sautèrent à
cheval et se mirent à la poursuite du ravisseur appelant à leur aide
les gens du douar voisin. Ce jour-là Diab Ben Ghanem était allé à la
chasse avec 02 de ses amis, Zidet Bou Zid. Les chasseurs avaient
tué une gazelle et s'étaient arrêtés pour en faire cuire un quartier .

Leurs chevaux étaient près d'eux. Les brides pendant à terre


mâchant leurs mors encore blanche d'écume. Tout à coup la jument
blanche de Diab leva la tête, dressa les oreilles et hennit
longuement. Diab s'écria : » La jument blanche hennit, serait-elle
donc inspirée ? ou la tribu est razziée ou la Djazia est enlevée » .

Les 03 hommes sautèrent à cheval et se dirigèrent vers leur douar.


En arrivant ils apprirent l'enlèvement de Djazia et sans mettre pied
à terre se lancèrent à la poursuite du ravisseur. Ils ne tardèrent pas à
atteindre en suivant leurs traces les Ouled Hilal qui poursuivaient
l'audacieux marchand ; ceux-ci par l'effet même de leur poursuite
s'étaient échelonnés suivant la vitesse de leurs chevaux. Diab dont
la jument avait autant de fond que de rapidité les dépassa l'un après
l'autre et à la tombée de la nuit se trouva sur les talons du Juif. Dès
qu'il arriva à portée de voix il cria à Djazia qui tournait la tête pour
voir si en poursuivait son ravisseur. « O celle dont les yeux sont
semblables à ceux d'une jeune gazelle, - dont les joues brillent
comme un soleil, - dont les bras ont l'éclatante blancheur des sabres
hindous, - O mon amante de toutes les nuits - pour qui mon coeur
brûle d'amour, - O Djazia ! n'aie aucune crainte, - de mes mains je
ferai pleurer ce juif fils du pêché, - et nous retournerons en paix à
notre campement ».

Diab aurait pu dès ce moment atteindre le Juif mais il pensa que s'il
le faisait les autres poursuivants arriveraient presque aussitôt sur lui
et qu'il ne pourrait rester un instant seul avec la Djazia . Il
prolongea donc la poursuite en retenant sa jument toujours pleine
d'ardeur malgré la longueur de la course fournie : A la nuit
tombante il comprit qu'il avait assez l'avance sur ses compagnons
pour n'avoir pas à craindre d'être rejoints par eux.

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Le roi Baghai

Il craignait d'autre part que l'obscurité grandissante qui servait ses


projets en lui cachant ses traces ne favorisant la fuite du ravisseur. Il
enleva sa bonne jument dans un suprême effort atteignit le juif
embarassé de son fardeau et le perça de sa lance.

Diab et Djazia qui s'aimaient secrètement depuis leur 1° rencontre


étaient donc enfin réunis ; seuls dans la nuit profonde, libres de se
dire leur amour et de se le prouver loin des regards importuns et
méchants. Djazia toute la joie de cette rencontre inespérée sentant
son amour grandir encore pour celui qui venait de la délivrer des
mains de son odieux ravisseur voulu aussitôt descendre du cheval
du juif sur lequel elle était restée pour aller se jeter dans les bras de
son libérateur et de son amant. Mais Diab bien qu'il eut autant de
hâte qu'elle de la serrer sur son coeur n'oublia pas la prudence. Ne
voulant pas compromettre celle dont l'honneur lui était plus cher
que la vie , il sut pour un moment faire taire son amour et imposa
silence aux désirs qui le consumaient. Il pria Djazia de rester en selle
puis gagna un peu de terrain sur les cavaliers qui venaient derrière
eux, et lui fit faire un grand détour de manière à entrer à leur douar
en les évitant.

Ils marchèrent ainsi côte à côte pendant environ une heure. Diab
prodiguait à sa compagne les paroles les plus tendres et celle-ci le
coeur tout gonflé d'amour ne lui répondait que par des soupirs et
des mots entrecoupés. A un moment leurs chevaux s'étaient
rapprochés Diab se pencha saisit la jeune fille par la taille l'attira
vers lui et posa longuement ses lèvres sur ses lèvres. Frémissant
jusqu'au plus intime de son être et à moitié pâmée Djazia après un
moment se dégagea de son étreinte : « O Diab ! murmura-t-elle
d'une voix aussi faible que la brise du Sahara un soir d'été, Diab
doux objet de mes rêveries de vierge, toi que j'aime depuis
longtemps sans que ma mère le sache ton amour est encore plus
doux que ton bras n'est fort ; je suis ta chose et ton bien. Ne me fais
pas souffrir plus longtemps. Mets pied à terre et viens sur mon
coeur !.

Diab lui répondit : « O Djazia ta salive est plus agréable à mes lèvres
que la fraîche source de l'oasis après une longue course. Je t'aime
depuis le jour où je t'ai vue pour la 1° fois et tout mon être frémit à
la pensée que tu vas être à moi. Je te veux. Je te désire jusqu'à en
mourir. Mais il vaut mieux ne pas descendre de cheval. Demain les
cavaliers de notre tribu suivront nos traces et s'ils voient que nous
avons mis pied à terre ils ne manqueront pas de médire et de
soupçonner ta vertu. L'amour ne doit pas faire oublier la prudence
et nous pouvons être heureux à l'insu de tous » .

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Le roi Baghai

Il dit et s'appuyant sur sa lance sauta légèrement sur le cheval de la


jeune fille. Celle-ci qui avait compris son intention lui fit place
derrière elle puis se tournant vers lui l'entoura de ses bras, le baisa
sur la bouche et s'abandonna en fermant ses grands yeux de
gazelle...

Après qu'ils se fussent livrés à toutes les ivresses de l'amour partagé,


Diab Ben Ghanem remonta sur sa jumentqui était restée attachée à
sa lance fichée à terre et les 02 amants se remirent en route. Ils
marchèrent toute la nuit, toute la journée du lendemain et ne
rentrèrent à leur douar que vers le soir. Cependant en les voyant
revenir tous 02, les Hilailia se doutèrent que Djazia avait donné sa
récompense à celui qui l'avait délivrée des mains de cet infidèle fils
du mal. Ils envoyèrent 02 cavaliers suivre les traces laissées par les
02 jeunes gens pour voir s'ils avaient mis pied à terre et s'étaient
reposés côte à côte ; les cavaliers rendirent compte 03 jours après
que les traces étaient partout régulières et que nulle part Diab et
Djazia n'étaient descendus de cheval.

Une partie des Hilailia accèptèrent leurs déclarations et admirent


que la Djazia était sortie intacte de l'aventure. Il parut impossible à
d'autres qu'un homme vaillant et courageux comme Diab venant de
délivrer une jeune fille de la beauté de Djazia et restant en tête à tête
avec elle durant toute une nuit n'eut pas profité de l'occasion unique
qui s'offrait à lui. Parmi ces derniers se trouvait Khalifa Zenati
guerrier réputé par sa valeur, le plus influent de la fraction des
Zenata dont on le considérait comme le chef. Depuis longtemps il
aimait Djazia en sercret ; la pensée que la jeune femme avait
appartenu à un autre lui déchirait le coeur et aigri par la souffrance
il soutenait avec âpreté et violence que Djazia n'était plus vierge.

Les esprits s'échauffèrent peu à peu ; les Drid défenseurs de la


Djazia, et les Zenata qui soutenaient les accusations de leur chef en
vinrent aux injures puis aux coups. 02 jours de suite les cavaliers des
02 parties se montrèrent dans la plaine et chaque fois de nombreux
cadavres restèrent sur le terrain.

Peiné de ces massacres inutiles qui faisaient périr la fleur des


cavaliers de la tribu, Khalifa Zenati proposa à Diab Ben Ghanem
que les Drid cosidéraient en raison de sa vaillance comme leur
principal champion d'en finir par un combat singulier. Diab accepta.
Les 02 guerriers se rencontrèrent le lendemain au milieu d'un grand
cercle formé par les gens des 02 parties. La Djazia était présente et
semblait en quelques sorte présider ce combat livré pour elle et
dont sa réputation de vertu était l'enjeu. Les 02 combattants étaient

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Le roi Baghai

si maîtres de leur monture et si habiles dans le mouvement du sabre


et du bouclier qu'ils luttèrent toute la journée sans parvenir ni à se
blesser ni à se démontrer. Ils combattirent ainsi 07 jours de suite
sans résultat.

Le 8° jour au matin pour encourager son champion, Djazia lui


envoya son collier. Diab le porta à ses lèvres, le baisa, aspira
longuement son parfum qui était celui de sa maîtresse puis avant
d'aller au combat le passa au cou de sa jument . La lutte ayant
commencée à la 1° passe le sabre de Diab glissa sur le bouclier de
son adversaire et atteignit la jument de Zenati. Le coup était si
violent que la jument s'affaissa pour ne plus se relever. Khalifa
Zenati démonté les chances n'étaient plus égales et le combat fut
encore interrompu. Diab demanda à son adversaire quand il
recommmenceraient ; celui-ci lui répondit qu'il lui en ferait donner
avis.

Dès le lendemain matin Khalifa Zenati se mit à la recherche d'une


bonne monture. Ne réussissant pas à trouver une il se résolut à
envoyer sa propre fille chez Diab Ben Ghanem pour lui demander
de lui vendre sa jument ; il savait bien que Diab, généreux et
chevaleresque, ne pourrait rejeter la demande d'une femme.

Djazia eut vent de son intention par l'indiscrétion d'un serviteur ;


elle se rendit le soir même à la tente de Diab devant laquelle sa
bonne jument était attachée à côté d'une autre de moindre valeur
également de couleur blanche, enfonça des aiguilles dans les jambes
de derrière de sa jument favorie puis les recouvrit de goudron de
manière à cacher les aiguilles et à faire enfler les jambes de la bête.

Le lendemain la fille de Khalifa Zenati se présentait à la tente de


Diab ; celui-ci lui fit le meilleur accueil et après les 1° souhaits de
bienvenue, l'invite à s'asseoir et à prendre une collation. Elle lui
répondit : « La meilleure et la plus belle agréable collation que tu
puisses m'offrir c'est de m'accorder la chose que je vais te
demander ». Diab lui dit : » Je suis heureux si tu as un désir que je
puisse satisfaire ».

A ce moment entrait dans la tente Djazia qui venait avec quelques


unes de ces compagnes saluer la fille du Khalifa Zenati. Celle-ci alla
immédiatement au-devant d'elle, l'embrasse puis l'ayant prise à part
lui montra les 02 juments blanches qui étaient à la corde devant la
tente et lui demande laquelle Diab montait dans les combats. Djazia
lui désigna la moins bonne en ajoutant que l'autre avait les jambes
enflées et d'ailleurs était médiocre. La fille du Khalifa rentrant alors

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Le roi Baghai

dans la tente demanda à Diab de lui vendre pour son père la


meilleure de ses juments. Diab lui répondit : » Je ne puis tien te
refuser. Les 02 juments qui sont devant la tente sont à moi. Choisis
celle que tu voudras, je te la donne. La jeune fille après un moment
d'hésitation se décida pour celle dont les jambes étaient saines. Diab
lui fit mettre immédiatement un bridon et l'envoya à la tente de
Khalifa Zenati.

Khalifa en voyant arriver cette jument dit à sa fille : « Ma fille, cette


jument n'est pas celle de Diab. Il t'a trompé et ne mérite pas la
réputation de noblesse et de générosité qu'on lui a faite. « La jeune
fille répondit : »O mon père Diab était le plus noble et le plus
généreux des hommes. Si je ne vous amène pas la jument qu'il
montait quand il combattut contre vous, n'en accusez que moi
seule. Il y avait 02 juments attachées devant sa tente : l'une avait les
jambes saines l'autre avait les jambes enflées. Il m'a prié de choisir
j'ai cru bien faire en prenant celle-ci dont les jambes étaient en bon
état. « Khalifa reprit : « Ma fille tu as fait pour le mieux ; mais
s'aurait été une bonne fortune pour ton père si tu avais choisi l'autre
même avec ses jambes malades ». Il fit ensuite seller la jument , la
monta, l'essaya. Quoique bien loin de valoir la jument favorite de
Diab elle n'était pas à dédaigner Khalifa comprit qu'il ne pouvait en
trouver une meilleure et dès le lendemain envoya son cartel à Diab
Ben Ghanem.

Cependant Djazia dès le départ de la fille de Khalifa avait enlevé les


aiguilles qu'elle avait enfoncées dans les jambes de la jument
favorite de Diab, avait lavé ses blessures avec de l'eau fraîche puis
avait fait sur toutes les jambes une application de henné. La bonne
bête guérit presque de suite et, sa jument se trouvant en état Diab
dut accepter le Cartel de Khalifa Zenati.

Les 02 adversaires se rencontrèrent comme précédemment au


milieu d'une sorte de cirque formé par les spectateurs des 02
fractions. Au 1° choc Diab atteignit son ennemi au côté, Khalifa
tomba. Diab s'élança sur lui. Les 02 hommes roulèrent l'un sur
l'autre. Aucun d'eux ne se relevant les assistants se demandaient
avec anxiété lequel des 02 sortirait vainqueur de cette étreinte
mortelle. Chacun des 02 parties faisait des voeux pour son
champion mais personne n'osait s'avancer sur les combattants.
Après un long moment d'attente Djazia s'écria : » La mort s'est
abattue sur eux ».

Se levant alors au milieu de ses compagnons et s'adressant à Diab


lui-même elle lui cria : » O Diab lève-toi et viens ». En attendant la
voix de son amie, Diab se leva et vint rejoindre ses compagnons en

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Le roi Baghai

disant : « Toujours le 1° au combat ;

ma lance est comme empoisonnée ,


mon sabre est aigu et tranchant,
leurs blessures sont toujours mortelles,
j'ai tué la jument de Zenati,
au jour d'un combat loyal,
mon adversaire a pu s'échapper de mes mains, et le combat a été interrompu,
mais au jour fixé par la destinée,
il ne lui est plus resté de refuge,
je l'ai percé de ma lance aigue,
et il s'est écroulé comme une ruine,
O malheureux Khalifa Zenati
tu est parti et les tiens sont toujours là ». La victoire de Diab fut
considérée par les Hilailia comme une sorte de jugement de Dieu ;
elle mit fin aux médisances des Zenata qui s'accordèrent dès lors à
proclamer la vertu de la Djazia.

C'est ainsi que Diab Ben Ghanem sauva la réputation de sa


maîtresse à la fois par sa prudence et par sa valeur. Elle récompensa
en continuant à l'aimer et à lui accorder ses faveurs à l 'insu de tous.

Tout dans ce récit ne rappelle-t-il pas les chansons de nos coeurs


d'amour et ne sent-on point que les rapsodes arabes de jadis avaient
vécu intimement côte à côte avec nos troubadours ? Ce respect de
la femme cette indiscrétion dans l'amour, ce combat qui ressemble
tant à ce qu'on nommait le jugement de Dieu , ne prouvent-ils pas
que la colonisation arabe de ce temps s'était affiné au contact de
nos chevaliers à l'époque des croisades ...

Le héros du cycle héroique des Ouled Hilal n'est point Diab ou la


Djazia dont nous venons de raconter la légende mais un certain
Ahmed surnommé le Hilal.

Il est le plus jeune des 07 garçons fils d'un même roi et demande à
son père de marier ses 06 frères et lui-même avec 07 jeunes filles
issues du même père et de la même mère. Comme le sultant ne peut
les satisfaire ils partent à la recherche d'un royaume errant tous les
07 dans le Sahara.

Ahmed rencontra des ogres, des voleurs, des dragons, des rivières
qui se combattent, des montagnes qui s'entrechoquent. Il triomphe
de toutes les difficultés et parvient au chateau d'un roi qui a 07 filles
de la même femme. Après une série de combats il se marie. Sa
femme lui donne un anneau magique qui lui asservit les génies. Ses
frères, jaloux de ses services le trahissent et l'abandonnent dans un

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=403 (11 sur 12)31.08.2004 17:19:53


Le roi Baghai

puits... Mais il s'échappe grâce à son anneau, revient dans le


royaume de son père et met ses 06 frères à mort.

Une autre fois il est fiancé à une jeune fille du Souf et habite la
plaine de Sbikha près de Khenchela. Son cheval gris nourri par lui-
même de lait et de dattes le porte au coeur du Sahara. Il a décidé le
père de sa fiancé à passer l'été dans la Sbikha ; mais le père retira sa
parole et pendant qu'Ahmed accompagne un de ses troupeaux du
côté de Constantine il retourne au Souf emmenant la jeune fille.
Des traîtres ont enfermé le cheval d'Ahmed dans un chateau voisin.
Il revient, se livre au désespoir et appelle son cheval. L'animal brise
de ses 04 pieds les murs du chateau, renverse ses gardiens et rejoint
son maître. Ahmed lutte dans le Sahara contre les tourbillons de
sable il est aveuglé son cheval reste près de lui et pleure. Un oiseau
survient qui indique un remède au jeune héros. Il enlève sa fiancée
et retourne à la Sbikha.

Ces légendes héroiques... ne se racontent qu'en langue arabe. On


assiste encore aujourd'hui sous les tentes et sous toutes les petites
maisons des Chaouia aux représentations rapsodiques des anciens
grecs. Le soir, car il est inconvenant de conter pendant le jour,
suivant la qualité de voyageur et suivant qu'il se trouve au milieu
d'indigènes instruits du passé ou tout à fait sauvage un orateur
commente soit les hauts faits de Sidi Abdellah, le convertisseur
musulman de l'Aurès, le brûleur de chrétiens, soit les aventures de
Ahmed El Hilali, soit les tours d'adresse de quelque voleur illustre,
soit une fable enfantine. La 1° série est la plus ancienne, elle se
conte ainsi en arabe : »Comment Sidi Abdellah ruina Tébessa ?... Ce
que dit Abdellah devant l'Aurès... Comment Sidi Okba fut tué par
les Berbères »...

Monographie des Aures

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Le Roi des échos

Le Roi des échos


Conte Nubien
Le jeudi 1er juillet 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● La tombe oubliée
● La chatte
● Ouargla et ses Anciens !
● Tersheddat et ses compagnes jalouses
● Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des
frères Grimm
● La légende de Sidi Brahim
● Contes berbères chaouis de l'Aurès
● L'Ogresse et la Princesse Clair-de-Lune(Thiziri)

Un homme alla dans la forêt pour défricher un bout de terrain,


brûler les broussailles et préparer un champ.
À peine commença-t-il à essarter la terre qu'il entendit une voix
dans les buissons :
"Qui est là ?"
"C'est moi", répondit l'homme.
"Que fais-tu ?"
"Je débroussaille."
"Attends, je vais t'aider. Je suis le Roi des Échos, et je vais t'envoyer
cent de mes sujets."
Sitôt dit, sitôt fait. Le Roi envoya à l'homme cent échos qui
débroussaillèrent le terrain en un tournemain. L'homme se félicita
de cette aubaine :
"Avec une aide pareille, tout va pour le mieux !"
Quelque temps après, les broussailles une fois sèches, l'homme se
rendit dans la forêt pour les brûler et pour amender son champ
avec les cendres. À peine eut-il le temps d'allumer le feu qu'une voix
se fit entendre :
"Qui est là ?" "C'est moi", répondit l'homme.
"Que fais-tu ?"

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Le Roi des échos

"Je brûle les broussailles pour amender mon champ avec les
cendres."
"Attends, je vais t'aider !"
C'était encore le Roi des Échos. Il envoya à l'homme trois cents
échos qui se mirent aussitôt à l'oeuvre. En un tournemain, ils
brûlèrent toutes les broussailles.
Sa terre amendée, l'homme s'en félicita :
"Avec une aide pareille, tout va pour le mieux !"
Les pluies commencèrent. L'homme saisit un pot rempli de millet et
s'en alla au champ pour semer. À peine commença-t-il sa besogne
que le Roi des Échos se fit entendre :
"Qui est là ?"
"C'est moi."
"Que fais-tu ?"
" Je sème le millet."
"Attends, je vais t'aider."
Et le Roi lui envoya en aide neuf cents échos. Les semailles furent
terminées en un tournemain.
"Avec une aide pareille, tout va pour le mieux !" se félicita notre
homme.
Lorsque le millet se mit à germer, l'homme se rendit au champ pour
arracher les mauvaises herbes. Le Roi des Échos ne tarda pas à
l'appeler :
"Qui est là ?"
"C'est moi."
"Et que fais-tu ?"
"J'arrache les mauvaises herbes."
"Attends, je vais t'aider."
Mille échos accoururent et arrachèrent toutes les mauvaises herbes
en un tournemain.
Une fois de plus, l'homme se félicita :
"Avec une aide pareille, tout va pour le mieux !"
Lorsque le millet se mit à lever, l'homme alla au champ pour
chasser les oiseaux qui venaient le manger. Dès son arrivée, le Roi
des Échos cria :
"Qui est là ?"
"C'est moi."
"Que fais-tu ?"
"Je chasse les oiseaux pour qu'ils ne mangent pas mon millet."
"Attends, je vais t'aider !"
Dix mille échos accoururent et chassèrent jusqu'au dernier oiseau.
L'homme s'en alla en se félicitant :
"Avec une telle aide, tout va pour le mieux !"
Des jours passèrent. L'homme arriva au champ. Il cueillit quelques
épis et les goûta pour voir si son millet était mûr. Et le Roi des
Échos appela :

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Le Roi des échos

"Qui est là ?"


"C'est moi."
"Que fais-tu ?"
"Je cueille quelques épis et je goûte mon millet pour voir s'il est
mûr."
"Attends, je vais t'aider."
Aussitôt, cent mille échos accoururent, cueillirent tous les épis et les
mangèrent.
L'homme s'en alla tristement, sans se féliciter. Cette fois-ci, il se
garda bien de dire :
"Avec une aide pareille, tout va pour le mieux !"

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Le Sultan

Le Sultan
Conte de la région de Ksar echelala
Le samedi 1er novembre 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Tersheddat et ses compagnes jalouses
● L'Ogresse et la Princesse Clair-de-Lune(Thiziri)
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● Aubépin
● Le maître d'école et la femme
● Le Hérisson, le Chacal et le Lion
● Balajoudh et l'Ogresse Tseriel

Il était une fois un sultan ; qui n'avait que des filles


aussi belles les unes que les autres. Outre la beauté,

elles avaient des qualités de coeur exemplaires. Mais


le sultan n'était pas heureux.
Un garçon manquait à son bonheur ; un fils ! Un fils

qui lui succéderait, un fils qui perpétuerait la lignée.

... Le sultan et sa femme, qui avaient peur de mourir sans laisser


d'enfant mâle, priaient jours et nuits, faisaient des aumônes,
consultaient les plus illlustres médecins, visitaient tous les
marabouts du pays, mais en vain. Après bien des années, la sultane
mit au monde un garçon. La veille de sa naissance, alors que la
sultane faisait sa sieste, un vieillard à barbe blanche lui apparut en
rêve et lui dit :
« Tu auras un fils, il aura toutes les qualités attendues chez un
prince. Il sera beau, intelligent, courageux, téméraire, mais lorsqu'il

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=141 (1 sur 5)31.08.2004 17:19:57


Le Sultan

atteindra l'âge adulte il tombera si gravement malade que sa vie sera


en danger et qu'il ne il sera guéri que si vous consentiriez un gros
sacrifice. » Et il disparut laissant la pauvre femme ébranlée.

« Comment faire ? » se lamentait-elle, elle dont la joie provoquée


par la naissance du prince commençait à s'émousser. « Comment
faire pour aider mon fils ? » Les années passèrent. Le garçon
grandissait en beauté, courage et témérité, comme l'avait prédit le
vieillard.

Lorsqu'il fut en âge de prendre femme, son père demanda et obtint


pour lui la main de la fille du sultan voisin. Le mariage devant être
célébré à la fin de l'été après les moissons, tout le pays s'activait en
vue des noces qui devaient être inoubliables, car le jeune prince était
aimé et estimé de tous autant pour sa bonté et sa générosité que
pour sa bravoure et son intelligence. La sultane voyant son fils en
bonne santé oublia le rêve et avec lui ses craintes jusqu'au jour ou le
prince qui revenait à travers champs vit une jeune fille qui avançait
en titubant une cruche sur la tête.
Elle fit encore quelques pas puis s'écroula. La cruche en tombant se
cassa en plusieurs morceaux et l'eau se répandit sur le sol. Le prince
se précipita et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit une
éblouissante jeune fille aux longs cheveux d'un noir d'ébène
éparpillés autour d'elle. Toute la beauté et toute la grâce étaient
gravées sur ses traits et sa silhouette mais ses vêtements quoique
propres étaient ceux d'une miséreuse. Le prince, émerveillé, la
contempla longtemps puis se secoua comme s'il sortait d'un rêve. Il
l'aida à se relever. En voyant sa cruche cassée elle éclata en sanglots.

«
Oh, ma cruche, ma belle cruche que mon père m'a ramenée du
souk. Que vais-je lui dire pour me justifier ? »
N'ayez crainte, lui dit le prince, des cruches semblables, il y en a
plein le souk.
Hélas, mon bon seigneur, hélas nous sommes pauvres et mon
père, pour m'acheter cette cruche, s'est privé durant une semaine
d'un remède qu'il prend lorsqu'il fabrique le charbon. Mon père,
seigneur, est charbonnier, et c'est lui qui alimente tout le palais en
charbon.
N'ayez crainte vous dis-je, demain à l'aube une cruche aussi belle
vous attendra devant chez vous.

Rassurée, elle partit. Le prince resta longtemps debout à l'endroit ou


elle était tombée puis il partit à son tour. Il envoya sur le champ un
domestique au souk, avec ordre d'acheter une cruche et de la
déposer devant la maison du charbonnier.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=141 (2 sur 5)31.08.2004 17:19:57


Le Sultan

Toute la journée, le prince fut obsédé par la vision de la jeune fille,


et le soir il ne put fermer l'oeil tant cette vision était vivace dans son
esprit. Cet état de chose dura plusieurs jours, au point que le jeune
homme en perdit le goût du sommeil et ne se restaurait que
rarement. Sa situation était sans issue, car il ne voulait pas se marier
avec la fille du sultan mais avec la fille du charbonnier. Au bout de
quelques temps, le prince tomba gravement malade, ne trouvant
aucune solution à son problème. Ses parents affolés firent venir
tous les médecins du pays, mais aucun ne put déceler la nature de
cette mystérieuse maladie. Il dépérissait à vue d'oeil sous le regard
impuissant de ceux-ci.

«
De quoi souffres-tu mon cher petit ? » lui demandaient-ils. «
Le mal dont je atteint, nul ne peut le guérir à moins d'un sacrifice
que je suis incapable de vous demander » répondit-il.

Ils eurent beau le questionner, il ne leur révéla absolument rien. La


fille du charbonnier eut vent de cette maladie, car les serviteurs,
étant très bavards, racontaient à qui voulait les entendre que le
prince était possédé. Moyennant une pièce d'argent, elle pria une
servante chargée de l'entretien de la chambre où il reposait de lui
permettre de lui rendre visite au moment où il serait seul. Aussitôt
qu'il la vit, il se sentit mieux et lui fit part de ses sentiments.

«
Oubliez-moi sire, oubliez-moi, je ne suis pas digne d'être votre
femme car je suis de condition très modeste. Je suis moi-même très
perturbée depuis que je vous ai vu mais hélas je me fais une raison.

Rendez-moi au moins visite, la pria le prince, en l'absence de mes


parents ; j'en donnerai moi-même l'ordre à la servante. » Elle le lui
promit et partit. Un jour, alors que la sultane somnolait près de la
couche de son fils, le vieillard réapparut et lui dit : « Votre fils peut
guérir à condition que vous acceptiez de lui donner la fille du
charbonnier pour épouse. En bon fils, il ne veut pas vous faire de la
peine mais votre peine sera beaucoup plus grande si vous refusez et
qu'il mourra ». La sultane se réveilla en sursaut en psalmodiant le
nom de Dieu et maudissant Satan. « La fille du charbonnier ? Mais
qui est donc cette fille qui a rendu mon fils si malade ? Mérite-elle
au moins un pareil sacrifice ? Dès demain j'irai la voir ».

Le lendemain, très tôt et sans rien dire à personne, elle se déguisa et


partit vers la maison du charbonnier qui se trouvait à l'entrée de la

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=141 (3 sur 5)31.08.2004 17:19:57


Le Sultan

forêt. En voyant la maison si vétuste, ellle frissonna, se cacha


derrière un arbre et attendit. Un moment après, une jeune fille belle
comme le jour apparut sur le seuil. « Ah ! Je comprend pourquoi
mon fils est si malade, dit-elle. Mais une telle alliance est impossible.
Il faut qu'elle et ses parents quittent le pays ; alors l'envoûtement
quittera le corps de mon fils. ». Toujours déguisée, ellle se présenta
à eux et leur dit : (© publié par Tamurth.net)« La sultane, ma maîtresse
m'envoie vous dire que son fils est tombé en léthargie depuis qu'il a
vu votre fille. Vous comprenez aisément qu'il lui est impossible de
vous demander sa main, alors elle vous demande de quitter le pays à
moins que... à moins que votre fille ne tisse une étoffe de soie si
légère et si belle qu'elle n'aura pas son pareil dans tout le royaume.
Mais si l'étoffe n'est pas prête dans deux jours alors vous vous en
irez ».Elle partit laissant la jeune fille et ses parents désemparés. Peu
après, la jeune fille reçut la visite de la servante qui lui dit que son
maître désirait la voir. Elle la suivit et raconta au prince tout ce qui
venait d'arriver.

«
Va, lui dit le prince, va dans la forêt et raconte tout au grand
mûrier.
Mais comment un arbre pourra-t-il m'aider ? lui dit-elle.
Va, répond le prince et fais-moi confiance. »

Arrivée devant le mûrier, elle se mit à pleurer à chaudes larmes.


« Mon Dieu, mon Dieu comment vais-je m'en sortir ? Comment
vais-je faire pour éviter l'exil à mes parents ? ». Alors le mûrier eût
pitié d'elle ; il secoua très fort ses branches afin de réveiller tous les
vers à soie qui s'y trouvaient et leur tint ces propos : « Je veux que
vous vous mettiez tous à l'ouvrage et que vous tissiez très vite la
plus belle étoffe qu'il m'ait été donné de voir, sinon je dessécherai
toutes mes feuilles et vous n'aurez plus rien à manger ». Les vers à
soie, apeurés, commencèrent à tisser, à tisser la plus belle et la plus
arachnéenne étoffe qui pût exister. Ils travaillèrent tant et si bien
qu'au bout de deux jours, la toile fût finie. Lorsque la sultane,
toujours déguisée, la vit, elle blêmit et dit : « Tout ceci est fort bien
mais ma maîtresse désire cette fois que vous récupériez le collier de
perles qu'elle portait et qui s'est cassé l'an dernier près du bassin
derrière le palais ».

Cette fois-ci, la jeune fille dit au prince qu'il lui était impossible de
surmonter cette nouvelle épreuve.

«
La solution se trouve au seuil de ta maison, répondit-il ; va, que
Dieu t'assiste et te vienne en aide. »

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Le Sultan

L'esprit ailleurs, elle marcha, marcha jusqu'à la maison de ses


parents. Alors, du pied et sans le vouloir, elle foula une fourmilière.
Sentant alors quelques fourmis sur sa jambe, ellle s'agenouilla pour
réparer les dégâts. Tout en s'excusant, elle leur fit part des raisons
de son chagrin. La reine des fourmis ordonna alors à ses ouvrières
de restituer les perles qui se trouvaient au fond de la fourmilière.
Les perles retrouvées, la sultane n'ayant plus aucune excuse accepta
que son fils épouse l'humble fille. Les noces prévues pour la fille du
sultan furent célébrées en grandes pompes en l'honneur de la fille
du charbonnier.

Et le prince, guéri et heureux, vécut très longtemps avec celle qui lui
était destinée depuis sa naissance.

Traduit pour La Mandragore © par Madame Rahmûn el-Nacer, qui le tient de


sa mère, de Ksar Chellala

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Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des frères Grimm

Les contes berbères


ressemblent beaucoup à
ceux des frères Grimm
Entretien avec la dessinatrice allmande Simone
Blank
Le mardi 27 mai 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Conte du Chat

Le deuxième dessin animé d'expression berbère

L'agneau et le chacal vient de sortir, simultanément


en Allemagne et en France. L'Allemande, Simone
Blank, le maître d'œuvre de ces images en
mouvement qui nous enchantent, ayant déjà
collaboré dans le film Asterix in America.

Liberté : Qui est Simone Blank ?


Je suis Allemande. Je suis née en 1974 à Aurich (nord-ouest de
l'Allemagne). J'ai commencé à dessiner des cartoons dès mon jeune
âge : mon rêve était de devenir une dessinatrice de dessins animés.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=329 (1 sur 3)31.08.2004 17:19:59


Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des frères Grimm

Après une formation de designer, j'ai fréquenté une École des


Beaux-Arts pendant dix ans. Depuis deux ans, je travaille avec
Amazighmultimedia (AMM).

Quels sont les projets auxquels vous avez participé ?


J'ai participé à plusieurs expositions (aquarelle, pastel, acryl, crayon,
cartoons, airbrush, etc.) à Bayreuth, Emden.... J'ai acquis de
l'expérience pratique en "production" et dans la mise en œuvre des
personnages principaux lors de la production du film Asterix in
America que le studio berlinois Gerhard Hahn Filmstudio a réalisé.
Les dessins ont été réalisés à Berlin dont la majorité a été coloriée
en Korée. La production de cet ouvrage complexe a duré deux ans.

Connaissiez-vous l'univers berbère ?


Oui. En fréquentant les Kabyles de Hanovre et à travers les médias
allemands qui parlent des événements tragiques de la Kabylie.

Comment êtes-vous arrivée à travailler sur le conte berbère ?


Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des frères Grimm
qui sont des références en Allemagne.
Ils ont été même repris par Dr Frobenius, pour vous dire leur
importance. Donc, cette culture ne m'est pas étrangère.

Qu'est-ce qui vous donne du plaisir à travailler sur le dessin animé


berbère ?
Le dessin est mon moyen d'expression et ma façon de vivre.
Dessiner est un art : mettre en mouvement des dessins n'est pas
chose facile. À titre d'exemple la marche d'un chien et celui d'un
autre animal tel que le cheval ou la vache diffère.
C'est cela qui me fascine. Aussi, le dessin est universel. Certes, dans
ce projet, le contenu reflète la culture berbère, en particulier la
kabylie.
Cependant, en tant que mère de famille, je suis impressionnée par
cette manière de faire rêver les enfants tout en leur transmettant
une morale extraordinaire. Or, l'Occident a déjà perdu cette
innocence au profit du commercial.

Vous rendez-vous compte que vous êtes, en quelque sorte, la


Disney des Berbères ?
Merci. Pour le moment nous n'en sommes pas encore là. Le géant
américain dispose des moyens financiers et humains extraordinaires
et ses produits, distribués en plusieurs millions d'unités dans les
sociétés de consommation, se rentabilisent vite, alors que le produit
de amazighmultimedia est plutôt destiné à une clientèle réduite.
En Allemagne, c'est l'état qui finance la culture, y compris la

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=329 (2 sur 3)31.08.2004 17:19:59


Les contes berbères ressemblent beaucoup à ceux des frères Grimm

production de dessins animés. Et comme AMM ne reçoit aucune


subventions, sa survie dépend de son écoulement.

Quelles sont les améliorations apportées à ce deuxième dessin


animé ?
Nous avons apporté des améliorations surtout à la fluidité des
mouvements, au coloriage des paysages et à l'harmonie entre le son
et l'image.
Même si je pense qu'il y a beaucoup de choses à perfectionner, je
suis satisfaite de ce produit.

Liberté 21/05/03

Vos réactions

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=329 (3 sur 3)31.08.2004 17:19:59


Les fourberies d'Inisi - La figue de barbarie

Les fourberies d'Inisi - La


figue de barbarie
Fable Kabyle
Le mercredi 1er octobre 2003.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le Hérisson, le Chacal et le Lion
● Ouarda

Il advint une année de famine pour les bêtes sauvage habitant le


maquis. Tout ce qui avait petites oreilles dressées et pattes
trottinant mourait de faim, tous ceux qui disent ; nous voulons
dormir.

s'étant donné le mot, ils rassemblèrent sur une croupe


buissonneuse, se mettant à l'abri de bouquet de cactus, pour n'être
pas vus de ceux qui possèdent les énormes molaires, les défenses et
les griffes. Il y avait là chacal et Hérisson, chacun de son côté. Ils
surveillaient, se souvenant des méchancetés qu'ils s'étaient faites.
Tous ceux qui faisaient cercle étaient bien maigres, sauf Hérisson,
chasseur de vermine, qui n'avait pas souffert ; il avait pris du ventre.
Chacal se sentait des démangeaisons au menton, il avait envie de
manger Hérisson. Sa bouche s'humectait et laissait déborder sa
salive. Il se disait :
Ô Morceau de poitrine,
le manque de force me prive de toi.

Les autres bêtes ne savaient que dire. Ils se demandaient d'ou leur

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=158 (1 sur 3)31.08.2004 17:20:02


Les fourberies d'Inisi - La figue de barbarie

viendraient les vivres. Tout à coup, le chat, fils de lion, parla ; il leur
rappela le repas que le lion leur avait offert quand il avait eu la
fièvre :
Quelle galopade ce jour-là ! Nous nous sommes mis en route tout
tremblants ; nous craignons que le roi des animaux ne nous
dévore ; c'est lui qui nous a fait manger. Il y avait de tout et du
meilleur. Que de lait nous avons bu ! Que de viandes nous avons
mangées ! Combien d'oeufs avaient été cuits !

Et encore, Chacal, ave ses petits yeux malins, en rajoutait :


Malgré les pièges que je lui avais tendus les mangeailles qui
avaient été servies. Avec des cris, ils dirent ce que chacun préférait.

Le chat venta le lait :


Jamais ne reviendra un jour pareil ; j'ai lapé tant de lait que ma
bedaine en était toute gonflée.

Chacal, mangeur d'agneaux, dit :


Tu t'y connais, muet mangeur de rats ? Y a-t-il meilleur qu'un
morceau de plat de côtes ? Même pour un malade, il en faut très
peu.

Le serpent dit :
Plaisanteries que tout cela. Pour moi, rien ne vaut les oeufs. Ce
jour-là, Dieu m'a comblé ; j'en ai gobé un tas énorme. Si cela ne
dépendait que de, je ne dépenserais pas mon argent pour des
broutilles et ne chercherais que les oeufs qu'on n'a pas besoin de
mâcher.

Ils faisaient de plus de vacarmes en raison de l'appétit et la


gourmandises qui les possédaient. Hérisson, qui avait l'estomac
bien garni, avait la tête cassées de tous ces discours et n'y trouvait
aucun sens : autant semer dans la rocaille. De sa petite voix, il dit :
Laissez-moi tranquille, imbéciles qui cherchez l'impossible. On
dit : Les At-Ghorbri, quand ils rêvent de figues, ils en parlent. Dans
la disette où nous sommes, une figue tombée avant maturité, nous
ne trouvons pas à nous la mettre sous la dent et vous demandez des
denrées hors de prix ; de la viande, des oeufs, du lait. La viande est
appréciée ; (© publié par Hichem.MALEK)la bonne viande nous
l'aimons tous mais elle vient de la montagne infertile. Pauvres de
nous, sur qui règne la faim, puissions-nous parvenir à avoir des
oeufs et du lait ; eux aussi nourrissent la viande ; l'oeuf, c'est la chair
qui le produit et il engendre la viande emplumée. Le lait vient de la
viande et fait grossir nos enfants. Pour la santé, manger un oeuf,
qui boit du lait mange de la viande.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=158 (2 sur 3)31.08.2004 17:20:02


Les fourberies d'Inisi - La figue de barbarie

Chacal, tout ce qui disait Hérisson sur la viande, il n'essayait pas de


le comprendre ; il n'entendait. Il ne détournait pas ses yeux de la
bedaine d'Inisi.

Celui-ci s'en rendait compte. Il voyait chacal se gratter le menton,


se demandait par où il allait le prendre. Il lui dit :
Ta barbe te démange. Ben Yakoub ; puisses-tu faire bientôt un
bon repas de viande ; pour toi elle ne manque pas donc d'abord un
fruit, pour t'ouvrir l'appétit, supprimer tes tiraillements d'estomac.

Il prit une figue de barbarie, avec toutes ses épines et dit à Chacal :
Ouvre la bouche et ferme les yeux.

Chacal brûlait d'impatience ; il ouvrit la bouche, en fermant les


yeux. Hérisson, sans barguigner lâcha la figue qui alla se coincer
dans le fond du gosier. Chacal, la gorge pleine d'épines ne pouvait
plus respirer : la figue était si si bien bloquée dans son gosier qu'il
ne pouvait ni parler ni crier.

Toutes les bêtes présentes défaillaient de rire. Le crapaud avait un


ventre si gonflé qu'il risque d'en éclater. La cigale crissait à en
perdre le souffle. Hérisson, déclara :
De ce peu d'épines d'une figue de Barbarie, tu ne peux venir à
bout ; que serait-ce de moi ? Au revoir ; fasse Dieu que ne tu ne
puisses ni l'avaler ni la rejeter.

Il battit le sol de ses petites pattes et, en trottinant, il s'en alla.

Fables composées dans le style traditionnel par une collaboratrice de Ouaghzen.


F.D.B N°107 -Fort National- 1970 (III)

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Les fourberies d'Inisi - La gale

Les fourberies d'Inisi - La


gale
Fable Kabyle
Le mardi 1er juin 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● Le Sultan

En cette fin d'hiver, alors que les grandes gelées avaient cessé, les
bêtes sauvages commencèrent à pointer le museau hors de leurs
repaires. Elle feraient leurs nids et au premier bourdonnement des
abeilles, elles auraient leurs petits. Hérisson n'avait même pas senti
passer l'hiver. Logé dans des bottes de fourrage, il était resté plongé
dans la tiédeur de son sommeil.

Un jour le maître du fenil vint avec sa femme chercher du fourrage.


En marchand, ils parlaient de leurs enfants à qui la gale arrachait la
peau. Hérisson, tapi, dressait les oreilles pour entendre. L'homme
dit à sa femme :
Aujourd'hui, il fat beau ; prépare aux enfants un bain à l'eau de
cendre. Mets dans la couscoussière du thym et de la paille pour que
l'eau soit bien filtrée. Quand tu les auras baignés qu'ils seront
séchés, frotte-les avec le médicament que j'ai apporté pour eux.
Prends-les en une fois, sinon ils se repasseraient la contagion.
Chaque jour le bain et chaque jour la friction, jusqu'à ce que le mal
les quitte. Jette la peau de mouton sur laquelle ils dorment.
Mon ami, dit la femme, je ne jetterai pas une peau toute neuve à

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Les fourberies d'Inisi - La gale

poile si longs. Cela me ferai trop de peine.


Ce soir, dit-il, je ne veux plus la voir à la maison, sinon c'est moi
qui la jetterai au fumier : c'est cette toison qui leur a donné le mal.

Ils lièrent leurs bottes de foin et remontèrent chez eux.


Hérisson n'avait rien perdu de la conversation. Il se dit :
J'ai trouvé ce qu'il faut à chacal ; je vais lui procurer de quoi
engluer ses enfants.

Au petit matin, il extirpa la toison du fumier, la plia et en fit un


paquet pour chacal. Se rendant chez lui pour le féliciter à l'occasion
de récente de la naissance de ses enfants, il lui dit :
Bonjour. Prospérité à tous. L'esclave noire en toute hâte va vous
porter le déjeuner du matin. J'ai appris que tu as eu des enfants,
oncle Ben Yakoub : qu'ils soient source de bonheur ! Je leur ai
apporté un cadeau, présage d'une longue vie ; une toison neuve, au
poil long et chaud ; ils y grandiront.

Chacal, au comble de la joie, le reçut aimablement et lui offrit


même le café. ses yeux faisaient des larmes comme des prunes ;
Hérisson lui enlevait (le souci des) gelées nocturnes.

Depuis lors, il mit ses petits à dormir dans la peau de mouton ; ils
s'y vautraient au chaud. Leur mère sautait de joie ; ils étaient
tranquillisés pour leurs enfants.

Les petits, les pauvres, n'eurent pas à attendre longtemps ; au bout


de quelques jours, ils commencèrent à se gratter et à perdre les poils
de leur dos. Les parents pensèrent qu'ils s'agissait de puces ou
autres insectes passant de l'un à l'autre, mais ne surent pas que
c'était la gale qui les travaillait. Ils les emmenèrent un par un, au
soleil, les épucèrent, les léchèrent. Les petits ne guérirent pas :
mieux, le mal passa aux parents. Tout le monde à la maison se
grattait : ils ne savaient ni la cause de leur mal ni la cause de leur mal
ni le remède à employer. Les petits étaient couverts de boutons et
ils finirent par mourir.

On le dit ; celui qui est au plus mal s'agite. Chacal alla parler à Hérisson
et lui dit :
Tu as bon coeur ; le service que tu m'as rendu est très grand ; je
n'oublierai pas la toison que tu as donné à mes enfants.
Il n'y a pas de quoi, répondit Hérisson ; au fait, comment vont-
ils ?
Ne m'en parle pas ; ils sont arrivés où nous irons tous.
Dieu les repose et les remplace par d'autres qui vivront. Quelle
maladie avaient-ils contactée pour qu'ils meurent tous ensemble.

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Les fourberies d'Inisi - La gale

Une sorte d'éruption ; ils se grattaient, perdaient leur poil ; à la


fin, ils sont mort. Maintenant, c'est nous qui avons pris leur mal. Je
suis venu te trouver que tu m'indiques si nous pourrions y faire
quelque chose.

Hérisson, conscient du mauvais tour qu'il leur avait joué, voulut


aller jusqu'au bout. Il indique à Chacal une médication énergique. Il
lui donna un remède pour des frictions ; des cristaux avec du
souffre à mélanger à de la vielle huile. Il renouvela sa mauvaise
plaisanterie an lui disant :
Voilà ce qui chasse les insectes. Lavez-vous, frictionnez-vous
jusqu'à complète guérison, mais attention ! un par un, pas les deux
en même temps.

Chacal, en marchant, se disait : "c'est moi le chef ; c'est donc moi


qui dois me soigner le premier. Je ne dirai rien à ma femme avant
d'être guéri".
Il s'occupa de lui-même, appliqua le remède. Ses démangeaisons
diminuèrent mais le mal ne voulait pas le quitter ; il empirait :
Essai donc, dit-il à sa femme, (© publié par Hichem.MALEK)ce
remède que m'a donné Hérisson, pour voir si tu y trouves la
guérison. Elle se baigna donc et usa de l'onguent. Après deux et
trois jours, aucun effet ; la gale empirait.

Dame Belette vint présenter ses condoléances à la famille Chacal


pour la mort de leurs enfants.
Elle constata qu'ils avaient oublié leur deuil et ne s'occupaient que
de la gale qui les tourmentait à l'extrême.
D'où vous vient cela ? Demanda-t-elle.
Notre histoire est bien pénible ; c'est pour cela que nos enfants
sont morts.
Cela ne vous serait pas arrivé, dit la belette, si vous n'étiez pas
allés coucher chez des gens ou si personne n'était venu chez vous ;
quelqu'un vous a peut être donné du tissu (contaminé).
Seul Hérisson nous a donné une toison neuve à longs pouls et
chaude ; Dieu le bénisse pour sa bonté à l'égard de nos enfants.
Vous n'avez pas soupçonné la perfidie de Hérisson ; son coeur
est aussi piquant que son échine : Hérisson s'est moqué de vous
avec cette toison qui vous a donné la gale. Jetez-la avant de vous
soigner. Avez-vous quelque médicament ?
Il nous reste encore un peu de celui que nous a donné Hérisson,
mais sait-on s'il ne nous a pas encore trompés ?

Ils montrèrent le remède à la belette, qui déclara :


Il est bon. Cela ne vous a rien fait ?
Nous nous en frictionnons, dirent-ils, à tour de rôle, comme nous

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Les fourberies d'Inisi - La gale

la prescrit Hérisson, mais le mal revient.


Il vous a trompés ; pour cette médication, il faut que vous vous
laviez en même temps ; après vous être frictionnées, il faudra que
toute la literie de la maison soit lavée et une seule fois. Si vous ne
vous soignez pas en même temps, la gale ne cessera pas de rôder
autour de vous, comme l'âme du défunt autour de ses effets tant
qu'ils n'ont pas été lavés.

Il firent comme leur avait dit Dame Belette : ils se soignèrent tous
les deux en même temps et guérirent en même temps.

Fables composées dans le style traditionnel par une collaboratrice de Ouaghzen.


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Les fourberies d'Inisi - Les pilleurs de détritus

Les fourberies d'Inisi - Les


pilleurs de détritus
Fable Kabyle
Le jeudi 1er janvier 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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Cette année-là fut une année de faim et de soif. Les gens mouraient,
les bêtes aussi. Les oiseaux et les fauves furent atteints. Les insectes
même eurent à souffrir. Il y avait de quoi dire ; cette année est
misère pour tous : "nous allons renvoyer nos femmes. Au
printemps, nous les reprendrons pour qu'elles nous glanent
quelques maigres épis d'orge".

Un jour, Chacal et Hérisson voyageaient ensemble. Tenaillés par la


faim, ils se dirigèrent vers le dépoire du village. Hérisson l'exploita
soigneusement, lentement. Il découvrit une vieille boîte de lait jetée
là par une femme chargée de jeunes enfants. Il avala le tout, sans
respirer, comme un mourant ; on dit que la faim n'a pas de pudeur.

Chacal, lui, à moitié fou, se contentait de renifler toutes les vielles


boîtes vides. Il eut vite fait le tour du fumier. Soudain, comme
frappé d'un soufflet, il se souvint de Hérisson. Ayant dressé l'oreille,
il entendit le bruit de boîte : A quoi est-il accroché, celui-là ? se
demanda-t-il.

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Les fourberies d'Inisi - Les pilleurs de détritus

Il se précipita vers Hérisson et vit qui achevait de lécher le bord de


la boîte. (© publié par Hichem.MALEK)Il le bouscula et la lui vola,
mais "celui qui avait mangé était rassasié ; à l'autre, le plat était
enlevé".

Il comprit que la précipitation ne servirait à rien. Il s'approcha du


fumier et se mit à le fouiller méthodiquement. Il trouva le cadavre
d'un animal crevé, plein de vers et dégageant une odeur de cercueil.
Il avala en toute hâte ; la faim, dit-on, l'emporte sur la répugnance.

Toute la nuit, ils rôdèrent sur le dépotoir ; on aurait dit un terrain


défoncé par un ménage de sangliers. Ils ne trouvèrent rien d'autre
que ce peu de lait et cette charogne ; c'était toujours autant : ils
avaient aveuglé leur faim. Au matin ils reprirent leur chemin, en
piteux état. Leur estomac leur semblait aussi chargé que des
grenades. Un hoquet de mort les secouait ; la douleur leur
remontait dans les flancs ; des vagues (de souffrance) leur passaient
d'un coté à l'autre ; leurs intestins gazouillaient et parlaient anglais.
Ils avançaient pas à pas, s'arrêtant subitement ; ils dégorgeaient,
comme le goulot d'un pot, et par le haut par le bas. Ils atteignirent
enfin le bord d'un torrent s'y étendirent, les pattes allongées,
comme deux coquelicots (fauchés). Ils étaient trempés des sueurs
(causées par la rencontre) de l'Ange de la Mort. Chacal restait
allongé, sans vie. Quant à Hérisson, dès qu'il se fut un peu reposé,
en se traînant péniblement, il parvint à atteindre l'eau. Il se mouilla
la bouche ; il sentit qu'il reprenait vie ; le voilà noir de l'Au-delà
disparaissait de devant sa vue. Il se précipita, buvant à longs traits ;
ses flancs se gonflaient ; il se remettait très nettement. Il se mit alors
à grignoter des gousses de caroubier, car il savait qu'elles lui
assècheraient l'intestin et en feraient disparaître le mal qui le
rongeait.

Chacal était entre les main de Dieu, mais il ne pouvait s'empêcher


de piquer Hérisson :
Que ce soit la mort de ta race ! Rassasie-toi de toutes les saletés
que tu as mangées. Tes intestins s'écoulent comme de l'eau de
sainbois et, malgré cela, tu ajoutes à ton estomac tant d'eau que le
courant va t'emporter. Toi que l'on que l'on a surnommé chasseur
d'insectes, par toute la terre, tu te ravales au niveau du bétail
rongeur de caroubes. Que Dieu achève le malheur où tu t'es mis.
Chacun, répondit Hérisson, sait ce qui lui convient : les gens de
bien trouvent le bien ; les méchants meurent dans leur malheur.

Il trottina vers son terrier pour s'y mettre à l'aise.

Chacal perdait ses poils, arrachés par les genêts. Ses côtes saillaient ;
on aurait pu les compter. son intestin se relâchait ; il était noyé dans

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Les fourberies d'Inisi - Les pilleurs de détritus

ses excréments. C'était la fin. Des essaims d'insectes et de mouches


l'entouraient en bourdonnât au-dessus de sa tête.

Deux, trois jours (passèrent) ; le propriétaire du champ vint voir


son bien. L'odeur de charogne l'accueillit. Avançant de quelques
pas, il découvrit le chacal, sale, plongé dans ses déjections incapable
de bouger ni pied ni patte.
c'est bien fait pour toi, dit l'homme ; récolte ce que tu as semé. Le
filet de la justice divine t'enserre. En as-tu égorgé, les bêtes sans
parole ! En as-tu étranglé, des chevreaux après leur avoir uriné dans
les oreilles ! C'est bien fait pour toi. Dieu t'a noyé dans tes
excréments et tu les as mangé sans dire tes grâces. Celui qui a
mangé la poule de l'Iflis devra la remplacer par la sienne. Je ne vais
pas gaspiller une cartouche pour toi. Mes mains répugnent à te
toucher : d'un bon coup de pied, je vais t'envoyer au ravin ; l'eau est
assez forte pour t'emporter.

Il l'envoya, d'un coup de pied, plonger dans un tourbillon d'eau.


Chacal s'y enfonça, puis, le froid le saisissant, il commença à se
débattre dans l'eau. Sans le vouloir il avala grosse quantité d'eau.
Luttant contre le courant, il sortit du torrent. Il se secoua et fila ;
l'eau l'avait sauvé.

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Les tapis du fils du négociant

Les tapis du fils du


négociant
Conte du pays Chleuh
Le vendredi 1er mars 2002.

HMM
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❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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Une femme, même excessivement dépensière, peut


se montrer, dans la nécessité, très habile pour

redresser la situation. Ce conte des Imazighen


marocains est sans doute une moquerie à l'égard des

turcs, et il repose sur une superbe ironie...

C'est l'histoire d'un négociant qui avait amassé une grosse fortune et
qui avait un fils. Un jour, sur le point de mourir, il lui dit :
Sois prudent, sinon ta fortune s'épuisera et tu resteras sans rien.
Mais il ne tint pas compte du conseil de son père car il pensait que
sa fortune était si grande que jamais elle ne s'épuiserait. Il épousa
une femme, qui, quoi qu'elle demandât d'apporter tel jour, le
lendemain il lui fallait autre chose. Et voilà la fortune dissipée seul
Dieu est éternel !

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=40 (1 sur 6)31.08.2004 17:20:10


Les tapis du fils du négociant

La femme dit alors à son mari :


Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans cette ville où tout le
monde nous connaît.
A toi de décider, répondit-il, où que tu veuilles aller nous irons.

Ils déménagèrent donc dans une grande ville et s'y installèrent.


Dis-moi, demanda la femme à son mari, tu dois connaître
quelques amis de ton père ici ?
J'en connais, dit-il.
Eh bien, il faudrait que tu ailles trouver l'un d'eux pour qu'il te
donne cent miqdals et que tu me les rapportes.

Le mari se rendit chez un ami de son père, échangea avec lui le salut
et lui dit :
Je voudrais que tu m'avances une centaine de miqdals.

L'autre les lui donna et il les apporta à sa femme qui lui indiqua ce
qu'il devait acheter comme laine et comme teinture. Quand elle lui
eut bien indiqué, en détail, ce qu'il devait lui rapporter, il s'en alla
chercher ce qu'elle voulait.

Elle en fit un tapis qui était une merveille et demanda à son mari :
Porte le au Pacha de la ville.

Il le porta au pacha qui l'accueillit avec empressement car le tapis lui


plaisait beaucoup. Il lui demanda de qui il était le fils. Le mari lui
répondit et le pacha, comprenant qu'il était le fils d'un riche
négociant, le traita avec largesse puis prit aimablement congé en lui
disant :
Que Dieu bénisse la femme qui a tissé ce tapis. Il ne lui vint pas à
l'esprit que son visiteur s'attendait à autre chose. Il pensait
simplement que le fils du riche négociant lui faisait un cadeau.

Et alors ? demanda la femme à son mari de retour.


Le pacha, lui répondit-il, te donne sa bénédiction et te souhaite
une bonne santé : tu ne seras jamais plus malade. Quant à ce dont
nous avons tant besoin, il n'en a pas été question.
Entendu, lui dit-elle, retourne chez l'ami de ton père pour qu'il te
donne cents autres miqdals.
Est-ce que tu ne vas pas bientôt me laisser tranquille ? lui
demanda-t-il furieux.
Va, lui dit-elle, ne te fais pas de souci : cette affaire ne concerne
que moi ; elle ne te regarde plus.

Il réitéra sa démarche et rapporta les cent miqdals. Sa femme lui

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=40 (2 sur 6)31.08.2004 17:20:10


Les tapis du fils du négociant

demanda d'aller lui chercher exactement les mêmes fournitures que


la fois précédente. Le fils du négociant fit ce que sa femme lui
demandait et elle fabriqua un tapis semblable au premier puis elle
demanda à son mari :
Porte celui-ci au cadi.

Or le cadi avait vu le tapis du pacha et lui avait demandé « Qui vous


l'a apporté ? ».

Et le pacha lui avait répondu que c'était le fils d'un négociant de ses
amis. Le cadi lui avait encore demandé à quel prix il l'avait acheté et
le pacha lui avoué qu'il lui en avait fait cadeau Lorsque le mari
apporta le second tapis au cadi, celui-ci l'accueillit chaleureusement
et il lui demanda :
Est-ce vous le fils de l'ami du pacha ?
C'est bien moi.

Alors le cadi fut aux petits soins pour lui. Quand son hôte eut
mangé et bu, il lui demanda :
Qui vous a tissé ce bel ouvrage ?
C'est ma femme qui l'a tissé elle-même.
Eh bien, dites-lui que je lui adresse toutes mes félicitations.

Le visiteur sortit de chez le cadi, décidément ce dernier s'imaginait


aussi qu'il s'agissait simplement d'un cadeau.

Et alors, lui demanda sa femme lorsqu'il rentra.


Toi, tu peux remercier Dieu, lui répondit son mari, tu ne seras
plus jamais malade : le cadi te donne sa bénédiction en te souhaitant
une bonne santé, mais ce dont nous avons besoin, il n'en a pas été
question.

Elle reprit :
Il faut que tu ailles me chercher cent autres miqdals.
Moi, lui répondit-il, je n'irai plus

Elle insista :
Il faut absolument que tu y ailles encore cette fois.

Il alla donc et rapporta cent autres miqdals. On croyait toujours


qu'il était riche, puis il acheta les mêmes fournitures qu'auparavant.
La femme tissa un troisième tapis et lui dit :
Celui-ci, porte-le au ministre du roi.

Or le ministre avait vu le tapis du pacha. Il lui avait demandé son

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Les tapis du fils du négociant

prix et le pacha lui avait confié : « C'est le fils d'un riche négociant
qui me l'a donné » Aussi, lorsque le mari entra avec son tapis ; il se
montra fort attentionné avec lui. L'autre alors déposa son fardeau ;
le ministre en fut ravi. Quand son visiteur eut mangé et bu, il lui
demanda :
C'est bien, comme on m'a dit, votre femme elle-même qui a tissé
cette merveille ?
Parfaitement, Excellence !
Eh bien ! Faites-lui tous mes compliments, dit le ministre, voilà
comme on doit travailler.

Il le reconduisit aimablement, sans manifester nulle intention de lui


donner quoi que ce soit.
Et alors ? lui demanda sa femme à son retour.
Toujours la même chose, on te bénit et on forme des vœux pour
ta santé.
Tu vas retourner chez l'ami de ton père pour qu'il te donne un
habit de négociant. Le jour de la criée, tu ne quitteras pas le port
avant d'avoir acheté la cargaison de trois navires de marchandises.
N'arrête pas de renchérir jusqu'à ce qu'elle soit à toi, à n'importe
quel prix.
Et pour le paiement ?
Va, lui dit-elle, quand tu l'auras achetée. je t'indiquerai qui devra
payer.

Il partit en revêtant l'habit de négociant et, le jour de la criée, il resta


sur le port à faire monter les enchères jusqu'à ce qu'il ait acquis la
cargaison de trois navires. Puis il rentra chez sa femme et lui
annonça :
Eh bien, voilà qui est fait maintenant !
N'aie pas le moindre souci, lui dit-elle, et va chercher un endroit
où décharger la marchandise.

C'est ce qu'il fit. Un jour, l'homme qui lui avait vendu la cargaison
des trois navires vint le trouver pour se faire payer.
Déguerpissez ! lui dit le fils du négociant. Au bout d'une semaine
l'homme revint et le mari alla trouver sa femme.
L'homme qui m'avait vendu la cargaison des trois navires est
revenu, il ne repartira pas sans avoir reçu son argent.
Ne lui donne rien ! répondit sa femme, et s'il te dit quelque chose,
tu lui répondras : "Que Dieu te donne la santé !"

Quand le vendeur comprit qu'il n'aurait rien, il assigna le fils du


riche négociant en justice et celui-ci à nouveau alla trouver sa
femme.
Va, dit-elle, accompagne-le chez le roi. Là, laisse-le présenter sa

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Les tapis du fils du négociant

requête, puis tu diras au roi : (© publié par Tamurth.net)"Pardon,


Monseigneur, moi je ne suis qu'un étranger. Ce que j'ai vu les gens
utiliser comme monnaie d'échange dans ce pays, je m'en suis servi
pour payer cet homme." Si le roi te demande alors des explications,
tu lui exposeras toute l'affaire comme elle est.

Quand ils furent arrivés chez le roi, le vendeur remit la liste de tout
ce qu'il avait vendu au fils du négociant, le roi la lut et comprit de
quoi il retournait. Il s'adressa à l'autre :
Qu'avez vous à répondre ?
Pardon Monseigneur commença-t-il moi je ne suis qu'un
étranger. J'ai acheté à cette compagnie sa marchandise ; et ce que les
gens de ce pays utilisent comme monnaie d'échange je m'en suis
servi pour payer l'armateur.

Le roi s'adressa au demandeur :


Avec quoi cet homme vous a-t-il payé ?
Monseigneur, répondit l'autre, il n'y a eu aucun paiement. Je me
suis présenté à lui et je l'ai prié de me régler. Il m'a dit : "Que Dieu
te donne une bonne santé."
Est-ce bien cela ? demanda le roi.
Parfaitement, Monseigneur, dit l'autre.
Et qu'est-ce que cela signifie ? reprit le roi.
Monseigneur, commença notre homme, j'ai vendu un tapis au
pacha de la ville, et il m'a dit : "Que Dieu vous donne une bonne
santé, à vous et à la femme qui l'a tissé." J'ai recommencé
Monseigneur poursuivit-il, en vendant un autre tapis au cadi ; il m'a
payé avec un "Que Dieu vous donne une bonne santé, à vous et à la
femme qui l'a tissé" J'en ai vendu un troisième au ministre : il m'a
payé avec un "Que Dieu vous donne une bonne santé, vous et à
celle qui l'a tissé !" Alors, Monseigneur, conclut-il, j'ai acheté les
marchandises de cet homme avec un « "Que Dieu vous donne une
bonne santé !" A vous de juger maintenant. »

Le roi envoya une convocation au pacha et une au cadi. Ils


comparurent. Il fit appeler le ministre.
Cet homme, demanda-t-il, vous a bien vendu des tapis ?

Ils répondirent :
Monseigneur, il ne nous a rien vendu. Les tapis, il nous les a
apportés sans que nous lui donnions quoi que ce soit.
Alors, dit le roi, chacun de vous devra payer la cargaison d'un des
navires du plaignant.

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Les tapis du fils du négociant

Compté par Abelassam ou Lahcem nid-Bram. Novembre 1950

Contes berbères du Grand Atlas recueillis par Alphonse Leguil.

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Ouarda

Ouarda
Conte de la région de Ksar echelala
Le jeudi 1er mai 2003.

HMM
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❍ Prénoms Filles
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Il était une fois une vieille femme qui avait sept garçons et une fille
unique, qu'on appelait « Warda ». Ses frères l'adoraient et elle aussi
les aimait beaucoup. Elle était si belle avec une longue chevelure
dorée et ses joues roses qu'elle provoqua une immense jalousie chez
ses belles-soeurs.

Un jour, elles décidèrent de se débarrasser de cette adorable


créature. Elles demandèrent conseil à une vieille sorcière qui leur
rendait souvent visite. Elle réfléchit longtemps, puis trouva une
solution diabolique « Laissez-moi faire, dit-elle, dans quelques jours,
vous n'entendrez plus parler d'elle ». Elle revint le lendemain avec
un oeuf de serpent ; quand elle se trouva avec toutes les belles-
soeurs et Warda, elle dit : « Que celle qui aime beaucoup ses frères
avale cet oeuf d'un seul coup ». Alors Warda arrache l'oeuf de la
main de la sorcière et l'avale sans hésiter.

Après quelques semaines, le ventre de Warda se mit à gonfler (le


serpent commençait à s'y développer). Ce fut le désastre. Les sept
frères remarquèrent le ventre de leur soeur. Ils se demandaient

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=140 (1 sur 3)31.08.2004 17:20:11


Ouarda

comment une chose horrible pouvait arriver à leur soeur qui ne


sortait jamais et qui était très gentille. Les belles-soeurs profitèrent
de l'occasion et commencèrent à harceler leurs maris avec leurs
médisances : « Votre soeur vous a trahis, elle vous a déshonorés ; il
ne faut pas qu'on la voie il faut vous débarasser d'elle. Elle a souillé
votre nom. Seul le sang peut laver cet affront, il vous faut la tuer,
sans attendre ».

Ses frères étaient très peinés ; comme ils l'aimaient beaucoup, ils ne
voulaient pas lui faire du mal. Ils décidèrent de l'enterrer vivante. Ils
creusèrent un grand trou et enterrèrent Warda, mais sa superbe
chevelure dorée resta sur la surface du sol, tellement elle était
longue. Quelques jours après, l'herbe commença à pousser en se
mêlant aux cheveux de Warda.

Un jour, un jeune chasseur, à dos de cheval passa par là. Il était très
fatigué. Il s'arrêta à cet endroit et décida de se reposer. Il s'assoupit
à l'ombre d'un arbre, en laissant son cheval brouter l'herbe. Mais en
arrachant l'herbe, le cheval tirait les cheveux de Warda. De sa
tombe, elle gémissait : « Aïe, tu me fais mal, arrête de tirer les
cheveux, tu me fais mal ! ». (© publié par Tamurth.net)Elle criait de
plus en plus fort, et le jeune homme assoupi, pas loin, l'entendit. Il
se précipita jusqu'à la tombe et dit : « Qui es-tu femme ? Es-tu de ce
monde ou de l'au-delà ? » Warda répliqua : « Arrête de me tirer les
cheveux, je suis de ce monde, fais-moi sortir de ce trou, de grâce, et
je te raconterai mon histoire ».

L'homme aida Warda à sortir de sa tombe. Il l'emmena chez lui où


elle lui raconta son histoire. Il ne cessait de la regarder ; ébloui par
tant de beauté. Pour la garder avec lui, il lui proposa son aide. Il alla
consulter un vieux sage en lui racontant toute l'histoire de Warda.
Celui-ci lui conseilla de donner à Warda de la nourriture très salée,
mais en l'empêchant de boire, ensuite de la suspendre à un mât avec
la tête en bas. Le jeune homme retourna chez lui et fit ce que lui
conseilla le vieux sage. Il se mit en face de la jeune fille et attendit
patiemment. Alors le serpent ayant très soif après avoir ingurgité la
nourriture salée, sortit de la bouche de la jeune fille. Warda,
soulagée, remercia le jeune homme qui était très épris d'elle. Il lui
proposa le mariage. Ils se marièrent et vécurent très heureux avec
leur premier né qu'elle avait surnommé comme l'un de ses sept
frères.

Un jour, un chasseur passa près de chez elle. Elle le reconnut,


c'était un de ses frères. Elle le dit à son mari et lui demanda de
l'inviter à manger. Ce fut chose faite et ce fut un vrai festin. Quand
la nuit commença à tomber, l'inconnu voulut partir, mais ses hôtes

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Ouarda

insistèrent tellement qu'il resta passer la nuit. Pendant la veillée, le


petit garçon damanda à sa mère de lui raconter une histoire pour
trouver le sommeil. Alors, elle commença à raconter son histoire.
Le frère resta abasourdi.
C'était l'histoire de sa soeur. Il regarda la femme et reconnut en elle
sa soeur ; oui, c'était bien Warda, Warda en chair et en os, Warda
leur soeur chérie, Warda qu'ils croyaient morte à jamais. Il l'étreignit
avec beaucoup de joie et lui demanda de leur pardonner. Il lui
promit de se venger de la mauvaise femme qui avait tout tramé.

Il rentra chez lui très heureux et raconta l'événement à ses six


frères. Ils se mirent d'accord tous ensemble pour tendre un piège à
la maudite sorcière. Ils creusèrent un énorme trou où ils allumèrent
un grand feu. Ils demandèrent à leurs femmes d'inviter la sorcière à
la maison. Quand elle fut devant eux, ils dirent : « Celle qui peut
enjamber ce trou, sera récompensée avec des louis d'or », alors la
mauvaise sorcière, sans hésiter, essaya de sauter, mais hélas, le trou
était grand, elle tomba et se brûla complètement.

Les belles-soeurs furent punies par leurs maris, et Warda vécut très
heureuse avec son mari et son enfant.

Ses frères lui rendaient visite très souvent.

Conte recueilli par Ghezal Umm el-Kheir à Ksar Chellala (Algérie), traduit de
l'arabe pour La Mandragore© par Ali Benmesbah.

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Ouargla et ses Anciens !

Ouargla et ses Anciens !


La vénération des vieux et leur bon sens
Le lundi 1er mars 2004.

HMM
❍ Prénoms Garçons
❍ Prénoms Filles
❍ Prénoms usuels et Prénoms Berbères
❍ Tajine à la Marocaine
❍ Confiture de figues

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● La fille du Charbonnier, le verbe enchanteur
● L'Homme, la Vipère et le Hérisson
● Ouarda
● Sidi Aïssa

Ouargla est une des principales oasis du Sahara


algérien. Il s'y perpétue jusqu'à nos jours l'usage de

la vieille langue berbère dans sa variété dite


teggargrent.

Il advint que...
Dieu donne créance au bien, pas au mal,
Que l'homme de bien emporte son bien,
que l'homme de mal emporte son mal... Il y avait, un jour parmi les
jours de Dieu, un roi de Ourgla qui voulut se rendre compte si ses
sujets lui obéissaient bien. Il ordonna aux hommes de se
rassembler, qu'ils viennent tous chez lui un matin. Ils se
rassemblèrent et vinrent chez lui, comme il le leur avait demandé. Il
leur dit :
ô gens, je veux me rendre compte si j'ai vraiment de l'autorité sur
vous. Retournez maintenat dans vos maisons et tuez tous vos pères,
qu'il ne reste plus de vieux à Ouargla, et demain revenez ici chez

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=193 (1 sur 3)31.08.2004 17:20:15


Ouargla et ses Anciens !

moi.

Ils partirent et égorgèrent leurs pères, sauf un qui n'eut pas le


courage de tuer son père et le cacha dans une grande jarre à dattes
et parti à ses affaires. Le lendemain avec les autres gens il se rendit
chez le roi. Celui-ci leur dit :
Avez-vous tué vos pères ?
Oui, répondirent-ils, nous les avons tués, Sire, que Dieu leur fasse
miséricorde.
Maintenant, continue le roi, je vais bien voir si vous ne m'avez
pas menti. Allez et cherchez ce que je vais vous dire. Que chacun de
vous vienne ici demain matin, avec son roi, son ennemi et son
meilleur ami.

Ils s'en vont réfléchissant fortement pour savoir où ils trouveraient


ce que le roi voulait.

Celui qui avait caché son père retourne à sa maison. Sa femme pose
devant lui la nourriture. Le père sort de la jarre afin que tous
mangent ensemble. La nourriture ne voulait pas descendre dans
l'estomac de notre homme, il était tout soucieux. Son père
s'apercevant de son comportement lui demande :
Qu'as-tu, ô mon fils ?
Père, répond le fils, notre roi me cause du souci : il nous demande
de lui amener pour demain à chacun son roi, son ennemi et son
meilleur ami. Je ne comprends pas le sens de ces paroles.
ô mon fils, dit le vieux, mange, ne te fais pas de souci. Demain,
en te levant, met ton fils sur ton épaule, prends ton chien à la main
et fais marcher ta femme près de toi.

Montre ton fils au roi et dis-lui :


"Voici, Sire, mon roi. S'il pleure je suis très embarrassé et je lui donne tout ce
que j'ai pour le consoler."

Montre-lui ton chien et dis-lui :


"Voici mon meilleur ami.
Ou que j'aille il m'accompagne, il me défend. Si je lui donne à manger, il est
content et agite sa queue.
Si je lui donne du bâton, il ne se fâche pas et il reste à me servir."

Enfin, montre-lui ta femme et dis-lui :


"Voici mon ennemi.
Elle me cherche noise continuellement.
Si j'apporte cent choses sans lui en donner un peu, elle se met à crier et à
pleurer :
je veux un peu de ce que tu ne m'as pas donné."

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=193 (2 sur 3)31.08.2004 17:20:15


Ouargla et ses Anciens !

L'homme tranquillisé par les paroles de son père, achève son repas
et va se coucher.

Le matin, dès son réveil, il exécute le conseil de son père.


Quand tous les hommes sont arrivés devant le roi, celui-ci leur
demande :
Approchez-vous un peu vers moi, montrez-moi, avez-vous
trouvé ce que je vous ai dit ?

Tous honteux, ils se taisent. Notre homme lui aussi ayant comparu
devant le roi, lui montre son fils, son chien et sa femme et répète au
roi les paroles de son père. Tout le monde était dans l'étonnement,
bouche bée quand le roi leur dit :
Mon ami ce n'est pas une idée de toi cela, c'est l'idée d'un vieux.
Tu as caché ton père, il n'est pas mort. Et après un moment il lui
dit :
Je vais te régler ton compte. Puisque tu ne m'as pas obéi, je te
confisque tous tes biens. Puisque, à cause de ton amour pour ton
père, tu nous a conservé un peu de bon sens dans notre pays, je te
donne la moitié de mes biens et je t'institue mon héritier dans le
commendement de ces imbéciles sans tête ni coeur.

Il lui met alors l'anneau royal à la main, son manteau sur les épaules
et le fais asseoir sur son trône. Depuis ce temps-là les Ouarglis
vénèrent beaucoup les vieux. C'est pourquoi ils ont du bon sens. Ce
que j'ai omis, que Dieu me le pardonne.

Contes et légendes berbères de Ouargla, 1989, receuillis et traduits du parler


amazigh en français par Jean Deleuze.
La version originale taggargrent /français se trouve en pages 270-272 de
l'ouvrage.
Editions "La Boite à Documents/collection bilingues"
Sur le même thème il a publié un ouvrage d'ethno-textes "Vivre et mourir à
Ouargla" (Paris, Selaf, 1988), un "Dictionnaire ouargli-français" (Paris, Selaf,
1987) et plusieurs morceaux de la production orale ouarglie dans la revue
"Etudes et Documents Berbères".

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Sidi Aïssa

Sidi Aïssa
Légende du M'zab
Le mardi 1er juillet 2003.

HMM
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● Aïcha Mozbayel - Episode 4

La nuit été tombé, tou brusquement, sans


crépuscule, comme cela arrive souvent dans les pays

chaud. La nuit était venue et avec elle, la fraîcheur


enfin. Cheikh Sidi Aïssa s'eloigna de sa tente et fit
quelques pas vers le sommet de la colline.

Il revit alors, tout etonné, les trois cimetières qu'il

avait observés le matin. Du premier, montaiens des


flammes et de la fummée, du second pleurs et
plaintes. Dans le troisième, éclairé d'une lumière

douce, les morts étaient assis en rond et,


calmement, récitaient le Coran.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=28 (1 sur 3)31.08.2004 17:20:17


Sidi Aïssa

Cheikh Sidi Aïssa devint se promit de se renseigner le lendemain


auprès des gens du pays au sujet de ces cimetières. Il apprit ainsi
que le premier était celui de Juifs, le second celui des Malékites et le
troisième celui des Ibadites.

Cheikh Sidi Aïssa devin Ibadite. ce ne fut pas sans déchirement car
le cheikh malékite qui l'avait élevé lui reprochait par lettre avec
véhémence sa conversion. Il finit par lui envoyer une missive qui se
terminait par ces mots : "Et ne m'ecris plus car je brûlerais ta lettre
impure."

Au dos même de cette missive, cheikh Sidi Aïssa répondit par des
paroles d'apaisement. "Et ne brûle pas ma lettre, terminait-il, car tu
brûlerais la tienne en même temps."

La querelle était finie. Cheikh Sidi Aïssa devenait de plus en plus


populaire dans la ville de Melika où il s'était établi. Il y invita même
un autre cheikh malékite de sa parenté qui s'y plut et y séjourna
quelque peu. Cette entente et cette invasion étrangère déplurent au
chef de la ville qui initima à Sidi Aïssa l'ordre d'eloigner son ami.
Cheikh Sidi Aïssa argua des lois de l'hospitalité et redoubla de bonté
envers son invité.

Se voyant méprisé, le chef de Melika rassemble toute sa maisonnée :


femmes, enfants, esclaves, bêtes et s'en fut à grand bruit vers Beni
Izguen, disant haut et fort qu'on ne respectait plus ses conseil, en
foi de quoi il se retirait à jamais de sa ville ingrate. (© publié par
Tamurth.net)Aussitôt, les habitants de Mélika lui envoyèrent une
délégation : "Reviens, cheikh, tu es notre chef bien aimé, retourne à
tes ouailles et que t'importe le passage chez nous de ce tranquille
étranger.
Qu'ils viennent donc me chercher, lui et les siens, se dit le cheikh
rusé, feignant de se rendre au prières de ses compatriotes, Que ses
femmes viennens chercher mes femmes, ses enfants mes enfants,
ses esclaves mes esclaves, car à cause de lui, nous avons été
gravement offensés."

Les gens de Melika, n'obtenant de lui que cette réponse obstinée,


vinrent la rapporter à cheikh Sidi Aïssa qui l'a dit à son ami. "Quà
cela ne tienne, dit le Malékite, si cela doit nous maintenir en paix,
j'irai moi-même, avec les miens, lui porter réparation."

Aussi se dirigea-t-il vers Beni Izguen, avec ses femmes pour amener
les femmes du vieux chef, ses enfants pour les enfants, ses esclaves
pour les esclaves. Mais durant la nuit, le malin vieillard avait

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=28 (2 sur 3)31.08.2004 17:20:17


Sidi Aïssa

réintégré ses pénates en secret. Quand le cheikh malékite se


présenta à la porte fortifiée de Beni Izguen : "Il n'est plus là, dirent
les habitants de cette ville. Vous le trouverez chez lui, à Melika."

Etonné, le Malékite remonta vers Melika, mais le cheikh rancunier


avait fermé toutes les portes de la ville et elles lui restèrent closes.

Cheikh Sidi Aïssa entra dans une grande colère quand il apprit le
sort réservé à son ami. il refusa, dit-on, de paraître désormais dans
la ville et s'enferma chez lui, refusant de recevoir qui que ce soit. il
tint parole, dit-on, jusqu'à sa mort, qui survint treize ans après. mais
les gens de Melika, qui l'aimaient, lui firent un tombeau magnifique,
le plus beau du M'zab, ainsi qu'à ses femmes, ses enfant et ses
esclaves.

Le cheick malékite s'en allait vers l'oued Rich pour fonder, avec les
siens, une nouvelle ville quand un courrier de la vallé lui parvint.
On le priait d'excuser l'offense et de revenir. pour éviter que sa
famille ne gardât rancune et ne devînt un danger pour la paix dans
la vallée, on incita ses fils séparément dans les cinqs villes, où ont
fait souche.

Le M'zab : Manuelle Roche. Architecture Ibadite en Algérie. Arthaud.

Vos réactions

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=28 (3 sur 3)31.08.2004 17:20:17


Tersheddat et ses compagnes jalouses

Tersheddat et ses
compagnes jalouses
Conte Touareg
Le samedi 1er juin 2002.

HMM
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Une jeune fille est transformée en oiseau, suite à la


rivalité de ses compagnes. La suite de l'histoire est

proprement étrange. On y verra l'importance de


l'eau et de l'âne, et il est sans doute très ancien.

Il y avait une jeune fille appelée Tersheddat. Ses compagnes la


haïssaient car elle les surpassait en beauté. M'entends-tu ?

Un jour elles allèrent au puits. Ce puits appartenait à un homme qui


s'appelait Kamanda. Tersheddat s'éloigna un peu, mais ses
compagnes lui dirent :
Tersheddat ! Viens donc tirer de l'eau et tu pourras te laver.
Oh non ! Je me lave avec du lait, pas avec de l'eau.
Allons, viens donc te laver. Tu te laveras avec de l'eau et, à ton
retour au campement, tu te rinceras avec du lait.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=47 (1 sur 5)31.08.2004 17:20:20


Tersheddat et ses compagnes jalouses

Tersheddat refusa. Elles la harcelèrent. Elle finit par céder,


s'approcha d'elles et se mit à tirer l'eau du puits. Ses compagnes la
poussèrent et la firent tomber dedans, puis rentrèrent au
campement.

Tersheddat disparut donc, perdue pour tous. Ses parents ne purent


la retrouver ni obtenir aucun renseignement sur son sort.
Simplement ils restèrent là. Et,
dans le puits Tersheddat se transforma en oiseau.

Un jour, un esclave de sa famille dont le travail était de faire paître


les chameaux partit au pâturage avec son troupeau. Et tandis qu'il
gardait ces chameaux, il aperçut sur un arbre Tersheddat qui était
devenue un oiseau. Quand elle le vit, elle se mit à chanter :
Ce chameau mâle est à mon père, cette chamelle est à ma mère.
Cet esclave est à mon père et moi-même je suis Tercheddat, celle
que ses parentes ont jetée dans le puits de Kamanda.

L'esclave l'entendit chanter cela trois fois.

Aussitôt il courut au campement, il alla vers les parents de la jeune


fille et leur dit :
J'ai vu Tersheddat, elle était sur un arbre !

Il lui répondirent :
Que dis-tu, esclave ! Où peut-elle être, Tersheddat, celle qui a
disparu et qui serait devenue un oiseau ?
Allons-y, leur dit-il, je vous la montrerai.

Ils partirent et là-bas, ils s'arrêtèrent sous les arbres et l'esclave


s'approcha de celui où était perchée Tersheddat. Quand elle le vit,
elle chanta :
Ce chameau mâle est à mon père, cette chamelle est à ma mère.
Cet esclave est à mon père et moi-même je suis Tercheddat, celle
que ses parentes ont jetée dans le puits de Kamanda.

Ils tendirent l'oreille et quand ils l'eurent entendue, ils furent


certains qu'il s'agissait bien d'elle.

Comment faire, se demandaient-ils, pour attraper cet oiseau ?

Ils s'assemblèrent et tinrent conseil.


Allons au puits, montons une belle tente brodée, érigeons-la sur
l'orifice du puits. Peut- être viendra-t-elle y faire son nid.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=47 (2 sur 5)31.08.2004 17:20:20


Tersheddat et ses compagnes jalouses

Ils montèrent la tente là où viendrait cet oiseau. L'oiseau vint et fit


son nid. Aussitôt ils s'en saisirent et ramenèrent Tersheddat-oiseau
au campement. Là ils la mirent dans une petite boîte de cuir.

Elle grandit jusqu'à devenir trop grande pour la boîte. Ils la mirent
dans une boîte plus grande. Elle grandit jusqu'à devenir trop grande
pour la boîte. Ils la mirent dans un sac à bijoux. Elle finit par
devenir trop grande pour lui.
Qu'allons-nous faire ? se demandèrent-ils.

Ils la mirent alors dans un sac en peau ; elle finit par devenir
également trop grande pour lui. Ils la placèrent sous un lit. Elle
grandit et finit aussi par être trop grande aussi.
Qu'allons-nous faire d'elle ? se demandait-on.
Trouvons un âne bien gros, nous l'y mettrons.

On trouva un âne et on y fit entrer Tersheddat.

Il y avait un puits où on venait puiser de l'eau. Les gens y venaient,


emplissaient leurs outres, abreuvaient leur bétail et repartaient après
avoir attaché leurs outres sur leurs ânes.

Dans l'après-midi, quand le gros âne su qu'il n'y avait plus personne
à ce puits, il s'y dirigea. Quand il y arriva, la jeune fille sortit de lui,
l'abreuva puis elle lava ses vêtements, se lava, enfourcha son âne et
prit le chemin du retour.

Quand elle fut en vue du campement, elle entra dans son âne.
L'âne, une fois arrivé, fut soulagé du poids de l'outre et il partit.
Ceci se renouvela une première fois. Elle alla au puits. Il y avait du
monde autour, les gens burent, abreuvèrent leurs ânes et repartirent
tous. L'après-midi était venu quand le gros âne revint comme la fois
précédente.

Tersheddat en sortit, elle abreuva son âne, elle lava son linge, elle
enfourcha son âne et repartit. Ceci se renouvela une seconde fois.

Les gens commencèrent à se demander


Qui abreuve le petit bétail qui accompagne cet âne (1) ?

Alors un jeune homme vint et leur dit :


Ne vous inquiétez pas, je vais grimper dans cet arbre et je verrai
bien qui abreuve le petit bétail qui accompagne cet âne et qui lui
remplit son outre.

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=47 (3 sur 5)31.08.2004 17:20:20


Tersheddat et ses compagnes jalouses

Alors le jeune homme vint. Il grimpa sur l'arbre surplombant le


puits. Le puits était désert et voilà que l'âne s'approcha ; lorsqu'il fut
arrivé, la jeune fille en sortit., elle l'abreuva, elle emplit son outre, se
dévêtit et se lava. Voyant qu'elle se lavait, il sauta sur ses vêtements
et s'en empara.
Rends-moi mes vêtements ! cria-t-elle.
Non, je ne te les rendrai pas. Sauf si tu me dis : « Je t'aime, épouse-
moi. »
Je t'aime, épouse-moi, lui dit-elle.

Il lui rendit ses vêtements et elle partit

Le jeune homme revint à son campement. Là-bas, il dit à ses


parents :
Moi, c'est ce vieil âne que je veux épouser.
Mon enfant que veux-tu faire d'un âne ? lui répondirent-ils.

Il leur confirma :
Moi je l'aime, je lui fais confiance, je vais l'épouser.

Ses parents pleuraient en lui demandant :


Mais comment peux-tu vouloir d'un âne ?
Mariez-moi à lui, répondit-il.

On fit le mariage, on fit la noce de l'âne. On édifia la tente nuptiale


puis on attacha l'âne à l'intérieur et on amena le marié. Quand les
invités de la noce furent dispersés, une jeune fille très belle, au teint
clair sortit de l'âne. Les mariés frappèrent l'âne, il partit.

Au petit matin la mère du jeune homme accourut.


Courons voir si mon fils est encore en vie ou si cet âne l'a tué, se
disaient-elle. Elle arriva, jeta un coup d'œil dans un petit trou et vit
combien cette jeune fille était belle. Alors elle s'évanouit. La jeune
fille ôta la sueur de son front et l'en aspergea ; la mère reprit ses
esprits. Le père du jeune homme vint à son tour. Il jeta un coup
d'œil et s'évanouit. Tersheddat ôta la sueur de son front et l'en
aspergea. Il reprit ses esprits. Puis vint le grand frère du jeune
homme. Il se mit à trembler et s'évanouit. Elle ôta la sueur de son
front et l'en aspergea. Il reprit ses esprits. Vint enfin la grande sœur
du jeune homme. Elle aussi jeta un coup d'œil et s'évanouit. Elle ôta
la sueur de son front et l'en aspergea. Elle reprit ses esprits.

Le conte est parti par là. Il court, il est fini....

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=47 (4 sur 5)31.08.2004 17:20:20


Tersheddat et ses compagnes jalouses

Conte touarègue, extrait de : "Contes Berbères, la tourterelle de Youssef


Yousfine" Edition "L'école des loisirs", collection "Neuf", 2001.

(1) Les chèvres et les moutons qui suivent l'âne porteur d'eau.

Vos réactions

http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=47 (5 sur 5)31.08.2004 17:20:20

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