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Guide de Survie Orthographique (Jean-Baptiste Frossard)
Guide de Survie Orthographique (Jean-Baptiste Frossard)
• Des rappels qui reviennent sur les fautes de français les plus fréquentes, en
exposant la règle à connaître (La règle), l’explication de cette règle et de
son origine (Comprendre), ainsi que certaines astuces « pour éviter la
faute » (symbole astuce : ).
À L’ASSAUT
La tâche que le directeur t’as confiée/t’a confiée – Il faut être attentif aux
cas où le verbe est précédé d’un pronom, en particulier d’un pronom élidé
(m’, t’, l’, etc.) Dans ce cas, l’esprit a naturellement tendance à associer le
verbe et le pronom qui lui est accolé, alors même que ce pronom ne
correspond pas au sujet. On voit ainsi souvent la forme fautive « le
directeur t’as confié » : bien que le sujet du verbe soit évidemment « le
directeur », la proximité du « t’ » peut conduire à accorder
automatiquement le verbe à la 2e personne.
J’ai lu le livre que regardent les enfants quand j’avais dix ans.
Il faut laisser la porte ouverte pour que soient respectées les consignes
de sécurité.
Une histoire fictif/fictive – Les adjectifs dont le féminin est en –ive ont un
masculin en –if : « fictif/fictive », « caritatif/caritative ». La tendance
contemporaine à une prononciation moins marquée de ces syllabes finales
contribue à diffuser dans les copies d’étudiants des formes fautives comme
« une action caritatif ».
Le travaille/le travail
e
La règle – Il ne faut pas confondre la 3 personne des verbes, « il
travaille », « il maintient », « il calcule », et les noms correspondants, « le
travail », « le maintien », « le calcul ».
Faute au carré
Il n’est pas rare de lire la forme fautive « le quotidient », par analogie avec des formes déjà
fautives comme « le soutient ». « Quotidien » est un adjectif et un nom qui ne dérive pas d’un
verbe : là encore, il suffit de mettre la forme au féminin pour s’assurer de son orthographe :
« quotidienne ».
Cherchez l’erreur !
Qu’il était beau, le temps du certificat d’études, celui où les simples poilus écrivaient à leurs
parents et à leur femme des lettres à l’orthographe impeccable ! Le mythe a la vie dure : Arthur
Parisson, pourtant, semble avoir échappé aux leçons des instituteurs de la IIIe République.
Aidons-le à corriger les fautes d’accord de sa lettre.
Ma cher Maman,
Je t’écris cet lettre de la ville de R., où les officiers ont décidé que nous passeriont quelques
jours. As-tu reçu le colis que t’as envoyé Pierre ? Je lui ai demandé de te transmettre cette
ensemble de documents et de souvenirs pour que tu voies tous les efforts que représentent la vie
au front, et le travail quotidient que nécessitent les mouvements continuelles des troupes. Ici au
moins nous pouvont prendre un peu de repos, oublier pour quelques instants les horreurs qu’on
voie tous les jours dans les tranchées. J’espère que j’aurai bien vite une permission pour venir te
voir et te raconter toute la vérité sur ce qu’on vie : l’opinion public colporte tellement de
mensonges !
Je t’embrasse,
Ton Arthur
Correction
ma chère – cette lettre – nous passerions – que t’a envoyé – cet ensemble – que représente
(sujet : vie) – le travail quotidien – les mouvements continuels – nous pouvons – qu’on voit – on
vit – l’opinion publique
HOMOPHONES
On, ont
La règle – « On » est un pronom impersonnel que l’on emploie uniquement
comme sujet (« On ne comprend rien »). « Ont » est la 3e personne du
pluriel du verbe « avoir » conjugué au présent (« Ils ont trois enfants »).
On peut chercher à remplacer la forme par l’imparfait « avaient ». Si
c’est possible, il s’agit du verbe avoir, « ont » ; dans le cas contraire, il
s’agit du pronom « on ».
Ils ont compris ce que nous voulions leur dire.
• Ils avaient compris ce que nous voulions leur dire.
à, a
La règle – « a » sans accent est la 3e personne du présent du verbe
« avoir » ; « à » est une préposition (« à la maison », « choses à faire »).
On peut chercher à conjuguer le verbe. Si l’on peut remplacer « a » par
« avait », c’est qu’il s’agit du verbe ; dans le cas contraire, il s’agit de la
préposition « à ».
Aimé, aimer
La règle – La forme « aimé » correspond au participe passé du verbe,
employé dans les temps composés (« j’ai aimé », « j’avais aimé »), dans les
passifs (« Paul est aimé par Virginie ») et comme adjectif (« la femme
aimée »), tandis que la forme en –er, « aimer », est l’infinitif du verbe
(« L’essentiel c’est d’aimer », « Comment se faire aimer ? »).
Il s’agit sans doute de la faute la plus typique, celle que l’on rencontre
le plus, dans tout type d’écrits. Il est assez simple de vérifier que la
forme est correcte en employant la technique bien connue des écoliers,
e
qui consiste à remplacer le verbe en –er par un verbe du 3 groupe,
comme vendre.
Cherchez l’erreur !
Rien ne subsiste à l’horizon que des terres brûlées, des villages désertés et détruits par leurs
propres habitants. Le général Roulier parviendra-t-il à avancer à travers les terres de Russie et
à éviter le désastre de l’armée napoléonienne face aux troupes de Sanderevitch ? Aidez son aide
de camp à corriger la missive qu’il envoie à Bonaparte sur l’état des troupes.
Le travaille de sape des populations russe ont fait s’effondré tous les efforts qu’avaient
déployés notre armée depuis deux semaines. On ne voit que des ruines a des dizaines de
kilomètre a la ronde. Rien pour se ravitailler ou s’abriter : les ressources vont venir a manquer.
Le morale des hommes est inquiétant : le froid gagne, la résignation qu’ont a laissé se développé
finira par se transformer en désespoir si nous ne prenont pas des mesures radicales. Les rumeurs
les plus folles court sur Sanderevitch et sur les forces qu’a accumulées son armée. Il faut faire
entendre raison a l’armée, et réduire au silence ceux qui on contribué à diffuser le mensonge. Je
recommande la plus grande sévérité : il est urgent d’agir.
Correction
le travail – russes – a fait – s’effondrer – qu’avait (sujet : armée) – à des dizaines de kilomètres –
à la ronde – à manquer – le moral – qu’on a laissé – se développer – prenons – courent – à
l’armée – ont contribué
ORTHOGRAPHE LEXICALE
Familie/familier
La règle – Les adjectifs « familier » et « passager » se terminent par –er.
D’avantage/davantage
La règle – « Davantage » s’écrit en un seul mot, tandis que « d’ailleurs »
s’écrit en deux mots.
Appercevoir/apercevoir
La règle – Le verbe « apercevoir » ne prend qu’un –p. Les verbes
« courir », « mourir » et « marier » ne prennent qu’un –r, tandis que
« nourrir » en prend deux.
Moyens mnémotechniques
Chacuns/chacun
La règle – Les mots « chaque » et « chacun » n’existent qu’au singulier : il
est donc impossible d’écrire « chaques » ou « chacuns ». « Ils ont chacun
leur maison », et non « Ils ont chacuns leur maison ». Les pronoms qui se
rapportent à ces termes doivent également être au singulier : « Chacun est
reparti, son sac sur le dos », et non « Chacun est reparti, leur sac sur le
dos ».
Comprendre – « Chacun » ne considère pas collectivement mais
successivement les éléments d’un ensemble ou d’un groupe, de façon
singulière, comme si l’on disait, pour « Chacun a mangé deux carrés de
chocolat » : « x a mangé deux carrés de chocolat ; y a mangé deux carrés de
chocolat ; z a mangé deux carrés de chocolat ». C’est cette singularisation
qu’il faut avoir à l’esprit quand on l’utilise.
Citoyens !
Ce sont des jours de peine et de souffrance que traversent aujourd’hui notre vieux pays.
Quoi ! sans que ni honneur ni gloire ne les retienne, les gouvernants de la République nouvelle,
celle en qui nous avions laissé reposé tous nos espoirs, nous soumettrons a cette humiliation ! À
la honte de la débâcle et de la défaite ! Malgrés tous les hommes qui sont chacuns venus mourrir
parmis les balles des Prussiens pour défendre le visage familier de la France qui les avaient
enfantés et nouris, malgrés le souvenir de ceux qui on nourri le champ de bataille de leurs corps
ensanglantés et meurtris, nous accepterons une mort plus périlleuse encore, celle de notre
liberté ! Nous appercevrons les barbares aux portes de nos villes, régné en maîtres sur nos vies et
nos esprits ! Je conçois le dilemne qui saisit tous les citoyens au seul mot de sédition, mais le
peuple de Paris ne pourra jamais accepté que se ravive les plaies profondes imprimées dans nos
chairs par des siècles d’oppression. En ces temps obscurs, où la République nous trahit et se
trahit elle-même, je n’aperçois que deux chemins qui puissent s’offrir à nous : vaincre, ou périr.
Correction
que traverse – laissé reposer – les gouvernants… nous soumettront à – malgré – qui sont chacun
– mourir parmi – la France qui les avait enfantés – nourris – malgré – qui ont nourri – nous
apercevrons – régner – le dilemme – accepter – que se ravivent
Chapitre II
EN PLEIN CŒUR
CONJUGAISON DE L’INDICATIF,
DE L’IMPÉRATIF
ET DU CONDITIONNEL
Il choisit/il a choisi
La règle – La forme « il choisit » correspond au présent de l’indicatif ou au
passé simple, tandis que « choisi » est la forme du participe passé, que l’on
trouve dans les temps composés (« il a choisi », « il avait choisi ») ou
employé comme adjectif (« une situation choisie »).
Comprendre – Si cette erreur s’explique dans la mesure où les deux formes
ne se distinguent pas à l’oral, elle repose sur une incohérence logique très
facile à détecter. Soit la phrase fautive : « Il a choisit d’y aller tout seul. » Il
y a ici deux verbes conjugués au présent qui se suivent : « a », du verbe
« avoir », et « choisit », ce qui prive l’énoncé de toute signification.
Si l’on peut remplacer « choisit » par « choisissait », il s’agit de la
forme conjuguée. Dans le cas contraire, il s’agit du participe passé.
J’envois/j’envoie
La règle – Le verbe « envoyer » se conjugue au présent en « j’envoie, tu
envoies, il envoie », et le verbe « voir » en « je vois, tu vois, il voit ».
Je peus/je peux
La règle – Les verbes « pouvoir » et « vouloir » prennent un –x aux
première et deuxième personnes du singulier, « je peux », « tu peux », et un
e
–t à la 3 personne, « il peut ». On prêtera attention aux éventuelles
confusions entre ces deux terminaisons, « je peut », « il peux ».
Il convaint/il convainc
La règle – Les verbes « vaincre » et « convaincre » gardent le –c de leur
radical au présent : « je convaincs, tu convaincs, il convainc ». On n’écrira
donc pas « il convaint », et on ne confondra pas non plus le présent avec les
formes du passé simple : « je convins, tu convins, il convint ». On fera enfin
attention au subjonctif de ces verbes : « il faut que je (con)vainque, que tu
(con)vainques, qu’il (con)vainque ».
Cherchez l’erreur !
Le général Roulier est parvenu à s’extraire du froid glacial et des terres enneigées de l’empire
du tsar. Sur la route du retour, à la tête d’une armée en débâcle, son regard croise celui d’Helena
Eltern, vendeuse ambulante de bretzels en Prusse orientale. Aidez-le à corriger sa déclaration
d’amour pour qu’il puisse la transmettre au traducteur sans rougir de son orthographe.
Ma belle Helena,
Voilà seulement deux heures que je t’ai quittée, et je ne peus déjà imaginer ce que serait une
vie où je ne pourrais me laisser réchauffé a la chaleur de ton regard. Parmis la foule qui se
pressait autour de tes bretzels, et malgrés le froid qui semblait avoir glacer jusqu’à mon cœur,
j’ai comprit en un instant que rien ne pourrait jamais plus avoir de sens si ce n’était auprès de toi,
et que la seule nouriture dont j’aurais jamais besoin était celle de ta présence. Si je t’envois cet
lettre aujourd’hui et en appele à ta clémence, chère Helena, si j’ai finis par surmonter la crainte et
la pudeur qui continuent à étreindre le cœur d’un vieux soldat, c’est que j’ai résolu de sceller nos
destins par les liens indissolubles du marriage. Épouse-moi Helena, rentre avec moi en France, et
accepte pour compensation de ma vieillesse l’appui indéfectible de mon amour et de ma vertu.
Tu ne me connais pas Helena, mais je te connais, moi, depuis toujours, et je t’aime. Si ma
proposition te convaint, nous acquererons un emplacement pour que tu puisses continuer de tenir
ton petit commerce : on vendra, pour ne pas effrayer les clients français, des brioches et des
pains au chocolat.
Correction
je ne peux – me laisser réchauffer à la chaleur – parmi – malgré – avoir glacé – j’ai compris –
nourriture – si je t’envoie – cette lettre – en appelle – si j’ai fini – mariage – si ma proposition te
convainc – nous acquerrons
Il résoud/il résout
La règle – Les verbes qui se terminent par –indre et –soudre (« craindre »,
« peindre », « résoudre », « dissoudre ») perdent leur –d à toutes les
personnes du présent.
Tous les autres verbes qui se terminent par –dre (« coudre », « prendre »,
« vendre », « attendre », « défendre ») gardent leur –d, et prennent un –d à
la 3e personne du singulier, à la place du –t habituel pour les verbes du
e
3 groupe.
Vas/va
La règle – L’impératif des verbes du premier groupe en –er se termine par –
e, et ne prend pas de –s : « aime tes parents », « mange ta soupe », « pense à
moi ».
Tous les verbes qui font leur impératif en –a ou en –e suivent la même
règle, et ne prennent pas de –s : « va dans ta chambre », « sache ».
Je ferai/je ferais
La règle – La forme en –rai correspond à la première personne du futur,
tandis que la forme en –rais est celle du conditionnel.
Marquise,
C’est un humble pécheur qui se résoud à vous écrire, pour solliciter la clémence et le pardon
de celle dont les grâces illuminent le monde, et font pâlir de jalousie ces trois déesses que Pâris
eut, dit-on, à départager. Croyez-le bien : je ferais tout ce qui me sera commander en pénitence,
si j’apperçois le moindre espoir de racheter mes crimes. Que ne faites-vous de moi le chevalier
vengeur des torts que portent le monde à votre égard ? Que ne me dites-vous comme cette fière
princesse : « Vas, cours, vole et me venge ! » Si seulement vous daigniez baisser vos yeux sur
moi, je pourrai, animé d’un regard, abattre des murailles et renverser des empires. Un seul mot
de vous et je conquererai l’Orient et l’Occident pour en déposer la couronne sur votre front. Ne
vous satisfaisez pas des faibles punitions que commandent la sainte voix de votre infinie
bienveillance : tous les supplices, toutes les douleurs de la contrition me seront doux, s’ils me
rapprochent de vous. S’il faut que je vainces les flammes pour être digne de votre amitié,
puissiez-vous venir vous-même allumer mon brasier à la lueur de vos yeux.
Correction
résout – je ferai – me sera commandé – si j’aperçois – que porte le monde – va, cours – je
pourrais – je conquerrai – ne vous satisfaites – que commande la sainte voix – que je vainque
HOMOPHONES
Ça/sa
La règle – « Ça » est un pronom impersonnel, la forme contractée de
« cela » (« Ça m’ennuie », « Je n’ai jamais pensé à ça », « Ça va ? »), tandis
que « sa » est un déterminant possessif qui introduit un nom (« Il m’a prêté
sa voiture », « Sa mère m’a appelé »).
Si l’on peut remplacer par « cela », c’est qu’il s’agit du pronom « ça ».
S’il s’agit du déterminant « sa », on peut remplacer ce déterminant et le
nom qu’il introduit par « la sienne ».
Ces/ses
La règle – « Ces » est le pluriel du déterminant démonstratif
« ce/cet/cette » (« Peux-tu me mettre ces assiettes sur la table ? »), tandis
que « ses » est le pluriel du déterminant possessif « son/sa » (« Il est reparti
avec ses enfants »).
C’est/s’est
La règle – « C’est » précède un nom, un pronom ou un adjectif qu’il sert à
introduire, à présenter : « C’est moi. C’est beau. C’est mon frère ». Il peut
également précéder « que » dans la formule « c’est que » : « Si je m’endors,
c’est que tu m’ennuies ».
On peut par ailleurs retenir qu’on peut toujours placer devant « s’est » un
« il » ou un « elle », et que « s’est » ne s’emploie que devant un verbe au
participe passé.
Il s’est reposé.
• Je me suis reposé.
C’est ta faute.
• Je me ta faute.
ORTHOGRAPHE LEXICALE
Pause/pose
La règle – Une « pause » signifie un arrêt, une interruption, et ne doit pas
être confondue avec la « pose », dérivée du verbe « poser », qui peut aussi
bien désigner « la pose d’un parquet » que la « pose » que l’on prend devant
le photographe.
Tache/tâche
La règle – Une « tache » est une marque, une salissure (« une tache de
vin », « tacher la nappe », « une tache de naissance »), tandis qu’une
« tâche » désigne quelque chose que l’on doit accomplir (« une lourde
tâche », « une tâche difficile »).
Que sont les –s devenus, Que j’avais de si près tenus
?
L’accent circonflexe a été généralisé à la Renaissance pour noter la présence d’un ancien –s. S’il
paraissait raisonnable d’abandonner le –s, qui ne se prononçait plus depuis longtemps, les
savants ne renoncèrent pas pour autant à ce petit hommage en forme de souvenir nostalgique. On
peut retrouver la trace de cet ancien –s, soit dans les mots de la même famille (« forêt »
→ « forestier »), soit dans certaines langues étrangères (« tâche » → anglais task).
Tort/tord
La règle – « Tort » est un nom qui signifie « faute » ou « mal » : « avoir des
torts », « faire du tort à quelqu’un ». Il ne faut pas le confondre avec « il
tord », 3e personne du singulier du verbe « tordre ». On sera donc attentif à
la faute assez fréquente : « un tord ».
Cherchez l’erreur !
Entre François et Marine, rien ne va plus. Après une nouvelle infidélité de François, Marine,
humiliée, déçue, résignée, se décide à lui envoyer une lettre de rupture définitive. Aidez-la à ne
pas laisser des fautes d’orthographe la discréditer auprès de ce piètre compagnon.
François,
Depuis les cinq années que durent notre relation, je n’ai jamais émit contre toi le moindre
reproche, n’ai jamais laissé s’échappé le moindre mot d’aigreur ou de ressentiment. Si j’ai agit
ainsi, c’est que je croyais que malgrés tes manquements, malgrés tes dérobades, malgrés tes
lâchetés, tu me conserverais cette part de toi à laquelle nul autre que moi ne pourrait accéder, et
dans laquelle pourrait subsisté l’espace intouché de notre couple. Mais quand je regarde
aujourd’hui ce corps autrefois familié, quand j’observe l’expression que l’habitude du mensonge
t’as figée sur le visage, je ne reconnais rien de l’homme que j’ai aimé. Non seulement le
changement que j’appellais de mes vœux ne s’est jamais produit, mais le peut qui me restait,
auquel je me rattachais fébrilement, c’est éteint progressivement. Je ne ferais pas la liste de tes
tords, ne retracerais pas l’histoire chaotique de nos amours : à quoi bon ? Je vains mes peurs, me
résouds à regarder en face ce que nous sommes devenus, en prends mon parti, et me prépare à te
dire adieu. Ce n’est plus d’un temps de réflexion, d’une pose, d’une coupure dont nous avons
chacuns besoin aujourd’hui, mais d’une séparation sans appel et sans retour. Pars, ne m’écris
plus, ne m’appelle plus ; vas chercher ailleurs le pardon que tu me demandes et que je ne suis
plus capable de t’accorder, et taches, s’il se peut, d’apprendre quelque chose de mes adieux.
Marine
Correction
que dure notre relation – jamais émis – laissé s’échapper – j’ai agi – malgré (x3) – pourrait
subsister – autrefois familier – l’habitude t’a figée – j’appelais – le peu – s’est – je ne ferai pas –
de tes torts – ne retracerai – je vaincs mes peurs – je me résous – d’une pause – dont nous avons
chacun besoin – va chercher – tâche
Chapitre III
• dans les relatives qui commencent par « que ». Là encore, « que » reprend
nécessairement le COD.
Broussoises, Broussois,
Depuis plus de vingt ans, la politique qu’a mis en place les centristes de l’extrême a
contribué a défigurer le visage de notre ville, à entraver les changements qu’appelent de leurs
vœux tous nos concitoyens, et à faire prendre à notre développement un retard déplorable.
Malgrés tous les efforts que nous avons déployé, tous les obstacles que nous avons surmonté et
toutes les attaques indignes auxquels nous avons résistés, nos opposants ont réussis, à coup de
stratégies électoralistes et de manipulations politiciennes, à se maintenir aux postes de pouvoir
qu’ils ont recherchés avec tant d’ardeur et d’envie, et dont nul ne semble pouvoir les délogés. Le
temps est venu, Broussois, de faire entendre nos voix, d’exprimer la colère que nous avons
accumulé au spectacle de l’injustice et de la corruption, et de redonner enfin le pouvoir à ceux
qui jamais n’aurait dû l’abandonné.
L’espoir du retour du Roi, que nous nourissons tous, sonnera le commencement d’une
politique de charitée aussi ambitieuse que prospère, qui, en fesant de notre ville un véritable
laboratoire en termes d’initiative sociale, saura répondre aux besoins des miséreux, dont les
dirigeants actuels se sont lâchement détournés. La première des dix résolutions que notre parti a
conçu et rédigé avec le souci infatigable du bien commun concernera ainsi la mise en place d’un
plan d’urgence dans le secteur du bâtiment, et la construction dans les plus brefs délais de mille
châteaux sociaux aux bordures de la cité : tant il est vrai qu’on ne saurait sans cruauté ajouter la
laideur à la pauvreté.
Depuis des décennies, l’extrême-républicanisme a cru à tord que la recherche infinie du
profit ouvrirait la voie à un monde de concorde et d’opulence : l’évolution de notre pays a finis
par jeter la lumière la plus crue sur l’inanité de leur entreprise. Aujourd’hui, le règne du
libéralisme sauvage et de la concupiscence doit cesser ! L’ordre doit être restauré, et les valeurs
de notre monarchie séculaire restituées ! Que revienne le temps béni de Saint Louis ! Que vaince
l’esprit éternel de la France !
Broussois, la tache est immense, mais je me résouds à en relever le défi : portée par vos
suffrages, je m’acquitterais de la charge que vous m’aurez confiés avec la dignité, la gravité et la
superbe qui ont toujours caractérisées les royalistes de gauche !
La/là/l’a
La règle – « La » est un pronom personnel qui reprend un complément
d’objet direct (COD) féminin ; « là » est un adverbe de lieu, qui équivaut à
« ici » ; « l’a » correspond au verbe « avoir » à la 3e personne du singulier,
précédé du pronom « le » ou « la » élidé.
La confusion la plus fréquente porte sur les formes « la » et « l’a ».
Dans le premier cas, il s’agit uniquement d’un pronom ; dans le second,
d’un pronom suivi d’un verbe.
Tout/tous
La règle – « Tout » est invariable quand il s’agit d’un adverbe qui signifie
« entièrement », « complètement », et s’accorde dans les autres cas.
Tout homme est mortel. Tous les enfants vont à l’école. Il a mangé tout le
fromage.
• Un adverbe, invariable, qu’on peut remplacer par « entièrement ».
On écrit une telle forme uniquement parce qu’il serait assez laid de dire :
« Elle est tout petite ». Il faut donc faire attention à ne pas généraliser cet
emploi : quand l’adjectif commence par une voyelle, on écrit bien « une
tout autre affaire », et non « une toute autre affaire ».
Cherchez l’erreur !
La violente attaque d’Audrey Bebert n’a guère plu à Leonor Cortes, présidente du PCE (Parti
des centristes de l’extrême) et actuelle maire de la ville. Aidez-la à rédiger son communiqué
pour contrer son adversaire.
Broussoises, Broussois,
Il y a deux jours, notre équipe a de nouveau été l’objet d’une attaque directe et frontale de la
part des royalistes de Gauche. Qu’ont ne s’y trompe pas en tous cas : à travers nous, c’est à la
République toute entière que s’attaque Audrey Bebert, à cette République qui la vue naître, qui
la nourri, et qui lui a permise d’arriver aux fonctions qu’elle occupe aujourd’hui. Cette
République, je ne la défendrais pas par de vains mots, et ne m’abaisserais pas à user des
manœuvres démagogiques et illusionnistes qu’emploient sans vergogne mon adversaire. C’est
par les actes, Broussois, par les actions que nous avons entreprit et les résultats auxquels nous
sommes parvenus, que je défendrais et illustrerais les vertus de notre régime.
Vous le savez tous : la politique que nous avons menée depuis plus de vingt ans c’est
illustrée par une audace inouïe dans les domaines sociaux et culturels. Châteaux sociaux,
réclames les royalistes à corps et à cris ? Comment accorder la moindre considération à un projet
aussi dérisoire, lorsque nous avons nous-mêmes lancé un vaste plan de construction de villas
pavillonnaires, et avons fait en sorte que chaque famille pourvue de deux enfants acquierre la
propriété d’un monospace et d’un labrador ? Lorsque nous avons agit au quotidient, sans fléchir,
pour pallier à l’excès de croissance, et lui permettre de se stabiliser à 0 %, trimestre après
trimestre, année après année ? Lorsque nous avons tous fait pour que chaque enfant puissent
atteindre une réussite scolaire moyenne, à l’abri de l’échec comme de l’excellence ?
Que dire des animations culturelle ? Faut-il rappeller l’accueil mitigé que vous avez tous
réservés au spectacle de Noël ? Les mines parfaitement impassibles que vous avez arboré à
l’occasion de la pose collective de la moquette dans le hall de la salle des fêtes ?
Je sais que vous vous satisfaites de notre politique acceptable, que vous ne souhaitez pas en
tous cas d’avantage d’avantages, et que les vitupérations des royalistes ne sauraient vous
atteindre. Ensemble, Broussois, républicains de tous bords et surtout du milieu, restons
tranquille ! Face à la menace doublement extrême de nos adversaires, il est urgent d’attendre !
Centralement vôtre,
Leonor Cortes
Correction
qu’on ne s’y trompe pas en tout cas – la République tout entière – l’a vue naître – l’a nourrie –
lui a permis – je ne la défendrai – ne m’abaisserai – qu’emploie… mon adversaire – que nous
avons entreprises – je défendrai et illustrerai – s’est illustrée – réclament les royalistes – chaque
famille… acquière – nous avons agi au quotidien – pallier l’excès de croissance – nous avons
tout fait – chaque enfant puisse – culturelles – rappeler – vous avez tous réservé – que vous avez
arborées – que vous ne souhaitez pas en tout cas davantage d’avantages – restons tranquilles
ORTHOGRAPHE LEXICALE
Cauchemard/cauchemar
La règle – Le nom « cauchemar » ne prend pas de –d final.
Comprendre – La forme fautive « cauchemard » vient d’une confusion
avec le verbe « cauchemarder ». Pourquoi avoir ajouté un –d et ne pas s’être
contenté d’un joyeux « cauchemarer » ? Tout simplement parce que les
anciens Français faisaient les mêmes fautes que nous ! On a ainsi créé le
verbe sur le même modèle que « bavard »/« bavarder »,
« regard »/« regarder » (voire « canard »/« canarder »), même si cauchemar
n’avait pas, n’a toujours pas et n’aura jamais de –d.
Prêt/près
La règle – « Prêt » est un adjectif qui signifie « préparé » : « Je suis prêt
pour le départ ». « Près » est une préposition qui signifie « proche, non loin
de » : « La maison est près de la rivière ».
Champs/champ
La règle – Le mot « corps » prend toujours un –s final, tandis que le mot
« champ » ne prend pas de –s au singulier.
Soit-disant/soi-disant
La règle – L’expression « soi-disant », invariable, s’écrit sans –t à la fin de
« soi ».
Or/hors
La règle – On ne confondra pas la préposition « hors de », contraire de
« dans » (« Il est parti hors de la ville ») et la conjonction de coordination
« or », qui exprime divers rapports de transition entre des arguments ou des
idées (« Je t’ai dit que je ne viendrais que s’il faisait beau, or il pleut » ;
« Tous les hommes sont mortels ; or Socrate est un homme ; donc Socrate
est mortel »). « Or » vient du terme médiéval « ore », qui signifie
« maintenant », et que l’on retrouve dans l’expression « d’ores et déjà ».
Cherchez l’erreur !
Rien ne s’est passé comme prévu aux élections municipales de Bourg-en-Brousse. Tandis que
tous les observateurs attendaient l’issue de l’affrontement entre le PRG et PCE, un troisième
parti est venu bouleverser le jeu des adversaires traditionnels. Imprévus, rebondissements, coups
de théâtre : aidez ce journaliste à faire le récit des événements sans insulter la langue française.
Le soir du 14 novembre restera a coup sûr, dans l’histoire de Bourg-en-Brousse, une date
que les citoyens ne sont pas prêts d’oublier : la surprise qu’a représenté les résultats des élections
municipales dans la ville toute entière a en tous cas fait s’effondré les certitudes les plus
inébranlables du champs politique, et semble avoir ouvert une période d’instabilité durable. Les
faits sont connus : tandis que la campagne qu’avait mené Leonor Cortes et Audrey Bebert
promettait aux deux candidates un résultat au coude-à-coude, un troisième parti est venu joué les
trouble-fêtes et a mit en péril les plans qu’avait dressés ces deux caciques de la politique.
L’ascension du parti des Gentils, dirigé par Joachim Mion et Valentin Saumier, représentait
depuis plusieurs mois déjà le cauchemard de la mairie : leur programme, dont la mesure centrale
était sans nul doute l’instauration de bisous pour tous, avait amené les citoyens à appercevoir en
eux une promesse de renouvellement de l’action politique, qui fesait apparaître les royalistes et
les centristes sous un jour des plus défavorables.
Personne n’aurait pourtant pu prédire le séisme qu’a représentée l’élection, qui a porté le
parti des Gentils au pouvoir avec plus de 60 % des suffrages. Au lendemain du vote, la mairie se
préparait déjà a recevoir les nouveaux co-maires que les électeurs avaient choisit, et se mettaient
en ordre de bataille pour soutenir l’organisation de la première Journée du Câlin. Hors Leonor
Cortes et Audrey Bebert n’étaient pas prêtes de baisser les armes : contre toute attente, ces
ennemies de toujours s’allièrent pour démontrer que malgrés les apparences, les Gentils n’étaient
pas si mignons qu’ils voulaient le faire croire, et que la victoire qu’ils avaient emporté était rien
moins que loyale. Les assesseurs du PdG auraient manipulé les électeurs en proposant à
plusieurs d’entre eux un poème sur la tolérance en échange de leur vote, et les aurait menacé de
se moquer d’eux dans la rue s’ils refusaient de se plier à cette achat de suffrages.
La plainte déposée en justice, en tous cas, est resté lettre morte, et a achevé de discréditer
durablement les partis traditionnels. Sans opposition, sans contestation, le parti des soit-disants
Gentils règne désormais en maître, et cet situation ne laisse pas d’inquiéter. Comme a pu nous
laissés le craindre la dernière veillée des chants de Noël, où Joachim Mion a imposé à tout les
habitant de Bourg le port d’une touche de rouge, le boulevard politique qui s’ouvre devant les
actuels dirigeants de la ville fait peser la menace d’un pouvoir incontrôlé, qui pour être gentil,
n’en serait pas moins liberticide.
Gavroche
Pour le bisannuel Le Veilleur de la République
Correction
à coup sûr – pas près d’oublier – qu’ont représentée – la ville tout entière – a en tout cas fait
s’effondrer – du champ politique – la campagne qu’avaient menée – venu jouer – a mis en péril –
qu’avaient dressés – le cauchemar – apercevoir – qui faisait – le séisme qu’a représenté – à
recevoir – avaient choisis – se mettait – or Leonor Cortes – n’étaient pas près de – malgré les
apparences – qu’ils avaient emportée – les auraient menacés – cet achat – la plainte […], en tout
cas, est restée – le Parti des soi-disant Gentils – cette situation – nous laisser – tous les habitants
Chapitre IV
AUX FOURNEAUX
« Les amis font toujours plaisir ; si ce n’est pas quand ils arrivent, c’est
quand ils partent. »
Alphonse Karr
GRAMMAIRE
Des preuves d’amour, il m’en a donné tous les jours depuis dix ans.
Les fortunes que ça m’a coûté, et non Les fortunes que ça m’a coûtées.
Les trombes d’eau qu’il a plues/qu’il a plu – Les participes des verbes
impersonnels (« falloir », « pleuvoir », etc.) ne s’accordent jamais.
Tous les efforts qu’il m’a fallu pour parvenir à ce résultat, et non Tous
les efforts qu’il m’a fallus pour parvenir à ce résultat.
Créée
La règle – Le verbe « créer » suit les mêmes règles que tous les verbes du
premier groupe en –er. Comme « aim-er » construit son participe en « aim-
é », et le féminin du participe en « aim-é-e », « cré-er » fait son participe en
« cré-é », et le féminin du participe en « cré-é-e ».
La difficulté vient ici de la bizarrerie qu’il peut y avoir à écrire trois –e à la
suite : c’est pourtant la forme tout à fait régulière du participe « créée ».
20 h 30. Personne. Elle en concluerait aisément qu’ils auraient encore une heure de retard,
et que les entrées resteraient là a refroidir, jusqu’à se dessécher, à offrir aux arrivants le visage
vaguement mélancolique d’un avenir déjà figé dans le souvenir. Toujours les mêmes inquiétudes,
la peur du manque qui la saisissait et l’arrêtait dans le mouvement de sa tache, lui intimait l’ordre
de faire une pose, de laisser à l’agitation intérieure le champs nécessaire pour s’épanouir. Cinq
invités à sa table : autant de corps et d’esprits à entretenir, à nourir, à divertir, à satisfaire. De sa
célèbre daube au vin, elle en avait faite pour huit, bien sûr. L’abondance pouvait à tout le moins
tenir en respect les forces du vide. Mais Alexandre viendrait : son habitude de manger comme
s’il voulait dévorer l’existence, de consommer toutes les subtilités qu’elle avait disposé sur sa
table, et de les remettre de façon crue à leur juste place, celle de matière vulgaire et charnelle. Et
malgrés son appétit, l’impression qu’elle avait eu, la dernière fois, qu’il l’accusait, comme s’il lui
reprochait ce dîner convenu. Elle se sentait toujours en tord, jugée et condamnée à chaque
instant, avec lui. Et les regards. Oui, les regards. Ceux qu’il avait échangé avec Adeline, croyant
qu’elle ne se serait apperçue de rien. Quand ils s’étaient regardés, s’étaient parlés dans la cuisine,
au détour de la porte. La recette qu’elle avait crée pour l’occasion, peut-être, qui disait un peu
trop le travail qu’elle avait fournit pour paraître à la hauteur. Le battement de son cœur
s’accélérait : elle n’était pas prête de retrouver son calme, pensait à tous les problèmes qu’elle
avait eus à gérer la dernière fois, qui ne manqueraient pas de planer à nouveau sur la soirée. Les
moments de tension qui s’étaient succédés entre Camille et Adrien, la menace d’une rancœur
entre Laure et Alice, soit-disant amies. La sonnerie de l’interphone ! Le cauchemard qui allait
recommencer. Toute heureuse quelques jours plus tôt d’organiser son dîner, elle se sentait à
présent comme devant un tribunal.
Correction
elle en conclurait – resteraient là à refroidir – le mouvement de sa tâche – faire une pause – le
champ nécessaire – à nourrir – elle en avait fait – qu’elle avait disposées – malgré son appétit –
l’impression qu’elle avait eue – si elle était en tort – qu’il avait échangés – qu’elle ne se serait
aperçue – s’étaient parlé – qu’elle avait créée – qu’elle avait fourni – elle n’était pas près –
qu’elle avait eu à gérer – qui s’étaient succédé – soi-disant – le cauchemar – tout heureuse
HOMOPHONES
Qui le/qu’il
La règle – « Qui le » correspond au pronom relatif « qui » suivi du pronom
« le », qui reprend un complément d’objet direct masculin ; « qu’il » est le
pronom relatif « que » suivi du pronom sujet « il ».
On pourra mettre l’expression au pluriel pour identifier la forme
correcte.
Censé/sensé
La règle – « Censé » signifie « supposé », et s’emploie uniquement devant
un verbe à l’infinitif : « Il est censé partir », « Elle est censée arriver
bientôt ».
« Sensé » signifie « raisonnable » : « C’est une personne sensée ».
Raisonner/résonner
La règle – Il ne faut pas confondre le verbe « raisonner », qui signifie
« réfléchir », et donne le nom « raisonnement », et le verbe « résonner »,
qui signifie que le son re-vient.
Comment as-tu raisonné pour parvenir à ce résultat ?
La musique a résonné dans la salle.
Satire/satyre
La règle – Il ne faut pas confondre la « satire », une critique qui vise à
ridiculiser l’adversaire, et un « satyre », qui est à l’origine une créature
mythologique mi-homme mi-bouc, et qui désigne aujourd’hui un pervers
sexuel, souvent pédophile et/ou exhibitionniste.
Pêcher/pécher
La règle – On sera bien attentif à la différence entre ces deux verbes, dont
le sens est sans rapport : « pécher » signifie « commettre une faute (un
péché) », et « pêcher » signifie « attraper des poissons ». Ici encore, le
circonflexe renvoie à un ancien –s que l’on peut retrouver par exemple dans
« piscine ». « Pêcher » vient en effet du terme latin piscis, « le poisson »,
tandis que « pécher » dérive du verbe peccare, « commettre une faute », que
l’on retrouve par exemple dans le français « peccadille ».
Cherchez l’erreur !
Émile Loza s’apprête à envoyer son premier roman aux éditeurs : aidez-le à travailler
l’orthographe de cette scène de banquet, sur laquelle il compte beaucoup pour l’acceptation de
son manuscrit.
La table toute entière était au bord de l’asphyxie, et les cris qui s’échapaient du salon pour
raisonner dans toute la rue donnait à la noce l’allure maussade d’un banquet d’ivrognes crasseux,
sur le pont de Notre-Dame. Albert, plus rouge d’heure en heure, avait desserré sa ceinture d’un
cran, en laissant aux replis de son ventre gonflé le champs nécessaire pour se répandre, et s’était
installé bien au fond de son fauteuil, les jambes écartées, les mains sur les hanches. On entendait
la graisse qu’avait avalé les convives ronronner et gargouiller dans tout les estomacs, comme les
remontées d’eau dans les tuyaux vétustes des salles de bains parisiennes. Ah, nom de Dieu ! On
allait s’en mettre une bonne tranche ; on aurait tord de se gêner. Pas de quoi se priver sur la
cochonnaille : c’était inclu dans le prix, aux frais de la princesse. Quand c’est gratuit, y a pas de
pêché à se faire du bien. Les Dumoulin avaient voulu épater leur monde avec leur table de
riches : ils allaient voir un peu. Ils n’étaient pas prêts de recommencer, c’est sûr, et la Dumoulin
laissait dégouliner son œil inquiet sur les verres rapidement vides, qu’on remplissait à tour de
gosier de son meilleur vin. Les entrées s’étaient succédées, asperges, caviar d’aubergines,
bouchées à la reine, et c’était maintenant le fromage qui grésillait dans l’appareil à raclette,
pendant que le saucisson cuisait et répandait dans la pièce une bonne odeur de chair grillée, où se
mêlait les reflux des vins et des liqueurs. Seule Agnès hésitait un peu a se resservir. Ficelée
comme une oie grasse dans la robe du soir qu’elle avait mis pour l’occasion, et qui était sensée la
faire paraître sous son meilleur jour, elle ne s’était permise de prendre que deux fois du vacherin,
et dégustait son verre à petites lampées, comme une chatte boit son lait. Mais déjà Antoine la
poussait du coude d’un air gaillard, remplissait son assiette en lui montrant dans un large sourire
ses dents rougies par le vin, bien certain qu’il concluerait l’affaire avec la petite le soir même.
Hein ! elle n’allait quand même pas faire la fine bouche ! On était pas là pour faire des
manières ! Au spectacle de leur petite comédie, tous les convives retroussaient le nez et partaient
d’un rire énorme, en secouant leurs corps si remplis qu’on aurait dis un amas de ballons de
baudruche qu’on avait laissé là après la fête, près à exploser.
Correction
la table tout entière – s’échappaient – résonner – donnaient – le champ nécessaire – qu’avaient
avalée – tous les estomacs – on aurait tort – inclus dans le prix – pas de péché – pas près de
recommencer – s’étaient succédé – se mêlaient – à se resservir – qu’elle avait mise – qui était
censée – elle ne s’était permis de prendre – qu’il conclurait – on n’était pas là – on aurait dit –
qu’on avait laissés – prêts
Voie/voix
La règle – La « voix » désigne le moyen d’expression de la parole, tandis
que la « voie » signifie « le chemin, la route ».
La voix du peuple, donner de la voix, avoir voix au chapitre.
Prendre une mauvaise voie.
Orgeuil/orgueil
La règle – Les mots qui se terminent par le son [euy] s’écrivent –euil
(« écureuil », « fauteuil », « seuil »), sauf derrière –c et –g, quand le –u est
nécessaire pour produire le son [k] et [g] : dans ce cas, on écrit –ueil.
Orgueil, recueil, cueillir, accueillir.
Dilemne/dilemme
La règle – Le mot « dilemme » s’écrit avec deux –m, et non « dilemne »,
forme fautive qui vient d’une contamination de l’anglais dilemna. Il arrive
par ailleurs d’entendre une prononciation qui s’accorde à cette forme
fautive, [dilèmn], alors que le mot se prononce bien [dilèm].
Cherchez l’erreur !
Ernestine de Collet-Surmonté a décidé de faire œuvre démocratique, et de mettre à la portée de
tous les règles qui régissent les salons de la haute société. Le soin pointilleux qu’elle met à éviter
toute faute de goût ne s’applique pourtant pas avec le même bonheur à son orthographe (ni à ses
alexandrins, d’ailleurs).
Correction
parmi […] qu’a imposés le monde – on s’est fait inviter – on conclurait – qu’on nous a
inculquées – laissées – sans faire de tort – or l’orgueil – ne se résout pas – on n’en est pas moins
homme – on tolère peu – qu’on aura préparées – le dilemme – qu’on aurait pu – se seront
succédé – pourra-t-on – sur la voie de l’obscène – on ait reçu
Chapitre V
« J’ai beaucoup aimé le livre dont tu m’as parlé » vient de la fusion de deux
phrases : « J’ai beaucoup aimé ce livre » et « Tu m’as parlé de ce livre ».
Dans la phrase « J’ai beaucoup aimé le livre dont tu m’as parlé », « dont »
remplace donc « de ce livre ».
De même, la phrase suivante : « J’ai vendu la maison où j’habitais » résulte
de la fusion des deux phrases : « J’ai vendu la maison » et « J’habitais dans
cette maison ». « Où » remplace donc « dans cette maison ».
Ce fonctionnement permet de comprendre qu’il est tout à fait impossible
d’écrire des phrases comme « C’est précisément l’endroit où la police y a
trouvé le criminel », ou encore « As-tu étudié le dossier dont le directeur
t’en a confié la responsabilité ». Les pronoms « en » et « y » remplacent ici
également « de ce dossier » et « dans cet endroit ». Si l’on écrit « dont le
directeur t’en a confié la responsabilité », cela équivaut en réalité à écrire :
« il t’a confié la responsabilité de ce dossier de ce dossier ».
Il faut ainsi retenir qu’on ne peut jamais employer le pronom « en » dans
une relative introduite par « dont », ni le pronom « y » dans une relative
introduite par « où ».
On n’entend rien.
• On ne voit rien.
En cas de doute, on pourra faire le test que l’on vient d’évoquer pour
faire « ressortir » une éventuelle négation.
HOMOPHONES
Ou/où
La règle – « Ou » est une conjonction de coordination qui exprime une
alternative entre deux éléments (« fromage ou dessert ») ; « où » est un
pronom relatif qui reprend un lieu, « l’endroit où il va », ou un pronom
interrogatif qui pose la question du lieu : « Où vas-tu ? ».
On peut tenter de remplacer « ou » par « ou bien » ; si c’est possible, il
s’agit de la conjonction « ou ». Dans le cas contraire, il s’agit du relatif
« où ».
À notre premier entretien, Émilie Jaubard m’avait regardé et m’avait parlée avec la
tendresse d’une hyène. J’avais tenté de lui faire remarquer que la description de poste qu’elle
avait rédigé ne manquait pas d’ambiguïté, mais elle s’était contentée pour toute réponse de me
montrer ses dents, ce qui devait être dans son répertoire d’expressions la forme la plus proche du
sourire. Je crois à vrai dire qu’elle n’était pas encore tout à fait sûre de savoir si elle voulait que
je la seconde à la tête de l’entreprise, où que je sois là pour l’éventer en cas de grande chaleur.
Malgrés tout, le dilemne n’était pas si difficile à trancher : bien sûr, je craignais de vivre un
cauchemard, et j’avais la vague impression qu’elle risquait un jour ou l’autre de me sacrifier à la
nuit tombée en chantant des incantations à Satan, le véritable directeur des ressources humaines
de son entreprise. Mais après les mois que j’avais passés au chômage, après tout les refus que
j’avais essuyés et toutes les blessures d’orgueil que j’avais dû avaler, je ne pouvais pas vraiment
me permettre de faire la fine bouche. On imagine pas ce qu’on est prêt à faire quand on est à
découvert. Comme le montant que m’avait proposée Jaubard dépassait de loin les sommes
auquel j’aurai normalement pu prétendre, j’étais évidemment toute enthousiaste : à ce prix-là,
j’aurais pu faire frire des nems pour la cantine, et les servir en dansant la bourrée, costume
auvergnat inclu.
Puisque je n’avais pas tellement le choix, j’avais essayé de me convaincre que tout irait
bien, et ça avait marché. Le premier jour j’étais arrivé pleine de bonne volonté : j’étais sensée me
charger d’élargir notre activité à de nouveaux domaines, et je m’étais permise de venir avec
quelques propositions que j’avais préparées chez moi et dont j’étais assez fière. Assez vite les
collègues se sont succédés à mon bureau pour me faire comprendre que je ferais mieux de ne pas
trop me faire remarquer, et de rentrer dans le rang. Rien n’était dis explicitement bien sûr, mais
je craignais hélas de comprendre parfaitement les sous-entendus qu’ils m’avaient glissés, chacun
avec leur style propre.
Correction
m’avait regardée – m’avait parlé – qu’elle avait rédigée – ou que je sois là – malgré tout – le
dilemme – de vivre un cauchemar – les mois que j’avais passé – tous les refus – on n’imagine
pas – que m’avait proposé – les sommes auxquelles j’aurais – tout enthousiaste – costume…
inclus – j’étais arrivée – j’étais censée me charger – je m’étais permis – les collèges se sont
succédé – rien n’était dit – chacun avec son style propre
Martyr/martyre
La règle – On ne confondra pas « un martyr », sans –e au masculin, qui
désigne la personne qui meurt pour sa foi, et « le martyre », qui désigne le
supplice, les tortures que l’on fait subir à cette personne. On écrit ainsi
« souffrir le martyre », dans le sens d’« endurer des souffrances terribles »,
et non « souffrir le martyr ».
Quand/quant
La règle – « Quand » est une conjonction de subordination qui introduit un
complément de temps. « Quant », avec un –t, ne s’emploie que dans
l’expression « quant à » (« quant à moi », « quant au problème que vous
évoquez »).
Nous même/nous-mêmes
La règle – Les pronoms « moi-même », « toi-même », « lui-même », etc.,
prennent toujours un trait d’union.
Quand ils sont employés avec un pronom pluriel (nous, vous, eux),
« même » doit prendre un –s.
Nous pouvons le faire nous-mêmes. Ils iront eux-mêmes.
Language/langage
La règle – Devant les voyelles –a, –o et –u, la lettre –g produit le son [g],
comme dans « gamin », « gorille », « gustatif ». Devant les voyelles –e et –
i, la lettre –g produit le son [j], comme dans « gêner » et « girafe », et les
lettres –gu notent le son [g], comme dans « guider » et « guéridon ».
Adeline, une sorte de créature à mi-chemin entre la limace et la vipère, avait rampé or de
son bureau du troisième étage pour venir se glisser dans le mien avec un sourire mielleux, sensé
me signifier le bonheur dans lequel elle se trouvait de me voir. C’est elle qui avait lancé
l’offensive : « Tu n’aurais pas des trombones ? » Quand à moi, des trombones, je n’en ai jamais
utilisés, et quand bien même je ne vois pas pourquoi je lui en aurai donnés. On commence par
donner des trombones, et on finit par devoir partager ses stylos. Je m’étais contenté de répondre
par un espèce de grognement qu’elle avait interprété à tord comme une invitation à entrer
franchement dans mon bureau, et à faire couler un regard avide sur mes dossiers. Je les avais
refermés en essayant de lui rendre moi même sourire pour sourire, et venin pour venin, et c’est là
qu’elle m’avait dis : « Ah, tu as préparé des projets ? C’est supeeeer ! » Je maîtrise les mille
nuances du super, et j’avais traduit sans aucune difficulté : c’était une façon de me dire qu’elle
me pousserait dans l’escalier dès qu’elle en aurait l’occasion, et que si elle me retenait par les
cheveux au moment ou je tombais, c’était dans l’espoir de pouvoir me scalper. Une fois la limace
repartie, ça avait été le tour du directeur commercial, une sorte de grande frite molle, qui se
promenait à travers les couloirs avec l’air de souffrir le martyr, la tête légèrement penchée sur le
côté, comme s’il n’avait pas trouvé en lui les ressources nécessaires pour la maintenir droite. Il
m’avait parlé tout doucement, en chuchotant, et en lançant des regards à la dérobée vers la porte,
comme s’il avait eu peur que des agents de la police politique mette à jour sa conspiration,
convaince la Jaubard de les laisser entrer, se ruent dans le bureau et lui plongent la tête dans un
sac à chaque fois qu’il faisait un mouvement de mâchoire un peu trop prononcé. Il avait cru bon
de me présenter en détail les réunions de mise aux normes ISO du classement des dossiers, avec
un tel air de mystère que j’avais plutôt l’impression de devoir me préparer à des réunions
d’initiation à un culte des mystères d’Éleusis, ou plutôt d’Émilie, la hyène sacrée. Vu le volume
de sa voix, je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’il me disait, mais j’en avais pris mon
partie, et j’avais renoncé à lui demander de répéter : je crois que je préférais m’en tenir à mon
imagination plutôt que de comprendre la nature réelle de ces futures réunions. Je me disais que je
pallierais sans difficulté à mon ignorance, et que j’acquèrais bien assez tôt la connaissance des
rouages boueux de la maison. Lui aussi, il m’avait dit en partant : « Prenez le temps de vous
imprégner », ce qui voulait évidemment dire qu’il tremblait à la seule idée que trop
« imprégnée », je cherche à me dépêtrer de ce bourbier.
Correction
avait rampé hors de son bureau – censé – quant à moi – je n’en ai jamais utilisé – je lui en aurais
donné – je m’étais contentée – une espèce de grognement – à tort – de lui rendre moi-même –
qu’elle m’avait dit – où je tombais – l’air de souffrir le martyre – mettent au jour sa conspiration
– convainquent la Jaubard – j’en avais pris mon parti – que je pallierais sans difficulté mon
ignorance – que j’acquerrais
GRAMMAIRE
Fatigant/fatiguant
La règle – Certains participes présents changent d’orthographe lorsqu’ils
sont employés comme des adjectifs (dits « adjectifs verbaux »), en
particulier pour les verbes en –guer et en –quer. Ainsi, le participe
« fatiguant » donne l’adjectif « fatigant », et le participe « convainquant »
l’adjectif « convaincant ».
Pour savoir s’il s’agit d’un adjectif verbal ou d’un participe présent, on
peut se demander s’il est possible d’accorder ou nom le mot.
Exigeance/exigence
La règle – L’adjectif « exigeant » s’orthographie avec un –a, tandis que le
nom « exigence » n’en prend pas.
Moi qui ait tendance à être spontanée, j’avais décidé d’écarter les avertissements de mes
collègues, auquel je ne croyais pas vraiment, et d’aller soumettre mes idées malgrés tout. On
allait quand même pas m’accuser d’être trop zélé ! En entrant dans le bureau d’Émilie Jaubard,
pourtant, j’ai vite comprit que la situation risquait de dégénérer.
Elle était assise dans un espèce de fauteuil en bois qui lui donnait l’air d’une institutrice
revêche, et tenait à la main une grande règle rigide qu’elle tapotait nerveusement sur la pointe de
ses ongles. Je suis entrée dans le bureau, nous nous sommes regardées quelques secondes, et,
alors que nous ne nous étions même pas encore parlées, j’ai compris immédiatement
l’avertissement qu’elle me lançait. Elle venait de me signifier qu’elle était la plus intelligente de
l’entreprise, et que je ferais mieux de ne pas m’aviser de lui faire de l’ombre. Non pas qu’il fût
facile de distinguer la moindre expression sur le visage orgeuilleux d’Émilie Jaubard : les traits,
tous tirés, façonnés par la grâce de Monseigneur Bistouri, semblaient empaquetés sous de la
cellophane. Une statue de cire made in clinique : c’est en tous cas la formule que je m’étais
répétée dès que je l’avais vu, et qui avait soudain mise à jour la nature réelle de mon
interlocutrice. Ces mots que j’avais formé malgré moi ne cessaient de raisonner à mon esprit, et
je l’imaginais au milieu des couloirs de Grévin, le teint un peu graisseux, prise en tenailles entre
Zinedine Zidane et Line Renaud.
J’ai tout fait pour réprimer le rire qui me venait aux lèvres et le transformer en un sourire de
soumission, mais ça ne devait pas être très convainquant, puisque la statue s’est levée
brusquement et s’est mise à s’agiter dans tout les sens en me lançant à la figure des bribes de
language décousu : « Bon où en êtes-vous ? Ça fait cinq fois que je vous appele, vous ne m’avez
pas entendue ? Vous avez eu le temps de regarder les dossiers que je vous avais laissé ? Ça va,
vous vous adaptez ? Je sais que le travail est très exigant, mais il faut qu’on arrive à avancer. »
J’ai sauté sur l’occasion d’une de ses respirations pour essayer d’insérer une phrase, et lui ai
tendu mes propositions. Elle a fait mine de feuilleter le dossier, en tournant les pages comme si
elle avait voulu les passer au déchiqueteur : « Vous n’y êtes pas du tout, ce n’est pas ce que je
vous demande ! Les propositions, je les ai déjà fait, ce n’est pas votre rôle ; vous, vous devez me
faire des notes. » Elle passait à l’offensive, et je n’étais pas prête à me laisser faire, mais j’avais à
peine réussit à finir ma première phrase de défense qu’elle me lançait d’une voix suraiguë :
« Taisez-vous, je suis en train de vous parler ! C’est fatiguant à la fin : il va falloir que vous
perdiez cette habitude de vouloir toujours avoir le dernier mot – et le premier aussi, d’ailleurs. Je
vois bien que vous avez des difficultés avec l’autorité : vous allez devoir faire des efforts. »
Je suis retournée piteusement dans mon bureau : le long du couloir, la limace, la frite et les
autres s’étaient amassés pour assister à la mise à mort, et me regardaient avec un air de
compassion satisfaite et enjouée. J’étais des leurs à présent, de la troupe des petites bêtes
fébrilement recroquevillées sous leur table. Mais ils ne m’auraient pas comme ça : je pris à ce
moment la décision de tout quitter, de tout plaquer de cette vie de chien, et de partir enfin vivre
mes rêves. J’ai toujours rêvé d’un cadre plus calme, plus proche de la nature : une ferme en
Lozère, avec l’étable et le grenier, du bois du sol au plafond. C’était décidé, je partirai le soir
même sans délais. Oui, ce soir ! Ou peut-être demain. On ne sait jamais, ma proposition 32 était
quand même bien.
Correction
moi qui ai – auxquels je ne croyais pas – malgré tout – on n’allait quand même pas – être zélée –
j’ai vite compris – dans une espèce de fauteuil – nous ne nous étions même pas encore parlé –
sur le visage orgueilleux – tout tirés – c’est en tout cas – dès que je l’avais vue – et qui avait
soudain mis au jour – que j’avais formés – ne cessaient de résonner – ça ne devait pas être très
convaincant – tous les sens – des bribes de langage – cinq fois que je vous appelle – que je vous
avais laissés – est très exigeant – je les ai déjà faites – j’avais à peine réussi – c’est fatigant – je
partirais – sans délai
Chapitre VI
L’APPEL DU LARGE
L’interrogation indirecte
La règle – L’ordre des mots dans l’interrogation indirecte (« Je me
demande si », « Je ne sais pas ce que », etc.) est le même que dans la phrase
traditionnelle, dite « déclarative ».
Je ne sais pas ce que c’est. Je me demande de quoi il s’agit.
En aucun cas on ne peut appliquer dans ces propositions l’ordre des mots de
la phrase interrogative, et inverser le sujet : « Je me demande de quoi s’agit-
il », « On ne sait pas qui est-ce ».
Les interrogations qui commencent par « qui », « que », « de quoi », font
des interrogations indirectes en « qui/ ce qui », « ce que », « ce dont/de
quoi ».
L’accent circonflexe
Les verbes à accent circonflexe – Certains verbes conservent toujours leur
accent circonflexe. On sera particulièrement attentif aux verbes suivants,
souvent mal orthographiés : « brûler », « bâiller » (attention l’accent est sur
le –a), « traîner », « bâtir ».
Les verbes en –aître et en –oître (« paraître, apparaître, disparaître,
connaître, naître, croître, accroître ») prennent un accent circonflexe
uniquement quand le –i final est suivi d’un –t.
Elle est très sûre d’elle. Ils sont sûrs d’obtenir ce qu’ils veulent.
J’ai réclamé la somme qui m’était due. On lui a témoigné les égards dus
à sa fonction.
C’est une chose bien admirable que l’Amérique : on imagine guère les extravagances dont
font preuve les habitants de cette immense espace, et la distance qui s’établit de leur civilisation
à la notre. Malgrés tout les égards que nous avons témoigné aux Tataorous dès notre arrivée sur
l’île, il fût presque impossible pour nous de faire s’évanouir dans leurs esprits les préventions
qu’ils nourissaient vis-à-vis de cet étrange animal qu’est pour eux l’homme blanc. Des jours
durant, nous avons du affronter des attitudes diverses et contradictoires : les uns voyaient en
nous les images de leurs divinités ; certains autres, quoique leur opinion reçût peu d’écho chez
les habitants de l’île, nous regardaient comme quelque créature démoniaque, envoyée pour
répandre le feu et les larmes sur leur peuple : quiconque a reçu certaines lumières sur les
civilisations anciennes et en connait les croyances sait que le paganisme s’accompagne
habituellement de mille superstitions diverses, auquel ces populations n’échappaient pas. La
proposition fut faite par les chefs de village d’organiser une épreuve pour déterminer notre
humanité, et de nous soumettre au jugement des éléments, en nous plongeant dans le feu pour
observer si nous en réchapperions. La chose parût convainquante aux habitants de l’île : quand à
nous, vous pouvez juger qu’elle ne dût pas présenter le même intérêt à nos yeux. Pour s’assurer
contre ce péril, nous avons décidé de nous conformer aux mœurs et au language de ceux dont
nous occupions les terres, et de chercher par là à atténuer la surprise extrême qu’ils avaient
conçu au spectacle de nos habits pourtant ordinaires. Voilà ainsi deux semaines que nous avons
changé nos costumes pour des accoutrements que nôtre pudeur réprouvait, mais que la difficulté
que j’ai évoquée nous imposait. Ainsi vêtus, ou, faut-il le dire, dévêtus, nous nous sommes
intégrés à leur industrie, ou l’habileté y dispute à la minutie, et avons accepté de nous soumettre
à des coutumes dont je n’ose pas faire de vives peintures, et que je vous exposerais peut-être
dans une lettre ultérieure. Je dois vous dire, cher ami, qu’en dépit de mes craintes je me trouve
bien aise de ce changement de climat, et que la morale que nous prisons tant m’apparait à présent
bien moins digne de foi. Dès lors que les Tataorous ont tissé avec nous un commerce des plus
agréables, je n’exclue pas de demeurer auprès d’eux plus de temps que je ne l’avais prévu, et de
goûter les particularités de ce peuple, dont je ne laisse pas d’admirer le goût certain pour le
bonheur.
Correction
on n’imagine guère – cet immense espace – à la nôtre – malgré tous les égards – nous avons
témoignés – il fut – qu’ils nourrissaient – nous avons dû – et en connaît les croyances –
auxquelles – la chose parut convaincante – quant à nous – qu’elle ne dut pas – aux mœurs et au
langage – la surprise qu’ils avaient conçue – que notre pudeur réprouvait – leur industrie, où
l’habileté le dispute à la minutie – que je vous exposerai – la morale que nous prisons tant
m’apparaît – je n’exclus
Si il/s’il
La règle – On n’oubliera pas de faire l’élision entre « si » et « il » : « s’il »,
ainsi qu’entre « que » et tous les mots commençant par une voyelle :
« qu’il », « qu’elle », « qu’avait », etc.
On sera également attentif à l’élision du « de » devant une voyelle, et à ne
pas dire ou écrire « un livre de Alfred de Musset », mais « un livre d’Alfred
de Musset ».
Le Sud/sud de la france
La règle – Les points cardinaux prennent une minuscule quand ils
désignent une orientation (« faire route vers le sud »), et une majuscule
quand ils désignent un lieu (« On dirait le Sud »). Ils prennent en revanche
une minuscule quand ils sont suivis d’un complément de lieu introduit par
« de », puisqu’ils ne désignent pas à eux seuls un lieu (« le sud de la
France »).
ORTHOGRAPHE LEXICALE
Voir/voire
La règle – On distinguera bien le verbe « voir » de la conjonction « voire »,
qui signifie « ou même ».
Connection/connexion
La règle – Sept mots se terminent par –xion en français : « connexion,
réflexion, annexion, flexion, fluxion, crucifixion, complexion ». On sera
particulièrement attentif aux deux premiers, que l’on trouve parfois sous la
forme fautive « connection », « réflection », sans doute sous l’influence de
l’anglais.
Cherchez l’erreur !
René est sans nouvelles de sa femme Josiane depuis deux semaines. Voilà qu’il reçoit une carte
postale : aidons-le à en corriger l’orthographe pour qu’il puisse la lire à son aise.
Comme Paris semble loin à présent ! Sous la lumière du Sud de l’Italie, parmis le maquis.
C’est face à une mer de gala, qui brule de tout les bleus que l’on peut imaginer, que je t’écris.
Avant, je n’avais pour seul espoir que quelques jours de vacances, arraché aux semaines mornes
et vides, et dès le premier jour de ce répit bien mérité, je comptais le temps qu’il me restait.
Mais, à présent, ma vie elle même, toute entière, est devenu vacances, grandes vacances : sans
téléphone, sans connection internet, sans obligation d’aucune sorte. Je ne me demande plus si il
faudra faire la poussière en rentrant, combien de temps la remise en route de la maison prendra-t-
elle. Capri est une splendeur. Il ne faut pas croire ses snobs qui mégotent sur l’Italie, qui
préfèrent mourrir plutôt que de voir Capri. Si tu voyais cela : depuis la terrasse de ma suite
princière (j’ai du renoncer à la suite « reine mère » qui était occupée, et qui sera pour la semaine
prochaine), je regarde avec nonchalance (j’ai décidé de ne plus faire d’efforts en rien) les voiles
blanches navigant à l’horizon, comme des épingles piqués doucement sur les vagues. Je bois un
martini dry, voir deux, le masseur de l’hôtel fait ce qui faut pour prendre soin de mon dos
d’ancien forçat du monde du travail. Plus tard, j’irais faire un tour au casino, dépenser, perdre,
sans compter : tu n’imagines pas le bien que cela peut faire. Mais non, je suis sure que tu ne peux
pas imaginer, et tu ne peux pas contempler cet mer de velours. Ne cherche pas, mon ange, la
pochette où était ton billet de loto, c’est moi qui l’avait rangé. Comme toujours, je prend soin de
tes affaires. Cela fait vingt ans que je prend soin de tes affaires. Figures toi que ce billet était
gagnant. Enfin, toi qui joue depuis des années au bingo du Comité de quartier, sans jamais rien
gagner, voilà que tu décroches le gros lot au loto, et dès le premier coup. Tu as eu raison de
t’acharner. Merci mon loup, je bois un dernier verre de Martini à ta santée.
Correction
la lumière du sud de l’Italie – parmi le maquis – qui brûle de tous les bleus – quelques jours de
vacances, arrachés – ma vie elle-même, tout entière, est devenue – sans connexion – je ne me
demande plus s’il – combien de temps prendra la remise en route – croire ces snobs – qui
préfèrent mourir – j’ai dû renoncer – les voiles blanches naviguant – des épingles piquées – un
martini dry, voire deux – fait ce qu’il faut – j’irai – je suis sûre que – cette mer de velours – c’est
moi qui l’avais rangée – je prends soin (x2) – figure-toi – toi qui joues – à ta santé
Devellopement/développement
La règle – « Développement » prend un –l et deux –p, « professionnel » un
–f et deux –n.
Occurence/occurrence
La règle – On sera attentif à l’orthographe souvent malmenée de ces deux
mots : occurrence et vraisemblance. « Occurrence » prend deux –c et deux
–r ; « vraisemblable », « invraisemblable », « vraisemblance », bien que
l’on y entende le son [s], ne prennent pas deux –s mais un seul.
Comprendre – « Occurrence » pose indéniablement problème, puisque
l’on est habitué à écrire « courir », avec un seul –r. Les deux mots viennent
effectivement du verbe latin curro, mais les aléas de l’évolution phonétique
ont fait que le terme a conservé ses deux –r dans « occurrence », et un seul
dans « courir ». Pour ce qui est du occ–, il faut comprendre que l’origine du
terme est un préfixe et un verbe, « ob – curro » : on retrouve le préfixe ob–
que l’on entend dans « obstiné », « oblitérer », « obtenir », etc., le –b s’étant
aligné sur le –c qui suit pour faciliter la prononciation : « oc – curro ».
Pour ce qui est de « vraisemblable », il faut retenir qu’il s’agit du collage de
deux mots : « vrai + semblable ».
Débarasser/débarrasser
La règle – Les verbes « débarrasser », « annihiler » et « aggraver »
prennent deux consonnes.
Imbécilité/imbécillité
La règle – En dépit de leur prononciation, les noms « imbécillité » et
« tranquillité » prennent deux –l. Si l’on ne trouve pas la faute sur
« tranquillité », puisque l’on est habitué à écrire « tranquille »,
« imbécillité » peut poser davantage de problèmes, dans la mesure où l’on
écrit à l’inverse « imbécile », avec un seul –l. Il faut donc être bien attentif à
cette forme pour ne pas commettre l’erreur d’écrire « imbécilité ».
L’homme sans qualités
On n’oubliera pas les règles inlassablement répétées à l’école primaire, parmi lesquelles : « Les
noms en –té et en –tié ne prennent pas de –e final, sauf les noms exprimant un contenu (« la
bouchée, la pelletée… ») et les cinq exceptions : pâtée, dictée, jetée, montée, portée ». On ne
peut donc en aucun cas écrire « la véritée », « une qualitée ».
Un différent/un différend
La règle – L’adjectif « différent », qui est le contraire de « semblable,
identique », ne doit pas être confondu avec le nom « un différend », avec un
–d, qui signifie « un désaccord, un conflit ». On écrira donc « Ils ont eu un
différend », et non « Ils ont eu un différent ».
Cherchez l’erreur !
Voilà Arthur à la veille de son premier jour comme guide touristique au célèbre tombeau
d’Amerpoisonis. Aidez-le à écrire au propre le brouillon du texte de sa visite, blagues incluses…
Vous voyez à votre droite – droite, pas gauche ou derrière vous – des statues du premier
millénaire avant Jésus-Christ, qu’a sans doute façonné un esclave du pharaon Amerpoisonis III.
À cette époque, malgrés leur grande maitrise technique, les artistes étaient des esclaves dont on
pouvait se débarasser dès qu’on le souhaitait : pas question de mutuelle proffessionnelle ni de
chômage ! Ça a du être pratique pour se faire construire toutes les pyramides que l’on voulait.
Avançons, s’il vous plait. Vous aussi, M. Hublot. Dans cette salle, dédiée aux méthodes
d’embaumement, vous trouverez tout les outils nécessaires à cette opération délicate, mais très
bien maitrisée alors. On approche pas des tire-boyaux, c’est dangereux. Devant vous – pas à
droite, ni à gauche –, le sarcophage du fameux Amerpoisonis III. Remarquez la qualitée du lin,
ni gris ni blanc, couleur du temps. Mais je m’égare. M. Hublot, nous sommes ici. Admirez l’écho
de la salle : je vous propose que nous crions tous ensemble pour l’entendre. Allez, donnez de la
voie ! Voilà, incroyable non ? Les hiéroglyphes ont été mis à jour par les archéologues il y a une
quarantaine d’années. Ils datent d’une époque antérieure, non datée à ce jour. Vous observerez
que ces symboles, qu’on a jamais pu identifier entièrement, et qui ont été tracés il y a plus de
mille, voir même dix mille ans, voir même cent mille ans, sont parfaitement conservés. Je vous
donne la traduction que les spécialistes ont reconstitué : « Repose grand Roi, toi qui a été exclus
du monde des vivants, toi que la mort a anihilé, repose dans le sein de la déesse Isispanis, qu’elle
t’acceuille au royaume des grands vivants à tête de chat, qu’elle te fasse boire le lait de la nuit
sacrée, bleue et violette. » Je vois que vous frémissez. En l’occurence il y a de quoi. On ne
plaisante pas avec les têtes de chat dans la Moyenne supérieure d’Égypte. D’ailleurs, je
concluerais cette visite en vous proposant de vous arrêter une minute devant l’effigie de
Ratmosis, le dieu à tête de chat. M. Hublot, nous sommes ici. De facture classique, en basalte
alvéolé et matelassé, cette statue témoigne de la perfection de l’art statuaire auquel était parvenu
les Égyptiens d’alors. Vous noterez les couleurs, rose fluorescent, les oreilles délicatement
ciselées. Hello Kitti est l’inscription partielle que nous avons retrouvé, et qui est sans nul doute,
selon les experts du Louvre, le nom de cette divinité.
Correction
qu’a sans doute façonnées – malgré leur grande maîtrise – dont on pouvait se débarrasser –
mutuelle professionnelle – ça a dû – s’il vous plaît – tous les outils – très bien maîtrisée – on
n’approche pas – la qualité – je vous propose que nous criions – donnez de la voix – les
hiéroglyphes ont été mis au jour – qu’on n’a jamais pu identifier – voire dix mille ans – voire
cent mille – la traduction que les spécialistes ont reconstituée – toi qui as été exclu – la mort a
annihilé – qu’elle t’accueille – en l’occurrence – je conclurai – à laquelle étaient parvenus les
Égyptiens – l’inscription que nous avons retrouvée
Chapitre VII
L’HEURE DU CRIME
Les numéraux
La règle – Les chiffres inférieurs à cent sont reliés par un trait d’union, sauf
ceux qui sont déjà reliés par « et ».
Tous les chiffres sont invariables, sauf « cent » et « vingt », qui s’accordent
au pluriel uniquement lorsqu’ils ne sont suivis d’aucun autre chiffre.
Deux mille trois cents, quatre cents, quatre-vingts mais deux mille trois
cent vingt, quatre cent trois, quatre-vingt-deux.
Cherchez l’erreur !
522 : cinq cents vingt deux
3 418 : trois milles quatre cents dix-huit
6 212 : six milles deux cent douze
4 200 : quatre mille deux cent
180 : cent quatre vingt
892 : huit cents quatre-vingts douze
Correction
cinq cent vingt-deux – trois mille quatre cent dix-huit – six mille deux cent douze – quatre mille
deux cents – cent quatre-vingts – huit cent quatre-vingt-douze
Elle a du pensé qu’elle m’aurait la vieille bique, avec ses quatre-vingts deux ans et ses robes
marrons à fleurs. Mais c’est que je connais la chanson. Je fais parti de la maison, j’en connaîs les
coins, les recoins, j’ai tous les laissez-passers. Plus de trentes années que j’ai passées au service
de sa Majesté, brigade des crimes spéciaux. Médaille d’or du meilleur enquêteur du district en
1954. Ah ça, des affaires, on peut dire que j’en ai traitées. On pourrait faire des films entiers de
mes histoires, des trois cents douze crimes que j’ai résolu, des quatre cents criminels que j’ai
coincés, mais on aurait pas le courage de tous les recenser. Et parmis les plus malins, les plus
retors, les plus arrogants. Mais elle disparaîssait vite leur belle arrogance quand ils comprenaient
qu’ils étaient faits comme des rats, que Colombo allait les mettre en cabane pour vingt cinq ans
au moins. À la brigade, aucun assassin ne nous a résistés, aucun ne nous a échapés. Aucun. Ni le
juge assoiffé de vengence, ni le docteur amoureux de sa sœur, ni la vieille ratatinée et bouffie
d’orgeuil qui voulait se débarasser de son jeune voisin : personne ne dupe Colombo, personne
n’entrave le dévelopement de son enquête. Aucun scénario ne m’éblouit. Je comprends tout, je
renifle le coupable à plus de cents kilomètres. Je détecte le mensonge, qu’il vienne du Nord, du
Sud, de l’Ouest. Je lis dans l’âme noire des criminels comme à livre ouvert. Les petites cellules
grises foncées qui tapissent mon cerveau comme un damier n’ont pas finis de tourner. Et, comme
je le disais, ce n’est pas une vieille permanentée bleue pétrole du Sud de l’Angleterre quiva me
faire peur. Quelle imbécilité ! Le crime parfait, le scénario sans bavure, c’est moi qui les ait
inventé.
Correction
elle a dû penser – quatre-vingt-deux ans – ses robes marron – je fais partie – j’en connais – les
laissez-passer – plus de trente années que j’ai passé – on peut dire que j’en ai traité – trois cent
douze – que j’ai résolus – on n’aurait pas le courage – parmi les plus malins – elle disparaissait –
vingt-cinq ans – ne nous a résisté – ne nous a échappé – assoiffé de vengeance –bouffie d’orgueil
– qui voulait se débarrasser – personne n’entrave le développement – à plus de cent kilomètres –
qu’il vienne du nord, du sud, de l’ouest – cellules gris foncé – n’ont pas fini – permanentée bleu
pétrole – du sud de l’Angleterre – quelle imbécillité – c’est moi qui les ai inventés
Après que
La règle – Contrairement à « avant que », « après que » est suivi de
l’indicatif et non du subjonctif.
Dans le premier cas, l’action qui suit « avant que » (« venir ») n’est pas
encore réalisée au moment où la première action se déroule : elle est encore
de l’ordre du possible, n’est pas pleinement inscrite dans le réel. C’est la
raison pour laquelle on emploie le subjonctif. Dans le second cas, c’est le
contraire : l’action de « partir » est déjà pleinement réalisée au moment où
l’action principale (« aller la voir ») commence. On emploie donc
l’indicatif, plutôt associé au « réel ».
Honneur à la faute !
Il n’est pas rare que des formes fautives finissent par trouver grâce dans la langue, et par devenir
la norme grammaticale ou orthographique. À la Renaissance, la prononciation populaire
négligente, marquée par une tendance à l’inversion des syllabes, a ainsi fini par faire autorité : la
« berbis », du latin berbicem, est devenue une « brebis », tandis que la « pauverté », du latin
paupertatem, que l’on entend encore dans l’anglais poverty, est devenue « pauvreté ».
Notament/notamment
La règle – Les adverbes en –ment qui se prononcent [ament], comme
« notamment », prennent toujours deux –m, tandis que ceux qui se
prononcent [ement], comme « rapidement », n’en prennent qu’un.
Comprendre – Une fois que l’on a compris cette répartition des doubles –
m, somme toute assez simple, la difficulté se pose de savoir si l’on écrit –
amment ou –emment. Il suffit pour cela de regarder l’adjectif dont dérive
l’adverbe : si l’adjectif s’écrit –ent, comme « évident », l’adverbe
correspondant s’écrit –emment, « évidemment » ; si l’adjectif s’écrit –ant,
comme « bruyant », l’adverbe qui en dérive s’écrira –amment,
« bruyamment ».
On retiendra bien l’orthographe de « notamment », très souvent mal
orthographié.
Putaing cong !
Pourquoi y a-t-il deux –m dans les adverbes comme « notamment » ? Tout simplement parce que
ces adverbes étaient prononcés en français médiéval [notan’men’te] : le premier –m servait alors
à noter le [an], et le second le son –m. À partir de la Renaissance s’opère le processus dit de
« dénasalisation » : les voyelles nasales comme [an] sont progressivement prononcées [a]. Cette
dénasalisation n’a pourtant pas été suivie de la même façon dans toutes les régions de France :
c’est ainsi la trace de ces prononciations nasalisées que l’on retrouve dans l’accent marseillais et
son célèbre « putaing ».
Ambigüe/ambiguë
La règle – Les adjectifs en –gu (« ambigu, contigu, aigu, exigu… »)
prennent un tréma uniquement au féminin : le tréma se place alors sur le –e,
et non sur le –u.
Comprendre – Le tréma sert à signaler que deux voyelles qui se suivent ne
se prononcent pas ensemble mais séparément : « héroïque » (on prononce
ainsi hé-ro-ique, et non [érouac]), « laïc » (la-ic, et non [lèc]). Comme on le
voit, le tréma se place toujours sur la seconde des deux voyelles.
La compréhension de l’usage du tréma permet de résister aux deux
mouvements spontanés que l’on peut avoir pour « ambigu » :
Le premier serait d’écrire « ambigü », le tréma étant ici inutile puisqu’il
n’y a qu’une seule voyelle. C’est uniquement pour les formes féminines
que le problème se pose, puisque « ambigue », sans tréma, se
prononcerait [anbig].
Le second serait d’écrire « ambigüe », puisque l’on a le sentiment qu’il
faut marquer la syllabe que l’on prononce (le –u), alors que le tréma se
place toujours sur la seconde voyelle.
Cherchez l’erreur !
Flashback
C’est le genre de vieille bique qui parait si mesquine qu’on a envie de l’appeler Miss, même
si tout le monde est sur qu’elle est née dans le Nord de la Franche-Comté. Miss Marpeule. Un
nom à coucher dehors, au froid, sans mari. Et c’est bien ce qu’il lui est arrivé à la Miss
Marpeule. Elle me tournicote autour, me décoche de sa voix suraigüe ses banderilles de
questions, qu’elle a minutieusement affûté, mais, tel un matador, j’esquive, je dilue, j’élude,
j’élide, et autres noyages de poisson. Mais, je croyais, cher monsieur Colombo, que vous étiez
parti à la pèche au gros à cette date ? Vous m’avez dit avoir péché un poisson de quarante deux
kilos, me semble-t’il ? Et, pourtant, le loueur de bateau est resté sans nouvelle de vous, et
Monsieur Azlamour assure vous avoir croisé, votre assistante et vous, au karaoké de l’Auberge
rouge. Une fâcheuse méprise, grince-t-elle, en balafrant sa face de reinette de son sourire ambigü
de serpent. Je me souviens notament, en la voyant, de cette affaire sordide de la banlieue Est de
Lille, où deux gosses avaient été séquestré par une femme fatale sur le retour, ancien agent
immobilier. Elle avait le même sourire inquiétant que cette sorcière de Marpeule. Mais en tous
cas, elle ne m’aura pas. Impossible : quelque soit son habileté, mon crime est insoupçonnable et
invraissemblable. Il n’a pas encore eu lieu. Elle devine peut-être mes noirs desseins, la soif de
vengeance qui me ronge, et qui me cuit les tripes. Eh bien, je ferais un chef-d’œuvre
d’assassinat, d’une pierre deux coups, sans appel ni rémission : c’est de la mort de cette vieille
bique à face de reinette que sera accusé Azlamour. Quelque soit ses tords, ou son innocence, il
devait y passer. Après le différent qui nous avait opposés, je devais laver dans le sang l’affront
qu’il m’avait fait ; il y passera, c’est certain… le reste de ses jours dans une cellule de prison de
trois mètres sur quatres.
Correction
qui paraît – tout le monde est sûr – le nord de la Franche-Comté – ce qui lui est arrivé – de sa
voix suraiguë – des questions qu’elle a minutieusement affûtées – la pêche au gros – avoir pêché
– quarante-deux – me semble-t-il – vous avoir croisés, votre assistante et vous – de son sourire
ambigu – je me souviens notamment – la banlieue est de Lille – avaient été séquestrés – mais en
tout cas – quelle que soit son habileté – invraisemblable – je ferai un chef-d’œuvre – quels que
soient ses torts – après le différend – trois mètres sur quatre
La langue Française/la langue française
La règle – On met une majuscule au nom de nationalité quand il s’agit d’un
nom, et une minuscule quand il s’agit d’un adjectif qui complète un nom.
Quand il s’agit de la langue, on ne met jamais de majuscule (« parler le
français »).
Leur, leurs
La règle – « Leur » peut être un pronom signifiant « à eux », ou un
déterminant possessif. On emploi « son/sa/ses » quand il y a un seul
possesseur, et « leur » quand il y en a plusieurs.
Je leur ai dit la nouvelle.
• J’ai dit la nouvelle à eux.
Dans le premier cas, on suppose que chacun a un seul enfant, tandis que
dans le second on suppose qu’ils ont plusieurs enfants chacun. On écrira
ainsi : « Ils ont enlevé leur chapeau », mais « Ils ont enlevé leurs
chaussures », dans la mesure où l’on a a priori un seul chapeau et deux
chaussures.
Rénumérer/rémunérer
La règle – On sera attentif à la forme de ces deux verbes « rémunérer » et
« obnubiler », souvent mal orthographiés et mal prononcés. Il s’agit bien du
verbe « rémunérer », et non « rénumérer », et du verbe « obnubiler », et non
« omnubiler », voire « omnibuler », comme on le lit parfois.
S’avérer
La règle – On veillera à ne pas employer la formule « s’avérer vrai », qui
est un pléonasme, puisque « s’avérer » signifie déjà « se révéler vrai ». On
n’emploiera pas non plus « s’avérer faux », qui est illogique, pour les
mêmes raisons.
Poste restante
De la même façon, « ci-joint » est invariable avant le nom, mais s’accorde quand il est placé
après le nom. « Ci-joint les pièces demandées », mais « les pièces ci-jointes ».
Quasi-désert/quasi désert
La règle – On emploie un trait d’union lorsque « quasi » précède un nom
(« la quasi-totalité des participants »), mais pas quand il précède un adjectif
(« L’endroit était quasi désert »). On évitera par ailleurs d’écrire
« quasiment », qui relève du langage familier.
Cherchez l’erreur !
Agatha quitte la scène : dans un dernier effort, aidez-la à baisser le rideau avec panache.
Le monde entier pleure l’une des plus grandes romancières de la littérature Anglaise, au
language si précis et si piquant, et qu’ont tant aimé les lecteurs de tout âge. Agatha Christie s’est
éteinte ce matin dans son appartement de l’ouest de Londres, rue saint James, après que Sa
Majesté en personne lui ait décernée la médaille du crime. Mais quelque soit sa fin, celle qui a
inventé le crime, qui a imaginé milles et unes intrigues de meurtres ne pouvait pas quitter la
scène sans mystère. Sa mort, que la police a constatée à neuf heures et demie, une demie heure
après l’appel de son maitre d’hôtel, est en tous cas entourée de zones d’ombre. Certaines
circonstances, notament dans la nuit qui a précédé la mort, sont particulièrement ambigües,
quasi-incompréhensibles : pourquoi avaler une croûte aux morilles au vin d’Arbois malgrés son
allergie aux champignons, et malgré l’abstinence à laquelle elle s’est astreinte depuis ses quatre
vingt ans ? Pourquoi donner rendez-vous à son neveu, François Frocart, alors qu’ils ne se sont
pas vus et ne se sont pas dits un mot depuis plus de vingt trois ans, depuis le terrible différent qui
les a opposés. La célèbre romancière avait en effet refusé de lui avancer les fonds qu’il lui avait
réclamé pour sa maison d’édition de livres pour chats non voyants, et dont il considérait qu’ils
lui étaient dûs. Si il a nié toute implication, le jeune homme, plus si jeune d’ailleurs, a été
apperçu alors qu’il quittait le domicile de Lady Agatha, et la presse toute entière, omnubilée par
la mort de cette idole littéraire, regorge de questions. En concluerons-nous que la reine du crime
a été elle-même victime d’un assassin, voir d’une bande criminelle ? Qu’elle a elle-même
souffert le martyr, comme les personnages de ses romans ?
À quelle intrigue inédite et invraissemblable allons-nous assister ? Tous les détectives privés,
proffesionnels et amateurs, sont sur le pont de guerre pour mettre à jour les secrets de l’affaire,
tandis que le public attend avec avidité le dévellopement du dernier roman d’Agatha.
Malheureusement, Pirot n’est plus, et toutes les hypothèses qu’a formulé Jean-René de
l’Espérance, un espèce d’alcoolique, soit-disant spécialiste du crime mais qui ne parait pas avoir
le même coefficient de cellules grises que son prédécesseur, se sont avérées fausses.
À suivre…
Correction
la littérature anglaise – au langage si précis – qu’ont tant aimée – rue Saint-James – après que Sa
Majesté lui a décerné – quelle que soit sa fin – qui a imaginé mille et une intrigues – une demi-
heure – son maître d’hôtel – en tout cas – notamment dans la nuit – particulièrement ambiguës –
quasi incompréhensibles – malgré son allergie – ses quatre-vingts ans – ne se sont pas dit un mot
– plus de vingt-trois ans – le terrible différend – les fonds qu’il lui avait réclamés – qu’ils lui
étaient dus – s’il a nié – a été aperçu – la presse tout entière – obnubilée – en conclurons-nous –
voire d’une bande – souffert le martyre – inédite et invraisemblable – professionnels – pour
mettre au jour – le développement – toutes les hypothèses qu’a formulées – une espèce
d’alcoolique – soi-disant – qui ne paraît pas avoir – se sont révélées fausses
ÉPILOGUE
a/à 1
accord du participe passé 1
accord du participe passé avec « en » 1
accord du participe passé avec les verbes pronominaux 1
accord du participe passé (cas particuliers) 1
accord du verbe et de son sujet 1
acquérir 1
adverbes (–ment) 1
aggraver 1
–ai/–ais (j’aimerai/j’aimerais) 1
alternative 1
ambigu/ambiguë 1
annihiler 1
apercevoir 1
appeler 1
après que 1
arguer 1
au final 1
au jour d’aujourd’hui 1
auquel 1
s’avérer 1
bel/belle 1
ça/sa 1
cardinaux (points) 1
cauchemar 1
censé/sensé 1
c’est/s’est 1
ces/ses 1
cet/cette 1
champ 1
chaque, chacun 1
il choisit/il a choisi 1
circonflexe (accent) 1
nous conclurons 1
connexion 1
considérer comme 1
contredire 1
convaincre 1
couleurs (adjectifs) 1
créée 1
–ction/–xion ? 1
d’ailleurs 1
davantage 1
débarrasser 1
décrédibiliser 1
de par 1
demi/demie 1
deuxième/second 1
développement 1
différent/différend 1
dilemme 1
dont 1
du/dû 1
dû à 1
–é ou –er ? (aimé/aimer) 1
élision 1
en tout cas 1
envoyer 1
exclus 1
exigence 1
faire long feu 1
faisait/ferait 1
familier 1
fatigant/fatiguant 1
fictif/fictive 1
fini 1
français/Français 1
fut/fût 1
futur et conditionnel 1
gageure 1
générer 1
grec/grecque 1
–iez ou –iiez (que vous criiez) 1
s’illusionner 1
imbécillité 1
impacter 1
impératif des verbes 1
inclus 1
infatigable 1
nous influerons 1
interrogation indirecte 1
jeune/jeûne 1
la/l’a 1
la plupart de 1
laïc/laïque 1
langage 1
leur/leurs 1
majuscule 1
malgré 1
malgré que 1
martyr/martyre 1
mature 1
mettre à jour/mettre au jour 1
mourir 1
mur/mûr 1
nourrir 1
nombres 1
noms composés 1
notamment 1
notre/le nôtre 1
nous-mêmes 1
obnubiler 1
occurrence 1
on/ont 1
on n’y voit rien 1
or/hors 1
orgueil 1
ou/où 1
où 1
pallier un problème 1
par contre 1
parmi 1
parti/partie 1
participe présent (–guant/–gant, –quant/–cant) 1
passé composé (conjugaison du) 1, 2
passé simple (conjugaison du) 1
pause/pose 1
pêcher/pécher 1
peindre, craindre 1
elle s’est permis 1
pouvoir, vouloir 1
présent (conjugaison du) 1
prêt/près 1
professionnel 1
pu 1
public/publique 1
quand/quant 1
quasi désert/quasi-totalité 1
quelque/quel que soit 1
qui le/qu’il 1
qui/qu’il 1
raisonner/résonner 1
ramener/rapporter 1
se rappeler 1
réflexion 1
relatif 1
rémunérer 1
résoudre 1
le ressenti 1
saint Paul/Saint-Paul 1
satire/satyre 1
satisfaire 1
sens dessus dessous 1
s’il 1
soi-disant 1
soutien/soutient 1
stopper 1
ils se sont succédé 1
sud/Sud 1
suite à 1
supporter 1
sur/sûr 1
sur Paris/à Paris 1
tache/tâche 1
noms en –té 1
tort/tord 1
tout/tous 1
travail/travaille 1
tréma 1
une espèce de 1
va ou vas ? 1
vas-y 1
le vécu 1
verbes à double consonne 1, 2
verbes en –faire et en –dire 1
verbes en –indre et en –soudre 1
voie/voix 1
voir/voire 1
vraisemblable 1
y a-t-il 1
TABLE DES MATIÈRES
Le travaille/le travail
Homophones
On, ont
à, a
Aimé, aimer
Orthographe lexicale
Familie/familier
D’avantage/davantage
Malgrés/malgré
Appercevoir/apercevoir
Chacuns/chacun
Chapitre II - EN PLEIN CŒUR
Il choisit/il a choisi
J’envois/j’envoie
Je peus/je peux
Il convaint/il convainc
Il résoud/il résout
Vas/va
Je ferai/je ferais
Homophones
Ça/sa
Ces/ses
C’est/s’est
Orthographe lexicale
Pause/pose
Tache/tâche
Tort/tord
Grammaire
Homophones
La/là/l’a
Tout/tous
Orthographe lexicale
Cauchemard/cauchemar
Prêt/près
Champs/champ
Soit-disant/soi-disant
Or/hors
Grammaire
Créée
Exclus/exclu
Homophones
Qui le/qu’il
Censé/sensé
Raisonner/résonner
Satire/satyre
Pêcher/pécher
Voie/voix
orthographe lexicale
Orgeuil/orgueil
Dilemne/dilemme
Grammaire
Homophones
Ou/où
Parti/partie
Martyr/martyre
Quand/quant
Orthographe lexicale
Nous même/nous-mêmes
Language/langage
Grammaire
Fatigant/fatiguant
Exigeance/exigence
Grammaire
L’interrogation indirecte
L’accent circonflexe
Si il/s’il
Le Sud/sud de la france
Orthographe lexicale
Voir/voire
Connection/connexion
Devellopement/développement
Occurence/occurrence
Débarasser/débarrasser
Imbécilité/imbécillité
Un différent/un différend
Les numéraux
Après que
Notament/notamment
Ambigüe/ambiguë
Leur, leurs
Rénumérer/rémunérer
S’avérer
Une demie-heure/une demi-heure
Quasi-désert/quasi désert
Épilogue - Ce qu’il ne faut surtout pas dire quand on veut avoir de la classe
Index
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