Vous êtes sur la page 1sur 12

Étude originale

Pourquoi le prix des médicaments est élevé


dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Analyse de la structure des prix : l’exemple du Sénégal

Jean Marc Guimier1 Résumé


Danielle Candau2
Michel Garenne3 À partir de l’analyse de la structure des prix des médicaments commercialisés au Sénégal
Louis Teulières4 dans les secteurs public et privé et des mécanismes de fixation des prix en vigueur, cet
1
article apporte un éclairage sur les raisons pour lesquelles, dans ce pays d’Afrique
Consultant, subsaharienne fortement touché par la pauvreté, le prix des médicaments est si peu
5, avenue Bartholoni
74140 Sciez corrélé au pouvoir d’achat de la population. L’analyse s’appuie sur : la comparaison des
<jmguimier@hotmail.com> prix grossiste hors taxe (PGHT) et des prix publics des médicaments commercialisés dans
2
la filière privée du Sénégal avec ceux de leur pays d’origine (la France) ; les mécanismes
Consultante
de formation des prix publics au Sénégal dans les filières de distribution publique et
3
Institut de recherche pour le privée ; la comparaison des prix publics au Sénégal dans les deux filières de distribution
développement (IRD), et, l’appréciation du niveau des prix publics par les patients et par les professionnels en
Institut Santé et développement (ISD), charge de la dispensation, dans les deux filières. Les principaux éléments présentés
15, rue de l’École de médecine,
montrent que : i) la dépense des patients serait près de 5 fois moins élevée si tous les
75006 Paris
<mgarenne@bhdc.jussieu.fr> produits de l’échantillon étaient vendus aux prix publics des points de vente du secteur
4
public ; ii) il n’y a pas de relation entre le prix des médicaments et leur service médical
Direction des Affaires internationales, rendu (SMR) : les médicaments présentant le meilleur SMR ont des prix publics inférieurs
88, rue de la Faisanderie,
75016 Paris
à ceux, non remboursés en France, considérés comme moins pertinents en termes de
<lteulieres@leem.org>www.msh.org SMR ; iii) le mécanisme de formation du prix public semble déconnecté des objectifs de
santé publique : il est monolithique et non différencié en fonction de groupes spécifiques
de population, de pathologies cibles ou encore de l’intérêt thérapeutique des médica-
ments, et ne constitue pas un outil de mise en œuvre de la politique du médicament ; ce
mécanisme constitue d’autre part, un facteur incitatif à vendre les médicaments les plus
chers de façon à générer les produits à marge élevée, et ce faisant, il ne privilégie
aucunement les médicaments essentiels génériques que les autorités sanitaires ont placés
au centre de leur politique pharmaceutique.
Mots clés : Médicament, coût, accès au médicament, politique de santé, Sénégal.

Abstract
Why drug prices are high in sub-Saharan Africa. Analysis of price structure: The
case of Senegal
This article seeks to shed light on the reasons for the lack of correlation between the price
of drugs in this very poor sub-Saharan country and the population’s ability to pay for
them. The analysis is based on: (i) a comparison between the wholesale (exclusive of VAT
and other taxes) and government-fixed retail prices and the corresponding prices of the
same drugs in their country of origin (France); (ii) a description of the price-setting
mechanisms in Senegal in both the public and private sectors; and (iii) an evaluation of
public-sector retail price in Senegal, by end users and prescribing professionals in both
sectors. The study found that: (i) patient expenditure would be one-fifth as high if all the
drugs in the sample were sold at their government-fixed public-sector retail prices; (ii) the
most cost effective drugs are sold at fixed retail prices higher than those of drugs not
reimbursed by the national health insurance in France because considered less cost-
effective; (iii) the mechanism for setting public retail prices seems to be unrelated to
public health objectives, does not consider specific population groups, target diseases, or
the drugs’ therapeutic value, and therefore cannot be considered an effective tool for
implementing national drug policies. Instead, the incentives of this mechanism lead
Tirés à part : J.M. Guimier

Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005 41


retailers to sell the most expensive drugs first, to generate the highest possible margins. It
does not prioritize the essential generic drugs that health authorities have placed at the
centre of their pharmaceutical policy.
Key words: Drug, cost, access to drug, health policy, Senegal.

L’
un des paradoxes de la problé- dans une moindre mesure à celle du lités pharmaceutiques sous licence, mais
matique de l’accès aux médica- secteur privé à but non lucratif. Ce- également des médicaments génériques
ments dans les pays d’Afrique pendant, compte tenu de l’insuffisance de commercialisés sous nom de marque ou
subsaharienne est l’antagonisme entre l’encadrement réglementaire du recou- sous dénomination commune internatio-
prix élevés et le faible pouvoir d’achat, vrement des coûts par les services ad hoc nale (DCI) ;
matérialisé par un niveau très réduit d’inspection et de contrôle et du faible – la filière publique qui est organisée
d’accessibilité de la population aux médi- niveau d’information des patients, le sec- autour d’une structure centrale d’approvi-
caments. Cette situation ne prévaut pas teur public n’assure, in fine, que partielle- sionnement non monopolistique, de
seulement pour les médicaments anti- ment sa fonction sociale, c’est-à-dire pro- statut public, la Pharmacie nationale
rétroviraux pour lesquels l’accès reste poser une offre en adéquation avec le d’approvisionnement (PNA) qui importe
considérablement limité, malgré les pouvoir d’achat des patients. Le prix du des médicaments génériques essentiels
récents efforts consentis par les fabricants médicament est donc au centre des pré- sous DCI (350 références, dont moins
des pays industrialisés du Nord dans le occupations de la quasi-totalité des mala- d’un quart vient de France), cinq dépôts
cadre de l’Initiative Access1, mais aussi et des et des autorités sanitaires. régionaux chargés d’approvisionner les
surtout, pour les médicaments utilisés Il est proposé ici, en prenant comme base districts sanitaires et plus de 1 000 points
dans le traitement de pathologies couran- les résultats de cette étude, d’apporter un de vente implantés dans les établisse-
tes dont l’impact sur l’état de santé et les éclairage sur ce paradoxe pour compren- ments de soins qui revendent les médica-
conséquences socio-économiques sont dre pourquoi, dans ce pays d’Afrique ments à la population dans le cadre d’un
préoccupants. subsaharienne fortement touché par la système de recouvrement des coûts repo-
Une étude réalisée au Sénégal sur l’acces- pauvreté, le prix des médicaments4 est si sant sur le principe de l’Initiative de
sibilité aux médicaments [1] montre que peu corrélé au pouvoir d’achat de la Bamako.
cette problématique se pose de façon population. Parallèlement, un important marché illi-
complexe, dans un environnement où la cite très actif et bien organisé, approvi-
situation de la morbimortalité de la popu- sionné par des importations clandestines
lation s’explique en grande partie par le et parfois des détournements opérés dans
niveau insuffisant d’accessibilité aux ser- Rappel synthétique les deux filières licites, draine une clien-
vices de santé de base et aux médica- tèle nombreuse issue des classes socio-
ments, résultant essentiellement de l’in- de la structure économiques défavorisées mais égale-
capacité du plus grand nombre à financer ment moyennes.
le coût du recours aux soins2 et l’acquisi- du marché En 1999, le marché représentait, en valeur
tion de médicaments et des éventuelles de vente et hors vaccins, près de 58 mil-
dépenses connexes3, lorsqu’un épisode pharmaceutique liards de F CFA (88,4 millions d’euros5).
de maladie est ressenti ou diagnostiqué.
La plus forte proximité des points de au Sénégal Le financement des médicaments est
essentiellement assuré par les ménages,
vente du secteur public relativement à soit directement dans les filières privée et
ceux des pharmacies privées ainsi que la publique par le système de recouvrement
L’offre est assurée par deux filières de
récurrence de la contrainte financière, des coûts (91 %), soit indirectement à
distribution :
conduisent les malades, et pas seulement travers les systèmes de contribution obli-
– la filière privée qui est constituée d’une
les plus pauvres, à s’adresser de façon gatoires ou volontaires (5 %), l’État et les
part, de trois sociétés d’importation
privilégiée à l’offre du secteur public et collectivités territoriales à travers leurs
jouant le rôle de grossistes répartiteurs
(2 500 références hors parapharmacie, budgets et les associations et partenaires
1 dont plus de 90 % proviennent de France) au développement (4 %).
Lancée en 1997 par l’Onusida en partenariat
avec plusieurs agences des Nations unies, et et de 532 pharmacies privées relayées par Le cadre réglementaire pharmaceutique,
cinq firmes pharmaceutiques (Boehringer un réseau de dépôts pharmaceutiques et, très largement inspiré de la réglementa-
Ingelheim, Bristol-Myers Squibb, Glaxo-Smith- d’autre part, de deux principales entre- tion française est constitué d’un recueil de
Kline, Merck & Co et Hoffman La Roche, l’Ini-
tiative Access (Accelerating Access Initiative) se prises de production fabricant des spécia- textes souvent anciens, pas toujours
proposait de fournir aux PED participants, des adaptés à la spécificité du marché, et
médicaments ARV à prix réduits.
2 4
difficilement applicables de par la fai-
Coût de la consultation éventuellement Il est fait référence, dans cet article, aux médi- blesse institutionnelle et l’insuffisance des
alourdi de celui des frais d’hospitalisation et caments de la médecine « moderne », à l’exclu-
d’actes médicaux complémentaires. sion des médicaments non allopathiques et de moyens humains, techniques et finan-
3
Dépenses de transport pour se rendre à la ceux la pharmacopée traditionnelle, commer-
formation sanitaire ou au point de vente des cialisés par les deux filières licites de distribu-
5
médicaments. tion (privée et publique). La parité euro : F CFA est de 1 pour 655,95.

42 Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005


ciers dont dispose la Direction de la – taux de marge de distribution8 dans la France sont exclus de l’échantillon10 et
pharmacie et du médicament (DPM) en filière privée du Sénégal : directives de pour 7 autres dont le conditionnement
charge de l’administration du secteur. DPM (2000) [4] ; n’était pas rigoureusement identique
Le prix public du médicament, c’est-à- – prix d’achat et prix publics dans le dans les deux pays, le PGHT a été recal-
dire le prix payé par les consommateurs, secteur public au Sénégal : fichier des culé sur la base du conditionnement et de
résulte de la conjugaison de deux ensem- prix d’achat de la PNA (1999) [5] ; la présentation du produit commercialisé
bles de facteurs non directement liés : les – taux de marge de distribution dans la au Sénégal. Elle concerne donc, in fine,
coûts de production et la politique com- filière publique au Sénégal : catalogue de 84 produits pour lesquels les données
merciale des fabricants qui déterminent prix de la PNA (1999-2000) [6] ; complètes étaient disponibles (valeur
les prix grossistes hors taxes (PGHT) et – volumes des ventes dans la filière annuelle de vente exprimée en prix
les modalités d’administration des prix et privée au Sénégal : fichier IMS (1999) [7] ; publics : 13,6 milliards de F CFA, soit
les coûts de distribution qui déterminent – PGHT, prix publics et taux de rembour- 20,7 millions d’euros).
les taux de marge de distribution de gros sement dans la filière privée en France : Les résultats présentent :
et de détail appliqués ad valorem sur le fichier SEMPEX (2000) [8] ; – la classification de l’échantillon en trois
PGHT. Bien qu’ils soient administrés par – médicaments essentiels : liste OMS des groupes : médicaments essentiels11,
les autorités sanitaires à la fois dans les médicaments essentiels (1999) [9] ; médicaments à faible service médical
secteurs public et privé, les prix consti- – opinions des vendeurs et des patients rendu (SMR) déterminé sur la base du
tuent le facteur limitant prépondérant de sur le prix des médicaments : résultats de critère de remboursement par la Sécurité
l’accès aux médicaments. Les résultats l’enquête en sortie des lieux d’achat de Sociale française12 et autres médicaments ;
présentés dans l’étude citée supra éva- médicaments (centres et postes de – le calcul du nombre d’occurrences où
luent à moins de 40 %, la proportion de la santé du secteur public et pharmacies le PGHT Sénégal est inférieur au PGHT
population disposant d’un pouvoir privées) [1]. France selon que le prix public Sénégal
d’achat suffisant pour acquérir dans les est inférieur ou supérieur au prix public
points de vente des formations sanitaires France ;
publiques, sans risque de précarisation Méthode – le calcul du nombre d’occurrences où
économique, les traitements préconisés le PGHT Sénégal est inférieur au PGHT
pour les pathologies les plus fréquentes ; L’analyse comprend : France selon que les médicaments sont
cette proportion tombant à moins de 20 % – la comparaison des PGHT et des prix remboursés ou non en France.
dans les pharmacies privées [2]. Ils mon- publics des médicaments commercialisés
Formation des prix publics
trent par ailleurs que l’accessibilité aux dans la filière privée du Sénégal avec au Sénégal
traitements pédiatriques de pathologies ceux des mêmes médicaments commer-
aussi sensibles que le paludisme et les cialisés en France9 ; Les prix publics des trois catégories de
affections respiratoires qui constituent la – l’analyse des mécanismes de formation médicaments commercialisés dans la
première cause de mortalité des enfants des prix publics au Sénégal dans les filiè- filière privée telles que définies par la
de moins de 5 ans, ne sont pas acces- res de distribution publique et privée ; DPM (spécialités pharmaceutiques, médi-
sibles aux individus les plus pauvres. – la comparaison des prix publics au caments de la « liste sociale » et médica-
Sénégal dans les deux filières de distribu- ments présentés sous conditionnement
tion ; hospitalier vendus au détail à prix fixe
– l’appréciation du niveau des prix obligatoire13), sont reconstitués par appli-
Matériel et méthode publics par les patients et par les profes- cation ad valorem, sur les PGHT expri-
sionnels en charge de la dispensation,
dans les deux filières.
Matériel 10
Ancopir© Cpr. 20, Arsumax© Cpr. 50Mg 12,
Baneocin© Pommade 20G 1, Calpol© Susp.
L’étude a été réalisée au Sénégal Comparaison des PGHT Buv 70Ml 1, Camoquin© Sirop Enf /5Ml 50Mg
et des prix publics 60Ml 1, Chloroquine Sipoa Cpr. 100Mg 1000,
entre 1999 et 2000. Elle s’appuie sur huit dans la filière privée Chloroquine Sipoa Sirop .50% 125Ml 1, Dara-
sources d’information : en France et au Sénégal prim© Cpr. 25Mg 30, Maloxine© Cpr.Secab 3
– PGHT6 et prix publics7 dans le secteur X50, Paluject© Amp. 400Mg 4Ml 100, Paluject©
privé au Sénégal : nomenclature des gros- Elle porte sur un échantillon de médica- Amp. 400Mg 4Ml 6, Thiobactin© T.A. Cpr.
sistes importateurs (2000) [3] ; ments totalisant les plus gros chiffres 500Mg 24, Tres Orix© Sirop Fort 250Ml 1,
d’affaires de la filière privée (n = 100). Vermox© Cpr. 100Mg 6, Vermox© Susp. Buv
/5Ml 100Mg 30Ml 1, Vibramycine© Cpr.
Seize produits non commercialisés en 200Mg 8.
11
Médicaments essentiels dont la molécule, la
forme et le dosage sont classés sur la liste OMS
6 8
PGHT : prix de cession du fabricant au gros- Taux de marge : pourcentage appliqué sur le (listes principale et secondaire).
12
siste répartiteur exprimé dans l’incoterm prix d’achat pour obtenir le prix de vente. Il Médicaments dont le taux de remboursement
ex works. Il est fixé au Sénégal après négocia- diffère du « taux de marque » qui correspond au est inférieur à 65 %, hors six médicaments non
tion entre la Direction de la pharmacie et du pourcentage que représente le produit de remboursés en France mais inscrits sur la liste
médicament (DPM) et le laboratoire fabricant marge dans le prix de vente, généralement des médicaments essentiels de l’OMS : Maalox©
(Loi n° 33-65 du 19 mai 1965). utilisé dans la profession. Cpr. 400 Mg+400 Mg, Halphan© Cpr. 250 mg,
7 9
Prix public : prix payé par les patients dans les Dans la mesure où la quasi-totalité des médi- Halphan© sirop 2% 45 Ml, Fansidar© inj. 2,5 Ml,
lieux de vente. Ainsi, le prix de vente d’un caments importés au Sénégal par la filière pri- Quinimax© inj. 500 Mg 4 Ml, et Quinimax© Cpr.
médicament dont le prix de d’achat est de 100 vée, proviennent de France, la réduction de 125 Mg.
13
F CFA et sur lequel est appliqué un taux de l’analyse aux seuls médicaments provenant de Décret 04375 du 6 juin 1994, révisé en 1996.
marge de 50 %, est de 150 F CFA, mais son taux France est suffisamment représentative de la La liste contient 44 principes actifs sous 61 pré-
de marque est de 33 % (50/150). réalité. sentations, formes, dosages.

Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005 43


més en base 1, des taux de droits, taxes et – la valorisation de l’échantillon (somme taxes et marges de distribution sur les
marges de distribution en vigueur. des quantités de chaque filière) avec les PGHT dans les trois catégories de médi-
prix de la filière privée et ceux de la filière caments définies par la DPM, entraîne des
La méthode suivie est identique pour la
publique. coefficients multiplicateurs19 nettement
filière publique, mais les taux en vigueur
Appréciation du prix
différenciés : 2,19 pour les médicaments
de droits, taxes et marges de distribution génériques sous conditionnement hospi-
sont appliqués ad valorem non sur les des médicaments
par les professionnels et les patients talier ; 1,90 pour les spécialités pharma-
PGHT mais sur les prix d’achat, c’est-à- ceutiques ; et 1,38 pour les médicaments
dire sur les prix d’adjudication des appels Elles sont fournies par l’exploitation des
de la « liste sociale ». Dans la filière publi-
d’offres lancés par la PNA, également résultats d’une enquête en sortie des lieux
que, un seul coefficient de 1,85 est utilisé
exprimés en base 1. d’achat, réalisée dans l’étude citée supra,
(tableaux 2 et 3 ; figure 2).
sur la base d’un sondage stratifié15 à deux
L’exercice est ensuite réalisé en partant L’application du mécanisme de formation
degrés16.
du prix réel d’un médicament de réfé- des prix sur le médicament de référence
Les échantillons concernent les patients
rence choisi pour le niveau élevé de sa (amoxicilline 500 mg. gélules), fournit les
(n = 987), les vendeurs des points de
consommation et pour la forte concur- résultats suivants : i) filière privée : spé-
vente du secteur public (n = 54) et les
rence à laquelle il est soumis14. Cela cialité pharmaceutique ou générique de
vendeurs des pharmacies privées
permet, d’une part, de rendre plus lisibles marque le plus cher (boîte de 12) : 3 696
(n = 79).
les résultats de l’application des différents F CFA (5,63 euros), spécialité pharmaceu-
taux de marge applicables à chaque tique ou générique de marque le moins
filière et, d’autre part, de mettre en évi- cher (boîte de 12) : 2 034 F CFA
(3,10 euros), générique en condition-
dence la répartition du prix public en
valeur et en structure entre les quatre
Résultats nement hospitalier (blister de 12) : 1 099
opérateurs principaux : fabricants (PGHT), F CFA (1,68 euro) ; et ii) filière publique :
État (taxes), prestataires de services exter- Comparaison des PGHT générique sous DCI (blister de 12) : 720
nes (fret, assurances et transit local) et F CFA (1,10 euro).
et des prix publics Dans cet exemple, les composantes du
distributeurs (marges de distribution).
dans la filière privée prix public ne varient que faiblement,
en France et au Sénégal entre les quatre catégories de médica-
Comparaison des prix publics ment, lorsqu’elles sont exprimées en
dans les filières publique et privée Les PGHT Sénégal sont, dans leur quasi- structure : taxes (1,3 %-1,4 %), fret,
au Sénégal totalité (99 %), inférieurs à ceux des assurances et transit local (5 %-6 %),
Elle porte sur un échantillon de médica- mêmes médicaments en France (écart marges de distribution (40 %-48 %) et
ments essentiels génériques d’usage cou- moyen pondéré : - 45 %, écart médian PGHT (46 %-54 %). Elles présentent, a
rant (n = 141), communs aux deux filières - 29 %). Dans près d’un tiers des cas contrario, d’importants écarts lorsqu’elles
de distribution. Il correspond à une valeur (27 %), les prix publics Sénégal sont sont exprimées en valeur nominale :
annuelle de vente exprimée en prix supérieurs aux prix publics France. taxes (F CFA : 10-54), fret, assurances et
Les écarts entre PGHT et prix publics en transit local (F CFA : 59-226), marges de
publics de 8,7 milliards de F CFA (13,3 mil-
France et au Sénégal sont corrélés avec le distribution (F CFA : 320-1 473) et PGHT
lions d’euros) dont 44 % pour la filière
statut administratif des médicaments en (F CFA : 390-1 943).
privée et 56 % pour la filière publique. France : la corrélation est significative17
Un premier agrégat est constitué en pour les médicaments non remboursés Comparaison des prix
regroupant les médicaments par molé- par la Sécurité Sociale en France (30 % publics dans les filières
cule, forme et dosage identiques (n = 37), des cas) et ne l’est pas18 pour les médica-
ments remboursés (70 % des cas). Pour
publique et privée
puis un second par le regroupement
des médicaments par grandes classes les premiers, les écarts sont deux à trois au Sénégal
thérapeutiques : antipaludiques, anti- fois plus importants (écart moyen pon- La distribution des écarts entre les prix
bactériens, autres anti-infectieux, anti- déré : - 59 %, écart médian - 45 %) que publics des deux filières n’est pas homo-
acides, antipyrétiques-analgésiques et pour les seconds (écart moyen pondéré : gène : trois quarts d’entre eux se situent
autres médicaments (n = 6). - 33 %, écart médian - 18 %) (tableau 1 ; dans les trois classes extrêmes : < - 85 %
figure 1). (n = 36) ; - 85 % à - 70 % (n = 34) et - 70 %
Les résultats présentent :
– la fréquence des écarts entre les prix à - 55 % (n = 33) (tableaux 4 et 5 ;
publics ordonnés selon leur valeur relative ;
Formation des prix publics figure 3).
– la valeur des écarts moyens entre les au Sénégal Dans 97 % des cas (n = 136) les prix
prix publics des deux filières pour cha- publics, dans les pharmacies privées, sont
Dans la filière privée, l’application supérieurs à ceux des points de ventes du
que agrégat ; ad valorem des taux en vigueur de droits, secteur public. Les valeurs extrêmes
sont élevées :- 97 % à + 86 % (écart
15
Dakar et l’ensemble des neuf autres régions
14
Amoxicilline, boîte de 12 gélules dosées à du pays. 19
Valeur du rapport prix de vente sur prix
16
500 mg ; 20 génériques de marque ou généri- Lieux d’achat et clients de ces lieux d’achat. d’achat. Pour un prix d’achat de 100 et un prix
17
ques sous DCI sont commercialisées au Séné- q = 0,996. de vente de 150, le coefficient multiplicateur est
18
gal. q = 0,844. de 1,5.

44 Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005


Tableau 1. Distribution des écarts entre les PGHT en France et au Sénégal et les et prix publics selon le
statut des médicaments.
Table 1. Variation of the PGHT and the retail prices in France and Senegal by drug category.

Catégories Nombre de Nombre Valeur au prix Écart


produits d’unités public Sénégal
vendues (1 000 F CFA) Sur PGHT sur prix publics
(× 1 000) Moyens Moyens
Médians Médians
PGHT Sénégal < PGHT France 83 101 391 13 482 371 – 45,4 % – 35,2 %
98,8 % 99,9 % 99,2 % – 29,4 % – 11,6 %
PGHT Sénégal< PGHT France et prix 60 88 125 10 588 982 – 50,6 % – 41,9 %
publics Sénégal < prix publics France 71,4 % 86,8 % 77,9 % – 1,5 % – 30,1 %
PGHT Sénégal< PGHT France et prix 23 13 266 2 893 390 – 9,8 % – 11,6 %
publics Sénégal > prix publics France 27,4 % 13,1 % 21,3 % – 9,7 % – 11,7 %
PGHT Sénégal< PGHT France et 58 59 748 8 605 753 – 33,0 % – 17,1 %
remboursés en France 69,0 % 58,8 % 63,3 % – 18,3 % – 5,0 %
PGHT Sénégal < PGHT France 18 36 364 3 812 840 – 58,9 % – 53,5 %
remboursés en France non essentiels 21,4 % 35,8 % 28,1 – 45,5 % – 38,9 %
PGHT Sénégal< PGHT France non 7 5280 1063779 – 59,7 % – 52,6 %
remboursés en France mais essentiels 8,3 % 5,2 % 7,8 % – 52,9 % – 47,2 %
Médicaments essentiels 31 23 384 4 769 741 – 41,6 % – 30,2 %
36,9 % 23,0 % 35,1 % – 24,9 % – 11,6 %
Médicaments à faible SMR 22 43 145 4462 467 – 55,7 % – 49,5 %
26,2 % 42,5 % 32,8 % – 49,0 % – 42,9 %
Autres médicaments 31 35 046 4 354 788 – 33,5 % – 17,8 %
36,9 % 34,5 % 31,1 % – 21,6 % – 6,5 %
Ensemble 84 101 540 13 586 996 – 45,1 % – 35,2 %
100,0 % 100,0 100,0 – 28,4 % – 12,1 %
PGHT : prix grossistes hors taxes ; SMR : service médical rendu.
Les produits non remboursés en France mais essentiels appartiennent à deux classes : antipaludiques (chloroquine, quinine, halofantrine et association
sulfadoxine/pyrimétamine) et antiacides (sels d’aluminium et de magnésium)

- 90 % PGHT
35 32 Prix publics

28
23 - 60 %
23
Valeur des écarts
Nb d'occurences

21 18
21 17
- 30 %
13
14 12
9
0%
7
0 0 0
0 30 %
- 85% - 55% - 40% - 10% 5% 35% 60% Produits non
remboursés
Valeur des écarts Produits remboursés (coefficient de corrélation : 0,844)
(coefficient de
corrélation : 0,996)
PGHT Prix publics

Figure 1. A gauche : distribution des écarts entre France et Sénégal des PGHT et des prix publics. A droite : variation des écarts entre France et Sénégal des PGHT
et des prix publics selon le statut des médicaments (la courbe est ordonnée selon les valeurs décroissantes des écarts sur PGHT).

Figure 1. Left: distribution of the variation of PGHT and retail prices in France and Senegal. Right: variation of the PGHT and the retail prices in France and Senegal
by drug category.

Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005 45


Tableau 2. Décomposition du prix public selon la filière de distribution et le statut des médicaments.
Table 2. Price setting mechanism in public and private sectors by drug category.

Filière privée Filière publique


Médicament sous Médicaments Médicaments sous Médicaments
nom de spécialité de la liste sociale conditionnement générique sous DCI
hospitalier
Taux Valeur Taux Valeur Taux Valeur Taux Valeur
PGHT FOB (5) 1,00 1,00 1,00 1,00
Mise en CAF 10,1 % 0,10 10,0 % 0,10 10,0 % 0,10 0,00
Prix CAF (5) 1,10 1,10 1,10 1,00
Transit local 1,5 % 0,02 1,5 % 0,02 1,5 % 0,02 0,00
Parité (5) 1,12 1,12 1,12 1,00
Parité 5/F CFA 656 656 656 656
Prix CAF (F CFA) 732 732 732 656
Rétrocession centrale 3,5 % 26 3,5 % 26 3,5 % 26 0
d’achat France
Redevance statistique 1,0 % 7 1,0 % 7 1,0 % 7 1,0 % 7
Prélèvement CDAO 0,5 % 4 0,5 % 4 0,5 % 4 0,5 % 3
Prélèvement 1,0 % 7 1,0 % 7 1,0 % 7 1,0 % 7
communautaire UEMOA
Prix de revient grossiste 776 776 776 672
Marge Grossiste nette 14,3 % 111 6,2 % 48 18,2 % 141 20,0 % 134
Prix de cession grossiste 887 824 918 807
Marge pharmacie d’officine 40,7 % 361 9,9 % 82 56,3 % 517 50,0 % 403
Prix public 1248 906 1434 1210
Coefficient multiplicateur sur 1,90 1,38 2,19 1,85
prix PGHT
PGHT : prix grossistes hors taxes ; DCI : dénomination commune internationale ; FOB : free on board ; CAF : coût, assurance, frêt. CDAO : Communauté de
développement de l’Afrique de l’Ouest ; UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine.

moyen pondéré : - 76 % ; écart médian : publics des points de vente du secteur non (94 %, n = 50) d’un système tiers
- 69 %). Les médicaments pour lesquels public. payant (mutuelle) (tableaux 6 à 10).
les prix publics sont plus élevés dans les L’appréciation des vendeurs des points
points de ventes du secteur public que de vente du secteur public rejoint celle
dans les pharmacies privées, sont des Appréciation des patients : ils sont 63 % à estimer que
antipaludiques : amodiaquine orale fabri- du prix des médicaments le prix payé est acceptable contre seule-
quée localement (n = 2), quinine injecta- ment 4 % dans les pharmacies privées où
ble importée (n = 1) et association par les professionnels ils sont 59 % à estimer que les médica-
sulfadoxine-pyrimétamine orale importée et les patients ments sont trop chers contre 10 % dans
(n = 2). les points de vente du secteur public.
L’agrégation des médicaments en grandes L’opinion des patients sur le prix des
classes thérapeutiques fait apparaître un médicaments est inverse selon le lieu
net clivage entre trois classes (75 % de d’achat. Ceux des points de vente du
l’échantillon exprimé en nombre) présen- secteur public sont 61 % à estimer que le Discussion
tant des écarts moyens très élevés : anti- prix payé est acceptable contre deux fois
bactériens (- 87 %, n = 77), autres infec- moins pour ceux des pharmacies privées
tieux (- 84 %, n = 11) et antipyrétiques (36 %) ; ces opinions sont diamétrale- On retient de cette analyse cinq éléments
(- 81 %, n = 18) et les trois autres classes : ment opposées s’agissant de considérer si déterminants :
antipaludiques (- 57 %, n = 27), anti- le prix payé est trop élevé (33 %-58 %). – les écarts entre les PGHT et les prix
acides (- 54 %, n = 4) et autres produits Cependant, la proportion de patients publics du Sénégal et de la France sont
(- 26 %, n = 4). ayant renoncé à l’acquisition des médica- corrélés avec le statut administratif des
La valorisation du nombre total d’unités ments prescrits pour raison financière est médicaments en France : cette corrélation
vendues avec les prix publics des deux faible (5 %, n = 53) et est peu modulée n’étant significative que pour les médica-
filières, montre que la dépense des selon le lieu d’achat : clients des points de ments remboursés en France ;
patients serait près de 5 fois moins élevée vente publics (45 %, n = 24) et clients des – le mécanisme de formation des prix
(5,1 milliards de F CFA contre 23,9 mil- pharmacies privées (55 %, n = 29). Elle publics , par application ad valorem sur
liards de F CFA) si tous les produits de est en revanche fortement corrélée au fait les PGHT (dans la filière privée) et sur les
l’échantillon étaient vendus aux prix que le patient bénéficie (6 %, n = 3) ou prix d’achat (dans la filière publique), des

46 Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005


Tableau 3. Décomposition du prix public selon la filière de distribution (exemple de l’amoxicilline boîte de
12 gélules dosées à 500 mg.).
Table 3. Price setting mechanism in public and the private sectors (case of amoxicillin tablets 500 mg).

Filière privée Filière publique


Spécialité ou Spécialité ou Conditionnement Générique
générique de générique de hospitalier sous DCI (3)
marque (1) marque (2)
Taux Valeur Taux Valeur Taux Valeur Taux Valeur
PGHT FOB (5) 2,96 1,63 0,77 0,60
Mise à CAF 10,0 % 0,30 10,0 % 0,16 10,0% 0,08 0,00
Prix CAF 3,26 1,79 0,84 0,60
Transit local 1,5 % 0,05 1,5 % 0,03 1,5 % 0,01 0,00
Prix CAF (5) 3,31 1,82 0,86 0,60
Parité 5/F CFA 656 656 656 656
Prix CAF (F CFA) 2 169 1 194 561 390
Rétrocession centrale d’achat France 3,5 % 75,9 3,5 % 41,8 3,5 % 19,6 0,0
Redevance statistique 1,0 % 21,7 1,0 % 11,9 1,0 % 5,6 1,0 % 3,9
Prélevement communautaire CDAO 0,5 % 10,8 0,5 % 6,0 0,5 % 2,8 0,5 % 2,0
Prélevement communautaire UEMOA 1,0 % 21,7 1,0 % 11,9 1,0 % 5,6 1,0 % 3,9
Prix de revient grossiste 2 299 1 265 595 400
Marge Grossiste nette 14,3 % 328 14,3 % 180 18,2 % 108 20,0 % 80
Prix de cession grossiste 2 627 1 446 703 480
Marge pharmacie d’officine 40,7 % 1069 40,7 % 588 56,3 % 396 50,0 % 240
Prix public 3 696 2 034 1 099 720
Coefficient multiplicateur sur prix 1,90 1,90 2,19 1,85
PGHT
(1) médicament le plus cher dans cette catégorie ; (2) médicament le moins cher dans cette catégorie ; (3) les frais de mise à CAF et de transit local sont
intégrés dans le prix d’achat.

10 1%
Taxes 14 Taxes 1%
54 1%

Fret et 0% Fret et 0%
assurances 59 assurances 5%
226 6%

320 44 %
Distributeurs 524 Distributeurs 48 %
1 473 40 %

390 54 %
Fabricant 502 Fabricant 46 %
1 943 53 %

0 500 1 000 1 500 2 000 0% 20 % 40 % 60 %

Générique de marque Condionnement Hospitalier Générique sous DCI Générique de marque Cond. Hospitalier Générique sous DCI

Figure 2. Répartition du prix public selon les bénéficiaires et la catégorie de médicaments : en valeur F CFA (à gauche) et en structure (à droite). Exemple de
l’amoxicilline boîte de 12 gélules dosées à 500 mg.

Figure 2. Break-down of the retail prices by actor category and drug category: in value (left) and in percentage (right). Case of a box of 12 capsules of amoxicillin
500 mg.

taux de marge en vigueur, entraîne un médicaments dont le PGHT Sénégal est – ce mécanisme de formation des prix
doublement du prix du fabricant dans les inférieur au PGHT France ont un prix induit une relation de proportionnalité
deux filières de distribution et, génère des public plus élevé au Sénégal qu’en positive entre le niveau du PGHT (ou du
situations paradoxales dans la filière France ; prix d’achat) et la rémunération des distri-
privée : dans près d’un tiers des cas, les buteurs (publics et privés) : plus le prix

Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005 47


Tableau 4. Écarts entre les prix publics dans les filières publique et privée (agrégats par molécule,
présentation forme et dosage).
Table 4. Variation of the retail prices in the private and public sectors (aggregated by INN and dosage form).

Classe Forme et dosage Nombre Prix Prix Écarts Nombre Nombre Valeur de Valeur
DCI de la filière publique de public publics entre prix d’unités d’unités vente de vente
produits unitaire unitaires publics vendues vendues dans les dans les
identiques officine F.S. F.S. et dans les dans les F.S. officines
en office officine F.S. officines (milliers (milliers
(× 1 000) (× 1 000) F CFA) F CFA)
1 Acide Acétylsalicylique 500Mg 7 16 8 – 51,9 % 42 774 10 226 320 804 159 457
Comp
2 Aluminium et Magnésium 3 31 15 – 52,0 % 4 247 3 832 63 709 119 820
(Sels) Comp
3 Amodiaquine 200Mg Sirop 7 114 68 – 40,8 % 427 429 28 846 48 872
4 Amoxicilline 250Mg Sirop 10 1472 525 – 64,3, % 93 75 48 825 110 743
4 Amoxicilline 500Mg Gélule 20 127 39 – 69,4 % 14 709 5 277 573 648 672 482
4 Ampicilline 1G aMP Inj 7 795 239 – 70,0 % 456 88 108 785 70 003
4 Benzathine Benzylpenivilline 5 860 173 – 79,9 % 199 70 34 260 60 116
1.2 Mui Amp Inj
4 Benzathine Benzylpenivilline 2 1381 270 – 80,4 % 133 52 35 905 71 391
2,4 Mui Amp Inj
4 Benzathine 1M Ui Amp Inj 5 496 128 74,3 % 10 31 1 245 15 605
3 Chloroquine 10Mg/MI Sirop 2 1148 450 – 60,8 % 321 271 144 481 310 792
3 Chloroquine 150 Mg Comp 5 20 11 – 46,0 % 34 102 16 527 375 125 336 730
2 Cimetidine 400 Mg Comp 1 428 36 – 91,6 % 648 75 23 324 32 242
4 Ciprofloxacine 250 Mg Comp 2 667 44 – 93,5 % 797 109 34 673 72 450
4 Cotrimoxazole 240 Mg Sirop 4 1769 540 – 69,5 179 193 96 405 341 783
4 Cotrimoxazole 480 MG Comp 4 86 12 – 86,1 % 31 117 1 988 373 400 171 177
5 Diazepam 10 Mg/2Ml Amp Inj 2 228 99 – 56,5 % 456 78 45 145 17 806
4 Doxycycline 100 Mg Gelule 8 391 15 – 96,2 % 244 215 3 654 83 976
4 Gentamicine 10Mg Amp Inj 2 541 155 – 71,5 % 1 10 203 5 489
4 Gentamicine 80Mg Amp Inj 3 1015 144 – 85,8 % 310 11 44 695 11 252
6 Metronidazole 250Mg Comp 3 121 8 – 93,8 % 5 867 1 066 44 004 128 619
6 Metronidazole 500 Mg Comp 2 133 42 – 68,4 % 1 039 1 025 43 651 136 155
6 Niclosamide 500 Mg Comp 1 420 24 – 94,3 % 8 0 199 180
6 Nystatine 100.000Ui Ovule 1 41 30 – 26,2 % 297 805 8 905 32 731
6 Nystatine 100.000Ui Ovule 1 41 30 – 26,2 % 297 805 8 905 32 731
4 Oxacilline 1G Inj 2 1835 327 – 82,2 % 90 14 29 528 26 032
1 Paracetamol 120 Mg/5MI Sirop 2 1020 450 – 55,9 % 237 239 106 847 243 720
1 Paracetamol 500 Mg Comp 9 54 6 – 88,9 % 29 648 6 093 177 890 328 285
6 praziquantel 600Mg Comp 1 2793 99 – 96,5 % 106 9 10 509 24 775
5 Pyridoxine 250Mg/5Ml Amp 1 170 99 – 41,8 % 163 139 16 102 23 630
Inl
3 Quinine 100Mg/1Ml Amp Inj 2 77 81 – 5,7 % 366 35 29 614 2 692
3 Quinine 200Mg/2Ml Amp 3 103 93 – 9,5 % 1 446 882 134 445 90 625
3 Quinine 400Mg/4Ml Amp 3 193 126 – 34,6 % 5 440 2 529 685 433 487 155
3 Sulfadoxine pyrimétamine 3 1242 870 – 30,0 % 61 139 53 073 172 358
420Mg Inj
3 Sulfadoxine pyrimétamine525 2 188 84 – 55,4 % 76 2 078 6 367 391 168
Mg Comp
4 Tétracycline 250 Mg Gélule 3 59 10 – 83,4 % 9 611 804 93 704 47 182
6 Thiabendazole 500 Mg Comp 2 281 44 84,5 % 13 35 583 9 933
5 Thiamine 250 Mg Comp 1 40 15 – 62,4 % 11 139 158 5 546
Totaux 141 185 99 56 394 3 804 048 4 895 700
Moyennes pondérés 87 20 – 76,4 %
Médianes 228 81 – 69,4 %
F.S. signifie points de vente des formations sanitaires publiques et officine signifie pharmacies privées.

48 Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005


Tableau 5. Écarts entre les prix publics dans les filières publique et privée (agrégats par classes
thérapeutiques).
Table 5. Variation of the retail prices in the private and public sectors (aggregated by therapeutic class).

Classes Classes Nombre Prix Prix Écarts Nombre Nombre Valeur de Valeur
de public publics entre prix d’unités d’unités vente aux totale de
produits unitaire unitaires publics vendues vendues prix des vente aux
officine F.S. F.S. et dans les dans les officines prix des F.S.
officine (%) officines F.S. milliers (milliers
(× 1 000) (× 1 000) (F CFA) F CFA)
Antibactériens 4 77 197 26 – 87,0 % 8 938 57 948 13 168 356 1 707 039
Autres 6 11 97 15 – 84,3 % 3 746 7 628 1 108 643 174 092
Anti-infectieux
Antipyrétiques– 1 18 44 8 – 81,1 % 16 558 72 660 3 941 264 743 534
Antalgiques
Antipaludiques 2 27 80 35 – 57 % 22 889 42 239 5 236 570 2 247 142
Antiacides 3 4 39 18 – 54,3 % 3 907 4 895 342 585 156 496
Autres 5 4 132 98 – 26,0 % 356 629 129 958 96 172
médicaments
Ensemble (total 141 87 20 – 76,4 % 56 394 185 999 23 927 377 5 124 477
ou moyenne
pondérée)

interministériel chargé de négocier avec


Écarts de le fabricant, un prix publics basé sur le
40 36 Fréquence % cumulés
34 33
prix PGHT proposé par ce dernier21. Le résul-
tat de cette négociation est un compromis
30 - 100% 0 0% entre le niveau de prix acceptable par le
Nb d'occurences

- 85% 36 26% comité en fonction de ses critères


20 17 - 70% 34 50% d’appréciation et celui souhaitable pour
12 - 55% 33 73% le fabricant qu’il doit justifier. Une fois le
- 40% 17 85% niveau de prix fixé, il est difficile pour le
10
3 3 - 25% 12 94% fabricant de décider unilatéralement de
1 2
0 0 - 10% 3 96% commercialiser ce médicament à un prix
0 5% 1 96% significativement moins élevé, serait-ce
- 100%

- 85%

- 70%

- 55%

- 40%

- 25%

- 10%

5%

20%

35%

60% et +

20% 0 96% pour l’exporter vers un pays en dévelop-


35% 3 99%
pement où le faible pouvoir d’achat de la
Écarts de prix 60% et + 2 100%
population justifierait cette baisse de prix.
Une telle décision pourrait en effet impli-
citement signifier pour les négociateurs
Figure 3. Fréquence des écarts entre prix publics dans les filières publique et privée. que le niveau accordé de PGHT serait
trop élevé. Ce mécanisme est un facteur
Figure 3. Break-down of the retail prices by actor category and drug category: in value (left) and in d’explication des plus faibles écarts
percentage (right). Case of a box of 12 capsules of amoxicillin 500 mg.
observés entre les PGHT de France et
ceux du Sénégal pour les médicaments
de départ est élevé, plus le produit de • Dans la filière privée, le net clivage remboursés en France. A contrario, pour
marge de distribution est important, observé entre les PGHT des médicaments les médicaments pour lesquels les fabri-
– malgré ce système identique de forma- remboursés en France et ceux qui ne le cants n’ont pas demandé le rembourse-
tion des prix publics dans les deux filiè- sont pas, suggère que les fabricants prati- ment en France et dont le prix est par
res, le prix public moyen d’un médica- quent une politique de prix différenciés nature libre, il n’est pas d’autre contrainte
ment de mêmes composition, forme et de leurs médicaments selon le marché que celle s’exprimant à travers les méca-
dosage est 4,3 fois plus élevé dans la auquel ils sont destinés. Si un laboratoire nismes du marché et la concurrence du
filière privée (médiane : 2,8) que dans la souhaite que son médicament soit rem- pays destinataire. Cette analyse suggère
filière publique ; boursé en France, celui-ci est d’abord que les fabricants français de médica-
– l’appréciation par les patients, du évalué par une commission qui prononce ments disposent d’une marge de manœu-
niveau des prix publics est inverse selon un avis scientifique sur son SMR20. Cet
les lieux d’achat mais identique selon avis est ensuite transmis à un comité 21
Comité économique du médicament, com-
qu’elles est exprimée par les patients ou prenant des représentant des ministères en
les vendeurs. Cette situation appelle quel- charge de la Santé, des Affaires sociales, de
ques commentaires. 20
Commission de la Transparence. l’Économie et des Finances et de l’Industrie.

Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005 49


Tableau 6. Opinion des clients et des vendeurs sur le prix des cialisés dans la filière privée y est sensi-
médicaments. blement le même, ce qui explique la
Table 6. Opinion of end-users and vendors on drug retail prices.
faible proportion d’individus y ayant
accès23,
Clients des Clients des
– il n’y a pas de relation entre le prix des
postes de santé pharmacies médicaments et leur SMR : les médica-
ments présentant le meilleur SMR ont des
Opinion des clients prix publics inférieurs à ceux des médica-
Prix acceptable pour les médicaments reçus 61 % 36 % ments non remboursés en France, consi-
Prix trop élevé pour les médicaments reçus 33 % 58 % dérés comme moins pertinents en termes
Prix insuffisant pour assurer la qualité 6% 6% de SMR24, démontrant ainsi une mauvaise
Total 100 % 100 % efficience de la dépense de médicament.
Opinion des vendeurs • Le mécanisme de formation des prix
Prix raisonnables et accessibles à la 63 % 4% publics, hérité des pratiques françaises et
population appliqué dans presque tous les pays de
Prix justes, mais au-dessus des moyens de 27 % 37 % l’Afrique francophone, avec cependant
la population des taux variables mais assez voisins, crée
Trop chers en soi 10 % 59 %
une relation de proportionnalité entre le
PGHT (ou prix d’achat) et la rémunéra-
Total 100 % 100 %
tion des distributeurs de gros ou de
détail. L’exemple choisi de l’amoxicilline
donne un bon éclairage à cette situation :
Tableau 7. Acquisition des médicaments prescrits. le produit de marge du détaillant, généré
Table 7. Type of fulfilment of prescription. par le médicament dont le PGHT est le
plus élevé (médicament de spécialité ou
Mode d’acquisition Clients des Clients des générique de marque) est 2,7 fois plus
postes de santé pharmacies élevé que celui généré par le médicament
(%) le moins cher (médicament générique
Achat de l’ensemble du traitement 63,2 % 76,2 % présenté sous conditionnement hospita-
lier). Le mécanisme de formation des prix
Achat de l’ensemble du traitement 2,1 % 0,9 %
pour une durée réduite
constitue donc, de ce point de vue, un
facteur incitatif fort conduisant les phar-
Achat incomplet : 26,7 % 9,0 %
macies privées à maximiser leur revenu
- Médicaments non disponibles 22,1 % 2,6 % par des comportements non éthiques : la
- Médicaments trop chers 4,1 % 3,5 % tendance étant, chaque fois que possible
- Autres cas 0,5 % 2,9 % et notamment lors de substitutions, de
Complément d’un achat antérieur : 0,9 % 9,5 % proposer aux patients les médicaments
- Médicaments non disponibles 0,7 % 8,6 % équivalents dont le prix est le plus élevé
- Médicaments trop chers 0,2 % 0,9 % (un médicament de spécialité ou un
Achat différé 7,1 % 4,4 % générique de marque plutôt qu’un géné-
Total 100 % 100 %
rique sous DCI). Il a, pendant des années,
constitué l’obstacle majeur à l’intro-
duction des médicaments génériques
sous DCI dans la filière privée ; le revenu
vre leur permettant d’appliquer une entre prix publics : - 39 % ; soit une de la profession étant privilégié au détri-
politique de prix différenciés aux médica- dégradation de 6 points). Cette dégrada- ment de la dépense des patients. Ainsi,
ments destinés à l’exportation. Celle-ci tion est encore plus marquée pour les
semble cependant subordonnée au statut médicaments remboursés en France
administratif des médicaments agissant (écart médian entre PGHT France et 23
Il est montré dans l’étude sur l’accessibilité au
dans ce domaine comme un élément Sénégal : - 18 % ; écart médian entre prix médicament au Sénégal (op. cit.) que moins de
réducteur. Bien que les écarts entre les publics : - 5 % ; soit une dégradation de 20 % de la population avait un accès régulier
PGHT soient deux fois moins importants aux médicaments de la filière privée.
13 points). Cet effet mécanique entraîne 24
Il est cependant nécessaire de relativiser cette
sur les médicaments présentant un des situations non cohérentes : assertion pour deux raisons : (i) la décision de
meilleur SMR que sur les autres, cela n’en – alors que le revenu moyen de la popu- remboursement d’un médicament en France
constitue pas moins un élément objectif lation est, au Sénégal, 50 fois inférieur à n’est pas automatique et procède d’une démar-
incontestable de la problématique des che volontaire ; ainsi dans certains cas, les labo-
celui de la population française et plus de ratoires peuvent, pour des raisons stratégiques
prix. Ce différentiel sur les PGHT des 100 fois inférieur pour les individus les internes, ne pas solliciter l’inscription de cer-
deux pays ne profite cependant pas en plus pauvres22, le prix public des médica- tains médicaments sur la liste des médicaments
totalité aux patients car il est en grande ments provenant de France et commer- remboursables (cas de certains antipaludéens) ;
partie absorbé par les marges de distribu- et ii) l’échantillon pris en compte dans l’étude,
contient des médicaments fabriqués localement
tion. Pour les médicaments non rembour- et non remboursés en France sans que cela ait
sés en France (écart médian entre PGHT 22
Le seuil de pauvreté, au Sénégal, est de un quelconque rapport avec leur niveau de
France et Sénégal : - 45 % ; écart médian 3 300 F CFA par mois soit 0,17 euro par jour. SMR.

50 Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005


Tableau 8. Profil des personnes n’ayant pas acquis leurs maladie et qui appartiennent aux catégo-
médicaments pour des raisons financières ries de population les plus pauvres, soit
Table 8. Main characteristics of the patients unable to pay for drugs.
près de la moitié de la population totale,
par un surcoût limitant fortement leur
Ensemble Dakar Urbain Rural accessibilité financière au médicament.
(n = 987) • Malgré des prix publics en moyenne
très inférieurs à ceux de la filière privée
Ensemble 53 25 8 20 (- 76 %), contrairement à des idées large-
Lieu Centre de santé 24 6 3 15 ment répandues, la filière publique n’est
d’achat Pharmacie 29 19 5 5 pas toujours en mesure de proposer aux
Sexe Masculin 19 13 1 5 patients les meilleurs prix du marché.
Féminin 34 12 7 15 C’est ainsi le cas, non exclusif, de la
Âge Enfants 14 5 2 7 quinine injectable dosée à 100 et 200 mg.
Adultes 39 20 6 13 Dans la mesure où les mécanismes de
Instruction Sans instruction 27 11 2 14 formation du prix public sont identiques
Secondaire et plus 15 10 4 1 dans les deux filières et les coefficients
Mutuelle Adhérent 3 2 0 1
multiplicateurs voisins, cette situation
résulte donc essentiellement du fait que
Non adhérent 50 23 8 19
les PGHT de la filière privée sont infé-
rieurs aux prix d’achat de la filière publi-
que. S’agissant de produits fabriqués
Tableau 9. Suggestions des vendeurs pour améliorer l’accessibilité localement, cette situation montre que
aux médicaments. lorsqu’elle en a la volonté, l’industrie
Table 9. Suggestions of the vendors to improve drug accessibility. locale de fabrication est capable de
mettre sur le marché, malgré une position
Suggestion Poste de santé Pharmacie défavorable vis-à-vis de celle des médica-
(n = 54) (n = 79) ments importés25, des médicaments dont
les prix peuvent se révéler compétitifs.
Baisser le prix des médicaments 43 % 32 %
Dans la filière publique, les médicaments
Vendre des médicaments génériques 19 % 14 % sont régulièrement vendus à des prix
Installer une usine de production de 2% 14 % supérieurs à ceux fixés par la réglementa-
génériques tion. Les écarts constatés entre les prix
Augmenter la production locale 6% 8% licites et les prix moyens payés par les
Diminuer les taxes 2% 9% patients sont importants : sur un échan-
Vendre des médicaments génériques dans 2% 6% tillon constitué des 10 produits les plus
les pharmacies prescrits, l’enquête de terrain a montré
Approvisionner les pharmacies privées par 0% 5% que 25 % des patients ont payé leurs
la PNA médicaments26 1,1 fois plus cher que le
Diminuer les impôts 0% 4% prix public licite, 25 % entre 1,1 fois et
Autres cas 28 % 9% 1,6 fois, 25 % entre 1,6 et 2,4 fois et 25 %
Total des réponses multiples 100 % 100 % plus de 2,4 fois, avec des facteurs extrê-
mes très élevés27. Ce non-respect de la
tarification par les formations sanitaires
l’initiative de la « liste sociale » instituée ont placés au centre de leur politique publiques est l’un des effets pervers du
pour assurer une offre de médicaments pharmaceutique. La marge de manœuvre recouvrement des coûts reposant sur le
essentiels de base à prix modérés, n’a que laisse cette technique de formation principe de l’Initiative de Bamako. Son
jamais connu le succès qu’en attendaient des prix publics est en réalité limitée par explication se trouve dans la nécessité,
ses promoteurs. Le mécanisme de forma- des exigences contradictoires :
tion du prix public semble donc décon- – limiter les effets de hausses des prix de
25
necté des objectifs de santé publique : il cession pour préserver l’accessibilité des Les médicaments importés par la PNA sont
est monolithique et non différencié en médicaments ; exonérés des droits de douane et de la TVA mais
les intrants non pharmaceutiques des médica-
fonction de groupes spécifiques de popu- – maintenir les prix publics à un niveau ments fabriqués localement les supportent en
lation, de pathologies cibles ou encore de suffisamment élevé pour assurer un finan- partie, ce qui limite sa compétitivité par rapport
l’intérêt thérapeutique des médicaments cement suffisant pour les formations sani- aux médicaments importés. Ainsi, dans un fla-
et ne constitue donc pas un outil de mise taires périphériques. On perçoit bien là, con de sirop de paracétamol générique, le
conditionnement primaire (verre et capsule),
en œuvre de la politique du médicament. les limites du recouvrement des coûts importé et secondaire (emballage) représente
Il constitue d’autre part, un facteur incita- basé sur le principe de l’Initiative de environ 40 % du prix de revient industriel sur
tif à vendre les médicaments les plus Bamako dans un pays comme le Sénégal lequel s’appliquent les taxes douanières et la
chers générant les produits de marge les présentant un tel profil de pauvreté : le TVA. Ces taxes représentent environ 50 F CFA ,
soit près de 10 % du PGHT.
plus élevés, et ce faisant, il ne privilégie financement, par les patients, d’une partie 26
En prix moyens pondérés.
aucunement les médicaments essentiels des soins de santé primaire, se traduit 27
Plus de 6 fois, pour un produit d’usage très
génériques que les autorités sanitaires pour ceux qui sont les plus exposés à la courant comme la quinine injectable.

Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005 51


pour de nombreuses formations sani- • L’appréciation du prix des médica- en termes de taux de marge de distribu-
taires, de maximiser leurs recettes. Il est ments par les clients et les vendeurs mon- tion. On a vu que si les mécanismes de
parfois induit par le sous-financement de tre que le niveau de prix constitue une formation des prix publics sont iden-
la contribution de l’État et facilité par préoccupation récurrente tant pour les tiques dans les deux filières et produisent
quatre facteurs non exclusifs et agissant le premiers qui en supportent la charge à des coefficients multiplicateurs voisins,
plus souvent de façon conjuguée : 95 % que pour les seconds. Malgré cela, les niveaux de prix y sont profondément
– la méconnaissance des prix licites par et contre toute attente, les patients sont différents ■
la population (carence des systèmes en moyenne 73 % à acheter l’ensemble
d’information du public) ; des médicaments qui leur sont prescrits et
– l’incapacité des patients à réagir face à seulement moins de 5 % à renoncer à
ces abus (inefficacité des instances com- l’acquisition de traitements complets Références
munautaires de contrôle de la gestion des pour raisons financières. Compte tenu de
fonds du recouvrement et le faible taux la capacité des individus à payer, cette
d’alphabétisation des patients notamment fréquence peu élevée suggère deux 1. Guimier JM, Candau D, Garenne M, et al.
Étude sur l’accessibilité aux médicaments au
en milieu rural) ; observations : (i) les individus les plus Sénégal. Paris ; Dakar : Les entreprises du
– la conjugaison de l’absence de réelle pauvres c’est-à-dire ceux des deux pre- médicament (LEEM) ; Ministère de la santé,
miers quintiles de population sont exclus 2001 ; 203 p.
concurrence dans l’offre du secteur
public avec les prix élevés de la filière du système ; et ii) ceux appartenant au
troisième, voire au quatrième quintile, 2. Guimier JM, Candau D, Garenne M, et al.
privée offre une marge de manœuvre Une méthode de mesure de l’accessibilité
substantielle aux vendeurs du secteur n’ont accès au médicament qu’au prix financière aux médicaments : L’exemple du
public, lorsqu’une pharmacie privée est d’une précarisation économique induite Sénégal. (à paraître).

implantée à proximité ; par un recours contraint à l’emprunt.


3. Continentale Pharmaceutique. Liste des prix
– l’insuffisant pouvoir coercitif des admi- publics des médicaments au Sénégal. Dakar :
nistrations en charge du contrôle des prix Continentale Pharmaceutique, 2000.
publics (manque de moyens humains,
techniques et financiers). Ces pratiques Conclusion 4. Ministère de la Santé. Direction de la Phar-
macie et du Médicament. Formation des prix
qui excluent du système de soin nombre de vente du médicament. Dakar : Ministère de
de malades dont le niveau de revenu n’est la Santé, 2000 ; 7 p.
pas compatible avec celui du prix du La première conclusion qui se dégage de
médicament28,29, annihilent le principe cette analyse est que le niveau des prix 5. Ministère de la Santé. Pharmacie nationale
d’équité porté par l’Initiative de Bamako. publics du médicament au Sénégal qui d’approvisionnement. Fichier des prix d’achat.
Dakar : Ministère de la Santé, Pharmacie natio-
conditionne son accessibilité financière nale d’approvisionnement, 1999.
est, en premier lieu, déterminé par celui
28
La relative qualité des soins et les dysfonction- des PGHT de la filière privée et des prix 6. Ministère de la Santé. Pharmacie nationale
nements du système public de soins ne peu- d’achat de la filière publique qui résultent d’approvisionnement. Catalogue des prix
vent, en effet, constituer à eux seuls les très 1999 -2000. Dakar : Ministère de la Santé, Phar-
faibles taux de fréquentation des structures de
de la politique commerciale des fabri- macie nationale d’approvisionnement, 1999 ;
soins de niveau primaire. L’excessive tarifi- cants mais qui ne représentent cependant 57 p.
cation du médicament, relativement au très que 50 % de la valeur du prix public.
faible pouvoir d’achat des malades, à laquelle Trois autres facteurs influent sur le niveau 7. Internationnal Marketing Services (IMS).
s’ajoutent les dépenses induites (coût des PGHT et ventes des médicaments au Sénégal.
du prix public : les coûts de transport et Dakar : IMS, 1997 ; 1998 et 1999.
consultations, frais de transport), constitue
un élément fortement réducteur de la fréquen- d’assurance (poids relatif 5 % à 6 %), les
tation. taxes douanières (1 %) et les marges de 8. SEMPEX. PGHT des médicaments en
29
Selon les auteurs de l’étude sur l’accessibilité distribution (46 % à 54 %). C’est donc sur France. Issy les Moulineaux (France) :
des médicaments au Sénégal, seuls 40 % de la ce dernier élément que le pouvoir SEMPEX, 2000 ; 600 p.
population aux prix de la filière publique et
20 % aux prix de la filière privée, ont financière- d’administration de l’État peut influer
9. World Health Organization (WHO). Essential
ment accès aux médicaments sans risque de pour orienter sa politique dans un sens drugs, WHO Model List (revised December
précarisation de leur situation économique. ou dans l’autre en prenant des décisions 1999). WHO Drug Information 1999 ; 13 : 5 p.

52 Cahiers Santé vol. 15, n° 1, janvier-février-mars 2005

Vous aimerez peut-être aussi