FINANCES PUBLIQUES 2022-2023

Chapitre 1 : Conception et préparation du projet de loi de finances

Conformément aux dispositions de l’article 4 de la directive N° 05/97/CM/UEMOA, la Loi de
Finances de l’année prévoit et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et
des charges de l’Etat. La Loi de Finances, portant budget de l’Etat, étant un état prévisionnel
des ressources et des charges, son processus d’élaboration comporte plusieurs opérations qui
concourent toutes à assurer sa sincérité et à minimiser les écarts avec les réalisations. Le
caractère particulièrement important que revêt le budget incombe le respect de certaines
règles dont le but est de lutter contre la mauvaise gestion, le gaspillage et les détournements.

I- Les acteurs chargés de la conception et de la préparation de la loi de finances

En Côte d’Ivoire, la préparation du projet de Loi de Finances incombe au ministre chargé du
Budget et du Portefeuille de l’Etat par délégation du Président de la République qui, selon
l’article 50 de la constitution, « détermine et conduit la politique de la nation ». Dans la
pratique, ce rôle relève de la compétence des administrations financières et d’un comité
interministériel.
1- Les administrations financières
Préparation du projet de budget fait l’objet d’une série d’opérations successives. Dans ce
processus, une administration financière tient une place particulière : c’est la Direction
Générale du Budget et des Finances (DGBF) du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat.
Elle est chargée d’assurer trois fonctions principales que sont :
La fonction budget de l’Etat qui se rapporte :
 à la programmation pluriannuelle des ressources et des emplois ;
 au cadrage macro-financier des projets de lois de finances initiales et rectificatives ;
 à la préparation des lois de finances de l’année ;
 au suivi de l’exécution du budget ;
 à la reddition des comptes dans le cadre de la loi de règlement.
La fonction contrôle budgétaire, qui se rapporte :
 au contrôle financier et budgétaire des opérations de l’Etat et des établissements
publics nationaux ;
 au contrôle a posteriori de la gestion des Collectivités Décentralisées ;
La fonction évaluation des dépenses, qui se rapporte :
 au suivi de la réalisation effective des actions faisant l’objet d’inscriptions
budgétaires ;
 à l’appréciation des montants exécutés par rapport aux besoins réels ;

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 à l’analyse de l’efficacité des dépenses et leur impact sur les populations cibles.
Elle est aidée dans ses tâches par d’autres acteurs principaux que sont :

 le Ministère du Plan et du Développement (MPD), à travers la Direction Générale du

Plan et de la Lutte contre la Pauvreté (DGPLP) qui a en charge l’élaboration du
programme d’investissement publics (PIP) ;

 le Ministère de l’Economie et des finances (MEF), à travers la Direction Générale de

l’Economie (DGE) qui est chargé d’élaborer le cadrage macroéconomique, à moyen
terme, au moyen des prévisions établies par la direction de la conjoncture et des
prévisions économiques (DCPE) ;

 les autres Ministères et Institutions à travers les Responsables de la Fonction Financière

Ministérielle (RFFiM), les Responsables Programme (RProg) et les Responsables d’Unité
Opérationnelle (RUO). Ils ont en charge la préparation des Documents de
Programmation Pluriannuelle de Dépenses (DPPD), des Projets Annuels de Performance
(PAP) et participent à l’organisation des conférences budgétaires et des conférences
ministérielles.

 la Primature, à travers l’envoi de la lettre de cadrage macroéconomique et des

enveloppes budgétaires.

 et enfin le Gouvernement, à travers l’adoption du Document de Programmation

Budgétaire et Economique Pluriannuelle (DPBEP) ; l’examen et adoption de l’avant-
projet de Loi de Finances.
2- Le comité interministériel
Il désigne un regroupement de membres qui appartiennent tous à des corps d’inspection et de
contrôle des différents ministères. Il est chargé pour le compte du gouvernement d’auditer la
qualité des programmes du Budget de l’Etat au regard des prescriptions et principes de la Loi
des Finances.

II- Processus d’élaboration du projet de loi de finances

L’élaboration du projet de Loi de Finances repose sur une base juridique, à travers :
 la loi organique n°2013-336 du 05 juin 2014 relative aux Lois de Finances ;
 le décret n°2013-461 du 19 juin 2013 déterminant le processus du budget ;
 et l’instruction du Ministère auprès du Premier Ministre en charge du Budget et du
Portefeuille de l’Etat (MPMBPE) fixant le calendrier d’élaboration du Budget de
l’Etat.
Ainsi, selon cette disposition juridique, on distingue douze (12) étapes principales dans le
processus d’élaboration du projet de Loi de Finances ou projet de Budget de l’Etat de Côte
d’Ivoire.

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1- Elaboration du Programme d’Investissement Public (PIP)

C’est un document qui dit ce que l’État veut faire comme investissements; tels que les routes,
les écoles, les hôpitaux, les pompes villageoises etc., sur les trois années qui viennent. Il est
conçu par le Ministère du Plan et du Développement à travers la Direction Générale du Plan et
de la Lutte contre la Pauvreté (DGPLP), au plus tard mi-mars de l’année en cours.

2- Elaboration du cadrage macroéconomique

Elaboré au plus tard fin mars, le cadrage macroéconomique consiste, sur la base des
estimations macroéconomiques élaborées par la Direction Générale de l’Economie (DGE) en
relation avec l’Institut National de Statistique (INS), à formuler des hypothèses sur l’évolution
économique de l’année suivante et d’en déterminer les objectifs globaux à moyen terme. En
effet, les grandes tendances en matière de croissance économique sont ainsi élaborées à
travers l’évolution du secteur réel, de la demande intérieure, de la balance des paiements et
de la politique monétaire. Le taux de croissance économique fixé dans le cadrage
macroéconomique permet d’effectuer les prévisions de recettes fiscales qui seront par la suite
examinées avec les régies financières.

3- Elaboration du cadrage budgétaire

Elle répond à la création d’un tableau qui met face à face les ressources que l’État pourra avoir
et les dépenses que l’État prévoit faire l’année suivante. Il permet, sur la base du PIP et du
cadrage macroéconomique, de déterminer les crédits à allouer à chaque Institution, Ministère
et collectivité décentralisée. Egalement, Il vise à mettre en cohérence les engagements du
Gouvernement et les ressources mobilisables pour assurer leur réalisation. Il doit être élaboré
au plus tard fin-avril.

4- Elaboration du Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle

(DPBEP)
La DPBEP est un instrument de cadrage global des recettes et des dépenses sur une période
triennale glissante. Il sert au DOB (Débat sur les orientations Budgétaires) et encadre la
préparation de la loi de finance. Il doit être élaborer au plus tard mi-mai et être adopter en
conseil des Ministres au plus tard fin-mai.

5- La détermination des enveloppes budgétaires

Sur la base de tout ce qui précède, la Direction Générale du Budget et des Finances (DGBF), à
travers sa Direction des Politiques et Synthèses Budgétaires (DPSB), détermine par projections
les crédits affectés aux ministères et institutions de l’Etat par grandes masses de dépenses. Les

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crédits budgétaires sont alloués sur la base des niveaux de crédits accordés au cours de la
gestion précédente et des opérations nouvelles mises à leur charge par décision du Conseil des
Ministres. Cette étape doit être exécutée au plus tard dans la première semaine du mois de juin.
6- Envoi de la lettre de cadrage du Premier Ministre
Elle indique les orientations de l’action gouvernementale au titre de la gestion concernée et
communique les enveloppes budgétaires aux ministères, institutions et collectivités. Elle
rappelle également les grandes orientations de la politique budgétaire ainsi que les indicateurs
à retenir pour l’élaboration du budget de chaque administration. Elle est l’œuvre de la
Primature, à travers le Ministère auprès du Premier Ministre chargé du Budget et du
Portefeuille de l’Etat (MPMBPE).
C’est sur la base de cette lettre que, les responsables financiers de chaque structure de l’Etat
sont appelés à proposer des répartitions de crédits dans les limites de l’enveloppe globale
allouée. Cette opération doit être, également, exécutée au plus tard dans la première semaine
du mois de juin.

7- Elaboration des Documents de Programmation Pluriannuelle des dépenses (DPPD) et des

Projets Annuels de Performance (PAP)
Le DPPD est un document qui sert d’instrument de programmation budgétaire triennal glissant
et qui met en exergue la poursuite et l’atteinte des performances mesurables de l’action
publiques. L’acteur responsable du DPPD est le Responsable de la Fonction Financière
Ministérielle (RFFiM).
Le PAP est document qui définit la stratégie ; présente le budget et le cadre de performance du
programme. L’acteur responsable est le Responsable Programme (RProg).
Tous ces deux documents doivent être élaborés au plus tard fin-juin.

8- Les conférences budgétaires

Elles constituent à la fois un cadre de discussion et d’arbitrage dans le respect des orientations
données dans la lettre de cadrage du Premier Ministre. Elles visent à s’assurer que toutes les
unités administratives sont dotées. Elles offrent l’opportunité aux ministères dépensiers de
défendre les demandes complémentaires de crédits budgétaires suivant leurs priorités et la
répartition des enveloppes budgétaires allouées.
Elles ont lieu de mi-juillet à mi-août.
9- La conférence ministérielle
Elle représente l’ultime étape d’arbitrage qui va conduire à l’arrêt définitif des montants des
crédits budgétaires. En effet, les demandes complémentaires non satisfaites à l’issue des
arbitrages internes, mais présentant un intérêt stratégique, seront soumises à l’arbitrage du

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Ministre chargé du budget et du Patrimoine de l’Etat. Elle a à partir de la deuxième quinzaine

du mois d’août.

10- Adoption de l’avant-projet de loi de finances

A l’issue des conférences, le Ministre du Budget et du patrimoine de l’Etat dépose l’avant-projet
de budget au Secrétariat Général du Gouvernement pour examen en conseil des Ministres.
A cette occasion, le Gouvernement s’assure que l’avant-projet de la loi de finances respecte les
objectifs fondamentaux de la politique économique et qu’il intègre les priorités dégagées par
le Gouvernement. C’est à l’issue de cet examen que l’avant-projet de loi de finances est adopté
et devient projet de loi de finances, au plus tard la première quinzaine du mois de septembre.

11- Rédaction et finalisation des documents budgétaires

A l’issue de son adoption en conseil des ministres, les travaux de rédaction, de finalisation et
d’édition des différents documents de la loi de finances sont engagés, dans la deuxième
quinzaine du mois de septembre. Ces documents formant le projet de loi de finances sont : le
Budget de l’Etat, l’Annexe fiscale, le Rapport de présentation du Budget de l’Etat, l’Annexe 1
(Partie Comptable), l’Annexe 2a (commentaires des dépenses de fonctionnement et
d’équipement hors projets), l’Annexe 2b (commentaires des dépenses d’investissements sur
projets), le catalogue des mesures nouvelles, le Budget des EPN ; le Rapport Economique et
Financier, les lois de règlement accompagnées de leurs rapports de présentation.

12- Dépôt du projet de Loi de Finances au parlement

Le projet de budget validé est transmis au Parlement, au mois d’octobre conformément aux
dispositions de la nouvelle Constitution.

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