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La réforme budgétaire

et ses limites
presenté par ;
ACHRAF KANDIL
EL KATTI GHITA
ALEN NZUE MELLYNA Encadré par :
JERRY PROFESSEUR MOHAMED SBIHI
EL BOUGADRAOUI ZINEB
BAABA KAOUTAR
BEN HADDI KARIMA
Introduction
L’administration publique a connu des dysfonctionnements majeurs
en raison de son incapacité à relever les défis imposés par la
modernisation. Plusieurs pays dans le monde vont procéder à une
Réforme de leur administration. Le Maroc ne sera pas en reste et va
lancer un vaste programme de réforme à partir de 2001 dans le but de
substituer une logique des moyens à une gestion axée sur les résultats.
Le Maroc a pris conscience de son inefficacité bien avant, c’est à dire
dans les années 1900 c’est pourquoi il va s’engager sur un pacte de
bonne gestion en 1998. Ce pacte est porteur d'une vision moderne de
l’administration. En 2003, un programme d’appui à la réforme de
L’administration est mis en place par la Banque mondiale, la Banque
africaine de développement et l’Union européenne.
C’est un programme qui porte sur l'amélioration de l'efficacité des
ressources humaines et sur les réformes budgétaires. Ce sujet d’un
intérêt essentiellement didactique, en ce qu’il nous permet d’apprendre
davantage sur les améliorations effectuées au sein de l’administration
marocaine en général et celles concernant le domaine budgétaire en
particulier. Notre réflexion portera essentiellement sur les réformes
budgétaires introduites au Maroc par la Loi organique de finances de
2015.

C’est dans cette perspective que se situe notre problématique, qui se


formule comme suite : Quels sont les apports et les limites de la nouvelle
réforme en matière de bonne gouvernance budgétaire ?

Répondre à cette préoccupation revient à répartir notre réflexion en deux


parties : d'une part, les axes de la réforme et d'autre part les limites de
celle-ci.
Sommaire
INTRODUCTION

I. LES AXES DE LA RÉFORME

Section 1: LES PRINCIPAUX ASPECTS DE LA NOUVELLE RÉFORME

Section 2 : LE PILOTAGE ET LA GESTION DE LA RÉFORME

II. LES LIMITES DE LA RÉFORME

Section 1: LES FACTEURS CLES DE SUCCES

Section 2: LES OBSTACLES DE LA RÉFORME

CONCLUSION
Section 1: Les axes de la réforme

AXES
Gestion DE LA
Loi organique
intégrée des RÉFORME
dépenses

Déconcentration Programmation Contrôle de la Globalisation


budgétaire pluriannuelle performance des crédits
A. Programmation budgétaire triennale
a. Une programmation glissante actualisée

La programmation pluriannuelle telle que définie par la LOF est glissante


et actualisée chaque année. Ainsi, les données de la première année
correspondent à celles du projet de loi de finances de l’année concernée
(N) et les données afférentes aux deux années suivantes (N+1) et (N+2)
sont indicatives mais doivent être réalistes. Chaque année, cette
programmation est revue afin de tenir compte de l’information financière
existante notamment le changement de la conjoncture. Ainsi, l’année
(N+1) sera actualisée et une nouvelle année sera ajoutée.
La Programmation Budgétaire Triennale (PBT) se présente selon le
schéma suivant :
Schéma 1. La Programmation Budgétaire Triennale glissante
b. Les objectifs de la Programmation Budgétaire
Triennale

La programmation pluriannuelle, instituée par la LOF, est une démarche de


programmation triennale glissante qui permet de placer le pilotage des
finances publiques dans une perspective pluriannuelle en vue de :

● Garantir la soutenabilité budgétaire


● Accroître la responsabilisation des gestionnaires et leur offrir une
meilleure prévisibilité
● Donner plus de clarté au choix stratégique
c. Les phases et les étapes de la programmation

Phase de programmation et de Phase de Phase de préparation Phase de discussion


cadrage : concertation: des projets des et d’adoption du
● Préparation du cadre ● Présentation, budget annuels: budget:
macroéco et des orientations par le MEF, de la ● Préparation de la
générales pour trois ans. PBTG et PBT ● Examen et vote du
note d’orientation
● Circulaire d'orientation de agrégée au et des lettres de PLF.
Monsieur le Premier Ministre; Conseil de cadrage pour le
● Préparation des plafonds de Gouvernement PLF
dépenses par ministère et de la PBTG au ● Actualisation
Parlement indicative des deux
autres années. .

1ère phase 2ème phase 3ème phase 4ème phase


(Janvier (Mi-juillet – (Septembre – 20 (Octobre –
-Mi-juillet) Avant 31 juillet) octobre) décembre)
B. Qu’est ce que la "globalisation des crédits" ?

Article 17 bis du décret relatif à l’élaboration et à l’exécution des lois


de finances (décembre 2001)

Cet article dispose que le Ministre des Finances peut autoriser, par arrêté, les
ordonnateurs et sous-ordonnateurs à modifier en cours de gestion, sans autorisation
préalable du Ministère des Finances et du Contrôle, les dotations entre lignes d’un
même paragraphe d’un article de dépenses de matériel, de dépenses diverses…..

Certaines dépenses de fonctionnement sont toutefois exclues du champ de


l’autorisation pour éviter d’éventuels dérapages : véhicules, carburants,
communications, frais de réception, fluides, déplacements, fournitures et
rémunérations de personnels.
Structuration du budget par programmes

Nomenclature Nomenclature Nomenclature


actuelle programmation d'exécution

Titre Titre
Titre

Chapitre Chapitre Chapitre

Article Programme Programme

Paragraphe Région Région

Ligne Projet/Action Projet/Action

Ligne
Le passage de la lof 98 à la lof 2015
LOF 1998 LOF 2015

Définition de la loi La loi de finances prévoit, -La loi de finance détermine la nature, le
évalue, énonce et autorise montant et l’affectation de l’ensemble des
de finance pour chaque année ressources et des charges de l’état et l’
budgétaire, l’ensemble des équilibre budgétaire qui en résulte.
ressources et des charges
de l’état dans les limites -Elle tient compte de la conjoncture
d’un équilibre économique économique et sociale au moment de la
et financier qu’elle définit préparation et les objectifs et les résultats
des programmes déterminées.

-La loi de finance de l’année prévoit,


évalue énonce et autorise pour chaque
année budgétaire l’ensemble des
ressources et des charges de l’état par
référence à la programmation budgétaire
C. La déconcentration budgétaire
La déconcentration budgétaire

Introduction de la dimension régionale dans la présentation du budget à partir de 2006 à travers :

➔ La Mise en place d’accompagnement qui permet la création de l’institution de l’ordonnateur des


dépenses régionales
➔ La révision du décret relatif à la comptabilité publique de sorte à intégrer la nouvelle classe
d’ordonnateurs qui auront le même statut ques les comptables publics .
➔ La contractualisation des relations entre les administrations centrales et leurs services
déconcentrés se basant sur la conclusion des contrats d’objectif et de moyen

Ce nouveau mécanisme a rendu l’information disponible sur la ventilation des crédits du


budget général et a permis un assouplissement de la procédure de délégation des crédits
D. Mise en oeuvre du système de gestion intégrée
des dépenses GID
Constitue un traitement dans une chaîne intégrée de dépense de l’ensemble des opérations effectués
par le contrôleur, l’ordonnateur et le comptable qui doivent être consolidés puis analysées dans les
meilleurs délais.

-Ca permet d'accélérer et de fiabiliser les procédures budgétaires et comptables existantes et


constituent aussi des instruments clé de la réforme budgétaire de l’état .

Le système GID a pour objectif :

- Simplifier les circuits et les procédures d’exécution de la dépense

-Réduire les coûts et les délais de traitement des actes de la dépense, restituer en temps réel
les informations relatives aux rythmes d’exécution de la loi de finance et consolider le principe de la
déconcentration de la gestion de la dépense
Réforme du contrôle de la dépense publique
Phase du processus de contrôle :

Programmation de la dépense publique:

➔ Identification des besoins


➔ Evaluation des besoins
➔ Priorisation des besoins
➔ Programmation des besoins
➔ Inscription à la loi de finance

Les contrôles d’exécution à 2 niveaux:

Le contrôle de paiement: (Contrôler l’exactitude des calculs,de la liquidation, des dépenses et du caractère libératoire du règlement)

Le contrôle à posteriori : Ce sont des contrôles non systématique pour vérifier la régularité de la dépense voir sa performance effectués par
plusieurs acteurs notamment le parlement et qui s’appliquent à toutes les dépenses publiques (Fonctionnement/ IVT /Collectivité territoriales)

Le nouveau contrôle de la dépense repose sur deux actions principales :

-La mise en place d’un système allégé et modulé de la dépense (CMD) : Vise à alléger les contrôles au stade de l’engagement et du paiement, il a
donc pour ambition de promouvoir progressivement le rôle du gestionnaire dans la chaîne d’exécution de la dépense publique.

-La 2ème action est l’amélioration de la capacité de gestion à travers un diagnostic des moyens et des ressources des ordonnateurs et un plan
d’action pour les améliorer
Section 2: Le pilotage et gestion de la réforme

L’entrée en vigueur de la Réforme a été l’occasion de repenser en


profondeur la préparation administrative du budget. Elle s’est également
accompagnée d’une évolution du rôle des principaux acteurs du contrôle
et du pilotage des finances publiques de l’État. Ceci implique un grand
changement dans la façon de préparer et exécuter le budget.
Les niveaux du système pilotage de la réforme
budgétaire
La conduite de la loi organique relative à la loi de finances et son pilotage
impliquent un suivi efficace et une évaluation régulière afin de mesurer
périodiquement les avancées réalisées ainsi que les obstacles éventuels.
Cet objectif exige nécessairement des dispositifs de contrôle et d’évaluation
adaptés à cette finalité et qui doivent être appréhendés comme des
instruments de surveillance de la cohérence des actions et de l’avancée
coordonnée des ministères. Ainsi, pour suivre et évaluer la mise en œuvre de
la LOF de telle sorte à accélérer son déploiement et à apporter, le cas
échéant, les correctifs et améliorations nécessaires aux procédures de sa
mise en œuvre, un système de pilotage à plusieurs niveaux est mis en place :
NIVEAU NIVEAU MINISTÉRIEL NIVEAU OPÉRATIONNEL
INTERMINISTÉRIEL

• Un comité de pilotage • Un comité de pilotage • Unité administrative


stratégique interministériel stratégique ministériel , relevant de la Direction du
(composé des secrétaires présidé par le Secrétaire Budget NAJAA, chargée en
généraux des départements Général et constitué des concertation avec les
et présidé par le secrétaire directeurs centraux, au différentes directions du
général du MEF) qui assure niveau de chaque MEF du pilotage et de
la conduite stratégique de la département. l’animation de la réforme.
préfiguration.
• But: Équipe projet dédiée à
• But: Permettre une • But: Superviser la mise en la réforme au niveau de
meilleure coordination œuvre des axes de la chaque département
entre les différents préfiguration au niveau ministériel pour animer la
départements et une ministériel réforme au sein dudit
harmonisation de leurs département et assurer la
actions. communication autour de la
réforme.
Section 1: Les facteurs clés de succès

La réussite de cette réforme implique la réunion de trois facteurs clés de


succès, à savoir :

❖ L'ancrage du processus de pilotage concertée de la réforme avec


l’implication et la mobilisation des différents départements ministériels :
● Renforcement des capacités, de formations et de communication ;
● Mesures incitatives.
Facteurs clés de succès -2-

❖ L’amélioration continue des instruments de la performance et le


renforcement des capacités des organes d’audit :
● Elaboration de guides méthodologiques ;
● Choix d’indicateurs de qualité ;
● Développement de systèmes d’information pertinents ;
● Elaboration de rapports annuels de performance ;
● Appréciation de la qualité des procédures de gestion ;
● Gestion des ressources humaines sur la base du mérite et du rendement.
Facteurs clés de succès -3-

❖ Pérennisation de la réforme à travers la refonte de la loi organique des


finances :
● Consacre les principes de reddition des comptes et d’évaluation;
● Accompagne la mise en place d’autres stratégies nationales;
● Oriente la dynamique de développement vers la personne humaine et en
particulier les femmes et les enfants et modifie profondément les pratiques
et les comportements.
Section 2: Les limites de la réforme

le système budgétaire marocain s’est heurté à plusieurs difficultés dues


notamment a :
•L'échec de la loi organique précédente à fournir une référence légale pour la
réforme
•La faiblesse du système fiscal marocain (l'absence d'une véritable stratégie pour
améliorer les ressources fiscales et l'absence de mécanismes juridiques efficaces
pour réduire le phénomène de la fraude fiscale)
•Les larges pouvoirs du gouvernement dans la prise de décisions financières
•Le rôle de contrôle limité du Parlement
•La faiblesse de transparence budgétaire
•La faiblesse voire le manque de responsabilisation et de reddition des comptes
•Ces obstacles et d’autres influencent négativement la réforme budgétaire.
Donc, il était nécessaire de les écarter.
•Dans cette perspective, une nouvelle LOF marocaine a été promulguée en
2015 afin de poursuivre la série des réformes budgétaires engagées ces
dernières années et pour faire face aux contraintes citées antérieurement.
La nouvelle LOF marocaine, qui a entré en vigueur en 2015, vise à réaliser 3
objectifs stratégiques et apporte plusieurs nouveautés en matière de
modernisation budgétaire.
•Renforcement de la performance de la gestion publique
• renforcement de la transparence des finances publiques
• l’accroissement du rôle du parlement dans le débat budgétaire et dans le
contrôle des politiques publiques
•Toutefois, elle présente plusieurs faiblesses.
le mimétisme français
● Cette loi est caractérisée par le mimétisme français
on peut le constater sur 2 points essentiels
○ L’élaboration et la mise en œuvre de cette loi a était
accompagner par l’agence française d’expertise
technique internationale et ceci sans prendre en
comptes l’opinion des spécialistes et des chercheurs
marocains.
○ D’une autre part la LOF de 2015 est largement inspiré
de la LOF française de 2001
● Exemple : les articles 58 et 31 qui sont presque une
copie des articles 9 et 27 de la LOF française
respectivement
la favorisation des politique d’austérités

● On remarque que sur plusieurs articles de


la LOF qu’il y a des autorisations donné au
gouvernement pour mettre en place des
politiques d’austérités dans l’avenir sans
prise en compte des exigences socio-
économiques des citoyens.
● Exemple : les articles 20, 58 et 62
la prépondérance du pouvoir exécutif
sur le pouvoir législatif
● Le pouvoir exécutif reste toujours supérieur au pouvoir législatif
au niveau du processus budgétaire et donc le processus
décisionnel reste entre les mains du gouvernement
● On remarque aussi un déséquilibre entre les chambres du
parlement puisque la chambre des conseillers a un rôle presque
négligeable par rapport à la chambre des représentants pendant
la phase de vote.
● C’est un peu contradictoire puisque l’un des objectifs principaux
de la LOF est l’accroissement du rôle du parlement dans le
débat budgétaire et dans le contrôle des politiques publiques.
● Exemple : articles 26 et 56
Manque de sincérité et de transparence
● Cette LOF manque aussi de transparence et de sincérité
budgétaire ce défaut de transparence apparaît plus
particulièrement dans l’article 11 ou la LOF présente les
ressources de l’état qui devrait avoir un caractère permanant,
c’est-à-dire des ressources définitive ou ordinaires. Sauf qu’on
trouve le produit de cession meubles et immeubles (les recettes
de privatisation). Ces recettes-là ont un caractère exceptionnel et
non-durable.
● Cette action permet à l’état de gonfler les recettes ordinaires par
des ressources provisoires et donc réduire de façon fictive le
déficit budgétaire. C'est une violation du principe de sincérité et
transparence.
Conclusion

En fin on peut dire que cette réforme, n’est pas seulement une nouvelle
nomenclature budgétaire et de nouvelles règles d’exécution de la dépense.
Elle est aussi le levier d’une gestion plus efficace des moyens publics en
substituant une logique des objectifs à celle de la reconduction des moyens.
Elle est surtout un moyen de renforcer la transparence de la gestion
budgétaire et la portée de l’autorisation parlementaire. Ainsi L’analyse des
expériences internationales révèle que la réforme des finances publiques ne
doit pas être perçue en tant que simple changement technique du dispositif
budgétaire mais doit constituer un levier à la modernisation en profondeur de
l’Etat devant bénéficier pour la réussite de sa mise en œuvre d’une impulsion
politique forte et durable et d’un cadre de pilotage et de déploiement
mobilisant l’ensemble des composantes de l’Administration et des acteurs
concernés.
Bibliographie
● GUIDE DE LA PROGRAMMATION BUDGÉTAIRE TRIENNALE “ www.finances.gov.ma’’
● Avantages et opportunités de l'utilisation de la gestion axée sur les résultats direction
du budget Mohammed HADDAD
● Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit “PERFORMANCE-BASED
BUDGETIZATION IN MOROCCO: BALANCE SHEET AND OUTLOOK’’
● Revue Marocaine d’Audit et de Développement « La nouvelle Loi Organique Relative à la
Loi de Finances(LOF) Et la gouvernance financière publique au Maroc : une analyse
critique. » Rachid Amirou (2016)
● WAHBI R. & BENAZZOU L. (2019) « La réforme budgétaire à la lumière du nouveau
management public au Maroc : Quelles liaisons ?», Revue Internationale des Sciences
de Gestion
● BULLETIN OFFICIEL N° 6370 - 1 ramadan 1436 (18-6-2015) ; Dahir n° 1-15-62 du 14
chaabane 1436 (2 juin 2015) portant promulgation de la loi organique n° 130-13 relative à
la loi de finances.
● Genèse et évolution LOF- Loi Organique relative à la loi de finance :
http://lof.finances.gov.ma › lof › genèse
● Système de pilotage “www.lof.finances.gov.ma”
● https://revues.imist.ma/journal
● Revue du contrôle de la comptabilité et de l’audit : RCCA

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