Vous êtes sur la page 1sur 144

ISBN : 978-2-13-074925-7

Dépôt légal – 1re édition : 2016, avril


2e tirage : 2016, juin

© Presses Universitaires de France, 2016


6, avenue Reille, 75014 Paris

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


AVANT-PROPOS

L’orthographe est une fête

L’orthographe, mère de tous les vices. Depuis plusieurs décennies déjà,


l’orthographe est sur le banc des accusés : suspectée de servir d’agent de
discrimination sociale, en permettant la reproduction des classes les plus
favorisées ; tenue pour symbole d’un conservatisme étroit et pédantesque ;
abandonnée à ceux qui refusent de comprendre que la langue est vivante et
changeante, et que le sourcil levé et les lèvres pincées des puristes de la
grammaire ne pourront rien contre ce fait d’évidence. L’école, bien sûr, a
joué un rôle majeur dans cette disqualification : discipline-reine de l’école
de Jules Ferry, l’orthographe s’y est progressivement faite toute petite.
Tandis que les heures attribuées au français à l’école primaire et au collège
fondaient comme neige au soleil, et que la part consacrée à l’étude de la
langue au sein de la discipline diminuait d’autant, l’orthographe semblait en
passe de devenir une variable d’ajustement. L’exigence de l’apprentissage
par cœur, à laquelle elle pouvait difficilement se soustraire, paraissait bien
fastidieuse, presque abêtissante, et s’accordait mal au souhait d’une
éducation qui privilégiât la réflexion sur la mémoire, et la forme sur le
contenu. Les règles ânonnées par les écoliers et les dictées aux allures de
pensum sentaient un peu trop la naphtaline des vieux maîtres à blouse noire,
et le fantasme vaguement réactionnaire de l’école des années 1950.
Le résultat est connu, et tombe sous le sens : les études menées en 2007
ont établi, s’il était besoin, la dégringolade des compétences de rédaction
des lycéens depuis les années 1980. L’annonce, à vrai dire, ne pouvait être
une surprise que pour ceux qui ne voulaient pas voir : n’importe quel
enseignant sait bien qu’un bachelier moyen est très loin d’être parvenu à
une véritable maîtrise de la langue. Une part non négligeable des étudiants
de l’enseignement supérieur rencontre encore de grandes difficultés pour
aborder les exercices écrits, et même les meilleurs n’échappent pas à des
fautes grossières, qui révèlent au détour d’une phrase la fragilité des bases
linguistiques. Les points les plus élémentaires sont incertains, et les règles
plus subtiles semblent avoir été reléguées au rang de préciosités. Face à une
évolution qui semble inexorable, les professeurs de lettres, comme
l’orchestre du Titanic, paraissent condamnés à resservir inlassablement,
imperturbables, les règles d’accord du participe passé, en guise d’adagio ou
d’impromptu avant l’effondrement final.
L’orthographe, pourtant, n’a pas dit son dernier mot. Non seulement la
passion des Français pour les débats infinis sur le sens, l’origine et la
graphie des mots et des expressions ne semble pas disposée à s’éteindre,
mais depuis plusieurs années fleurissent les formations de remise à niveau
linguistique. Coachs, communicants, organismes privés, tous ont senti le
vent tourner, et se sont engouffrés dans un marché qui promet d’être
porteur. Le certificat Voltaire, qui propose une formation en ligne et un test
conçu sur le modèle des examens de langue étrangère, est venu répondre
avec une assez grande efficacité aux souhaits des recruteurs désarçonnés par
le niveau rédactionnel des candidats, et à la demande de tous ceux qui se
sentent entravés dans leur vie professionnelle par leur maîtrise incertaine de
la langue. Installé dans un nombre croissant d’établissements
d’enseignement supérieur privés, le projet Voltaire, ironie du sort, finit
même par séduire l’école publique, prête à débourser des sommes
conséquentes pour permettre à ses élèves d’apprendre ce qu’elle ne s’est pas
donné les moyens de leur enseigner.
La première ambition d’un livre d’orthographe se doit ainsi d’être
pratique, et le présent ouvrage se conforme à cette exigence. L’orthographe
est un savoir dont la maîtrise détermine les capacités d’insertion
professionnelle, et conditionne la crédibilité que l’on peut acquérir sur son
lieu de travail, en particulier dans un monde où les échanges écrits sont
devenus permanents, quelle que soit la profession exercée. Si l’on ne peut
écarter l’accusation qui lui est faite de servir de critère de tri social,
l’orthographe est avant tout un code qui assure la fluidité des échanges, et
permet la compréhension immédiate des mots employés. Les enseignants
rompus à la correction de copies savent à quel point la lecture de textes
remplis de fautes est une activité difficile et épuisante, qui demande à
l’esprit un effort d’adaptation constant pour rétablir le sens de termes qui, à
être mal orthographiés, ne sont plus spontanément reconnus. « Du moment
qu’on me comprend… » On comprend, oui, mais à quel prix !
Que faire, dès lors, pour (ré)apprendre l’orthographe, et se débarrasser
des fautes que l’on continue à faire dans ses mails, dans ses rapports ou
dans ses copies ? Lorsque l’on se saisit de ce problème, on voudrait faire
vite et bien : apprendre les mille et une astuces qui permettent de détecter et
de corriger les erreurs, disposer d’une boîte à outils, d’une orthographe en
kit. Ces astuces, bien sûr, existent, et ont leur utilité : qui n’a jamais
remplacé un verbe du premier groupe en –er par vendre, battre ou mordre,
pour s’assurer qu’il devait écrire –é ou –er ?
De tels expédients sont pourtant insuffisants, et ne peuvent servir que de
trousse de secours. Aucun esprit humain ne pourra se livrer à ce type
d’opérations tous les trois mots, et l’apprentissage de l’orthographe doit
ajouter à ces astuces la mise en place d’automatismes, établis par le
rabâchage et la répétition, mais aussi, osons le mot, par l’étude de la
grammaire, dont la méconnaissance est à l’origine des fautes les plus
récurrentes, mais aussi les plus graves.
Il faut s’en convaincre : on ne pourra pas écrire sans faute tant qu’on ne
comprendra pas avec clarté et précision ce que l’on dit. Il ne s’agit pas
nécessairement, lorsque l’on veut améliorer son orthographe à l’âge adulte,
de reprendre l’ensemble de l’apprentissage grammatical, comme le ferait un
écolier. Encore faut-il chercher à comprendre pourquoi on écrit telle forme
de telle manière. L’orthographe est bien sûr arbitraire, et les partisans de
réformes radicales ne se privent pas de le répéter, comme si cet arbitraire
n’était pas inhérent à tout code. Rien, en effet, n’empêcherait d’écrire
« bateau » batau, bato, battô, ou même gudeu, puisque le rapport établi
entre les lettres et les sons est lui-même tout à fait arbitraire. Cet arbitraire
est néanmoins rationnel : il correspond à un système qui possède ses
propres lois et sa propre logique, ou du moins, pour ce qui est de
l’orthographe lexicale, ses régularités, et son histoire.
La réforme orthographique de 1990, qui vient, au moment où nous
imprimons, d’être ressortie des greniers du ministère de l’Éducation
nationale, peine ainsi à aller au bout de sa logique, tant il est difficile de
s’attaquer à des formes consacrées par l’usage. Cette réforme propose de
supprimer les accents circonflexes sur les –i et les –u… mais pas sur les –a !
On cherchera en vain à comprendre pourquoi l’accent de jaunâtre est plus
utile que celui d’île ou de brûler, pourquoi l’un doit être maintenu et l’autre
supprimé. Encore faut-il préciser, pour les –i et les –u, que l’accent demeure
lorsqu’il sert à distinguer deux homonymes, comme pour mur et mûr, mais
aussi, de façon plus surprenante, lorsqu’il s’intègre à une marque
grammaticale, comme celle du passé simple. On continuera à écrire « nous
fîmes » et « vous fîtes », sans que l’on voie ce qui justifie ce maintien. Sans
doute le circonflexe est-il si caractéristique de ces formes du passé simple
qu’il prend ici l’apparence de la nécessité, alors qu’il n’est ni plus ni moins
utile que dans ses autres emplois. Toute réforme ne peut que se heurter à
cette ambivalence de l’orthographe, en grande partie arbitraire, mais qui tire
essentiellement sa justification de son histoire, de ses séries de régularités,
et des habitudes de l’usage.
Ce sont les raisons profondes qui guident l’orthographe de tel ou tel
terme qu’il s’agit de ressaisir. Comprendre, analyser, saisir la différence
entre un participe présent et un adjectif verbal : n’est-ce pas néanmoins
fastidieux ? Ne promet-on pas au lecteur de le replonger avec effroi dans les
pires heures de sa scolarité, de lui rappeler le souvenir traumatisant et
l’insondable ennui de la leçon sur les pronoms relatifs ? Non. Ce que l’on
promet au lecteur, s’il accepte de nous suivre dans notre parcours, c’est au
contraire de lui montrer que ce qui a pu parfois le rebuter dans son enfance
est en réalité source d’intérêt, de plaisir, d’étonnement.
Car il ne suffit pas encore de savoir appliquer et de comprendre : pour
parvenir à maîtriser l’orthographe, il faut encore apprendre, ou réapprendre,
à aimer sa langue. En aimer d’abord le système fascinant, d’une richesse,
d’une complexité et d’une subtilité que des années d’étude ne pourront pas
épuiser. Chaque avancée, chaque explication éclaire un nouveau pan de cet
édifice qu’ont façonné des siècles de réflexion et d’élaboration, nous révèle
les opérations tortueuses et sophistiquées qu’accomplit quotidiennement
notre esprit, sans même que nous nous en rendions compte. Qui voudra
expliquer à un étranger ce que l’on veut dire quand on emploie la
conjonction « or » se trouvera sans doute bien en peine : et pourtant, nous
n’éprouvons aucun mal à l’employer à propos, et à savoir instinctivement
quand elle s’impose à notre discours. Comprendre la langue, c’est voir
apparaître, dans un éclair soudain, le sens précis de ce que nous disons. Car
si nous ne comprenons pas la logique du système, celui-ci ne manque pas
pour autant de modeler notre pensée, de dessiner l’espace de ce qu’il nous
est possible de dire et de concevoir. De nos conversations les plus
anecdotiques à nos déclarations d’amour, des prises de rendez-vous aux
ouvrages de philosophie, la langue nous détermine et nous construit. C’est
elle qui esquisse le style, la personnalité d’un peuple ; c’est chez elle, sans
doute, plus que dans d’improbables valeurs vaporeuses, qu’il faudrait aller
chercher ce qui constitue l’unité des Français.
Aimer sa langue, c’est aussi en aimer les bizarreries, les caprices, les
humeurs changeantes et imprévisibles. Ne pas vouloir nécessairement
qu’elle s’adapte toujours à nous, et s’accorde immédiatement à ce que l’on
voudrait lui faire dire. Il ne s’agit pas, bien sûr, de s’enfermer dans un
purisme étroit. La langue n’est pas un musée, et sa grammaire, son
orthographe, son vocabulaire n’ont pas pour ambition de traverser
inchangés les siècles et les millénaires. Mais s’il ne faut pas la regarder
comme une galerie poussiéreuse de vieux peignes étrusques, on peut en
revanche y trouver une histoire. Une histoire romanesque, mouvementée,
dramatique : sous chacun de ses mots, sous chacune de ses irrégularités
résonnent des siècles de querelles et d’affrontements. La bataille sourde qui
e
opposa les érudits du XVI siècle aux Médicis, qui se piquaient d’importer
dans le français la mode italienne ; les rapports de force sans cesse repensés
entre le langage de l’aristocratie et le langage du peuple, défendu à tambour
battant par les philosophes des Lumières. Dans ses bizarreries se lit
l’orgueil des moines copistes du Moyen Âge, rivalisant d’élégance, et
faisant œuvre de surenchère dans l’application du code graphique ; la
vocation humaniste des érudits de la Renaissance, croyant retrouver le
prestige de l’Antiquité à coups de –y ; le soin appliqué et vaguement
honteux des maîtres de la IIIe République, prononçant avec une clarté
excessive les lettres d’une langue française constituée en idole sacrée.
L’orthographe est un héritage dont nous sommes dépositaires. Elle porte
en elle le souvenir d’une des littératures les plus riches du monde ; au
détour d’une syllabe finale, d’une lettre doublée vibre en même temps
l’histoire d’un peuple hétéroclite et changeant. Les chuintements du picard,
les nasales chantantes de l’occitan, mais aussi les apports étrangers dont
notre langue n’a cessé de s’enrichir : sa base latine bien sûr, mais aussi les
langues grecque, germanique, espagnole, italienne, auxquelles viennent
aujourd’hui s’ajouter l’anglais, l’arabe, le manouche.
Au-delà de son aspect pratique, c’est à cet amour que cet ouvrage
voudrait aussi, dans ses modestes proportions, contribuer. Par ses
explications, ses anecdotes historiques, il aura rempli son office s’il parvient
à faire naître et à stimuler une curiosité que d’autres livres plus fournis
pourront pleinement satisfaire.
C’est ainsi en professeur aussi bien qu’en amoureux de la langue que
j’aimerais vous conduire dans les voies sinueuses de l’orthographe
française, vous en enseigner quelques-uns des détours, et vous faire
partager un peu de ma fascination.
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE

There is method in my madness…

Pour éviter l’aspect quelque peu rébarbatif des révisions


orthographiques, le présent ouvrage n’adopte pas de classement
grammatical des rubriques, mais s’organise autour de sept chapitres qui sont
autant de parcours, où le lecteur rencontrera des difficultés de grammaire,
des explications sur les homophones, et des points d’orthographe lexicale.

Chaque chapitre, composé autour d’un thème (la guerre, l’amour, la


politique…), aborde une quinzaine de fautes courantes, que le lecteur est
appelé à détecter et à corriger dans des textes fautifs (inédits) qui servent
d’exercices. Le programme de ces exercices est cumulatif, et reprend au
fil des chapitres toutes les difficultés vues depuis le début de l’ouvrage.

Le livre est ainsi pensé pour être travaillé de façon linéaire, de la


première à la dernière page, pour pouvoir « faire ses gammes », et
éradiquer progressivement et définitivement les fautes abordées.

On trouvera dans chaque chapitre :

• Des rappels qui reviennent sur les fautes de français les plus fréquentes, en
exposant la règle à connaître (La règle), l’explication de cette règle et de
son origine (Comprendre), ainsi que certaines astuces « pour éviter la
faute » (symbole astuce : ).

• Trois textes fautifs à corriger (Cherchez l’erreur !), qui s’organisent


autour d’un thème propre à chaque chapitre (la guerre, l’amour, la politique,
les soirées entre amis, le travail, le voyage, le crime), et se suivent parfois
sous forme de petites nouvelles. Ces textes inédits, rédigés par l’auteur,
offrent des variations sur les différents styles de la langue française, en
proposant un certain nombre de pastiches de grands écrivains de la
littérature française et étrangère.

• Des encadrés qui proposent des éléments d’histoire de la langue et de


l’orthographe, des explications sur le sens et l’origine d’une expression, des
rappels et des éclairages sur quelques détails orthographiques.

Le dernier chapitre (« Épilogue ») revient sur les erreurs d’usage le


plus souvent commises à l’écrit comme à l’oral, et proposent des formes de
remplacement pour éviter ces erreurs.

Pour les lecteurs qui voudront vérifier rapidement l’orthographe d’un


mot ou reprendre l’explication d’un phénomène grammatical, un index
placé en fin d’ouvrage permet de retrouver immédiatement l’emplacement
des différentes fautes abordées.
Chapitre premier

À L’ASSAUT

« Quelle connerie la guerre ! »


Prévert
GRAMMAIRE

LES DIFFICULTÉS DE L’ACCORD

L’accord du verbe avec son sujet


Ils chantes/Ils chantent – La terminaison –s est une terminaison du pluriel
qui ne s’applique qu’aux noms et aux adjectifs. Elle ne peut en aucun cas
s’appliquer à la 3e personne du pluriel des verbes, dont la marque est –nt, à
tous les temps.

La tâche que le directeur t’as confiée/t’a confiée – Il faut être attentif aux
cas où le verbe est précédé d’un pronom, en particulier d’un pronom élidé
(m’, t’, l’, etc.) Dans ce cas, l’esprit a naturellement tendance à associer le
verbe et le pronom qui lui est accolé, alors même que ce pronom ne
correspond pas au sujet. On voit ainsi souvent la forme fautive « le
directeur t’as confié » : bien que le sujet du verbe soit évidemment « le
directeur », la proximité du « t’ » peut conduire à accorder
automatiquement le verbe à la 2e personne.

Le problème que représente/que représentent ces nouveaux paramètres –


L’essentiel des fautes d’accord concerne les cas où le sujet se situe après le
verbe. Dans la mesure où l’ordre naturel de la phrase française est [sujet-
verbe], nous avons spontanément tendance à accorder le verbe avec le mot
qui le précède et à écrire « le problème que représente ces paramètres »,
alors que le sujet est ici « paramètres ».

Plus le premier mot peut représenter un sujet plausible, plus la tendance à la


faute est importante. Ainsi, les fautes seront rares dans « la leçon que
récitent les enfants », parce qu’il paraît absurde que ce soit la leçon qui
récite. En revanche, lorsque le premier mot peut apparaître comme un sujet
plausible du verbe, comme dans « la personne que voient les enfants », les
fautes se multiplient.

On sera particulièrement attentif, pour ne pas faire cette erreur, aux


passages où « que » est directement suivi d’un verbe. Si le verbe vient
immédiatement après le « que », c’est que le sujet est inversé.

J’ai lu le livre que regardent les enfants quand j’avais dix ans.
Il faut laisser la porte ouverte pour que soient respectées les consignes
de sécurité.

L’accord en genre et en nombre


Cette/cet ouvrage – Le déterminant « cet » s’écrit « cet » au masculin et
« cette » au féminin.

L’école public/publique – Les adjectifs en –ic au masculin font leur féminin


en –ique (sauf « chic », invariable).

Comprendre – Dans le cas de « cet » comme dans celui de « public », la


confusion vient du fait que les formes masculine et féminine sont identiques
à l’oral. Il faut donc prêter une attention particulière à ces termes, en partant
du principe que le féminin est généralement marqué à l’écrit, même quand
cette marque ne s’entend pas.
Une laïcité à géométrie variable
Si l’on écrit « un laïc » et « l’école laïque », l’usage est plus discuté pour la forme masculine de
l’adjectif, qu’on peut écrire « laïc » ou « laïque ». On trouvera ainsi indifféremment
« l’enseignement laïque » et « l’enseignement laïc », sans qu’aucune de ces formes ne puisse
véritablement être considérée comme fautive.

Une histoire fictif/fictive – Les adjectifs dont le féminin est en –ive ont un
masculin en –if : « fictif/fictive », « caritatif/caritative ». La tendance
contemporaine à une prononciation moins marquée de ces syllabes finales
contribue à diffuser dans les copies d’étudiants des formes fautives comme
« une action caritatif ».

Un belle/bel homme – Attention à la forme que prend le masculin de


« beau » devant une voyelle, « bel ».

La plupart des enfants croit/croient au père Noël –Derrière l’expression


« la plupart », le verbe se conjugue au pluriel.

Il n’a eu qu’un 1,5 points/1,5 point sur 10 à son test – En français, on


considère que le pluriel n’est pas ce qui est supérieur à 1, mais ce qui est
égal ou supérieur à 2. Par conséquent, des nombres tels que « 1,2 », « 1,6 »
commandent des accords au singulier : « 1,3 gramme ».

Le travaille/le travail
e
La règle – Il ne faut pas confondre la 3 personne des verbes, « il
travaille », « il maintient », « il calcule », et les noms correspondants, « le
travail », « le maintien », « le calcul ».
Faute au carré
Il n’est pas rare de lire la forme fautive « le quotidient », par analogie avec des formes déjà
fautives comme « le soutient ». « Quotidien » est un adjectif et un nom qui ne dérive pas d’un
verbe : là encore, il suffit de mettre la forme au féminin pour s’assurer de son orthographe :
« quotidienne ».

Cherchez l’erreur !
Qu’il était beau, le temps du certificat d’études, celui où les simples poilus écrivaient à leurs
parents et à leur femme des lettres à l’orthographe impeccable ! Le mythe a la vie dure : Arthur
Parisson, pourtant, semble avoir échappé aux leçons des instituteurs de la IIIe République.
Aidons-le à corriger les fautes d’accord de sa lettre.

Ma cher Maman,
Je t’écris cet lettre de la ville de R., où les officiers ont décidé que nous passeriont quelques
jours. As-tu reçu le colis que t’as envoyé Pierre ? Je lui ai demandé de te transmettre cette
ensemble de documents et de souvenirs pour que tu voies tous les efforts que représentent la vie
au front, et le travail quotidient que nécessitent les mouvements continuelles des troupes. Ici au
moins nous pouvont prendre un peu de repos, oublier pour quelques instants les horreurs qu’on
voie tous les jours dans les tranchées. J’espère que j’aurai bien vite une permission pour venir te
voir et te raconter toute la vérité sur ce qu’on vie : l’opinion public colporte tellement de
mensonges !
Je t’embrasse,
Ton Arthur
Correction
ma chère – cette lettre – nous passerions – que t’a envoyé – cet ensemble – que représente
(sujet : vie) – le travail quotidien – les mouvements continuels – nous pouvons – qu’on voit – on
vit – l’opinion publique
HOMOPHONES

On, ont
La règle – « On » est un pronom impersonnel que l’on emploie uniquement
comme sujet (« On ne comprend rien »). « Ont » est la 3e personne du
pluriel du verbe « avoir » conjugué au présent (« Ils ont trois enfants »).
On peut chercher à remplacer la forme par l’imparfait « avaient ». Si
c’est possible, il s’agit du verbe avoir, « ont » ; dans le cas contraire, il
s’agit du pronom « on ».
Ils ont compris ce que nous voulions leur dire.
• Ils avaient compris ce que nous voulions leur dire.

On a compris ce que vous vouliez dire.


• Pas de substitution possible du « on ».

à, a
La règle – « a » sans accent est la 3e personne du présent du verbe
« avoir » ; « à » est une préposition (« à la maison », « choses à faire »).
On peut chercher à conjuguer le verbe. Si l’on peut remplacer « a » par
« avait », c’est qu’il s’agit du verbe ; dans le cas contraire, il s’agit de la
préposition « à ».

Les manquements du verbe « pallier »


Le verbe pallier est très souvent employé de façon fautive avec un complément d’objet indirect,
« pallier à qqc », alors qu’il s’agit d’un verbe à complément direct, « pallier qqc ». On dit ainsi
« Il faut pallier ce manque », et non « Il faut pallier à ce manque ».

Aimé, aimer
La règle – La forme « aimé » correspond au participe passé du verbe,
employé dans les temps composés (« j’ai aimé », « j’avais aimé »), dans les
passifs (« Paul est aimé par Virginie ») et comme adjectif (« la femme
aimée »), tandis que la forme en –er, « aimer », est l’infinitif du verbe
(« L’essentiel c’est d’aimer », « Comment se faire aimer ? »).

Il s’agit sans doute de la faute la plus typique, celle que l’on rencontre
le plus, dans tout type d’écrits. Il est assez simple de vérifier que la
forme est correcte en employant la technique bien connue des écoliers,
e
qui consiste à remplacer le verbe en –er par un verbe du 3 groupe,
comme vendre.

Si l’on peut remplacer le mot par « vendre », il s’agit de l’infinitif


« aimer » ; si l’on peut remplacer par « vendu », il s’agit du participe
« aimé ».

L’essentiel c’est d’aimer.


• L’essentiel c’est de vendre.

Paul est aimé par Virgnie.


• Paul est vendu par Virginie.

Les fôtes d’orthographe


N’oubliez pas d’être attentif à toutes les confusions du type « son/sont », « est/et », « ni/n’y »,
« ces/ses », qui constituent des fautes vraiment impardonnables. L’erreur ne vient pas ici d’une
ignorance mais d’un manque d’attention…

Cherchez l’erreur !
Rien ne subsiste à l’horizon que des terres brûlées, des villages désertés et détruits par leurs
propres habitants. Le général Roulier parviendra-t-il à avancer à travers les terres de Russie et
à éviter le désastre de l’armée napoléonienne face aux troupes de Sanderevitch ? Aidez son aide
de camp à corriger la missive qu’il envoie à Bonaparte sur l’état des troupes.
Le travaille de sape des populations russe ont fait s’effondré tous les efforts qu’avaient
déployés notre armée depuis deux semaines. On ne voit que des ruines a des dizaines de
kilomètre a la ronde. Rien pour se ravitailler ou s’abriter : les ressources vont venir a manquer.
Le morale des hommes est inquiétant : le froid gagne, la résignation qu’ont a laissé se développé
finira par se transformer en désespoir si nous ne prenont pas des mesures radicales. Les rumeurs
les plus folles court sur Sanderevitch et sur les forces qu’a accumulées son armée. Il faut faire
entendre raison a l’armée, et réduire au silence ceux qui on contribué à diffuser le mensonge. Je
recommande la plus grande sévérité : il est urgent d’agir.

Correction
le travail – russes – a fait – s’effondrer – qu’avait (sujet : armée) – à des dizaines de kilomètres –
à la ronde – à manquer – le moral – qu’on a laissé – se développer – prenons – courent – à
l’armée – ont contribué
ORTHOGRAPHE LEXICALE

Familie/familier
La règle – Les adjectifs « familier » et « passager » se terminent par –er.

Comprendre la faute – On trouve parfois ces adjectifs écrits de la façon


suivante : « familié », « passagé ». Cette erreur vient d’une confusion avec
les adjectifs qui dérivent de verbes en –er, comme « oublié », « fatigué »,
« soulagé », ce qui n’est pas le cas de « familier » et de « passager », qui
dérivent des noms « famille » et « passage ».
Comme pour tous les adjectifs et participes, il suffit de mettre l’adjectif
au féminin pour déterminer son orthographe : « passagère »,
« familière ».

D’avantage/davantage
La règle – « Davantage » s’écrit en un seul mot, tandis que « d’ailleurs »
s’écrit en deux mots.

Comprendre – On peut avoir tendance à écrire cette expression en deux


mots, parce que l’on reconnaît le mot « avantage », mais aussi par analogie
avec « d’aventure ».
Malgrés/malgré
La règle – Les mots « malgré » et « parmi » ne prennent jamais de –s final :
jamais.

Comprendre – L’orthographe fautive « parmis » peut s’expliquer par une


confusion avec le participe du verbe mettre, « mis », aussi bien qu’avec
l’adverbe « hormis », qui provient du même verbe (« hormis » signifiant
« ceci mis à part »). « Parmi » n’est pas issu de mettre mais de mi, qui
signifie « au milieu de », et que l’on retrouve dans « la mi-temps », « un mi-
cuit au chocolat », ou encore « à mi-chemin ». Il n’y a donc aucune raison
d’y ajouter un –s.

D’où vient en revanche la forme fautive « malgrés », que l’on trouve si


souvent ? On se l’explique difficilement, si ce n’est par le fait que l’on a
tendance à ajouter des lettres inutiles à la fin des mots, avec le sentiment
que la forme est ainsi plus savante, plus chic… Qu’on se rassure : les
copistes du Moyen Âge faisaient déjà preuve d’un goût similaire, et
n’hésitaient pas à noter trois fois le même son avec des lettres différentes
pour rivaliser d’élégance avec leurs concurrents (voir l’encadré « Les moult
problèmes de la lettre –u »).

Malgré qu’il en ait


Cette tournure très littéraire signifie « malgré moi », « malgré lui ». En dehors de cette formule,
on n’emploiera jamais la tournure « malgré que », fautive, que l’on remplacera par « malgré le
fait que », ou « bien que », suivis du subjonctif.

Appercevoir/apercevoir
La règle – Le verbe « apercevoir » ne prend qu’un –p. Les verbes
« courir », « mourir » et « marier » ne prennent qu’un –r, tandis que
« nourrir » en prend deux.

Moyens mnémotechniques

Je n’aperçois qu’un –p à apercevoir.


On ne meurt qu’une fois, mais l’enfant se nourrit aux deux seins de sa
mère.
On ne se marie qu’une fois (mieux vaut y croire).
On ne court pas plusieurs fois par jour : c’est trop fatigant.

« Qu’a marié la Denise, une fille de la ville, enfin d’une


autre ville… »
Si l’on veut faire bonne figure en société, on évitera de dire et d’écrire comme le personnage de
Brel « marier qqn », auquel on préférera « épouser qqn ».

Chacuns/chacun
La règle – Les mots « chaque » et « chacun » n’existent qu’au singulier : il
est donc impossible d’écrire « chaques » ou « chacuns ». « Ils ont chacun
leur maison », et non « Ils ont chacuns leur maison ». Les pronoms qui se
rapportent à ces termes doivent également être au singulier : « Chacun est
reparti, son sac sur le dos », et non « Chacun est reparti, leur sac sur le
dos ».
Comprendre – « Chacun » ne considère pas collectivement mais
successivement les éléments d’un ensemble ou d’un groupe, de façon
singulière, comme si l’on disait, pour « Chacun a mangé deux carrés de
chocolat » : « x a mangé deux carrés de chocolat ; y a mangé deux carrés de
chocolat ; z a mangé deux carrés de chocolat ». C’est cette singularisation
qu’il faut avoir à l’esprit quand on l’utilise.

Des ognons à faire pleurer


La réforme de l’orthographe déchaîne les esprits, occupe les médias, et semble avoir fait souffler
un vent de révolte qui dit assez la force du lien qu’entretiennent les Français avec leur langue.
Cette réforme, appliquée dans les manuels scolaires à la rentrée 2017, date pourtant de… 1990 !
Pourquoi donc a-t-elle suscité une telle indifférence depuis vingt-six ans ? Il serait facile, bien
sûr, de mettre en lumière ses ridicules et ses mesures dérisoires. Pourquoi avoir transformé
l’orthographe d’« oignon » en « ognon », alors même que ce terme de la vie courante ne donne
absolument pas lieu à des fautes récurrentes ? La modification orthographique des mots
« sconse », « sorgo », « sottie », « prunelier », « embattre » et « innommé » présentait-elle un
caractère d’extrême nécessité ? S’il paraît légitime que l’État mette régulièrement à jour les
normes pour qu’elles restent en cohérence avec l’usage, on peine souvent à comprendre ce qui a
justifié les transformations de cette réforme. Le contexte paraît par ailleurs particulièrement mal
choisi : tandis que la langue française et l’orthographe semblent être dans une situation
préoccupante, et que l’école a les plus grandes difficultés à permettre à ses élèves d’accéder à
une pleine maîtrise de l’écrit, la réforme semble dire que l’État baisse les bras et rend les armes.
Les intentions sont sans doute louables : quoi de plus logique que de simplifier la langue, si l’on
veut que tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale, puissent y accéder sans difficulté ?
L’effondrement du niveau orthographique ne vient pourtant pas de la difficulté du français, mais
de dysfonctionnements bien plus profonds dans l’enseignement de la langue au sein de l’école
française. À ce titre, on peut prédire sans trop de risque d’erreur que toutes les réformes
imaginables ne changeront pas l’état du problème.
Cherchez l’erreur !
1870. Alors que les Prussiens sont aux portes de la France, voilà que la République naissante se
prépare à la capitulation. L’esprit farouche de Paris se résoudra-t-il à une telle humiliation ?
Aidez le futur chef de la Commune, Nathan Cornillon, à rédiger sa lettre aux Parisiens pour
refuser l’armistice.

Citoyens !
Ce sont des jours de peine et de souffrance que traversent aujourd’hui notre vieux pays.
Quoi ! sans que ni honneur ni gloire ne les retienne, les gouvernants de la République nouvelle,
celle en qui nous avions laissé reposé tous nos espoirs, nous soumettrons a cette humiliation ! À
la honte de la débâcle et de la défaite ! Malgrés tous les hommes qui sont chacuns venus mourrir
parmis les balles des Prussiens pour défendre le visage familier de la France qui les avaient
enfantés et nouris, malgrés le souvenir de ceux qui on nourri le champ de bataille de leurs corps
ensanglantés et meurtris, nous accepterons une mort plus périlleuse encore, celle de notre
liberté ! Nous appercevrons les barbares aux portes de nos villes, régné en maîtres sur nos vies et
nos esprits ! Je conçois le dilemne qui saisit tous les citoyens au seul mot de sédition, mais le
peuple de Paris ne pourra jamais accepté que se ravive les plaies profondes imprimées dans nos
chairs par des siècles d’oppression. En ces temps obscurs, où la République nous trahit et se
trahit elle-même, je n’aperçois que deux chemins qui puissent s’offrir à nous : vaincre, ou périr.

Correction
que traverse – laissé reposer – les gouvernants… nous soumettront à – malgré – qui sont chacun
– mourir parmi – la France qui les avait enfantés – nourris – malgré – qui ont nourri – nous
apercevrons – régner – le dilemme – accepter – que se ravivent
Chapitre II

EN PLEIN CŒUR

« Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! »


Rimbaud
GRAMMAIRE

CONJUGAISON DE L’INDICATIF,
DE L’IMPÉRATIF
ET DU CONDITIONNEL

La terminaison des verbes au présent


La règle – Les verbes du premier groupe, en –er, se conjuguent avec les
terminaisons –e, –es, –e, –ons, –ez, –ent : j’aime, tu aimes, il aime, nous
aimons, vous aimez, ils aiment. Les verbes du 2e et 3e groupe (hors
exceptions vues plus bas) se conjuguent avec les terminaisons –s, –s, –t, –
ons, –ez, –ent : je finis, tu finis, il finit, nous finissons, vous finissez, ils
finissent. On sera particulièrement attentif à ne pas faire de faute sur la
3e personne du singulier et à proscrire des formes comme « il vie ».

Il choisit/il a choisi
La règle – La forme « il choisit » correspond au présent de l’indicatif ou au
passé simple, tandis que « choisi » est la forme du participe passé, que l’on
trouve dans les temps composés (« il a choisi », « il avait choisi ») ou
employé comme adjectif (« une situation choisie »).
Comprendre – Si cette erreur s’explique dans la mesure où les deux formes
ne se distinguent pas à l’oral, elle repose sur une incohérence logique très
facile à détecter. Soit la phrase fautive : « Il a choisit d’y aller tout seul. » Il
y a ici deux verbes conjugués au présent qui se suivent : « a », du verbe
« avoir », et « choisit », ce qui prive l’énoncé de toute signification.
Si l’on peut remplacer « choisit » par « choisissait », il s’agit de la
forme conjuguée. Dans le cas contraire, il s’agit du participe passé.

J’envois/j’envoie
La règle – Le verbe « envoyer » se conjugue au présent en « j’envoie, tu
envoies, il envoie », et le verbe « voir » en « je vois, tu vois, il voit ».

Comprendre – La faute la plus fréquente vient d’une confusion entre ces


deux verbes qui conduit à écrire « il envoit ». « Envoyer » étant un verbe du
premier groupe, en –er, il se conjugue comme le verbe « aimer », avec les
terminaisons –e, –es, –e.

Je peus/je peux
La règle – Les verbes « pouvoir » et « vouloir » prennent un –x aux
première et deuxième personnes du singulier, « je peux », « tu peux », et un
e
–t à la 3 personne, « il peut ». On prêtera attention aux éventuelles
confusions entre ces deux terminaisons, « je peut », « il peux ».

Il convaint/il convainc
La règle – Les verbes « vaincre » et « convaincre » gardent le –c de leur
radical au présent : « je convaincs, tu convaincs, il convainc ». On n’écrira
donc pas « il convaint », et on ne confondra pas non plus le présent avec les
formes du passé simple : « je convins, tu convins, il convint ». On fera enfin
attention au subjonctif de ces verbes : « il faut que je (con)vainque, que tu
(con)vainques, qu’il (con)vainque ».

Nous acquierrons/nous acquerrons


La règle – Les verbes « quérir » et ses composés (« conquérir »,
« acquérir »…) ont une conjugaison difficile à laquelle il faut prêter
attention. Pour l’imparfait, le futur et le conditionnel, le verbe se conjugue
sur un radical –quer ; pour le présent (indicatif et subjonctif), il se conjugue
sur le radical –quier, sauf pour « nous » et « vous », qui se conjuguent sur le
radical –quer.

Présent : j’acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous


acquérez, ils acquièrent.
Futur : j’acquerrai, tu acquerras, il acquerra, nous acquerrons, vous
acquerrez, ils acquerront.
Imparfait : j’acquérais, tu acquérais, il acquérait, nous acquérions, vous
acquériez, ils acquéraient.
Subjonctif présent : que j’acquière, que tu acquières, qu’il acquière, que
nous acquérions, que vous acquériez, qu’ils acquièrent.

Nous appellons/nous appelons


La règle – Le verbe « appeler » prend toujours deux –p. Il prend un seul –l
quand on entend le son [e] (« nous appelons », « vous appelez », « ils ont
appelé »), et deux –l quand on entend le son [è] (« j’appelle », « ils
appellent », « vous appelleriez »).

La faute la plus fréquente consiste à écrire « appeler » avec un seul –p, et à


placer deux –l à des formes qui n’en nécessitent qu’un : « nous appellons »
(qui se prononcerait dans ce cas [apèlon]).

Cherchez l’erreur !
Le général Roulier est parvenu à s’extraire du froid glacial et des terres enneigées de l’empire
du tsar. Sur la route du retour, à la tête d’une armée en débâcle, son regard croise celui d’Helena
Eltern, vendeuse ambulante de bretzels en Prusse orientale. Aidez-le à corriger sa déclaration
d’amour pour qu’il puisse la transmettre au traducteur sans rougir de son orthographe.

Ma belle Helena,
Voilà seulement deux heures que je t’ai quittée, et je ne peus déjà imaginer ce que serait une
vie où je ne pourrais me laisser réchauffé a la chaleur de ton regard. Parmis la foule qui se
pressait autour de tes bretzels, et malgrés le froid qui semblait avoir glacer jusqu’à mon cœur,
j’ai comprit en un instant que rien ne pourrait jamais plus avoir de sens si ce n’était auprès de toi,
et que la seule nouriture dont j’aurais jamais besoin était celle de ta présence. Si je t’envois cet
lettre aujourd’hui et en appele à ta clémence, chère Helena, si j’ai finis par surmonter la crainte et
la pudeur qui continuent à étreindre le cœur d’un vieux soldat, c’est que j’ai résolu de sceller nos
destins par les liens indissolubles du marriage. Épouse-moi Helena, rentre avec moi en France, et
accepte pour compensation de ma vieillesse l’appui indéfectible de mon amour et de ma vertu.
Tu ne me connais pas Helena, mais je te connais, moi, depuis toujours, et je t’aime. Si ma
proposition te convaint, nous acquererons un emplacement pour que tu puisses continuer de tenir
ton petit commerce : on vendra, pour ne pas effrayer les clients français, des brioches et des
pains au chocolat.

Général David-Luc Roulier

Correction
je ne peux – me laisser réchauffer à la chaleur – parmi – malgré – avoir glacé – j’ai compris –
nourriture – si je t’envoie – cette lettre – en appelle – si j’ai fini – mariage – si ma proposition te
convainc – nous acquerrons
Il résoud/il résout
La règle – Les verbes qui se terminent par –indre et –soudre (« craindre »,
« peindre », « résoudre », « dissoudre ») perdent leur –d à toutes les
personnes du présent.

Je crains, tu peins, il résout, nous dissolvons, vous craignez, ils


peignent.

Tous les autres verbes qui se terminent par –dre (« coudre », « prendre »,
« vendre », « attendre », « défendre ») gardent leur –d, et prennent un –d à
la 3e personne du singulier, à la place du –t habituel pour les verbes du
e
3 groupe.

Je couds, je vends, je défends, il attend, il surprend.

Comprendre – Il peut arriver de trouver des formes fautives qui omettent


le –d ou le remplacent par un –t, comme « il prent », mais elles restent assez
rares. La faute la plus fréquente concerne les verbes en –indre et –soudre,
pour lesquels on peut voir des formes comme « tu peinds », ou plus
couramment encore « il résoud ». On sera particulièrement attentif à cette
3e personne du singulier, sur laquelle on hésite souvent.
Les moult problèmes de la lettre –u
Un certain nombre de mots tiennent leur orthographe de l’usage flottant des copistes du Moyen
Âge. Ainsi le mot « moult », du latin multum, pouvait s’écrire « mot », mais certains copistes,
ressentant le besoin de marquer le lien avec la langue latine, l’écrivaient « molt », ou « mout »
(le –u servant à noter un –l qui n’était plus prononcé), voire « moult », par goût de la surenchère.
En réalité, ce terme ne s’est jamais prononcé [moult], comme on le dit en croyant parler du
« vieux françois », mais [mout].
De même, les pluriels en –x, comme « chevaux », ne viennent que d’une incompréhension du
code graphique. Le signe « x » était en réalité une abréviation pour noter « us » : on écrivait ainsi
« chevax », pour abréger le pluriel « chevaus ». Peu à peu, au fil des fautes de copistes négligents
ou qui ignoraient le sens de l’abréviation, le –u fut rétabli, et aboutit à ces pluriels irréguliers :
« chevaux ».

Vous vous satisfaisez/vous vous satisfaites


La règle – Les verbes composés de –faire se conjuguent comme lui et font
donc leur 2e personne du pluriel en –faites, tandis que les verbes composés
de –dire font leur 2e personne du pluriel en –disez. Cette dernière forme
étant assez contre-intuitive, on y sera particulièrement attentif.

Vous satisfaites, vous contrefaites, vous parfaites.

Mais : Vous vous contredisez, vous médisez, vous interdisez.

Vas/va
La règle – L’impératif des verbes du premier groupe en –er se termine par –
e, et ne prend pas de –s : « aime tes parents », « mange ta soupe », « pense à
moi ».
Tous les verbes qui font leur impératif en –a ou en –e suivent la même
règle, et ne prennent pas de –s : « va dans ta chambre », « sache ».

Aime tes parents ! Mange ta soupe ! Pense à moi !


Va dans ta chambre ! Sache que je n’en resterai pas là !
Mais : Fais pas ci fais pas ça ! Finis ta bière !

Vas-y ! – Quand un impératif en –a ou en –e est suivi du complément « en »


ou « y », on ajoute un –s pour faciliter la prononciation, et pour signaler la
liaison entre les deux éléments. L’impératif et le complément sont alors liés
par un trait d’union, qu’il ne faut pas oublier. On écrira donc :

Manges-en un peu ! Penses-y et on en reparlera.


Va-t’en, Y a-t-il – Il ne faut pas confondre le –t de liaison, dit
« euphonique », que l’on emploie dans les cas d’inversion du sujet (« Va-t-il
se taire ? »), et le « t’ », version élidée des pronoms « te » ou « toi ». On
écrit ainsi « Va-t’en » (« Va/toi/en »), mais « Y a-t-il », et non « Y a-t’il »,
puisque le –t est ici un pur outil de prononciation, pour éviter d’avoir à dire
[i-a-il].

Je ferai/je ferais
La règle – La forme en –rai correspond à la première personne du futur,
tandis que la forme en –rais est celle du conditionnel.

Comprendre – On trouve le conditionnel dans les propositions


hypothétiques (« Si j’étais riche, je partirais vivre aux Seychelles »), dans
les affirmations atténuées (« J’aimerais que vous vous appliquiez un peu
plus ») et pour exprimer le futur dans le passé (« René pensait qu’il
n’arriverait jamais à sortir de la forêt »).
La question se pose essentiellement quand on évoque une action future :
« Demain j’aimerais qu’on finisse d’étudier le dossier ensemble ». C’est
bien un conditionnel ici, qui exprime une affirmation atténuée, et que l’on
pourrait remplacer par un présent : « Je veux qu’on finisse d’étudier le
dossier demain », et non par un futur : « Demain nous voudrons qu’on
finisse d’étudier le dossier ».
En cas de doute, on pourra remplacer la forme de la première personne
du singulier par la première personne du pluriel : si l’on peut remplacer
par « nous ferons/aimerons/penserons », il s’agit du futur. Si l’on peut
remplacer par « nous ferions/aimerions/penserions », il s’agit du
conditionnel.
Je vous écrirai dès que j’aurai eu la confirmation.
• Nous vous écrirons dès que nous aurons eu la confirmation.

Je pourrais aussi te retrouver à 14 heures si ça t’arrange.


• Nous pourrions aussi te retrouver à 14 heures.

Si j’aurais su, j’aurais pas venu


On n’oublie pas que le « si » ne peut en aucun cas être suivi d’un conditionnel en –rais, et doit
être suivi de l’imparfait. « Si j’étais lui » et non « si je serais lui », comme on l’entend (pas si
rarement que ça…) à l’oral.
Cherchez l’erreur !
Un simple calembour, prononcé mal à propos au salon de P., aura suffi à ridiculiser le comte de
B. et à lui faire perdre les faveurs de la marquise de M., qu’il aime tendrement. Aidez-le à la
reconquérir en n’ajoutant pas à la faiblesse de l’esprit les errements de la graphie.

Marquise,

C’est un humble pécheur qui se résoud à vous écrire, pour solliciter la clémence et le pardon
de celle dont les grâces illuminent le monde, et font pâlir de jalousie ces trois déesses que Pâris
eut, dit-on, à départager. Croyez-le bien : je ferais tout ce qui me sera commander en pénitence,
si j’apperçois le moindre espoir de racheter mes crimes. Que ne faites-vous de moi le chevalier
vengeur des torts que portent le monde à votre égard ? Que ne me dites-vous comme cette fière
princesse : « Vas, cours, vole et me venge ! » Si seulement vous daigniez baisser vos yeux sur
moi, je pourrai, animé d’un regard, abattre des murailles et renverser des empires. Un seul mot
de vous et je conquererai l’Orient et l’Occident pour en déposer la couronne sur votre front. Ne
vous satisfaisez pas des faibles punitions que commandent la sainte voix de votre infinie
bienveillance : tous les supplices, toutes les douleurs de la contrition me seront doux, s’ils me
rapprochent de vous. S’il faut que je vainces les flammes pour être digne de votre amitié,
puissiez-vous venir vous-même allumer mon brasier à la lueur de vos yeux.

Correction
résout – je ferai – me sera commandé – si j’aperçois – que porte le monde – va, cours – je
pourrais – je conquerrai – ne vous satisfaites – que commande la sainte voix – que je vainque
HOMOPHONES

Ça/sa
La règle – « Ça » est un pronom impersonnel, la forme contractée de
« cela » (« Ça m’ennuie », « Je n’ai jamais pensé à ça », « Ça va ? »), tandis
que « sa » est un déterminant possessif qui introduit un nom (« Il m’a prêté
sa voiture », « Sa mère m’a appelé »).
Si l’on peut remplacer par « cela », c’est qu’il s’agit du pronom « ça ».
S’il s’agit du déterminant « sa », on peut remplacer ce déterminant et le
nom qu’il introduit par « la sienne ».

Je n’ai jamais pensé à ça.


• Je n’ai jamais pensé à cela.

Il m’a prêté sa voiture.


• Il m’a prêté la sienne.

Ces/ses
La règle – « Ces » est le pluriel du déterminant démonstratif
« ce/cet/cette » (« Peux-tu me mettre ces assiettes sur la table ? »), tandis
que « ses » est le pluriel du déterminant possessif « son/sa » (« Il est reparti
avec ses enfants »).

Si l’on peut remplacer par « ceux-ci/celles-là », il s’agit de « ses ». Si


l’on peut remplacer par « les siens/les siennes », il s’agit de « ses ».

Est-ce que tu as regardé ces chaussures dans la vitrine ?


• Est-ce que tu as regardé celles-là ?

Est-ce que tu connais ses parents ?


• Est-ce que tu connais les siens ?

C’est/s’est
La règle – « C’est » précède un nom, un pronom ou un adjectif qu’il sert à
introduire, à présenter : « C’est moi. C’est beau. C’est mon frère ». Il peut
également précéder « que » dans la formule « c’est que » : « Si je m’endors,
c’est que tu m’ennuies ».

Dans la formule « s’est », « s’ » est le pronom réfléchi « se », qui s’intègre


à la série « je me, tu te, il se », etc. « Je me suis levé/Il s’est levé ».
On peut chercher à conjuguer la formule à la première personne, en
remplaçant « il/elle s’est » par « je me », pour vérifier qu’il s’agit ou
non de « s’est ».

On peut par ailleurs retenir qu’on peut toujours placer devant « s’est » un
« il » ou un « elle », et que « s’est » ne s’emploie que devant un verbe au
participe passé.

Il s’est reposé.
• Je me suis reposé.
C’est ta faute.
• Je me ta faute.
ORTHOGRAPHE LEXICALE

Pause/pose
La règle – Une « pause » signifie un arrêt, une interruption, et ne doit pas
être confondue avec la « pose », dérivée du verbe « poser », qui peut aussi
bien désigner « la pose d’un parquet » que la « pose » que l’on prend devant
le photographe.

On sera attentif à l’orthographe de « faire une pause », et non « faire une


pose ».

Tache/tâche
La règle – Une « tache » est une marque, une salissure (« une tache de
vin », « tacher la nappe », « une tache de naissance »), tandis qu’une
« tâche » désigne quelque chose que l’on doit accomplir (« une lourde
tâche », « une tâche difficile »).
Que sont les –s devenus, Que j’avais de si près tenus
?
L’accent circonflexe a été généralisé à la Renaissance pour noter la présence d’un ancien –s. S’il
paraissait raisonnable d’abandonner le –s, qui ne se prononçait plus depuis longtemps, les
savants ne renoncèrent pas pour autant à ce petit hommage en forme de souvenir nostalgique. On
peut retrouver la trace de cet ancien –s, soit dans les mots de la même famille (« forêt »
→ « forestier »), soit dans certaines langues étrangères (« tâche » → anglais task).

Tort/tord
La règle – « Tort » est un nom qui signifie « faute » ou « mal » : « avoir des
torts », « faire du tort à quelqu’un ». Il ne faut pas le confondre avec « il
tord », 3e personne du singulier du verbe « tordre ». On sera donc attentif à
la faute assez fréquente : « un tord ».
Cherchez l’erreur !
Entre François et Marine, rien ne va plus. Après une nouvelle infidélité de François, Marine,
humiliée, déçue, résignée, se décide à lui envoyer une lettre de rupture définitive. Aidez-la à ne
pas laisser des fautes d’orthographe la discréditer auprès de ce piètre compagnon.

François,
Depuis les cinq années que durent notre relation, je n’ai jamais émit contre toi le moindre
reproche, n’ai jamais laissé s’échappé le moindre mot d’aigreur ou de ressentiment. Si j’ai agit
ainsi, c’est que je croyais que malgrés tes manquements, malgrés tes dérobades, malgrés tes
lâchetés, tu me conserverais cette part de toi à laquelle nul autre que moi ne pourrait accéder, et
dans laquelle pourrait subsisté l’espace intouché de notre couple. Mais quand je regarde
aujourd’hui ce corps autrefois familié, quand j’observe l’expression que l’habitude du mensonge
t’as figée sur le visage, je ne reconnais rien de l’homme que j’ai aimé. Non seulement le
changement que j’appellais de mes vœux ne s’est jamais produit, mais le peut qui me restait,
auquel je me rattachais fébrilement, c’est éteint progressivement. Je ne ferais pas la liste de tes
tords, ne retracerais pas l’histoire chaotique de nos amours : à quoi bon ? Je vains mes peurs, me
résouds à regarder en face ce que nous sommes devenus, en prends mon parti, et me prépare à te
dire adieu. Ce n’est plus d’un temps de réflexion, d’une pose, d’une coupure dont nous avons
chacuns besoin aujourd’hui, mais d’une séparation sans appel et sans retour. Pars, ne m’écris
plus, ne m’appelle plus ; vas chercher ailleurs le pardon que tu me demandes et que je ne suis
plus capable de t’accorder, et taches, s’il se peut, d’apprendre quelque chose de mes adieux.
Marine

Correction
que dure notre relation – jamais émis – laissé s’échapper – j’ai agi – malgré (x3) – pourrait
subsister – autrefois familier – l’habitude t’a figée – j’appelais – le peu – s’est – je ne ferai pas –
de tes torts – ne retracerai – je vaincs mes peurs – je me résous – d’une pause – dont nous avons
chacun besoin – va chercher – tâche
Chapitre III

HONNEUR AUX PERDANTS

« Il n’est pas juste de prendre ses obscurités pour des mystères,


vu que ses clartés sont ridicules. »
Pascal
GRAMMAIRE

L’accord du participe passé


La règle – Le participe passé conjugué avec l’auxiliaire « être » s’accorde
en genre et en nombre avec le sujet (« Elle est partie »).

Le participe passé conjugué avec l’auxiliaire « avoir » s’accorde en genre et


en nombre avec le COD seulement quand celui-ci est placé avant le verbe
(« La lettre que je t’ai écrite »).

Comprendre – Le complément d’objet direct (COD) est un complément


qui s’accroche directement au verbe : « Il envoie une lettre ». Il ne faut pas
le confondre avec le complément d’objet indirect (COI), dit indirect parce
qu’il a besoin d’un mot, la préposition, pour être raccroché au verbe qu’il
complète : « Il parle à Pierre ». On ne peut pas ici accoler directement le
complément au verbe en disant : « Il parle Pierre ».

Pour trouver le COD, on peut poser la question « qui ? » ou « quoi ? » après


le verbe. « Il a envoyé quoi ? → Une lettre. » La question « Il a parlé qui ?
quoi ? » n’a pas de sens : il n’y a donc pas de COD.

Le participe passé fonctionne comme un adjectif : il s’accorde donc avec le


nom qu’il pourrait logiquement qualifier.
Marie est sortie en courant et a filé dans sa voiture.
• Marie, sortie en courant, a filé dans sa voiture.

J’ai lu la lettre que tu m’as envoyée.


• J’ai lu la lettre envoyée par toi.

On comprend ainsi que le participe conjugué avec « être » s’accorde avec le


sujet, et le participe conjugué avec « avoir » avec le COD. La bizarrerie
vient bien sûr du fait que le participe avec « avoir » ne s’accorde avec le
COD que quand celui-ci est avant le verbe, et qu’on écrive ainsi : « As-tu lu
la lettre que je t’ai transmise ? » mais « Je t’ai transmis une lettre pour que
tu la lises. »

L’esprit d’un locuteur français est en réalité habitué à un ordre naturel


« nom-adjectif ». Quand l’ordre est inversé, le lien entre les deux éléments
n’est plus spontanément perçu. Ainsi, si l’on entend « la lettre transmise »
dans la formule « la lettre que je t’ai transmise », on ne perçoit plus cette
association dans « je t’ai transmis une lettre ». « Ai transmis » apparaît dans
ce cas comme un groupe verbal solidaire, indépendant du complément
« lettre ». C’est la même logique qui explique que l’on écrive « excepté ces
difficultés », mais « ces difficultés exceptées », ou « ci-joint la facture »,
mais « la facture ci-jointe ». Là encore, l’inversion du participe conduit à ne
plus percevoir de relation d’accord avec le nom auquel il se rattache, et à
transformer en l’occurrence le participe en préposition.

Pour un participe conjugué avec « avoir », on cherchera donc


systématiquement le COD : s’il existe et qu’il se trouve avant le verbe,
on accorde.

Les leçons qu’ils ont apprises.


• Ils ont appris quoi ? Les leçons. COD avant le verbe : accord.
Je lui ai envoyé des fleurs.
• J’ai envoyé quoi ? Des fleurs. COD après le verbe : pas d’accord.

Les difficultés auxquelles tu as échappé.


• Tu as échappé à quoi ? C’est ici un COI et non un COD : pas d’accord.

On pourra par ailleurs retenir que le participe s’accorde toujours avec le


COD dans les deux cas suivants :

• quand le verbe est précédé de le/la/les, puisque ces pronoms représentent


un COD.

J’ai récupéré la lettre et je la lui ai donnée.


• J’ai donné quoi ? La lettre. COD avant le verbe représenté par « la » :
accord.

Tes parents ? Je les ai encore vus la semaine dernière.


• J’ai vu qui ? Tes parents. COD avant le verbe représenté par « les » :
accord.

• dans les relatives qui commencent par « que ». Là encore, « que » reprend
nécessairement le COD.

J’aime beaucoup la robe que tu as mise.


• Tu as mis quoi ? La robe. COD avant le verbe représenté par « que » :
accord.

J’ai bien lu les livres que tu m’avais conseillés.


• Tu m’as conseillé quoi ? Les livres. COD avant le verbe représenté par
« que » : accord.

Si l’on hésite sur la règle, on pourra se répéter la phrase suivante : « J’ai


enfin compris cette règle que je n’avais jamais comprise ».
C’est la faute à Marot
Jusqu’à la Renaissance, l’accord du participe avec « avoir » reste flottant, et l’on accorde
généralement le participe avec le COD, que celui-ci soit situé avant ou après le verbe. C’est à
Marot, grand poète du XVIe siècle, que l’on doit la règle actuelle. Marqué par la fascination pour
l’Italie qui gagne tous les hommes de la Renaissance, Marot importe en français un usage qui est
originellement celui de l’italien, et qui finit par s’imposer après de virulents débats entre les
écrivains.

Il a finis/il a fini – Les participes passés en –u ne prennent jamais de


consonne finale au masculin singulier (« il a bu », « il a pu », « il a cru »,
« il a dû », « il a vécu »).

Les participes passés en –i des verbes du deuxième groupe (infinitif en –ir,


imparfait en –issait), ne prennent jamais de consonne finale au masculin
singulier (il a fini, il a choisi).

Les participes passés en –i des verbes du 3e groupe peuvent ou non prendre


une consonne finale au masculin singulier (« il a pris », « il a mis », « mais
il a ri »).
Il suffit de mettre les participes au féminin pour vérifier l’orthographe de la
syllabe finale. Ainsi, « fini » fait son féminin en « finie » et non en
« finise », ce qui interdit d’écrire une forme comme « il a finis ». À
l’inverse, « pris » fait son féminin en « prise » et non en « prite », ce qui ne
permet pas d’écrire « il a prit ».

On pourra retenir une formule absurde qui fonctionnera comme signal


d’alarme quand il s’agira d’écrire un participe en –i ou en –u : « Il ne
reste plus de glace, je l’ai finise ».

Faisant, faisait, feront


La règle – Le verbe « faire » s’écrit toujours –ai, sauf au futur et au
conditionnel, « tu feras », « nous ferions », « vous feriez ».

Attention à l’orthographe fautive, que l’on trouve notamment à l’imparfait


et au participe présent, « fesant », « fesait ».

Le Roué, c’est moué !


Entre le langage populaire et le langage de la cour, la bataille a longtemps fait rage. Tandis que
les aristocrates de Versailles roulaient les –r, prononçaient « roi » [rwé] et « chantait » [chantwé],
le peuple parisien avait adopté les prononciations que l’on connaît aujourd’hui. C’est Voltaire
qui, le premier, chercha à imposer le langage populaire dans l’orthographe : profitant du fait qu’il
publiait ses œuvres en Hollande, et qu’il n’était pas soumis aux normes des imprimeries
françaises, il diffusa ainsi l’orthographe « chantait », contre l’ancienne graphie « chantoit », qui
portait la marque de la prononciation de cour. Ce n’est pourtant que près d’un siècle plus tard, en
1835, que l’Académie accepta cette nouvelle orthographe, et consacra ce triomphe démocratique
sur la noblesse finissante.
Cherchez l’erreur !
L’instant est crucial pour Audrey Bebert, chef de file du PRG (Parti des royalistes de gauche) :
de ce dernier communiqué envoyé aux habitants de Bourg-en-Brousse pourrait dépendre le
résultat d’une élection qui s’annonce extrêmement incertaine. Aidez-la à mettre son orthographe
au niveau de ses idées…

Broussoises, Broussois,
Depuis plus de vingt ans, la politique qu’a mis en place les centristes de l’extrême a
contribué a défigurer le visage de notre ville, à entraver les changements qu’appelent de leurs
vœux tous nos concitoyens, et à faire prendre à notre développement un retard déplorable.
Malgrés tous les efforts que nous avons déployé, tous les obstacles que nous avons surmonté et
toutes les attaques indignes auxquels nous avons résistés, nos opposants ont réussis, à coup de
stratégies électoralistes et de manipulations politiciennes, à se maintenir aux postes de pouvoir
qu’ils ont recherchés avec tant d’ardeur et d’envie, et dont nul ne semble pouvoir les délogés. Le
temps est venu, Broussois, de faire entendre nos voix, d’exprimer la colère que nous avons
accumulé au spectacle de l’injustice et de la corruption, et de redonner enfin le pouvoir à ceux
qui jamais n’aurait dû l’abandonné.
L’espoir du retour du Roi, que nous nourissons tous, sonnera le commencement d’une
politique de charitée aussi ambitieuse que prospère, qui, en fesant de notre ville un véritable
laboratoire en termes d’initiative sociale, saura répondre aux besoins des miséreux, dont les
dirigeants actuels se sont lâchement détournés. La première des dix résolutions que notre parti a
conçu et rédigé avec le souci infatigable du bien commun concernera ainsi la mise en place d’un
plan d’urgence dans le secteur du bâtiment, et la construction dans les plus brefs délais de mille
châteaux sociaux aux bordures de la cité : tant il est vrai qu’on ne saurait sans cruauté ajouter la
laideur à la pauvreté.
Depuis des décennies, l’extrême-républicanisme a cru à tord que la recherche infinie du
profit ouvrirait la voie à un monde de concorde et d’opulence : l’évolution de notre pays a finis
par jeter la lumière la plus crue sur l’inanité de leur entreprise. Aujourd’hui, le règne du
libéralisme sauvage et de la concupiscence doit cesser ! L’ordre doit être restauré, et les valeurs
de notre monarchie séculaire restituées ! Que revienne le temps béni de Saint Louis ! Que vaince
l’esprit éternel de la France !
Broussois, la tache est immense, mais je me résouds à en relever le défi : portée par vos
suffrages, je m’acquitterais de la charge que vous m’aurez confiés avec la dignité, la gravité et la
superbe qui ont toujours caractérisées les royalistes de gauche !

Vive la Royauté, vive la France !


Audrey Bebert
Correction
la politique qu’ont mise – contribué à – qu’appellent – malgré – que nous avons déployés – que
nous avons surmontés – auxquelles nous avons résisté – ont réussi – les déloger – que nous
avons accumulée – auraient dû l’abandonner – nous nourrissons – charité – en faisant – a
conçues et rédigées – a cru à tort – a fini – que vainque – la tâche est immense – je me résous –
je m’acquitterai – que vous m’aurez confiée – ont toujours caractérisé
HOMOPHONES

La/là/l’a
La règle – « La » est un pronom personnel qui reprend un complément
d’objet direct (COD) féminin ; « là » est un adverbe de lieu, qui équivaut à
« ici » ; « l’a » correspond au verbe « avoir » à la 3e personne du singulier,
précédé du pronom « le » ou « la » élidé.
La confusion la plus fréquente porte sur les formes « la » et « l’a ».
Dans le premier cas, il s’agit uniquement d’un pronom ; dans le second,
d’un pronom suivi d’un verbe.

Il a écrit sa lettre et l’a envoyée.


• Il a écrit la lettre et [la a] envoyée.

Tu m’as donné ta lettre et je suis en train de la lire.


• Je suis en train de lire [ta lettre].

En cas de doute, on pourra mettre la phrase au pluriel : si le pluriel est


« les », c’est qu’il s’agit du pronom « la ». Si le pluriel est « les a », c’est
qu’il s’agit de « l’a ».
Il a écrit sa lettre et l’a envoyée.
• Il a écrit ses lettres et les a envoyées.
Tu m’as donné ta lettre et je suis en train de la lire.
• Je suis en train de les lire.

Tout/tous
La règle – « Tout » est invariable quand il s’agit d’un adverbe qui signifie
« entièrement », « complètement », et s’accorde dans les autres cas.

Comprendre – « Tout » peut correspondre à trois mots de nature


différente :
• Un pronom, qui occupe la place d’un nom.

Tout a été fait pour l’aider. Ils sont tous venus.

• Un déterminant, employé seul, ou plus fréquemment en complément de


le/la/les.

Tout homme est mortel. Tous les enfants vont à l’école. Il a mangé tout le
fromage.
• Un adverbe, invariable, qu’on peut remplacer par « entièrement ».

Il a tout compris. Il est tout content.

La principale difficulté est de savoir s’il faut écrire « tout » ou « tous »


lorsque l’on entend « tous les hommes ». Si le « tout » est devant un nom au
pluriel, il s’agit alors d’un déterminant qui s’accorde. Dans le cas contraire,
il s’agit de l’adverbe invariable.

En tous cas/En tout cas – « En tout cas » s’écrit toujours au singulier, de


même que « toute chose ». On n’écrira donc pas « en tous cas », mais
« dans tous les cas ».
Elle est toute heureuse/tout heureuse – Une difficulté particulière se pose
lorsque l’adverbe « tout » est employé devant un adjectif au féminin.
L’adverbe étant invariable, il paraît normal de ne pas accorder.

Elle est tout heureuse. C’est une tout autre affaire.

Pourtant, pour que la prononciation soit plus harmonieuse (règle dite


« d’euphonie »), on ajoute un –e si et uniquement si l’adjectif commence
par une consonne.

Elle est toute contente. Elle est toute petite.

On écrit une telle forme uniquement parce qu’il serait assez laid de dire :
« Elle est tout petite ». Il faut donc faire attention à ne pas généraliser cet
emploi : quand l’adjectif commence par une voyelle, on écrit bien « une
tout autre affaire », et non « une toute autre affaire ».
Cherchez l’erreur !
La violente attaque d’Audrey Bebert n’a guère plu à Leonor Cortes, présidente du PCE (Parti
des centristes de l’extrême) et actuelle maire de la ville. Aidez-la à rédiger son communiqué
pour contrer son adversaire.

Broussoises, Broussois,
Il y a deux jours, notre équipe a de nouveau été l’objet d’une attaque directe et frontale de la
part des royalistes de Gauche. Qu’ont ne s’y trompe pas en tous cas : à travers nous, c’est à la
République toute entière que s’attaque Audrey Bebert, à cette République qui la vue naître, qui
la nourri, et qui lui a permise d’arriver aux fonctions qu’elle occupe aujourd’hui. Cette
République, je ne la défendrais pas par de vains mots, et ne m’abaisserais pas à user des
manœuvres démagogiques et illusionnistes qu’emploient sans vergogne mon adversaire. C’est
par les actes, Broussois, par les actions que nous avons entreprit et les résultats auxquels nous
sommes parvenus, que je défendrais et illustrerais les vertus de notre régime.
Vous le savez tous : la politique que nous avons menée depuis plus de vingt ans c’est
illustrée par une audace inouïe dans les domaines sociaux et culturels. Châteaux sociaux,
réclames les royalistes à corps et à cris ? Comment accorder la moindre considération à un projet
aussi dérisoire, lorsque nous avons nous-mêmes lancé un vaste plan de construction de villas
pavillonnaires, et avons fait en sorte que chaque famille pourvue de deux enfants acquierre la
propriété d’un monospace et d’un labrador ? Lorsque nous avons agit au quotidient, sans fléchir,
pour pallier à l’excès de croissance, et lui permettre de se stabiliser à 0 %, trimestre après
trimestre, année après année ? Lorsque nous avons tous fait pour que chaque enfant puissent
atteindre une réussite scolaire moyenne, à l’abri de l’échec comme de l’excellence ?
Que dire des animations culturelle ? Faut-il rappeller l’accueil mitigé que vous avez tous
réservés au spectacle de Noël ? Les mines parfaitement impassibles que vous avez arboré à
l’occasion de la pose collective de la moquette dans le hall de la salle des fêtes ?
Je sais que vous vous satisfaites de notre politique acceptable, que vous ne souhaitez pas en
tous cas d’avantage d’avantages, et que les vitupérations des royalistes ne sauraient vous
atteindre. Ensemble, Broussois, républicains de tous bords et surtout du milieu, restons
tranquille ! Face à la menace doublement extrême de nos adversaires, il est urgent d’attendre !

Centralement vôtre,
Leonor Cortes

Correction
qu’on ne s’y trompe pas en tout cas – la République tout entière – l’a vue naître – l’a nourrie –
lui a permis – je ne la défendrai – ne m’abaisserai – qu’emploie… mon adversaire – que nous
avons entreprises – je défendrai et illustrerai – s’est illustrée – réclament les royalistes – chaque
famille… acquière – nous avons agi au quotidien – pallier l’excès de croissance – nous avons
tout fait – chaque enfant puisse – culturelles – rappeler – vous avez tous réservé – que vous avez
arborées – que vous ne souhaitez pas en tout cas davantage d’avantages – restons tranquilles
ORTHOGRAPHE LEXICALE

Cauchemard/cauchemar
La règle – Le nom « cauchemar » ne prend pas de –d final.
Comprendre – La forme fautive « cauchemard » vient d’une confusion
avec le verbe « cauchemarder ». Pourquoi avoir ajouté un –d et ne pas s’être
contenté d’un joyeux « cauchemarer » ? Tout simplement parce que les
anciens Français faisaient les mêmes fautes que nous ! On a ainsi créé le
verbe sur le même modèle que « bavard »/« bavarder »,
« regard »/« regarder » (voire « canard »/« canarder »), même si cauchemar
n’avait pas, n’a toujours pas et n’aura jamais de –d.

Le picard sans peine


Le mot « cauchemar » vient du picard cauquier, qui signifie « oppresser », et mare, le « fantôme
». Le cauchemar est ainsi le phénomène au gré duquel notre esprit est saisi et tourmenté par un
spectre ou une créature maléfique. Pendant tout le Moyen Âge, le picard a représenté l’un des
dialectes les plus influents de France, à la faveur du développement très riche de la littérature du
Nord, des chansons des trouvères et du théâtre d’Arras. Que ceux qui croient que la Picardie ne
nous a légué que des pommes de terre et des poireaux révisent donc leur jugement.

Prêt/près
La règle – « Prêt » est un adjectif qui signifie « préparé » : « Je suis prêt
pour le départ ». « Près » est une préposition qui signifie « proche, non loin
de » : « La maison est près de la rivière ».

Si l’on peut mettre la forme au féminin, « prête », c’est qu’il s’agit de


l’adjectif « prêt ». Si l’on peut remplacer le terme par « proche », c’est
qu’il s’agit de la préposition « près ».

Elle n’est pas près de le revoir


L’expression « ne pas être près de faire quelque chose » est souvent écrite à tort « ne pas être prêt
de », et parfois accordée fautivement : « Elle n’est pas prête de le revoir ». Le sens de
l’expression n’est pas qu’elle n’est pas « préparée à le revoir », mais que le moment où elle le
reverra est très éloigné dans le temps. On écrit donc bien : « Je ne suis pas près d’y retourner. »
De façon générale, on écrit « prêt à », mais « près de ».

Champs/champ
La règle – Le mot « corps » prend toujours un –s final, tandis que le mot
« champ » ne prend pas de –s au singulier.

Comprendre – S’il est rare de trouver le mot « corps » mal orthographié, il


est en revanche très fréquent de lire, par contamination avec « corps », « le
champs ».
Pour qui sont ces serpents…
La raison pour laquelle « corps » a gardé un –s final est la même que pour « temps » : ces deux
mots, dits « neutres » en latin, avaient la particularité de se terminer par un –s au cas objet
(« accusatif ») : tempus, corpus, tandis que les autres mots latins se terminaient à ce cas par un –
m : campum, amorem (amour), templum (temple). Alors que l’on a arrêté de prononcer le –m
final dès la fin de l’Antiquité, le –s qui terminait tempus et corpus s’est conservé assez tard dans
la prononciation, et a perduré dans la forme écrite jusqu’à nos jours.

Soit-disant/soi-disant
La règle – L’expression « soi-disant », invariable, s’écrit sans –t à la fin de
« soi ».

Comprendre – L’erreur vient d’une confusion avec l’adverbe « soit ». En


réalité, l’expression signifie ici « disant de soi-même », comme dans « un
soi-disant spécialiste », avant que le sens ne s’élargisse pour se confondre
avec celui de « prétendument ».

Or/hors
La règle – On ne confondra pas la préposition « hors de », contraire de
« dans » (« Il est parti hors de la ville ») et la conjonction de coordination
« or », qui exprime divers rapports de transition entre des arguments ou des
idées (« Je t’ai dit que je ne viendrais que s’il faisait beau, or il pleut » ;
« Tous les hommes sont mortels ; or Socrate est un homme ; donc Socrate
est mortel »). « Or » vient du terme médiéval « ore », qui signifie
« maintenant », et que l’on retrouve dans l’expression « d’ores et déjà ».
Cherchez l’erreur !
Rien ne s’est passé comme prévu aux élections municipales de Bourg-en-Brousse. Tandis que
tous les observateurs attendaient l’issue de l’affrontement entre le PRG et PCE, un troisième
parti est venu bouleverser le jeu des adversaires traditionnels. Imprévus, rebondissements, coups
de théâtre : aidez ce journaliste à faire le récit des événements sans insulter la langue française.

Le soir du 14 novembre restera a coup sûr, dans l’histoire de Bourg-en-Brousse, une date
que les citoyens ne sont pas prêts d’oublier : la surprise qu’a représenté les résultats des élections
municipales dans la ville toute entière a en tous cas fait s’effondré les certitudes les plus
inébranlables du champs politique, et semble avoir ouvert une période d’instabilité durable. Les
faits sont connus : tandis que la campagne qu’avait mené Leonor Cortes et Audrey Bebert
promettait aux deux candidates un résultat au coude-à-coude, un troisième parti est venu joué les
trouble-fêtes et a mit en péril les plans qu’avait dressés ces deux caciques de la politique.
L’ascension du parti des Gentils, dirigé par Joachim Mion et Valentin Saumier, représentait
depuis plusieurs mois déjà le cauchemard de la mairie : leur programme, dont la mesure centrale
était sans nul doute l’instauration de bisous pour tous, avait amené les citoyens à appercevoir en
eux une promesse de renouvellement de l’action politique, qui fesait apparaître les royalistes et
les centristes sous un jour des plus défavorables.
Personne n’aurait pourtant pu prédire le séisme qu’a représentée l’élection, qui a porté le
parti des Gentils au pouvoir avec plus de 60 % des suffrages. Au lendemain du vote, la mairie se
préparait déjà a recevoir les nouveaux co-maires que les électeurs avaient choisit, et se mettaient
en ordre de bataille pour soutenir l’organisation de la première Journée du Câlin. Hors Leonor
Cortes et Audrey Bebert n’étaient pas prêtes de baisser les armes : contre toute attente, ces
ennemies de toujours s’allièrent pour démontrer que malgrés les apparences, les Gentils n’étaient
pas si mignons qu’ils voulaient le faire croire, et que la victoire qu’ils avaient emporté était rien
moins que loyale. Les assesseurs du PdG auraient manipulé les électeurs en proposant à
plusieurs d’entre eux un poème sur la tolérance en échange de leur vote, et les aurait menacé de
se moquer d’eux dans la rue s’ils refusaient de se plier à cette achat de suffrages.
La plainte déposée en justice, en tous cas, est resté lettre morte, et a achevé de discréditer
durablement les partis traditionnels. Sans opposition, sans contestation, le parti des soit-disants
Gentils règne désormais en maître, et cet situation ne laisse pas d’inquiéter. Comme a pu nous
laissés le craindre la dernière veillée des chants de Noël, où Joachim Mion a imposé à tout les
habitant de Bourg le port d’une touche de rouge, le boulevard politique qui s’ouvre devant les
actuels dirigeants de la ville fait peser la menace d’un pouvoir incontrôlé, qui pour être gentil,
n’en serait pas moins liberticide.

Gavroche
Pour le bisannuel Le Veilleur de la République
Correction
à coup sûr – pas près d’oublier – qu’ont représentée – la ville tout entière – a en tout cas fait
s’effondrer – du champ politique – la campagne qu’avaient menée – venu jouer – a mis en péril –
qu’avaient dressés – le cauchemar – apercevoir – qui faisait – le séisme qu’a représenté – à
recevoir – avaient choisis – se mettait – or Leonor Cortes – n’étaient pas près de – malgré les
apparences – qu’ils avaient emportée – les auraient menacés – cet achat – la plainte […], en tout
cas, est restée – le Parti des soi-disant Gentils – cette situation – nous laisser – tous les habitants
Chapitre IV

AUX FOURNEAUX

« Les amis font toujours plaisir ; si ce n’est pas quand ils arrivent, c’est
quand ils partent. »
Alphonse Karr
GRAMMAIRE

L’accord du participe passé : cas particuliers


Les verbes pronominaux – Pour comprendre l’accord de ces verbes, il
s’agit de distinguer ceux qui n’existent dans ce sens qu’à la forme
pronominale (« se dépêcher »), et les verbes qui existent avec ou sans
pronom (« permettre/se permettre », « regarder/se regarder », etc.).
Pour les verbes qui existent aux deux formes, l’accord du participe se fait
comme si le verbe était conjugué avec l’auxiliaire « avoir ». Si le pronom
« me/te/se/nous/vous/se » correspond à un COD, on accorde le participe
avec le pronom ; s’il correspond à un COI, on n’accorde pas.

Ils se sont battus.


• Ils ont battu qui ? Eux-mêmes. COD : accord.

Ils se sont parlé.


• Ils ont parlé à qui ? À eux-mêmes. COI : pas d’accord.
Ils se sont succédés/succédé – On retiendra donc que les verbes qui
commandent un COI ne peuvent pas s’accorder à la forme pronominale. On
écrira ainsi « ils se sont parlé » et non « ils se sont parlés », « elle s’en est
voulu » et non « elle s’en est voulue », « elle s’est permis » et non « elle
s’est permise ». Il en va de même pour les verbes « se ressembler »
(« ressembler à quelqu’un »), « se rire » (« rire de quelque chose »), etc.
La maison qu’ils se sont achetés/achetée – Quand le verbe pronominal
régit un COD, il se comporte alors comme un verbe conjugué avec
l’auxiliaire « avoir », et s’accorde avec le COD si celui-ci est placé avant le
verbe. On écrira ainsi « Ils se sont écrit des lettres », mais « Les lettres
qu’ils se sont écrites ».

Des prophéties, il en a faites/il en a fait – Quand le COD est repris par le


pronom « en », le participe ne s’accorde pas.

Des preuves d’amour, il m’en a donné tous les jours depuis dix ans.

On s’attendrait à ce que la forme soit « il m’en a données ». Il m’a donné


quoi ? Des preuves. Le COD devrait ici commander l’accord, mais « en »
est un cas particulier qui bloque l’accord du participe.

Les deux kilomètres que j’ai parcourus/que j’ai parcouru – Les


compléments de durée et de mesure ne sont pas des COD, et ne
commandent donc pas l’accord du participe.

Les fortunes que ça m’a coûté, et non Les fortunes que ça m’a coûtées.

Les trombes d’eau qu’il a plues/qu’il a plu – Les participes des verbes
impersonnels (« falloir », « pleuvoir », etc.) ne s’accordent jamais.

Tous les efforts qu’il m’a fallu pour parvenir à ce résultat, et non Tous
les efforts qu’il m’a fallus pour parvenir à ce résultat.

Les enfants qu’il a dus élever/qu’il a dû élever – Quand le participe est


suivi d’un infinitif, il ne s’accorde pas. Il ne s’agit pas à vrai dire d’un cas
particulier : dans la phrase « La maison qu’il a voulu acheter », le COD de
« voulu » n’est pas « la maison », mais « acheter ». Il a voulu quoi ?
Acheter. Acheter quoi ? La maison. « La maison » est donc le COD
d’« acheter », et ne peut pas entraîner un accord du participe « voulu ».

Les enfants qu’il a vus grandir – En revanche, le participe s’accorde quand


le COD est en même temps le sujet de l’infinitif. Ici « les enfants » est le
COD de « vus », et le sujet de « grandir », et commande donc l’accord.

Quand le participe est suivi d’un infinitif, on pourra remplacer le COD


par un pronom. Si le pronom est avant le participe, c’est qu’il s’agit de
son COD ; s’il est avant l’infinitif, c’est qu’il ne s’agit pas de son COD
mais de celui du verbe à l’infinitif.

Les enfants qu’il a dû élever.


• Il a dû les élever.

Les enfants qu’il a vus grandir.


• Il les a vus grandir.

Créée
La règle – Le verbe « créer » suit les mêmes règles que tous les verbes du
premier groupe en –er. Comme « aim-er » construit son participe en « aim-
é », et le féminin du participe en « aim-é-e », « cré-er » fait son participe en
« cré-é », et le féminin du participe en « cré-é-e ».
La difficulté vient ici de la bizarrerie qu’il peut y avoir à écrire trois –e à la
suite : c’est pourtant la forme tout à fait régulière du participe « créée ».

Les nouvelles technologies créées par cette entreprise ouvrent de


nombreuses possibilités dans ce domaine.
Exclus/exclu
La règle – Les verbes « exclure » et « conclure » font leur participe en –u,
féminin –ue, tandis que le verbe « inclure » fait son participe en –us,
féminin –use. On fera particulièrement attention à la forme « exclu »,
souvent mal orthographiée : « exclus ».

Il a été exclu de l’établissement. L’affaire a été bien conclue.

Mais : C’est inclus dans le prix.

Il faut que vous voyez/que vous voyiez


La règle – Les verbes qui font leur présent en –ions, –iez ou –yons, –yez,
(« rire, crier, amnistier », « voir, appuyer », etc.) font leur imparfait et leur
subjonctif en –iions, –iiez, ou –yions, –yiez.
Comprendre – Comme pour « créée », ces formes sont tout à fait
régulières, et ne posent problème qu’en raison de l’étrangeté à écrire deux –
i à la suite, d’autant plus que la différence est presque insensible à l’oral.
Les terminaisons de l’imparfait et du subjonctif étant –ions, –iez, elles
viennent naturellement s’ajouter au radical : « nous aim-ions, nous pren-
ions, nous cri-ions, nous voy-ions, nous ri-ions ». Attention donc à ne pas
écrire : « il faut que nous voyons ».
Des maîtres un peu trop zélés
Au XIXe siècle, tandis que s’organise le développement de l’instruction publique, l’orthographe
devient la discipline reine, qui préside au recrutement de l’ensemble des fonctionnaires, et en
particulier des instituteurs. Animés d’une vénération sacrée pour la langue écrite, ceux-ci ne font
guère confiance à leur connaissance de la langue orale, et se fondent sur l’orthographe des mots,
qu’ils prononcent avec le plus grand soin devant leurs élèves. Comme on l’a vu dans le cas de
« moult », ce n’est plus l’orthographe qui va s’adapter à la prononciation, mais la prononciation
qui va se modeler sur la forme écrite du mot. Voyant « dompter », les maîtres se mettent ainsi à
prononcer [don-p-té], alors que ce terme se prononçait comme « compter », sans le –p ; voyant
« moignon » (et ignorant que –ign était simplement une variante pour noter le son du –n mouillé
que l’on trouve dans « agneau »), ils créent un improbable [mwagnon], alors que le terme se
prononçait [mognon], comme dans « oignon ». Ces prononciations, que nous avons héritées des
maîtres de la IIIe République, relèvent ainsi d’une incompréhension de la valeur des lettres et du
code graphique.

Nous concluerons/nous conclurons


La règle – Les verbes en –ure ne prennent pas de –e entre le radical et la
terminaison au futur et au conditionnel : « je conclurai, j’inclurais », et non
« je concluerai, j’incluerais ».

Comprendre – Cette erreur vient d’une confusion avec les verbes du


premier groupe en –er comme « influer », dont le futur est « j’influerai » et
le conditionnel « j’influerais ». Ces deux temps se forment de façon très
simple, par l’ajout des terminaisons –ai, –as, –a, ou –ais, –ais, –ait, après
l’infinitif. Il est donc normal que les verbes en –er gardent le –e contenu
dans leur infinitif : « influer + ai », tandis que les verbes du 3e groupe ne
prennent pas de –e supplémentaire : « conclur + ai ».
Cherchez l’erreur !
Virginie Loup reçoit ses amis ce soir, mais le repas est loin d’être prêt… Ses invités auront-ils
assez à manger ? Seront-ils satisfaits du menu ? Aidez Virginie à mettre de l’ordre dans
l’orthographe de sa vie intérieure.

20 h 30. Personne. Elle en concluerait aisément qu’ils auraient encore une heure de retard,
et que les entrées resteraient là a refroidir, jusqu’à se dessécher, à offrir aux arrivants le visage
vaguement mélancolique d’un avenir déjà figé dans le souvenir. Toujours les mêmes inquiétudes,
la peur du manque qui la saisissait et l’arrêtait dans le mouvement de sa tache, lui intimait l’ordre
de faire une pose, de laisser à l’agitation intérieure le champs nécessaire pour s’épanouir. Cinq
invités à sa table : autant de corps et d’esprits à entretenir, à nourir, à divertir, à satisfaire. De sa
célèbre daube au vin, elle en avait faite pour huit, bien sûr. L’abondance pouvait à tout le moins
tenir en respect les forces du vide. Mais Alexandre viendrait : son habitude de manger comme
s’il voulait dévorer l’existence, de consommer toutes les subtilités qu’elle avait disposé sur sa
table, et de les remettre de façon crue à leur juste place, celle de matière vulgaire et charnelle. Et
malgrés son appétit, l’impression qu’elle avait eu, la dernière fois, qu’il l’accusait, comme s’il lui
reprochait ce dîner convenu. Elle se sentait toujours en tord, jugée et condamnée à chaque
instant, avec lui. Et les regards. Oui, les regards. Ceux qu’il avait échangé avec Adeline, croyant
qu’elle ne se serait apperçue de rien. Quand ils s’étaient regardés, s’étaient parlés dans la cuisine,
au détour de la porte. La recette qu’elle avait crée pour l’occasion, peut-être, qui disait un peu
trop le travail qu’elle avait fournit pour paraître à la hauteur. Le battement de son cœur
s’accélérait : elle n’était pas prête de retrouver son calme, pensait à tous les problèmes qu’elle
avait eus à gérer la dernière fois, qui ne manqueraient pas de planer à nouveau sur la soirée. Les
moments de tension qui s’étaient succédés entre Camille et Adrien, la menace d’une rancœur
entre Laure et Alice, soit-disant amies. La sonnerie de l’interphone ! Le cauchemard qui allait
recommencer. Toute heureuse quelques jours plus tôt d’organiser son dîner, elle se sentait à
présent comme devant un tribunal.

Correction
elle en conclurait – resteraient là à refroidir – le mouvement de sa tâche – faire une pause – le
champ nécessaire – à nourrir – elle en avait fait – qu’elle avait disposées – malgré son appétit –
l’impression qu’elle avait eue – si elle était en tort – qu’il avait échangés – qu’elle ne se serait
aperçue – s’étaient parlé – qu’elle avait créée – qu’elle avait fourni – elle n’était pas près –
qu’elle avait eu à gérer – qui s’étaient succédé – soi-disant – le cauchemar – tout heureuse
HOMOPHONES

Qui le/qu’il
La règle – « Qui le » correspond au pronom relatif « qui » suivi du pronom
« le », qui reprend un complément d’objet direct masculin ; « qu’il » est le
pronom relatif « que » suivi du pronom sujet « il ».
On pourra mettre l’expression au pluriel pour identifier la forme
correcte.

Le problème qui le préoccupe.


• Le problème qui les préoccupe.

Le problème qu’il doit affronter.


• Le problème qu’ils doivent affronter.

Je sais ce qui me faut/ce qu’il me faut – Quand le verbe de la relative est


employé dans une tournure impersonnelle, on peut hésiter entre « ce qui »
et « ce qu’il ». On emploie « ce qui » quand ce terme peut être considéré
comme le sujet du verbe.

Je ne sais pas ce qui t’arrive.


• Quelque chose t’arrive.

Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête.


• Quelque chose lui est passé par la tête.

En revanche, on emploie « ce qu’il » quand le « sujet » du verbe est le « il »


impersonnel, et que « ce que » est l’équivalent de son COD.

Je ne sais pas ce qu’il te faut.


• Il te faut quelque chose.

Autant il est souvent possible d’employer « ce qu’il » quand on emploie


« ce qui » (« Je ne sais pas ce qui t’arrive » peut être compris comme
« quelque chose t’arrive » ou « il t’arrive quelque chose »), autant il est tout
à fait impossible d’employer « ce qui » quand le verbe n’existe qu’à la
forme impersonnelle, comme « falloir » ( « Je ne sais pas ce qui te faut »
équivaudrait à « Quelque chose te faut ? »).

Prends ce qu’il te plaît/ce qui te plaît – Pour un verbe comme « plaire », le


choix entre « ce qui » et « ce qu’il » engage une nuance de sens.

Prends ce qui te plaît.


• Prends la chose qui te plaît, ce qui t’attire.

Prends ce qu’il te plaît.


• Prends ce qu’il te plaît de prendre, ce que tu voudras.

Censé/sensé
La règle – « Censé » signifie « supposé », et s’emploie uniquement devant
un verbe à l’infinitif : « Il est censé partir », « Elle est censée arriver
bientôt ».
« Sensé » signifie « raisonnable » : « C’est une personne sensée ».

En cas de doute, il suffit d’essayer de remplacer la forme par


« raisonnable » pour savoir quel mot utiliser.
Au temps pour moi
C’est l’une des expressions françaises qui suscitent les débats les plus passionnés et les plus
ardents… La formule, qui vient du langage militaire, est normalement « au temps pour moi », et
non « autant pour moi ». Elle signifie que, à la manière d’un soldat qui a fait un faux pas dans sa
manœuvre, on s’apprête à reprendre le mouvement depuis le début. Certains grammairiens ont
pourtant contesté cette étymologie et ont soulevé l’hypothèse que l’expression originelle était
bien « autant pour moi », par laquelle on présentait ses excuses en disant à l’autre que l’on était
aussi désolé que lui par notre faute, et que c’était « au temps pour moi » qui en était une forme
dégradée. Jusqu’à la conclusion de ce débat, on pourra s’en tenir à la forme reconnue par
l’Académie et les dictionnaires : « au temps pour moi ».

Raisonner/résonner
La règle – Il ne faut pas confondre le verbe « raisonner », qui signifie
« réfléchir », et donne le nom « raisonnement », et le verbe « résonner »,
qui signifie que le son re-vient.
Comment as-tu raisonné pour parvenir à ce résultat ?
La musique a résonné dans la salle.

Satire/satyre
La règle – Il ne faut pas confondre la « satire », une critique qui vise à
ridiculiser l’adversaire, et un « satyre », qui est à l’origine une créature
mythologique mi-homme mi-bouc, et qui désigne aujourd’hui un pervers
sexuel, souvent pédophile et/ou exhibitionniste.

Pêcher/pécher
La règle – On sera bien attentif à la différence entre ces deux verbes, dont
le sens est sans rapport : « pécher » signifie « commettre une faute (un
péché) », et « pêcher » signifie « attraper des poissons ». Ici encore, le
circonflexe renvoie à un ancien –s que l’on peut retrouver par exemple dans
« piscine ». « Pêcher » vient en effet du terme latin piscis, « le poisson »,
tandis que « pécher » dérive du verbe peccare, « commettre une faute », que
l’on retrouve par exemple dans le français « peccadille ».
Cherchez l’erreur !
Émile Loza s’apprête à envoyer son premier roman aux éditeurs : aidez-le à travailler
l’orthographe de cette scène de banquet, sur laquelle il compte beaucoup pour l’acceptation de
son manuscrit.

La table toute entière était au bord de l’asphyxie, et les cris qui s’échapaient du salon pour
raisonner dans toute la rue donnait à la noce l’allure maussade d’un banquet d’ivrognes crasseux,
sur le pont de Notre-Dame. Albert, plus rouge d’heure en heure, avait desserré sa ceinture d’un
cran, en laissant aux replis de son ventre gonflé le champs nécessaire pour se répandre, et s’était
installé bien au fond de son fauteuil, les jambes écartées, les mains sur les hanches. On entendait
la graisse qu’avait avalé les convives ronronner et gargouiller dans tout les estomacs, comme les
remontées d’eau dans les tuyaux vétustes des salles de bains parisiennes. Ah, nom de Dieu ! On
allait s’en mettre une bonne tranche ; on aurait tord de se gêner. Pas de quoi se priver sur la
cochonnaille : c’était inclu dans le prix, aux frais de la princesse. Quand c’est gratuit, y a pas de
pêché à se faire du bien. Les Dumoulin avaient voulu épater leur monde avec leur table de
riches : ils allaient voir un peu. Ils n’étaient pas prêts de recommencer, c’est sûr, et la Dumoulin
laissait dégouliner son œil inquiet sur les verres rapidement vides, qu’on remplissait à tour de
gosier de son meilleur vin. Les entrées s’étaient succédées, asperges, caviar d’aubergines,
bouchées à la reine, et c’était maintenant le fromage qui grésillait dans l’appareil à raclette,
pendant que le saucisson cuisait et répandait dans la pièce une bonne odeur de chair grillée, où se
mêlait les reflux des vins et des liqueurs. Seule Agnès hésitait un peu a se resservir. Ficelée
comme une oie grasse dans la robe du soir qu’elle avait mis pour l’occasion, et qui était sensée la
faire paraître sous son meilleur jour, elle ne s’était permise de prendre que deux fois du vacherin,
et dégustait son verre à petites lampées, comme une chatte boit son lait. Mais déjà Antoine la
poussait du coude d’un air gaillard, remplissait son assiette en lui montrant dans un large sourire
ses dents rougies par le vin, bien certain qu’il concluerait l’affaire avec la petite le soir même.
Hein ! elle n’allait quand même pas faire la fine bouche ! On était pas là pour faire des
manières ! Au spectacle de leur petite comédie, tous les convives retroussaient le nez et partaient
d’un rire énorme, en secouant leurs corps si remplis qu’on aurait dis un amas de ballons de
baudruche qu’on avait laissé là après la fête, près à exploser.

Correction
la table tout entière – s’échappaient – résonner – donnaient – le champ nécessaire – qu’avaient
avalée – tous les estomacs – on aurait tort – inclus dans le prix – pas de péché – pas près de
recommencer – s’étaient succédé – se mêlaient – à se resservir – qu’elle avait mise – qui était
censée – elle ne s’était permis de prendre – qu’il conclurait – on n’était pas là – on aurait dit –
qu’on avait laissés – prêts
Voie/voix
La règle – La « voix » désigne le moyen d’expression de la parole, tandis
que la « voie » signifie « le chemin, la route ».
La voix du peuple, donner de la voix, avoir voix au chapitre.
Prendre une mauvaise voie.

Avoir voix au chapitre


Le « chapitre » dont il est question dans cette expression est le lieu dans lequel se réunissent les
différents membres d’une abbaye pour gérer les diverses affaires de la communauté. Avoir
« voix au chapitre », et non « droit au chapitre », comme on l’entend parfois, c’est donc pouvoir
exprimer sa voix, être habilité à participer aux décisions, à peser sur les choix du groupe.
ORTHOGRAPHE LEXICALE

Orgeuil/orgueil
La règle – Les mots qui se terminent par le son [euy] s’écrivent –euil
(« écureuil », « fauteuil », « seuil »), sauf derrière –c et –g, quand le –u est
nécessaire pour produire le son [k] et [g] : dans ce cas, on écrit –ueil.
Orgueil, recueil, cueillir, accueillir.

Comprendre – La règle générale voudrait que l’on écrive « orgeuil » et


« receuil », mais ces mots se prononceraient alors [orjeuy] et [reseuy],
puisque le –g se prononce [j] devant –e, comme dans « gelée », et le –c se
prononce [c] devant –e, comme dans « cerise ». On place donc le –u
directement derrière le –g ou le –c pour être en cohérence avec les règles de
prononciation.

Dilemne/dilemme
La règle – Le mot « dilemme » s’écrit avec deux –m, et non « dilemne »,
forme fautive qui vient d’une contamination de l’anglais dilemna. Il arrive
par ailleurs d’entendre une prononciation qui s’accorde à cette forme
fautive, [dilèmn], alors que le mot se prononce bien [dilèm].
Cherchez l’erreur !
Ernestine de Collet-Surmonté a décidé de faire œuvre démocratique, et de mettre à la portée de
tous les règles qui régissent les salons de la haute société. Le soin pointilleux qu’elle met à éviter
toute faute de goût ne s’applique pourtant pas avec le même bonheur à son orthographe (ni à ses
alexandrins, d’ailleurs).

Parmis tous les usages qu’a imposé le monde


Il en est un central que sans paraître immonde
On ne saurait jamais à bon droit négliger :
L’art des conversations, et du très bien parler
Quand à noble repas on s’est faits inviter.
Au sourire des hôtes, faussement négligé
On concluerait bien vite qu’on peut se relâcher ;
Que les bonnes manières qu’on nous a inculqué
Peuvent être sans péché laisser à la piétaille,
Et que sans faire de tord il sied qu’on se débraille.
Hors l’orgeuil des bourgeois est assez pointilleux
Et ne se résoud pas à ces facétieux,
Qui croient pouvoir pincer les fesses de la bonne
Et traiter tout de go leur hôtesse de conne.
Pour être grand seigneur on en est pas moins homme,
Et l’on tolère peut malgré ses airs bonhommes
Qu’on nous fasse en riant de terribles affronts.
Il faut être modeste avec beaucoup d’aplomb,
Car pour paraître grand on doit rire de tout
En ne riant de rien qui choque le bon goût.
De nos plaisanteries qu’on aura préparé
Le dilemne sera de bien sélectionner
Celles qu’on aurait pues sans craindre de rougir
Prononcer à la face d’un roi ou d’un vizir,
Et celles qu’il faudra sans nul autre détour
Laisser aux amateurs des piètres calembours.
Quand les mets raffinés se seront succédés,
Que la mine des convives se sera empourprée,
Peut-être pourra-t’on pour tenter l’aventure
Lancer quelques histoires en bas de la ceinture.
Mais en toute circonstance on se gardera bien
Sur la voix de l’obscène de s’engager trop loin,
À moins que de ses hôtes on ait reçut l’accord
De changer nos discours pour de tendres abords.

Correction
parmi […] qu’a imposés le monde – on s’est fait inviter – on conclurait – qu’on nous a
inculquées – laissées – sans faire de tort – or l’orgueil – ne se résout pas – on n’en est pas moins
homme – on tolère peu – qu’on aura préparées – le dilemme – qu’on aurait pu – se seront
succédé – pourra-t-on – sur la voie de l’obscène – on ait reçu
Chapitre V

À LA SUEUR DE TON FRONT

« Il est plus facile de paraître digne des emplois qu’on


n’a pas que de ceux que l’on exerce. »
La Rochefoucauld
GRAMMAIRE

La construction des relatives


Une relative est une proposition introduite par les pronoms « qui », « que »,
« dont », « où ». Ce pronom reprend un mot qui précède (« l’antécédent »)
et occupe une fonction dans la relative (sujet, COD, COI, etc.). Soit la
phrase suivante :
J’ai croisé un homme qui te ressemblait beaucoup.

Le pronom « qui » sert à reprendre « un homme » (son antécédent), et a une


fonction dans la relative : il est ici sujet du verbe « ressemblait ».

Dont et où – Les pronoms relatifs « dont » et « où » reprennent également


un nom, mais en lui ajoutant une préposition. « Dont » équivaut à « de
+ antécédent », « où » à « préposition de lieu + antécédent ».
Considérons les phrases suivantes :

J’ai beaucoup aimé le livre dont tu m’as parlé.


J’ai vendu la maison où j’habitais.

« J’ai beaucoup aimé le livre dont tu m’as parlé » vient de la fusion de deux
phrases : « J’ai beaucoup aimé ce livre » et « Tu m’as parlé de ce livre ».
Dans la phrase « J’ai beaucoup aimé le livre dont tu m’as parlé », « dont »
remplace donc « de ce livre ».
De même, la phrase suivante : « J’ai vendu la maison où j’habitais » résulte
de la fusion des deux phrases : « J’ai vendu la maison » et « J’habitais dans
cette maison ». « Où » remplace donc « dans cette maison ».
Ce fonctionnement permet de comprendre qu’il est tout à fait impossible
d’écrire des phrases comme « C’est précisément l’endroit où la police y a
trouvé le criminel », ou encore « As-tu étudié le dossier dont le directeur
t’en a confié la responsabilité ». Les pronoms « en » et « y » remplacent ici
également « de ce dossier » et « dans cet endroit ». Si l’on écrit « dont le
directeur t’en a confié la responsabilité », cela équivaut en réalité à écrire :
« il t’a confié la responsabilité de ce dossier de ce dossier ».
Il faut ainsi retenir qu’on ne peut jamais employer le pronom « en » dans
une relative introduite par « dont », ni le pronom « y » dans une relative
introduite par « où ».

Dont ou que ? – Si l’on comprend bien le fonctionnement expliqué plus


haut, le fait de choisir entre « que » et « dont » ne pose pas de difficulté :
tandis que « que » remplace l’antécédent, « dont » remplace « de
+ antécédent ». Ainsi :

J’ai regardé le film que tu aimes tant.


• Tu aimes ce film.

J’ai regardé le film dont tu m’avais parlé.


• Tu m’avais parlé de ce film.

Il est donc impossible d’écrire « Je fais ce que j’ai envie », ou « Dis-moi ce


que tu as besoin », puisque la construction est ici « avoir envie de quelque
chose » et « avoir besoin de quelque chose », et non « avoir envie quelque
chose » ou « avoir besoin quelque chose ». On doit donc écrire « Je fais ce
dont j’ai envie », « Dis-moi ce dont tu as besoin ».
C’est de toi dont il s’agit/qu’il s’agit – Dans la tournure « C’est… que », on
ne peut employer « de + nom + dont », ou « là + où ». Il faut donc dire, soit
« C’est toi dont il s’agit », soit « C’est de toi qu’il s’agit », et non redoubler
la marque de la construction avec « de » : « C’est de toi dont il s’agit ». De
la même façon, on ne dira pas « C’est là où je vais », mais « C’est là que je
vais ».

Auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles – On n’oubliera pas d’accorder ce


pronom relatif, notamment au pluriel, où l’on voit souvent des formes sans
–x. « Les solutions auxquelles je pense », et non « les solutions auquelles »,
ou « les solutions auquel ».

Moi qui fait/fais – Le verbe de la relative s’accorde avec le nom que


reprend le relatif « qui ».

Comprendre – Le relatif « qui » sert à reprendre un mot de la phrase


précédente, et sert de sujet au second verbe. On doit donc écrire « moi qui
ai », « moi qui sais », « toi qui vois », et non comme on le lit ou l’entend
« moi qui est » parfois « moi qui sait », « toi qui voit », puisque le « qui »
reprend ici respectivement « moi » et « toi ».

Faire long feu


On dit d’une tentative qu’elle « a fait long feu » qu’elle a subi un échec, notamment après s’être
éternisée. L’expression vient du langage militaire et s’applique aux coups de canon ou d’anciens
fusils : une combustion trop lente du fil empêche l’explosion qui permet au coup de partir.
L’incompréhension de cette origine a pourtant contribué à développer l’expression inverse, « ne
pas faire long feu », où le « feu » est entendu dans le sens d’une flamme qui ne durerait pas
longtemps. Si c’est la première, « faire long feu », qui est la plus juste, la seconde est aujourd’hui
entrée dans l’usage. Si l’on veut être cohérent, on pourra dire « faire long feu » pour parler d’une
action qui a fini par échouer, et « ne pas faire long feu » pour exprimer la brièveté.
On y voit rien/on n’y voit rien
La règle – La négation se compose toujours de deux termes, le « ne », puis
le second élément « pas/jamais/rien/personne, etc. ». Il ne faut pas oublier
cette négation après « on », même si on ne l’entend pas.

Comprendre – Il est extrêmement fréquent de lire « On entend rien », ou,


comme dans une publicité récemment placardée sur tous les murs de
France, « On est pas pressé ». La négation est ici oubliée parce qu’on ne
l’entend pas à l’oral, mais elle n’en est pas moins nécessaire : on peut s’en
convaincre en remplaçant le verbe par un autre qui commence par une
consonne.

On n’entend rien.
• On ne voit rien.

On n’est pas pressé.


• On ne pense pas être pressé.

En cas de doute, on pourra faire le test que l’on vient d’évoquer pour
faire « ressortir » une éventuelle négation.
HOMOPHONES

Ou/où
La règle – « Ou » est une conjonction de coordination qui exprime une
alternative entre deux éléments (« fromage ou dessert ») ; « où » est un
pronom relatif qui reprend un lieu, « l’endroit où il va », ou un pronom
interrogatif qui pose la question du lieu : « Où vas-tu ? ».
On peut tenter de remplacer « ou » par « ou bien » ; si c’est possible, il
s’agit de la conjonction « ou ». Dans le cas contraire, il s’agit du relatif
« où ».

Ouistes et non-ouistes : les querelles sur la langue


Le français n’a pas attendu l’invasion de l’anglais mondialisé pour ouvrir des débats sur
l’importation de formes étrangères. À la Renaissance, les puristes s’attaquèrent ainsi à la vogue
italianisante de la cour des Médicis. Pas de plus grande élégance pour ces derniers que de
prononcer le –o comme un –ou, à la mode italienne : c’est ainsi qu’éclata la querelle des ouistes
et des non-ouistes. Il paraît difficile de déterminer qui remporta la bataille : si les non-ouistes ont
triomphé pour des mots comme « col », « porc » ou « mort », les ouistes imposèrent leur série
concurrente, « cou », « pourceau », « mourir ».
Cette querelle n’est qu’un exemple des multiples affrontements qui agitèrent les milieux
aristocratiques et savants du XVIe au XVIIIe siècle, et qui finirent par aboutir, au gré d’une histoire
aussi passionnante que romanesque, à la fixation du français moderne.
Parti/partie
La règle – « Une partie » est un nom féminin qui désigne la partie d’un
tout, tandis qu’« un parti » désigne un profit, ou une position prise dans une
alternative. On sera particulièrement attentif à l’orthographe des
expressions suivantes :

Faire partie, être partie prenante, se porter partie civile.


Prendre parti, tirer parti de, un beau parti.
Cherchez l’erreur !
Caroline Saidervilles vient de trouver un poste dans la prestigieuse maison d’Émilie Jaubard.
Elle s’apprête à y découvrir un univers impitoyable, fait de violence et de fautes
d’orthographe…

À notre premier entretien, Émilie Jaubard m’avait regardé et m’avait parlée avec la
tendresse d’une hyène. J’avais tenté de lui faire remarquer que la description de poste qu’elle
avait rédigé ne manquait pas d’ambiguïté, mais elle s’était contentée pour toute réponse de me
montrer ses dents, ce qui devait être dans son répertoire d’expressions la forme la plus proche du
sourire. Je crois à vrai dire qu’elle n’était pas encore tout à fait sûre de savoir si elle voulait que
je la seconde à la tête de l’entreprise, où que je sois là pour l’éventer en cas de grande chaleur.
Malgrés tout, le dilemne n’était pas si difficile à trancher : bien sûr, je craignais de vivre un
cauchemard, et j’avais la vague impression qu’elle risquait un jour ou l’autre de me sacrifier à la
nuit tombée en chantant des incantations à Satan, le véritable directeur des ressources humaines
de son entreprise. Mais après les mois que j’avais passés au chômage, après tout les refus que
j’avais essuyés et toutes les blessures d’orgueil que j’avais dû avaler, je ne pouvais pas vraiment
me permettre de faire la fine bouche. On imagine pas ce qu’on est prêt à faire quand on est à
découvert. Comme le montant que m’avait proposée Jaubard dépassait de loin les sommes
auquel j’aurai normalement pu prétendre, j’étais évidemment toute enthousiaste : à ce prix-là,
j’aurais pu faire frire des nems pour la cantine, et les servir en dansant la bourrée, costume
auvergnat inclu.
Puisque je n’avais pas tellement le choix, j’avais essayé de me convaincre que tout irait
bien, et ça avait marché. Le premier jour j’étais arrivé pleine de bonne volonté : j’étais sensée me
charger d’élargir notre activité à de nouveaux domaines, et je m’étais permise de venir avec
quelques propositions que j’avais préparées chez moi et dont j’étais assez fière. Assez vite les
collègues se sont succédés à mon bureau pour me faire comprendre que je ferais mieux de ne pas
trop me faire remarquer, et de rentrer dans le rang. Rien n’était dis explicitement bien sûr, mais
je craignais hélas de comprendre parfaitement les sous-entendus qu’ils m’avaient glissés, chacun
avec leur style propre.

Correction
m’avait regardée – m’avait parlé – qu’elle avait rédigée – ou que je sois là – malgré tout – le
dilemme – de vivre un cauchemar – les mois que j’avais passé – tous les refus – on n’imagine
pas – que m’avait proposé – les sommes auxquelles j’aurais – tout enthousiaste – costume…
inclus – j’étais arrivée – j’étais censée me charger – je m’étais permis – les collèges se sont
succédé – rien n’était dit – chacun avec son style propre
Martyr/martyre
La règle – On ne confondra pas « un martyr », sans –e au masculin, qui
désigne la personne qui meurt pour sa foi, et « le martyre », qui désigne le
supplice, les tortures que l’on fait subir à cette personne. On écrit ainsi
« souffrir le martyre », dans le sens d’« endurer des souffrances terribles »,
et non « souffrir le martyr ».

Quand/quant
La règle – « Quand » est une conjonction de subordination qui introduit un
complément de temps. « Quant », avec un –t, ne s’emploie que dans
l’expression « quant à » (« quant à moi », « quant au problème que vous
évoquez »).

Comprendre – La confusion vient de la prononciation, puisque la liaison


entre « quand » et un mot qui commence par une voyelle se fait en [t]. Dans
la phrase « Quand il est venu », on entend [kan-t-il], ce qui peut inviter à
écrire la forme fautive « quant ». Il faut donc veiller à écrire « quant »
uniquement lorsqu’on veut employer l’expression « quant à ».

Mettre à jour/mettre au jour


La règle – « Mettre à jour » signifie « actualiser » (« La liste des
participants a été mise à jour »), tandis que « mettre au jour », que l’on
pourrait paraphraser en « mettre en plein jour », signifie « dévoiler, mettre
en lumière » (« L’audit de l’entreprise a mis au jour de nombreux
dysfonctionnements dans la gestion des comptes »).
ORTHOGRAPHE LEXICALE

Nous même/nous-mêmes
La règle – Les pronoms « moi-même », « toi-même », « lui-même », etc.,
prennent toujours un trait d’union.
Quand ils sont employés avec un pronom pluriel (nous, vous, eux),
« même » doit prendre un –s.
Nous pouvons le faire nous-mêmes. Ils iront eux-mêmes.

Un espèce de/une espèce de géant


La règle – Même quand le nom qui suit est masculin, on dit et écrit
toujours « une espèce de », et jamais « un espèce de ».

Comprendre – On a tendance à considérer « espèce de » comme une


expression figée, et à accorder avec le nom qui suit, en disant « un espèce
d’abruti ». C’est pourtant bien le nom « espèce » qui compte ici, et qui
commande un accord au féminin, « une espèce d’abruti ».
Dans quel état j’erre ?
Une difficulté plus subtile se pose pour l’expression « avoir l’air ». Normalement, l’adjectif qui
suit s’accorde avec le nom « air », au masculin. On doit donc écrire : « Elle a l’air content ».
Quand « avoir l’air » est perçu comme un verbe à part entière, qui équivaut à « paraître,
sembler », il peut pourtant sembler naturel d’accorder avec le sujet : « Elle a l’air contente ».
Quand on a le sentiment que c’est l’air qui est content, on accordera au masculin ; quand le
rapport avec « air » n’est plus perçu, on pourra accorder avec le sujet. On peut appliquer les
règles suivantes : si la qualité évoquée est physiquement perceptible sur la personne, et
notamment sur son visage, on accordera avec « air ». Quand le nom est une chose, et ne peut
donc pas avoir d’« air », on accordera au contraire systématiquement avec le sujet : « Cette
voiture a l’air assez vieille ».

Language/langage
La règle – Devant les voyelles –a, –o et –u, la lettre –g produit le son [g],
comme dans « gamin », « gorille », « gustatif ». Devant les voyelles –e et –
i, la lettre –g produit le son [j], comme dans « gêner » et « girafe », et les
lettres –gu notent le son [g], comme dans « guider » et « guéridon ».

Comprendre – Les fautes que l’on trouve le plus fréquemment consistent à


écrire « gu » devant la voyelle –a : « infatiguable », « language ». Ces
erreurs viennent d’une tendance à aligner l’adjectif sur le nom qui lui
correspond, « fatigue », « langue », alors que les règles phonétiques ne sont
pas les mêmes devant –e et devant –a. Pour « language », la confusion est
renforcée par le rapprochement avec l’anglais language, où la lettre –u ne
sert pas à appuyer le –g, mais note bien un son propre : [langwèdj].

En cas de doute, on rapprochera le mot d’autres noms en « ga » sur


lesquels on n’a pas d’hésitation : « Ces gamins sont infatigables », « Le
langage de ces garçons n’est pas très élégant ».
Cherchez l’erreur !
Caroline Saidervilles n’est pas au bout de ses peines, et la maison d’Émilie Jaubard lui réserve
encore bien des surprises : rencontrer ses collègues lui est si pénible qu’elle en perd son
orthographe.

Adeline, une sorte de créature à mi-chemin entre la limace et la vipère, avait rampé or de
son bureau du troisième étage pour venir se glisser dans le mien avec un sourire mielleux, sensé
me signifier le bonheur dans lequel elle se trouvait de me voir. C’est elle qui avait lancé
l’offensive : « Tu n’aurais pas des trombones ? » Quand à moi, des trombones, je n’en ai jamais
utilisés, et quand bien même je ne vois pas pourquoi je lui en aurai donnés. On commence par
donner des trombones, et on finit par devoir partager ses stylos. Je m’étais contenté de répondre
par un espèce de grognement qu’elle avait interprété à tord comme une invitation à entrer
franchement dans mon bureau, et à faire couler un regard avide sur mes dossiers. Je les avais
refermés en essayant de lui rendre moi même sourire pour sourire, et venin pour venin, et c’est là
qu’elle m’avait dis : « Ah, tu as préparé des projets ? C’est supeeeer ! » Je maîtrise les mille
nuances du super, et j’avais traduit sans aucune difficulté : c’était une façon de me dire qu’elle
me pousserait dans l’escalier dès qu’elle en aurait l’occasion, et que si elle me retenait par les
cheveux au moment ou je tombais, c’était dans l’espoir de pouvoir me scalper. Une fois la limace
repartie, ça avait été le tour du directeur commercial, une sorte de grande frite molle, qui se
promenait à travers les couloirs avec l’air de souffrir le martyr, la tête légèrement penchée sur le
côté, comme s’il n’avait pas trouvé en lui les ressources nécessaires pour la maintenir droite. Il
m’avait parlé tout doucement, en chuchotant, et en lançant des regards à la dérobée vers la porte,
comme s’il avait eu peur que des agents de la police politique mette à jour sa conspiration,
convaince la Jaubard de les laisser entrer, se ruent dans le bureau et lui plongent la tête dans un
sac à chaque fois qu’il faisait un mouvement de mâchoire un peu trop prononcé. Il avait cru bon
de me présenter en détail les réunions de mise aux normes ISO du classement des dossiers, avec
un tel air de mystère que j’avais plutôt l’impression de devoir me préparer à des réunions
d’initiation à un culte des mystères d’Éleusis, ou plutôt d’Émilie, la hyène sacrée. Vu le volume
de sa voix, je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’il me disait, mais j’en avais pris mon
partie, et j’avais renoncé à lui demander de répéter : je crois que je préférais m’en tenir à mon
imagination plutôt que de comprendre la nature réelle de ces futures réunions. Je me disais que je
pallierais sans difficulté à mon ignorance, et que j’acquèrais bien assez tôt la connaissance des
rouages boueux de la maison. Lui aussi, il m’avait dit en partant : « Prenez le temps de vous
imprégner », ce qui voulait évidemment dire qu’il tremblait à la seule idée que trop
« imprégnée », je cherche à me dépêtrer de ce bourbier.

Correction
avait rampé hors de son bureau – censé – quant à moi – je n’en ai jamais utilisé – je lui en aurais
donné – je m’étais contentée – une espèce de grognement – à tort – de lui rendre moi-même –
qu’elle m’avait dit – où je tombais – l’air de souffrir le martyre – mettent au jour sa conspiration
– convainquent la Jaubard – j’en avais pris mon parti – que je pallierais sans difficulté mon
ignorance – que j’acquerrais
GRAMMAIRE

Fatigant/fatiguant
La règle – Certains participes présents changent d’orthographe lorsqu’ils
sont employés comme des adjectifs (dits « adjectifs verbaux »), en
particulier pour les verbes en –guer et en –quer. Ainsi, le participe
« fatiguant » donne l’adjectif « fatigant », et le participe « convainquant »
l’adjectif « convaincant ».

Comprendre – Le participe présent (que l’on trouve souvent employé avec


« en ») exprime l’action du verbe, que l’on considère comme en train de
s’accomplir. Invariable, il signale très souvent que l’action se déroule en
même temps que l’action principale, et correspond ainsi à une phrase qui
commence par « pendant que ».

Il a gagné son procès en convainquant les jurés de son innocence.

Employé comme adjectif, le participe présent n’exprime plus une action


mais un état, et s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il
complète.

C’est une tâche très fatigante.

Mais : Cette tâche me fatiguant trop, j’ai décidé de l’abandonner.


Comprendre – Le participe présent est formé sur l’imparfait du verbe.
Ainsi, « il fatiguait » donne « fatiguant », et « il convainquait »
« convainquant ». Quand ils sont employés comme adjectifs, ces termes,
qu’on n’associe plus spontanément au verbe correspondant, reprennent une
orthographe plus « traditionnelle » : « fatigant », « convaincant ».

Pour savoir s’il s’agit d’un adjectif verbal ou d’un participe présent, on
peut se demander s’il est possible d’accorder ou nom le mot.

C’est un travail fatigant/C’est une tâche fatigante (adjectif verbal).


Ce travail me fatiguant trop/Cette tâche me fatiguant trop (participe
présent).

On peut également se demander s’il est possible d’ajouter « très » devant le


mot. Si c’est possible, il s’agit de l’adjectif (« un travail très fatigant ») ;
dans le cas contraire, il s’agit du participe.

Exigeance/exigence
La règle – L’adjectif « exigeant » s’orthographie avec un –a, tandis que le
nom « exigence » n’en prend pas.

C’est une femme très exigeante avec ses employés.


Tu n’as qu’à formuler tes exigences.
À l’inverse, on sera attentif au terme « vengeance », que l’on voit souvent
orthographié « vengence ».

Sans chemise, sans pantalon


La règle – La préposition « sans » s’emploie normalement avec un nom au
singulier, puisque par définition, dans l’expression « sans problème », la
quantité de problème est nulle. Néanmoins, on emploie le nom au pluriel
quand ce qui est désigné ne peut exister qu’au pluriel : « un prêt sans
intérêts », parce qu’un prêt ne peut avoir que des intérêts, et non un intérêt.

Elle est où la têtête ?


Attention à l’expression « sens dessus dessous », souvent orthographiée de façon fautive « sans
dessus dessous ». Il ne s’agit pas de dire qu’on ne peut plus distinguer le haut du bas, mais que
les choses ont été retournées, mises à l’envers, et que le dessous est au-dessus. L’expression, qui
était au départ « c’en dessus dessous » (« ce qui est dessus en est placé dessous »), peut par
exemple s’appliquer aux pratiques médiévales, où les armoiries des traîtres, des « félons »,
étaient publiquement suspendues à l’envers, « sens dessus dessous », cette inversion du symbole
familial valant comme marque d’infamie.
Cherchez l’erreur !
Suite et fin d’une employée modèle

Moi qui ait tendance à être spontanée, j’avais décidé d’écarter les avertissements de mes
collègues, auquel je ne croyais pas vraiment, et d’aller soumettre mes idées malgrés tout. On
allait quand même pas m’accuser d’être trop zélé ! En entrant dans le bureau d’Émilie Jaubard,
pourtant, j’ai vite comprit que la situation risquait de dégénérer.
Elle était assise dans un espèce de fauteuil en bois qui lui donnait l’air d’une institutrice
revêche, et tenait à la main une grande règle rigide qu’elle tapotait nerveusement sur la pointe de
ses ongles. Je suis entrée dans le bureau, nous nous sommes regardées quelques secondes, et,
alors que nous ne nous étions même pas encore parlées, j’ai compris immédiatement
l’avertissement qu’elle me lançait. Elle venait de me signifier qu’elle était la plus intelligente de
l’entreprise, et que je ferais mieux de ne pas m’aviser de lui faire de l’ombre. Non pas qu’il fût
facile de distinguer la moindre expression sur le visage orgeuilleux d’Émilie Jaubard : les traits,
tous tirés, façonnés par la grâce de Monseigneur Bistouri, semblaient empaquetés sous de la
cellophane. Une statue de cire made in clinique : c’est en tous cas la formule que je m’étais
répétée dès que je l’avais vu, et qui avait soudain mise à jour la nature réelle de mon
interlocutrice. Ces mots que j’avais formé malgré moi ne cessaient de raisonner à mon esprit, et
je l’imaginais au milieu des couloirs de Grévin, le teint un peu graisseux, prise en tenailles entre
Zinedine Zidane et Line Renaud.
J’ai tout fait pour réprimer le rire qui me venait aux lèvres et le transformer en un sourire de
soumission, mais ça ne devait pas être très convainquant, puisque la statue s’est levée
brusquement et s’est mise à s’agiter dans tout les sens en me lançant à la figure des bribes de
language décousu : « Bon où en êtes-vous ? Ça fait cinq fois que je vous appele, vous ne m’avez
pas entendue ? Vous avez eu le temps de regarder les dossiers que je vous avais laissé ? Ça va,
vous vous adaptez ? Je sais que le travail est très exigant, mais il faut qu’on arrive à avancer. »
J’ai sauté sur l’occasion d’une de ses respirations pour essayer d’insérer une phrase, et lui ai
tendu mes propositions. Elle a fait mine de feuilleter le dossier, en tournant les pages comme si
elle avait voulu les passer au déchiqueteur : « Vous n’y êtes pas du tout, ce n’est pas ce que je
vous demande ! Les propositions, je les ai déjà fait, ce n’est pas votre rôle ; vous, vous devez me
faire des notes. » Elle passait à l’offensive, et je n’étais pas prête à me laisser faire, mais j’avais à
peine réussit à finir ma première phrase de défense qu’elle me lançait d’une voix suraiguë :
« Taisez-vous, je suis en train de vous parler ! C’est fatiguant à la fin : il va falloir que vous
perdiez cette habitude de vouloir toujours avoir le dernier mot – et le premier aussi, d’ailleurs. Je
vois bien que vous avez des difficultés avec l’autorité : vous allez devoir faire des efforts. »
Je suis retournée piteusement dans mon bureau : le long du couloir, la limace, la frite et les
autres s’étaient amassés pour assister à la mise à mort, et me regardaient avec un air de
compassion satisfaite et enjouée. J’étais des leurs à présent, de la troupe des petites bêtes
fébrilement recroquevillées sous leur table. Mais ils ne m’auraient pas comme ça : je pris à ce
moment la décision de tout quitter, de tout plaquer de cette vie de chien, et de partir enfin vivre
mes rêves. J’ai toujours rêvé d’un cadre plus calme, plus proche de la nature : une ferme en
Lozère, avec l’étable et le grenier, du bois du sol au plafond. C’était décidé, je partirai le soir
même sans délais. Oui, ce soir ! Ou peut-être demain. On ne sait jamais, ma proposition 32 était
quand même bien.

Correction
moi qui ai – auxquels je ne croyais pas – malgré tout – on n’allait quand même pas – être zélée –
j’ai vite compris – dans une espèce de fauteuil – nous ne nous étions même pas encore parlé –
sur le visage orgueilleux – tout tirés – c’est en tout cas – dès que je l’avais vue – et qui avait
soudain mis au jour – que j’avais formés – ne cessaient de résonner – ça ne devait pas être très
convaincant – tous les sens – des bribes de langage – cinq fois que je vous appelle – que je vous
avais laissés – est très exigeant – je les ai déjà faites – j’avais à peine réussi – c’est fatigant – je
partirais – sans délai
Chapitre VI

L’APPEL DU LARGE

« La chair est triste hélas ! et j’ai lu tous les livres.


Fuir ! là-bas fuir ! je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux. »
Mallarmé
GRAMMAIRE

L’interrogation indirecte
La règle – L’ordre des mots dans l’interrogation indirecte (« Je me
demande si », « Je ne sais pas ce que », etc.) est le même que dans la phrase
traditionnelle, dite « déclarative ».
Je ne sais pas ce que c’est. Je me demande de quoi il s’agit.

En aucun cas on ne peut appliquer dans ces propositions l’ordre des mots de
la phrase interrogative, et inverser le sujet : « Je me demande de quoi s’agit-
il », « On ne sait pas qui est-ce ».
Les interrogations qui commencent par « qui », « que », « de quoi », font
des interrogations indirectes en « qui/ ce qui », « ce que », « ce dont/de
quoi ».

Qui est venu ?


• Je ne sais pas qui est venu.

Qu’est-ce que tu veux ?


• Je me demande ce que tu veux.

De quoi as-tu besoin ?


• J’aimerais bien comprendre ce dont/de quoi tu as besoin.
On veillera à ne pas employer les formes fautives « qui est-ce qui », ou
« qu’est-ce qui » pour ces phrases, comme on l’entend souvent : « Je ne sais
pas qui est-ce qui est venu », « Je me demande qu’est-ce que tu veux ».
Ce type de phrases se termine par un point, et non par un point
d’interrogation, comme on le lit souvent, surtout quand la phrase est
longue : « On se demandera en quoi cette situation représente un problème
pour la suite des opérations ? ». Cette tendance vient d’une perception
globale du sens de la phrase, puisqu’il s’agit effectivement d’une valeur
d’interrogation. Le choix du point ou du point d’interrogation n’est pourtant
pas lié à ce sens, mais à l’organisation des types de phrases, qui distingue
très clairement les constructions interrogatives, « En quoi cette situation est-
elle un problème ? », des constructions déclaratives, « On se demandera en
quoi cette situation est un problème. »

L’accent circonflexe
Les verbes à accent circonflexe – Certains verbes conservent toujours leur
accent circonflexe. On sera particulièrement attentif aux verbes suivants,
souvent mal orthographiés : « brûler », « bâiller » (attention l’accent est sur
le –a), « traîner », « bâtir ».
Les verbes en –aître et en –oître (« paraître, apparaître, disparaître,
connaître, naître, croître, accroître ») prennent un accent circonflexe
uniquement quand le –i final est suivi d’un –t.

Il paraît, nous connaîtrons, vous disparaîtrez, croître, mais nous


paraissons, vous naissez, ils connaissent.

Le verbe « plaire » ne prend un accent circonflexe qu’à la 3e personne du


singulier.

S’il te plaît, s’il vous plaît.


Et dans un bâillement avalerait le monde…
(Baudelaire)
Il ne faut pas confondre le verbe « bâiller » et l’expression « bayer aux corneilles ». Si les deux
mots semblent proches, l’expression ne signifie pas que l’on bâille, mais que l’on a la bouche
ouverte, le verbe « bayer » étant un verbe ancien pour signifier « être ouvert » (radical que l’on
retrouve dans « béer », « béance ».)

Noms et adjectifs à accent circonflexe – On sera attentif à l’accent


circonflexe des noms suivants : « traître », « maître », « trêve », « pâte »,
« abîme ».
On distinguera bien :
« jeune », contraire de « vieux », et le « jeûne », période pendant
laquelle on ne mange pas ;
un « mur » de maison, et l’adjectif « mûr », qui renvoie au nom
« maturité ».
À noter : on entend de plus en plus l’adjectif « mature » pour désigner
quelqu’un qui fait preuve de maturité. Cet emploi, inspiré de l’anglais, est
fautif : on dira ainsi qu’un enfant est « très mûr pour son âge », et non « très
mature ».

Sur/sûr, du/dû – On distinguera bien la préposition « sur » (« Le livre est


sur la table ») et l’adjectif « sûr » (« Il est très sûr de lui »).
On distinguera également le déterminant « du » (« du pain », « le fils du
voisin »), et la forme « dû », qui peut être le participe du verbe « devoir »
(« Il a dû partir », « Ça ne vous est pas dû »), ou un nom (« réclamer son
dû »).
L’accord de « sûr » et de « dû » – L’adjectif « sûr » conserve son accent au
féminin et au pluriel : « sûre, sûrs, sûres », tandis que « dû » le perd : « due,
dus, dues ».

Elle est très sûre d’elle. Ils sont sûrs d’obtenir ce qu’ils veulent.
J’ai réclamé la somme qui m’était due. On lui a témoigné les égards dus
à sa fonction.

Le notre/Le nôtre – « Notre » est un déterminant possessif qui complète un


nom, et qui appartient à la série « mon, ton, son, notre, votre, leur », tandis
que « le nôtre » est un pronom, qui appartient à la série « le mien, le tien, le
sien, le nôtre, le vôtre, le leur ».

Nous avons vendu notre maison.


Ils ont visité la maison de Pierre, mais pas la nôtre.

Pour ne pas oublier l’accent circonflexe sur « le nôtre », ou ne pas le


placer abusivement sur « notre », il suffit de se fier à la prononciation.
« Notre » se prononce avec un [o] ouvert, comme dans « pomme »,
tandis que « le nôtre » se prononce avec un [o] fermé, comme dans
« bateau ».
e
Il fût/il fut – La 3 personne du passé simple ne prend jamais d’accent
circonflexe : « il fut », « il eut ».
Comprendre – Cette faute très courante a une double origine : d’une part,
nos cerveaux d’écoliers ont retenu les formes bizarres du passé simple
« nous eûmes », « vous eûtes », et placent spontanément un accent
circonflexe sur toutes les autres formes du même temps. Par ailleurs, le
passé simple étant devenu une forme littéraire et peu usitée, l’ajout d’un
accent circonflexe nous semble à la mesure de la noblesse du mot. Ces deux
réflexes sont pourtant fautifs, puisque l’accent circonflexe ne se place au
passé simple que sur le « nous » et le « vous ». C’est au subjonctif imparfait
que l’on trouve les formes « fût », « eût », « fît ». Ce temps très littéraire,
largement tombé en désuétude, peut encore s’employer à la 3e personne du
singulier pour les verbes courants, quand le verbe au subjonctif est introduit
par un verbe principal au passé ou au conditionnel.

C’est un homme excessivement avare, bien qu’il soit riche à millions.


C’était un homme excessivement avare, bien qu’il fût riche à millions.
Cherchez l’erreur !
1732. Après des mois de navigation, le Conquérant aborde l’Amérique. À son bord, Jacques de
la Truandière a pour désir de découvrir et d’étudier le peuple des Tataorous : aidez-le à rédiger
la lettre qu’il envoie à son ami Bernard de Raidille, resté à Paris.

C’est une chose bien admirable que l’Amérique : on imagine guère les extravagances dont
font preuve les habitants de cette immense espace, et la distance qui s’établit de leur civilisation
à la notre. Malgrés tout les égards que nous avons témoigné aux Tataorous dès notre arrivée sur
l’île, il fût presque impossible pour nous de faire s’évanouir dans leurs esprits les préventions
qu’ils nourissaient vis-à-vis de cet étrange animal qu’est pour eux l’homme blanc. Des jours
durant, nous avons du affronter des attitudes diverses et contradictoires : les uns voyaient en
nous les images de leurs divinités ; certains autres, quoique leur opinion reçût peu d’écho chez
les habitants de l’île, nous regardaient comme quelque créature démoniaque, envoyée pour
répandre le feu et les larmes sur leur peuple : quiconque a reçu certaines lumières sur les
civilisations anciennes et en connait les croyances sait que le paganisme s’accompagne
habituellement de mille superstitions diverses, auquel ces populations n’échappaient pas. La
proposition fut faite par les chefs de village d’organiser une épreuve pour déterminer notre
humanité, et de nous soumettre au jugement des éléments, en nous plongeant dans le feu pour
observer si nous en réchapperions. La chose parût convainquante aux habitants de l’île : quand à
nous, vous pouvez juger qu’elle ne dût pas présenter le même intérêt à nos yeux. Pour s’assurer
contre ce péril, nous avons décidé de nous conformer aux mœurs et au language de ceux dont
nous occupions les terres, et de chercher par là à atténuer la surprise extrême qu’ils avaient
conçu au spectacle de nos habits pourtant ordinaires. Voilà ainsi deux semaines que nous avons
changé nos costumes pour des accoutrements que nôtre pudeur réprouvait, mais que la difficulté
que j’ai évoquée nous imposait. Ainsi vêtus, ou, faut-il le dire, dévêtus, nous nous sommes
intégrés à leur industrie, ou l’habileté y dispute à la minutie, et avons accepté de nous soumettre
à des coutumes dont je n’ose pas faire de vives peintures, et que je vous exposerais peut-être
dans une lettre ultérieure. Je dois vous dire, cher ami, qu’en dépit de mes craintes je me trouve
bien aise de ce changement de climat, et que la morale que nous prisons tant m’apparait à présent
bien moins digne de foi. Dès lors que les Tataorous ont tissé avec nous un commerce des plus
agréables, je n’exclue pas de demeurer auprès d’eux plus de temps que je ne l’avais prévu, et de
goûter les particularités de ce peuple, dont je ne laisse pas d’admirer le goût certain pour le
bonheur.

Correction
on n’imagine guère – cet immense espace – à la nôtre – malgré tous les égards – nous avons
témoignés – il fut – qu’ils nourrissaient – nous avons dû – et en connaît les croyances –
auxquelles – la chose parut convaincante – quant à nous – qu’elle ne dut pas – aux mœurs et au
langage – la surprise qu’ils avaient conçue – que notre pudeur réprouvait – leur industrie, où
l’habileté le dispute à la minutie – que je vous exposerai – la morale que nous prisons tant
m’apparaît – je n’exclus

Si il/s’il
La règle – On n’oubliera pas de faire l’élision entre « si » et « il » : « s’il »,
ainsi qu’entre « que » et tous les mots commençant par une voyelle :
« qu’il », « qu’elle », « qu’avait », etc.
On sera également attentif à l’élision du « de » devant une voyelle, et à ne
pas dire ou écrire « un livre de Alfred de Musset », mais « un livre d’Alfred
de Musset ».

Comprendre – La forme fautive « si il », qui est rigoureusement


impossible, peut avoir deux origines : dans certains cas, nous détachons
effectivement les deux mots à l’oral, et croyons pouvoir faire de même à
l’écrit. Dans d’autres, nous sommes au contraire saisis par un réflexe de sur-
correction orthographique : on a le sentiment que l’écrit impose d’écrire
complètement tous les mots, et l’on finit par faire des fautes à force de
vouloir bien faire.

Le Sud/sud de la france
La règle – Les points cardinaux prennent une minuscule quand ils
désignent une orientation (« faire route vers le sud »), et une majuscule
quand ils désignent un lieu (« On dirait le Sud »). Ils prennent en revanche
une minuscule quand ils sont suivis d’un complément de lieu introduit par
« de », puisqu’ils ne désignent pas à eux seuls un lieu (« le sud de la
France »).
ORTHOGRAPHE LEXICALE

Voir/voire
La règle – On distinguera bien le verbe « voir » de la conjonction « voire »,
qui signifie « ou même ».

Il n’y a rien à voir.


Il doit avoir quatre-vingts, voire quatre-vingt-dix ans.

Point trop n’en faut


On bannira l’expression « voire même », qui a tendance à se répandre et qui est un pléonasme de
la pire espèce, puisque « voire » signifie déjà « ou même ». Dans le même esprit, on évitera « au
jour d’aujourd’hui », qui répète deux, ou même trois fois, la même chose : « hui » signifiant déjà
« ce jour », « au jour d’aujourd’hui » revient à écrire « au jour d’au jour d’au jour ».

Connection/connexion
La règle – Sept mots se terminent par –xion en français : « connexion,
réflexion, annexion, flexion, fluxion, crucifixion, complexion ». On sera
particulièrement attentif aux deux premiers, que l’on trouve parfois sous la
forme fautive « connection », « réflection », sans doute sous l’influence de
l’anglais.
Cherchez l’erreur !
René est sans nouvelles de sa femme Josiane depuis deux semaines. Voilà qu’il reçoit une carte
postale : aidons-le à en corriger l’orthographe pour qu’il puisse la lire à son aise.

Comme Paris semble loin à présent ! Sous la lumière du Sud de l’Italie, parmis le maquis.
C’est face à une mer de gala, qui brule de tout les bleus que l’on peut imaginer, que je t’écris.
Avant, je n’avais pour seul espoir que quelques jours de vacances, arraché aux semaines mornes
et vides, et dès le premier jour de ce répit bien mérité, je comptais le temps qu’il me restait.
Mais, à présent, ma vie elle même, toute entière, est devenu vacances, grandes vacances : sans
téléphone, sans connection internet, sans obligation d’aucune sorte. Je ne me demande plus si il
faudra faire la poussière en rentrant, combien de temps la remise en route de la maison prendra-t-
elle. Capri est une splendeur. Il ne faut pas croire ses snobs qui mégotent sur l’Italie, qui
préfèrent mourrir plutôt que de voir Capri. Si tu voyais cela : depuis la terrasse de ma suite
princière (j’ai du renoncer à la suite « reine mère » qui était occupée, et qui sera pour la semaine
prochaine), je regarde avec nonchalance (j’ai décidé de ne plus faire d’efforts en rien) les voiles
blanches navigant à l’horizon, comme des épingles piqués doucement sur les vagues. Je bois un
martini dry, voir deux, le masseur de l’hôtel fait ce qui faut pour prendre soin de mon dos
d’ancien forçat du monde du travail. Plus tard, j’irais faire un tour au casino, dépenser, perdre,
sans compter : tu n’imagines pas le bien que cela peut faire. Mais non, je suis sure que tu ne peux
pas imaginer, et tu ne peux pas contempler cet mer de velours. Ne cherche pas, mon ange, la
pochette où était ton billet de loto, c’est moi qui l’avait rangé. Comme toujours, je prend soin de
tes affaires. Cela fait vingt ans que je prend soin de tes affaires. Figures toi que ce billet était
gagnant. Enfin, toi qui joue depuis des années au bingo du Comité de quartier, sans jamais rien
gagner, voilà que tu décroches le gros lot au loto, et dès le premier coup. Tu as eu raison de
t’acharner. Merci mon loup, je bois un dernier verre de Martini à ta santée.

Correction
la lumière du sud de l’Italie – parmi le maquis – qui brûle de tous les bleus – quelques jours de
vacances, arrachés – ma vie elle-même, tout entière, est devenue – sans connexion – je ne me
demande plus s’il – combien de temps prendra la remise en route – croire ces snobs – qui
préfèrent mourir – j’ai dû renoncer – les voiles blanches naviguant – des épingles piquées – un
martini dry, voire deux – fait ce qu’il faut – j’irai – je suis sûre que – cette mer de velours – c’est
moi qui l’avais rangée – je prends soin (x2) – figure-toi – toi qui joues – à ta santé

Devellopement/développement
La règle – « Développement » prend un –l et deux –p, « professionnel » un
–f et deux –n.

Comprendre – Les formes « dévellopement », « dévelloppement »,


« proffessionnel » ou « proffessionel » font partie des erreurs que l’on
trouve le plus fréquemment dans les CV et les lettres de motivation. Les
deux dernières rappellent aux enseignants l’inimitable « proffesseur », à la
place de « professeur », que les élèves continuent à écrire après avoir passé
quinze ans sur les bancs de l’école, sans doute en signe de protestation
muette et obstinée.

Pourquoi les élèves persistent-ils à écrire


« proffesseur » ? La valeur des lettres vue par Samuel
Beckett
« Moi je l’appelais Mag, ma mère, quand je devais lui donner un nom. Et si je l’appelais Mag
c’était qu’à mon idée, sans que j’eusse su dire pourquoi, la lettre g abolissait la syllabe ma, et
pour ainsi dire crachait dessus, mieux que toute autre lettre ne l’aurait fait. Et en même temps je
satisfaisais un besoin profond et sans doute inavoué, celui d’avoir une ma, c’est-à-dire une
maman, et de l’annoncer à haute voix. Car avant de dire mag on dit ma, c’est forcé. »

Samuel Beckett, Molloy

Occurence/occurrence
La règle – On sera attentif à l’orthographe souvent malmenée de ces deux
mots : occurrence et vraisemblance. « Occurrence » prend deux –c et deux
–r ; « vraisemblable », « invraisemblable », « vraisemblance », bien que
l’on y entende le son [s], ne prennent pas deux –s mais un seul.
Comprendre – « Occurrence » pose indéniablement problème, puisque
l’on est habitué à écrire « courir », avec un seul –r. Les deux mots viennent
effectivement du verbe latin curro, mais les aléas de l’évolution phonétique
ont fait que le terme a conservé ses deux –r dans « occurrence », et un seul
dans « courir ». Pour ce qui est du occ–, il faut comprendre que l’origine du
terme est un préfixe et un verbe, « ob – curro » : on retrouve le préfixe ob–
que l’on entend dans « obstiné », « oblitérer », « obtenir », etc., le –b s’étant
aligné sur le –c qui suit pour faciliter la prononciation : « oc – curro ».
Pour ce qui est de « vraisemblable », il faut retenir qu’il s’agit du collage de
deux mots : « vrai + semblable ».

Débarasser/débarrasser
La règle – Les verbes « débarrasser », « annihiler » et « aggraver »
prennent deux consonnes.

Imbécilité/imbécillité
La règle – En dépit de leur prononciation, les noms « imbécillité » et
« tranquillité » prennent deux –l. Si l’on ne trouve pas la faute sur
« tranquillité », puisque l’on est habitué à écrire « tranquille »,
« imbécillité » peut poser davantage de problèmes, dans la mesure où l’on
écrit à l’inverse « imbécile », avec un seul –l. Il faut donc être bien attentif à
cette forme pour ne pas commettre l’erreur d’écrire « imbécilité ».
L’homme sans qualités
On n’oubliera pas les règles inlassablement répétées à l’école primaire, parmi lesquelles : « Les
noms en –té et en –tié ne prennent pas de –e final, sauf les noms exprimant un contenu (« la
bouchée, la pelletée… ») et les cinq exceptions : pâtée, dictée, jetée, montée, portée ». On ne
peut donc en aucun cas écrire « la véritée », « une qualitée ».

Un différent/un différend
La règle – L’adjectif « différent », qui est le contraire de « semblable,
identique », ne doit pas être confondu avec le nom « un différend », avec un
–d, qui signifie « un désaccord, un conflit ». On écrira donc « Ils ont eu un
différend », et non « Ils ont eu un différent ».
Cherchez l’erreur !
Voilà Arthur à la veille de son premier jour comme guide touristique au célèbre tombeau
d’Amerpoisonis. Aidez-le à écrire au propre le brouillon du texte de sa visite, blagues incluses…

Vous voyez à votre droite – droite, pas gauche ou derrière vous – des statues du premier
millénaire avant Jésus-Christ, qu’a sans doute façonné un esclave du pharaon Amerpoisonis III.
À cette époque, malgrés leur grande maitrise technique, les artistes étaient des esclaves dont on
pouvait se débarasser dès qu’on le souhaitait : pas question de mutuelle proffessionnelle ni de
chômage ! Ça a du être pratique pour se faire construire toutes les pyramides que l’on voulait.
Avançons, s’il vous plait. Vous aussi, M. Hublot. Dans cette salle, dédiée aux méthodes
d’embaumement, vous trouverez tout les outils nécessaires à cette opération délicate, mais très
bien maitrisée alors. On approche pas des tire-boyaux, c’est dangereux. Devant vous – pas à
droite, ni à gauche –, le sarcophage du fameux Amerpoisonis III. Remarquez la qualitée du lin,
ni gris ni blanc, couleur du temps. Mais je m’égare. M. Hublot, nous sommes ici. Admirez l’écho
de la salle : je vous propose que nous crions tous ensemble pour l’entendre. Allez, donnez de la
voie ! Voilà, incroyable non ? Les hiéroglyphes ont été mis à jour par les archéologues il y a une
quarantaine d’années. Ils datent d’une époque antérieure, non datée à ce jour. Vous observerez
que ces symboles, qu’on a jamais pu identifier entièrement, et qui ont été tracés il y a plus de
mille, voir même dix mille ans, voir même cent mille ans, sont parfaitement conservés. Je vous
donne la traduction que les spécialistes ont reconstitué : « Repose grand Roi, toi qui a été exclus
du monde des vivants, toi que la mort a anihilé, repose dans le sein de la déesse Isispanis, qu’elle
t’acceuille au royaume des grands vivants à tête de chat, qu’elle te fasse boire le lait de la nuit
sacrée, bleue et violette. » Je vois que vous frémissez. En l’occurence il y a de quoi. On ne
plaisante pas avec les têtes de chat dans la Moyenne supérieure d’Égypte. D’ailleurs, je
concluerais cette visite en vous proposant de vous arrêter une minute devant l’effigie de
Ratmosis, le dieu à tête de chat. M. Hublot, nous sommes ici. De facture classique, en basalte
alvéolé et matelassé, cette statue témoigne de la perfection de l’art statuaire auquel était parvenu
les Égyptiens d’alors. Vous noterez les couleurs, rose fluorescent, les oreilles délicatement
ciselées. Hello Kitti est l’inscription partielle que nous avons retrouvé, et qui est sans nul doute,
selon les experts du Louvre, le nom de cette divinité.

Correction
qu’a sans doute façonnées – malgré leur grande maîtrise – dont on pouvait se débarrasser –
mutuelle professionnelle – ça a dû – s’il vous plaît – tous les outils – très bien maîtrisée – on
n’approche pas – la qualité – je vous propose que nous criions – donnez de la voix – les
hiéroglyphes ont été mis au jour – qu’on n’a jamais pu identifier – voire dix mille ans – voire
cent mille – la traduction que les spécialistes ont reconstituée – toi qui as été exclu – la mort a
annihilé – qu’elle t’accueille – en l’occurrence – je conclurai – à laquelle étaient parvenus les
Égyptiens – l’inscription que nous avons retrouvée
Chapitre VII

L’HEURE DU CRIME

« La vérité, c’est une agonie qui n’en finit pas. »


Céline
Le pluriel des noms composés
La règle – La logique générale de l’accord est d’ajouter un –s au mot quand
il fait référence à une pluralité d’objets ; il est donc impossible d’appliquer
cette marque du pluriel aux verbes, qui ne renvoient pas à des objets mais à
des actions. De même, on peut avoir des milliers de « porte-monnaie », tous
servent à porter « la » monnaie, et non « des monnaies » : le nom
« monnaie » restera donc singulier.
Un chou-fleur (un chou qui ressemble à une fleur).
• Des choux-fleurs (des choux qui ressemblent à des fleurs).

Un timbre-poste (un timbre pour la poste).


• Des timbres-poste (plusieurs timbres pour la poste).

Un porte-monnaie (un objet qui porte la monnaie).


• Des porte-monnaie (des objets qui portent la monnaie).

Un sèche-cheveux (un objet qui sèche les cheveux).


• Des sèche-cheveux (des objets qui sèchent les cheveux).

Les différents cas de figure sont les suivants :

Nom + nom, adjectif + adjectif, nom + adjectif : les deux éléments


s’accordent (« des grands-parents », « des sourds-muets », « des basses-
cours »).

Le second élément ne s’accorde pas quand il est complément du premier, et


relié à lui par une préposition explicite (« des arcs-en-ciel », « des chefs-
d’œuvre ») ou implicite (« des timbres-poste » = des timbres pour la poste).
Le premier élément ne s’accorde pas quand il est coupé, puisqu’il est dans
ce cas « soudé » au second : « des tragi-comédies », « des micro-siestes ».

Verbe + nom, adverbe + nom, verbe + verbe : verbes et adverbes sont


invariables. Seul le nom s’accorde, selon qu’on peut le multiplier ou
pas.

Des perce-neige, des tire-bouchons, des arrière-pensées, des laissez-


passer (verbe + verbe), des savoir-faire (verbe + verbe).

Les numéraux
La règle – Les chiffres inférieurs à cent sont reliés par un trait d’union, sauf
ceux qui sont déjà reliés par « et ».

Quatre-vingt-huit, trente-deux, trois cent quarante-six, mais quarante et


un, mille deux cent trente et un, puisque le « et » suffit ici à assurer la
liaison.

Tous les chiffres sont invariables, sauf « cent » et « vingt », qui s’accordent
au pluriel uniquement lorsqu’ils ne sont suivis d’aucun autre chiffre.

Deux mille trois cents, quatre cents, quatre-vingts mais deux mille trois
cent vingt, quatre cent trois, quatre-vingt-deux.

On sera particulièrement attentif aux fautes suivantes :


L’accord abusif des chiffres : « deux milles », « quatres enfants »,
voire « cents euros » (prononcés « cent-z-euros »). Cette dernière
erreur vient du sentiment qu’il s’agit d’un pluriel puisqu’il y a
plusieurs euros, alors qu’il n’y a en réalité qu’une seule centaine, et
que « cent » est donc au singulier.
L’accord de « vingt » et « cent » alors qu’ils sont suivis par d’autres
chiffres : « quatre-vingts-trois », « trois cents six ».
L’emploi de l’expression « mille et un », « mille et une », qui ne
peut pas s’accorder au pluriel. Ici encore, nous avons tendance à
ajouter un –s parce que le nom est au pluriel. On reconnaîtra
néanmoins qu’il serait étrange de mettre le nombre « un » au
pluriel : si « un » n’exprime pas le singulier, qui le fera ? On écrira
donc « les mille et une nuits », et non « les mille et unes nuits ».

Cherchez l’erreur !
522 : cinq cents vingt deux
3 418 : trois milles quatre cents dix-huit
6 212 : six milles deux cent douze
4 200 : quatre mille deux cent
180 : cent quatre vingt
892 : huit cents quatre-vingts douze

Correction
cinq cent vingt-deux – trois mille quatre cent dix-huit – six mille deux cent douze – quatre mille
deux cents – cent quatre-vingts – huit cent quatre-vingt-douze

Les adjectifs de couleur


La règle – On accorde les adjectifs de couleur, sauf quand :
la couleur est exprimée par deux mots : « des chemises bleu pâle »,
« des manteaux vert foncé/jaune poussin/bleu marine » ;
la couleur est exprimée par deux mots reliés par « et » : « une nappe
bleu et vert », « des couchers de soleil rouge et or » ;
la couleur vient d’un nom de chose : « des pochettes marron », « des
cahiers orange ».
Exceptions – « Rose », « mauve », « écarlate », « fauve » et « pourpre »
s’accordent (« des cahiers roses », etc.).
Cherchez l’erreur !
Le crime de Colombo

Elle a du pensé qu’elle m’aurait la vieille bique, avec ses quatre-vingts deux ans et ses robes
marrons à fleurs. Mais c’est que je connais la chanson. Je fais parti de la maison, j’en connaîs les
coins, les recoins, j’ai tous les laissez-passers. Plus de trentes années que j’ai passées au service
de sa Majesté, brigade des crimes spéciaux. Médaille d’or du meilleur enquêteur du district en
1954. Ah ça, des affaires, on peut dire que j’en ai traitées. On pourrait faire des films entiers de
mes histoires, des trois cents douze crimes que j’ai résolu, des quatre cents criminels que j’ai
coincés, mais on aurait pas le courage de tous les recenser. Et parmis les plus malins, les plus
retors, les plus arrogants. Mais elle disparaîssait vite leur belle arrogance quand ils comprenaient
qu’ils étaient faits comme des rats, que Colombo allait les mettre en cabane pour vingt cinq ans
au moins. À la brigade, aucun assassin ne nous a résistés, aucun ne nous a échapés. Aucun. Ni le
juge assoiffé de vengence, ni le docteur amoureux de sa sœur, ni la vieille ratatinée et bouffie
d’orgeuil qui voulait se débarasser de son jeune voisin : personne ne dupe Colombo, personne
n’entrave le dévelopement de son enquête. Aucun scénario ne m’éblouit. Je comprends tout, je
renifle le coupable à plus de cents kilomètres. Je détecte le mensonge, qu’il vienne du Nord, du
Sud, de l’Ouest. Je lis dans l’âme noire des criminels comme à livre ouvert. Les petites cellules
grises foncées qui tapissent mon cerveau comme un damier n’ont pas finis de tourner. Et, comme
je le disais, ce n’est pas une vieille permanentée bleue pétrole du Sud de l’Angleterre quiva me
faire peur. Quelle imbécilité ! Le crime parfait, le scénario sans bavure, c’est moi qui les ait
inventé.

Correction
elle a dû penser – quatre-vingt-deux ans – ses robes marron – je fais partie – j’en connais – les
laissez-passer – plus de trente années que j’ai passé – on peut dire que j’en ai traité – trois cent
douze – que j’ai résolus – on n’aurait pas le courage – parmi les plus malins – elle disparaissait –
vingt-cinq ans – ne nous a résisté – ne nous a échappé – assoiffé de vengeance –bouffie d’orgueil
– qui voulait se débarrasser – personne n’entrave le développement – à plus de cent kilomètres –
qu’il vienne du nord, du sud, de l’ouest – cellules gris foncé – n’ont pas fini – permanentée bleu
pétrole – du sud de l’Angleterre – quelle imbécillité – c’est moi qui les ai inventés

Après que
La règle – Contrairement à « avant que », « après que » est suivi de
l’indicatif et non du subjonctif.

Comprendre – Qu’on compare les deux propositions suivantes :

Je suis allé la voir avant que tu viennes.


Je suis allé la voir après que tu es parti.

Dans le premier cas, l’action qui suit « avant que » (« venir ») n’est pas
encore réalisée au moment où la première action se déroule : elle est encore
de l’ordre du possible, n’est pas pleinement inscrite dans le réel. C’est la
raison pour laquelle on emploie le subjonctif. Dans le second cas, c’est le
contraire : l’action de « partir » est déjà pleinement réalisée au moment où
l’action principale (« aller la voir ») commence. On emploie donc
l’indicatif, plutôt associé au « réel ».

Honneur à la faute !
Il n’est pas rare que des formes fautives finissent par trouver grâce dans la langue, et par devenir
la norme grammaticale ou orthographique. À la Renaissance, la prononciation populaire
négligente, marquée par une tendance à l’inversion des syllabes, a ainsi fini par faire autorité : la
« berbis », du latin berbicem, est devenue une « brebis », tandis que la « pauverté », du latin
paupertatem, que l’on entend encore dans l’anglais poverty, est devenue « pauvreté ».

Quelque soit/quel que soit


La règle – Dans « quel que soit », « quel que » s’écrit toujours en deux
mots. « Quel » et « soit » doivent être accordés avec le sujet qui suit : « quel
que soit le problème », « quelle que soit la solution », « quelles que soient
tes difficultés ».
Comprendre – La forme fautive « quelque soit » vient d’une confusion
avec le déterminant « quelque », que l’on trouve dans « quelques jours »,
« quelques mois ». Dans la formule « quel que soit », « quel » est en réalité
un adjectif, celui que l’on retrouve dans l’interrogation : « Quel est le
problème ? » Il permet d’évoquer la nature du sujet sans la préciser, soit
parce que cette nature est inconnue (« Quel est le problème ? »), soit parce
qu’elle est indifférente (« Quels que soient tes problèmes, tu n’as pas à agir
de cette façon », c’est-à-dire « Que tes problèmes soient grands ou qu’ils
soient petits »).

En cas de doute, on pourra remplacer « quel » par « aussi grand ».


« Quelles que soient tes difficultés » équivaut ainsi à « aussi grandes
que soient tes difficultés ».

Quelque roi qu’il soit, il n’en est pas moins homme.


On trouve « quelque », en un seul mot, employé dans cette tournure très littéraire, dont le sens
est « même s’il est roi ». L’emploi de « quelque » est ici proche de celui de « tout » dans « tout
roi qu’il est ».

Notament/notamment
La règle – Les adverbes en –ment qui se prononcent [ament], comme
« notamment », prennent toujours deux –m, tandis que ceux qui se
prononcent [ement], comme « rapidement », n’en prennent qu’un.

Comprendre – Une fois que l’on a compris cette répartition des doubles –
m, somme toute assez simple, la difficulté se pose de savoir si l’on écrit –
amment ou –emment. Il suffit pour cela de regarder l’adjectif dont dérive
l’adverbe : si l’adjectif s’écrit –ent, comme « évident », l’adverbe
correspondant s’écrit –emment, « évidemment » ; si l’adjectif s’écrit –ant,
comme « bruyant », l’adverbe qui en dérive s’écrira –amment,
« bruyamment ».
On retiendra bien l’orthographe de « notamment », très souvent mal
orthographié.

Putaing cong !
Pourquoi y a-t-il deux –m dans les adverbes comme « notamment » ? Tout simplement parce que
ces adverbes étaient prononcés en français médiéval [notan’men’te] : le premier –m servait alors
à noter le [an], et le second le son –m. À partir de la Renaissance s’opère le processus dit de
« dénasalisation » : les voyelles nasales comme [an] sont progressivement prononcées [a]. Cette
dénasalisation n’a pourtant pas été suivie de la même façon dans toutes les régions de France :
c’est ainsi la trace de ces prononciations nasalisées que l’on retrouve dans l’accent marseillais et
son célèbre « putaing ».

Ambigüe/ambiguë
La règle – Les adjectifs en –gu (« ambigu, contigu, aigu, exigu… »)
prennent un tréma uniquement au féminin : le tréma se place alors sur le –e,
et non sur le –u.
Comprendre – Le tréma sert à signaler que deux voyelles qui se suivent ne
se prononcent pas ensemble mais séparément : « héroïque » (on prononce
ainsi hé-ro-ique, et non [érouac]), « laïc » (la-ic, et non [lèc]). Comme on le
voit, le tréma se place toujours sur la seconde des deux voyelles.
La compréhension de l’usage du tréma permet de résister aux deux
mouvements spontanés que l’on peut avoir pour « ambigu » :
Le premier serait d’écrire « ambigü », le tréma étant ici inutile puisqu’il
n’y a qu’une seule voyelle. C’est uniquement pour les formes féminines
que le problème se pose, puisque « ambigue », sans tréma, se
prononcerait [anbig].
Le second serait d’écrire « ambigüe », puisque l’on a le sentiment qu’il
faut marquer la syllabe que l’on prononce (le –u), alors que le tréma se
place toujours sur la seconde voyelle.

Cherchez l’erreur !
Flashback

C’est le genre de vieille bique qui parait si mesquine qu’on a envie de l’appeler Miss, même
si tout le monde est sur qu’elle est née dans le Nord de la Franche-Comté. Miss Marpeule. Un
nom à coucher dehors, au froid, sans mari. Et c’est bien ce qu’il lui est arrivé à la Miss
Marpeule. Elle me tournicote autour, me décoche de sa voix suraigüe ses banderilles de
questions, qu’elle a minutieusement affûté, mais, tel un matador, j’esquive, je dilue, j’élude,
j’élide, et autres noyages de poisson. Mais, je croyais, cher monsieur Colombo, que vous étiez
parti à la pèche au gros à cette date ? Vous m’avez dit avoir péché un poisson de quarante deux
kilos, me semble-t’il ? Et, pourtant, le loueur de bateau est resté sans nouvelle de vous, et
Monsieur Azlamour assure vous avoir croisé, votre assistante et vous, au karaoké de l’Auberge
rouge. Une fâcheuse méprise, grince-t-elle, en balafrant sa face de reinette de son sourire ambigü
de serpent. Je me souviens notament, en la voyant, de cette affaire sordide de la banlieue Est de
Lille, où deux gosses avaient été séquestré par une femme fatale sur le retour, ancien agent
immobilier. Elle avait le même sourire inquiétant que cette sorcière de Marpeule. Mais en tous
cas, elle ne m’aura pas. Impossible : quelque soit son habileté, mon crime est insoupçonnable et
invraissemblable. Il n’a pas encore eu lieu. Elle devine peut-être mes noirs desseins, la soif de
vengeance qui me ronge, et qui me cuit les tripes. Eh bien, je ferais un chef-d’œuvre
d’assassinat, d’une pierre deux coups, sans appel ni rémission : c’est de la mort de cette vieille
bique à face de reinette que sera accusé Azlamour. Quelque soit ses tords, ou son innocence, il
devait y passer. Après le différent qui nous avait opposés, je devais laver dans le sang l’affront
qu’il m’avait fait ; il y passera, c’est certain… le reste de ses jours dans une cellule de prison de
trois mètres sur quatres.

Correction
qui paraît – tout le monde est sûr – le nord de la Franche-Comté – ce qui lui est arrivé – de sa
voix suraiguë – des questions qu’elle a minutieusement affûtées – la pêche au gros – avoir pêché
– quarante-deux – me semble-t-il – vous avoir croisés, votre assistante et vous – de son sourire
ambigu – je me souviens notamment – la banlieue est de Lille – avaient été séquestrés – mais en
tout cas – quelle que soit son habileté – invraisemblable – je ferai un chef-d’œuvre – quels que
soient ses torts – après le différend – trois mètres sur quatre
La langue Française/la langue française
La règle – On met une majuscule au nom de nationalité quand il s’agit d’un
nom, et une minuscule quand il s’agit d’un adjectif qui complète un nom.
Quand il s’agit de la langue, on ne met jamais de majuscule (« parler le
français »).

Les Français (nom), la langue française (adjectif), un vin italien


(adjectif), les Grecs (nom).
À noter : Attention à l’orthographe souvent malmenée de « grec », qui fait
son féminin en « grecque ».
Les Grecs. La langue grecque.

À quel saint se vouer ?


Lorsque l’on parle de la personne d’un saint, on écrit « saint » avec une minuscule, sans trait
d’union : « une prière à sainte Rita ». Dans tous les autres cas (quand on désigne un lieu, une
institution, une fête, un ordre religieux, etc.), on écrit « saint » avec majuscule et trait d’union :
« le lycée Saint-Louis », « le métro Saint-Augustin », « rue Saint-Denis », « la Saint-Nicolas ».

Leur, leurs
La règle – « Leur » peut être un pronom signifiant « à eux », ou un
déterminant possessif. On emploi « son/sa/ses » quand il y a un seul
possesseur, et « leur » quand il y en a plusieurs.
Je leur ai dit la nouvelle.
• J’ai dit la nouvelle à eux.

Ils sont venus avec leurs enfants.


• Il est venu avec ses enfants.
Quand il s’agit du pronom « leur » (« à eux/à elles »), la forme est
invariable et ne prend jamais de –s.
Pour le déterminant « leur », la règle est un peu plus subtile : si chaque
possesseur possède plusieurs objets, la forme se met au pluriel, « leurs » ; si
chaque possesseur possède un seul objet, la forme se met au singulier,
« leur ».
Qu’on compare les phrases suivantes :

Ils sont tous venus avec leur enfant.


Ils sont tous venus avec leurs enfants.

Dans le premier cas, on suppose que chacun a un seul enfant, tandis que
dans le second on suppose qu’ils ont plusieurs enfants chacun. On écrira
ainsi : « Ils ont enlevé leur chapeau », mais « Ils ont enlevé leurs
chaussures », dans la mesure où l’on a a priori un seul chapeau et deux
chaussures.

On peut chercher à remplacer « leur » par « lui ». Si c’est possible, il


s’agit du pronom invariable. Dans le cas contraire, il s’agit du
déterminant.

On retiendra également que le pronom invariable s’emploie nécessairement


devant un verbe, tandis que le déterminant se trouve par définition devant
un nom.

Rénumérer/rémunérer
La règle – On sera attentif à la forme de ces deux verbes « rémunérer » et
« obnubiler », souvent mal orthographiés et mal prononcés. Il s’agit bien du
verbe « rémunérer », et non « rénumérer », et du verbe « obnubiler », et non
« omnubiler », voire « omnibuler », comme on le lit parfois.

Comprendre – La forme fautive « rénumérer » vient sans doute d’une


association spontanée entre la rémunération et les « numéros », la valeur
monétaire. Le verbe vient en réalité du latin munerare qui signifie
« récompenser, gratifier ». « Obnubiler » signifie quant à lui originellement
« couvrir d’un nuage » ; on y entend la trace du mot latin nubes, qui a
donné en français « nuage », « nue » et « nuée ».

S’avérer
La règle – On veillera à ne pas employer la formule « s’avérer vrai », qui
est un pléonasme, puisque « s’avérer » signifie déjà « se révéler vrai ». On
n’emploiera pas non plus « s’avérer faux », qui est illogique, pour les
mêmes raisons.

Une demie-heure/une demi-heure


La règle – « Demi » est invariable quand il est placé avant le nom, mais
s’accorde avec le nom quand il est placé après lui. On écrit ainsi : « une
demi-heure », mais « deux heures et demie ».

Poste restante
De la même façon, « ci-joint » est invariable avant le nom, mais s’accorde quand il est placé
après le nom. « Ci-joint les pièces demandées », mais « les pièces ci-jointes ».
Quasi-désert/quasi désert
La règle – On emploie un trait d’union lorsque « quasi » précède un nom
(« la quasi-totalité des participants »), mais pas quand il précède un adjectif
(« L’endroit était quasi désert »). On évitera par ailleurs d’écrire
« quasiment », qui relève du langage familier.
Cherchez l’erreur !
Agatha quitte la scène : dans un dernier effort, aidez-la à baisser le rideau avec panache.

Le monde entier pleure l’une des plus grandes romancières de la littérature Anglaise, au
language si précis et si piquant, et qu’ont tant aimé les lecteurs de tout âge. Agatha Christie s’est
éteinte ce matin dans son appartement de l’ouest de Londres, rue saint James, après que Sa
Majesté en personne lui ait décernée la médaille du crime. Mais quelque soit sa fin, celle qui a
inventé le crime, qui a imaginé milles et unes intrigues de meurtres ne pouvait pas quitter la
scène sans mystère. Sa mort, que la police a constatée à neuf heures et demie, une demie heure
après l’appel de son maitre d’hôtel, est en tous cas entourée de zones d’ombre. Certaines
circonstances, notament dans la nuit qui a précédé la mort, sont particulièrement ambigües,
quasi-incompréhensibles : pourquoi avaler une croûte aux morilles au vin d’Arbois malgrés son
allergie aux champignons, et malgré l’abstinence à laquelle elle s’est astreinte depuis ses quatre
vingt ans ? Pourquoi donner rendez-vous à son neveu, François Frocart, alors qu’ils ne se sont
pas vus et ne se sont pas dits un mot depuis plus de vingt trois ans, depuis le terrible différent qui
les a opposés. La célèbre romancière avait en effet refusé de lui avancer les fonds qu’il lui avait
réclamé pour sa maison d’édition de livres pour chats non voyants, et dont il considérait qu’ils
lui étaient dûs. Si il a nié toute implication, le jeune homme, plus si jeune d’ailleurs, a été
apperçu alors qu’il quittait le domicile de Lady Agatha, et la presse toute entière, omnubilée par
la mort de cette idole littéraire, regorge de questions. En concluerons-nous que la reine du crime
a été elle-même victime d’un assassin, voir d’une bande criminelle ? Qu’elle a elle-même
souffert le martyr, comme les personnages de ses romans ?
À quelle intrigue inédite et invraissemblable allons-nous assister ? Tous les détectives privés,
proffesionnels et amateurs, sont sur le pont de guerre pour mettre à jour les secrets de l’affaire,
tandis que le public attend avec avidité le dévellopement du dernier roman d’Agatha.
Malheureusement, Pirot n’est plus, et toutes les hypothèses qu’a formulé Jean-René de
l’Espérance, un espèce d’alcoolique, soit-disant spécialiste du crime mais qui ne parait pas avoir
le même coefficient de cellules grises que son prédécesseur, se sont avérées fausses.

À suivre…

Correction
la littérature anglaise – au langage si précis – qu’ont tant aimée – rue Saint-James – après que Sa
Majesté lui a décerné – quelle que soit sa fin – qui a imaginé mille et une intrigues – une demi-
heure – son maître d’hôtel – en tout cas – notamment dans la nuit – particulièrement ambiguës –
quasi incompréhensibles – malgré son allergie – ses quatre-vingts ans – ne se sont pas dit un mot
– plus de vingt-trois ans – le terrible différend – les fonds qu’il lui avait réclamés – qu’ils lui
étaient dus – s’il a nié – a été aperçu – la presse tout entière – obnubilée – en conclurons-nous –
voire d’une bande – souffert le martyre – inédite et invraisemblable – professionnels – pour
mettre au jour – le développement – toutes les hypothèses qu’a formulées – une espèce
d’alcoolique – soi-disant – qui ne paraît pas avoir – se sont révélées fausses
ÉPILOGUE

Ce qu’il ne faut surtout pas dire


quand on veut avoir de la classe

NE DITES PLUS JAMAIS

« Il n’y a pas d’autre alternative » mais « Il n’y a pas d’autre


possibilité/solution ».
Une « alternative » est un choix entre deux solutions, et non l’une de
ces solutions : « Je suis confronté à une alternative ».
« Je m’en rappelle », mais « Je me le rappelle ».
Le verbe « se rappeler » est suivi d’un COD : « Il se souvient de son
enfance », mais « Il se rappelle son enfance ».
« Il le considère coupable », mais « Il le considère comme coupable ».
Le verbe « considérer » est toujours suivi de « comme ».
« Ce n’est pas de cela dont il s’agit », mais « Ce n’est pas de cela qu’il
s’agit ».
« Je suis sur Paris », « Je travaille sur Lille », mais « Je suis à Paris »,
« Je travaille à Lille ».
« Je me suis retenu de ne pas l’insulter » mais « Je me suis retenu de
l’insulter ».
« Des problématiques », mais « des problèmes ».
« Pallier à un problème » mais « pallier un problème ».
« C’est de ma faute », mais « C’est ma faute ».
« Au final », mais « finalement/en définitive/somme toute ».
« De par », mais « par », tout simplement.
« Dû à », mais « en raison de ».
« Le ressenti », mais « le sentiment ».
« Le vécu », mais « l’expérience ».
« Il a écrit un papier » (dans une revue) mais « Il a écrit un article ».
« Stopper », mais « arrêter/bloquer/endiguer ».
« Impacter », mais « affecter ».
« Prioriser » mais « privilégier », « accorder la priorité à ».
« Solutionner », mais « résoudre ».
« S’illusionner », mais « se faire des illusions ».
« Décrédibiliser » mais « discréditer ».
« Supporter une équipe », mais « soutenir une équipe ».
« Générer », mais « engendrer » ou « produire ».
« Un espèce d’abruti » mais « une espèce d’abruti ».
« Il est très mature » mais « Il est très mûr ».
« Par contre », mais « en revanche ».
« Suite à », mais « à la suite de » ou « après ».
« Ramener un livre », mais « rapporter un livre ».
On « ramène » une personne, on « rapporte » un objet.
« Elle s’est permise de » mais « Elle s’est permis de ».
« Je vous serais gré », mais « Je vous saurais gré », du verbe « savoir
gré ».
« Loin s’en faut », mais « tant s’en faut ».
« La deuxième guerre mondiale » mais « la seconde guerre
mondiale ».
On emploie « deuxième » quand il y a plus de deux éléments, mais
« second » quand il n’y en a que deux. Parler de « deuxième guerre
mondiale » suppose donc qu’il y en a eu une troisième.
« À l’intention de », pour une lettre, mais « à l’attention de ».
« Mr », abréviation anglaise de « Mister », mais « M. ».
« Bonjour », en début de lettre ou de mail, mais « (Cher) Monsieur,
(Chère) Madame, (Cher) Pierre », selon le destinataire.
« Gageure » prononcé comme « plongeur » : il faut prononcer [gajür],
comme dans « parjure ».
« Arguer » prononcé [gé], comme « narguer » : il faut prononcer [güé],
comme « englué ». L’orthographe est ici particulièrement vicieuse
puisque l’absence de tréma nous trompe sur la prononciation.
Index

a/à 1
accord du participe passé 1
accord du participe passé avec « en » 1
accord du participe passé avec les verbes pronominaux 1
accord du participe passé (cas particuliers) 1
accord du verbe et de son sujet 1
acquérir 1
adverbes (–ment) 1
aggraver 1
–ai/–ais (j’aimerai/j’aimerais) 1
alternative 1
ambigu/ambiguë 1
annihiler 1
apercevoir 1
appeler 1
après que 1
arguer 1
au final 1
au jour d’aujourd’hui 1
auquel 1
s’avérer 1
bel/belle 1
ça/sa 1
cardinaux (points) 1
cauchemar 1
censé/sensé 1
c’est/s’est 1
ces/ses 1
cet/cette 1
champ 1
chaque, chacun 1
il choisit/il a choisi 1
circonflexe (accent) 1
nous conclurons 1
connexion 1
considérer comme 1
contredire 1
convaincre 1
couleurs (adjectifs) 1
créée 1
–ction/–xion ? 1
d’ailleurs 1
davantage 1
débarrasser 1
décrédibiliser 1
de par 1
demi/demie 1
deuxième/second 1
développement 1
différent/différend 1
dilemme 1
dont 1
du/dû 1
dû à 1
–é ou –er ? (aimé/aimer) 1
élision 1
en tout cas 1
envoyer 1
exclus 1
exigence 1
faire long feu 1
faisait/ferait 1
familier 1
fatigant/fatiguant 1
fictif/fictive 1
fini 1
français/Français 1
fut/fût 1
futur et conditionnel 1
gageure 1
générer 1
grec/grecque 1
–iez ou –iiez (que vous criiez) 1
s’illusionner 1
imbécillité 1
impacter 1
impératif des verbes 1
inclus 1
infatigable 1
nous influerons 1
interrogation indirecte 1
jeune/jeûne 1
la/l’a 1
la plupart de 1
laïc/laïque 1
langage 1
leur/leurs 1
majuscule 1
malgré 1
malgré que 1
martyr/martyre 1
mature 1
mettre à jour/mettre au jour 1
mourir 1
mur/mûr 1
nourrir 1
nombres 1
noms composés 1
notamment 1
notre/le nôtre 1
nous-mêmes 1
obnubiler 1
occurrence 1
on/ont 1
on n’y voit rien 1
or/hors 1
orgueil 1
ou/où 1
où 1
pallier un problème 1
par contre 1
parmi 1
parti/partie 1
participe présent (–guant/–gant, –quant/–cant) 1
passé composé (conjugaison du) 1, 2
passé simple (conjugaison du) 1
pause/pose 1
pêcher/pécher 1
peindre, craindre 1
elle s’est permis 1
pouvoir, vouloir 1
présent (conjugaison du) 1
prêt/près 1
professionnel 1
pu 1
public/publique 1
quand/quant 1
quasi désert/quasi-totalité 1
quelque/quel que soit 1
qui le/qu’il 1
qui/qu’il 1
raisonner/résonner 1
ramener/rapporter 1
se rappeler 1
réflexion 1
relatif 1
rémunérer 1
résoudre 1
le ressenti 1
saint Paul/Saint-Paul 1
satire/satyre 1
satisfaire 1
sens dessus dessous 1
s’il 1
soi-disant 1
soutien/soutient 1
stopper 1
ils se sont succédé 1
sud/Sud 1
suite à 1
supporter 1
sur/sûr 1
sur Paris/à Paris 1
tache/tâche 1
noms en –té 1
tort/tord 1
tout/tous 1
travail/travaille 1
tréma 1
une espèce de 1
va ou vas ? 1
vas-y 1
le vécu 1
verbes à double consonne 1, 2
verbes en –faire et en –dire 1
verbes en –indre et en –soudre 1
voie/voix 1
voir/voire 1
vraisemblable 1
y a-t-il 1
TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos - L’orthographe est une fête

Présentation de l’ouvrage - There is method in my madness…

Chapitre premier - À L’ASSAUT

Grammaire - Les difficultés de l’accord

L’accord du verbe avec son sujet

L’accord en genre et en nombre

Le travaille/le travail

Homophones

On, ont

à, a

Aimé, aimer

Orthographe lexicale

Familie/familier

D’avantage/davantage

Malgrés/malgré

Appercevoir/apercevoir

Chacuns/chacun
Chapitre II - EN PLEIN CŒUR

Grammaire - Conjugaison de l’indicatif, de l’impératif et du conditionnel

La terminaison des verbes au présent

Il choisit/il a choisi

J’envois/j’envoie

Je peus/je peux

Il convaint/il convainc

Nous acquierrons/nous acquerrons

Nous appellons/nous appelons

Il résoud/il résout

Vous vous satisfaisezs/vous vous satisfaites

Vas/va

Je ferai/je ferais

Homophones

Ça/sa

Ces/ses

C’est/s’est

Orthographe lexicale

Pause/pose

Tache/tâche

Tort/tord

Chapitre III - HONNEUR AUX PERDANTS

Grammaire

L’accord du participe passé


Faisant, faisait, feront

Homophones

La/là/l’a

Tout/tous

Orthographe lexicale

Cauchemard/cauchemar

Prêt/près

Champs/champ

Soit-disant/soi-disant

Or/hors

Chapitre IV - AUX FOURNEAUX

Grammaire

L’accord du participe passé : cas particuliers

Créée

Exclus/exclu

Il faut que vous voyez/que vous voyiez

Nous concluerons/nous conclurons

Homophones

Qui le/qu’il

Censé/sensé

Raisonner/résonner

Satire/satyre

Pêcher/pécher

Voie/voix
orthographe lexicale

Orgeuil/orgueil

Dilemne/dilemme

Chapitre V - À LA SUEUR DE TON FRONT

Grammaire

La construction des relatives

On y voit rien/on n’y voit rien

Homophones

Ou/où

Parti/partie

Martyr/martyre

Quand/quant

Mettre à jour/mettre au jour

Orthographe lexicale

Nous même/nous-mêmes

Un espèce de/une espèce de géant

Language/langage

Grammaire

Fatigant/fatiguant

Exigeance/exigence

Sans chemise, sans pantalon

Chapitre VI - L’APPEL DU LARGE

Grammaire
L’interrogation indirecte

L’accent circonflexe

Si il/s’il

Le Sud/sud de la france

Orthographe lexicale

Voir/voire

Connection/connexion

Devellopement/développement

Occurence/occurrence

Débarasser/débarrasser

Imbécilité/imbécillité

Un différent/un différend

Chapitre VII - L’HEURE DU CRIME

Le pluriel des noms composés

Les numéraux

Les adjectifs de couleur

Après que

Quelque soit/quel que soit

Notament/notamment

Ambigüe/ambiguë

La langue Française/la langue française

Leur, leurs

Rénumérer/rémunérer

S’avérer
Une demie-heure/une demi-heure

Quasi-désert/quasi désert

Épilogue - Ce qu’il ne faut surtout pas dire quand on veut avoir de la classe

Index
www.puf.com
This le was downloaded from Z-Library project

Your gateway to knowledge and culture. Accessible for everyone.

z-library.se singlelogin.re go-to-zlibrary.se single-login.ru

O cial Telegram channel

Z-Access

https://wikipedia.org/wiki/Z-Library
ffi
fi

Vous aimerez peut-être aussi