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Le secteur le plus en vue durant cette année 2020 est, sans doute, celui de la santé, du fait de la pandémie de

Covid-19. Cette situation a montré toute l’importance de ce secteur dans la survie d’une nation. Toutefois, à
Mbour, le secteur de la santé est à l’agonie. Entre le manque d’infrastructures adéquates pour la prise en
charge des patients, l’insuffisance de lits d’hospitalisation, le niveau bas du plateau médical, le manque
d’ambulances médicalisées, entre autres, la santé est mal-en-point dans la Petite Côte.

Le département de Mbour est l’un des plus peuplés du Sénégal. Avec ses 800 000 habitants, il est le
troisième, en termes de démographie dans le pays, après Dakar et Touba. Mbour, la capitale
départementale, est également une ville-carrefour par laquelle on est obligé de passer pour rallier
Dakar, le centre ou le sud du pays. Ce qui rend très dense le trafic routier sur le plan du transport.

En outre, c’est le département hôte du seul aéroport international du pays sis à Diass, l’AIBD qui
mobilise des milliers de voyageurs, autochtones comme étrangers. Parmi les activités les plus
développées : le tourisme, sur toutes ses facettes. Avec l’activité touristique très développée dans
la zone, la station balnéaire de Saly Portudal draine des centaines de personnes, chaque week-end,
pour ses beaux et accueillants lieux de villégiature qui offrent aux étrangers et aux Sénégalais des
espaces de repos et de distraction pour leur épanouissement.

L’insuffisance de personnel qualifié

Malgré cette effervescence culturelle, économique et démographique, le département de Mbour ne


compte aucun hôpital de niveau 2. La plus grande structure sanitaire est l’hôpital de Grand Mbour
qui est le centre de référence de tout le département. Construit sur près de trois hectares,
l’établissement public de santé offre tous les services de santé répartis selon les différentes
spécialités du domaine.

En termes plus clairs, toutes les spécialités de la santé sont présentes dans l’hôpital. Mais en
nombre insuffisant. Pour une population de plus de 800 000 âmes, seuls un pédiatre, quatre
gynécologues, un chirurgien-dentiste, un urologue, un psychiatre, un dermatologue, un chirurgien-
viscéral, un cardiologue, un réanimateur-anesthésiste, un urgentiste, quatre généralistes, un
biologiste, un radiologue et un pharmacien sont en service dans cet hôpital de référence.

Des chiffres qui en disent long sur l’insuffisance du personnel qui voudrait voir les postes doublés
dans certaines spécialités. ‘’Par rapport au personnel, nous avons du personnel qualifié, mais
insuffisant au niveau des urgences de l’hôpital Grand Mbour. Ainsi, nous voulons avoir plus
d’infirmiers d’Etat, plus d’assistants infirmiers, parce que plus on en a et que c’est bien reparti,
plus le travail va vite et l’usager est soulagé le plus rapidement possible. De ce fait, la satisfaction
est au rendez-vous’’, indique le docteur Mahammar Koudouss Mama, Chef du Service d’accueil des
urgences de l’EPS de Mbour, qui estime qu’il est nécessaire, pour que le service puisse avancer
comme il faut, d’avoir un personnel médical (des médecins) et un personnel paramédical bien
formés, importants en quantité.

A l’en croire, un hôpital sans personnel médical et paramédical n’en est pas un. Pour lui, ‘’les
médecins sont le noyau des hôpitaux et je pense que tout le monde le sait. Et quand on enlève les
médecins d’un hôpital, on peut le fermer. Donc, il est important d’avoir des médecins qualifiés,
spécialisés dans toutes les structures hospitalières, principalement dans cette structure de Grand
Mbour où les médecins sont là, mais en nombre insuffisant, parce qu’un médecin spécialiste dans
son domaine pour huit cent mille habitants, ce n’est pas possible’’, fait savoir le Dr Koudouss.

Il ajoute : ‘’N’oubliez pas que le médecin, aussi, n’est qu’un humain. Et si jamais il tombe malade,
il faut quelqu’un pour le remplacer au moins. Il faut doubler tous les postes spécialistes. Toutes les
spécialités, normalement, doivent être doublées. C’est hyper important et c’est le minimum, afin
que les choses se fassent de façon beaucoup plus huilée’’, réclame-t-il.

Avec ses 33 postes de santé, le district sanitaire également souffre

Pour le district sanitaire, la même remarque est faite au niveau des postes et cases de santé. Le
chef du district sanitaire, Docteur Fatma Fall : ‘’Au niveau des postes de santé, nous avons des
sages-femmes, des infirmières d’État, des assistants infirmiers dans certains postes, mais nous avons
actuellement trois postes qui ne sont pas doublés : le poste de santé de Falokh-Mbour, le poste de
santé de Roff et le poste de santé de Gandigal. D’ailleurs, le maire de Sindia nous a promis de
recruter incessamment une sage-femme. Donc, on peut dire que sur les 33 postes de santé que
compte le district, il n’y en a que deux qui n’ont pas de sage-femme’’, renseigne le Dr Fatma, qui
n’est plus à la tête du district (la collecte pour cet article a été faite il y a quelques semaines).

Au niveau même du district, un autre problème vient s’ajouter à l’insuffisance du personnel. C’est
celui de leur prise en charge. En effet, le docteur Fatma Fall explique : ‘’Pour le personnel, une
partie est prise en charge par l’État, une autre partie par les collectivités territoriales et une
dernière partie par les comités de développement sanitaire dont les sources proviennent des tickets
que les populations achètent.’’

A Louly Béntégné, nous avons trouvé Georgette Rebeiz Balacoune, Infirmière-Chef de poste (ICP).
Elle raconte que le même problème d’insuffisance du personnel existe chez elle. ‘’Le poste de
santé dispose d’une seule sage-femme qui est payée par la mairie de Sandiara. Le reste du
personnel, composé de sept agents, est pris en charge par les recettes issues des prestations. Pour
la rémunération du personnel communautaire, si vous n’avez pas assez de ressources, vous
rencontrez d’énormes difficultés pour les rémunérer’’, explique Mme Balacoune.

Par rapport à la prise en charge des malades, à l’hôpital de Grand-Mbour, il y a 150 lits disponibles
dont un seul lit chaud pour une population de 800 000 habitants, et dans le district sanitaire, dont
la base est au dispensaire de Téfess, on compte 16 lits d’hospitalisation pour une population de 438
595 habitants. Ce poste de santé dispose de sept lits dont quatre à la maternité et trois en
médecine pour une population de 8 281 habitants provenant des cinq villages polarisés par le poste :
Louly Bentégné, Louly Mbafaye, Mbourokh, Nianiar et Louly Sindiane.

Un département sans ambulance médicalisée

D’autre part, le problème commun à ces structures sanitaires du département de Mbour demeure le
manque d’ambulance médicalisée. Cette situation est déplorée de tous les bords. Selon Georgette
Rebeiz, ‘’ce qui nous empêche de mener convenablement notre mission, d’abord, il y a les charges
du personnel et surtout le manque d’ambulance. Si la mairie de Sandiara pouvait recruter quelques
personnels communautaires, ça nous aiderait beaucoup’’. Enfonçant le clou, elle poursuit : ‘’En
plus, nous référons nos malades dans des ‘taxis-clando’. Mais pour certains cas de référence, on est
obligé d’emprunter l’ambulance du poste de Sandiara’’, se désole l’ICP.

A l’hôpital de Grand-Mbour, le mal est encore plus profond. La population est beaucoup plus
importante. L’EPS est beaucoup plus sollicité. Mais pas l’ombre d’une ambulance médicalisée. C’est
ce que déplore le Dr Khoudouss qui estime qu’il n’est pas concevable qu’un hôpital d’une aussi
grande importance ne puisse être doté d’une ambulance médicalisée. ‘’Imaginez un hôpital qui a ce
taux de lits aussi important (150), n’a même pas une ambulance médicalisée pour pouvoir évacuer
correctement les malades vers les autres structures. Ça, c’est un grand problème’’, révèle-t-il.

Avant de poursuivre : ‘’Un grand problème difficile à comprendre est qu’au moment où vous
imaginez qu’il y a des postes de santé qui ont des ambulances médicalisées, l’hôpital de Mbour, qui
est censé être le centre de référence de ces postes santé, n’a pas d’ambulance médicalisée. Cela
pose un réel problème. C’est une inégalité dans le système de santé’’, dénonce le chef du service
d’urgence de l’hôpital. Dans ce cadre, il interpelle les Mbourois et autres bonnes volontés à venir en
aide à cet hôpital pour l’obtention d’une ambulance médicalisée. ‘’Je pense que toutes les bonnes
volontés de la ville de Mbour et toutes les sociétés installées un peu partout sur l’espace
géographique du département et même aux alentours doivent participer à l’achat ou même
octroyer à l’hôpital de Mbour une ambulance digne de ce nom, au moins une, pour ne pas dire
deux’’, plaide le docteur Mahammar Khoudouss Mama.

IDRISSA AMINATA NIANG

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