Les EHPAD

Document 1
Personnel plus qualifié, contrôles renforcés… Les pistes pour réformer les Ehpad
Par Marie-Cécile Renault Publié le 27/02/2022 - Le Figaro
La Cour des comptes plaide pour des structures plus médicalisées, mais aussi pour mettre fin à leur
financement par les départements.

En plein scandale Orpea déclenché par le livre Les Fossoyeurs , et alors que deux autres groupes d’Ehpad
privés - Korian et Domus Vi - s’attendent à être attaqués dans le numéro de «Cash Investigation» diffusé
mardi prochain, la Cour des comptes publie ce lundi un rapport concluant à la nécessité de construire un
nouveau modèle. «C’est l’ensemble du modèle économique du secteur qui doit être rénové, afin de gagner
en efficience», a déclaré mercredi son premier président, Pierre Moscovici, auditionné au Sénat. Il avait
commandé ce rapport il y a plus d’un an dans la perspective de la loi grand âge, abandonnée depuis.
Aujourd’hui, les Ehpad accueillent 600.000 résidents, soit 15% des plus de 80 ans. Mais, avec l’allongement
de l’espérance de vie, les résidents sont de plus en plus dépendants et atteints de nombreuses pathologies:
si 42% d’entre eux étaient atteints de la maladie d’Alzheimer en 2015, 57% souffrent désormais d’une
maladie neurodégénérative. Face à cette vulnérabilité accrue des résidents, le volume global d’argent
public consacré aux soins et à la dépendance a progressé de 30% entre 2011 et 2019, près de trois fois plus
vite que le PIB, pour atteindre 11,24 milliards d’euros en 2019, souligne la cour. Malgré cet effort financier,
la prise en charge médicale des résidents reste insuffisante.

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 En premier lieu, parce que les Ehpad sont confrontés à une pénurie de personnel qualifié. Malgré les
revalorisations salariales du «Ségur de la santé», les établissements peinent à recruter et enregistrent un
taux d’absentéisme de 10%. Résultat, «il n’est pas rare que des personnes occupent des fonctions sans la
qualification requise», que le temps pour les toilettes soit réduit, et que des couchers aient lieu
«excessivement tôt» - parfois dès 16 heures à l’Ehpad du centre hospitalier de Gournay-en-Bray (Seine-
Maritime), relève la Cour. Les Ehpad font aussi trop peu appel aux ergothérapeutes, psychomotriciens et
psychologues, pourtant essentiels pour les résidents atteints de troubles cognitifs. Outre la quantité, la
qualité peut aussi être renforcée, selon les magistrats financiers, en améliorant les conditions de travail, la
répartition des tâches et en renforçant la formation, en particulier des aides-soignants.
Autre limite: les Ehpad font trop peu de prévention, par exemple sur les soins bucco-dentaires, la
dépression ou le risque suicidaire. Ils ne parviennent pas à réduire la surconsommation médicamenteuse,
en particulier de psychotropes. Dans une petite structure comme l’Ehpad d’Ablis (Yvelines), en juillet 2019,
«34 des 38 patients présents recevaient plus de dix médicaments par jour», relève la cour. Quant aux
activités d’animation, qui participent à la stimulation des résidents, elles sont peu dynamiques, trop
souvent cantonnées à la lecture de journaux, quelques séances de gymnastique douce, de zoothérapie ou
musicothérapie. «Ce manque de diversité dans les activités proposées tient à l’absence d’une véritable
réflexion sur le projet d’animation, ou encore à une insuffisance de moyens ou d’effectifs dédiés», regrette
la cour.

«Disparité excessive»
Ces difficultés tiennent aussi à la très grande complexité du financement des Ehpad, avec trois payeurs
différents: l’Assurance-maladie finance les soins, les départements la dépendance, les résidents
l’hébergement. En outre, la valeur des points «GIR», qui détermine le degré de dépendance et le niveau de
financement, varie fortement d’un département à l’autre: de 6,20 euros dans les Alpes-Maritimes, il atteint
9,47 euros en Corse et 11,80 euros en Guyane, pour une moyenne nationale à 7,34 euros en 2021. «Ces
écarts introduisent une disparité excessive dans les ressources allouées aux Ehpad, selon leur département
d’implantation, impliquant une iniquité des conditions de prise en charge», affirme la cour. Elle
recommande de fusionner les sections soins et dépendance, sous l’égide unique des agences régionales de
santé (ARS), ce qui revient à retirer le financement de la dépendance aux départements.

Enfin, la cour plaide pour un renforcement des contrôles dans les Ehpad, dont les résultats devront être
rendus publics. La cour veut notamment pouvoir contrôler les recettes d’hébergement, à la charge des
résidents. «Sont-elles affectées à l’amélioration des conditions de vie des personnes âgées, à
l’investissement, à la mise en réserve en vue de distribuer des dividendes?», s’est interrogé Pierre
Moscovici, lors de son audition. «Nous ne le savons pas et nous n’avons pas les moyens de le savoir», a-t-il
déploré, exprimant «le vœu que le législateur puisse faire évoluer rapidement le champ de compétences»
de la cour et des chambres régionales des comptes sur ce point.

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 Document 2
Ehpad: des «bonnes pratiques» chez nos voisins européens
Par Keren Lentschner Publié le 08/03/2022 dans Le Figaro
DÉCRYPTAGE - Plusieurs pays européens font figure de modèles en matière de contrôles et de transparence
dans leurs Ehpad.
• En Allemagne, plus de contrôles inopinés
Outre-Rhin, où plus d’un tiers de la population aura plus de 60 ans en 2030, les établissements sont
contrôlés au moins une fois par an - sans préavis - par deux institutions différentes (Service médical de
l’Assurance-maladie ; Administration publique de contrôle des établissements, régie par les Länder). Les
comptes rendus de ces audits sont accessibles au public. Par ailleurs, toute personne souhaitant signaler
un événement suspicieux peut contacter l’autorité locale dont dépend l’établissement en cause. Un
contrôle est alors effectué. Si des défaillances graves sont constatées, l’institution doit présenter des
mesures concrètes pour y remédier. D’autres vérifications inopinées peuvent ensuite intervenir pour veiller
à la mise en œuvre de ces mesures.
• En Irlande, une autorité indépendante pour encadrer les Ehpad
Chaque année, en Irlande, un audit des Ehpad est réalisé et rendu public. Un gage de transparence à l’égard
des familles et un moyen pour les aider à faire leur choix. «Cela fonctionne comme un “tripadviser” des
Ehpad», résume un acteur du secteur. Cet audit est réalisé par un organisme indépendant, le HIQA (Health
Information and Quality Authority), responsable du contrôle des Ehpad.
Il a été créé en 2007 afin d’améliorer la qualité et la sécurité des établissements de soins. Les critères passés
au crible concernent aussi bien le respect de l’intimité des résidents lorsqu’ils partagent leur chambre, les
activités organisées, la formation du personnel que la surveillance des infections par les soignants.

• Aux Pays-Bas, plus de moyens pour la dépendance

Le gouvernement néerlandais a mis en place deux systèmes de contrôle externe pour encadrer ses Ehpad:
l’Inspection sanitaire effectue des visites (annoncées et inopinées) et veille au respect de la réglementation
en matière de soins. Un autre organisme («zorgkantoren») vérifie, lui, que l’argent public est bien utilisé
pour financer des soins de bonne qualité. Les Pays-Bas se distinguent aussi par les moyens plus importants
dédiés à la dépendance.
Chez Korian, la dotation moyenne reçue pour les soins et la dépendance est de 200 euros par jour et par
résident, contre 60 euros en France. «Si on finance mieux les Ehpad, on réduit le nombre de passages aux
urgences et en gériatrie», commente Nicolas Merigot, directeur général de Korian France.

• Au Danemark, plus de transparence

La majorité des Ehpad sont publics au Danemark où, comme dans la plupart des pays scandinaves, la priorité
est donnée au maintien à domicile. La réforme du système de santé, qui a eu lieu au début des années
2000, a conduit à une plus grande décentralisation, y compris des contrôles. Transparence oblige, la

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 population a accès, via un site internet, à la liste des établissements, avec leurs caractéristiques (locaux,
personnel…). Les rapports d’inspection, menés par les municipalités, sont également accessibles au public.

Document 3
Orpea : il faut contrôler le siège des groupes d'Ehpad, estime l'auteur des Fossoyeurs
Par Le Figaro avec AFP Publié le 15/03/2022
Victor Castanet, l'auteur du livre-enquête Les Fossoyeurs qui met en lumière des dysfonctionnements au
sein d'Orpea, a estimé mardi 15 mars devant des sénateurs qu'il fallait contrôler le siège des grands groupes
d'Ehpad pour s'assurer de leur bon fonctionnement. «Il faut surtout des gens formés et des gens qui
contrôlent au bon endroit, notamment au siège», a plaidé le journaliste lors d'une audition à la commission
des affaires sociales du Sénat.
Les grands groupes mettent en place «des pratiques financières et comptables, il faut des gens qui soient
formés» dans ces domaines pour mener les inspections, a-t-il estimé. Or, les inspecteurs des Agences
régionales de santé (ARS), chargés d'effectuer les contrôles, ont une «expertise médicale» et en «droit du
travail», selon lui. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que 150 agents supplémentaires seront
recrutés dans les ARS pour contrôler d'ici deux ans l'ensemble des 7500 Ehpad de France. «Est-ce la
solution» pour détecter et empêcher les abus dans le secteur ? «J'en doute», a répondu Victor Castanet.
«Ça fait des années que ces grands groupes ont tout centralisé», a-t-il indiqué, soulignant qu'il faut
«contrôler le siège».
Des «faits graves» soulevés
Rationnement de nourriture, de soins, de personnels: dans son livre-enquête, le journaliste décrit un
système mis en place par les dirigeants d'Orpea pour maximiser les profits de l'entreprise au détriment du
bien-être des personnes âgées qui résident dans les Ehpad du groupe. Après la publication de cet ouvrage
explosif, le gouvernement a ouvert une double enquête administrative sur le groupe Orpea, confiée aux
inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF).

«La mission Igas/IGF a bien achevé son travail et soulevé des faits graves, sur lesquels le groupe Orpea, qui
a accusé réception du rapport, doit désormais répondre», ont indiqué mardi dans une note à la presse les
services de la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon. La finalisation du rapport
«n'interviendra pas avant la semaine prochaine, afin de permettre une phase contradictoire avec Orpea».
Lorsque le gouvernement recevra le rapport finalisé, il «proposera le cas échéant des suites
juridictionnelles, financières ou administratives», ont ajouté les services de la ministre.

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 SYNTHÈSE DE DOCUMENTS
Vous ferez une synthèse des documents proposés, en 220 mots environ (fourchette
acceptable : de 200 à 240 mots).
Pour cela, vous dégagerez les idées et les informations essentielles qu'ils contiennent, vous
les regrouperez et les classerez en fonction du thème commun à tous ces documents, et
vous les présenterez avec vos propres mots, sous forme d'un nouveau texte suivi et
cohérent. Vous pourrez donner un titre à votre synthèse.
Attention :

▪ Vous devez rédiger un texte unique en suivant un ordre qui vous est propre, et en
évitant si possible de mettre deux résumés bout à bout ;
▪ Vous ne devez pas introduire d'autres idées ou informations que celles qui se
trouvent dans le document, ni faire de commentaires personnels ;
▪ Vous pouvez bien entendu réutiliser les « mots clefs» des documents, mais non des
phrases ou des passages entiers

ESSAI ARGUMENTE
Fille d’une personne âgée de 94 ans, vous avez décidé de la prendre en charge chez vous. Suite à
la publication du livre de Victor Castanet, Les fossoyeurs, vous êtes horrifiée par les images et les
témoignages de familles, d’employés d’EHPAD, des images qui montrent la réalité crue de la prise
en charge de nos aînés en France.
Dans le cadre du forum d’une revue spécialisée, vous souhaitez apporter votre témoignage,
expliquer votre décision et surtout proposer des solutions pour les familles qui, contrairement à
vous, n’ont pas la possibilité de recevoir leurs parents. Vous partagerez vos espoirs pour les années
à venir.
Vous proposerez un texte argumenté et structuré, adapté aux exigences de l’énoncé, en 250 mots
minimum.

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