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I ) DEFINITIONS
Une substance chimique qui présente en tout point les mêmes propriétés physiques
constitue une phase de cette substance chimique. Une substance pure peut se présenter
sous différentes phases : une phase vapeur, une phase liquide, une ou plusieurs phases
solides. En effet une substance pure solide peut éventuellement exister sous diverses
formes, on dit sous diverses variétés allotropiques (par exemple étain blanc/étain gris
pour l’étain, soufre prismatique/soufre octaédrique pour le soufre, diamant/graphite pour
le carbone).
Le phénomène de changement de phase est la transformation réversible conduite à
pression et température constantes où la substance considérée passe d’une phase à une
autre. L’appellation changement de phase implique qu’il s’agisse d’une transformation
réversible à pression et température constantes, par conséquent la fonction de Gibbs G
du système doit rester constante au cours de cette transformation.
Exemple : On considère une mole d’un corps pur qui peut exister sous forme vapeur ou
sous forme liquide représentée dans le diagramme de Clapeyron ci-dessous. Le point A
est représentatif du système dans l’état gazeux (vapeur), le point B est représentatif du
système dans l’état liquide. On peut passer de l’état vapeur A à l’état liquide B par
B
X
T > Tc
A
T = Tc
T < Tc
ul uv u
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II ) CHANGEMENTS DE PHASE OU TRANSITIONS DE PREMIERE ESPECE
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dp
on pourra écrire : L F = T(u l − u s ) (4a)
dT Fusion
Pour la transition liquide-vapeur (vaporisation), avec les volumes massiques (ou molaires)
dp
ul et uv on écrira : L V = T(u v − u l ) (4b)
dT Vapo.
G Situations S V
métastables
Sf Vf
Gi
Gf Si Vi
T0 T T0 T T0 T
Pentes des courbes d’équilibre entre deux phases. La fusion (solide Æ liquide), la
vaporisation (liquide Æ gaz) et la sublimation (solide Æ gaz) demandent toujours un
apport de chaleur; LF, LV et LS (chaleur latente de sublimation) sont donc toujours des
quantités positives. Ceci a les conséquences suivantes :
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p p
C C
liquide liquide
n n
solide o o solide
gaz gaz
P P
p
q
dp
Si u l > u s (cas général) dT >0
dp Fusion
Pour la fusion : (u l − u s ) >0 ⇒
dT Fusion Si u < u (cas de l' eau) dp <0
l s
dT Fusion
dp dp
Pour la vaporisation : (u v − u l ) > 0 ⇒ comme u v >> u l toujours > 0
dT Vapo. dT Vapo.
dp
La même remarque vaut pour la courbe d’équilibre solide-gaz : toujours > 0
dT Subl.
Enfin us et ul sont proches l’un de l’autre alors que uv leur est très supérieur (typiquement
trois ordres de grandeur si l’on est loin du point critique). D’autre part les chaleurs latentes
LF, LV et LS ne sont pas très différentes (un ordre de grandeur ou moins). Dans ces
conditions la formule de Clapeyron explique pourquoi la pente de la courbe d’équilibre
liquide-solide est très forte par rapport aux deux autres. C’est pratiquement une droite
verticale.
Point triple P. Les trois courbes d’équilibre entre deux phases concourent en un point
commun, le point triple P. Au point triple on a G v (p, T ) = G l (p, T ) = G s (p, T ) et les trois
phases coexistent. Si trois phases d’un corps pur coexistent la pression et la température
sont imposées. Les points triples des corps purs sont donc utilisés comme références de
température (points fixes) pour étalonner les thermomètres. On peut établir une relation
entre les trois chaleurs latentes au point triple, en effet si T0 est la température du point
triple on aura :
L F = T0 (Sl − Ss ) ; L V = T0 (S v − Sl ) et L S = T0 (S v − Ss ) d’où l’on déduit aisément
LS = L F + L V (5)
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Si p > p0, la pression du point triple on aura :
n T augmente : transition solide → liquide : fusion (pas de retard possible)
puis transition liquide → vapeur : vaporisation (il peut y avoir retard)
o T diminue : transition vapeur → liquide : condensation (il peut y avoir retard)
puis liquide solide : solidification (il peut y avoir retard)
Si p < p0, la pression du point triple on aura :
pT augmente : transition solide → vapeur : sublimation (pas de retard possible)
qT diminue : transition vapeur → solide : condensation solide (il peut y avoir retard)
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RT dp v 1 dp v d ML
LV = T ⋅ ⇒ ⋅ = (ln p v ) = 2V
Mp v dT p v dT dT RT
d
(ln p v ) = ML 2V (6)
dT RT
dL V
On peut montrer que M ≈ C pv − C lp ≈ constante où C pv et C lp sont les chaleurs
dT
molaires à pression constante pour la vapeur et pour le liquide.
dL
M V = Rγ où γ est une constante phénoménologique (γ < 0). Attention cette constante
dT
empirique γ n’a rien à voir avec γ = Cp/Cv. En intégrant on obtient facilement :
ML V = R (γT + β ) où β est une seconde constante empirique. LV varie linéairement avec T.
du v du l dL V
Au voisinage du point critique C → −∞ et → +∞ (voir figure) donc → −∞
dp dp dT
La courbe LV(T) possède une tangente verticale en T = Tc.
La figure ci-dessous résume les résultats concernant l’allure de la courbe LV(T).
R
Pour T << Tc on a admis L V (T ) = (β + γT ) avec γ une constante négative, soit :
M
γR (T − T0 )
L L V (T ) = L 0 + avec
Comportement linéaire M
de pente négative L0 chaleur latente de
L0 vaporisation au point triple et
T0 température du point triple.
Décroissance On trouve un comportement
rapide linéaire avec une décroissance
lente de L. Au voisinage du
point critique il faut terminer
avec une décroissance brutale
pour atteindre L = 0 en T = Tc
(tangente verticale).
T0 Tc T
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IV ) PHASES SOLIDES ET EQUILIBRE SOLIDE-LIQUIDE
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Etat nématique : les molécules sont toutes parallèles les unes aux autres mais peuvent
bouger librement dans les trois directions Ox, Oy et Oz en restant parallèles entre elles. On
x
y
O
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Exemples de transitions de seconde espèce :
Transition fluide ↔ superfluide. Passage de l’He I (fluide) à l’He II (superfluide) à la
température T = 2,19 K sous la pression de vapeur saturante de l’hélium.
Transition ferromagnétique ↔ paramagnétique. Transition observée à la traversée de
la température de Curie Tc pour les ferromagnétiques (Tc = 770 °C = 1043 K pour le fer).
Transition conducteur ↔ supraconducteur. Transition observée par exemple pour
certains métaux à très basse température.
Transition liquide ↔ verre. Passage de l’état liquide à un état solide amorphe (verre)
dont on a déjà parlé au paragraphe IV-A de ce chapitre. On parle de transition vitreuse.
T0 T T0 T T0 T
Les discontinuités apparaissent sur les trois dérivées secondes :
∂ 2G ∂S Cp
= − = − (8a)
∂T 2 ∂T p T
∂ 2 G ∂V
= = − Vχ T (8b)
∂p 2 ∂p T
∂ 2G ∂ 2 G ∂V
= = = Vα (8c)
∂p∂T ∂T∂p ∂T p
∂S h
= − = − (8d)
∂p T T
L’équation (8d) permet de retrouver la relation h = -TVα déjà établie au chapitre VIII,
paragraphe III (Formules de Clapeyron).
Les équations (8a), (8b) et (8c) montrent que les grandeurs physiques Cp, χT et α vont
présenter une discontinuité au passage d’une transition de seconde espèce.
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p constitueront les équations d’Ehrenfest.
La continuité de S et de V au passage d’une
transition de seconde espèce a pour
Phase i conséquence immédiate que le long de la
courbe d’équilibre séparant les domaines de
B stabilité des phases i et f on doit avoir dSi = dSf
et dVi = dVf. En effet en considérant la figure
A
ci-contre :
Phase f Si (A ) = S f (A )
⇒ dSi = dS f
Si (B) = S f (B)
et de même pour le volume :
T Vi (A ) = Vf (A )
⇒ dVi = dVf
Vi (B) = Vf (B)
∂S ∂S ∂S ∂S dp
dSi = i dT + i dp = i dT + i dT
∂T p ∂p T ∂T p ∂p T dT
Utilisant (8a), (8c) et (8d) dSi se réécrit :
C pi dp
dSi = dT − α i Vi dT et dSi = dSf se traduit par :
T dT
C pi dp C pf dp
− α i Vi = − α f Vf (9)
T dT T dT
A la transition il n’y a pas de changement de volume Vi = Vf = V et l’équation (9) s’écrit :
dp
C pf − C pi = TV (α f − α i ) (10) Ceci constitue une équation d’Ehrenfest.
dT
dp dp α − αi
α f − α i = (χ Tf − χ Ti ) (11a) ou = f (11b)
dT dT χ Tf − χ Ti
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courbe de la chaleur massique Cp de l’hélium
liquide en équilibre avec sa vapeur a l’allure Cp
indiquée sur la figure ci après, d’où le nom de
"transition de point λ" pour de telles
transformations. On notera la discontinuité de
Cp et même que Cp devient infini pour T = Tc
mais qu’il n’y a pas de chaleur latente car
Tc + ε
l’intégrale ∫ C p dT → 0 quand ε → 0. Il
Tc − ε
p
Solide
P He4
25 atm
Liquide
He I
Liquide (fluide)
He II C
(superfluide)
Q
Vapeur
2,19 K T
ne présente donc pas le point triple habituel (vapeur, liquide, solide) que l’on a pour tous
les autres corps.
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Pour tout autre élément que l’hélium, le refroidissement du liquide conduit à un état solide
avant d’atteindre des températures assez basses pour que cet état de fluide quantique
apparaisse.
Dans le cas de l’isotope He4, qui est un boson, lorsque l’on atteint la zone du diagramme
où λ devient comparable ou supérieure à la distance entre atomes voisins il se passe un
phénomène quantique que l’on appelle la condensation de Bose-Einstein et dont on
observera les conséquences physiques (superfluidité). Le domaine du liquide se trouve
ainsi séparé en deux régions par la courbe PQ, à droite la région du fluide classique (He I),
à gauche, aux très basses températures, la région du superfluide (He II).
On observera qu’il n’y a pas de discontinuité de pente en P pour la courbe de fusion ni en
Q pour la courbe de vaporisation, ce qui veut dire que la branche PQ du diagramme de
phases correspond à une transition de seconde espèce. La transition fluide ↔ superfluide
est une transition de seconde espèce : LII↔I = 0.
Ce phénomène de superfluidité se produira pour l’isotope le plus abondant de l’hélium,
He4, qui est un boson; pour le deuxième isotope de l’hélium, He3, peu abondant, qui lui
est un fermion, le phénomène de superfluidité existera aussi mais à des températures
beaucoup plus basses. Pour que la transition se produise, il faudra que les atomes d’He3
s’associent deux par deux et forment ce que l’on appelle des paires de Cooper qui sont des
bosons.
Propriétés de l’hélium liquide superfluide (He II) liées à cet ordre quantique :
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