Vous êtes sur la page 1sur 44

Annales.

Economies, sociétés,
civilisations

L'empire des Bacwezi. La construction d'un imaginaire géopolitique


Jean-Pierre Chrétien

Abstract
The Empire of the Bacwezi : the Construction of an Imaginary Geopolitics

According to contemporary historiography the kingdoms of the great lakes of East Africa are to be derived from the former
empire of the Kitara governed by the Bacwezi dynasty. A careful rereading of the written oral and archeological sources enables
this interpretation to be called into question. The legendary cycle of the Bacwezi, kept up notably by the initiation cult of the
Kunbandwa which was common to all the cultures of the region, gave rise to the ethnic and racial hypotheses of the first
European explorers and was utilized by local ruling groups who felt themselves victims of the political transformations of the
19th century (particularly in the former State of the Bunyoro). The archeological proofs equally appear as questionable
extrapolations. The history of this "empire" is that of the construction of an imaginary political space within an African culture.

Citer ce document / Cite this document :

Chrétien Jean-Pierre. L'empire des Bacwezi. La construction d'un imaginaire géopolitique. In: Annales. Economies, sociétés,
civilisations. 40ᵉ année, N. 6, 1985. pp. 1335-1377;

doi : https://doi.org/10.3406/ahess.1985.283241

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1985_num_40_6_283241

Fichier pdf généré le 12/04/2018


ESPACES POLITIQUES
ET ESPACES MYTHIQUES

JEAN-PIERRE CHRETIEN

EMPIRE DES BACWEZI


LA CONSTRUCTION UN IMAGINAIRE OPOLITIQUE

laires
Laafricaines
construction
historiographie
espaces imaginaires
et ethnographie
est pas réservée
modernesaux cultures
intersection
popu

des traditions orales et de écriture savante ont même été des lieux privilégiés
de la cristallisation des mythes comme dans la Grèce archaïque selon les ana
lyses récentes de Marcel Détienne est ainsi que des lignages des ethnies des
potentats locaux ont pu se voir attribuer sous des plumes autorisées des ancê
tres prestigieux localisés tantôt dans des tats lointains mais réels Ethiopie
le Mali la Perse...) tantôt dans des royaumes autant plus merveilleux ils
avaient été forgés avec un grand flou artistique Nous entreprenons de démon
trer ici que est le cas du fameux empire des Bacwezi qui re une sorte
de label historicité force de peupler toutes les synthèses sur histoire
ancienne de Afrique orientale1
Un seul auteur Christopher Wrigley eut audace en 1958 de contester cette
vision et de décrire les Bacwezi comme des héros ou des dieux de Antiquité
classique époque même un anthropologue comme Luc de Heusch se fit le
militant de historicisme hui affaire semblait classée historien
ougandais Karugire peut écrire en 1980 II est maintenant généralement
accepté par les historiens que les Bacwezi existèrent effectivement et avaient un
empire lâche dans cette région encore que son étendue précise est pas et ne
sera sans doute jamais connue affirmation répétée de existence de cet
tat semble avoir été convaincante malgré le brouillard qui entoure son organi
sation sa durée exacte et ses limites spatiales
Cette conviction enracina également sur le terrain chez les populations
concernées par le jeu dialectique entretenu depuis un siècle entre traditions
écrites et traditions orales entre le regard étranger mettant en uvre schémas
raciaux et hypothèses archéologiques et les réinterprétations opérées dans la

Annales ESC novembre-décembre 1985 no pp 1335-1377

1335
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

conscience historique africaine celle des nouvelles générations héritières la

région
fois de revendiquèrent
splendeur
la culture
de ses cités-capitales
de leurs leur
ancêtres
tour
pour
et deempire
reprendre
instruction
médiéval
des coloniale
expressions
des Bcwezi
Les
des
lettrés
historiens
et de la

britanniques Mathew et Ingham)

hypothèse
Légendescwezi
populaires
re urent
ou comme
idéologies
un renfort
politiques
de cohérence
les éléments
et constitutifs
un surcroît de
réalité par la cartographie Dans ses différentes éditions livrées depuis 1958 un
célèbre Atlas histoire africaine2 représente sur une carte consacrée au
Nord-Est de Afrique du xne au xvne siècle un empire du Kitwara
fondé par les Bachwezi Les royaumes des grands lacs fétichisés par les
administrations coloniales de la première moitié du xxe siècle se voyaient ainsi
créditer une tradition impériale
Dans la littérature existante que nous avons dépouillée de manière exhaus
tive le terme Bacwezi3 fait référence quatre réalités les héros un cycle de
légendes les souverains un tat appelé en général Kitara les esprits incarnés
par les médiums du culte du kubandwa répandu dans toute la région dite inter
lacustre enfin les représentants une race supérieure au teint clair qualifiée
volontiers de hamitique Entre les lieux symboliques récupérables dans des
schémas de type structuraliste et espace plus abstrait encore des grandes
hypothèses ethnohistoriques de type racial le retour au cadre géographique
concret celui compris entre le Haut-Nil et le sud du lac Victoria permet de
dégager les niveaux et les étapes de la construction de cet horizon impérial

Un espace chtonien la fixation de la geste des Bacwezi

Les sources
Comme souligné Pierre Smith4 les traditions orales disponibles sur les
Bacwezi sont très rares est un paradoxe vu importance historiographique
du sujet Les auteurs se sont en fait contentés de recopier les récits recueillis et
publiés au début du siècle est-à-dire avant ère du magnétophone Ces der
niers ne sont donc en général que des résumés de ce avaient raconte des
informateurs rencontrés dans les cours princières ou dans les centres européens
Les éditeurs de ces versions sont des missionnaires protestants ou catholiques et
des administrateurs coloniaux La version la plus étoffée est celle une mis
sionnaire de la Church Missionary Society Ruth Fisher publiée en 1911 Le
récit publié avant elle par le commissaire Johnston est plus sommaire5 On
relève ensuite les variantes publiées dans les années 1920 par le père Julien
Gonu et par le révérend John Roscoe6 puis les écrits du père Joseph Nicolet
édités seulement en 1972 Dans les années 1930-1950 des intellectuels locaux
livrèrent le fruit de leurs propres enquêtes le roi Tito Winyi du Bunyoro et
dans le même pays les notables Petero Bikunya et John Nyakatura au Nkore
le chef Lazare Kamugungunu et les lettrés Katate et Mungonya
Au sud de la Kagera nord-ouest de la Tanzanie actuelle) nous disposons
avec ouvrage de Hermann Rehse sur le Kiziba de la publication exception
nelle pour époque 1910) de récits transcrits en ruhaya accompagnes une
1337
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

traduction juxtalinéaire en allemand7 Des extraits traduits en fran ais figurent


dans les traditions publiées ultérieurement par le père Edmond Césard8 Les
archives laissées par les Pères blancs en mission dans cette région durant la pre
mière moitié du siècle Georg Hautmann Jean-Baptiste Lapioche Otto
Mors... contiennent plusieurs récits de la geste cwezi mais on aper oit que
leur source est généralement la même en la personne de Francisco Rwamugira
ou Lwamgira) un notable de la cour du Kiziba qui avait déjà servi informa
teur Hermann Rehse On retrouve les mêmes continuités dans les sources bri
tanniques origine administrative District Book de Bukoba papiers laissés
par Hans ry9
Les compilations synthèses et études qui présentent en les résumant ce cycle
de récits sont nombreuses On les retrouvera citées en notes10 Mais si on fait
le compte exact des narrateurs qui ont effectivement nourri ce corpus on sera
étonné de découvrir il ne dépasse sans doute pas la dizaine de personnes
Cette priorité accordée interprétation sur la collecte des sources nous paraît
significative de la fonction jouée par ces légendes dans le contexte intellectuel
colonial avant elles ne viennent nourrir le discours anthropologique
interlacustre mais une telle étroitesse été déplorable pour la recherche
historique en tant que telle11 En outre nous ne disposons pratiquement jamais
du texte original dans la langue avec le vocabulaire et le style des détenteurs de
cette culture mais seulement de résumés de récits réécrits expurgés et polis
selon les normes de la rationalité et de la morale des transcripteurs au mieux de
narrations notées au fil de la traduction un interprète

La tradition mythique
Nous allons pas reprendre notre tour la narration de la geste des Bac-
wezi Mais en partant de son déroulement le plus classique celui de la ver
sion du Bunyoro dont le texte de Ruth Fisher fait figure édition princeps lar
gement reprise par Gorju et par Nicolet) nous pouvons dégager les moments
les plus significatifs Cette chronologie interne est faite de départs de retours
ou expéditions de chasse et de guerre qui marquent apparemment une
simple succession de dynasties les héros bacwezi se situent entre les mystérieux
Batembuzi et les très historiques rois babito dont les derniers descendants ont
régné au Bunyoro sous le protectorat britannique Mais le récit va au-delà de
événementiel il se noue comme une tragédie antique autour de ascension et
de la chute une étrange famille princière fig action se déroule sur une
durée de deux règnes précédée il est vrai un prélude aussi long sur la fin de
ère des Batembuzi
Le décor général en est horizon de plateaux de Ouest ougandais Mais les
localisations spatiales se présentent avec le même flou et les mêmes distorsions
fantastiques que les articulations temporelles Les lacs les vallées marécageuses
et au cours hésitant voir la Katonga ou le réseau Nkusi-Kafu) les cratères
morts disséminés aux pieds du Ruwenzori les inselbergs rocailleux ou les termi
tières géantes qui coupent le paysage dégagé des savanes acacias semblent
avoir inspiré aux anciens habitants de la région la perception autres horizons
inquiétants reflets un monde souterrain La brousse sauvage dans ces
contrées est moins incarnée par la forêt subsistant vers la rive sud-est du lac

1338
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

saza
Bukuku

bimbwa
Nyabiryo Nyinamwiru
Labongo ==

Kyomya
Ndahura
Kacubya

AA
Rukidi Kinwa Kiiza Kagoro ibona Kiro Mugenyi Mulindwa Mugasha

Wamara ô=

Ruhinda

kas du
Bug nda RoisBahind

FIG Généalogie des héros de la légende des Bacwezi


En rete les filiations controversées

Lutanzige ex-Albert et sur les montagnes du sud-ouest donc la péri


phérie occidentale que par les bas-fonds fréquentés par la faune et par les
esprits

Cinq épisodes essentiels illustrent ce contexte la lin du dernier roi des


Batembuzi la naissance et avènement de Ndahura le premier roi cwezi)
le départ de Ndahura les malheurs de la fin du règne de Wamara successeur du
précédent la disparition des Bacwezi

Le roi Isaza est attiré par les charmes un au-delà souterrain le roi de
ces Enfers fascinants Nyamiyonga le gagne en lui offrant sa fraternité de
sang puis sa fille Nyamata et enfin de belles vaches Isaza installe cette
Cour mystérieuse où il un fils nommé Isimbwa En son absence son royaume
terrestre est géré par son portier Bukuku
Isimbwa aimait aller chasser la surface de la terre Après un détour par
le pays des Bakidi au nord du Nil il passe chez Bukuku Celui-ci avait relégué

1339
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

sa fille Nyinamwim une étrange personne qui avait un sein et un il les


devins lui avaient en effet prédit que celle-ci pourrait enfanter un gar on qui le
tuerait On devine la suite Isimbwa séduit la fille enfant né de cette union
élevé en cachette par le potier Rubumbi tue son grand-père maternel occa
sion une rixe de bergers autour un abreuvoir Sous le nom de Ndahura il
reprend donc le royaume de son grand-père paternel et installe sa capitale
Muhende Nyakatura précise que Bukuku aurait résidé Kisengwe au
Bugangaizi près de la future mission catholique de Bukumi)
Après avoir placé toute sa famille sur ses conquêtes Ndahura subit un
grave revers Il disparaît un jour certains le disent prisonnier en lhangiro sur
la rive ouest du lac Victoria) autres englouti sous terre travers une termi
tière chez Nyamiyonga Sauvé par son demi-frère Kyomya il doit néan
moins abdiquer la suite de cette souillure et il part avec sa mère Nyinamwiru
vers le Busongora au nord du lac Rweru ex-Edouard)
Son fils Wamara lui succède et installe au sud de la Katonga au Bwera
épopée se transforme alors en une litanie pathétique de calamités abattant
sur ce souverain Le Mucwezi Mugasha enlève une de ses filles et déclenche un
véritable déluge pour manifester sa puissance Kantu un de ses vieux amis
meurt de faim sa cour Sécheresses et épidémies frappent le pays Le prince
Mugenyi perd sa belle vache Bihogo et menace de se suicider La mère de ce der
nier tente de tuer son demi-frère Mulindwa dont elle est jalouse en le faisant
tomber dans une fosse remplie eau bouillante Des voleurs de bétail atta
quent les troupeaux royaux leur chef Misango est présenté comme venant du
sud du Nkore du Karagwe voire du Burundi dans les versions nyoro comme
venant du nord du Bunyoro ou du Buganda dans les versions haya nord-
ouest de la Tanzanie Chacun ses adversaires préférentiels. Dans tous les
cas le fougueux Kagoro fils de Kyomya essaie de sauver la situation ou de
venger ses frères Le coup de grâce est donné par les prédictions tirées des
entrailles un uf par deux devins venus du Bukidi Nyakoka et Karongo
par Kakara venu du Buha dans les traditions recueillies au Nkore)
Les Bacwezi décident alors de partir en laissant quelques insignes de leur
pouvoir leurs successeurs babito présentés comme autres fils de Kyomya
élevés au Bukidi Les directions les plus variées ont été attribuées cette fuite
le lac Victoria le nord du Nil le sud de la Katonga un puits mais surtout vers
ouest soit des cratères du Toro soit le lac Lutanzige Rubindi dans le
Bugoma) soit même la région du Ruwenzori et ensuite au sud au lac Tan
ganyika

Variantes régionales
Des variantes sensiblement différentes apparaissent dans les traditions des
royaumes méridionaux Au Nkore Nyamiyonga le maître des cendres des
brûlis au sens littéral devient le roi Ruyonga qui aurait régné jadis sur ce
pays et sur le Gomba ouest du Buganda moderne uvre de Ndahura
aurait donc été unification de deux royaumes celui Isaza au nord et celui
de Ruyonga au sud Son fils Wamara aurait encore eu une capitale au Nkore
itaba
En pays haya au sud de la Kagera) les sources mettent en valeur Bukuku
appelé aussi Nyamugira personnage quasi divin aux côtés de Nyamuhanga et
1340
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

de Rugaba autres désignations un dieu suprême) alors que Nyamiyonga et


Isaza sont ignorés Isimbwa devient un simple berger muhima venu du nord-
ouest Ensuite on retrouve le récit classique mais il se prolonge avec le cycle de
Ruhinda un fils bâtard de Wamara et de la servante Njunaki Chacun des
royaumes du sud place ce héros en tête de sa tradition mais selon des modalités
variées au Nkore et au Karagwe il hérite du tambour dynastique de son père
naturel en lhangiro et au Buzinza au sud-ouest du lac Victoria) il devient le
fils du forgeron Kayango et une servante origine hima ailleurs il est issu de
Rugaba ou Igaba présenté comme un ancien roi du Bunyoro Le déroulement
de ses expéditions les raisons de ses succès et organisation de sa succession
donnent lieu de nombreuses variantes12
Mais horizon des termitières des lacs et des grottes reste présent Mugasha
devient un pêcheur un maître des eaux du lac Victoria devenu boiteux la
suite une dispute avec Kagoro non sans avoir rendu bègue ce dernier un
coup de rame Wamara accompagné de Mugasha et de Irungu descend dans
une grotte qui le conduit au royaume souterrain de Kintu celui-ci leur
distribue semences et bétail mais plus tard devant leur ingratitude leur
retour il leur envoie la mort Les Bacwezi disparaissent un jour dans un puits13
Partout où cet ensemble de traditions orales était connu on voit donc inter
férer deux niveaux de imaginaire collectif On observe une part des struc
tures mythiques récurrentes reflétant des conceptions de la parenté des rap
ports entre hommes et femmes ou entre culture et nature du bâtard Ndahura
au bâtard Ruhinda des Enfers de Nyamiyonga ceux de Kintu nos héros chas
seurs sont des personnages de légende Mais ces figures entrent aussi dans
un héritage historique régional dont les horizons sont parfaitement
terrestres la périphérie du nord et de est le lointain Nil et immense
Victoria la périphérie de ouest et du sud les eaux miroitantes des lacs les
contreforts du Ruwenzori le coude de la Kagera au ur de leur histoire une
chaîne de hauts-lieux Mubende Bwera sud du Nkore...)
Néanmoins les toponymes présentent parfois une ubiquité inquiétante
Gisozi nom courant dans les langues bantu de la région)l4 capitale de Ruyonga
au Gomba selon les traditions du Nkore mais aussi après Apollo Kaggwa
historien du Buganda)15 est placé au Nkore par Nyakatura tandis que
autres le situent près de Mubende voire même comme ancien nom de ce haut-
lieu du Bunyorol6 Pourrait-on se contenter de la Chanson de Roland pour
définir espace carolingien ou de Odyssée pour délimiter la présence grecque
en Méditerranée âge du bronze Pour mieux situer les Bacwezi dans his
toire de cette région Afrique âge du fer et justifier une telle inscription
dans espace on cherché autres preuves sur le terrain

Empire ou constellation clanique Ie Kitara

Les récits des explorateurs


Les explorateurs européens en quête des sources du Nil qui visi
tèrent la région avant le partage colonial durant la deuxième moitié du
xrxe siècle rapportent tous la tradition un ancien empire du Kitara censé

1341
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

avoir contrôlé ensemble de Uganda actuel En décembre 1861 John


Speke recueille la cour royale du Karagwe ouest du lac Victoria des
précisions sur cet ancien tat17 Fondé par la dynastie des Wawitu venus
selon lui de la région de Mombasa il se serait finalement morcelé sous effet de
querelles princières Le nom de Kittara en voie de disparition époque
était plus appliqué une région occidentale de Uganda18 mais son sou
venir prestigieux était toujours vivant dans les royaumes créés au sud de la
Kagera du Karagwe au sud du lac Victoria par le héros Ruhinda un
conspirateur en fuite selon Speke celui que nous avons déjà rencontré dans
les légendes haya au titre de fils bâtard de Wamara
La tradition du Kitara allait rester vivace également dans la curiosité des
voyageurs Dès février 1862 Speke confie Samuel Baker il rencontre sur
le Haut-Nil le soin de poursuivre enquête Ce dernier interroge le roi du
Bunyoro en personne le mühama Kamurasi qui lui confie que ses ancêtres
avaient effectivement conquis tout le pays allant du lac Albert Lutanzige au
Victoria et du Nil la Kagera constituant un royaume très étendu appelé
Kitwara 19 En 1875 Linani de Bellefonds recueille la version de la cour du
Buganda20 ancien Kittara se serait scindé la suite de la dispute de deux
frères qui auraient fondé respectivement le Bunyoro et le Buganda On retrouve
ici un écho de la légende des jumeaux Mpuga Rukidi et Kato Kimera les fils de
Kyomya élevés au Bukidi au nord du Nil que les traditions vues plus haut pré
sentent comme les héritiers des Bacwezi en fuite
Cependant époque aucun lien était établi entre histoire de cette
ancienne entité politique et les chanteurs-magiciens ambulants souvent des
femmes appelés Wichwezi que Speke et Grant rencontrèrent la cour du
Karagwe en 1861 et Allemand Emin Pacha celle du Bunyoro en 188l)21
Les maîtres du légendaire Kitara apparaissent plutôt comme les ancêtres des
dynasties régnantes du xixe siècle Babito Wawitu au Bunyoro Bahinda
au sud de la Kagera les descendants de Ruhinda et même les rois du Buganda
issus de Kimera le troisième kabaka de leur liste dynastique
Les écrits des années 1880-1890 développent même idée que les
Witchwezi représentaient autrefois la masse de la population noire de la
région des lacs assujettie des conquérants wahinda et wawitu Cette
synthèse fut notamment proposée par Emin Pacha et par Franz Stuhlmann
après les informations ils avaient pu recueillir du nord au sud de la région
et en fonction de unité linguistique constatée du lac Lutanzige au sud de Vic
toria Selon eux les invasions de pasteurs wahuma assimilés aux Wahinda
et aux Wawitu auraient été la cause de la démultiplication des royaumes au
nord et au sud de la Kagera partir des noyaux représentés par le Bunyoro
berceau du Kitara et par le Karagwe Emin imagine éclatement un
ancien empire noir Stuhlmann une reproduction vers le sud un modèle poli
tique déjà élaboré au nord22
On voit donc ébaucher cette époque partir des traditions royales bito
et hinda le rapprochement entre Bacwezi Kitara et pasteurs bahuma non
sans réminiscences venues de la culture européenne division de Empire
romain émergence des Carolingiens ou crises du Saint-Empire..

1342
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

Les rois du Kitara

historisation des Bacwezi leur identification en tant que souverains du


Kitara absente on vu des premiers témoignages est cristallisée au
début du xxe siècle dans les synthèses de Johnston Czekanowski et Gorju Le
commissaire Johnston fondateur du protectorat britannique en Uganda
reprend les hypothèses de Speke sur origine galla de empire du Kitara
nous reviendrons) mais inspiré par les missionnaires de la C.M Feikin et
Wilson il assimile les créateurs de cet empire avec les Bacwezi23 Le père Julien
Gorju missionnaire en Uganda depuis 1895 va dans le même sens après deux
décennies enquêtes et de réflexions il écrira en 192024 Ce nom de Ba-
chwezi est un nom strictement ethnographique Les habitants du plateau inter
lacustre qui vivent de la mémoire des conquérants ainsi dénommés et qui
depuis lors ont basé sur eux tout leur culte ont pas inventé un commun
accord les traits du moins les plus généraux de leur histoire. Il ne saurait donc
être aucunement question identifier nos héros avec un ordre quelconque de
diabolisants comme sont les Waswezi. et les Wawandwa. La nature reli
gieuse du phénomène cwezi patente dans les premiers récits de voyage est donc
réduite ici un épiphénomène
Paradoxalement ces auteurs ont pourtant été les premiers identifier claire
ment les Babito Jan Czekanowski en particulier un ethnologue membre une
expédition scientifique au Rwanda en 1907 montre ils appartenaient une
vague récente immigration nilotique proche des Acholi25 Mais alors que
Speke avait fait eux sous le nom de Wawitu les fondateurs du Kitara ils
apparaissaient dès lors comme les fossoyeurs de cet ancien empire Les Bacwezi
se trouvèrent donc investis une fonction dynastique celle de souverains
pré-bito On assiste au début du xxe siècle émergence dans une chronologie
prétention événementielle un empire des Bacwezi extrapolé un amal
game des premières traditions recueillies un demi-siècle plus tôt sur le Kitara et
la religion cwezi
Même Ruth Fisher se croit obligée de rectifier impression mythique que
pourrait laisser le corpus de récits elle édite en 191l26 les Bacwezi prévient-
elle sont manifestement une tribu migrante. qui appris aux Banyoro
forger le fer sic). et les rudiments de leur religion Si elle admet que de son
temps ces Bacwezi sont vus comme des esprits malfaisants un point de
vue chrétien pour le jugement de valeur est dans une perspective
évhémériste les dieux des païens ne peuvent avoir été que anciens rois divi
nisés Cette tendance présente chez tous les missionnaires du début du siècle se
prolonge étrangement dans certains écrits scientifiques contemporains Le meil
leur exemple en est le traitement réservé Nyamuhanga une des dénominations
de la divinité suprême en pays de langues haya/nyoro en qui on voit parfois le
souverain un autre empire plus ancien encore que le Kitara27
Des tentatives de reconstitution territoriale du Kitara se sont poursuivies sur
la base des traditions attribuées aux règnes de Ndahura et de Wamara
considérés comme les piliers de la dynastie des Bacwezi Au Bunyoro le
père Nicolet le roi Tito Winyi et le notable John Nyakatura répartissent

1343
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

ensemble de Uganda contemporain entre les princes apparentés Ndahura


non sans les créditer de conquêtes allant du Zaïre au Kenya et au Rwanda
actuels )28 Cela donne le tableau que on pourra rapprocher de la généa
logie des Bacwezi donnée plus haut
TABLEAU Les provinces du Kitara sous Ndahura sources nyoro

Province Chef muc wezi

Bwera et Nkore Wamara


Buruli Rubanga
Mwenge Mugenyi
Kitara Kyaka Ibona
Bunyara Mugarura
Bulega Mulindwa
Muhwahwa Buganda Kyomya
Sese îles Mugasha
Bugoma Kanyabugoma
Toro et Busongora Kahuka
Bugaya Bugungu Chope Kiromuhimba

Dans historiographie sudiste celle inspirée par le notable Rwamugira


est époque de Wamara qui est mise en valeur on lui attribue toute aire
interlacustre voir tableau 2)29 Véritable ancêtre universel ce souverain mer
veilleux est censé avoir installé dans ses provinces les fondateurs légendaires de
toutes les anciennes dynasties même pour celles qui dans le sud auraient pré
cédé la conquête de Ruhinda Selon une extrapolation typique des discours
mythiques on assiste au nord comme au sud une redondance systématique
des événements jugés les plus significatifs tout se passe comme si cet
empire devait avoir été conquis trois fois par Ndahura par Wamara et
enfin pour le sud par Ruhinda

TABLEAU Les provinces du Kitara sous Wamara sources haya

Province Chefmucwezi

Busoga Ntembe
Buganda Ishabwana
Busongora Rubanga
Nkore Katuku
Mpororo Mibali
Kyamutwara Kashare
Kiziba Bike
Karagwe Nono
lhangiro Nkumbya
Buzinza Nshanshama

Le succès de assimilation Bacwezi-Kitara sans doute tenu sa valeur


explicative simple placé origine de tous les royaumes même du Buganda
du Rwanda ou du Burundi30 empire des Bacwezi est censé avoir créé un
modèle tat la monarchie sacrée) mais aussi de civilisation des rituels une
architecture
John Nyakatura
princière
aucunen végétal
anachronisme
la métallurgie
fait reculer
des pratiques
présenteélevage...
même Nda-

1344
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

hura sous les traits un despote éclairé voire un gouverneur britannique


qui aurait introduit dans empire du Kitara les cultures commerciales du
café et du coton 31

archéologie
Depuis le début du siècle les découvertes archéologiques effectuées en
Uganda ont semblé concrétiser sur le terrain existence de cet empire Les
fortifications de Bigo ont particulièrement attisé la curiosité plus de km
de retranchements de plusieurs mètres de dénivellation susceptibles abriter
plusieurs milliers de bovins et plusieurs centaines hommes entourent des
tertres artificiels permettant aux maîtres des lieux de surveiller les environs
Décrites en 1909 par administrateur Baines dans la Gazette officielle de
Uganda puis en 1934 par le géologue Wayland dans le Uganda Journal elles
ont été fouillées seulement en 1952 par administrateur Eric Lanning et le pas
teur Gervase Mathew de université Oxford Des prospections plus systéma
tiques ont été menées en 1957 et 1960 par les archéologues Péter Shinnie et Mer-
rick Posnansky La méthode du carbone 14 permet ce dernier de dater le site
entre le xine et le xvie siècle La présence autres retranchements au nord de
Bigo sur la rive sud de la Katonga ensemble contrôlant le gué de Rusirira
très utilisé au xixe siècle par les pasteurs transhumants conduit sir John
Gray voir dès 1935 un site défensif comparable aux ruines rhodésiennes
Mais est Gervase Mathew qui contribua diffuser largement cette analogie
avec Zimbabwe dans son rapport de 1953 la première Conférence histoire
africaine de Londres dans euphorie une historiographie africaniste nais
sante toute imprégnée de la volonté de revaloriser le passé méconnu des peu
ples noirs la photo aérienne des constructions en terre de Bigo il publie
dans la respectable revue Antiquity atteste aux yeux des spécialistes existence
une ancienne puissance politique dans la région des grands lacs Durant les
années 1950 et 1960 Eric Lanning multiplie les prospections et les articles dans
le Uganda Journal pour montrer la multiplicité des retranchements de ce genre
dans tout le centre-ouest de Uganda du lac Albert la Katonga voir fig et
Il en établit une typologie précise circonvallations complexes Bigo
Munsa... tertres simplement fortifiés Kibengo Kisalizi retranchements
fragmentaires abreuvoirs les grands réservoirs de Ntusi pouvant contenir de
100 millions de litres eau Les fouilles réalisées Ntusi Kibengo et
Munsa ont livré plus objets artisanaux que celles de Bigo poteries de formes
variées très nombreuses meules ateliers de céramique maillets battre
écorce de ficus pipes objets de la forge. est toute une culture du second
âge du fer later iron age) caractérisée par la poterie rouletée qui se déga
geait peu peu32
Les historiens de Afrique de Est ont été convaincus de retrouver les traces
décisives de empire du Kitara et de la puissance des Bacwezi Roland Oliver
écrit encore en 1977 avec certes plus de nuances que dans ses synthèses
antérieures

En termes purement archéologiques tous ces traits pris ensemble suggèrent


une concentration de pouvoir politique qui englobait peut-être plusieurs mil-

1345
Altitude et relief

4000
2000
500 2000
mv escarpement

Hydrographie

===i lac profond


lac superficiel
0-60
Victoria
60-80
marais
îs========= cours eau important
rivière

Présence humaine

SESE région historique


-1 frontière du Bunyoro

Fio espace des légendes cwezi le


Bunyoro et ses environs vers 1700
Sources pour les fig et
LANNING 1953 PosNANSKY 1963 OUVER
1959 JAMESON Agriculture in Uganda
Oxford 1970 13
ESPACES POUTIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

sanctuaire ancien site archéologique


site naturel attribué aux Bacwezi km
-y-bois sacré et site légendaire .*. pluviométrie 12 OO

FIG espace des légendes cwezi les sites Ntusi Kagago Bigo
Kasonko Munsa Madulu Kamusenene Kisalizi Bujogolo 10
Kibengo 11 Kijwenge 12 Kiryanga 13 Lwotoma 14 Masa 15 Kyabeya 16
Bugoma 17 Kyaka 18 Mukuku 19 Bikekete 20 Mabare 21 Kurama 22
itaba 23 Rushozi 24 Gisozi 25 Kisengwe 26 Rubindi

1348
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

liers de mues carrés et plusieurs centaines de milliers habitants pour une


période datée ... entre la fin du xme et la fin du xvie siècle

Or ajoute-t-il les traditions orales de la région associent les constructions


en terre avec une dynastie appartenant au clan chwezi et dont existence fut
relativement courte 33
Mais en est-il réellement de cette attribution des sites archéologiques de
la culture de Bigo aux héros bacwezi Ici encore une minutieuse historio
graphie impose est abord un personnage secondaire de la légende le
berger Mugenyi qui entre en scène Dès 1909 Baines parle des Biggo bya
Mugenyi il traduit par forts de étranger Gorju Bikunya et Gray
font remarquer que mugenyi désignerait étranger en luganda et non en
runyoro langue parlée dans la région et que par conséquent il agit de
Mugenyi le Mucwezi
En attendant un démenti basé sur de meilleures raisons que les nôtres
continuons attribuer Mugenyi et aux Bachwezi les bigo du Bwera-
Mawogola34 Ces auteurs ne dissimulent pourtant pas les difficultés les tra
ditions associent Mugenyi plutôt avec le Mwenge au Toro avec le Bwera où
se trouve Bigo aucun site funéraire ne lui est attribué les retranchements de
Bigo Kagago et Kasonko dominant la rive droite de la Katonga ont éventuel
lement joué un rôle défensif contre des menaces venues du nord et non contre
les razzieurs de bétail du sud Misango et autres qui auraient désespéré
Mugenyi et suscité intervention de son neveu Kagoro
Une autre identification fait rêver époque celle de Zimbo un prince
abyssin qui aurait construit Bigo35 et dont le nom rappelait les envahisseurs
bazimba qui avaient ravagé la côte orientale au xvie siècle ne agirait-il pas
plutôt Isimbwa interroge Gray Mais est Wamara un souverain
plus satisfaisant pour cette reconstruction empire qui finit par imposer par
le biais des traditions du Nkore recueillies en 1950 par Käiate avec la
bénédiction des autorités européennes et africaines locales et diffusées dès 1953
par Roland Oliver alors professeur Makerere)36 Dans ces récits Wamara
apparaît la tête du Bwera et du Nkore comme un héritier de Ruyonga et
Isimbwa ce dernier aurait eu une capitale Byezigoro près de Bigo ce
titre ses deux résidences principales auraient été celles de Ntusi le site archéolo
gique et Itaba un bois sacré au sud de Mbarara Aux yeux de Roland
Oliver les fouilles de Mathew recevaient ainsi leur explication historique et
Lanning en 1970 se rallie cette interprétation dans son étude de Ntusi Bien
plus comme certaines circonvallations de Bigo peuvent évoquer un enclos pas
toral princier du Nkore ce site est également attribué Wamara37 une
manière générale est tout le Bwera situé 95 km ouest du lac Wamara et
ancienne région pastorale qui est considéré comme le ur de la royauté cwezi
Le critère décisif semble finalement fourni non par les traditions liées aux sites
archéologiques mais par la présence un sanctuaire de Wamara Masaka
dans un bois sacré situé sur la rive nord de la Katonga une lance hampe de
fer et un tambour de guerre de Ndahura nommé Rusama étaient conservés
encore au début du xxe siècle38
Dernière extrapolation les traditions qui faisaient de Mubende au
Bunyoro la capitale de Ndahura voir Gorju et Nyakatura et la présence en ce

1349
ESPACES POUTIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

lieu un autre sanctuaire dédié précisément ce roi conduisent historio


graphie des années 1950 comparer les retranchements repérés dans cette
région septentrionale Munsa Kisalizi Kibengo... ceux de la région de Bigo
sites défensifs on ne sait exactement contre qui protégeant une seconde ou
première capitale royale39 Malheureusement les sources orales du nord au
Bugangaizi et au Buyaga est-à-dire au ur du Bunyoro) sont beaucoup
plus pauvres que celles du sud sur les traditions cwezi Bien au contraire les
constructions de Munsa de Kibengo ou de la forêt de Bugoma sont attribuées
un mystérieux Kateboha Mutesiba et non Isaza Bukuku ou Ndahura que
les traditionnistes du xxe siècle ont situés en général dans ces régions40
Les Bacwezi sont assurément mentionnés ici et là dans tout ouest de
Uganda mais plus souvent sur des sites naturels étranges que sur des sites
archéologiques Parmi cet imaginaire rupestre on peut relever des abreuvoirs
anciens cavités dans des rochers ou vieux puits comme les réservoirs de Ntusi)
des ponts de pierres tel le gué de Mukuku sur la Nkusi dit passage des
Bacwezi des rochers aux formes suggestives tels les deux Bahima aurait
pétrifiés Mugasha Mabare au nord-est du Nkore41 Légendes populaires tra
ditions officielles recueillies au xxe siècle et repérages archéologiques inscri
vaient donc sur des espaces non homogènes qui se recoupaient sans jamais coïn
cider clairement Les tertres et les fossés de Bigo ne faisaient-ils pas figure de
réalisations quasi cyclopéennes attribuées volontiers aux Bacwezi en tant que
héros chtoniens capables de faire sourdre eau et de déplacer des mégalithes

Traditions claniques
Les bois sacrés du Nkore répertoriés dans les années 1950 étaient dans
leur fragilité relative plus fiables pour une véritable géographie historique
mais qui ne remonte guère au-delà du xvie siècle42 Un autre repère ailleurs
fréquemment associé des bosquets rituels réside dans les traditions lignagères
relatives aux groupes dits claniques des unités caractérisées par un nom col
lectif et un ou deux interdits en général des animaux Cet aspect bien docu
menté dans les écrits du début du siècle par exemple chez Gorju) été remis en
valeur dans des études récentes notamment dans les thèses Iris Berger et de
Carole Buchanan Nous ne pouvons en donner ici que les traits essentiels Les
clans interviennent deux niveaux abord celui des lignées de ritualistes
les Bamoli de Masaka pour Wamara les Basazima de Mubende pour Ndahura
les Bayaga du Buyaga pour Mulindwa autre part celui des appartenances
claniques attribuées aux héros de la légende cwezi Isaza avec les Bagabu et
Bukuku avec les Baranzi au nord Mwenge Bugangaizi Ruyonga avec les
Basonga au sud du Nkore au Bwera Il existait un clan des Bacwezi au
Bunyoro mais sans importance significative ni traditions particulières Le rôle
unificateur des Bacwezi symbolisé par Ndahura réunissant les domaines
Isaza et de Ruyonga serait plutôt associé un autre clan celui des
Basita qui partageait un interdit commun le lait dit obusito de la vache qui
vêlé depuis moins de cinq jours avec les Bacwezi et avec les Bahinda du Nkore
clan dynastique ce clan présent dans les traditions de toute la région des
grands lacs aurait été celui de la mère de Mulindwa celui des gardiens de

1350
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

Bagyendanwa le tambour dynastique du Nkore celui des anciens rois de


Karagwe avant Ruhinda) etc.43
Les traditions du Buganda attestent aussi importance historique de ces
anciennes configurations claniques Selon Apollo Kaggwa le chroniqueur
muganda du début de ce siècle les Basonga originaires du Busongora au nord
du lac Rweru) auraient migré au Gomba ouest du Buganda ils cor
respondraient au clan de la sauterelle dans ce pays et la mère de Kimera le roi
fondateur après le légendaire Kintu en serait issue historien Kiwanuka
définit ensemble cwezi comme une confédération de pouvoirs claniques avant
la dislocation de la fin du xve siècle44
Ces interprétations plus souples de empire du Kitara posent néan
moins plusieurs questions de méthode La nature théoriquement privée des
traditions lignagères ne leur confère pas plus immuabilité aux traditions
dites officielles Elles ne sont pas restées insensibles la conjoncture poli
tique de chaque époque dans la mesure où celle-ci joué un rôle dans leur
influence ou leurs échecs et par conséquent dans leur identité Carole Buchanan
elle-même malgré sa vision trop organiciste de ces groupes de pseudo-parenté
livre des exemples opportunisme politique très significatifs des Bamoli se
disent babito est-à-dire membres du clan dynastique origine Iwo au nord
du Bunyoro un clan de la région de Mubende se donne une affiliation ganda
au xxe siècle une époque où la région été annexée par le Buganda Johnston
notait au début du siècle que les Basita attribuaient parfois la dynastie pré-
cwezi des Batembuzi celle Isaza plutôt classée parmi les Bagabu Le dis
cours des clans est donc pas porteur une vérité plus durable que celui des
traditionnistes des cours ou des sanctuaires Le temps des Bacwezi est en fin de
compte le temps des origines horizon où enracinent les identités En pays
haya de nombreux clans ont ur de fixer leur origine au Bunyoro et de
compter tel ou tel héros de la geste cwezi parmi leurs esprits ancestraux45 David
Newbury très bien montré dans le cas rwandais comment les véritables cor
porations claniques observables dans ce pays au xrxe siècle se sont structurées
peu peu en liaison avec extension du pouvoir monarchique alors on
voit habitude des entités primordiales précédant les tats 4t
empire des Bacwezi se révèle donc comme une solution confortable
pour donner une existence historique des siècles obscurs Les deux règnes
de Ndahura et de Wamara sont censés rendre compte des quatre siècles des
fortifications de Bigo La succession agitée de Wamara remplit le vide qui
sépare les invasions Iwo de émergence au xvn siècle des royautés modernes
Cette amplification héroïque et exploitation scientifique que on prétendu
en faire ont été favorisées par différents éléments culturels et idéologiques que
nous pouvons maintenant analyser

III Un espace culturel celui de la religion des embandwa

Un culte
On vu que les Wichwezi décrits par les premiers explorateurs étaient
des sortes de possédées des magiciennes itinérantes qui dansaient pour écarter

1351
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

le mauvais sort appelées aussi mabandwa par Speke47 Ces observations


témoignent de la diffusion dans toute la région des grands lacs du culte de
Wamara et des autres héros bacwezi Il est impossible de présenter ici tous les
problèmes soulevés par cette religion du kubandwa Elle donné lieu une
abondante littérature fondée surtout il est vrai sur le cas rwandais Deux
essais de synthèse ont été proposés par Luc de Heusch en 1966 et sur une base
documentaire plus fourme par Iris Berger en 197348 Mais analyse propre
ment religieuse autant que sociale et historique du culte cwezi reste largement
faire Nous ne retenons ici que les aspects les plus significatifs de son inscrip
tion dans espace régional
Les légendes que nous évoquions au début se présentent elles-mêmes comme
les mythes fondateurs un rituel celui voué aux esprits embandwa Le cycle
transcrit par Ruth Fisher se concluait par la réapparition mystique des Bacwezi
devant certains habitants du Toro La tradition Ihangiro publiée par le père
Césard expliquait la nécessité de contrôler les forces dangereuses que représen
taient les esprits de Wamara Mugasha et Irungu disparus dans le gouffre
Imara et par conséquent institution de médiums pris dans les clans sita et
shengya49 Les épisodes de la geste cwezi rendaient même compte de la physio
nomie et des pouvoirs revêtus par les possédés de chacun des embandwa
Mugasha devait boiter et Kagoro bégayer en souvenir des effets de leur lutte
homérique au Kiziba Kagoro qui après les versions locales avait mis le
feu enclos de Wamara était censé guérir eczéma ou urticaire ces feux de
la peau Ici et là les membres du clan des Basingo étaient exclus de certains
rituels cause du rôle de leurs ancêtres dans la tentative de meurtre contre
Mulindwa la mère de Mugenyi était musingo)50

Des esprits

En fait ces héros de légende composaient un panthéon comptant dix-


neuf divinités au Bunyoro au xixe siècle un nombre qui varié beaucoup selon
les époques et les régions Ce est pas seulement loin vers le sud en pays haya
ou zinza que les Bacwezi étaient per us de cette fa on Selon les vieux Banyoro
interrogés au début du siècle et témoins une mentalité populaire avant la
colonisation ces êtres mystérieux étaient capables de merveilles traverser les
lacs et gravir les plus hautes montagnes sans difficulté marquer les roches de
leurs empreintes faire accoucher des femmes stériles viser juste les fauves51.
Les embandwa/bacwezi se situaient entre les âmes des ancêtres imizimu et
autres esprits soit attachés des sites naturels ou des animaux soit engen
drés par des innovations historiques qui formaient un monde inquiétant de
bacwezi noirs ou emband wa eziragura La noirceur maléfique de ces der
niers faisait référence la couleur de mauvais augure des divinations pratiquées
dans les entrailles des animaux de sacrifice52 Le culte des bacwezi blancs
embandwa ezera sous ses différentes formes offrandes et sacrifices consulta
tions de devin initiation proprement dite et au degré supérieur possession
médiumnique représentait un recours soit en cas de malheur individuel décès
maladie stérilité) soit en cas de fléau collectif peste bovine épidémie
famine) soit en certaines occasions régulières naissances récoltes nouvelles

13
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

lunes On réagissait ainsi contre les menaces venues des esprits noirs des
sorciers abarozi et aussi de certains ancêtres Nous reviendrons sur cette vision
négative de la parenté Les Bacwezi de la légende se retrouvent donc associés
des forces fondamentales Wamara les mondes souterrains les morts mais
aussi la pluie Kazoba le soleil Irungu la brousse les voyages la chasse
Kagoro la foudre et le bétail Mugasha les pluies et les tempêtes les eaux
notamment celles du lac Victoria la pêche les cultures en particulier celle du
bananier Ndahura les épidémies invoqué surtout contre la variole la fin
du xrxe siècle)
On comprend que dans ses articles de 1958 et de 1973 Christopher Wrigley
ait réagi contre historicisme événementiel et insisté sur la nature religieuse de
univers cwezi les dieux ont quitté la terre des prêtres les initiés du
wà les ont remplacés Cette position provocante qualifiée de structura
liste par certains représentait en fait un retour salutaire aux sources Dans leur
recueil de coutumes haya édité dès 1945 les administrateurs Hans ry et
Hartnoll constataient Ici les Bachwezi ne sont pas connus en tant
êtres humains ayant existé mais considérés comme des êtres purement
surnaturels Déjà en 1923 en plein Bunyoro le révérend John Roscoe
notait Personne ne peut dire ils représentent réellement des familles
royales ... ou ils sont des personnages purement mythiques Seules quel
ques personnes ajoutait-il disent que les Bacwezi ont régné Et en 1910 Her
mann Rehse pouvait écrire propos de Wamara au Kiziba On imagine les
esprits sous la forme anciens rois de univers Ce qui ne empêchait pas de
se croire autorisé induire du mythe existence un ancien empire de Wamara
allant du lac Victoria au Sahara53
Ce qui doit être souligné est que la dynastie de la légende ne repré
sente une petite cohorte dans le monde fourmillant des divinités cwezi
David Cohen54 estime leur nombre environ 350 dont une cinquantaine est
vénérée dans plus un royaume Les lubate esprits protecteurs du Buganda
relèvent du même univers on retrouve Ndawula invoqué contre la variole)
Wamala et Mukasa présentés cette fois comme deux fils de Bukuîu ce der
nier équivalent de Bukuku serait venu de la région des salines de Kibiro près
du lac Lutanzige) avant de installer aux îles Sese ur de cette religion une
soixantaine de dont le plus grand est Mukasa dieu du lac Victoria)55
Au sud-ouest Rwanda Bushi) est Ryangombe Kiranga au Burundi et au
Buha) le héros chasseur connu également au Nkore et au Karagwe qui
impose ses compagnons parmi lesquels on retrouve Kagoro et Mukasa des
esprits toujours appelés ibicwezi au Buha56 Si image un grand tat cwezi
est plus particulièrement calquée sur aire de diffusion du culte de Wamara
du Bunyoro au Buzinza en passant par le Nkore et les pays haya où il est vénéré
par 60 des clans) le Buganda le Rwanda ou le Burundi échappent donc
pas cet imaginaire impérial

Une culture

II faudrait pouvoir évoquer ensemble de univers culturel avec son voca


bulaire et ses stéréotypes dans lequel baignent ces légendes et ce culte

1363
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

initiatique onomastique commune références un être suprême responsable


de la répartition des peuples entre rois agriculteurs et pasteurs récits etiologi-
ques sur origine des conseillers des souverains ruses et difficultés initiales des
fondateurs de dynasties place des femmes dans ces récits mères épouses
urs servantes) procédés de divination rôle des auges en forme de pirogues)
importance de la chasse et des chiens57. partir de perspectives intellectuelles
variées quête de structures culturelles ou de dialectiques sociales) des lectures
très stimulantes de ce corpus mythique ont été proposées58 étude du langage
ouvre aussi des horizons intéressants est ainsi que le radical -eer- désignant
la blancheur dans toutes les langues bantu de la région et qui sous sa forme
-eez- parfois donné lieu des rapprochements avec le terme bacwezi59 pré
sente dans ses connotations dérivées les thèmes suivants du moins en kirundi
augure favorable lune lac plateau dégagé lait mouton règles maturité des
récoltes60... bref tout ce qui peut évoquer une maîtrise du temps de espace et
de la fécondité

Un imaginaire social

Mais si nous voulons cerner avec plus de précision inscription du phéno


mène cwezi dans la région des grands lacs est vers organisation sociale et
géographique du culte il faut nous tourner Sa célébration se hiérarchise
selon les degrés initiation requis Partout le cadre lignager joue un rôle impor
tant notamment au Bunyoro et au Nkore où il existait des officiants spécialisés
ce niveau Cependant la caractéristique essentielle de cette religion reste sa
compétence supralignagère Le recours elle offre face aux errements de cer
tains esprits ancestraux exprime de deux manières selon les pays Parfois ini
tiation des wa est très largement répandue et rassemble donc des voisi
nages entiers par-delà tous les clivages héréditaires parenté ou ethnie
était notamment le cas au Rwanda au Burundi ou au Buha Ailleurs le
contact avec les divinités est plutôt assuré par des lignées héréditaires de
médiums spécialisés est ce qui notamment été très bien observé au Kiziba
au début du siècle par Rehse Vix et Struck
organisation spatiale du culte reflète le même compromis entre les petits
autels familiaux situés dans arrière-cour ou près de entrée de enclos appelé
ihangiro au Nkore igitabo au Burundi et constitués de quelques arbustes
une petite hutte ou une jonchée herbes fines les lieux-saints dispersés
dans la nature et représentés par un bosquet sacré composé notamment de
ficus et érythrines) une termitière ou un site de bord de rivière et enfin les
grands sanctuaires voués aux principaux dieux gérés par des familles de ritua-
listes et qui peuvent devenir de véritables centres de pèlerinages Wamara était
objet un culte dans plusieurs sanctuaires de ce type ouest du lac Victoria
par exemple celui de Bitoma au Kyanja et celui de Rühita en Ihangiro attestés
au début du siècle Nous avons vu importance au Bunyoro du temple de
Ndahura Mubende et de celui de Wamara Masaka du Bwera61 Dans ce der
nier particulièrement réputé les gardiens de la lignée des Bamoli installés près
un bois sacré de ficus et de dracaenas gardaient le tambour Rusama attribué
Ndahura et une lance toute en fer grâce laquelle le prêtre pouvait être pos-

1354
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

sedè par esprit de Wamara des foules de pèlerins venaient des régions envi
ronnantes attirées par un culte de fécondité célébré notamment la nouvelle
lune

La référence des royautés

La valeur politique de tels centres est trop évidente pour il soit étonnant
de voir les dynasties qui ont régné entre le xvne et le xxe siècle nouer leur légiti
mité la popularité de ces cultes Les rois fondateurs ou réformateurs sont tou
jours associés des héros de la religion cwezi il agisse du légendaire
Ruhinda vers le xve siècle ou au xvne siècle de Ntare Rushatsi au Burundi
Ruganzu Ndori au Rwanda et Rugomora Mahe au Kyamutwara les deux pre
miers avec Kiranga/Ryangombe le troisième avec Mugasha Les regalia sont
identiques aux insignes des médiums des embandwa peaux de léopards
couvre-chefs brodés de cauris tambours Ces derniers dans la région des
grands lacs ne sont pas de simples tam-tam mais de véritables arbres qui
grondent battus seulement lors des grandes festivités symboles de fécondité
de joie et de puissance et qui sont groupés autour de très vieux tambours dont
histoire enracine souvent dans la légende cwezi Que on pense Bagyen-
danwa symbole de la dynastie du Nkore qui aurait été remis par Wamara en
personne la lignée de ses futurs gardiens Comme très bien montré
Karugire62 dans le cas de ce pays la mythologie cwezi représentait
idéologie de ce royaume fondé par Ruhinda Les bagabe rois ne sont pas
des prêtres mais le culte de leurs ancêtres célébré la nouvelle lune selon un
rituel défini au xvnie siècle se moule dans le culte initiatique Les vocabulaires
de initiation et de la royauté se confondent kutendekwa être initié être
intronisé kagondo sanctuaire de Wamara et sanctuaire un roi défunt Les
lieux saints bois sacrés termitières sont de même nature dans toute la région
des lacs ils soient royaux ou religieux Au Bunyoro les temples
de Mubende et de Buyaga jouaient un rôle essentiel lors de intronisation
Certes les rapports entre monarchies et religion du kubandwa sont souvent
ambigus Tantôt les rois emploient contrôler celle-ci en installant leur cour
des dignitaires du culte en intégrant certains de leurs ancêtres au panthéon
cwezi par exemple au Kiziba ou en encourageant un culte aux dépens un
autre celui de Mugasha contre Wamara au Kyamutwara au xvne siècle
Tantôt ils entrent en conflit avec les confréries de certains sanctuaires le
xixe siècle en offre plusieurs exemples au Buganda au Kiziba en lhangiro..
Nous avons analysé ailleurs63 cette équivoque structurelle la référence reli
gieuse qui légitime peut devenir la force qui conteste Au ur de la royauté
elle-même on peut déceler une dialectique entre un projet civilisateur et des
forces obscures que imagerie des rituels associe la nature sauvage Dans les
pays haya par exemple les rapports entre les dynasties hinda et les grands
médiums de Wamara relèvent de deux lectures pour les cours princières
Ruhinda était un conquérant et Wamara un esprit parfois destructeur pour les
médiums relayés par les légendes populaires Ruhinda était le fus bâtard une
esclave un broussard mal dégrossi et Wamara ancêtre de tous les anciens rois
évincés par cet envahisseur

1355
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

étude des religions africaines est trop souvent enlisée dans des débats
stéréotypés marqués par une vision instrumentale et machiavélique Plutôt que
de se demander si le culte cwezi fut un outil politique ou une subversion
déguisée ou de interroger sur la chronologie relative des dynasties et de la reli
gion64 il faudrait retrouver les différentes strates un ensemble culturel qui
était indissolublement religieux et politique est-à-dire reconstituer une his
toire où les rôles ne sont pas figés On ne saura sans doute jamais ce que repré
sentait le complexe cwezi le plus ancien mais on peut essayer interpréter
les mutations que traduit effervescence religieuse des xvie et xvne siècles car
nous sommes là origine du rêve des merveilleux ancêtres bacwezi Ce qui
peut être souligné dès maintenant est extraordinaire capacité de ce culte
structurer des sociétés très morcelées et très contrastées et structurer un espace
diversifié autour de repères naturels plus récents que les ruines de la
culture de Bigo mais beaucoup plus répandus et plus vivaces que ces dernières
Une sorte de conscience cwezi politique avant la lettre marqué ensemble de
la région des grands lacs même si empire jamais existé

IV La projection raciale des Européens une seconde Ethiopie hamito-


sémitique

hypothèse galla

Si hypothèse un empire du Bacwezi ou du Kitara eu un tel succès


nos jours est grâce la mise en place une véritable tradition écrite
celle des idéologies portées par africanisme européen depuis le milieu du
xixe siècle en particulier ce on peut appeler la mythologie hamitique Le
texte fondateur en est le récit déjà cité de explorateur Speke Croyant pou
voir appuyer sa théorie personnelle sur les traditions et ce il pu
voir il affirme que les bâtisseurs du Kitara furent les pasteurs wahuma
qui selon lui étaient autres que des Galla venus Abyssinie est-à-dire en
dernier ressort des Blancs des Moyen-Orientaux métissés une race remar
quable origine sem-chamitique où le type phlegmatique paternel celui
des enfants de Sem domine le naturel excitable et nerveux que les Wahuma
semblent tenir de la lignée maternelle celle des enfants de Cham sic est
après avoir attaqué Omwita ancien nom de Mombasa qui aurait inspiré leur
nom aux Wawitu que ces Galla partis intérieur du continent auraient
découvert les riches pâturages de Unyoro et fondé le grand royaume de
Kittara
suivant 65des La princes
légèretédedes
unyoro
conclusions
lui de
ont Speke
dit ils
apparaît
étaient
dans
originaires
le passage
du
nord mais faute de traditions plus précises ils ont commenté ce doit être
du côté de chez vous et Speke de déduire de cette boutade que ces derniers se
rattachaient ainsi pour ce qui est des temps les plus reculés une origine
européenne
concernés
Comme initialement
on noté plus
par haut
cette lesthéorie
BacweziEmin
en tant
Pacha
que tels
définissait
ne sont pas
les

Witschwesi comme des agriculteurs noirs autochtones qui auraient été assu
jettis par des conquérants wahuma et dont certains auraient été réduits
1356
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

exil et la vie itinérante de chanteurs-magiciens La langue ésotérique de ces


derniers serait une relique de ancienne langue bantu Dans cette hypothèse la
culture cwezi oppose donc celle des envahisseurs peau claire venus du
nord-est 66 Vision éphémère Au tournant du siècle se met en place la Vulgate
interlacustre qui assimile les héros bacwezi aux conquérants galla de Speke la
légende sacrée africaine est dès lors mise au service du mythe racial européen
Déjà en 1890 Stanley venu au secours Emin Pacha et impressionné lors de
son passage au et au Nkore par les traits européens des pasteurs
bahima de la région range parmi ces Indo-Africains les Batutsi il avait
rencontrés plus au sud en 1871 et 1876 mais aussi les Wawitu et les
Watchwezi en leur attribuant une vocation civilisatrice dans tout Est
africain67

Ouahouma les vrais descendants de ces thiopiens qui pendant cinq mille
ans se sont répandus en quête de pâturages sur le continent africain est et
ouest du Victoria-Nyanza ce que faisant ils ont depuis le golfe Aden jus
au Cap de Bonne-Espérance formé des tribus et des nations en progrès
notable sur les vieilles races de Afrique primitive

est sir Harry Johnston dont la synthèse sur Uganda panie en 1902 fit
autorité durant un demi-siècle qui officialisa équation cwezi-hima-galla sous
la rubrique raciale un stock quasi causasien 68 Fondé vers le xive siècle
empire du Kitwara regroupant Buganda Bunyoro Toro Nkore et
Karagwe aurait représenté apogée de la civilisation hamitique son déclin
et sa dislocation auraient été liés la négrification graduelle des purs
Hamites par leurs sujets bantu Perspective très gobinienne 69 Que les
auteurs emploient les adjectifs éthiopien asiatique nordique caucasien hami
tique sémitique etc. le regard porté sur les Bacwezi est toujours fondamenta
lement le même ce sont des Blancs De la luminosité légendaire de ces héros ou
de la blancheur rituelle des augures on passait comme allant de soi la leuco-
dermie anthropologique Ce fantasme joué plus une fois dans la lecture des
cultures africaines Joseph Ki-Zerbo cite par exemple le cas de la peinture
rupestre du Kalahari dite de la dame blanche de Brandberg que certains
attribuèrent des prospecteurs venus du golfe Persique du temps de
Babylone 70 aliénation culturelle coloniale conduisit même les premiers let
trés occidentalisés conforter ce regard John Nyakatura dont nous avons vu
interprétation moderniste du gouvernement des Bacwezi écrit-il pas en
194771 Sous le règne Isaza apparut une race hommes blancs connus de
nous en tant Abachwezi et il ajoute Ces gens avaient la peau vérita
blement blanche et on pense hui ils ont pu être des Portugais. Il
est probable ils étaient pas Européens mais ils ont pu être Arabes
Abyssiniens ou gyptiens ils pénétrèrent au Kitara depuis le Nord
Comme on le voit hypothèse de invasion une race supérieure non
nègre venue de nord étant devenue un axiome dans historiographie de la
région imagination pouvait se donner libre cours concernant origine précise
de ces envahisseurs La thèse portugaise inspirée par expédition de Chris
tophe de Gama en Ethiopie en 1541 semble avoir été lancée par Julien Gorju
dont nous avons vu le rôle dans la lecture historisante du phénomène cwezi Il

1357
ESPACES POU71QUES ET ESPACES MYTHIQUES

reprend certes le modèle spékien Ces immigrations galla furent plutôt des
infiltrations mais infiltrations de Blancs au milieu des Noirs est-à-dire des
apathiques bantu elles ne pouvaient manquer de imposer Mais du plateau
éthiopien vrai ramassis de peuples où Sémites et Chamites étaient
croisés où des Juifs étaient déversés et où le christianisme était enra
ciné ont pu venir selon lui toutes sortes immigrants Kintu le héros fonda
teur du Buganda aurait été une sorte de missionnaire chrétien monophysite
sic et plus généralement un Turc un Arabe un Portugais égaré sur nos
plateaux Ce est pas impossible le Nil est nos portes et le Kaffa est si
proche 72 Trente ans plus tard le père Nicolet compilateur peu critique déve
loppe idée que les Bacwezi étaient issus un groupe de métis portugo-abys-
sins descendus des hauteurs du Kaffa au milieu du xvie siècle Diffusée sous
forme multigraphiée en runyankore73 cette théorie se répandit dans le milieu
lettré de Ouest de Uganda notamment chez les instituteurs catholiques Le
goût de ce milieu africain pour de telles conjectures égal que la fascination
des récits extra-terrestres chez certains de nos contemporains Un notable du
Bunyoro alla supposer en 1950 que Kateboha le bâtisseur légendaire du
Nord aurait pu être romain 74
Néanmoins est la théorie galla qui perduré presque hui
véhiculée par les écrits des Pères blancs75 des administrateurs coloniaux76 ou
des ethnologues77 Une théorie égyptienne interfère souvent avec celle-d
apportant un complément de conviction le modèle pharaonique plus un
élément de contradiction On la relève déjà chez Stuhlmann Johnston ou
Gorju De nos jours elle est polarisée autour des hypothèses sur un relais
méroïtique et nubien78 Dans tous les cas de figure il est entendu que des
nègres en tant que tels pour reprendre expression du fameux traité de
Seligman sur les races Afrique auraient pas été capables de concevoir
des systèmes monarchiques aussi complexes Le schéma nilo-éthiopo-oriental
dominé historiographie de la région des grands lacs plus longtemps encore que
le schéma sabéo-phénicien encombré histoire de Zimbabwe Pourtant les
contradictions et même les mises en garde ont pas manqué notamment sur le
plan chronologique irruption hamitique aurait débuté 2000 ou 3000 ans plus
tôt selon Johnston vers an 1000 selon Czekanowki au XVIe siècle selon
Gorju. Jan Czekanowski sans doute anthropologue le plus rigoureux du
début du siècle injustement méconnu des spécialistes ultérieurs notait en 1917
que invasion galla supposée expliquer origine des Bahima des Batutsi et des
royautés de la région était pas prouvée79

En effet il ne faut pas perdre de vue que la réalité même de invasion des
Batutsi ne repose que sur des suppositions de caractère anthropologique et eth
nologique mais pas de fondement historique solide Sur cette invasion on
ne connaît pas encore ce jour de traditions en tant que telles

Cinquante ans plus tard archéologue anglais John Sutton note encore dans
un manuel sur Afrique orientale que hypothèse une migration venue du
sud-ouest de Ethiopie origine des tats interlacustres et des groupes hima
et tutsi restait problématique et non prouvée 80 Les dérives intellectuelles
qui ont cependant conforté les connaisseurs de la région dans leur adhésion

1358
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

obstinée cette théorie diffusionniste doivent être soulignées fût-ce briève


ment

La manipulation des traditions


On observe surtout une série de quiproquos relatifs la nature des
envahisseurs et leurs itinéraires La confusion la plus déterminante
été celle établie par Speke entre les pasteurs bahima et les rois babito du
Bunyoro les Wawitu On vu il avait fallu attendre les livres de Czeka-
nowski et de Gorju 1917 et 1920 pour que la dynastie bito voit son origine Iwo
groupe linguistique nilotique clairement identifiée Emin Pacha avait certes
pressenti existence de cette invasion nilotique du xvi siècle Mais son compa
gnon Gaëtano Casati qui avait recueilli auprès du roi Kabarega le récit ori
gines de ses ancêtres venus du pays lango nilotique) conclut malgré tout que ce
souverain du Bunyoro reconnaît origine galla de sa race 81 De art
interpréter les traditions orales La confusion est prolongée en pays haya
une autre manière malgré leur appartenance linguistique et historique un
ensemble culturel bantu les groupes dirigeants de cette région se sont vus cré
diter des ancêtres nilotiques dans plusieurs sources Ruhinda est présenté
volontiers comme le frère des Babito et Wamara est surnommé Rwini
équivalent de Winyi un nom usuel de la titulature royale du Bunyoro82 Nous
reviendrons sur les motivations locales de cette option Elle en tout cas occupé
le champ des débats scientifiques Luc de Heusch en 1966 définit les Bahinda
comme des Nilotes qui auraient refoulé les anciens dirigeants hima de époque
cwezi83 Déjà le père Crazzolara auteur une somme sur les Lwo avait été
proposer que les Bacwezi étaient eux-mêmes un premier rameau de ce
groupe nilotique le mythe galla se muait en mythe Iwo la théorie hamitique en
théorie nilotique Par-delà ces discussions souvent stériles le point essentiel est
le rôle tactique joué par le thème bito dans hypothèse hamitique le souvenir
une conquête réelle venue du nord du Nil au xvie siècle attestée par des tra
ditions précises et des faits linguistiques avait nourri grâce amalgame
wawitu-wahuma extrapolation une grande migration éthiopienne plus
ancienne Quand identité réelle des Babito été établie image globale de
invasion hima-cwezi néanmoins poursuivi sa carrière portée par le
contresens initial qui avait fondée au xixe siècle
il ait été considéré comme un Nilote ou comme un Muhima Ruhinda
joué la même fonction que les Babito dans la littérature ethno-coloniale celle
de caution du modèle des grandes invasions Les traditions recueillies au
Karagwe ou en pays haya par Speke Emin ou Stuhlmann ont joué de ce point
de vue un rôle décisif Même si ces auteurs et autres ont per assez vite que
les gens du pays ne confondaient nullement les Bahima en général et les groupes
dynastiques en tant que tels ni même Bahima et Bacwezi)84 les légendes nar
rant les pérégrinations des héros fondateurs furent récupérées comme utiles
repères anthropologiques histoire dynastique fut érigée au rang histoire
des peuples comme il était usage époque même hors Afrique La signifi
cation de empire des Bacwezi comme seconde Ethiopie est maintenant
claire Lorsque les ethno-historiens de la région eurent pris conscience de
étroitesse numérique et de la faible profondeur chronologique des Babito et

1359
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

des Bahinda il fallut bien accrocher le schéma jugé irrempla able bon
penser dirait Lévi-Strauss de invasion civilisatrice des pasteurs bahima
une autre référence entité cwezi forgée sous les traits un empire carolin
gien equatorial partir de traditions mal comprises est donc devenu comme
une hypostase des royaumes modernes et dont la vocation logique aurait été
de réaliser implantation des conquérants hamites
La reconstitution des itinéraires invasions est une opération souvent pué
rile de stratèges en chambre jouant reconstruire évolution de humanité
coup de flèches tracées sur des cartes Mais ce jeu non innocent est révélateur
Les traditions relatives Ruhinda et Rukidi fondateur des Babko ren
voyaient au nord autres récits au Rwanda par exemple faisaient descendre
les héros fondateurs du ciel on est empressé amalgamer les deux localisa
tions comme si les traditionnistes de jadis disposaient de cartes où le nord était
en haut Toute civilisation ne devait-elle pas venir du nord Les Bahima-
Bacwezi devaient donc venir du nord-est Or les sources orales attestant des
déplacements de héros ou de groupes lignagers donnent un tableau plus
complexe Le Nkore apparaît comme un foyer de dispersion transhumances
saisonnières ou mouvements plus amples en direction du nord et de est
Depuis le début du siècle de nombreux observateurs ont noté cette réalité
incamée en partie par le récit Isimbwa le chasseur venu du sud-ouest vers
le Bugangaizi Carole Buchanan montre importance du groupe clanique Hé
interdit de la vache entimba des immigrants méridionaux Et en 1953 Roland
Oliver impressionné par la précision des informations recueillies au Nkore sur
les Bacwezi et par les analogies entre Bigo et les grands enclos pastoraux de ce
pays analyse tat cwezi comme le fruit une conquête venue du sud où
même les ancêtres des Batutsi du Rwanda auraient joué un rôle85
Plus au sud on pourrait analyser des contradictions analogues En pays haya
le capitaine Richter note en 1899 que les Wahuma venaient du sud en fonc
tion de implantation en région de Bukoba de dynasties hima des Bankango
originaires du Buzinza Les migrations de bergers semi-nomades batutsi venus
du Burundi ou du Buha en Unyamwezi Tanzanie centrale ou celles de Batutsi
rwandais et de Bahima du Bunyoro dans est du Zaïre actuel que on peut
dater entre le xvme et le début du xix8 siècle ont donné lieu surtout dans les
années 1930 toute une littérature prétention historique qui étendait
ces régions éloignées la conquête hamitique et le modèle politique cwezi86
De mouvements limités dans le temps et espace étaient déduites selon le pro
cédé habituel des migrations de vaste ampleur La contradiction entre le
schéma nordique et les traditions faisant du Nkore du Rwanda ou du
Burundi des foyers de dispersion mieux documentés relativement absence
totale de traditions sur Ethiopie suscita un essai de synthèse celle proposée
par Driberg en 1931 les Galla auraient pénétré dans la région en longeant le
Haut-Nil puis les rives occidentales des lacs Lutanzige et Kivu colonisant en
premier
créer le leKitwara
Rwanda et lerapprocher
Nkore où selon
ils lui
seraient
de umutware
remontés vers
le chef
le nord-est
en kinyar-
pour
wanda Nous avons montré ailleurs que de telles Odyssées permettant des
ancêtres fondateurs de démultiplier leurs lieux origine cachaient mal des
reconstructions idéologiques87

1360
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

Les pasteurs bahima


La volonté idéologique apparaît aussi dans la réduction systématique des
Bacwezi aux pasteurs bahima Les traits qui font de la geste cwezi une
saga pastorale sont connus la passion de Isaza Wamara Mugenyi ou
Kagoro pour les vaches la symbolique du lait la sémantique de certains noms
Nyante Celle de la vache mère de Wamara Pourtant David Cohen fait
justement remarquer que les interdits claniques impliqués renvoyaient plus sou
vent la nature sauvage élevage la sauterelle de Ruyonga la loutre de
Bukuku le cercopithèque de Ruhinda La chasse accompagne aussi tous les
exploits de nos héros est la diffusion de idéologie hamitique qui conduit
les Baranzi les Bamoli ou les Bayango être présentés comme des Bahima le
dénigrement racial porté au xxe siècle sur les roturiers bairu semblait
contradictoire avec le prestige de ces vieux clans Pourtant on ne pas assez
souligné les autres activités économiques sont présentes dans les légendes
agriculture abord Ndahura petit-fils de Nyamata Celle du lait et fils
de Nyinamwiru Celle de agriculteur symbolise une synthèse manifestée
aussi dans importance du sorgho et de eleusine échangé ici et là contre des
tambours ou dans la protection apportée aux bananeraies par Mugasha et sa
femme Nakarembe Peter Schmidt et Carole Buchanan ont montré également
association des principaux hauts-lieux cwezi ou hinda avec des sites du fer
ancien et la réputation de métallurgistes des vieux clans attachés au culte des
embandv/a tels que les Basita ou les Bamoli dont le fondateur au Bwera
appelait Kihesi le forgeron 88 On pourrait également citer des exemples
de commerce en particulier de sel le Busongora et le Buha riches en salines
sont aussi des foyers de légendes et de cultes On peut se demander si on ne
retrouve pas ainsi les différentes activités susceptibles avoir porté au cours
des siècles la diffusion de la religion cwezi les transhumances pastorales mais
aussi les déplacements saisonniers des sauniers ou le colportage des forgerons89

idéologie hamitique

Si image une seconde Ethiopie pastorale et impériale eu tant de succès


chez les exégètes improvisés de la mémoire collective interlacustre est que
cette mythologie raciale répondait du côté européen une triple conviction
ordre la fois esthétique religieux et politique Le fantasme romantique
une mystérieuse population au teint clair régnant au ur de Afrique ins
pira en 1887 un roman de Rider Haggard She précurseur de Atlantide de
Pierre Benoît qui eut un grand succès chez les coloniaux de la fin du siècle La
fréquence du type éthiopien chez les Bahima du Karagwe ou du Nkore fit
rêver en ce sens les voyageurs européens Speke Stanley et leurs compagnons
les Wahuma ont pour la plupart des traits aussi beaux réguliers et délicats
que des Européens peuvent les avoir 90 Le modèle de la statuaire grecque
antique hantait époque autant anthropologie physique que la critique
art

1361
ESPACES POUTiaUES ET ESPACES MYTHIQUES

Sur le plan religieux la redécouverte en Afrique centrale une ancienne


chrétienté dérivée de celles de Nubie et Ethiopie nouvelle version du mythe
du Prêtre Jean aiguillonnait les missionnaires protestants et catholiques arrivés
en Uganda depuis 1877-1879 Croyant déceler des traces de monothéisme ils
replacèrent ces peuples dans le plan de Ancien Testament en rattachant en
particulier les aristocraties locales Kush ou Puth fils de Cham Ils se trouvè
rent ailleurs en compétition avec les Arabes de Zanzibar dans ce type de dis
cours la cour royale du Buganda91 Déjà Speke avait expliqué Bible en mains
Rumanyika roi du Karagwe et Kamurasi roi du Bunyoro quelles étaient
leurs origines éthiopiennes92 En 1879 le Girault pense avoir trouvé près
de la mission de Rubaga Buganda le tombeau de Cham Les Pères blancs en
poste dans les territoires britanniques et allemands de la région firent circuler
en fran ais entre eux et une zone autre les hypothèses des différents
auteurs93 et en amplifièrent impact auprès de leurs élèves Le District Book de
Biharamulo au Tanganyika signale en 1931 que les écoliers de la mission de
Kome connaissent mieux histoire de Ruhinda que les gens du pays au
Buzinza)94 Des personnalités comme Julien Gorju fondateur du journal
Munno en 1911 publié en luganda et futur évêque du Burundi ou comme
Van der Bürgt auteur du premier dictionnaire fran ais-kirundi contri
buèrent largement répandre vers le sud idée de empire cwezi du Kitara et
remodeler en conséquence les traditions locales95 La vision de la grandeur et de
la décadence de cette seconde Ethiopie fidèle reflet de idéologie hamitique
qui épanouit tout particulièrement dans cette région Afrique apparaît
comme une source la fois de réflexion et espoir digne inspirer les plus
ardents apostolats
Au niveau politique on observe la même fascination des Européens pour
une histoire qui crédite des races supérieures proto-blanches de la création des
tats en Afrique justifiant ainsi par avance le rôle civilisateur de la colonisa
tion Les Bahima ne revendiquaient-ils pas selon Johnston une parenté
origine avec les Européens 96 empire des Bacwezi intégrait ainsi sans
difficulté dans anthropologie politique de époque En 1882 Friedrich Ratzel
écrivait97

En Asie comme en Amérique et en Afrique nous avons vu des peuples venus


des régions nordiques et fraîches des hauts plateaux emigrer vers des régions
méridionales plus chaudes et plus riches ... Les Chinois les Aryens de Inde
les Wahuma Afrique centrale les Aztèques du Mexique ont migré sur des
hauts plateaux du nord vers le sud et devinrent des races dominantes et des por
teurs de civilisation en instaurant une répartition sociale qui leur fût favo
rable

Bahima
Les comparaisons
Normands avec
de Afrique
le Moyen98
Agemais
enconsistèrent
restèrent pas
justement
imagerie
rendre
les
compte de la répartition sociale observée dans la région est-à-dire von
me féodalité de seigneurs-pasteurs dominant des serfs-cultivateurs analyse
fondée globalement en dernière instance et ce jour sur la reprise de ce
récit
appuyer invasions
un demi-siècle
barbares
sur ce modèle
administration
Les Bacwezi
indirecte
ont danscoloniale
une certaine
put

1362
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

mesure joué dans histoire de Afrique orientale le même rôle que les Doriens
dans historiographie de la Grèce antique combler un vide de plusieurs siècles
là avant les cités classiques ici avant les royaumes modernes émergeant réel
lement au xvne siècle) et surtout situer le passé dans une perspective socio-
raciale susceptible de séduire successivement les idéologies les plus variées du
gobinisme au marxisme100

La conscience historique de nations africaines résistances au


subimpérialisme des Ba anda

Si idéologie coloniale contribué de fa on décisive cristalliser idée un


empire des Bacwezi elle ne est imposée que grâce aux échos rencontrés dans
les sociétés africaines concernées une dimension trop souvent négligée soit
on fasse des colonisés de naïfs imitateurs soit au nom de la théorie des
superstructures on réduise leur conscience sociale la simple légitimation
de rapports de classes stéréotypés dont la spécificité historique est soigneuse
ment éludée histoire des Bacwezi est en fin de compte un chapitre essentiel
de histoire des pays des grands lacs aux xixe et xxe siècles Elle représenté
en effet une référence prestigieuse pour une série de royaumes affaiblis ou
divisés et qui se sentaient menacés dans leur identité par des rivaux plus puis
sants tant la veille de la conquête européenne que sous la domination colo
niale

Le nationalisme des ny oro

est abord autour de évolution du Bunyoro que est cristallisée image


de empire du Kitara Lorsque Baker recueille en 1862 le témoignage du
mühama roi Kamurasi le grand Kitwara évoqué par celui-ci est autre
que le royaume de ses ancêtres babito au règne de son grand-père
Cherrybambi Kyebambe III) dominant la majeure partie de espace
ougandais actuel du Nil la Kagera alors que le petit Buganda était cantonné
sur la rive nord du lac Victoria101 Mais celui-ci après avoir peu peu grignoté
des territoires au nord et ouest impose au début du xixe siècle grâce ses
relations commerciales avec la côte de océan Indien Le Bunyoro se voit même
dépossédé du Buwekula la région du sanctuaire de Mubende et des tombes
royales tandis que le Toro autre foyer de traditions cwezi fait sécession
Kamurasi 1855-1869 et son fils Kabarega 1870-1899 efforcent de
redresser la situation est-ce un hasard si ces deux souverains cultivèrent aussi
les croyances cwezi soit dans le culte soit dans leur titulature Kamurasi
Kagoro 102 La conquête britannique de la fin du siècle effectua avec la
complicité des Ba anda est un chef militaire muganda qui fit prisonnier le
roi Kabarega en 1899 pour le compte des Anglais Le Protectorat démembra le
Bunyoro au profit de son vieux rival autonomie du Toro fut consolidée et les
deux régions du Bugangaizi et du Buyaga au ur des traditions que nous
avons vues furent annexées au Buganda pour devenir en 1911 le Mubende

1363
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

FIG Aires culturelles regroupant les royaumes des Grands Lacs vers 1880 défi
nies par le titre donné au souverain
Région Bakama région Bagabe région Kabaka région Bami

1365
ESPACES POUTIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

district Les notables banyoro oublièrent jamais ces lost counties un irré
dentisme qui selon Dunbar devint la racine de identité politique du
Bunyoro 103
est dans ce contexte que furent recueillies les légendes sur les Bacwezi
aristocratie nyoro en fournit les sources essentielles les rois du Bunyoro et
du André Duhaga et Daudi Kasagama informateurs de Ruth Fisher le
mugema premier conseiller royal Yakobo Byomere guide de plusieurs cher
cheurs dans les années 1950 et surtout John Nyakatura lui-même originaire
du Buyaga chef coutumier et grand militant de la cause des lost counties
La tradition cwezi dont les hauts-lieux récupérés par la royauté bito inscri
vaient au ur du Bunyoro ancien et notamment de ses territoires perdus
épousait dans les témoignages de ces notables leur propre cause nationale
En historisant ils défendaient leurs intérêts et leur identité tout en satisfai
sant orthodoxie intellectuelle européenne Isimbwa père de Ndahura pou
vait dès lors se voir attribuer un périple au nord du Nil qui lui permettrait être
aussi le grand-père de Rukidi fusion émouvante des héros bacwezi avec les
fondateurs de la dynastie bito Le Buganda comprit parfaitement enjeu idéo
logique représenté par ces traditions les dirigeants de ce pays tinrent égale
ment en grand respect les sanctuaires de Masaka et de Mubende au xixe siècle
Mais empire cwezi devint essentiellement le grand rêve des vaincus

Le nationalisme des Bahaya

Le même phénomène observe plus au sud cette fois autour du fameux


Ruhinda le héros qui prolonge la geste cwezi Le Nkore et le Karagwe offrent
exemple de pays en déclin la fin du xixe siècle le premier face expansion
rwandaise le second sous le choc de la grande peste bovine de 1891 mais où les
traditions cwezi et hinda particulièrement riches permettaient entretenir une
certaine fierté Les deux situations les plus caractéristiques sont néanmoins
celles du Kyamutwara et du Buzinza deux anciens royaumes pris avec toute
leur ampleur est-à-dire dans leurs frontières du xvme siècle Les dissensions
internes amenèrent au début du xixe siècle leur division en plusieurs princi
pautés certaines minuscules et même au Kyamutwara une usurpation du
pouvoir par de nouvelles dynasties hima celles des Bankango installées au
Bugabo et au petit Kyamutwara réduit quelques chefferies) tandis que les
Bahinda se scindaient eux-mêmes en deux autres micro-royautés Kyanja et
Maruku La légende de Ruhinda et les mythes cwezi entretenus dans les cours
royales et les confréries de ritualistes prirent dans ce cas un tour populaire
Mais la mémoire collective accrocha plutôt des souverains plus récents pris
comme modèles une uvre civilisatrice et unificatrice tels que Rugomora
Mahe au Kyamutwara xvne siècle ou Ruhinda Muhangakyaro début du
XIXe siècle au Buzinza104 Autre exemple extrapolation les fréquentes réfé
rences au Bunyoro On certes vu que Ruhinda était parfois rattaché aux
Babito mais certains vont le présenter en fus de Kabarega le roi de la
fin du xixe siècle105 Cet anachronisme est significatif une obsession commu
ne de part et autre de la Kagera celle de impérialisme des Ba anda qui se
déploie au xixe siècle sur toutes les rives du lac Victoria

1366
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

Puissance navale commerciale et militaire grâce aux armes feu) le


Buganda intervenait chez des voisins de plus en plus éloignés est le partage
colonial qui scinda le sort du nord et du sud les Anglais collaboraient avec les
Ba anda dans leur protectorat tandis que les Allemands Afrique orientale
installés Bukoba dès 1890 se faisaient les protecteurs des Bahaya contre eux
Mais au début du xxe siècle attitude des élites locales tant en territoire alle
mand au Bunyoro ou au Nkore va être caractérisée par un mélange de fasci
nation pour le modèle ganda de modernisation et de résistance politique leur
emprise Idéologiquement on fait alors en pays haya ou zinza flèche de tout
bois Kintu Rugaba Wamara Ruhinda associés des horizons culturels
variés sont tous mobilisés pour affirmer face aux Européens une identité
prestigieuse anti-ganda Au sud-ouest de la région on pourrait analyser un
complexe politico-culturel analogue autour du Rwanda dont expansion sus
cita en réaction des cristallisations idéologiques impliquant également les Bac-
wezi et Ruhinda par exemple dans historiographie compris orale du
Burundi ou des sociétés de est du Zaïre Bustu etc.)106
La fixation de image un empire des Bacwezi dans la conscience col
lective est donc pas simplement le fruit un placage extérieur Elle est réa
lisée dans une période de grandes mutations politiques et culturelles la jonc
tion de traditions régionales diversifiées et un effort de mise en forme écrite et
synthétique entrepris par la première génération de notables lettrés chefs de
administration indirecte catéchistes enseignants...) dont le rôle été fon
damental Comme le souligne Marcel Détienne les mythologies peuvent se
constituer la rencontre du muthos et du logos de oral et de écrit107 Les
Bacwezi en fournissent un excellent exemple émergence historique réelle de
leur prétendu empire est identifiable au ur des tribulations contemporaines
du Bunyoro et des monarchies hinda Les sources disponibles et les possibilités
de critique des documents sont plus importantes on ne le laisse parfois croire
quand il agit du passé des sociétés africaines

La quête une identité

Notre conclusion essentielle porte donc sur historicité du phénomène


cwezi lisible dans ses différents visages est la construction un espace his
torique régional qui est en jeu Différentes entités politiques mobilisant des
regroupements claniques et jouant de ressources la fois pastorales céréalières
et métallurgiques activités de populations de langue bantu ancêtres des
Bahima et des Baini contemporains) ont sans doute émergé durant le
deuxième âge du fer depuis an mil sur les plateaux découverts étendant
du Haut-Nil au bassin de la Kagera Le Kitara proprement dit correspond en
fait au Kyaka petite région au sud-est du Toro Le Bwera peut de son côté
avoir on vu cette hypothèse linguistique inspiré le nom même des Bacwezi
archéologie des sites fortifiés est un reflet de cette période De la fin du XVIe
au xvme siècle la région semble après des traditions orales et des repères
hydrologiques avoir été frappée par plusieurs phases de sécheresse et par des

1367
ESPACES POLmaUES ET ESPACES MYTHIQUES

calamités qui auraient suscité la recherche de nouvelles terres pâturer ou


défricher par conséquent une mobilité accrue des populations des migrations
des raids compris irruption de groupes nilotiques Iwo Cette période trou
blée correspond semble-t-iî de grandes transformations politiques émer
gence de royaumes nouveaux au xvne siècle et enfin au cours du xvine siècle
une ascension des zones agricoles plus riches des bords du lac Victoria
Buganda et des montagnes de ouest Nkore Rwanda Burundi Les crises
écologiques pour reprendre expression de Steinhart ont modifié en outre
les rapports entre agriculture et élevage et ont contribué structurer des sociétés
plus hiérarchisées et plus inégalitaires108
Les traditions orales évoquent également aux origines de ces nouvelles
configurations politiques les héros du panthéon cwezi Wamara Ruhinda
Mugasha Ryangombe. effervescence initiatique qui semble avoir accom
pagné les mutations de cette période assuré la diffusion une religion vouée
des figures attachées originellement des entités sociales plus restreintes et des
secteurs géographiques plus limités La nouvelle période de crises ouverte au
xixe siècle par la pénétration des marchands de Zanzibar et surtout par celle des
missionnaires et des colonisateurs européens contribué de fa on décisive
métamorphoser un espace de croyances de modèles politiques et de cultes en
un empire dont la fondation était expliquée selon le schéma racial des inva
sions civilisatrices Une dimension religieuse ancienne chargée de virtualités
contestataires109 se voyait substituer une dimension idéologique moderne por
teuse honorabilité
Le merveilleux empire des Bacwezi placé aux origines de la civilisation des
grands lacs reflète en quelque sorte une double couche de nostalgies abord
au ur de la légende cwezi idéalisation du passé des régions médianes plus
sèches peu peu marginalisées politiquement par les royaumes édifiés dans les
zones plus humides de est et du sud-ouest Ensuite et surtout la nostalgie des
groupes les plus attachés la tradition des anciens royaumes heurtés par les
mutations et les crises de époque contemporaine Référence origine un
vieil espace culturel africain la légende des Bacwezi une fois transcrite sur les
cartes de ère coloniale est devenue le repère une aliénation un horizon
imaginaire étranger la région

Jean-Pierre CHR TIEN


Centre de Recherches Africaines C.N.R.S

NOTES

Voir Ki-ZERBO 1972 pp 306-308 OLIVER 1970 pp 434-436 COKNEVIN 1966


pp 163-164 WERE 1968 pp 178-181
J.-D FACE rééd 1968 pp 21-22
Bacwezi se prononce Batchouézi
1981 pp 244-249
JOHNSTON 1902 II pp 594-596

1368
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

GORJU 1920 pp 38-55 ROSCOE 1923 pp 323-327


REHSE 1910 pp 327-331 et 237-241
CESARD 1927 1931 1937 pp 31-57
Les Districts Books du Tanganyika Territory sont aux National Archives of Tanzania Dar
es Salaam Des extraits transcrits figurent aussi la bibliothèque de la O.A Londres Les
Papiers ry sont la bibliothèque universitaire de Dar es Salaam voir notamment le 79 Cf
RY 1960 pp 7-8
10 CZEKANOWSKI 1917 pp 50-55 H.-F MORRIS 1962 pp 6-8 de HEUSCH 1966
pp 23-35 A.-R DUNBAR 1968 pp 10-33 TAYLOR 1962 42 enquêtes en 1950-1952
1971 pp 33-61.1 BERGER 1973 pp 32-44 MWOROHA 1977 pp 65-77
11 Une collecte pourtant toujours possible voir les récits originaux publiés par SCHMIDT
1978 pp 298-321
12 MWOROHA 1977 pp 83-87 Sur la diversité des versions dans une même région
variantes de cour et variantes populaires voir CESARD 1931
13 dans REHSE 1910 pp 37-39 J.-B LAPIOCHE et HAUTMANN déjà cités
CESARD 1927
14 Umusozi colline en kirundi ig sozi grande colline
15 KiWANUKA 1971 pp 39-40
16 LANNINO 1966 153
17 J.-H SPEKE trad fr. 1865 pp 214-218
18 Observation de BURTON dès 1858 cf trad fr. 1862 514
19 BAKER 1866 pp 107 et 187-188
20 LiNANT DE BELLEFONDS 1876 63
21 J.-H SPEKE 1865 236 J.-A GRANT trad fr. 1873 213 EMIN dans
ScHWElNFURTH 1888 285
22 EMIN 1891 pp 351-355 lettre de Bukoba du 10 août 1890 Déjà noté en 1879
dans les Petermanns Mitteilungen 182 Emin Pacha de son vrai nom Eduard Schnitzer agent
du khédive au Soudan fut bloqué sur le Haut-Nil par le soulèvement mahdiste et délivré par Stan
ley en 1889 STUHLMANN 1894 pp 651 et 713-715 Le Kitara au sens restreint est effectivement
placé au Kyaka par les Banyoro
23 H.-H JOHNSTON 1902 II pp 594-596 et 600-602
24 GORJU 1920 50
25 CZEKANOWSKI 1917 55
26 FISHER 1970 pp 39-40
27 HAUTMANN 1930 A.-G ISHUMI 1971 715 WERE 1968 pp 179-181
J.-B WEBSTER 1979 127
28 NicoLET 1972 188 K.-W. 1935 158 NYAKATURA 1973 pp 26-27 Des Ustes
identiques en fait celle donnée par JOHNSTON 1902 595 et reprise par CZEKANOWSKI 1917
51 un exemple du colportage des traditions écrites
29 J.-B LAPIOCHE 1938 MORS 1957 12 KAKAIRA 1948 cf MWOROHA 1977
74)
30 Sur le Rwanda G.-A VON GOETZEN 1895 187 Sur le Burundi J.-M VAN DER
BUROT pp evi 288 et 614 repris dans GORJU 1920 50 Sur le Buganda RICHARDS
East African Chiefs Londres 1960 43
31 NYAKATURA 1973 27
32 Sur archéologie de Bigo et des autres sites deux articles synthétiques POSNANSKY
1969 LANNING 1953 Voir aussi E.-J WAYLAND 1934 GRAY 1935 MATHEW 1953
LANNING 1954 1955 1960 1966 1970 SHINNIE 1960 POSNANSKY 1966 Interpré
tations historiques OLIVER 1955

1369
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

33 OLIVER 1977 632 carte 633 comparer avec Id. 1963 181 et Id. 1970
pp 434-436
34 GoRJU 1920 55
35 après une note anonyme un missionnaire panie dans la Uganda Gazette du 15 avril
1910 Cf GRAY 1935 230 E.-J WAYLAND 1931 229
36 KAMUGUNGUNU et A.-G KA AT 1955 cité dans BERGER 1973 pp 201-204 Voir
aussi MORRIS 1962 pp 6-7
37 OLIVER 1970 434
38 LANNING 1953 59 Id. 1954 POSNANSKY 1969 59 GORJU 1920 75
Sur le recoupement des différents types de sites voir fig
39 OLIVER 1955 116
40 LANNING 1953 59 1955 1960 195 GGOMOTOKA 1950 pp 86-87
41 LANNING 1960 192 LUKYN-WILUAMS 1946 66
42 Sur le rôle des bois sacrés comme marqueurs historiques dans ces régions voir propos de
exemple burundais J.-P CHR TIEN 1978 et NDORICIMPA et GUILLET 1984
43 On pourrait aussi relever le rôle des Basingo clan de la mère de Mugenyi et celui des Bas-
hengya clan de la mère de Wamara selon Lwamgira)
44 KIWANUKA 1971 pp 35-43
45 CoRYetM.-M HARNOLL 1971 pp 281-349
46 NEWBURY The Clans of Rwanda Historical Hypothesis dans C.C.B. 1981
pp 186-197
47 J.-H SPEKE 1865 236
48 Sur la religion cwezi ou kubandwa outre ces deux auteurs nous utilisons GORJU
1920 pp 200-212 A.-R DUNBAR 1968 pp 214-215 TAYLOR 1969 pp 63-66
RoscoE 1923 pp 21-25 ROSCOE 1923 pp 27-28 NYAKATURA s.d. pp 54-74
REHSE 1910 pp 125-135 J.-A MELDON 1907 pp 142-145 Y.-K BAMUNOBA et
F.-B WELBOURN 1965 STRUCK 1911 Vix 1911 CESARD 1937 pp 15-22
RY papiers ry no 79 RICHTER 1899
49 FISHER 1970 110 CESARD 1927 pp 456-457
50 Sur le Kiziba dans REHSE 1910 329 Sur les Basingo au Nkore
J.-A MELDON 1907 144
51 GRAY 1935 232 après un vieillard originaire du Bugangaizi)
52 1969 pp 159-170 Durant la seconde guerre mondiale des esprits noirs
apparurent incarnant les tanks ou les avions
53 RY M.-M HARTNOLL 1971 272 ROSCOE 1923 87 REHSE 1910
126
54 COHEN compte rendu du livre de DE HEUSCH 1966 dans le Journal of African s-
tory 1968 pp 651-657
55 KAGGWA 1971 pp 7-9 F.-B WELBOURN 1962 pp 172-174
56 ARNOUX 1912-1913 ZUURE 1929 CERUKL 1979 VAN SAMBEEK 19491 pp 49-

57 Sur le retour de ces thèmes dans des récits origine au Burundi voir VANSINA 1972
J.-P CHR TIEN 1981a pp 8-10 Un épisode et des traits attribués Kyomya au Nkore selon
Roscoe ou au Kiziba selon Lwamgira réapparaissent dans les légendes relatives Ntare Rushatsi
au Burundi influences littéraires ou imaginaire commun
58 Par exemple DE HEUSCH 1966 VIDAL 1974 SMITH 1981 1978
59 VoirF.-M DEGEM 1971 912
60 F.-M DEGEM Dictionnaire rundi-fran ais Tervuren 1970 pp 82-85 Le radical

1370
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

cwezi est des


exemple parfois
bières
employé
ou desavec
taureaux
une simple
de sacrifice
connotation de sacré en ruhaya appliqué par
61 Descriptions dans plusieurs articles des Uganda Notes au début du siècle et dans le
Uganda Journal par Eric Lanning en 1954 et 1966 pour Masaka et Mubende Voir aussi
BERGER 1973 pp 82-100 Sur Bitoma REHSE 1910 192 Sur Rühita MORS 1957
pp 71-75
62 KARUGIRE 1971 pp 81-112 emploi du concept idéologie nous préférons le
recours la notion de dette de sens créatrice une société civile selon les analyses de
GAUCHEI La dette du sens et les racines de tat Politique de la religion primitive Libre
1977 pp 5-43
63 J.-P CHR TIEN 1981b Voir aussi AUGE 1982 pp 36-47 GILSENAN 1972
MwoROHA 1977 pp 150-162 sur influence des hommes des secrets au Burundi
BERGER 1973 SCHMIDT 1978 surMugasha)
64 Mc CALL Africa in Time Perspective Oxford 1969 43 rappelle justement que les
deux raisonnements celui qui fait dériver les dieux de rois de jadis et celui qui fait dériver les rois
de légende des dieux et de leurs médiums ne sont pas contradictoires
65 J.-H SPEKE 1865 Dp 214-218
66 EMIN CH dans SCHWEINFURTH 1888 pp 88-90 Id. 1890 et 1891
67 J.-R STANLEY 1890 II 354 voir aussi pp 350-355 et 360-361
68 JOHNSTON 1902 pp 588 et 600-602
69 En France Gobineau est le premier classer les Chamites parmi les Causasiens
dont ils auraient représenté la première coulée blanche en direction du sud et non parmi les Noirs
fils de Cham selon des traditions remontant au moins au Moyen Age Essai sur inégalité des
races humaines éd de 1884 pp 225-241 et J.-P CHR TIEN 1977
70 Ki-ZERBO 1972 59 Speke avait de même déduit le caractère métis du chef fondateur
des Wawitu en fonction de la légende de Rukidi surnommé Mpuga autrement dit le bicolore
image un pelage de vache ou des deux tranchants une lance inégalement polie
71 NYAKATURA 1973 17
72 GORJU 1920 pp 26-39 51 55-56 123-128 155 etc
73 NICOLET Mucondozi Mbarara 1953 22 pp 1-2 Voir aussi ce sujet LANNING
1958
74 Ggomotoka 1950 87
75 Par exemple le père J.-B LAPIOCHE 1938 pp 25-26
76 Par exemple le District Book de Bukoba S.O.A.S. vol VII 1938)
77 Par exemple TROWELL 1946 pp 54-59 BERG 1964 109
78 Recension des différentes hypothèses dans A.-R DUNBAR 1968 pp 20-23
79 CzEKANOWSKi 1917 49
80 SUTTON The Settlement of East Africa dans B.-A OGOT et J.-A KIERAN 1968
94 Sur la complexité de histoire du peuplement en Afrique de Est cf EHRET 1973
81 CASATI 1892 pp 283-284
82 RY ca 1950 J.-B LAPIOCHE 1938 pp 25-33 District Book de Bukoba
S.O.A.S. vol VII pp 3-4 1938 MORS 1957 22
83 DE HEUSCH 1966pp 29-40 51 Hypothèse fondée sur un contresens relatif opposi
tion supposée de deux interdits le singe tumbili du clan hinda et le singe nkende du clan yango
alors il agit du même cercopithèque exprimé respectivement selon les sources en kiswahili et
en ruhaya
84 Sur la distinction hinda-hima STUHLMANN 1894 pp 670 673 Sur la distinction
cwezi-hima J.-A MELDON 1907 241 NYAKATURA 1973 pp 47-48 TAYLOR 1962
42

1371
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

85 Voir aussi A.-B LLOYD 1906 pp 62-66 LUKYN-WILLIAMS 1946 pp 73-74


BucHANAN 1974 pp 148-173
86 RICHTER 1899 Sur Unyamwezi SHORTER 1973 GOTTBERG 1963 pp 68-69
Sur Est du Zaïre MOELLBR 1936 pp 7-32 NEWBURY 1978
87 J.-P CHR TIEN 1981a 17
88 SCHMIDT pp 271-297 BUCHANAN 1974 pp 94-104
89 Sur la culture liée aux salines cf Technologie et économie du sel végétal dans ancien
Burundi dans C.C.B. 1981 pp 414-415 Sur le rôle du fer et du sel dans les échanges
précoloniaux GRAY et BIRMINGHAM 1970 Un exemple de Kagoro commer ant dans
BERGER 1973 142
90 SCOTT La délivrance Emiri Pacha après les lettres de H.-M Stanley trad
fr. Paris 1890 198
91 LiNANT DE BELLEFONDS 1876 70 Diaire de Rubaga Arch des Pères blancs
Rome) 13.7.1879 et SS passim
92 J.-H SPEKE 1865 pp 181 491-492
93 Missions Alger 1893 pp 61-66 sur la diffusion en fran ais des idées de Stuhlmann
District Book de Bukoba S.O.A.S. vol VIII pp 5-6 1930 sur la diffusion en anglais des idées
deGorju)
94 District Book de srasmio 1931 History of Migrations
95 J.-M VANDER RGT 1903 pp LXVi-LXVin cvi 288 614
96 JOHNSTON 1902 630
97 RATZEL Anthropogeographie Stuttgart 1882 208
98 JOHNSTON 1902 631 INCHAM 1957 131
99 Sur le modèle féodal DAVIDSON 1962 215 BERG 1964 pp 107-111 Voir
J.-P CHR TIEN 1980
100 ScHNAPp-GouRBEiLLON invasion dorienne a-t-elle eu lieu Histoire 48
sept 1982 pp 38-49 ILL Donens et Ioniens Paris 1956
101 BAKER 1866 pp 187-188 Voir fig
102 WRIGLEY 1973 231
103 KiwANUKA 1974 Sur expansion ganda voir aussi KIWANUKA 1971 pp 136-
148 POSNANSKY 1963 cartes ROBERTS 1962
104 STUHLMANN 1894 713 sur Rugomora BRARD Rapport sur les tribus insu
laires du Nyanza méridional Arch des Pères blancs Rome) pp 153-155 sur le Buzinza Sur
les conflits de légitimité entre Bahinda et Bankango RICHTER 1899 REHSE 1910 pp 285
et 289 J.-H DRIBERG 1931 pp 202-203 Voir fig
105 District Book de Biharamulo S.O.A.S. vol VII 78 A.-E KITCHING Tribal His
tory and Legends of the Wazinza 1925 La cour royale du Bunyoro sous Kabarega semble avoir
participé cette propagande cf EMIN 1891 353
106 Sur le Burundi J.-P CHR TIEN 1981a pp 15 et 17 témoignage oral de Barayabara
Kuntega 23.9.1977 présentant Ruhinda comme ancêtre une lignée de chefs du nord-est du
Burundi Sur le Bushi SCHUMACHER 1958 134 Sur les Bayira ou Banande du Zaïre
K.-T MASHAURI Organisation étatique des Yira et son origine dans C.C.B 1981 172
107 TIENNE invention de la mythologie Paris 1981 pp 153-156
108 J.-B WEBSTER 1979 E.-I STEINHART 1981 J.-P CHR TIEN 1984 pp 26-33
109 Un bolchevisme secret opposé la marche des gouvernements européens et de la
civilisation RY 1949 ry papers 45 voir RY 1955

1372
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

BIBLIOGRAPHIE

ARNOUX A.) Le culte de la société secrète des Imandwa au Ruanda Anthropos 1912
pp 273-295 529-558 840-875 1913 pp 110-134 754-774
AUGE M.) Le génie du paganisme Paris Gallimard 1982 336
BAKER S.) Thé Albert Nyanza Londres 1866 612
BAMUNOBA Y.-K. et WELBOURN F.-B.) Emandwa Initiation in Ankole Uganda Journal
1965 pp 13-25
J.) Spirit Mediumship in Bunyoro dans MIDDLETON J. et BEATTIE J.) Sp t-
mediumship and Society Africa Londres Routledge and Kegan Paul 1969 pp 159-170
BEATTIE J.) TheNyoro State Oxford Clarendon Press 1971 280
BEATTIE J.) Nyoro Symbolism and Nyoro Ethnography Rejoinder Africa 1978
pp 278-295
BERGER I.) The kubandwa Religious Complex of Interlacustrine East Africa an Historical
Study ca 1500-1900 Ph D. multigr. Madison 1973 273
BERGER I.) Deities Dynasties and Oral Traditions the History and Legend of the
Abacwezi dans MILLER J.-C.) The African Past Speaks Folkestone et Hamden Conn.)
Dawson-Archon 1980 pp 61-81
BIKUNYA P.) abakama ba Bunyoro Londres 1927 84
BucHANAN C.) The Kitara Complex the Historical Tradition of Western Uganda to the 16 th
Century Ph D. multigr. Indiana Univ. 1974 273
BUCHANAN C. Perceptions of Ethnie Interaction in the East African Interior the Kitara
Complex International Journal of African Historical Studies 1978 pp 410-428
BURTON R.) Voyage aux grands lacs de Afrique orientale trad fr.) Paris 1862 712
CASATI G. Dix années en Equatoria trad fr) Paris 1892 499
Centre de Civilisation Burundaise C.C.B.) La civilisation ancienne des peuples des grands lacs
Paris Karthala 1981 495
Centre de recherches universitaires du Kivu CERUKI) Lyangombe Mythe et rites Bukavu
1979 188
CESARD E.) Comment les Bahaya interprètent leurs origines Anthropos 1927 pp 440-465
CESARD E.) Histoires des rois du Kyamtwara après ensemble des traditions des familles
régnantes Anthropos 1931 pp 533-543
CESARD E.) Le Muhaya Anthropos 1937 pp 15-60
CHR TIEN J.-P.) Les deux visages de Cham Points de vue fran ais du xixe siècle sur les races
africaines après exemple de Afrique orientale dans GUIRAL P. et MIME CE.) idée
de race dans la pensée politique fran aise contemporaine Paris 1977 pp 171-199
CHR TIEN J.-P.) Les arbres et les rois sites historiques du Burundi Culture et Société
Revue de Civilisation burundaise Bujumbura 1978 pp 35-47
CHR TIEN J.-P.) Vocabulaire et concepts tirés de la féodalité occidentale et administration indi
recte en Afrique orientale dans NORDMAN et J.-P.RAISON Sciences de homme et
conquête coloniale Paris Presses de E.N.S. 1980 pp 47-63
CHR TIEN J.-P.) Du Hirsute au Hamite les variations du cycle de Ntare Rushatsi fondateur
du royaume du Burundi History in Africa Los Angeles 1981 pp 3-41
CHR TIEN J.-P.) Pouvoir tat et autorité mystique infrastructure religieuse des monar
chies des grands lacs Revue fran aise Histoire Outre-Mer 1981 pp 112-130
CHR TIEN J.-P.) Nouvelles hypothèses sur les origines du Burundi dans NDORICMPA L. et
GUILLET C.) arbre-mémoire Paris Karthala 1984 pp 11-52

1373
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

COHEN D.-W.) The Historical Tradition of Busoga Mühama and Kintu Oxford Clarendon
Press 1972 218
CoRNEViN R.) Histoire de Afrique II Afrique précoloniale du tournant du XVIe siècle au
tournant du XXe siècle Paris Payot 1966 638
RY H.) Historîaya wilaya Bukoba History ofthe Bukoba District Mwanza s.d ca 1950
RY H.) The Buswezi The American Anthropologist 1955 pp 923-952
RY H.) HARTNOLL M.-M.) Customary Law of the Haya Tribe Tanganyika Territory) Lon
dres Cass 1971 361 Iré éd. 1945
CRAZZOLARA J.-P.) The Lv/oo vols Vérone Missioni Africane 1950-1954
CRAZZOLARA J.-P The Hamites Who Were They Uganda Journal 1969 pp 41-48
CzEKANOWsKi J.) Forschungen im Nil-Kongo-Z wischengebiet Ethnographie Zwischenseenge-
biet Mpororo Ruanda Leipzig 1917 412
DAVIDSON Afrique avant les Blancs trad fr. Paris P.U.F. 1962 326
DE HEUSCH L.) Le Rwanda et la civilisation interlacustre Bruxelles U.L.B. 1966 417
DRIBERG J.) Gala Colonists and the Lake Region of Africa Ethnologische Studien Halle
1931 pp 191-213
DUNBAR A.-R.) History of Bunyoro-Kitara Nairobi Oxford University Press 1968 253
EHRET Patteras of Bantu and Central Sudanie Settlement in Central and Southern Africa
ca 1000 500 AD Transafrican Journal of History Nairobi 1973 1-2 pp 1-71
EMIN PASCHA Zur Ethnologie des Albert-Sees Das Ausland 1890 14 263 1891 18
pp 351-355
FACE J.-D.) An Atlas of African History Londres Arnold 1958 rééd 1968
FISHER R.) Twilight Tales the Black Ba anda The Traditional History of Bunyoro-Kitara
Londres 1911 rééd 1970 Cass préf de Posnansky) XLIV 198
GGOMOTOKA History and Legends of the Rocks of Kakumiro and Another Places in the Saza of
Mubende Uganda Journal 1950 pp 85-98
GasENAN M.) Myth and the History of African Religion dans RANGER T.-O. et
M.-I.) The Historical Study of African Religion Londres Heinemann 1972 pp 50-70
GoRJU J.) Entre le Victoria Albert et Edouard Rennes 1920 372
GOTTBERG A.) Unyamwesi Quellensammlung und Geschichte Berlin est) Akademie Verlag
1971495p
GRANT J.-A.) travers Afrique trad fr. Paris 1873 309
GRAY J.-M.) The Riddle of Bigo Uganda Journal 1935 pp. 226-233
GRAY R. et BIRMINGHAM D.) Precolonial African Trade Essays on Trade in Central and Eas
tern Africa before 1900 Londres Oxford University Press 1970 308
HAUTMANN G.) Les Baziba dans leur histoire et dans leurs urs ms Arch Pères blancs Rome
193027
INCHAM K.) Some Aspects of the History of Western Uganda Uganda Journal 1957
pp 131-149
INGHAM K.) The Kingdom of Toro in Uganda Londres Methuen 1975 186
ISHUMI A.-G.) The Kingdom of Kiziba Cahiers Histoire mondiale 1971 pp 714-735
JOHNSTON The Uganda Protectorate vols Londres 1902 1018
KAGGWA A.) The Kings ofBuganda trad de.Kiwanuka S.) Nairobi East African Publishing
House 1971256p
KAMUGUNGUNU L. et KA AT A.-G.) Abagabe Ankole Kampala 1955
KARUGIRE S.-R.) History of the Kingdom ofNkore in Western Uganda to 1896 Oxford Cla
rendon Press 1971 291
KARUGIRE S.-R.) Political History of Uganda Nairobi Heinemann 1980 247

1374
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

KIWANUKA S.) History of Buganda from the Foundation of the Kingdom to 1900 Londres
Longman 1971 322
KIWANUKA S.) The Diplomacy of the Lost Counties and its Impact on Foreign Relations of
Buganda Bunyoro and the Rest of Uganda 1900-1969 Mawazo Kampala 1974
pp 111-141
Ki-ZERBO J.) Histoire de Afrique noire Paris Hatier 1972 702
K.-W WiNYi omukama of Bunyoro) The Kings of Bunyoro-Kitara Uganda Journal
1935 pp 155-160
LANNING E.-C.) Ancient Earthworks Western Uganda Uganda Journal 1953 pp
51-62
LANNING E.-C.) Masaka Hill An Ancient Center of Worship Uganda Journal 1954
pp 24-30
LANNING E.-C.) The Munsa Earthworks Uganda Journal 1955 pp 177-182
LANNING E.-C.) Correspondance the Identity of the Bachwezi Uganda Journal 1958
188
LANNING E.-C.) The Earthworks at Kibengo Mubende District Uganda Journal 1960
pp 183-196
LANNING E.-C.) Excavations at Mubende Hill Uganda Journal 1966 pp 153-163
LANNING E.-C.) Ntusi an Ancient Capital Site in Western Uganda Azania 1970 pp 30-54
LAPIOCHE J.-B.) Le Buhaya et son histoire ms Arch Pères blancs Rome 1938 35
LiNANT DE BELLEFONDS E.) Itinéraire et notes du voyage. la résidence de Mtesa
Uganda Bulletin de la Société khédiviale de Géographie Le Caire 18761 pp 1-104
LLOYD A.-B.) Uganda to Karthoum Life and Adventure on the Upper Nile Londres 1906
319p
LuKYN-WiLLiAMs F.) Myth Legend and Lore Uganda Uganda Journal 1946
pp 64-75
MATHEW(G.) Recent Discoveries in East African Archaeology Antiquity 1953 pp 214-217
MELDON J.-A.) NotesontheBahimaofAnkole Journal of the frican Society 1907 VI 22
pp 136-153
MoELLER A.) Les grandes lignes de migrations des Bantous de la Province orientale du Congo
belge Bruxelles 1936
MORRIS H.-F.) History ofAnkole Kampala East African Literature Bureau 1962 60
MORRIS H.-F.) Historic Sites in Ankole Uganda Journal 1956 pp 177-221
MORS 0.) Geschichte der Bahaya Ostafrika) microéd Anthropos St-Augustin 1957 207
cf Anthropos 1957 3-4 pp 616-622)
MuNGONYA Z.C.K.) The Bacwezi in Ankole Uganda Journal 1958 pp 18-21
MwoROHA E.) Peuples et rois de Afrique des lacs Dakar 1977 352
NDORICMPA L. et GUILLET C.) arbre-mémoire Traditions orales du Burundi Paris Kar-
thala 1984 251
NEWBURY C.) The Cohesion of Oppression Century ofClientship in Kinyaga Rwanda Ph
D. Madison 1975 480
NEWBURY D.) Bushi and the Historians Historiographical Themes in Eastern Kivu History
in Africa 1978 pp 131-151
NicoLET J.) Essai historique de ancien royaume du Kitara de Uganda Annali del ponti
cio museo missionario etnologico Le Vatican 1972 pp 165-222
NYAKATURA J.) Abakama ba Bunyoro-Kitara St-Justin Québec) 1947 trad éd par UZOIGWE
G.-N. The Anatomy an African Kingdom New York Anchor Press 1973 282
NYAKATURA J.) Aspects of Bunyoro Customs and Traditions Nairobi s.d. 167

1375
ESPACES POLITIQUES ET ESPACES MYTHIQUES

BERG K.) Le royaume des Ankole Ouganda dans FORTES M. et EVANS-PRITCHARD


E.) Systèmes politiques africains träd fr. Paris P.U.F. 1964 pp 107-140
OGOT B.-A. et RAN J.-A.) Zamani Survey East frican History Nairobi East African
Publishing House 1968 407
OLIVER R.) Question About the Bachwezi Uganda Journal 1953 pp 135-137
OLIVER R.) The Traditional Histories of Buganda Bunyoro and Nkole Journal of the Royal
Anthropological Institute 1955 pp 111-117
OLIVER R.) Ancient Capital Sites ofAnkole Uganda Journal 1959 pp 51-63
OLIVER R.) The Interior 1500-1840 dans OLIVER R. et MATHEW G.) History East
Africa Oxford Clarendon Press 1963 pp 169-211
OLIVER R.) Afrique orientale dans DESCHAMPS H. Histoire générale de Afrique noire
Paris P.U.F. 1970 pp 423-449
OLIVER R.) The East African Interior dans FAGE J.-D. et OLIVER R.) The Cambridge His
tory of Africa II Cambridge Cambridge University Press 1977 pp 621-669
PosNANSKY M.) Towards an Historical Geography of Uganda East African Geographical
Review 1963 pp 7-20
POSNANSKY M.) Kingship Archaeology and Historical Myth Uganda Journal 1966
pp 1-12
POSNANSKY M.) Bigo bya Mugenyi Uganda Journal 1969 pp 125-150
REHSE H.) Kiziba Land und Leute Stuttgart 1910 394
RICHTER F.) Der Bezirk Bukoba Mitteilungen aus den deutschen Schutzgebieten 1899
pp 67-105
ROBERTS A.) The Subimperialism of the Ba anda Journal of African History 1962
pp 435-450
RoDEGEM F.-M.) La motivation du culte initiatique au Burundi Anthropos 1971
pp 863-930
ROSCOE J.) The Bakitara ny oro Cambridge 1923 370
RoscoE The Banyankole Cambridge 1923 205
SCHMIDT P.) Historical Archaeology Structural Approach in an African Culture Westport
Conn.) Greenwood Press 1978 363
SCHUMACHER P.) Ruanda microed. Anthropos St-Augustin 1958 1300
SCHWEINFURTH G. et al. Emin Pasha in Central Africa Londres 1888 547
SHINNIE M.) Ancient African Kingdoms Londres Arnold 1965 126
SHINNLE P.) Excavations at Bigo 1957 Uganda Journal 1960 pp 16-28
SHORTER A.) Interlacustrine Chieftainship in Embryo Discussion of the Origins of Tradi
tional Political Institutions in Western Tanzania Tanzania Notes and Records 1973
pp 37-50
SMITH P.) Personnages de légende dans C.C.B La civilisation ancienne des peuples des
grands lacs Paris Karthala 1981 pp 244-253
SPEKE J.-H.) Les sources du Nil tr fr. Paris 1865 579
STANLEY H.-M.) Dans les ténèbres de Afrique tr fr. Paris 1890 II 484
STEINHART
Production
E.-L)
in Pré-Colonial
Herders andAfrica
Farmers
Berverly
dans
Hills
STEWARD
Sage 1981
C.-C.ppet 115-156
CRUMMEY D.) Modes of

STRUCK
Ethnologie Bemerkungen
1911 3-4 pp über
516-521
die Mbandwa des Zwischenseengebiets Zeitschrift für

STUHLMANN F.) Mit Emin Pascha ins Herz von Afrika Berlin 1894 902
TAYLOR The Western Lacustrine Bantu Londres International African Institute 1962
160

1376
J.-P CHR TIEN EMPIRE DES BACWEZI

THOMAS H.-B. et SCOTT R.) Uganda Londres 1935 559


TROWELL M.) Clues to African Tribal History Uganda Journal 1946 pp 54-63
TWADDLE M.) Towards an Early History of the East African Interior History Africa
1975 pp 147-184
VAN DER RGT J.-M.) Dictionnaire ran ais-kirundi Bois-le-Duc 1903 CXIX 648
VAN SAMBEEK J.) Croyances et coutumes des Baha Kabanga vols 1949-1950184 et 253
VANSINA J.) La légende du passé Traditions orales du Burundi Tervuren M.R.A.C. 1972
257p
VIDAL C.) De la contradiction sauvage Homme 1974 3-4 pp 5-58
VK A.) Beitrag zur Ethnologie des Zwischenseengebietes von Deutsch Ostafrika Zeitschrift
für Ethnologie 1911 3-4 pp 502-515
VON GoETZEN G.-A.) Durch Afrika von Ost nach West Berlin 1895 416
WAYLAND E.-J.) Preliminary Studies of the Tribes of Karamoja Journal of the Royal
Anthropological Institute 1931 pp 187-230
WAYLAND E.-J.) Notes on the Biggo bya Mugenyi Uganda Journal 1934 pp 25-27
WELBOURN F.-B.) Some Aspects of Kiganda Religion Uganda Journal 19622 pp 171-182
WEBSTER J.- Chronology Migration and Drought in Interlacustrine Africa Londres
Longman 1979 345
WERE G.) The Western Bantu Peoples from AD 1300 to 1800 dans OGOT B.-A. et KIER
J.-A.) Zaman Nairobi East African Publishing House 1968 pp 177-197
WRIGLEY C.) Some Thoughts About the Bachwezi Uganda Journal 1958 pp 11-17
WRIGLEY The Story of Rukidi Africa 1973 pp 219-235
ZuuRE Croyances et pratiques religieuses des Burundi Bruxelles 1929 208

1377

Vous aimerez peut-être aussi