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Géopolitique de l’Afrique

Travail réalisé par :

BOUANANE Fatima Zahra.

CHKALANTE Chaimaa.

EL KHOMSI Zahira.

EL GHRABLI Youssef.

FAIK Anass.

MIH Amine.

Sous la direction de : M. MACHROUH Jamal

Année universitaire : 2015/2016


Sommaire

Introduction ............................................................................................................................................. 4
Partie I : La géographie de l’Afrique. .................................................................................................... 10
Chapitre I : Présentation : .................................................................................................................. 10
1. Le milieu naturel : ................................................................................................................. 12
a. Relief ..................................................................................................................................... 12
b. L’Hydrographie : ................................................................................................................... 15
2. Climat : .................................................................................................................................. 17
3. Faune et Flore : .......................................................................................................................... 19
4. Ressources minérales : ............................................................................................................ 23
a. Le climat :.............................................................................................................................. 23
b. Les changements climatiques et leurs effets : ....................................................................... 25
c. La biodiversité des sols : ....................................................................................................... 27
5. L’énergie : ................................................................................................................................. 29
6. L’eau : une ressource géopolitique ........................................................................................... 30
Partie II : Approche historique de l’Afrique.......................................................................................... 32
Chapitre I : Les trajectoires historiques et le cadre politique et culturel. .......................................... 32
1. De la période précoloniale à post-colonie. ........................................................................... 32
a. Les trajectoires historiques précoloniales. ............................................................................. 32
b. La « découverte » de l’Afrique. ............................................................................................ 34
c. la colonisation directe (1870-1960). .......................................................................................... 34
d. les indépendances et la post-colonie......................................................................................... 36
2. Géopolitique culturelles, religieuse et juridique. ................................................................... 38
a. Géopolitique culturelles : ...................................................................................................... 38
B. géopolitique des religions : ...................................................................................................... 39
d. Géopolitique des règles juridiques. ....................................................................................... 40
Chapitre II : La vie sociale de l’Afrique............................................................................................ 42
1. La démographie et l’urbanisation : ........................................................................................ 42
a. Les enjeux démographiques : ................................................................................................ 42
b. L’urbanisation : ..................................................................................................................... 44
2. Les conflits armés :................................................................................................................ 45

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a. Importance des conflits armés : ............................................................................................. 45
b. Les racines des conflits :........................................................................................................ 46
c. Les facteurs explicatifs des conflits armés : .......................................................................... 47
Partie III : Approche économique de l’Afrique. .................................................................................... 49
Chapitre I : La géo-économie et perspectives. .................................................................................. 49
1. Développement économique. ................................................................................................ 49
a. Les grandes étapes de l’évolution de l’économie africaine avant le 21sicele : ..................... 49
b. Le 21 ème siècle et la nouvelle tendance de croissance : ...................................................... 50
2. De la marginalisation à la mondialisation ............................................................................. 52
a. L’Afrique dans la mondialisation : ........................................................................................ 53
b. L’Afrique courtisée ?............................................................................................................. 54
c. Politiques de normalisation face à la mondialisation ............................................................ 57
3. L’Afrique dans les relations internationales. ........................................................................ 58
a. L’Afrique et les nations unies................................................................................................ 58
b. L’Afrique et les institutions de bretton woods ...................................................................... 59
c. - la banque mondiale ............................................................................................................. 60
d. L’Afrique et l’OMC : ............................................................................................................ 62
Conclusion ............................................................................................................................................. 64
Bibliographie ......................................................................................................................................... 68

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Introduction

L’Afrique possède différents types de végétation qui correspond à des zones climatiques
distinctes. Lorsque les précipitations sont très abondantes comme au sud de l’Equateur, la
forêt est recouverte de fougères, de mousses et d’arbres à bois tropical. En savane, on retrouve
des hautes herbes, des arbustes et quelques grands arbres. Dans la région du Sahel, qui se situe
entre le Sahara au nord et les zones tropicales plus humides au sud, les conditions de vie sont
difficiles, la végétation quasi-inexistante. Dans ce paysage de brousse, les habitants manquent
d’eau pour leurs cultures et parviennent difficilement à nourrir leurs bêtes.

Les ressources minérales en revanche ne manquent pas. On trouve en effet en grande


quantité du charbon, du pétrole, de l’or, des diamants, du fer, du zinc et aussi de l’argile, du
soufre et du sel. L’exploitation de ses ressources naturelles est parfois tellement forte que l’on
néglige l’environnement. Les hommes construisent massivement de nombreuses routes à
travers la forêt pour accéder à ces richesses, source pour eux d’une vie meilleure.

L’Afrique est connue à travers le monde pour sa faune sauvage exceptionnelle. Au nord du
Sahara, moutons, chèvres et chameaux sont rois. La région Ethiopienne abrite antilopes,
zèbres, girafes et grands singes comme le gorille. Au Kenya et en Tanzanie vous êtes assurés
de trouver les « 5 grands » comme on les nomme ; c’est-à-dire les 5 grands mammifères que
sont l’éléphant, le rhinocéros, le lion, le léopard et le buffle. Place aux reptiles avec les lézards
et crocodiles mais aussi de redoutables serpents venimeux qui se trouvent dans toute cette
zone Ethiopienne, dont le mamba, le python et le boa.

En Afrique, les hommes sont dépendants du climat. Lorsque les précipitations sont faibles,
on frôle la sécheresse ; ce temps sec conduit à la désertification du Sahara. Les populations
doivent quitter cette zone aride pour d’autres régions au climat plus propice. Question de
survie. Ces migrations forcées ont conduit à diviser les peuples de l’Afrique subsaharienne et
ceux d’Afrique du Nord ; ces derniers possédant chevaux et chameaux pour se déplacer à
travers le désert.

Au Maghreb et dans la région de l’Atlas, y compris au Sahara, on note la présence du peuple


berbère qui est la plus ancienne communauté d’Afrique du Nord ; ainsi que les arabes qui sont
originaires de la péninsule Arabique. Au sud du Sahara, ce sont les Noirs en grande majorité

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qui habitent cette région. Quant aux Indiens, ils sont regroupés dans les villes d’Afrique
orientale et en Afrique du Sud ; où l’on note aussi la présence d’Européens. Dans le Sud, on
trouve des ethnies comme les Bochimans qui sont des nomades chasseurs ainsi que les
Hottentots, ancienne population dans le désert de Nabib. Enfin, les Pygmées habitent le bassin
du Congo et vivent de l'exploitation de la forêt. Ils sont originaires des forêts équatoriales
africaines.

Les régions les plus peuplées du continent se situent dans les bassins du Nil, du Niger, du
Congo et du Sénégal et dans la région des Grands Lacs. Le Nigeria est le pays le plus peuplé.
La population africaine s’urbanise surtout en Afrique du Nord. Ce continent a une croissance
démographique la plus rapide du monde et voit sa population se composer majoritairement de
jeunes ; les plus de 60 ans se font rares et l'espérance de vie tourne autour de 47 ans. La
mortalité infantile est très élevée ; maladies et malnutrition sont le lot quotidien de plus d’une
famille.

L’économie du pays dépend majoritairement des exportations mais également de systèmes


économiques mis en place pour favoriser le commerce entre les Etats. On en trouve trois qui
réussissent à faire bouger les choses dans un pays meurtri par la pauvreté, la sécheresse et les
maladies comme le choléra, le paludisme et le sida. Bon point donc pour la Communauté
économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des Etats d’Afrique
centrale et l’Organisation de l’unité africaine.

L’extraction de minerais représente à elle seule la majorité des revenus de l’exportation du


pays. L’Afrique du Sud produit presque la moitié du revenu des minerais et trois-quarts de
l’or mondial ; viennent ensuite le Zimbabwe, la République démocratique du Congo et le
Ghana. Le Nigeria, la Libye, l’Algérie et l’Angola sont parmi les premiers producteurs
mondiaux de pétrole. Le charbon est exploité au Zimbabwe et en Afrique du Sud ; Les
exportations de gaz naturel se limitent à l’Algérie.

Les Africains pratiquent l’agriculture et l’élevage depuis toujours. Elle fournit plus de la
moitié de la demande mondiale en café, cacao, arachide. Dans le nord et le nord-ouest du
continent, on fait pousser du blé, de l’avoine, du maïs et de l’orge. Les céréales, comme le mil
et le sorgho, sont les principales cultures de la savane. L’élevage des bovins est très difficile
en Afrique ; il est presque rendu impossible puisque beaucoup de régions sont infestées par
les mouches tsé-tsé qui tuent les animaux. Côté pêche, les côtes de l’Atlantique ont la

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réputation d’être les plus poissonneuses du monde, mais les pêcheurs n’ont pas assez de
matériel pour exploiter cette richesse naturelle de façon intensive. Où se trouvent les
investisseurs étrangers, c’est la question que se posent beaucoup d’Africains.

Cependant on distingue cinq Afriques :

L’Afrique du Nord :

L’Afrique du Nord est une des cinq grandes régions du continent Africain. Elle est limitée au
sud par le Sahara et englobe le Grand Maghreb qui regroupe cinq pays. Le Maroc dont la
capitale est Rabat est bordé au nord par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’Océan Atlantique
et au sud par la Mauritanie. Ce pays a une superficie de 706 550 km2 grignoté en partie par le
Sahara. On admire ici les montagnes les plus hautes de l’Afrique du Nord. Différents reliefs
composent le Maroc comme le Rif qui est une chaîne montagneuse peu élevée ou le Moyen-
Atlas qui atteint les 3 000 mètres. La station balnéaire Agadir fait le bonheur des Européens
en hiver ; Casablanca, Fez ou encore Marrakech sont les villes les plus visitées au pays.

Le second pays, l’Algérie a pour capitale Alger ; elle est délimitée au nord par la Mer
Méditerranée. C’est le deuxième pays le plus grand d’Afrique avec ses 2 381 740 km2
occupés également par le Sahara en bonne partie. On peut découvrir les chaînes de l’Atlas au
sud comme au nord. L’Algérie est aussi considérée comme le deuxième pays francophone au
monde avec des villes comme Tlemcen, Oran et Constantine. La troisième zone est la Tunisie
qui regroupe des villes comme Sousse, Sfax et Carthage ; cette dernière étant connue pour ses
magnifiques sites archéologiques. Quant à l’île de Djerba, les touristes européens envahissent
ses sublimes plages toute l’année ; Tunis en est sa capitale.

Les deux derniers pays qui font partie du Grand Maghreb sont la Mauritanie et la Libye. La
première a pour capitale Nouakchot et vous charmera avec ses maisons et mosquées du
13ème siècle que l’on retrouve à Chinguetti. Quand à la seconde dont sa capitale est tripoli,
elle donne sur la Mer Méditerranée et se situe entre le Maroc au nord et le Sénégal au sud.
L’histoire du Grand Maghreb a été dominée par la colonisation française.

L’Afrique de l’ouest :

Des pays comme la Gambie, le Ghana, le Burkina Faso, le Cap Vert, le Niger ou encore la
Sierra Leone font tous partie de l’Afrique de l’ouest. Le Sénégal, pays qui nous est familier
avec le rallye Dakar est bordé par l’Océan Atlantique ; il couvre 196 700 km2 et ses

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principales villes sont Kebemer, Kolda, Ndar et Tivaouane. Sa capitale qui est Dakar est aussi
le principal port du pays. Elle est membre de l’organisation des villes du patrimoine mondial ;
c’est-à-dire des villes qui ont un site inscrit par l’UNESCO sur leur territoire. Deuxième ville
du Sénégal, Saint-Louis qui est classée à ce répertoire du patrimoine.

La Cote d’Ivoire quant à elle est réputée pour ses superbes plages au sud du pays. Sa capitale
est Yamoussoukro. Elle est limitée au nord par le Mali et le Burkina, au sud par l’Océan
Atlantique, à l’est par le Ghana et à l’ouest par le Liberia et la Guinée. Ses principales villes
sont Abidjan, Bouaké, Man, Danané marquées par peu de relief. On note la présence de
collines et de monts dont le plus haut : Le mont Tonkoui avec ses 1180 mètres.

Le plus vaste Etat d'Afrique de l'Ouest est le Mali avec ses 1 240 000 km2. De nombreuses
ethnies composent le pays comme les Maures, les Touaregs, les Bambaras, les Peuls, les
Songhais, les Soninké et les Voltaïques. Sa capitale est Bamako et ses villes principales sont
Ségou, Mopti, Sikasso et Kayes.

Les ethnies au Bénin sont aussi bien présentes, on en compte environ une quarantaine. Les
Fons représentent presque 50% de la population ; viennent ensuite les Yoroubas, les Gouns ,
les Baribas et les Sombas. Ce pays situé sur le golfe de Guinée a pour capitale Porto Novo ;
Cotonou est une des villes les plus peuplée et se veut le cœur politique et économique du
Bénin.

L’Afrique centrale :

L'Afrique Centrale comprend le Burundi, le Rwanda, le Cameroun, le Gabon, la Guinée


équatoriale, Sao Tomé-et-Principe, la République Centrafricaine et le Tchad. Ne pas
confondre dans la région, la République Démocratique du Congo appelée aussi Congo
Kinshasa, avec la République du Congo nommée Congo Brazzaville.

L’une des zones les plus peuplées est celle de l’Afrique des Grands Lacs qui comprend quatre
pays ; le Burundi et le Rwanda qui sont deux pays à la frontière de l’Afrique de l’Est. ; La
République Démocratique du Congo et l’Ouganda qui fait partie de l’Afrique de l’Est. On
retrouve dans cette région le Lac Victoria qui est le troisième plus grand lac au monde. Et
autre beauté de la nature, le Congo avec ses 4 670 km qui est le fleuve d’Afrique Centrale le
plus long d’Afrique après le Nil.

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La forêt du Bassin du Congo avec plus de deux millions de km2 est la plus grande après celle
de l’Amazonie ; mais peut-être plus pour longtemps ; une déforestation massive fait rage dans
cette région. Ce bois tropical est une mine d’or pour les Africains. Ils l’exploitent et le
commercialisent massivement, mettant ainsi en danger cette magnifique forêt.

Pour éviter se genre de problème, une communauté économique comprenant onze Etats de
l’Afrique Centrale a été créée en 1983. Elle gère différents dossiers comme la sécurité,
l’environnement, la santé, le commerce et les nouvelles technologies. Aidez les enfants et les
femmes en Afrique Centrale est devenue une priorité nationale possible grâce au CEEAC et
au Fonds des Nations Unies pour l’enfance, L’UNICEF. Les actions de la CEEAC pour la
paix et la sécurité du pays sont également nombreuses ; l’Afrique Centrale a connu beaucoup
de conflits armées dans la plupart de ses Etats et en 1999 a été créé un Conseil de paix et de
sécurité, le COPAX.

L’Afrique de l’Est :

L'Afrique de l'Est comprend les pays de la Vallée du Rift qui s'étendent sur plus de 6000 km
et ceux de la Corne de l’Afrique qui vont jusqu'à la Mer d’Oman. Le Kenya qui en fait parti
est bien connu des touristes pour la qualité de ses safaris ; il est baigné par l’Océan Indien. Sa
capitale, Nairobi est l’une des plus grandes villes d’Afrique. Le plus haut sommet du pays est
le mont Kenya avec ses 5199 mètres. On peut admirer de nombreux lacs comme celui de
Turkana dans la Vallée du Rift et si vous aimez les bords de mer, vous ne serez pas déçus
avec plus de 500 km de côtes de sable fin où on peut voir au large les îles Funzi et Mombasa
réputé pour son port.

Autre pays en bordure de l’Océan Indien, la Tanzanie dont la capitale est Dodoma. La fierté
locale est bien sûr le Kilimanjaro avec ses 5895 mètres qui fait la joie des randonneurs du
monde entier. Ce sommet est protégé par un par national qui est visité par des milliers de
personnes chaque année.

Située au cœur de la Corne de l'Afrique de l’Est, l'Ethiopie a pour capitale Addis-Abeda et


compte plus de 2 millions d’habitants. Elle regroupe plus de 80 ethnies ; les Oromo sont les
plus nombreux suivis des Amhara et des Tigréen. Ce pays est tristement célèbre pour son taux
de mortalité infantile élevé. Guerres et famines lui ont décerné la palme de l’un des pays les
plus pauvres au monde. Selon des statistiques de l’année 2005, l’espérance de vie ne dépassait
pas les 50 ans. La lutte contre la pauvreté et la faim revient au premier plan des

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préoccupations internationales. Un enfant toutes les 5 secondes environ meurt de faim dans le
monde. On se souvient de l’événement « Live 8» organisé par le chanteur Bob Geldof qui fût
soutenu en France par Jack Lang. Ce concert avait comme mission de sensibiliser les gens du
monde entier sur la situation éthiopienne.

L’Afrique Australe :

Les pays situés au sud de la forêt équatoriale ainsi que des îles comme Maurice et la Réunion
constituent l'Afrique Australe ; Madagascar est la quatrième plus grande île au monde.
Anciennement habité par les peuples Bantous et Khoïsans, on retrouve des pays comme le
Botswana, les Comores, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, le Swaziland, la
Zambie et le Zimbabwe.

L’Afrique du Sud s’étend sur 1 219 090 km2. A l’est de ce pays, on peut admirer les
magnifiques monts Drakensberg. La ville de Pretoria est sa capitale administrative et celle du
Cap est considérée comme sa capitale législative ; Johannesburg fait partie des plus grandes
villes.

Malheureusement de nombreux bidonvilles envahissent le pays et les Sud-Africains n’ont


parfois ni eau, ni électricité pour vivre. La communauté noire représente plus de 70% de la
population et les blancs aux alentours de 13%. On note également la présence de quelques
ethnies comme les Bochimans, les Tsongas, les Vendas et les Zoulous ; ces derniers sont les
plus nombreux et représentent à eux seul 20% de la population.

Autre problème majeur en Afrique du Sud, la population devient de plus en plus pauvre ; le
seul responsable est le sida couplé à une criminalité qui fait des ravages au pays. Néanmoins,
l'économie reste stable grâce aux industries d'Afrique du Sud comme l'exploitation minière ou
le pétrole.

En 1992, un traité établissant la Communauté pour le Développement de l'Afrique Australe, la


SADC a été signé à Windhoek en Namibie. Ses objectifs sont le libre échange, la libre
circulation des personnes et le respect des droits de l'homme. La priorité nationale est de lutter
contre la pauvreté, favoriser la paix et la sécurité en Afrique du Sud. Espérons que ce traité
soit respecté pour éviter des politiques telles que l’Apartheid.

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Partie I : La géographie de l’Afrique.

Chapitre I : Présentation :

Afrique, continent, regroupant 53 pays répartis sur cinq régions géographiques.

Le continent Africain recouvre plus de 20 % du globe. Imaginez qu’environ 7 500 kilomètres


séparent le nord du sud et que sa superficie est d’environ 30 millions de km². 53 pays le
composent répartis sur cinq régions géographiques ; on trouve l’Afrique du Nord, de l’Ouest,
l’Afrique Centrale, l’Afrique de l’Est et enfin l’Afrique Australe. A l’est, ce continent est
délimité par l’Océan Indien et la Mer Rouge ; au nord par la Mer Méditerranée et à l’ouest par
l’Océan Atlantique. Combien sont-ils à habiter sur cette immense étendue...Et bien il est
difficile de donner un chiffre exact puisque la population croît rapidement. En 2015, on
devrait certainement frôler les 900 millions d’habitants.

Le continent Africain regorge de beautés naturelles. Le mont Kilimandjaro est le point


culminant de l’Afrique avec ses 5 895 mètres d’altitude. Au nord plus à l’ouest, on trouve les
chaînes de l’Atlas qui s’étendent du Maroc jusqu’à la Tunisie. Le Sahara, toujours aussi
fascinant, se prolonge de l’Atlantique à la mer Méditerranée. Quant aux fleuves, le plus long
fleuve du monde, le Nil, se déverse sur 6 650 km ; vient ensuite le Congo avec 4 400 km et le
Niger avec environ 4 200 km. Les Grands Lacs se trouvent en Afrique de l’Est où l’on peut
admirer le Lac Victoria, le troisième lac du monde par sa taille. On peut voir également dans
cette région le Lac Malawi, le Lac Tanganyika ou encore le Lac Edouard.

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Le climat tropical règne sur tout le continent. Lors de la saison sèche, les savanes font place
aux zones désertiques. Les pluies sont irrégulières et dans certaines régions d’Afrique,
quasiment inexistantes. Mais le vrai danger est l’avancée du désert. La forêt qui s’étend sur
seulement 10% du continent, est en péril. Le principal coupable étant les cultures sur brûlis
qui déciment les arbres. Conséquence : le désert s’agrandit progressivement au détriment de la
végétation.

Afrique (carte politique)

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Le continent africain compte de nombreuses îles, dont les plus peuplées et les plus grandes
sont : Madagascar (la « grande île »), Zanzibar, Pemba, Maurice, La Réunion, les Seychelles
et les Comores (dans l’océan Indien) ; São Tomé, Príncipe, Annobon, Bioko et les îles
Bissagos (golfe de Guinée) ; les îles du Cap-Vert et les îles Canaries, Sainte-Hélène et l’île de
l’Ascension (océan Atlantique).

Le continent africain couvre une superficie d’environ 30 millions de km². En 2005, on


estimait la population totale du continent à plus de 905 millions d’habitants.

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1. Le milieu naturel :
L’Afrique est le deuxième continent du monde par la taille (22 % de la surface terrestre). Il
s’étend sur 8 050 km du nord au sud, de sa pointe septentrionale, le cap Blanc (en Tunisie), à
son extrémité australe, le cap des Aiguilles (en Afrique du Sud) ; sa largeur maximale est
d’environ 7 560 km d’ouest en est, de sa pointe occidentale, le cap Vert (au Sénégal), à son
extrémité orientale, le Ras Hafoun (en Somalie). Le continent africain culmine au mont
Kilimandjaro (5 895 m d’altitude au mont Kibo), en Tanzanie ; la région la plus basse est la
dépression salée du lac Assal (153 m en dessous du niveau de la mer), sur le territoire de
Djibouti.

La longueur totale des côtes (30 490 km) est inférieure, comparée à la superficie, à celle
des autres continents. La côte africaine est inhospitalière sur le versant atlantique en raison
d’une forte barre et de la rareté des échancrures, sauf à l’embouchure des fleuves et dans le
golfe de Guinée, où un cordon littoral isole souvent de calmes lagunes au bord desquelles vit
une population nombreuse. La côte orientale, plus accueillante, est balayée par les vents de
mousson qui favorisent la navigation dans l’océan Indien.

À l’exception de la côte septentrionale et des chaînes de l’Atlas dans le nord-ouest,


l’Afrique est caractérisée par de grandes cuvettes où coulent de grands fleuves – Nil, Niger,
Congo, Zambèze – qui accèdent à la mer par des chutes et des rapides spectaculaires.

a. Relief
Orogenèse :

Un vaste bouclier continental de roches précambriennes s’étend du sud de l’Atlas au cap de


Bonne-Espérance. À l’est, il englobe la péninsule arabe et Madagascar qui se détachèrent de
l’Afrique à l’ère tertiaire (voir tectonique des plaques). On a découvert dans ces roches des
fossiles de micro-organismes datés de 3,2 milliards d’années.

Les forces tectoniques qui séparèrent l’Afrique de l’Amérique du Sud au moment de la


dislocation du grand continent du Gondwana, il y a plus de 150 millions d’années (voir
jurassique), poursuivirent leur action à une époque plus récente, créant une suite de fossés
tectoniques (la Rift Valley) en Afrique orientale à l’ère tertiaire, et provoquant la formation
des volcans des monts Kenya, Kilimandjaro, Ruwenzori et Virunga.

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Relief actuel :

Désert du Sahara

Les grandes zones désertiques subtropicales, comme le désert du Sahara, sont formées de
sable accumulé sous l’effet du vent.

David Rouge (MAURITANIA)/Reuters

D’une manière générale, l’altitude du continent africain augmente du nord-ouest au sud-est.


Les bandes côtières basses, à l’exception de la côte méditerranéenne et de la côte de la
Guinée, sont généralement étroites, avant de s’élever brusquement.

Au nord-ouest, les chaînes de l’Atlas, successions de pics escarpés qui culminent à 4 165 m
d’altitude et entre lesquels s’intercalent de hauts plateaux, s’étendent du Maroc jusqu’en
Tunisie sur 2 400 km de long.

Le Sahara, le plus grand désert du monde, s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge de part et
d’autre du tropique du Cancer. Cette vaste dépression est parsemée de reliefs (Adrar
mauritanien, Aïr, Hoggar, Tibesti). Certaines parties du Sahara, comme le Tanezrouft et le

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désert de Libye, sont extrêmement arides. À l’est, le désert est traversé par le Nil ; il prend fin,
avec le désert Arabique et le désert de Nubie, devant la mer Rouge.

Au sud du désert, cette dépression se poursuit par une région de transition, le Sahel (dont le
nom signifie « rivage »), fait de plaines et de faibles ondulations. Au sud-ouest, le Fouta-
Djalon, les massifs de l’Atakora, dans le nord du Bénin, et de l’Adamaoua, dans le sud-ouest
du Cameroun sont les rares points émergents du relief. Au centre de l’Afrique, le bassin du
Congo est une dépression majeure.

Ngorongoro (Tanzanie)

L'Afrique orientale voit se succéder du nord au sud, de l'Éthiopie au Mozambique, une suite
de fossés d'effondrements, la Rift Valley, et de hauts volcans. Le volcan endormi du
Ngorongoro, ici, se trouve dans le nord-est de la Tanzanie, à l'ouest du Kilimandjaro.

Nicholas Parfitt/Tony Stone Images

Les plateaux orientaux, autour de l’équateur, sont les plus élevés du continent. Ils occupent
le versant oriental de l’Afrique et s’étendent de la mer Rouge au Zambèze. Leur altitude
moyenne dépasse 1 500 m. Ils s’élèvent progressivement sur le plateau éthiopien pour
dépasser les 3 000 m ; le Ras Dachan (4 620 m), dans le nord de l’Éthiopie, en est le point
culminant. Plus au sud se trouvent plusieurs volcans, dont le Kilimandjaro, qui avec ses 5 895

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m d’altitude est le point culminant de l’Afrique, le mont Kenya (5 199 m) et le mont Elgon.
Une caractéristique topographique particulière des montagnes orientales est le vaste système
de fossés tectoniques (Rift Valley) traversant la région dans le sens nord-sud. À l’ouest, le
Ruwenzori atteint une altitude maximale de 5 119 m au pic Margherita.

Le sud du continent est constitué d’un vaste plateau, coupé par les dépressions du delta de
l’Okavango et du désert du Kalahari. Le rebord méridional du plateau austral longe la côte
sud-est sur quelque 1 100 km et culmine à 3 650 m dans le Drakensberg, en Afrique du Sud.
Le Karroo est un plateau aride d’environ 260 000 km², également en Afrique du Sud. Le
désert du Namib s’étend sur près de 2 000 km le long de la côte de l’océan Atlantique.

L’île de Madagascar est constituée d’un plateau central ravagé par l’érosion et bordé à l’est
par une plaine côtière humide.

La plupart des sols africains présentent un drainage irrégulier et une nappe phréatique peu
visible, sauf au Sahara où de grandes nappes fossiles et des rivières souterraines ont été
repérées (Algérie, Libye). Les sols déboisés sont souvent incultivables en raison de la
violence des pluies et du lessivage des minéraux. Les sols désertiques, pauvres en composants
organiques, couvrent une vaste étendue. Certains sols de savane, durcis, présentent des
cuirasses (latérite).

b. L’Hydrographie :

Nil près d’Assouan (Égypte)

Les eaux du Nil s’écoulent au-delà des hautes rives, à Assouan en Haute-Égypte. Le second
barrage gigantesque d’Assouan (appelé Sadd el-Ali ou haut barrage d’Assouan), achevé en

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1970, a modifié le cours du fleuve et permis à l’Égypte d’éviter les incessantes inondations
auxquelles elle a dû faire face pendant des siècles.

Geoffrey Clifford/Woodfin Camp and Associates, Inc.

Il existe six grands bassins hydrographiques en Afrique. À l’exception du bassin du lac


Tchad, dont les eaux s’évaporent sous l’effet de la chaleur, ils aboutissent tous dans la mer et
sont caractérisés par des chutes et des rapides qui empêchent la navigation.

Le Nil, le plus long fleuve du monde avec ses 6 650 km, arrose le nord-est de l’Afrique.
Formé du Bahr el-Azrak, qui prend sa source dans le lac Tana en Éthiopie, et du Bahr el-
Abiad, qui a la sienne au sud du Burundi et se forme au sortir du lac Victoria, le Nil coule
vers le nord, traverse la Sahara et se jette dans la Méditerranée par un large delta.

Le Congo, avec ses 4 400 km, baigne une grande partie de l’Afrique centrale. Il naît en
Zambie et coule vers le nord sous le nom de Lualaba. Il oblique vers l’ouest puis vers le sud-
ouest pour se jeter dans l’océan Atlantique.

Le troisième grand fleuve africain, le Niger, en Afrique occidentale, est long d’environ 4
200 km ; son cours supérieur n’est navigable que pendant la saison des pluies. Le Niger, qui
prend sa source sur le plateau du Fouta-Djalon, coule vers le nord et l’est en formant un vaste
delta intérieur où les eaux de la crue s’étalent avant de se diriger vers le sud, puis de se jeter
dans le golfe de Guinée par un delta aux bras multiples.

Le Zambèze, long d’environ 3 540 km, naît en Zambie, dans le sud-est de l’Afrique, et coule
vers le sud, l’est et le sud-est avant de se jeter dans l’océan Indien. Le Zambèze présente de
nombreuses chutes, dont les plus remarquables sont les chutes Victoria. Le fleuve Orange (2
100 km) et son affluent le Vaal baignent le sud de l’Afrique. L’Orange naît dans le massif du
Drakensberg et se déverse, à l’ouest, dans l’Atlantique après avoir creusé des gorges
spectaculaires.

Le lac Tchad, un lac d’eau douce d’une profondeur moyenne de 1,2 m environ, est le
réceptacle des oueds et cours d’eau environnants. C’est le plus grand bassin fermé du
continent. Sa profondeur et sa superficie varient considérablement selon les cycles pluviaux.
Il existe aussi d’autres bassins fermés de moindre ampleur, en Afrique australe (delta de
l’Okavango), et en Afrique orientale (lacs Natron, Turkana, vallée de l’Awash avec le lac
Abbé).

16
La grande faille orientale a donné naissance à un grand nombre de lacs, avec, du nord au sud,
les lacs Mobutu, George, Édouard, Kivu, Tanganyika et Malawi. Le lac Victoria, plus grand
lac d’Afrique et troisième du monde, occupe une dépression peu profonde entre les deux
branches du rift.

L’approvisionnement en eau est un problème majeur en Afrique. De vastes étendues


souffrent de l’insuffisance ou de l’irrégularité des pluies et les populations doivent stocker
l’eau en prévision du retard ou de l’insuffisance des précipitations. D’autres régions ont des
réserves surabondantes. Il existe de grands marais et certaines zones sont périodiquement
inondées (sud du Soudan, delta intérieur du Niger). Au cours des dernières années, de
nombreux barrages et réservoirs ont été construits pour canaliser l’eau destinée à l’irrigation
ou pour la production hydroélectrique (barrages d’Assouan sur le Nil, d’Akosombo sur la
Volta, de Manantali sur le Niger, d’Inga sur le Congo, de Kariba et de Cabora Bassa sur le
Zambèze). Grâce à ses nombreux cours d’eau, l’Afrique possède environ 40 % du potentiel
hydroélectrique mondial.

2. Climat :

Oasis de Douz (Sahara)

Le climat du Sahara est extrêmement aride, certaines régions ne recevant aucune goutte de
pluie durant des années.

17
Richard Steedman/The Stock Market

Une grande partie du continent est soumise à l’influence du climat tropical. En Afrique
orientale, des montagnes arrêtent la mousson de l’océan Indien.

On distingue plusieurs grandes zones climatiques. La partie centrale du continent et la côte


orientale de Madagascar ont un climat caractéristique de la forêt pluviale tropicale. La
température moyenne est d’environ 26,7 °C, avec des précipitations annuelles proches de 1
800 mm. Le climat de la côte de la Guinée ressemble au climat équatorial, mais les pluies se
concentrent en une seule saison ; il n’y a cependant pas de mois sans pluie.

Afrique (carte des climats)

© Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Au nord et au sud, le climat de la forêt pluviale laisse la place au climat tropical, caractérisé
par une saison humide pendant les mois d’été et une saison sèche pendant les mois d’hiver,
qui s’allonge à mesure que l’on approche des tropiques. Les précipitations annuelles totales
varient de 1 500 mm à 550 mm. De part et d’autre de l’équateur, l’humidité décroît lorsque la
latitude augmente, et l’on passe de la forêt dense à la forêt à feuilles caduques puis à la forêt
claire et enfin à la savane. Le Sahel est une zone climatique intermédiaire entre la savane et le

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désert où les précipitations (400 à 600 mm) permettent encore la culture du mil sans
irrigation, donc l’existence d’une agriculture de subsistance élémentaire.

De très vastes étendues ont un climat aride, ou désertique. Le Sahara, dans le nord,
l’Abyssinie, dans l’est, et le Kalahari et le désert du Namib, dans le sud-ouest, reçoivent
moins de 250 mm de pluies par an. Au Sahara, les variations de température entre le jour et la
nuit, et entre les saisons sont importantes. Pendant la saison froide, la température nocturne
tombe souvent en dessous de 0 °C.

Les zones de climat et de végétation méditerranéens se trouvent dans l’extrême nord-ouest


et l’extrême sud-ouest de l’Afrique. Ces régions sont caractérisées par des hivers doux et
humides, et des étés chauds et secs. Sur les plateaux d’Afrique orientale, en particulier au
Kenya et en Ouganda, les précipitations sont bien réparties tout au long de l’année et les
températures sont égales. Le climat du haut plateau de l’Afrique du Sud est tempéré dans la
région du Cap.

3. Faune et Flore :
La végétation :

La végétation reflète les zones climatiques. La région de la forêt pluviale tropicale, où les
précipitations annuelles moyennes dépassent 1 300 mm, est couverte d’une végétation dense
de fougères et de mousses, dominée par de grands arbres à feuilles persistantes et de
nombreuses espèces de bois dur tropical. Au sud de l’équateur, la forêt primaire occupe
encore des zones non négligeables, notamment dans l’est de la République démocratique du
Congo, sur les pentes du Ruwenzori et des monts Virunga, favorisée par des précipitations
importantes (4 000 à 6 000 mm et plus, avec une humidité de 90 %). Il existe une zone de
forêts de montagnes, avec des précipitations annuelles moyennes moins importantes que
celles de la forêt pluviale tropicale, dans les hauts plateaux du Cameroun, en Angola, en
Afrique orientale et dans quelques régions de l’Éthiopie, où une étendue couverte de
broussailles fait place à des arbres à bois dur et à des conifères primitifs.

Une savane boisée, avec des précipitations annuelles de 900 à 1 400 mm, couvre de vastes
étendues de végétation résistante au feu : herbes, légumineuses et broussailles mélangées à
des forêts de feuillus. La savane arbustive, avec des précipitations annuelles d’environ 500 à
900 mm, est couverte de hautes herbes, d’arbustes, de petits bosquets de feuillus isolés d’où
émergent parfois de grands arbres, vestiges d’une ancienne grande forêt aujourd’hui disparue.

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La disparition de ces petites forêts, dont il ne reste souvent que des arbres et des arbustes
clairsemés, annonce la transition avec la savane herbeuse, une zone particulièrement sensible
à la désertification, introduisant insensiblement un paysage sahélien.

Dans le Sahel, l’homme, ses cultures et ses bovins vivent à la limite des possibilités de la
nature et pâtissent du moindre accident climatique. C’est la brousse, avec une végétation de
steppe, et des précipitations annuelles d’environ 300 à 500 mm. L’herbe y est plus basse et les
arbustes couverts d’épines. La zone subdésertique (130 à 300 mm), où poussent quelques
arbustes épars, verdit après les pluies pendant une courte période. C’est l’antichambre de la
zone désertique (moins de 130 mm) où la végétation, rare ou inexistante, ne peut nourrir que
les chameaux et parfois quelques chèvres.

Faune :

Vingt espèces animales menacées en Afrique

Déforestation, urbanisation, chasse, braconnage, captures illégales… autant de pratiques qui


ont pour conséquence la diminution de nombreuses populations animales sauvages, et la
disparition définitive de certaines espèces. L'Union mondiale pour la nature (UICN) a inscrit
sur la Liste rouge des espèces menacées 2000 pas moins de 4 452 espèces menacées à des
degrés divers pour l'Afrique subsaharienne, et 276 pour l'Afrique du Nord.

L’Afrique présente deux zones zoologiques distinctes : la zone nord et nord-ouest,


comprenant le Sahara, et la zone éthiopienne, englobant toute l’Afrique subsaharienne. Au
nord du Sahara, on trouve communément des moutons, des chèvres, des chevaux et des
chameaux. Le mouton de Barbarie, le daim rouge d’Afrique sont originaires de la côte
d’Afrique du Nord. Dans le Sahara, on trouve des fennecs, ainsi que des lièvres, des gazelles
et des gerboises, un petit rongeur se déplaçant par bonds.

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Groupe de lions

Lions à l'affût dans la réserve Massaï Mara, dans le sud-ouest du Kenya. Ces félidés ne vivent
plus aujourd'hui à l'état sauvage qu'en Afrique orientale, ainsi que dans une petite réserve de
l'Inde.

Richard Packwood/Oxford Scientific Films

La zone éthiopienne abrite une grande variété d’animaux et d’oiseaux. Dans les régions
boisées et herbeuses vivent de nombreuses espèces d’antilopes et de daims, des zèbres, des
girafes, des buffles, des éléphants d’Afrique, des rhinocéros et différents singes. Le gorille, le
plus grand singe du monde, est en voie de disparition. Végétarien, il habite les forêts de
montagne de l’Afrique équatoriale (Rwanda, République démocratique du Congo). On trouve
des lémuriens à Madagascar. Parmi les carnivores figurent le lion, le léopard, le guépard,
l’hyène, le chacal et la mangouste.

Éléphants d'Afrique

Habitant principalement les savanes, mais aussi les forêts, les éléphants d'Afrique vivent en
troupeaux regroupant souvent plusieurs dizaines d'individus conduits par une femelle.

P.E. Parker/Hutchison Library

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La plupart des oiseaux appartiennent au Vieux Monde et certains sont migrateurs : ils
quittent l’Europe l’hiver pour venir hiverner dans les deltas et les marais d’Afrique (Sénégal,
Okavango, sud-Soudan). La pintade est un des oiseaux les plus chassés. Il existe un grand
nombre d’oiseaux aquatiques, notamment les pélicans, les hérons goliath, les flamants, les
cigognes et les aigrettes. L’ibis se trouve dans la région du Nil et l’autruche, qui a quasiment
disparu du Sahel, vit dans l’est et le sud de l’Afrique.

Mamba noir

Serpents de la famille des cobras, les mambas comptent parmi les plus vifs et les plus
venimeux d'Afrique noire. Le mamba noir peut atteindre une longueur de 4,3 m. Il vit dans les
arbres, mais chasse également au sol.

En ce qui concerne les reptiles, on trouve en Afrique lézards, crocodiles et tortues. Il existe
plusieurs serpents venimeux dans toute la zone éthiopienne, dont le redoutable mamba. Parmi
les serpents étouffant leur proie figurent les pythons, principalement en Afrique occidentale
où ils sont l’objet d’un culte ; le boa constricteur est originaire de Madagascar.

Réserve du Serengeti (Tanzanie)

De nombreux pays d'Afrique ont su associer la


protection d'une faune exceptionnelle et les
avantages d'un tourisme lucratif en développant
d'immenses réserves. La Tanzanie consacre ainsi
le quart de son territoire à la conservation d'un
très riche patrimoine animal. La réserve du
Serengeti fut créée en 1941.

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L’eau douce abonde en poissons. On recense plus de 2 000 espèces. Le continent présente
une variété d’insectes nocifs, notamment les moustiques, les fourmis migratrices, les termites,
les criquets migrateurs et les mouches tsé-tsé. Ces dernières transmettent la maladie du
sommeil aux hommes et aux animaux, interdisant par exemple l’élevage des bovins en zones
forestières. La mouche tsé-tsé a été l’un des obstacles majeurs à l’extension en zone forestière
des grands empires de la savane fondés sur la cavalerie, et à son islamisation.

4. Ressources minérales :
L’Afrique est très riche en ressources minérales et possède la plupart des minéraux
précieux, mais leur répartition géographique est irrégulière. Les combustibles fossiles
abondent (charbon, pétrole, gaz naturel). L’Afrique possède de grands gisements d’or, de
diamants, de cuivre, de bauxite, de manganèse, de nickel, de platine, de cobalt, d’uranium, de
germanium, de lithium, de titane et de phosphates. Les autres ressources minérales
importantes sont le minerai de fer, le chrome, l’étain, le zinc, le plomb, le thorium, le
zirconium, le vanadium, l’antimoine et le béryllium. On trouve également de l’argile, du
mica, du soufre, du sel, du natron, du graphite, du calcaire, du gypse et du phosphate.
L’exploitation des salines naturelles dans les dépressions salées du Sahara a été à l’origine
d’importantes routes commerciales.

Les principaux enjeux environnementaux :

a. Le climat :
L'Afrique est le continent au monde qui contient le plus de zones tropicales, exprimé en
pourcentage de son territoire. Il est également celui qui possède le plus grand désert, celui du
Sahara.

Les climats d'Afrique sont divers mais l'influence saharienne est déterminante pour les 2/3
nord de ce continent.

Au sud de ce grand désert, en périphérie saharienne, se trouve toute une zone sahélienne
oscillant entre le type semi-désertique et une savane arborée. Au nord de cet immense désert
se trouve la zone méditerranéenne allant du Caire en Egypte à Tanger au Maroc. En Afrique
de l'Ouest, en partant du Sénégal au Libéria en passant par la Côte d'Ivoire et le Burkina-Faso,
le climat est tantôt de type Guinéen, tantôt de type sahélien.

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La Zone de l'Afrique centrale, en partant du Nigéria jusqu'en Ouganda en passant par
l'Angola et le Cameroun, le climat varie du type guinéen à deux ou quatre saisons au type
équatorial humide ou tropical humide à deux saisons marquées.

La zone sud-africaine, partant de la Namibie jusqu'au Cap en passant par le mozambique


contiennent des zones méditerranéennes en bordure de côtes, des zones désertiques (désert du
Namib), des zones de savane arborée, des zones tropicales humides à saisons marquées et des
zones herbacées et à sous-ligneux parcourues naturellement et fréquemment par des feux de
brousse.

Des pays comme l'Ethiopie font un peu exception de part leur caractère montagneux et de
plateaux d'altitude. Chaque pays possède des particularismes plus ou moins prononcés par
rapport aux grandes lignes décrites dans le paragraphe ci-dessus.

CARTE MENACES ENVIRONNEMENTALES ET CLIMATIQUES

ZONES CLIMATIQUES EN AFRIQUE (basées sur les minimas observés en hiver) :


- Zone 7 = -17°C à -11°C
- Zone 8 = -12°C à -7°C
- Zone 9 = -6°C à -2°C
- Zone 10 = -1°C à +4°C
- Zone 11 = +5°C à +9°C

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- Zone 12 = +10°C à +15°C
- Zone 13 = +16°C à +21°C

b. Les changements climatiques et leurs effets :


Les changements climatiques se posent à des échelles différentes du niveau planétaire au
niveau local et selon des pas de temps pluriels. Les effets anthropiques s’ajoutent à des cycles
climatiques longs de réchauffement qui se combine avec des cycles courts. Les effets sont
complexes, incertains et supposent le principe de précaution et des stratégies proactives. Il
n’est pas aisé de passer du constat scientifique au discours politique simple et mobilisateur. Le
discours alarmiste est aussi une manière d’éveiller les consciences.

Le réchauffement climatique est devenu une quasi-certitude (+0.6° en 100ans), ses effets sont
multiples : effet sur le niveau des mers (+2mm par an depuis 100ans), qui menace les petits
Etats insulaires, accentuation des catastrophes (inondations, cyclones), désertification,
millions de réfugiés. Le rapport Stern de 2006 sur les conséquences du réchauffement
climatique évalue à 5500 milliards d’euros en 10ans le coût du réchauffement si rien n’est
fait. Un effort préventif supposerait 275 milliards d’euros d’investissement, soit 1% du PIB
mondial.

Le climat et les aléas naturels qui lui sont liés n’apparaissent plus comme un élément
extérieur à l’action de l’homme (facteurs anthropiques). Il y a de manière quasi certaine des
liens entre émission de gaz à effet de serre (GES) notamment le CO2, réchauffement de la
planète et accentuation des catastrophes naturelles. La production d’électricité intervient pour
24% de l’émission de CO², l’industrie, les transports, l’agriculture pour 14% chacun,
l’utilisation des sols pour 18% et la construction pour 8%.

Un Américain émet par an 20 tonnes de CO2, un Européen 9 tonnes, un habitant de la


planète 4 tonnes et un Africain moins 1 tonne. L’Afrique émet 0.7 milliard tonnes métriques
de CO2 CONTRE 12.5 milliards pour les pays industrialisés et 12.4 pour les pays en
développement. Elle ne contribue qu’à 4% d’émission de GES mais est le continent qui subit
de plein fouet les effets des changements climatiques et des extrêmes en termes de sécheresse
et d’inondations.

Or, les prévisions sont alarmistes. Elles vont de +1.5° à 5.6° selon les hypothèses d’ici
2100. Du fait des effets d’inertie, la seule stabilisation en termes de CO2 exigerait une

25
diminution par deux de l’émission actuelle. Les pays émergents deviennent de forts
consommateurs d’énergie et s’opposent à des mesures limitant leur industrialisation.

L’Afrique subit de manière très différenciée les changements climatiques et leurs effets en
termes d’agriculture, de santé (paludisme), de stress hydrique ( assèchement des sols, des lacs
et des fleuves, régions septentrionales et australes) de sécheresse (zones septentrionales et
australes), d’inondations ( Afrique équatoriale), de risque de montée du niveau de la mer (
zone côtières), de déforestation, tout en contribuant à 4% des émissions de GES et en
bénéficiant faiblement des mécanismes de développement propre du protocole de Kyoto. On
observe un réchauffement important notamment dans le Sahel en Afrique orientale et au cœur
de l’Afrique australe.

Le protocole de Kyoto et l’Afrique :

Le protocole de Kyoto de 1997 vise à réduire 6 catégories de gaz à effet de serre dont le
CO2. Il a tranché, suite à la position américaine, pour un contrôle quantitatif et non pour une
taxation préconisée par l’Europe. Il a retenu le principe éthique de responsabilités communes
mais différenciées selon les pays permettant de fonder une action collective avec une
responsabilité principale au Nord et un impact global. Il a reposé sur un clivage Nord-Sud
minimisant le poids des pays émergents. Les permis négociables ou quotas échangeables sont
des compromis entre une intervention régalienne forte (fixation par l’Etat de plafonds
d’émissions aux entreprises, avec amendes en cas de non-respect) et la souplesse du marché
(achat et vente de la part des entreprises de réduction d’émissions).

Trois mécanismes de flexibilité ont été mis en place :

Le marché des permis d’émission négociable (PEN), permettant à un pays ayant réduit ses
émissions au-delà de son niveau d’engagement de vendre ses unités à un autre pays.

La mise en œuvre conjointe (MOC) donnant la possibilité à des pays d’acquérir des crédits
d’émission grâce à des projets de réduction d’effets de serre dans d’autres pays.

Le mécanisme de développement propre (MDP) permettant à des pays d’acquérir des


réductions d’émission certifiées en finançant des projets dans les PED notamment en Afrique.

Ils sont un nouveau canal d’orientation des IDE et e l’aide au développement. Ils supposent
qu’il y ait des projets ayant un intérêt sur le plan énergétique et économique. 1154 projets
étaient identifiés en décembre 2001. Or ceux-ci concernent les pays émergents (Chine, Inde,

26
Brésil) et son l’Afrique qui risque d’être la victime de Kyoto (sur 1000 projets de MDP en
2006, 9 seulement concernaient l’Afrique).

c. La biodiversité des sols :


La dégradation de la biodiversité et des sols :

La biodiversité, variété de l’ensemble des êtres vivants, écosystèmes et espèces, est un


élément de résilience des écosystèmes aux changements climatiques, une ressource pour
l’écotourisme et pour la recherche scientifique. Or, elle se réduit très rapidement.

On estime à 1.7 million le nombre d’espèces végétales et animales recensées avec un rythme
rapide de disparition du fait de la destruction de l’habitat naturel, des pollutions ou du
réchauffement climatique.

La dégradation des sols sous l’effet du raccourcissement des temps de jachère ou du


surpâturage est dénoncée depuis des lustres et doit petre nuancée. L’Afrique est très
diversifiée quant à la disponibilité et à la qualité des sols. Elle a globalement connu une
disponibilité des terres et des modes d’appropriation qui limitait le nombre de paysans sans
terres. La colonisation n’a pas conduit à un accaparement des terres par les colons, sauf en
Afrique australe, au Kenya ou dans certaines régions de Madagascar. Le système colonial
reposait sur de petits planteurs ou agriculteurs et sur l’accès aux terres par ceux qui les
cultivaient (exemple des fronts pionniers en Côte-d’Ivoire).

Le capital naturel est évalué par la Banque mondiale à 23% de la richesse globale de l’ASS
contre 2% pour les pays de l’OCDE. Or, on observe sa dégradation rapide du fait de la
conjonction des facteurs aussi divers que l’explosion démographique et urbaine, les
exportations de bois et de cultures de rente, la faible utilisation d’eau et d’engrais permettant
la reconstitution organique des sols, le réchauffement climatique ou l’impossibilité récente
pour les communautés rurales de gérer ce patrimoine commun. Les risques de dégradation des
zones cultivées des parties subhumides de l’Afrique subsaharienne résultent d’une trop grande
pression exercée sur les sols conduisant à une dégradation de leur fertilité.

La culture du brûlis réalisée dans des conditions de forte pression démographique accélère
la disparition de la forêt, les érosions des sols. Les traditions ancestrales qui ont assuré la
reproduction des sociétés ne sont plus adaptées aux hautes terres ou aux régions sahélo
soudanaises.

27
La déforestation :

La forêt est un puits de carbone. Or l’on note dans certaines régions une très rapide
réduction de ce patrimoine de l’humanité. Celle-ci modifie les microclimats, expose les sols à
l’érosion et réduit la biodiversité. La culture sur brûlis et les besoins énergétiques sont les
deux principaux facteurs explicatifs. S’y ajoute la surexploitation forestière à des fins
d’exportation du bois. L’Afrique exporte 5% des grumes mondiales mais elle a compté pour
la moitié de la déforestation mondiale entre 1990 et 2005.

Les zones côtières d’Afrique de l’Ouest sont ravagées par la déforestation à des fins de
cultures d’exportation, les plantations de cacaoyers et de café ont ainsi fait chuter la forêt
ivoirienne de 8 millions d’hectares au début du siècle à 1.5 million aujourd’hui. Les zones
sahéliennes sont plus spécialement concernées par le bois de chauffe. La grande bataille
environnementale du continent se joue en Afrique centrale, un des poumons de la planète (200
millions d’hectares pour 109 millions d’habitants). L’exploitation industrielle, très souvent
mafieuse, conduit à une surexploitation. Un million d’hectares de forêts disparait
annuellement du bassin du Congo, le deuxième massif forestier du monde. La déforestation a
des effets multiples, notamment sur la chute de la pluviométrie. Le paiement de services pour
environnement par exemple pour sauvegarder la forêt conduit à des rentes convoitées par les
acteurs africains.

La désertification :

La désertification est définie par les Nations unies comme une « dégradation des terres
dans écosystèmes des zones arides et subhumides sèches, par suite de divers facteurs parmi
lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». S’il n’est pas prouvé qu’il y a
progression du désert, la sécheresse et la désertification menacent 250 millions d’Africains sur
780 millions en 2007. Or ces chiffres risquent, à défaut de stratégies proactives, de passer à
480 millions dans 25ans. La superficie des terres à risque environnemental pourrait passer de
80 000 à 600 000 km² en 2025. La superficie du lac Tchad est tombée de 25000 hectares, il y
a 40 ans, à 5000 aujourd’hui. Des actions ont été menées pour le reboisement par le prix
Nobel de la paix kenyane Wangari Maathai.

28
5. L’énergie :
Une insertion dans le jeu géopolitique énergétique mondial

On constate à l’échelle mondiale un gaspillage énergétique face à la rareté des ressources


non renouvelables. Les hydrocarbures et le charbon proviennent de biomasses fossiles non
renouvelables et produisent du CO2. Pour une consommation moyenne de 1.6 TEP (tonnes
équivalent pétrole), les écarts vont de 8.1 aux Etats-Unis à 3.8 dans l’UE, 0.7 en Chine et 0.2
en Inde et en Afrique. On observe un doublement de la consommation depuis 1970 d’énergies
fossiles non renouvelables (charbon, gaz, pétrole) avec 10.3 millions de TEP contre 5.2 et les
perspectives sont de 16.5 en 2030. La chine pèse pour 30% dans la croissance annuelle de la
demande mondiale de pétrole. La consommation de pétrole, estimée à 100 millions de barils
par jour, devrait dépasser 130 millions en 2030. Les énergies renouvelables, certes
importantes, ne sont pas à la hauteur des besoins notamment de transport. Les énergies de
substitution telle la fusion ou l’hydrogène demeurent aléatoires. Dans ce jeu mondial
énergétique, l’Afrique (y compris l’Afrique du Nord) est devenue un grand producteur et
exportateur d’hydrocarbures, de pétrole et de produits pétroliers. Pour 15% de réserves
prouvées de pétrole, elle produit 11% du total mondial et en consomme 3%. Malgré un coût
de production en moyenne 4 fois supérieur au Moyen-Orient, les gisements on shore et surtout
off shore sont devenus très rentables.

L’Afrique est intégrée dans les circuits de raffinage, de transport, de distribution ou de


déversement des déchets et dans les stratégies des grands groupes de plus en plus diversifiés
vis-à-vis d’une ressource stratégique. Elle permet en partie d’étancher la soif de pétrole des
pays riches ou en voie de l’être. Les hydrocarbures sont devenus une ressource stratégique
source de richesse, de pouvoir, de conflits ou souvent de malédiction pour ceux qui la
possèdent.

La géographie a rendu l’Afrique stratégique pour les transports maritimes de pétrole avec
des points de passage obligé ( Golfe d’Aden, canal du Mozambique, le Cap, Golfe de Quinée
sans parler du canal de Suez ou de Gibraltar).

La sécurisation des routes et la lutte contre la piraterie sont des enjeux majeurs. L’Afrique
est également un producteur d’uranium (7% de la production mondiale). Les besoins
croissants et la flambée des prix ont modifié la donne. Le Niger mais également l’Afrique
australe (Afrique du sud, Namibie, Zambie) sont bien dotés. Areva est concurrencé

29
notamment par China National Corporation, les groupes anglo-australiens RioTinto,
canadiens Comeco ou russe Tuel. Des programmes nucléaires sont développés en Afrique du
sud, au Nigeria pour la production d’électricité et la désalinisation.

6. L’eau : une ressource géopolitique


L’eau est bien renouvelable, fluide, qui pose des problèmes de renouvellement et de
régénération. Elle est une source vitale non substituable et un symbole de la fragilité de la vie.
Cette ressource planétaire a également une dimension locale et régionale du fait de son coût
de transport. Elle conduit à une très grande inégalité de disponibilité, d’accessibilité et de
qualité. L’eau a plusieurs dimensions :

 Economique par son coût de gestion liée à une logistique importante et sa rareté ;
 Environnementale du fait de son renouvellement et de la pollution des nappes
phréatiques ;
 Sociale en tant que bien répondant à un besoin vital.

Elle constitue en partie un bien commun de l’humanité. Elle a également une signification
symbolique et sa gestion doit prendre en compte la diversité socioculturelle. Les écarts de
consommation sont très élevés entre les pays riches et les pays pauvres : faut-il rappeler qu’un
Américain consomme en moyenne 700 litres par jour contre 300 litres pour un Européen et 30
litres pour un Africain ? L’eau a des fonctions multiples : alimentation en eau potable,
irrigation agricole, électricité hydraulique par les barrages, navigation, santé. On constate un
important risque hydrique par rapport aux maladies (onchocercose, trypanosomiase, maladies
parasitaires, paludisme). L’or bleu concerne, au premier chef, les secteurs consommateurs
(agriculture : 70% et industrie : 20% de la consommation).

Une des menaces les plus préoccupantes est la pénurie prévisible d’eau dans de nombreuses
zones. Il y a stress hydrique lorsque les prélèvements excèdent les stocks d’eau. L’eau est une
ressource géopolitique et elle risque, à défaut de stratégies proactives, de pétrer un des
facteurs essentiels de conflits du 21ème siècle comme elle l’est ou l’a été en Egypte et au
Soudan, en 2thiopie et en Somalie, en Afrique du Sud et au Lesotho, dans les pays voisins du
Nil ou du fleuve Niger. Elle était déjà ; lors de la conférence de Berlin, au centre des
discussions sur la libre circulation des fleuves Congo et Niger. Les sociétés africaines, sauf
rares exceptions, ne sont pas des civilisations hydrauliques. 4% seulement des terres cultivées
sont irriguées : en Afrique du Sud, dans la zone de l’Office du Niger au Mali, dans la

30
moyenne vallée du Sénégal, dans le périmètre des barrages la Gézireh au Soudan. En
revanche, les fleuves et les lacs (Niger ? Congo, Zambèze, Orange) jouent un rôle central de
délimitation des frontières et de dénomination des Etats.

L’eau est très inégalement répartie et conduit à opposer une Afrique en manque d’eau et en
excès d’eau (inondations). La plupart des pays souvent en aval des fleuves sont dépendants
d’autres pays : Botswana, Gambie, Mauritanie, Niger, Soudan. On constate une raréfaction
croissante, une baisse tendancielle de la pluviométrie et un assèchement des lacs (exemple du
lac Tchad). L’agriculture africaine, longtemps caractérisée pas une très faible maîtrise de
l’eau, a des besoins croissants. On observe autour des points d’eau des cultivateurs du Sahel
empiétant sur les zones de pâturage. Les coopérations régionales entre les pays frontaliers des
ressources hydrauliques sont ainsi déterminantes pour la prévention des conflits, et elles se
développent.

L’or bleu, arme stratégique et enjeu de coopération régionale :

Le Nil a deux sources, le Nil bleu en Ethiopie et Nil blanc au lac Victoria. Il parcourt 6900
Km et concerne 160 millions de personnes dans les 10 pays de son bassin. Il est l’enjeu de
fortes tensions entre les pays d’amont notamment l’Ethiopie, le château d’eau, qui veut
construire des barrages et développer l’hydro électricité et les pays d’aval le Soudan et surtout
l’Egypte qui bénéficient de 89% du partage des eaux. Il y a rivalité du fait de la pression
démographique, du développement économique, des besoins d’électricité et d’irrigation.

Le Niger est menacé d’ensablement alors qu’il est le 3ème fleuve le plus long d’Afrique qui
arrose 9 Etats connaissant une désertification, une forte variation des pluies et une
déforestation.

L’Office du Niger au Mali est devenu avec les transactions foncières et notamment le projet
sino-libyen de 100000ha un enjeu de conflits entre l’agrobusiness ou agro-industrie et
l’agriculture familiale notamment quant à la concurrence des usages d’eau surtout durant les
saisons siècles. Le coton et le sucre sont également très gourmands en eau.

31
Partie II : Approche historique de l’Afrique.

Chapitre I : Les trajectoires historiques et le cadre


politique et culturel.

L’Afrique était représentée comme étant un continent dont la découverte n’est pas récente
et l’environnement y est relativement hostile. Durant ce chapitre on va essayer d’exposer les
nombreuses trajectoires empruntées par le continent Africain afin de mieux assimiler la
dimension historique du sujet.

1. De la période précoloniale à post-colonie.

a. Les trajectoires historiques précoloniales.


L’existence d’une histoire de l’Afrique est aujourd’hui un fait avéré, même si la rareté des
écrits reste un des problèmes majeurs de l’historiographie africaine. Les rares patrimoines
historiques visibles sont ceux d’Axoum ou des ruines du Zimbabwe.

Toutefois, l’Afrique actuelle ne peut se comprendre sans remonter à des histoires


précoloniales plus ou moins mythiques, mais principaux référents d’une identité, voire d’une
authenticité. Comme l’écrit Ki Zerbo « l’Afrique d’hier est encore une donnée
contemporaine. Car l’histoire est une recherche scientifique de la vérité mais également une
mémoire fondant les représentations et les actions de divers groupes humaines.

i. Sociétés diversifiées, segmentaires et centralisées.

L’Afrique a expérimenté toutes les formes d’organisation des sociétés allant des modèles
très centralisés à des sociétés segmentaires, du contrôle des grands espaces sahéliens à des
contrôles d’espaces limités. Il existait toutefois, davantage des leaders que des rulers
(gouvernants). L’Afrique a peu connu historiquement les Etats-nations, ni les empires comme
ceux du Moyen-Orient où la nation a précédé les Etats.

32
Dans la plupart des régimes autoritaires, un groupe social concentrait les fonctions
guerrières, religieuses, commerçantes mais le roi était pris dans les fils d’une toile d’araignée
limitant ses mouvements et son pouvoir était surtout politique.

ii. Les empires

Le terme usuel d’empires renvoie en fait à des aires d’expansion de groupes ethniques plus
qu’a l’organisation d’un espace politique contrôlé par un imperium.

Les grands empires de l’Afrique de l’Ouest comme le (Ghana au XI siècle, Mali au XIV
siècle …) avaient une organisation politique s’appuyant sur le commerce avec le monde
arabe. Ils connaissaient l’armature politique et les instruments de puissance, les villes étaient
arrimées le long des fleuves ou des points d’eau. L’empire du Ghana s’étendait de
Tombouctou à l’Atlantique sans délimitation fixe. D’autres empires avaient une base
économique s’appuyant davantage sur un tribut (Etat Wolof au Sénégal).

Dans l’ensemble de ces empires, le pouvoir centrales avait le monopole des biens précieux
et prélevait un tribut en biens et en hommes. Les revenus provenaient des impôts (sur les
récoltes et bétail), des réquisitions des métaux précieux, les taxes douanières et des butins de
guerre.

iii. Des sociétés ouvertes, marquées par des migrations et des conquêtes.

L’histoire de l’Afrique est bien éloignée des représentations mythiques de communauté


villageoise immuable. Il importe de prendre en compte les migrations, les populations non
fixées, le rôle des guerres et des razzias.

Les migrations ont été permanentes mais deux d’entre elles ont dominé l’histoire de
l’Afrique : celle des agriculteurs bantous de l’Afrique de l’Ouest vers l’est et vers le sud,
l’autre, celle des pasteurs nilo-sahariens qui se sont déplacés vers la région interlacustre de
l’Afrique orientale. Sans oublie le contrôle de la mer rouge et les conquêtes arabo-
musulmanes ont été des facteurs déterminants d’expansion du commerce et de constitution
des grands empires.

33
b. La « découverte » de l’Afrique.
Bien avant les européens, les explorateurs arabes ou asiatiques avaient découvert l’Afrique.
L’amiral chinois ZANY He et ses jonques étaient ainsi, présents sur les cotes de l’Afrique de
l’Est au début du 15 éme siècle.

i. Le commerce triangulaire

Durant la période mercantiliste (XVI-XVIII), la colonisation directe de l’Afrique par les


Européens demeura limitée (excepté dans la colonie du Cap). La pénétration commerciale se
réalisa par l’installation de comptoirs et d’escales ainsi que par la constitution de relais
intérieurs. Le commerce de troc se faisait par l’échange du tissu, de la quincaillerie, de
l’alcool, des armes et des produits de pacotille, contre l’or.

ii. Les traites esclavagistes.

La vision européenne et la critique anti-esclavagiste ont longtemps privilégié la traite


atlantique, voire occulté les autres traites esclavagistes : celles-ci ont été en réalité plurielles.
L’Afrique était prise dans l’étau de la domination de l’Afrique du nord, de l’Europe à l’Ouest
et de l’Inde et du monde arabe à l’Est.

Toutefois, la traite esclavagiste orientale et atlantique s’est appuyée sur la pratique


esclavagiste africaine, qu’il s’agisse de captifs de guerre, pour dette de peuples razziés ou de
cultivateurs noirs asservis par les peuples nomades, selon Coquery-Vidrovitch , un quart de la
population avait le statut d’esclave en Afrique de l’Ouest à la veille de la colonisation.
Plusieurs Etats courtiers se sont enrichis par la traite comme : l’Ashanti, le Bénin, le
Dahomey, Kongo…. L’impact de la traite reconnu comme étant « un crime contre
l’humanité », est un enjeu géopolitique majeur, facteur de frustration, de conflictualité et de
mémoires antagonistes.

c. la colonisation directe (1870-1960).


Les termes de colonie et de colonisation font l’objet d’une grande controverse entre ceux
qui les définissent positivement comme le fait de peupler de colons, de mettre en valeur et
d’exploiter les richesses et ceux qui soulignent la violence de la conquête, et la chosification
des hommes.

34
i. La colonisation :

La colonisation est vieille comme le monde. Elle peut se définir comme le processus par
lequel une population s’empare d’un territoire, l’occupe et l’exploite en soumettant ou en
éliminant les habitants. La « situation coloniale » résulte d’une interdépendance asymétrique
entre les sociétés colonisatrices et des sociétés colonisées instrumentalisées au profit du
colonisateur.

Toutefois la colonisation renvoie également à des motivations nationalistes expansionnistes, à


un idéal humaniste, au déploiement d’un imaginaire. L’Afrique était le dernier lieu de
conquêtes territoriales possibles pour l’Europe. Selon le du député français Déroulède « j’ai
perdu deux sœur l’Alsace et la Lorraine) et vous m’offrez vingt domestiques. »

ii. Le partage et la pacification.

Différentes conférences ont eu lieu pour régler les contentieux territoriaux entre les
puissances européennes et mettre en phase les Traités signée (comme celui ce Berlin) sur
papier et les partages sur le terrain. Les frontières sont ainsi en Afrique, comme dans le reste
du monde, des cicatrices de l’histoire mais elles sont hétéronomes davantage qu’elles ne
résultent de conflits internes.

Les puissances coloniales n’ont pas cherché à « diviser pour régner » en séparant les
populations appartenant à des mêmes ensembles sociopolitiques mais ont, de fait, construit
des colonies séparant souvent les groupes ethnolinguistiques et en délimitant les ensembles
sociopolitiques relativement flous dans leurs frontières et caractérisés par une grande mobilité
des populations. Don on peut dire que la conférence de Berlin n’a pas, ainsi, réellement
délimité les frontières mais elle a défini des sphères d’influences pour que les grandes
puissances puissent protéger leurs compagnies privées.

iii. Système colonial :

Le système colonial est parfois réduit aux 3 C (civilisation, christianisation et commerce)


ou aux 3 M (militaire, missionnaires et marchands). Cinq traits généraux caractérisent le
système colonial :

 La mise en place d’une administration conduisant à un nouveau maillage de l’espace


et au paiement de l’impôt en numéraire ;

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 Une appropriation des terres dans les colonies de peuplement mais avec dans
l’ensemble une faible colonisation agricole ;
 La domination des sociétés import-export et du capital marchand qui se valorise aux
dépens du capital productif ;
 L’adoption d’un pacte colonial entre la métropole et ses colonies ;
 L’exploitation par le travail forcé « esclavage » ou le salariat ;

d. les indépendances et la post-colonie.


Le système colonial a connu d’importantes évolutions. La « pacification » par les militaires
a été suivie par la mise en place d’une administration mais la mise en valeur a tété très tardive.
Seule la période suivant la Seconde guerre mondiale est caractérisée par une véritable
politique de développement avec un capitalisme d’Etat et une politique d’assimilation.

i. Mise en valeur tardive :

L’Afrique contribue à la première Guerre mondiale, du coté des Alliés et des Allemands,
par les troupes armées et par une contribution financières et matérielle. Après la guerre, les
colonies allemandes (Cameroun, Tanganyika et Togo), deviennent des protectorats
britannique ou français.

Puis on observe, après la crise de 1929, un repli des métropoles sur leur empire colonial. Il y a
alors un débat entre les tenants de l’assimilation et ceux de l’adaptation ou de l’association.
L’Afrique contribue également de manière déterminante à la victoire des Alliés européens en
1945, par les armes, les troupes et les financements.

La Seconde Guerre mondiale conduit à un changement radical de l’Afrique, du fait


d’investissements significatifs à partir de 1945 et de l’aide publique ( avec le plan FIDES-
fonds d’investissement de développement économique et social- mis en place en Afrique en
contrepartie du plan Marshall, l’aide américaine dont bénéficiait l’Europe occidentale).

ii. La prolifération des Etats et la balkanisation de l’Afrique.

Avant la Seconde Guerre mondiale, il n’existait que trois Etats indépendants, à savoir
l’Ethiopie, l’Egypte et l’Union sud-africaine. Six Etats sont devenus indépendants entre 1951
et 1958, 17 en 1960, 21 en 1961 et 1968… l’Afrique a connu une prolifération d’Etats au
moment des indépendances qui ont conduit, exception faite de la fédération du Nigeria, à une

36
décomposition des ensembles coloniaux régionaux (Afrique occidentale française et Afrique
équatoriale française).

Les facteurs de reconfiguration des frontières, d’autonomie ou de sécession ont conduit à des
guerres de sécession (Biafra au Nigeria, Katanga au Zaïre..), à de nombreux conflits
frontaliers. La carte politique a été, en revanche, très stable depuis l’indépendance. Il existe
par contre de nombreuses forces favorables aux sécessions, au fédéralisme ou à l’autonomie
de territoires (Nord du Mali, Delta du Niger..) et de très nombreux conflits sont liés à la
délimitation des territoires.

iii. Bilan de la colonisation.

Un bilan objectif est évidemment impossible puisqu’il dépend de la position des différents
acteurs, de leur mémoire sélective et de leur système de valeurs qui lui-même évolue au cours
du temps. On ne peut juger aujourd’hui des référents de l’époque.

Les termes de pacification, de mise en valeur, d’éducation permettent de décrire la


colonisation comme une entreprise humanitaire de modernisation de vieilles sociétés
primitives. Le colonisateur peut justifier sa « mission civilisatrice » par la lutte contre
l’esclavage, l’amélioration des niveaux sanitaires, la construction d’infrastructures physiques
et d’institutions administratives et juridiques.

37
2. Géopolitique culturelles, religieuse et juridique.
La puissance s’exprime dans le champ interne et international non seulement par la
contrainte et la force, mais aussi par les champs culturels, linguistiques et juridiques avec des
rapports de domination et d’hégémonie, mais également des résistances, des rues et des
réappropriations, c’est le cas du continent africain caractérisé par une pluralité et une diversité
culturelle et autres.

a. Géopolitique culturelles :
La culture est un ensemble de valeurs, d’idées, de techniques qui donnent sens à la vie et à
la mort et par lesquels l’homme maitrise la nature. Elle est un ensemble de modèles
d’identités communes, de significations symboliques et d’aspirations. Tandis que la
civilisation se définit par son langage, ses techniques, son art et ses croyances religieuses sous
une dimension politique et économique.

i. Les enjeux géopolitiques linguistiques.

L’appartenance à une même aire linguistique tisse des liens forts, d’où les enjeux
régionaux, nationaux et internationaux concernant la langue dominante.

Les langues sont également des enjeux de pouvoir et stratégique comme un mode
d’appartenance à des aires culturelles, exerçant une sorte de domination. Sur le plan interne, la
langue de l’ex-puissance coloniale est une manière de s’approprier des armes, de conquérir un
« riche butin », mais également de contrôler les populations qui ne peuvent avoir au nom du
nationalisme ou du régionalisme la maitrise d’une langue de communication. Toutefois on
peut dire que les langues sont des armes géopolitiques avec une tendance à la domination de
l’anglais (20% des Africain sont francophones, 4% lusophones et 20% arabophones.

ii. Coté religieux

Aujourd’hui on constate un renouveau religieux en Afrique, de même qu’une effervescence


de nouvelles religiosités qui se manifestent en privé comme en public. Bien que la majeure
partie de la littérature soit sur le renouveau et la religiosité chrétienne, l’Islam et les religions
« traditionnelles » connaissent un boom, accompagné d’une compétition entre les différentes
confessions islamiques et les sectes pour la conquête des cœurs et les âmes. Bien que la
préoccupation dominante dans la littérature sur le renouveau en cours chez les musulmans
s’est focalisée sur « l’extrémisme » et le « terrorisme » islamique, il est clair que des pratiques

38
qui peuvent être considérées comme extrémistes sont également présentes dans le renouveau
chrétien et cela se manifeste dans les manières de prier, dans l’interprétation doctrinale, dans
la production massive et la distribution de la littérature religieuse, la prolifération
d’institutions et de lieux de culte dans les centres ruraux et urbains.
iii. La créativité culturelle :

Le génie créateur africain dans le cham artistique n’est pas à rappeler tant sur le plan de la
captation des pulsions de la vie, que de la richesse des formes sculpturales, de la danse et de la
musique.

L’Afrique exerce un grand rayonnement par sa culture, témoignage de créativité, que ce soit
dans la littérature ou le cinéma. Parallèlement, l’Afrique s’arrime progressivement au système
monde par les nouveaux modes de télécommunication et avec la naissance des NTIC, des
chaines de télévision ont connu un grand essor sont devenu des enjeux stratégiques des
grandes puissances (arabes, chinois, américaines…) ce qui renvoi au monde de l’argent et de
l’abondance de la violence et crime.

B. géopolitique des religions :


Il y a retour et recours croissants au religieux. Celui-ci joue un rôle très important en
Afrique. Il est, comme dans la plupart des sociétés, au cœur des systèmes symboliques et des
représentations du jeu politique, des comportements démographiques, du sens donné à la vie
et à la mort ou de l’école et de la santé. Car le religieux ne peut être ni réduit à des croyances
privées, ni assimilé à une recréation permanente il est une propre appropriation.

i. Poids des religions « traditionnelles ».

Les religions « animistes », non révélées, du territoire, de l’oralité, ou dites


« traditionnelles » voire « fétichistes », renvoient à un monde de l’ancestralité et de la
transmission qui lui est liées en fondant un ordre social de reproduction.

Les esprits sont présents chez les êtres vivants et exercent leurs influences maléfiques ou
bénéfiques au sain de groupes d’appartenance. L’ancien, médiateur entre les ancêtres et les
vivants, garantit l’accord de la société avec le monde des forces visibles. La nature a un
caractère sacré et n’est pas dissociée de la culture. La vision est écocentrée avec les fonctions
religieuses s’exercent au sein des villages par les maitres de la terre, par les forgerons qui ont
une fonction sacrée notamment lors des événements.

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ii. Un islam pluriel en pleine expansion :

L’islam africain est en quasi-totalité sunnite. Aujourd’hui, un africain sur trois est
musulman. L’islam subsaharien est passé de 15% en 1910 à 29% en 2010.

On peut, en simplifiant, opposer un islam maraboutique confrérique ancien à un islam radical


des arabisants. L’islam africain est implanté depuis le VIII siècle au Soudan occidental, en
liaison avec les caravaniers et les marchands. Son implantation s’explique par sa morale
égalitaire, la simplicité de ces cinq piliers mais également par les conquêtes et le commerce.

L’islamisation s’est accélérée lors du mouvement du renouveau de l’islam aux XVIII et XIX
siècles, avec l’émergence des confréries et les divers mouvements de Djihad qui ont participé
à la lutte contre le colonisateur, puis lors de la colonisation avec un appui de l’administration
coloniale sur les structures sociales musulmanes pour encadrer les populations.

iii. Un christianisme multiforme.

On estime que le chrétiens d’Afrique, représentent deux-tiers de la population d’Afrique


subsaharienne et presqu’un quart des chrétiens du monde contre 1.4% il y a un siècle.

Les populations chrétiennes les plus importantes se trouvent au Nigeria et en Ethiopie. Les
protestants représentent prés de 36%, les catholiques plus de 20% et les orthodoxes environ
5%. L’expansion du christianisme, exception faite des Eglises éthiopiennes, date de l’action
missionnaire du Portugal qui a eu, jusqu’en 1643, le privilège du (patronage).

Les missionnaires ont été, consciemment ou inconsciemment, des agents de la colonisation en


procédant ou en accompagnant les marchands et les militaires car l’esprit missionnaire a
souvent méprisé les valeurs anciennes et fait évidemment preuve de prosélytisme.

d. Géopolitique des règles juridiques.


En Afrique le droit est un régulateur de la vie sociale et un principe de coercition mutuelle.
Seul le droit permet de rendre compatible des systémes de valeurs différents et de transformer
ceux-ci en contraintes sociales efficaces.

Or, on peut parler en Afrique de formations institutionnelles et juridiques, au sens des


formations géopolitiques avec à la fois superposition et enchevêtrement de règles telles que
les droits coutumiers ou communautaires, les droits issus des conquêtes (islamique, anglo-

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saxon..), les droits issus des conditionnalités des institutions de Bretton Woods ou de l’Union
européenne.

i. L’universalité des droits de l’homme.

Il existe des universaux qui fondent les droits de l’homme, même si les institutions et les
pratiques qui les rendent effectifs doivent être conceptualisées.

La quasi-totalité des pays africains ont signé la Déclaration universelle des droits de l’homme
en 1948, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples ou le pacte international sur
les droits économiques et culturels. Les autorités ont mis en place une Cour africaine des
droits de l’homme et des peuples en 1998 afin d’arbitrer les doits subjectifs, économiques,
sociaux, politiques et culturels portés par des actions collectives émergent.

ii. Les enjeux géopolitiques du droit et des normes :

La question du droit rentre également dans le jeu géopolitique des grandes puissances. La
Chine utilise la rhétorique du relativisme culturel et du caractère occidental des droits de
l’homme pour avancer ses pions an Afrique.

Inversement, le pouvoir hégémonique des grandes puissances, à commencer par l’hyper


puissance américaine, s’exerce aujourd’hui largement par l’encadrement normatif et par la
croyance que le développement est lié à des systèmes juridiques efficients, à l’existence
d’Etats de droit et de règle évitant la corruption et sécurisant les agents économiques.

Cette supériorité n’est toutefois pas démontrée pour les pays africains, en raison de la rareté
de juges compétents et probes et du rôle des jurisprudences plus difficiles à réaliser que des
codes écrits. Le rôle hégémonique de la common law résulte de stratégies liées aux lobbies
américains au sein des organisations internationales et des grands cabinets d’avocat.

iii. Liens entre les règles juridiques, pouvoir et développement.

Les relations entre les règles juridiques et le développement sont controversées. Le système
juridique favorable aux entreprises de grande dimension (ex : droits de propriété privée) peut
se faire aux dépens des activités du plus grand nombre, reposant sur les droits possessifs.

Il n’y a pas, en réalité de relation significative entre les taux de croissance économique, les
règles de droit et la « bonne gouvernance ». Il faut différencier les aspects normatifs et
éthiques de l’Etat de droit et de la démocratie de ceux positifs de l’existence de capitalisme

41
dynamique sans Etat de droit. En deçà de ce seuil, la priorité est de sortir des trappes à
pauvreté, de sécuriser les biens et les personnes, de favoriser les potentialités et les
compétences des personnes.

Chapitre II : La vie sociale de l’Afrique.

1. La démographie et l’urbanisation :

a. Les enjeux démographiques :


i. Caractéristiques démographiques africaines :

L’Afrique est le continent du monde ou la croissance démographique est la plus forte.la


population a été multiplié par 4 depuis 1950 en passant de 175 millions à environ 750 millions
d’habitants en 2005. L’Afrique est toutefois très contrastée du point de vue démographique
que ce soit au niveau des grandes régions, des états, des sous-régions, des groupes sociaux ou
des cellules familiales. Cependant les variables démographiques différents fortement selon les
pays et les régions, en milieu rural et urbain, selon les capacités potentielles de charge
démographique. Une des caractéristiques des populations africaines est leur grande mobilité
volontaire (migration) ou subie (déplacés, réfugiés). L’Afrique demeure, sinon sous-peuplée,
du moins mal peuplée avec de très grands écarts de densité.

Par la suite on vient de parler de la transition démographique tardive et limitée de


l’Afrique. Alors les techniques anti-mortelles en partie exogène (vaccinations, eau potable,
médicament) se sont diffusées avant les techniques antinatalistes, la natalité étant au cœur des
comportements et des structures sociales. Le maintien de niveaux élevés de fécondité et la
baisse de la mortalité au cours des cinquante dernières années ont conduit, à la fois à une forte
croissance démographique, et à un rajeunissement considérable de la population. Au niveau
macro, on peut considérer que les groupes sociaux d’appartenance et les décideurs nationaux
cherchent à peser par le poids démographique, d’où l’absence de volonté politique et le
nataliste des pouvoirs religieux face aux préconisations des bailleurs de fonds. Au niveau
micro, le niveau élevé de la fécondité s’explique par la demande d’enfants, par l’ignorance et
la pauvreté et par la fécondité précoce. Par ailleurs l’explosion démographique conduit à des
pressions créatrices et destructrices mais également à des couts élevés compte tenu du rythme
des investissements démographiques nécessaires et d’une pyramide à base très large. la

42
population scolarisable est ainsi quatre fois supérieure en Afrique à ce qu’elle est dans les
pays industriels dont la pyramide des âges se rapproche d’un cylindre.

Ceci dit on peut distinguer quatre régimes démographiques différenciés :

 Celui des pays connaissant une baisse de la mortalité et un maintien de la fécondité


 Celui des pays connaissant une transition démographique avec baisse de la mortalité et
de la fécondité
 Celui où la fécondité élevée d’accompagne d’une hausse de la mortalité
 Celui en stagnation démographique où la baisse de la fécondité s’accompagne d’une
hausse de la mortalité
ii. Des défis démographiques pluriels :

Défis environnementaux : les défis démographiques sont environnementaux dés lors que
les sociétés doivent reconstituer leurs écosystèmes. Les anciens modes de régulation et de
gestion patrimoniale, souvent liés à des communaux et caractérisés par la pluralité des droits,
ne sont généralement plus adaptés pour faire face aux défis environnementaux

Défis économiques : les défis démographiques sont également économiques. Il est nécessaire
de multiplier par plus de deux les rendements agricoles et par plus de trois la productivité du
travail d’ici 25 ans. Il faut gérer le ratio entre les productifs et les non-productifs. Entre 1995
et 2005, la population de 15 à 24 ans à la recherche d’emplois a cru de prés de 30%. En
Afrique de l’ouest, 6 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, or un
dixième seulement trouve un emploi salarié.

Défis sociaux et politiques : les aspirations des jeunes se portent sur la formation et l’emploi
mais également sur la sexualité et sur de nouvelles valeurs, de nouveaux codes moraux. Ils
aspirent souvent à des modèles occidentaux véhiculés par les images et suscitant des
frustrations quant à leur accès. Les modèles intégristes religieux ont une popularité
croissante.la jeunesse montante à peu de perspectives de travail et de revenus. Ferment du
développement et de la créativité, elle peut être aussi prise dans la délinquance et constituer le
terreau des popularisâtes, des recruteurs d’enfants soldats ou des intégrismes religieux.

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b. L’urbanisation :
i. Caractéristiques de l’urbanisation africaine :

La population rurale a doublé entre 1960 et 2000 et devrait croitre à un taux voisin de 1%
entre 2000 et 2030. Les effets de cette croissance seront très différenciés selon l’évolution des
écosystèmes. Entre 2005 et 2025, la population urbaine devrait croitre de l’ordre de 350
millions d’habitants pour une croissance globale de 480 millions avec 350 nouvelles villes de
plus de 100000 habitants. Entre 1930 et 2030, le milieu urbain aura absorbé 70 % du croit
démographique. L’urbanisation tardive date de la seconde guerre mondiale. Elle a été très
rapide avec un taux moyen de 5% de croissance annuelle. Entre 1950 et 2000, la population
urbaine a été multipliée par 11 et le taux d’urbanisation est passé à plus de 40%. Cependant
l’urbanisation résulte de trois phénomènes :

 La croissance naturelle démographique


 L’émigration rurale
 Et l’agglomération de zones rurales par extension territoriale.

ii. Des défis urbains considérables :

D’ici 20 ans où plus d’un africain sur deux sera un citadin, soit 600 millions d’africains
contre 19 millions en 1950. Les concentrations des populations supposent un
accompagnement par des équipements cohérents, adaptés aux besoins et un financement
permettant que la ville soit le moteur du développement et non le vecteur de nouvelles formes
de pauvreté, débouchant sur la délinquance, l’insécurité et la pollution. Les dynamiques
majeures viennent de l’économie populaire urbaine. La ville devient très couteuse à aménager
et à gérer au delà d’un million d’habitants. En suite à l’image de la créativité de l’ingéniosité
des économies populaires urbaines s’oppose celle de la désintégration du lien sociale, de la
violence, de la déviance voire de la délinquance. La ville est devenue le lieu symbolique de la
modernité. Les villes africaines sont de moins en moins filles de l’état. Il y’a en ville une
relative rupture avec des valeurs contraignantes.

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Effets de l’urbanisation :

L’urbanisation joue un rôle ambivalent en termes de mimétisme, mais également de


création de marchés permettant de valoriser les produits agricoles notamment des zones
périphériques des villes. Certaines villes exercent des effets d’entrainement sur leur hinterland
alors que d’autres villes rentières et/ou extraverties sont des lieux de ponction. Les effets
d’attraction des forces centripètes s’opposent ainsi aux effets de diffusion des forces
centrifuges. Les évolutions passées montrent que les agricultures vivrières africaines et les
circuits d’approvisionnement ont généralement répondu au défi urbain. Le système agricole
commercialisé par les paysans a augmenté comme le ratio population non agricole sur
population agricole. Ainsi on observe un déplacement de la valeur ajoutée des zones rurales
vers les zones urbaines au sein des chaines agroalimentaires. L’essentiel de l’informel urbain
concerne l’agroalimentaire. Inversement, les pouvoirs favorisent souvent les importations
alimentaires, aux dépens des producteurs pour nourrir les populations urbaines à moindre cout
et bénéficier de rentes commerciales

2. Les conflits armés :

a. Importance des conflits armés :


L’Afrique est devenue le continent où le nombre de victimes du fait des conflits armés est
le plus élevé du monde, même si l’on note une baisse de la conflictualité. Entre 1945 et 1995
plus d’un quart des conflits mondiaux ont été localisés en Afrique (48 sur 186). On estime que
ces conflits ont fait plus de 6 millions de morts sur des populations de 160 millions de
personnes. En 2004, l’Afrique représentait 5 des 19 conflits mondiaux mais 45% des conflits
contre le gouvernement.

i. La nature des nouveaux conflits :

La question se pose de savoir quelle est la nouveauté de ses formes de violence armée. Les
conflits internes (guerres civiles, rébellions) se différencient traditionnellement des conflits
externes (guerres internationales). La plupart des polémologues considèrent que cette
distinction a perdu beaucoup de sa pertinence depuis la chute du mur de Berlin. Les conflits
armés africains internes aux pays s’articulent avec des réseaux régionaux et internationaux. Ils
ne peuvent être traités, comme le supposent les théories réalistes, en termes d’états-nations
poursuivant des buts de puissance.

45
ii. L’émergence de nouveaux acteurs :

Les conflits se différencient par leur intensité, durée, échelle, mobilité et financement ainsi
qu’ils sont expliqués largement par le sous-développement. Ils se déroulent principalement
sur terre mais la piraterie maritime s’est fortement développée notamment le long des cotes
somaliennes. De nouveaux acteurs apparaissent avec une démultiplication et une permanente
décomposition-recomposition des acteurs de la violence. Les conflits sont rarement des
affrontements entre des groupes organisés et antagonistes, conduisant soit à une victoire
militaire, soit à des accords entre chefs rebelles et chefs de gouvernement. Ils impliquent des
civiles, des guerriers errants et des soldats disponibles pour les seigneurs de la guerre ou les
bateleurs d’estrades. On constate un rôle croissant des mercenaires, des enfants soldats et des
oligopoles de la violence dans des espaces non contrôlés par les états. Les acteurs privés, les
milices à connotations communautaires et les forces traditionnelles, jouent un rôle croissant à
coté des acteurs publics.

b. Les racines des conflits :


Il s’agit d’analyser à la base les racines des conflits en termes de rapports de pouvoir de
structures sociales concernant notamment les accès différenciés aux emplois rémunérés, aux
ressources naturelles et au foncier des jeunes. La quasi-totalité des conflits renvoie à des
jeunes sans emplois ne pouvant accéder à des revenus licites ou à des migrants « allogènes »
ou « autochtones » se heurtant à l’accès à ces ressources. Les raisons sont multiples, on peut
citer le contrôle des ressources par les « ainés », priorité données aux autochtones ou tout
simplement rareté de ses ressources. La question de l’accès à la terre et aux ressources
naturelles afférentes est un des facteurs essentiels de la dynamique des conflits.

i. Le caractère nomade des conflits :

Dans ce cas, il s’agit d’analyser les liens entre les violences infranationales et leur
caractère transnational et régional que ce soit par des appuis d’états voisins ou par des
appartenances à des groupes transfrontaliers. Les conflits nomades tendent à se déplacer
régionalement. Les conflits armés sont transfrontaliers d’où la nécessité d’actions de
prévention et de résolution au niveau sous-régional. La fragilité et la vulnérabilité des états
sont en interrelation avec la vulnérabilité des régions et notamment des espaces
transfrontaliers. Cependant le caractère nomade des conflits se caractérise par des contagions.

46
c. Les facteurs explicatifs des conflits armés :
i. Les richesses naturelles : financement et enjeu des conflits :

Si toutes les guerres n’ont pas une explication économique, toutes ont besoin de financement.
Donc les économies demeurent dominées par des logiques de rentes. L’enrichissement résulte
d’avantage de la captation de richesses que de leur création. Les richesses naturelles
permettent le financement des conflits tout en étant un des principaux enjeux. On peut alors
différencier les guerres principalement ou partiellement liées au pétrole (Angola, Congo,
RCA, Soudan, Nigeria), au diamant (Guinée, Liberia) au contrôle de l’eau (riverains de Niger,
du Nil et fleuve Sénégal) et finalement comme exemple les guerres liées aux ressources
forestières ou terres (Burundi, Cote- d’ivoire, Rwanda).

ii. Les facteurs civilisationnels : la réactualisation de tensions ancestrales :

Des tensions séculaires non résolues sont instrumentalisées par les pouvoirs : population
arabo-berbère contre négro-africaine, islam contre le christianisme et animisme, pasteurs
nomades contre agriculteurs, sédentaires contre nomades etc. les tensions entre les sédentaires
et les nomades affectent l’ensemble de la bande soudano-sahélienne. Ils apparaissent lorsque
les régulations antérieures comme les arbitrages par les chefs traditionnels ou le respect des
droits coutumiers ne peuvent jouer du fait de catastrophes naturelles et de pression
démographique et migratoire.

iii. Les facteurs religieux :

Les facteurs religieux jouent un certain rôle. On ne peut certes accepter la vision manichéenne
de Huntington qui fait des religions le fondement des conflits. En revanche, les crises sont des
facteurs de renforcement des appartenances identitaires, ethniques ou religieuses et celles-ci
sont instrumentalisées par les pouvoirs. Les conflits résultent d’une crise identitaire sur fond
de décomposition institutionnelle et de fractionnement territorial.

iv. Les facteurs politiques :

Les facteurs politiques sont évidemment essentiels que ce soit en termes de déficit de
légitimité des pouvoirs en place, de disparition des compromis sociopolitiques, de querelles
de chefs pour l’accès au pouvoir, de décomposition des citoyennetés, de volonté de nouvelles
configurations territoriales et d’exclusion de la citoyenneté. Les chocs d’armes l’emportent
alors sur les bulletins des urnes pour accéder au pouvoir.

47
Les conflits sont d’autant plus présents que les systèmes d’accaparement des richesses par les
titulaires du pouvoir ne donnent pas lieu à redistribution, contrôle et sanction. La guerre peut
avoir ainsi une finalité politique qui est accéder au pouvoir par la force. L’inégalité d’accès
aux postes de responsabilité ou aux services de base et la compétition pour le pouvoir créent
des tensions entre des groupes sur des bases identitaires.

v. Les facteurs géopolitiques :

Apres la fin de la guerre froide, les puissances hégémoniques s’étaient largement désengagées
d’Afrique, avec toutefois une inflexion ayant conduit à une intervention de la Grande-
Bretagne au Sierra Leone, de la France en Cote d’Ivoire et une présence accrue des Etats-
Unis. Les forces internationales africaines ou des Nations unies sont devenues d’avantages
présents. La fin de la guerre froide et la bipolarité s’est traduite par une apparition de conflits
« désinternationalisés » et par des dynamiques de fragmentation territoriale. Les dividendes
de la paix n’ont pas été affectés à la réduction des facteurs de conflits. De nouveaux enjeux
hégémoniques sont liés au pétrole et à la lutte contre les terroristes qui ont remplacé les
communistes comme ennemis de l’occident. La présence de forces d’interposition peut dans
certains cas accentuer la conflictualité. A priori, elles ont pour objectif d’épargner des vies
humaines et de favoriser une paix durable par compromis. Elles peuvent également figer une
situation et retarder un affrontement. La plupart des guerres civiles ne se terminent pas par
une paix négociée et une réconciliation des opposants sur un même territoire mais par une
victoire militaire.

48
Partie III : Approche économique de l’Afrique.

Chapitre I : La géo-économie et perspectives.


Sur le plan économique, l’Afrique a toujours été appréhendée à travers des termes de sous
développement et de retard, de malaise et de panne, d’ambigüité et de refus de
développement. On la jauge sur la base des indicateurs internationaux à l’exemple du seuil de
pauvreté fixé à un dollar par jour et par personne. Pourtant la réalité en Afrique montre que
plusieurs familles vivent avec moins d’un dollar par jour. Ces indicateurs ne sont pas
représentatifs des trajectoires variées suivies par les sociétés africaines. L’Afrique dispose
d’un faible pouvoir financier dans les négociations bilatérales ou multilatérales. Elle pèse peu
sur la scène internationale malgré ses ressources naturelles et cela s’explique par le fait que
les économies africaines sont diversifiées sur le plan productif parce que dominé par un
capital qui se valorise plus dans l’échange que dans la production. Ce qui explique la faible
concurrence et la tendance à l’adaptabilité au mimétisme ou à l’accommodement.

1. Développement économique.
Souvent qualifié par des termes tels que le sous-développement, l’économie africaine est
depuis toujours jaugée par des indicateurs internationaux faisant d’elle un mauvais élève sur
la classe internationale. Quoique ces indicateurs économiques restent insuffisamment
représentatifs du niveau de développement qui ne peut l’être que par rapport aux potentialités
propres aux déférentes sociétés, à leurs institutions, matrices culturelles et aux capacités des
acteurs en fonction des trajectoires spécifiques aux sociétés. L’Afrique confirme son état de
sous-développement par un faible pouvoir financier, un poids insignifiant en matière de
technologie, de recherche et finalement par un pouvoir d’achat qui est inférieur à la moyenne
internationale.

a. Les grandes étapes de l’évolution de l’économie africaine avant le


21sicele :
Tout au long du 20 siècle, les états africains nouvellement indépendants s’inscrivent dans
des politiques de développement économiques qui ont été vouées en majorité à l’échec.

49
i. Politiques volontaristes s’appuyant sur l’État (1960-1974) :

Avant le choc pétrolier de 1973-1974, les états africains ont su prolonger la tendance de
croissance d’après-guerre grâce à une stratégie de construction de marché par le billet de
l’adoption des politiques industrielles de substitution des importations financées par des
prélèvements sur l’agriculture et aussi grâce à la nationalisation des grandes entreprises.

ii. La spirale de l’endettement (1975-1980)

Le modèle de substitution d’importation s’est heurté à la faiblesse des marchés et à un coût


élevé en devises. Aussi Les entreprises publiques ont été déficitaire, ce qui a poussé les Etats
à se développer sans base productive ni financement interne. C’est dans ce sens donc que tous
les pays africains sont entrés ensuite, à des dates différentes, dans une spirale d’endettement.

iii. Politiques de stabilisation et d’ajustement (1980-2000)

A la recherche d’un équilibrage financier, les Etats africains se sont investi dans une
politique de stabilisation qui s’est traduite par la dévaluation, la hausse et l’unification des
taux d’intérêt, la réduction du déficit budgétaire. Par ailleurs, Les politiques d’ajustement ont
cherché à désengager l’État de l’activité économique et sociale et d’ouvrir les économies au
vent de la concurrence internationale et de réaliser réaliser des réformes structurelles
concernant la propriété (privatisation et liquidation des entreprises publiques), le droit, la
réduction des droits de douane et la transition fiscale, conduisant à asseoir les recettes sur les
impôts directs et la valeur ajoutée. Or, Les vingt ans d’ajustement ne se sont pas traduits par
une reprise de la croissance ni par un changement significatif de spécialisation.

b. Le 21 ème siècle et la nouvelle tendance de croissance :


Le continent africain a atteint un tournant majeur dans son développement et est devenu à
même de jouer un rôle fondamental dans l’économie du 21 siècle. Ainsi, avec un taux annuel
moyen de croissance de la production réelle de 5.3% entre 2000 et 2010, l’Afrique enregistre
une croissance économique forte et soutenue et parvient à se placer à un niveau supérieur au
taux moyen de croissance mondiale.

Ainsi, malgré la crise financière et économique mondiale de 2008-2009 qui a ralenti


sensiblement la croissance du contient. Des facteurs internes et externes ont contribué à la
croissance relativement impressionnante de l’Afrique ces dix dernières années. Une légère
amélioration de la gestion macroéconomique, une forte demande intérieure et un climat

50
politique relativement stables se démarquent comme des facteurs internes qui ont soutenu la
croissance en Afrique. Sur le plan extérieur, un niveau élevé des prix des produits de base, le
renforcement de la coopération économique avec les pays émergents, l’augmentation de l’aide
publique au développement à partir de 2000 et un accroissement des flux d’investissement
étranger direct (IED) ont contribué à la croissance.

Par ailleurs, en dépit de la croissance économique, dans l’apparence soutenue, plusieurs


pays du continent semblent être confrontés à plusieurs difficultés de développement, comme
l’insécurité alimentaire, un taux de chômage élevé, la pauvreté et les inégalités, mais aussi la
dépendance à l’égard des produits de base et surtout l’absence de la transformation
économique.

Aussi, lorsqu’on procède à une évaluation minutieuse des économies de la région, les
caractéristiques suivantes se révèlent : en dehors de l’agriculture, les économies sont pour la
plupart tirées par les ressources naturelles et /ou les produits de base. Le secteur
manufacturier, quant à lui, reste à l’état embryonnaire, ce qui limite les gains sur le plan de
l’emploi qu’aurait pu rapporter la transformation des produits de base. La productivité
agricole reste faible, se situant à 56 % de la moyenne mondiale et est caractérisée par une
application limitée des technologies modernes.

De ce fait, la croissance de l’Afrique peut être qualifiée comme étant largement non
inclusive étant donné sa contribution limitée à la création d’emplois et à l’amélioration
générale des niveaux de vie des populations. En fait, en dépit d’une baisse du nombre absolu
de personnes pauvres et d’une diminution de cinq points de pourcentage du taux de pauvreté
entre 2005 et 2008, le continent abrite la plus forte population de pauvres dans le monde avec
un taux de 47,25 % en 2008.

Par ailleurs, afin de faire face à cette contradiction économique de développement


seulement grâce à l’exploitation des ressources naturelles. Le continent a besoin de
transformer ses économies pour créer de la richesse avec une optimisation de l’utilisation de
ses ressources qui sont épuisables et même non renouvelables pour certaines.

Pour ce faire, et vu que la suppression de la pauvreté est tributaire d’un taux moyen de
croissance à long terme de 7%, le continent africain doit appuyer son investissement pour
atteindre le seuil de 25% du PIB afin de réaliser les objectifs escomptés. Par ailleurs, la
qualité de l’investissement doit être amélioré afin de viser les secteurs stratégiques ou

51
prioritaires permettant au continent de construire une infrastructure de base et d’abandonner
les activités à faible productivité au profit de celle à forte productivité et aussi une
augmentation de la part des industries manufacturières et des services modernes .

Aussi, autre l’investissement dans la transformation structurelle, l’innovation et le transfert de


technologie, le développement humain, le financement et les partenariats sont aussi des
questions fondamentales qui doivent être prises en considération dans les programmes
africains de développement pour maintenir une croissance stable et garantie.

2. De la marginalisation à la mondialisation
La mondialisation se rattache à trois phénomènes liés aux révolutions technologiques et aux
mesures de dérégulation : le changement d’échelle et l’extension des espaces, la
multiplication des interdépendances (ou autrement dite globalisation) et le capitalisme
financier mondial.

La mondialisation s’est traduite pour l’Afrique après une marginalisation par une intégration
accrue. Elle est toutefois subie et imposée davantage que négociée et maîtrisée. L’Afrique est
mondialisée mais non ou peu modélisatrice. Elle est intégrée dans le système-monde tout en
demeurant à ses marges. On observe toutefois une forte différenciation des partenaires et des
zones d’influence. Le nouveau contexte mondial remet en question les paradigmes anciens qui
fondaient les relations Nord/Sud. Dans les travaux dépendantistes, les périphéries
connaissaient un blocage de l’accumulation et un échange inégal ; le développement du centre
crée le sous-développement de la périphérie. Dans les analyses néolibérales, le déficit
d’épargne au Sud devait être comblé par l’investissement extérieur et le commerce ; l’Afrique
en retard de développement pouvait le rattraper en bénéficiant de l’apport des capitaux, des
compétences et la technologie du Nord. Or la montée des puissances émergentes dans un
contexte de financiarisation du capitalisme a modifié la donne. Celle-ci se diffuse en Afrique
par le canal commercial, financier, productif, ainsi que par l’instabilité des prix. Les pays du
Sud représentent la moitié du PIB mondial. Ils sont devenus des financeurs du Nord. Leur
forte demande a dopé les prix des matières premières et renversé les termes de l’échange.
L’Afrique a bénéficié des financements, de la diversification des partenaires, de la flambée
des prix. Elle a vu également croître les inégalités, les risques de «reprimarisation», de
malédiction minière ou pétrolière et de hausse de la facture alimentaire avec toutes les
incertitudes liées à la crise financière mondiale qui a éclaté en 2008.

52
a. L’Afrique dans la mondialisation :
Le terme de «mondialisation» justifie une interdépendance entre cinq processus : la
globalisation financière, l’organisation mondiale de la production, la libre circulation des
marchandises, les migrations et les mouvements de population, et l’instantanéité de
l’information par les réseaux technologiques.

Elle donne aux groupements régionaux une très grande importance et les responsabilise quant
à la situation de leur région. Elle tend à faire jouer aux réseaux transnationaux un rôle
important à côté des territoires.

i. La dépendance économique :

La dépendance traduit une asymétrie de position et un déséquilibre des forces en jeu. Selon
Georges Balandier, ethnologue et sociologue français, elle ne signifie pas «prédétermination
par l’extérieur mais plutôt non-disposition de tous les éléments de base nécessaires à la liberté
de choix».

Depuis le temps, l’Afrique a été ouverte grâce à des réseaux efficients de commerce
portant, selon les époques, sur l’or, les esclaves, les produits primaires ou les activités plus ou
moins illicites. L’intégration dans l’économie mondiale se fait à travers les grandes
compagnies, par les réseaux commerçants libanais, indiens, chinois, par les réseaux dioulas 1,
haoussas2, des Mama Benzs du Togo ou par les réseaux parallèles.

CHERCHER UNE STATISTIQUE CONCERNANT LES X ET M DE L’AFRIQUE

Près de cinquante ans après leurs indépendances, les économies africaines restaient
polarisées sur les économies européennes qui représentaient plus de 2/3 de leurs zones
d’échanges commerciaux et d’origine des capitaux, avec toutefois une réorientation récente
vers l’Asie.

L’Afrique a peu modifié la structure de ses exportations : le premier produit primaire exporté
représentait, en 1960 comme en 2010, environ la moitié des exportations; les exportations de
produits manufacturés ne constituent que 5% du total.

La dépendance est quasi intégrale en biens d’équipement et en biens intermédiaires voire en


biens de consommation de première nécessité pour les pays les plus démunis. Une part élevée

1
Les Dioulas sont d’anciens commerçants ambulants d'Afrique occidentale.
2
Les Haoussas sont un peuple du Sahel établi au nord du Nigeria et dans le sud du Niger jusqu'au
Lac Tchad.

53
des recettes publiques demeure liée, malgré les réformes en cours, aux droits de douane. Les
dépendances sont fortes en capitaux et en technologies étrangères.

ii. L’échange inégal

Les producteurs africains sont price takers (preneur de prix) et non price makers (faiseur de
prix). Le pouvoir de marché s’est déplacé vers les oligopoles du «centre» et les partages de
valeur ajoutée s’expliquent largement par les différences de pouvoirs d’achat des
consommateurs. Ainsi, le cacao connaît en longue période des prix fortement dépressifs et
instables, alors que la tablette de chocolat en Europe a un prix stable et légèrement croissant.
La Côte d’Ivoire, bien que réalisant 45 % des exportations mondiales, a connu une perte de
son pouvoir de marché au début des années 1990 avec la concentration-intégration au sein de
la filière et le pouvoir des firmes industrielles du «centre».

On observe toutefois depuis le début de la décennie 2000 une forte amélioration des termes
de l’échange des produits primaires exportés par l’Afrique par rapport aux produits
manufacturés importés. Dans les modèles de l’échange inégal, la baisse des termes de
l’échange et le partage inégal de la valeur s’expliquaient par des partages asymétriques de
progrès de productivité entre des pays à salaires différents. L’explication actuelle renvoie à la
fois au pouvoir d’achat du consommateur du «centre» payant des marques et au pouvoir des
oligopoles.

Dans un monde où la valeur ajoutée passe par le signe et l’immatériel, l’échange inégal
entre le Nord et le Sud passe par la spécialisation de ce dernier dans des activités de
transformation matérielle par du travail à bas salaire, alors que la chaîne de valeur ajoutée
dans le Nord concerne essentiellement l’immatériel. À titre d’exemple, une chaussure Nike
vendue 70 dollars correspond à 15 dollars de coûts de production au Sud (dont 3 dollars pour
les salariés), à 17 dollars de frais de publicité au Nord et à 35 dollars de marges commerciales.
Cette même règle du 1/20e se retrouve pour le café ou le cacao.

b. L’Afrique courtisée ?
i. Compétitivité des économies africaines

Après avoir bénéficié des surprix coloniaux à l’exportation et des préférences


commerciales, l’Afrique affronte les vents de la compétitivité en participant très faiblement à
la chaîne de valeur internationale.

54
Dans son rapport sur la compétitivité de l’Afrique pour l’année 2015, la Banque Africaine
de Développement s’attarde dans son premier chapitre sur la question de que faire pour que
les pays d’Afrique se transforment et gagnent en compétitivité.

En effet, même si, au cours de la dernière décennie, l’Afrique a enregistré une croissance
vigoureuse et persistante, sa compétitivité globale a continué de stagner. La plupart des pays
d’Afrique en sont à un stade de développement dans lequel les paramètres de base, tels que
des institutions et des politiques macroéconomiques solides, une infrastructure adéquate et
une main-d’œuvre qualifiée et en bonne santé, devront être réunis pour permettre une
croissance durable. Or, c’est précisément dans ces domaines que le rapport constate les écarts
les plus importants avec les autres régions du monde.

Le déficit infrastructurel persistant de l’Afrique et les faibles niveaux d’études de ses


habitants, ainsi que ses difficultés à faire correspondre les qualifications de sa main-d’œuvre
aux besoins de ses entreprises, constituent les obstacles les plus importants à la transformation
des économies de cette région.

Un examen plus approfondi des différents groupes de pays, menée par la BAD et figurant
dans son dernier rapport sur la compétitivité de l’Afrique, révèle un écart de compétitivité et
des performances très variables entre les pays d’Afrique. Ainsi, l’Afrique du Sud et Maurice
continuent d’afficher des résultats aussi bons, voire meilleurs, que d’autres économies
émergentes, telles que le Brésil ou l’Inde. Maurice, en particulier, va de l’avant depuis 2006,
et est devenu le pays d’Afrique le plus compétitif, surpassant l’Afrique du Sud. Un deuxième
groupe (Rwanda, Maroc, Botswana et Algérie) fait mieux que la moyenne des pays
d’Amérique latine. Et un troisième ensemble, plus large (Tunisie, Namibie, Kenya,
Seychelles, Zambie, Gabon, Lesotho, Ghana, Sénégal, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Cameroun
et Éthiopie), enregistre des résultats supérieurs à la moyenne des pays d’Afrique
subsaharienne. Les quatre premiers pays de ce groupe affichent même des performances
supérieures à la moyenne des pays d’Afrique du Nord.

ii. Flux financiers

La globalisation financière se caractérise par l’interconnexion des marchés financiers, par


un essor de nouveaux produits financiers et par des crises financières. Elle résulte des trois D
(déréglementation, décloisonnement des marchés financiers, désintermédiation par titrisation).
Le capitalisme financier mondial, dominé par le poids des actionnaires, tend à l’emporter sur

55
le capitalisme managérial. La dérégulation a accru l’ampleur des crises et des volatilités des
prix financiers qui ne peuvent constituer des signaux pertinents des risques et rentabilités pour
les investissements. L’essentiel des capitaux disponibles pour financer le développement est
devenu privé. Or l’Afrique a un accès limité aux marchés internationaux de capitaux et les
marchés financiers sont quasiment inexistants. L’Afrique est peu attractive de capitaux privés.

Constat aggravé lorsqu’un rapport conjoint de la Banque africaine de développement


(BAD) et de Global Financial Integrity, une ONG américaine, révèle que « l’hémorragie
illicite des ressources de l’Afrique représente près de quatre fois sa dette extérieure ». Entre
1980 et 2009, l’Afrique a perdu entre 1 200 et 1 400 milliards de dollars.

Les flux financiers illicites sont définis comme l’argent gagné illégalement et transféré
ailleurs. Il provient généralement d’activités criminelles, de la corruption, de la fraude fiscale,
de pots-de-vin et de la contrebande.

iii. Attractivité des investissements directs étrangers

L’essentiel du commerce international (logistique, biens et services échangés), de la recherche


et du développement, des innovations, est assuré par les grands groupes multinationaux ; leur
«séduction» est ainsi devenue stratégique. Or, les implantations de ces groupes à des fins
d’exportation supposent une logistique et un tissu économique, social et technique non
réductible aux coûts salariaux et à des réglementations et fiscalités incitatives. Exception faite
de certains secteurs, comme le pétrole, ou d’effets de la privatisation dans l’agroalimentaire,
les télécommunications, l’eau, l’électricité, la distribution et le transport, l’Afrique attire en
moyenne 3% des investissements directs étrangers (IDE) mondiaux (10 à 20 sur
1000milliards de dollars).

Les travaux de « Doing Business » calculent des indices de gouvernance, de libertés


économiques, de perception de la corruption, les mesures effectives concernent les facilités de
faire des affaires, de créer des entreprises, de transférer la propriété, de réaliser du commerce
transfrontalier, d’obtenir des permis de construire, de facilité d’embauche des travailleurs,
d’obtention des prêts, d’exécution des contrats, de protection des investisseurs et de faible
défaut des entreprises. Le climat demeure peu favorable pour les affaires, les coûts de
production et de transaction sont relativement élevés. Selon Mc Kinsey Global Institute, on
constate durant la décennie 2000 des écarts de 2,1% de croissance entre les pays ayant mis en

56
place des réformes (libéralisation des capitaux, du marché du travail, ouverture commerciale,
meilleur climat des affaires) et ceux ne les ayant pas mis en œuvre.

c. Politiques de normalisation face à la mondialisation

i. Stabilisation et ajustement

Le nouveau contexte de la mondialisation, lié aux déséquilibres financiers et à


l’endettement de l’Afrique, a conduit à la mise en place de politiques libérales et d’ajustement
aux nouvelles donnes mondiales au début des années 1980. Ces politiques de stabilisation et
d’ajustement impulsées par le FMI et la Banque mondiale sont dénommées le «consensus de
Washington»3. Elles inversent les mesures interventionnistes du capitalisme d’État des années
d’après-guerre et post-indépendance.

Plus de deux décennies après le début de leur mise en œuvre, on notait dans l’ensemble une
amélioration des équilibres financiers (réduction de l’inflation, des déficits budgétaires, des
déficits de la balance courante, etc.) et un meilleur cadre institutionnel. De nouveaux secteurs
innovants émergent dans les services et les nouvelles technologies.

Or, dans la plupart des cas, ces politiques de stabilisation ont été plutôt récessionnistes et les
économies africaines ont globalement stagné entre 1980 et 2000.

ii. Libéralisation financière

La libéralisation financière interne visait à supprimer l’insolvabilité des banques, les


créances douteuses et le seigneuriage permettant de financer le budget par de la création
monétaire. Elle s’accompagnait d’une libéralisation externe visant à réduire les distorsions de
change et à favoriser l’ouverture aux capitaux extérieurs. Elle a été caractérisée par une
privatisation des institutions financières, un relèvement du taux d’intérêt réel, une
privatisation ou une liquidation de nombreuses banques publiques et un assainissement
financier visant à réduire la dette publique et parapublique. Les marchés monétaires et
financiers ont été développés et des bourses régionales ont été créées. Les banques de
développement ont fait place à des structures décentralisées d’épargne et de crédit et la micro
finance est devenue le maître mot de la politique visant à un financement du développement.

3
Ce sont des prescriptions économiques d’inspiration libérale pour le redressement des Etats en
difficulté proposées en 1989.

57
Les résultats sont encore limités. Certes, le secteur financier a été assaini mais il demeure
fortement segmenté et peu à même de financer le développement par des investissements
productifs à risque et des projets productifs à différentes échelles. Près de 40% de l’épargne
africaine est replacée dans des circuits extérieurs à l’Afrique. Les coûts d’intermédiation
financière demeurent élevés et les banques même rentables, sont averses face au financement
d’investissements à risque.

3. L’Afrique dans les relations internationales.


L’Afrique a été longtemps le lieu de déploiement des puissances étrangères. Les Etats
colonisateurs l’ont traité, à la limite, comme territoire vide qu’ils se sont partagé en fonction
de leurs intérêts. Elle demeure le champ de compétition entre les puissances et les firmes
minières et pétrolières, mais les occupations territoriales directes sont disparues, les
compétiteurs se sont diversifiés et les formes de la compétition se sont modifiées.

Toutefois, dans un monde d’interdépendance asymétrique, les ressources mobilisées pour


exercer une influence sont devenues multiples. Les pouvoirs africains savent aujourd’hui
jouer des conflits d’intérêts entre les puissances occidentales et asiatiques, comme ils ont su
jouer de la guerre froide. Les Etats pivots, alliés des Etats-Unis, ou les Etats membres de la
ligue arabe utilisent la collaboration comme ressource. L’émergence sur la scène
diplomatique, militaire, économique, financière et commerciale des nouvelles puissances a
modifié l’architecture internationale et modifié l’insertion de l’Afrique dans un monde qui
tend à devenir multipolaire. On note un déplacement du centre de gravité du capitalisme vers
l’Asie émergente. L’Afrique, qui représente un quart des voix aux Nations unies, dont les
Etats sont alliés possibles pour les pays émergents et qui fait l’objet de convoitises pour ces
ressources, tend à distendre les liens avec les anciennes puissances coloniales et à accroitre se
marges de manœuvre. En même temps l’Afrique est insérée dans un monde interdépendant.
La crise financière est mondiale. Elle peut la toucher directement par baisse des dons vers les
pays pauvres mais également par effet de ralentissement de la croissance mondiale y compris
celle des pays émergents.

a. L’Afrique et les nations unies


i. l’Afrique dans les institutions des nations unies

Deux états africains, l’Afrique du sud et l’Ethiopie, ont fait partie des 51 états fondateurs
des Nations unies en 1945. Celles-ci interviennent en Afrique au niveau de l’aide, de la pais et

58
a sécurité, aussi bien que dans les différents domaines culturels, sociaux, sanitaires,
agroalimentaires ou de catégories comme l’enfance.

Les nations unies, organe suprême du droit international et de négociation entre les Etats,
repose sur le principe d’égale souveraineté. Elles sont également une arène ou les états
s’affrontent en fonction de leur puissance mais dont l’autorité s’érode, l’enjeu majeur étant le
conseil de sécurité. Celui-ci est dominé par les cinq pays vainqueurs d’une guerre terminée il
y a 60ans qui disposent d’un droit de veto.

Les Etats africains membres des principales organisations internationales ont peu voix au
dans cet ordre international. Ils fonts également partie du mouvement des non-alignés.
L’ONU, qui comprenait en 2005 191 Etats membres, joue un rôle croissant par son aide à
l’Afrique et comme force d’intervention. Elle se situe dans un cadre multilatéral et joue un
rôle de boussole dans le dispositif de la communauté internationale. Trois pays africains
siègent en tant que membres non permanents et des perspectives d’un ou deux sièges
permanents sont possibles, avec des oppositions pour le choix titulaires.

L’Afrique est présente au sein des agences spécialisées dans différents domaines,
institutions non financières des Nations Unies : FAO (agriculture), OMS (santé), ONUDI
(industrialisation), PNUD (développement), UNESCO (éducation et culture), BIT (travail).
Elle présente par la CNUCED conférence des nations unies sur le commerce et
développement), tribune des Etats pauvres cherchant à corriger les effets pervers de la
libéralisation en liant commerce international et développement et en étant réservée vis-à-vis
du libre-échange. Tous les Etats ont signé le traité de non-prolifération nucléaire et sont
membre de l’IAEA (international atomic energy agency).

b. L’Afrique et les institutions de bretton woods


Les institutions économiques et financières internationales ont été crées, au lendemain de la
seconde guerre mondiale, dans le cadre de relations interétatiques, en séparant le politique de
l’économique. La quasi-totalité de pays africains sont membres des institutions de Bretton
Woods et ont eu recours à leur financement, ce qui a entrainé une certaine mise sous tutelle,
des conditionnalités moyennant accès aux financements internationaux et de la gestion de la
dette.

59
i. le FMI

Le FMI (fonds monétaire international) a dans ses statuts pour mission de « faciliter
l’expansion et l’accroissement harmonieux du commerce international et de contribuer au
maintien et au développement d’un niveau élevé d’emplois et de revenus réels ». En réalité,

Il joue le Rôle de régulateur du système monétaire et financier international en essayant, dans


un monde financiarisé, d’éviter des crises de système. Il est un pompier empêchant la
prolifération des incendies et le garant d’une orthodoxie financière. Sa signature est décisive
pour accéder aux financements internationaux. Il est un fonds d’assistance mutuelle entre
Etats. Il exerce en fait plusieurs missions : surveillance multilatérale et bilatérale des
politiques macroéconomiques monétaires et de change, programmes et assistance techniques.
Le FMI connait une crise de légitimité (vote selon les quoteparts), de financement (baisse des
prêts) et de crédibilité (modèle unique de « bonne » politique). Il peut toutefois jouer un rôle
important dans la nouvelle demande de régulation d’un système financier devenu fou et d’une
acceptation du multilatéralisme.

ii. Actions en Afrique

Il a cherché à normaliser les sociétés africaines a partir de la crise d’endettement des années
1980 et a lancé des programmes sus conditionnalités d’ajustement et de stabilisation réduisant
les déséquilibres financiers. La signature d’un accord stand-by entre les Etats et le FMI est
devenue la condition de renégociation de la dette. Les ministères de finance ont fonctionné
sous tutelle et le pouvoir financier s’est déplacé des Parlement vers les institutions de Bretton
Woods.

c. - la banque mondiale
i. des doctrines évolutives

La banque mondiale est le second pilier des institutions financières internationales. Il s’agit
d’une banque de développement qui, à coté d’activités rentables, prête à des taux bonifiés et
doit financer des projets de développement.

Les interventions de la banque mondiale en Afrique ont évolué dans le temps. Dans les années
1950 et 196 dominaient une culture d’ingénieurs et des financements d’infrastructures. Dans
les années 1970, notamment sous l’impulsion de son président Robert Mac Namara, ont
dominé les financements de projets dans les secteurs productifs, un appui aux entités

60
publiques et une guerre contre la pauvreté. Les années 1980 jusqu’au milieu des années 1990
ont été marquées par la dette, les ajustements macroéconomiques et une priorité donnée aux
macros économiste.

La banque mondiale a, depuis, considérablement élargi ses domaines d’intervention (lutte


contre le sida) s’est fixé comme priorité la lutte contre la pauvreté, le renforcement
institutionnel, le software aux dépense du hardware, a développé de nouveaux principes sur
l’appropriation, le rôle de la société civile et la bonne gouvernance. Comme le FMI, elle a
répondu aux critiques en visant à plus de transparence, en mettant en place des systèmes
d’évaluation qui on amélioré son portefeuille de projets. Le programme PPTE (pays pauvres
très endettes) remet en question la règle de non-rééchelonnement des dettes multilatérales et
privilégie la lutte contre la pauvreté dans le cadre de DSRP (documents stratégiques de lutte
contre la pauvreté) qui permettent une coordination des bailleurs de fonds.

ii. changements de référents théoriques

La banque mondiale à longtemps fait sien le postulat selon lequel la croissance économique
était le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté. Puis à l’époque des déséquilibres
financiers, la stabilisation financière est apparue prioritaire. En Afrique, le rapport de Berge
1981 a constitué un choc en s’opposant à la vision d’un Etat développeur et en privilégiant le
tout-marché. L’accent est aujourd’hui mis sur les institutions (théories néo institutionnalistes),
sur la réduction des inégalités comme facteurs de croissance (théories néo structuralistes et
croissance endogène) et sur la priorité des capacités (théorie de Sen).

Deux principales ruptures théoriques apparaissent depuis le milieu des années 1990. Le
développement suppose de mettre en place toutes les pièces en même temps et dans
l’harmonie d’où les cadres de développement intégré. Dans le paradigme ancien, l’inégalité
des revenus était supposée favoriser l’épargne et résultait du déplacement de populations de
secteurs à faible productivité vers les secteurs à forte productivité. Dans le « nouveau
consensus de Washington » de 2003, la répartition plus égale des revenus est une des
conditions de ka croissance par différents canaux : baisse de la fécondité, élargissement des
marchés, accès au crédit ou stabilité politique.

61
d. L’Afrique et l’OMC :
i. Principes et actions de l’OMC

L’OMC a pour objet de réguler le commerce international en fixant un certain nombre de


règles inspirées des principes du libre-échange, tout en mettant en place un organe jugeant des
différends et pouvant sanctionner ceux qui enfreignent les règles.

Le GATT (accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), créé n 1948, favorisait le
multilatéralisme commercial par r éduction des obstacles tarifaires et non tarifaires au
commerce international. Il reposait sur certains principes : la règle de la non-discrimination
(clause de la nation la plus favorisée), la recherche de la diminution des tarifs douaniers et
l’interdiction des restrictions quantitatives. Il est admis que l’ouverture extérieure est un
facteur premier de croissance. Le principe d’égalité des traitements comportait toute fois des
exceptions telles que les unions douanières et les zone de libre-échange ou l’acceptation de la
non-réciprocité et de traitements spéciaux et différenciés pour les PVD.

On est passé d’un système de concessions réciproques (mercantilisme éclairé) à un cadre de


négociation, et de marchandages par produit à des discussions globales. Les concessions sont
perçues comme des coûts qui exigent des compensations, alors que la théorie standard de
l’échange international démontre que la libéralisation n’a pas besoin de réciprocité pour
améliorer le bien-être et qu’à l’intérieur des pays. Dans un jeu à somme positive, les gagnants
peuvent toujours dédommager les perdants. Les enjeux sont devenus normatifs avec les
produits agricoles, les services (GATS selon les quatre modes), les droits de propriété
intellectuelle (ADPIC). Ils touchent souverainetés nationales précaution, normes sociales et
environnementales).

ii. Effets contrastés pour l’Afrique :

Tous les pays africains sont membres de l’OMC, sauf l’Erythrée, l’Ethiopie, la Somalie et
le Soudan (2006). Les pays africains disposent de peu d’atouts dans l’arène des négociations
commerciales. Ils subissent les effets pervers des subventions et protections américaines et
européennes et seront en revanche perdants dans la libéralisation, du fait de l’érosion des
préférences (sur le sucre et la banane par exemple) et de la concurrence « sauvage » des
producteurs (agriculture, élevage, textile).

62
Les produits africains sont mis en demeure de perdre en 2008 leurs accès préférentiels sur
le marché européen (APE). Les régimes préférentiels (bananes, sucre) sont contestés par les
pays d’Amérique ou d’Asie. L’AGOA accorde des préférences n’ayant pas besoins de
négociations et TSA n’est pas discriminatoire puisqu’il s’adresse aux PMA dans leur
ensemble.

iii. La fin du cycle de Doha est très problématique.

A priori, la libéralisation et la baisse des subventions agricoles doivent plutôt favoriser la


hausse des prix agricoles en raréfiant l’offre. Mais il importe de rappeler que les pratiques
s’éloignent des principes, que les règles de l’OMC sont peu respectées et que les incertitudes
sont grandes face aux rapports de force. Les pays africains qui ont vu se réduire les
préférences affrontent la concurrence déloyale d’agricultures subventionnées (1 milliard de
dollars par jour) et très productives. A titre d’exemple, l’entrée de la Chine dans l’OMC, la
limite des subventions à la production à 8,5% de la production et la baisse des droits de
douane pourraient favoriser les exportations africains dans certains produits (thé, huile,
tubercules). En réalité, les effets les plus importants concernent la très forte instabilité liée au
poids de la chine sur les marchés agricoles.

La libéralisation commerciale a certains effets positifs sur les pays africains, notamment en
réduisant le poids des subventions agricoles (vf. Encadré sur le coton). Les pays les moins
avancés, à la différence des pays émergents, subissent en revanche une érosion de leurs
préférences et leurs marges commerciales (vf. Les effets de la suppression des Accords
multifibres en janvier 2005 sur les textiles, et ceux du protocole sucre). Les conflits avec l’EU
concernent la viande, les céréales, les produits laitiers et le sucre.

63
Conclusion

Quatre scénarios géopolitiques peuvent être différenciés en fonction de ces tendances


lourdes et des options stratégiques des acteurs. Ils rejoignent en partie les trois scénarios
établis par Futurs africains pour 2025 : Les lions pris au piège, les lions sortant de leur tanière
et les lions marquant leur territoire.

 Le scénario du largage :

Une Afrique désynchronisée du temps mondial caractériserait le triomphe de la longue


durée braudelienne, la parenthèse de la colonisation et de la modernisation, la nécessité du
temps long pour gérer les défis que les sociétés industrielles ont mis des siècles à maîtriser et
l’impossibilité de s’insérer positivement dans un monde organisé en dehors de l’Afrique. Les
trajectoires historiques africaines seraient caractérisées par les dynamiques de peuplement, les
transformations d’occupation de l’espace, les reconfigurations territoriales et les
modifications des frontières héritées de la colonisation.

Le scénario peut être décliné politiquement sur le mode positif (la guerre fait l’Etat, celui-ci
se recompose) ou négatif (laissée à elle-même, l’Afrique s’entre-déchire et les Etats se
décomposent). Il peut être décliné économiquement sur le mode positif (dynamisme de
l’économie populaire, satisfaction des besoins de base, déconnexion souhaitée,
endogénérisation) ou négatif (déconnexion subie, échec de la modernité, économie de
prédation voire chaos entropique vis-à-vis desquels la communauté reste passive). Les conflits
militaires seront-ils des facteurs de formation des 2tats et de recomposition des territoires et
des identités ? Au contraire, les guerres doivent-elles être analysées en relation avec un
processus d’intégration à une économie mondiale affairiste voire criminelle qui désintègre
l’Etat et la citoyenneté ? Ce scénario illustrera t-il des ruptures entre l’Afrique laissée à son
sort et certains Africains intégrés positivement ou à la quête d’un eldorado ?

 Le scénario du rattrapage :

L’insertion de l’Afrique dans l’économie mondiale peut se réaliser par le biais de circuits
commerciaux et financiers, voire par celui d’une accumulation privatisée réalisée par des
activités illicites. Elle peut également résulter des réformes libérales internalisées par les

64
acteurs. L’Afrique, grâce à ces nouvelles générations, devient compétitive, productive,
démocratique. La citoyenneté et le jeu démocratique se développent. Des contre-pouvoirs
émergent. L’économie est impulsée de l’extérieur avec une accélération des exportations et de
l’attractivité des capitaux et un lien croissant avec un réseau de PME-PMI constituant un tissu
économique de base.

Ce scénario suppose que l’Afrique ait voix au chapitre dans l’architecture internationale et
dispose d’accès aux financements extérieurs affectés à des progrès de productivité. Il suppose
un retour de l’épargne et des compétences africaines extérieures et un appui extérieur en
termes commercial et financier. Une économie productive et compétitive implique la
mobilisation des compétences nationales et étrangères et l’émergence d’entrepreneurs. Ceci
suppose un cadre institutionnel favorable, un Etat facilitateur, un climat de confiance et un
retour à la sécurité. Ce scénario risque toutefois d’être excluant et de conduire à un maintien
de la pauvreté du plus grand nombre, du moins à court et moyen terme.

Les insertions à l’économie mondiale seront fortement différenciées selon les pays et selon
les régions. Des Afriques duales sont possibles, entre une Afrique « utile » et une Afrique
« Exclue » qui correspond à des différenciations spatiales et sociales croissantes. Il y aura
émergence de grandes puissances régionales telle l’Afrique du Sud ou le Nigeria ou de petits
Etats jouant un rôle d’intermédiation commerciale ou financière. Des reconfigurations se
feront autour des pôles. On peut prévoir de nouveaux partenariats et des recentrages de
certains pays vers l’Asie avec un relâchement des anciens liens avec l’Europe.

 Le scénario des recentrages :

Les voies africaines du développement supposent d’épanouir les potentialités et de dérouler


ce qui est enroulé dans chaque société. Il ne peut être mimétique. Dès lors que le modèle de
gaspillage occidental n’est pas généralisable et qu’il y a nécessité de satisfaire des besoins
essentiels, de maintenir des liens sociaux, d’insérer les trajectoires dans des matrices
culturelles porteuses de sens (signification et direction), les Etriques peuvent construire leur
modernité par des voies originales de développement.

Le recentrage sur les marchés nationaux et régionaux résultera de l’émergence


d’entrepreneurs africains, de la pression des jeunes pour trouver place dans la société et
réformer les structures politiques et économiques. L’appui pourra venir des diasporas, des

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effets de levier des partenaires diversifiés et de l’insertion dans la mondialisation au niveau de
l’information, des technologies.

 Plusieurs priorités apparaissent :

Délégitimer l’Etat dans ses fonctions collectives d’intérêt général, régaliennes et de


facilitateur du développement mais réduire l’inefficience de l’administration et son rôle
souvent prédateur.

 Construire le marché en liaison avec d’autres modes de coordination


 Faire émerger des organisations efficientes et les capacités d’entreprendre permettant
les investissements à risque.
 Réguler les tensions sociales par des mécanismes participatifs et redistributifs.

Ceci n’est évidemment possible que si l’architecture internationale est modifiée avec une
redistribution des avoirs, des savoirs et des pouvoirs entre les puissances. Des écluses
permettant des mises à niveau et des transitions permettant des apprentissages sont
nécessaires vis-à-vis des pays mal spécialisés.

Il y aura vraisemblablement différenciation croissante des sociétés africaines et diverses


voies africaines du développement. Les priorités agropastorales ne sont pas les mêmes pour
les économies nomades des Touaregs, pour les cueilleurs de la forêt équatoriale ou pour les
paysans des hautes terres malgaches. Le choix entre l’économie ouverte sur l’extérieur ou
orientée vers le marché intérieur diffère entre les petits pays côtiers et les grands pays. La
question de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaires se pose dans des termes
radicalement différents dans les petites îles surpeuplées et dans les grands pays où la terre est
abondante.

 Le scénario des nouveaux arrimages :

Le scénario des nouveaux arrimages est celui des alliances avec les nouveaux partenaires
émergents notamment la Chine avec retrait de l’influence européenne. Le découplage
Nord/Sud ferait place au couplage Sud/Sud. Ce scénario correspond à la montée d’un monde
multipolaire et à une Afrique convoitée pour ses ressources naturelles mais également sa
population active et ses marchés. Il peut certes conduire à un maintien de relations
postcoloniales avec spécialisation primaire de l’Afrique. Il peut reposer sur un modèle de
croissance tiré par les exportations. Il peut également permettre un pacte postcoloniale avec

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transfert de technologies appropriées et appropriables, un maillage du réseau de PME, une
diversification du système productif, une remontée en gamme dans les chaînes de valeur
internationale. Pour que les « package deal » avec les émergents soient des facteurs durables
de développement moins asymétriques, les cartes sont essentiellement dans les mains des
acteurs africains et dans leur mode de négociation des relations de partenariat : attractivité
dans les zones franches ou les zones économiques spéciales, positionnement de l’Afrique
comme atelier des émergents.

L’Afrique sera selon toute vraisemblance de plus en plus contrastée et différenciée avec des
trajectoires plurielles, des coexistences de zones de prospérité et d’innovations et de
vulnérabilité voire de conflictualité. Il est de plus en plus difficile de parle de l’Afrique même
en se limitant à l’Afrique subsaharienne.

Une interrogation scientifique sur les trajectoires des sociétés est liée à une interrogation
éthique et philosophique. Celle-ci porte sur les sens que les agents donnent à ce processus,
qu’ils maîtrisent ou qu’ils subissent et où ils sont participants ou exclus. Il n’ya pas de sens de
l’Histoire mais des histoires auxquelles les hommes donnent sens.

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Bibliographie

La géopolitique de l’Afrique, auteur : Philippe Hugon, édition : SEDES.

L’espace mondial : fractures ou interdépendances ?, auteur Pierre DALLENNE,


édition : TRANSVERSALE.

La géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient, auteur : Philippe DUGO, édition :


NATHAN.

Histoire générale de l’Afrique, auteur J. KI-ZERBO, édition : UNESCO.

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