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96e ANNEE - N° 5186 ·7 NOVEMBRE

HEBDOMADAIRE JUDICIAIRE EDITEURS:


Edmond Picard Charles Van Reepinghen MAISON FERD. LARCIER S.A.
1881-1899 1944-1966
Rue des Minimes, 39
Léon Hennebicq Jean Dai
1900-1940 1966-1981 1000 BRUXELLES

tion tacite des mentions qu'elle


contient?
2) lorsque la créance dont fait état la
inopposabilité des exceptions facture est transmise, par exemple,
à une société de factoring, le
à lendossataire de la facture débiteur n'assume-t-il pas, dans
certaines circonstances, une obliga-
par suite u silence prolongé du ébiteur(*} tion de protestation accrue à égard r
du cessionnaire ?
Par ailleurs, de lege ferenda, le
1. - POSITION PROBLEME pelons simplement un principe : en principe de l'inopposabilité des excep-
matière d'endossement de la facture, le tions à r endossataire après r écoule-
Un commerçant cède à une société r
débiteur peut opposer à endossataire ment d'un certain délai ne devrait-il pas
de factoring des factures sur un de ses les exceptions nées, avant que lendos- être consacré par une disposition légale,
débiteurs contre paiement des sommes sement ne lui soit opposable, de ses d'après laquelle lacceptation sans ré-
déterminées par le contrat de factoring. relations juridiques avec lendosseur (2). serve de la facture, par le débiteur,
Peu de temps après, le commerçant L'objet de notre étude se limitera à aurait pour conséquence de rendre les
tombe en faillite. Le factor exerce son l'examen d'un problème bien défini qui exceptions inopposables ?
recours contre le débiteur et se voit se pose parfois au bénéficiaire de Sans avoir la prétention d'apporter
opposer une exception telle que l'endossement lorsqu'un débiteur lui des solutions complètes et péremptoi-
rexception d'inexécution, susceptible oppose une exception : le débiteur, res aux problèmes posés, nous nous
de faire complètement obstacle au avisé du transfert de la créance, ne proposons d'ébaucher un modeste es-
recouvrement de la créance. doit-il pas faire part à bref délai des sai de systématisation de la question.
Une telle hypothèse se réalise fré- e_xceptions qui affectent la créance ? A
quemment dans la pratique et sa défaut de le faire, ne renonce-t-if pas
survenance peut entraver sérieusement tacitement à opposer ces exceptions ?
le bon fonctionnement du factoring. En Il. - ETAT DE LA QUESTION
Cette question inclut deux problè- EN DROIT BELGE
outre, le problème ne concerne pas mes, qu'il convient de distinguer :
seulement les sociétés de factoring, il
1) dans les relations contractuelles
préoccupe aussi tous les organismes de
normales, le silence prolongé d'une 1. - Principes
crédit qui utilisent le mécanisme de
des parties à la réception d'une
l'endossement de la facture.
facture n' entraîne-t-il pas r accepta- A. - Effets juridiques du silence
La survenance de la situation que
nous venons de décrire peut susciter de prolongé du débiteur
dence {1969-1975) », R.C.J.B., 1976, pp. 426 et après la réception de la facture (3)
multiples questions d'ordre juridique. s.; voy. aussi l'important arrêt de la Cour de
Une analyse exhaustive de ces différen- cassation du 13 sept. 1973, Pas., 1974, 1, 31; a) Le débiteur est commerçant.
tes questions appellerait une étude R.C.J.B., 1974, p. 352 et note M.L. Stengers; F.
Glansdorff, note sous Cass., 17 févr. 1972, J. T., Afin de garantir la sécurité qui doit
approfondie de r opposabilité des
1973, p. 585. gouverner les transactions commercia-
exceptions en matière de transfert de
(2) Voy. Bruxelles, 2° ch., 24 févr. 1977, les, le commerçant a lobligation de
créances. Pareille analyse sortirait de Rhodius Devillé c. Eurofactor, inédit. Un récent protester, dans un bref délai, contre une
notre champ d'investigation ( 1). Rap- jugement du tribunal de commerce de Bruxelles
(24 avril 1980, J.C.B., 1981, n° 1, pp. 7 à 12)
facture inexacte (4).
rappelle que : « Attendu que la loi sur lendosse- Son silence constitue une présomp-
{*) Le présent article est la version remaniée ment de la facture n'a nullement voulu conférer
d'un rapport présenté lors d'une réunion organi- tion réfragable de lacceptation de la
un caractère abstrait à l'obligation du débiteur
sée par le Centre de droit des obligations à de la facture endossée; que les travaux prépara- facture (5).
l'U.C.L., le 31 mars 1981, au sujet de la toires de la loi du 31 mars 1958 montrent En principe, la facture acquiert une
transmission des obligations dans le factoring. clairement que la réforme proposée ne tendait
Nous remercions les participants à la réunion de
force probante particulière uniquement
" en aucune manière à créer un nouveau droit
leurs interventions grâce auxquelles nous avons cambiaire ni un nouveau document à ordre " lorsqu'elle se rapporte à un contrat de
pu compléter utilement ce rapport. Le compte {rapport de la commission spéciale de la vente. La doctrine et la jurisprudence
rendu de cette réunion est paru dans une des Chambre, sess. 1954-1955, doc. 239-4, p. 3,
récentes livraisons du Journal des Tribunaux (26 rapport de la commission de la justice du Sénat,
sept. 1981, p. 525). Par ailleurs, le procès-verbal (3) Nous nous limiterons, dans l'exposé des
sess. 1957-1958, doc. 149, pp. 7-8); qu'il en
de la réunion est disponible au Centre de droit principes, à l'hypothèse dans laquelle la livraison
résulte qu'en cette matière, la règle de l'inoppo-
des obligations à Louvain-la-Neuve. de la marchandise est concomitante à la
sabilité des exceptions ne peut être invoquée
réception de la facture.
(1) Voy. sur ce sujet, Centre de droit des par l'endossataire contre le débiteur; que les
obligations, La transmission des obligations, défendeurs sont donc recevables à soulever à (4) Voy. A. Cloquet, La facture, n°s 441 et s.;
1980, et plus spéc. P. Van Ommeslaghe,- «La légard de la demanderesse des exceptions n°s 586 et S.
transmission des obligations en droit positif tirées du contrat d'entreprise ayant lié les (5) Voy. pour plus de nuances, A. Cloquet,
belge», n°s 19 et s.; L. Simont et J. De Gavre, parties et qui existaient au moment de lendos- op. cit., p. 184, n° 459; J. Van Ryn, Principes de
« Les contrats spéciaux. Examen de jurispru- sement». droit commercial, t. 11, 1957, p. 255, n° 1259.
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actuelles considèrent cependant que ce de la marchandise. le silence du débi- en fait - le débiteur cédé devra
régime juridique peut être étendu aux teur pendant plus d'un mois entraîne, à informer rendossataire de ses objec-
autres contrats commerciaux (6). notre avis, une présomption réfragable tions même si lendosseur les connais-
d'acceptation de la marchandise (10). sait au moment de lendossement, voire
le délai normal pour faire valoir les
objections est fonction du temps né- même s'il avait déjà, avant l'endosse-
d) Disposition contractuelle.
cessaire pour vérifier si les marchandi- ment, protesté contre la facture auprès
les parties peuvent convenir que les de lendosseur. Cette obligation d'infor-
ses et les clauses de la facture sont réclamations devront être introduites
conformes au contrat (7). Ainsi, en mation à légard de lendossataire sera
dans un délai qu'elles déterminent. notamment présente lorsque le débiteur
matière de construction, il serait aber-
rant de limiter à 15 jours le délai de Un tel délai peut être prévu dans les cédé sait ou doit savoir que le fournis-
réclamation du maître de louvrage. les conditions générales; ce délai liera alors seur n'a pas pu ou n'a pas voulu avertir
malfaçons peuvent parfois apparaître le cocontractant qui a marqué son le factor des exceptions qui affectent la
plusieurs années après la réception de la consentement sur ces conditions géné- créance décrite dans la facture. ·
facture et I' agréation des travaux. Mais rales ( 11 ). les effets du manquement à Parmi les indices destinés à vérifier la
il en va tout autrement si la vente porte cette obligation contractuelle ne se présence de l'obligation d'information
sur des biens de consommation directe, situent plus sur le plan de la preuve; en prédécrite, on peut citer les éléments de
par exemple la vente de sucre . ou effet, le non-respect du délai entraîne fait suivants :
d' oeufs à un pâtissier (8). une véritable déchéance du droit d'in-
- renvoi par lendossataire au débi-
voquer les exceptions.
b} le débiteur n'est pas commerçant. teur cédé, en même temps que la
facture, d'une lettre lui signalant
En principe, le silence prolongé du B. - Obligation de protestation qu'à défaut de communication des
débiteur ne constitue pas une présomp- incombant au débiteur cédé réserves éventuelles dans les 8
tion d'acceptation de la facture. Pareille à /'égard de r endossataire jours, il considère la facture comme
présomption n'est établie que lorsque, de la facture (12) acceptée;
eu égard aux circonstances, aucune
autre signification ne peut lui être lorsque le transfert de la créance lui - les lettres de rappel et de mise en
attribuée (9). est opposable, le débiteur cédé a demeure émanant de r endossataire;
lobligation, en vertu des principes la faillite de r endosseur peu de
c} Disposition particulière relative aux énoncés dans le paragraphe précédent, temps après lendossement. En pa-
biens de consommation. de faire valoir ses réclamations à len- reille circonstance, il y a plus de
la loi du 25 octobre 1919, traitant dossataire, dans un bref délai. chances que la société faillie n'ait
notamment de l'agréation et de l'exper- Cette obligation de protestation r
pas informé endossataire des dif-
tise des fournitures faites directement à est-elle plus impérieuse à /'égard de férentes contestations relatives aux
la consommation, prévoit en son article r
/'endossataire qu'à égard du fournis- créances cédées;
18, que : « les marchandises et pro- seur ? On pourrait le penser, puisque le cas où les créances sont réguliè-
duits ouvrés livrés par les détaillants et r endossataire ignore en fait les rapports rement cédées au même organisme
les industriels fournissant directement à juridiques qui ont donné lieu à la facture de crédit - on pense au factoring
la consommation, sont censés agréés endossée. - créant ainsi un réseau de rela-
si, dans un délai d'un mois à partir de la tions triangulaires permanent. On
livraison, il n'a été ni présenté d'obser- Mais d'autre part, comme l'affirme la
peut concevoir qu'en raison des
vations par écrit, ni réclamé d'expertise. Cour de cassation dans un arrêt du 14
contacts réguliers, entre le factor et
février 1924 (13), «la cession de créance
» le délai est interrompu s'il est le débiteur cédé, ce dernier doive,
ne peut nuire au débiteur, ni aggraver sa
procédé à des réfections ou à des en certaines hypothèses, informer le
position».
réparations, mais recommence à courir factor des exceptions qu'il pourrait
après que ces réparations ou réfections En outre, lobligation d'informer len- faire valoir envers son créancier.
ont été faites ». dossataire des liens juridiques sous-
jacents n'incombe-t-elle pas essentiel- Conformément aux principes, obli-r
Cette disposition, souvent oubliée, gation de protestation sera plus impé-
lement, en vertu du contrat de cession
vise essentiellement les non-commer- rieuse lorsque le débiteur est commer-
çants. Elle ne concerne que I' agréation
r
de créance, à endosseur lui-même ?
çant.
A notre avis, d'une manière générale,
la transmission de la créance ne modifie Quel est le fondement juridique de.
(6) Comm. Malines, 14 févr. 1973, J.C.B., en rien lobligation du débiteur cédé de cette obligation d'information ?
1974, p. 19; A. Claquet, op. cit., p. 186, n°s 466
et s. (selon cet auteur, les effets de la force faire connaître ses réserves ou refus. On peut considérer que le cession-
probante attribuée à la facture sont différents Cette obligation résulte du contrat naire, reprenant les droits et obligations
selon que la facture se rapporte à un contrat de passé entre le débiteur et ladhérent et
vente ou à un autre contrat); L. Fredericq, du cédant, devient le nouveau parte-
de lenvoi de la facture au débiteur. naire contractuel du débiteur cédé.
Handboek van Belgisch handelsrecht, 1976,
p. 253, n° 220; J. Van Ryn, foc. cit. Cependant, dans certains cas déter- Celui-ci doit, en vertu de l'exécution de
(7) Voy. A. Claquet, op. cit., n°s 586 et s.; minés - il s'agit là d'une appréciation bonne foi des conventions prescrite par
voy. sur l'acceptation des conditions générales larticle 1134, alinéa 3 du Code civil,
de vente, M. Bosmans, «Chronique de jurispru-
dence. Les conditions générales en matière (10) Le terme «censés agréés» semble indi- r
collaborer à exécution du contrat,
contractuelle, 1975-1979 », J.T., 1981, p. 19, quer, en effet, l'établissement d'une présomp- notamment en fournissant à son nou-
notamm. n°s 11 à 14. tion. veau contractant toutes les informa-
(8) Voy. sur cette question, l'abondante juris- (11) Voy. sur cette question, A. Claquet, op. tions nécessaires.
prudence citée par A. Claquet, op. cit., pp. 218 cit., p. 200; M. Bosmans, foc. cit.
et 219. (12) Voy. à ce sujet, A. Zenner, Le cadre Dans une autre interprétation, I' obli-
(9) Voy. H. De Page, Traité élémentaire de juridique du factoring, Centre d'études bancai- gation d'information du débiteur cédé à
droit civil, t. Il, n°s 544 à 546; M. Bosmans, foc. res et financières, mai 1972, pp. 50 et s.; H. légard de r endossataire résiderait dans
cit.; A. Claquet, op. cit., n°s 454 et s.; L. Braeckmans, Factoring, een juridisehe analyse,
pp. 107 à 113. larticle 1382 · du Code civil. Cette
Fredericq, op. cit., 1976, p. 251; P. Van Om-
meslaghe, « Les obligations. Examen de juris- (13) Pas., 1, 202, cité par P. Van Ommeslaghe, analyse est en tout cas applicable
prudence (1968-1973) », n° 132, R.C.J.B., 1975, « La transmission des obligations en droit positif lorsque le débiteur et lendosseur
p. 726. belge», op. cit., p. 100, n° 20. n'étaient pas liés par un contrat, par
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exemple en cas de cession de fausses ses réserves de toute urgence, et au soulever cette exception plus tôt, car le
factures à r endossataire. Si le débiteur plus tard, dans les 8 jours. contrat fixait au 15 août la date
mentionné sur la fausse facture reçoit Le débiteur cédé, assigné en paie- d'achèvement des travaux. Cependant,
une demande de paiement de la part de ment du montant de ces factures, fait on ne trouve, sur la facture, aucune
lendossataire concernant une facture valoir r exception d'inexécution. Le fac- mention relative à cette date d' achève-
n'a jamais reçue, il doit en avertir tor réplique que le silence prolongé du ment. Par ailleurs, la faillite de lentre-
lendossataire. En n'informant pas celui- débiteur cédé constitue une accepta- preneur est déclarée un peu plus d'un
ci, il n'agit pas selon le comportement tion tacite de la facture. mois avant léchéance de la facture.
d'un homme avisé placé dans les Le tribunal a considéré que le débi-
mêmes circonstances; il commet ainsi Le juge de paix considéra que la
présence .sur la facture d'une clause teur cédé, par son silence prolongé,
une faute quasi délictuelle. La sanction avait accepté la facture. Par ce fait, le
pourrait alors consister dans la dé- invitant à communiquer au vendeur les
éventuelles réserves au plus tard dans défendeur en avait aussi accepté les
chéance du droit d'invoquer les excep-
les 8 jours, rendait plus impérieuse termes qu'il considérait comme exacts,
tions (14).
encore lobligation incombant au débi- à savoir que les travaux étaient exécu-
teur de protester contre la facture à bref tés et bien exécutés et qu'ils devaient
2. - Quelques applications délai. r
être payés à échéance'.
jurisprudentielles Le juge poursuivit : « Même si ce délai En acceptant une facture anticipa-
de 8 jours ne peut être de stricte tive, poursuivit le tribunal, le débiteur a
Une remarque préalable s'impose : interprétation, puisqu'il est unilatéral, donc pris un risque puisqu'il consentait
les décisions produites ne constituent encore faut-il admettre, de bon sens, à payer des fournitures oui n'avaient
pas nécessairement un échantillon re- qu'il ne peut raisonnablement dépasser pas été livrées.
présentatif de la jurisprudence exis- un mois (Claquet, id., n° 5 586_ et 591) ». En étudiant cette décision, on cons-
tante. Les conclusions que l'on pourra tate, à la décharge du débiteur, qu'il lui
On peut également déduire du juge-
en tirer devront donc -être utilisées avec était impossible de faire valoir une
prudence et réserve. ment qu'une obJjgation équivalente de
---=(j=
notification des exceptions, incombe au quelconque exception d'inexécution à la
débiteur cédé à l'égard du cessionnaire, réception de la facture; en outre, le
A. - Le juge âe paix d'Etterbeek eut cédant savait qu'il s'agissait d'une
lorsque la cession est rendue opposa-
récemment à connaître de espèce r ble. facture anticipative et c'était à ce
suivante (15). dernier qu'il incombait de signaler cet
Le juge, constatant que le défendeur élément à lorganisme de crédit. Mais, le
Une société, après avoir cédé un
n'offrait aucun élément susceptible de débiteur devait savoir, en l'espèce, que
ensemble de factures à ùne soéiété de
renverser la présomption d'acceptation l'organisme de crédit n'avait pas été
factoring, tombe en faillite. Les factures
tacite, fit donc droit à la demande du informé de la nature anticipative de la
invitaient le destinataire à communiquer
factor. facture; en effet, la facture ne mention-
nait pas la date d'achèvement des
(14) Voy. pour plus de précisions à cet égard, B. - Un jugement du 24 février 1979 travaux; au surplus, la banque envoya
P. Van Ommeslaghe, « Rechtsverwerking en du tribunal de commerce de Liège traite de nombreuses demandes de paiement
afstand van recht », T.P.R., 1980, pp. 755 et d'une hypothèse similaire ( 16 ).
756, pp. 778 et 779. qui aboutirent à une sorte d' acquiesce-
Plusieurs participants à la réunion du 31 mars La facture avait été, cette fois, ment de la part du débiteur, à savoir le
1981 ont émis l'idée, fort attrayante, de baser endossée au bénéfice d'une banque; il paiement du prix dans sa majeure
robligation d'information sur la théorie de la s'agissait en outre d'une facture anti- partie; enfin, la faillite de l'endosseur
rechtsverwerking. Dans leur récente chronique cipative. Les faits de la cause peuvent laissait entrevoir des problèmes d' exé-
de jurisprudence relative au droit des obliga-
tions, MM. Dirix et Van Oevelen définissent le être résumés comme suit. Une facture cution dont le débiteur devait alors
concept en ces termes: «Men spreekt van est émise le 30 avril 1975 pour un informer lendossataire.
rechtsverwerking wanneer iemand door toe- ensemble de travaux et de fournitures
doen van zijn eigen gedragingen een recht dont le prix était de 1.228;065 F. La C. - Le jugement rendu le 30 janvier
geheel en gedeeltelijk verliest omdat het verder 1980 par le tribunal de Bruxelles con-
facture vient à échéance le 30 juin. Le 5
uitoefenen ervan strijdig is met de voorheen
ingenomen houding » (E. Dirix et A. Van Oeve- mai, la Société générale de banque, cerne les obligations d'un débiteur non-
len, « Verbintenissenrecht, gerechtelijke jaren , endossataire de la facture, avise le commerçant ( 17).
1978-1979 en 1979-1980», R.W., 1980-1981, r
défendeur, débiteur cédé, de en,dosse-
Une entreprise avait effectué d'im-
col. 2441). ment par lettre recommandée, et si-
Ce concept de droit allemand, introduit
gnale qu'elle considère le défendeur portants travaux pour une institution
depuis plusieurs années aux Pays-Bas, fut universitaire. L'entrepreneur avait en-
étudié lors d'une récente réunion annuelle de comme d'accord sur le montant et la
date d'échéance, à défaut d'avis con- dossé certaines factures auprès d'une
I' Association pour létude comparative du droit
belge et néerlandais (voy. les rapports de P. Van société de factoring; les factures furent
traire de sa part dans les 8 jours.
Ommeslaghe et H.A.M. Aaftink, publiés dans le adressées à l'institution universitaire de
T.P.R., 1980, pp. 735 et s.). La majorité des la banque envoie plusieurs lettres de à décembre 1977. Le 14 décembre
participants à cette réunion étaient favorables à rappel au débiteur cédé, dont la der- 1977, le factor fit parvenir un récapitu-
l'introduction de ce concept en droit belge (voy. nière, très menaçante, le 11 juillet.
E. Dirix et A. Van Oevelen, foc. cit.). Ce concept, latif des factures impayées. Le 31
qui n'a pas encore pénétré dans la jurispru-
Toutes ces missives restent sans ré- janvier 1978 seulement, l'université fit
dence, a fait lobjet de plusieurs développe- ponse. valoir des réserves.
ments en doctrine (voy. les réf. citées par E. Dirix
Le 25 juillet, le débiteur verse à la Le juge, soulignant notamment qu'il
et A. Van Oevelen, foc. cit.).
On pourrait concevoir que la rechtsverwer- banque la somme de 1.000.000 F. s'agissait d'un contrat en cours d' exé-
king constitue le fondement juridique de l'obli- Le 31 juillet, le débiteur fait valoir cution, décida que « la réclamation du
gation de protestation dans le chef du débiteur,
à condition d'admettre qu·en négligeant d'infor- rexception d'inexécution pour se sous- 31 janvier 1978 ne saurait être considé-
mer r endossataire et qu'en ne faisant valoir ses traire au paiement du solde; le débiteur rée comme constituant une protesta-
exceptions qu'après plusieurs mois, il exerce affirme avoir été dans l'impossibilité de tion faite en temps utile contre la lettre
son droit de manière inconciliable avec son
comportement antérieur.
(15) J.P. Etterbeek, 5 févr. 1979, J. T., 1980, (16) Société générale de banque c. Poncin, 5° ( 17) S.a. Heller factoring c. Vrije Universiteit
p. 248. ch., R.G., n° 648/76, inédit. BrusseJ, 3° ch., R.G., n° 91742, inédit.
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du 14 décembre 1977 antérieure de 6 que celui-ci juge nécessaires à la institué par lordonnance n° 67-838 du
semaines ». défense de ses intérêts, tant à r égard 28 septembre 1967 portant réforme du
C'est principalement le fait du cédant que du débiteur de la créance crédit aux entreprises (22).
s'agissait d'un contrat en cours d' exé- cédée».
Ce procédé, rappelons-le, offre
cution qui a permis au juge de déduire l'avantage suivant : si le débiteur n'a
qu'il s'agissait d'un silence circonstan- pas fait valoir, comme il lui fut notifié
cié. 3. - Conclusions lors de renvoi de la facture, ses
Nous croyons devoir souligner ici que réserves et refus dans un délai de 15
la constatation d'un silence circonstan- Les décisions produites, il faut s'en jours, la facture est élevée au rang des
cié nécessite une analyse appronfondie réjouir, ne laissent pas sans effet le effets de commerce; les exceptions que
des faits de la cause. Des raisons silence prolongé du débiteur, à la le débiteur aurait pu faire valoir, devien-
multiples (maladie, vacances, réticence réception de la facture. nent alors inopposables au possesseur
à manier la plume, lenteurs administra- La première d'entre elles prend en de la facture.
tives ... ) peuvent justifier ce silence. considération la présence d'une clause On sait que ce procédé, trop parfait
On peut se demander si, dans la sur la facture du cédant ou d'une lettre pour les uns (23), trop lourd pour
r
présente espèce, absence de protesta- émanant du cessionnaire spécifiant que d'autres (24), n'a pas rencontré le
tion pendant un délai de 6 semaines de le débiteur est considéré avoir marqué succès escompté. La loi 81-1 du 2
la part d'une université, sujette aux son accord sur les différents éléments janvier 1981 a d'ailleurs fait disparaître
lenteurs administratives, constituait de la facture, à défaut d'avis contraire cette institution de larsenal législatif
réellement un silence qui n'était suscep- de sa part dans les 8 jours. français (25).
tible d'aucune autre signification que La seconde décision évoquée retient,
l'acceptation de la facture. dans certaines circonstances détermi- B. - La loi précitée du 2 janvier 1981,
En fait, une lecture attentive du r
nées, obligation de protestation du visant à faciliter le crédit aux entrepri-
débiteur cédé à l'égard de l'endossa- ses, institue un mode de transfert de
jugement incite à croire que d'autres
taire lorsque, de commun accord entre créance assez similaire à r endossement
facteurs ont déterminé la décision du
juge. Celui-ci relève notamment que rendosseur et le débiteur cédé, une de la facture (26).
l'université n'a établi ni la véracité de facture anticipative a été dressée. La loi prévoit en son article 6 : « Sur la
ses réserves, ni l'impossibilité pour elle La troisième décision reconnaît des demande du bénéficiaire du bordereau,
de faire valoir ses réserves plus rapide- effets juridiques au silence prolongé du le débiteur peut s'engager à le payer
ment. débiteur non-commerçant. directement; cet engagement est cons-
taté, à peine de nullité, par un écrit
N'est-ce donc pas la négligence ou la La dernière décision souligne la ratio intitulé : " acte d'acceptation de la
mauvaise foi du débiteur, dont le silence de cette obligation d'information: per- cession ou du nantissement d'une
prolongé ne constitue qu'un élément, r
mettre à endossataire de prendre les créance professionnelle ".
qui fut déterminante en l'espèce ? mesures adéquates à la défense. de ses
intérêts. » Dans ce cas, le débiteur ne peut
D. - Quelques autres décisions opposer à létablissement de crédit les
Répétons cependant qu'il serait faux
abordent le problème étudié ( 18). Un
de considérer que le simple silence du
récent jugement du tribunal de com- (22) Pour un commentaire de cette ordon-
débiteur pendant plus d'un mois lui nance, on consultera avec intérêt, M. Vasseur,
merce de Bruxelles (19), sans présenter
interdirait d'opposer les exceptions au « Modes nouveaux de cession et de nantisse-
des caractéristiques originales au niveau ment de créance en droit bancaire », Rev.
factor. La présomption d'acceptation
des faits (20), énonce de manière claire Banqu~ 1970, p.355.
que crée le silence du débiteur reste
et concise le principe qu'il applique à (23) Voy. l'exposé des motifs de la proposi-
réfragable (21 ). Ainsi, le laps de temps
l'hypothèse litigieuse : « Si le débiteur tion de loi tendant à faciliter le crédit aux
nécessaire pour déceler les défauts des
de la créance cédée peut opposer à entreprises, Sénat, n° 205, seconde session
travaux et fournitures est essentielle- ordinaire de 1979-1980, annexe au P.V. de la
lendossataire les exceptions qu'il aurait
ment variable; le délai d'un mois prévu séance du 11 avril 1980, p. 4.
pu opposer au cédant, encore doit-il le
pour faire valoir ses réserves peut, dans (24) Voy. M. Vasseur, note sub Cass., 1er juill.
faire en temps opportun pour permettre
certaines circonstances, être réellement 1976, Dalloz, 1977, jur., p. 417.
à l'endossataire de prendre les mesures
insuffisant. (25) J.O., 2 janv. 1981, p. 150.
(26) On prévoit cependant la possibilité de
transmettre un ensemble de créances par la
(18) Voy. Civ. Bruxelles, 6° ch., 22 mai 1969,
seule remise d'un bordereau. D'autre part, ce
causes jointes : 1) la s.a, Les assurances du
Ill. - LE PROBLEME mode de transfert n'est valable qu'entre profes-
crédit c. Radiodiffusion-télévision belge, R.G.,
sionnels.
n° 66375; 2) radiodiffusion-télévision belge c. « DE LEGE FERENDA » Les factors français, consultés sur la proposi-
société coopérative Eurocinélabo, R.G.,
tion de loi instituant cette nouvelle technique de
n° 68018; 3) radiodiffusion-télévision belge c.
Est-il possible d'améliorer le régime transfert de créances, ont reproché à cette
Poncelet, en sa qualité de curateur de la faillite
belge actuel de l'endossement de la technique un certain formalisme qu'ils ne ren-
de la société coopérative Eurocinélabo, R.G., n°
contrent pas dans la subrogation. Ainsi, la
66379, cité et commenté par A. Zenner, foc. cit., facture en ce qui concerne I' opposabi-
prescription par la proposition de loi d'une
et par H. Braeckmans, foc. cit. Selon cette lité des exceptions ? notification par lettre recommandée semble être
décision, le débiteur qui sait que son fournisseur
Pour répondre à cette question, il un des obstacles majeurs à ladoption de ce
endosse régulièrement les créances dans son
nouveau mécanisme par les sociétés de facto-
chef auprès d'un organisme de crédit, doit ·nous a paru opportun d'évoquer au ring. A la suite de cette réaction des factors, la
avertir l'organisme endossataire des saisies- préalable les solutions proposées par le proposition de loi a été modifiée et la loi prévoit
arrêts pratiquées dans son chef par les créan- droit français. que les formes de la notification seront détermi-
ciers du fournisseur. Comm. Bruxelles, 24 avril
nées par décret, le but de cette modification
1980, foc. cit.
étant de permettre l'organisation de formes plus.
(19) Comm. Bruxelles, 14° ch., 30 mars 1981, 1. - Le droit français simples et moins coûteuses, en particulier pour
s.a. International factors Belgium c. P. Dubois, r affacturage.
R.G., n° 3147/80. A. - On connaît le régime des Voy. pour un commentaire de cette loi, C.
(20) Le défendeur n'avait donné aucune suite factures transmissibles et protestables Gavalda, « La cession et le nantissement à un
aux multiples rappels et mises en demeure banquier des créances professionnelles (loi
émanant du factor et dont les dates d'envoi n° 81-1 du 2 janv. 1981) »,Dalloz, 1981, chron.,
s'échelonnaient du 2 oct. 1979 au 20 févr. 1980. (21) Voy. A. Cloquet, op. cit., pp. 184 et s. XXIX, p. 199.
653

exceptions fondées sur ses rapports


personnels avec le signataire du borde-
reau, à moins que létablissement de
crédit, en acquérant ou en recevant la
créance, n'ait agi sciemment au détri- Cass. ch.), l8 1981 spéc. al.1er, C. jud.); qu'il s'ensuit que le
consentement des parents de l'adopté exigé
ment du débiteur ». par l'article 348, § 1er du Code civil, qui est
Prés.: chevalier de Schaetzen, prés. de sect.
Rapp. : Mme Raymond-Decharneux, cons. d'ordre public (art. 6 et 1131, C. civ.) et
Min. publ. : M. Charles, pr. av. gén. constitue une condition nécessaire à
2. - Une réforme législative Plaid.: MMes L. Simont et Van Ommeslaghe. l'homologation de l'adoption (art. 350 et
s'impose-t-elle en Belgique ? 353, spéc. § 1er, C. civ.) devant persister
(D ... P ... M .. c. D ... P ... C. .. J jusqu'à ce que celle-ci devienne définitive,
peut valablement être retiré- pendant la
Si, soit par l'acceptation de la cession procédure d'homologation, tant en pre-
par le débiteur, soit par l'obligation pour ADOPTION. - HOMOLOGATION. mière instance que devant le juge d'appel
ce dernier de formuler ses réserves dans CONSENTEMENT DES PARENTS. saisi au fond de l'ensemble du litige (art.
un délai déterminé, le législateur veut Rétractation après la décision d'homologa- 1068, C. jud.); que, dès lors, en confirmant
tion du premier juge. - Confirmation de la le jugement d'homologation en refusant
rendre inopposables au cessionnaire de
décision d'homologation. - Légalité. - d'avoir égard au retrait du consentement
la facture, les exceptions fondées sur Conditions. - JUSTES MOTIFS. - Retrait de la demanderesse, au motif que ce retrait
ses rapports personnels avec le cédant, du consentement, à prendre en considération était intervenu en degré d'appel et que le
il doit prévoir certaines formalités desti- pour l'appréciation des justes motifs. législateur n'a pas entendu que le consen-
nées à protéger le débiteur; c'est la tement des parents de l'adopté doive être
conclusion que lon peut tirer de cette maintenu au-delà du jugement d'homologa-
brève étude du droit français. Lorsque le consentement du père et de la tion jusqu'à l'expiration des voies de
mère, ou de l'un d'eux, requis par l'article recours, l'arrêt viole toutes les dispositions
En ce qui concerne le factoring, ces 348 du Code civil pour l'adoption d'un légales visées au moyen et spécialement les
formalités alourdiraient sans doute le enfant mineur, a été donné valablement et articles 348, § 1er, 350, 352, § 2, 353, § 1er,
fonctionnement des services rendus. dans les formes- prévues par l'article 349, __z.&4-dû. éode civil, 1068, alinéa 1er, et 1397
' alinéa 3 du même Code, le juge peut du Code judiciaire :
D'autre part, l'inopposabilité des excep-
légalement, même si la personne qui a ainsi
tions risque surtout d'indisposer cer- donné son consentement l'a ultérieurement Attendu que, lorsque le consentement du
tains débiteurs qui refuseront parfois de rétracté, homologuer l'adoption. père et de la mère, ou de l'un d'eux, requis
traiter avec un fournisseur qui endosse par l'article 348 du Code civil pour l'adop-
Toutefois le juge, qui doit en vertu de la loi tion d'un enfant mineur, a été donné
ses factures auprès d'un établissement tenir compte de tous les intérêts légitimes valablement et dans les formes prévues par
de crédit. pour apprécier si l'adoption est fondée sur de l'article 349, alinéa 3 du même Code, le
justes motifs, ne peut exclure de cette juge peut légalement, même si la personne
En matière d'exception d'inexécution,
appréciation la circonstance que le consente- qui a ainsi donné son consentement
le régime juridique actuel offre, on l'a ment a été retiré. l'a ultérieurement rétracté, homologuer
vu, des solutions raisonnables et équili-
En écartant cette circonstance au seul l'adoption;
brées. Sa modification, certes, peut être motif qu'elle s'est produite après la décision
envisagée, mais elle ne nous paraît pas Que toutefois le juge, qui doit en vertu de
d'homologation du premier juge, l'arrêt ne la loi tenir compte de tous les intérêts
impérieuse. justifie pas légalement sa décision.
Denis PHILIPPE. légitimes pour apprécier si l'adoption est
fondée sur de justes motifs, ne peut exclure
Ouï Mme le conseiller Raymond-Dechar- de cette appréciation la circonstance que le
neux en son rapport et sur les conclusions consentement a été retiré;
Maison FERDINAND lARCIER, S.A.
EDITEURS
de M. Charles, premier avocat général; Qu'en écartant cette circonstance au
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 6 juin 1980 seul motif qu'elle s'est produite après la
RUE DES MINIMES, 39 1000 BRUXELLES décision d'homologation du premier juge,
C.C.P. 000-0042375-83 - Téléphone: (02) 512.47.12 par la cour d'appel de Mons, chambre de la
jeunesse; l'arrêt ne justifie pas légalement sa déci-
sion;
VIENT DE PARAITRE
Sur le moyen pris de la violation des
articles 6, 348, spécialement alinéa 1er, Qu'à cet égard, le moyen est fondé;
PRECIS DE LA FACULTE DE DROIT 349, 350, 351, 353, 354, 355, 1131 du Code
DE L'UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN civil, 1068, 1397 du Code judiciaire et 97 de Par ces motifs :
la Constitution,
en ce que l'arrêt décide que le retrait par LA CouR,
la demanderesse de son consentement à Casse l'arrêt attaqué.
l'adoption de sa fille par la défenderesse,
intervenu devant la cour d'appel, n'est pas
PAR de nature à faire obstacle à ladite adoption,
Pierre DENIS
aux motifs «que l'adoption en procédure
Professeur à 18 Faculté de droit
ordinaire, comme en l'espèce, est un con-
de /'Université catholique de Louvain trat, que le consentement des parents doit
subsister jusqu'à la fin de la procédure,
TROISIEME EDITION qu'il faut entendre par là jusqu'à la fin de
(sur feuillets mobiles) la procédure d'adoption proprement dite Cass. , 2 avril
c'est-à-dire jusqu'à l'homologation; que
rien ne permet de considérer que le législa- Prés. : chevalier de Schaetzen, prés. de sect.
teur a entendu que le consentement devait Rapp. : chevalier de Schaetzen.
/Mise à jour au 1er juillet 1981 1 être maintenu jusqu'à l'expiration des Min. publ.: M. Velu, av. gén.
voies de recours », Plaid. : MM es Van Ryn et van Hecke.
Le volume (12 x 17 cm) 1977, +mises
jour de 1978, 1979, 1980 et 1981
à}
····· 3.950 FB
alors que, d'une part, l'homologation (X c. D ... M. .. )
d'un acte d'adoption ne peut sortir d'effet
Mise à jour 1981 uniquement ....................... 837 FB que lorsqu'elle est prononcée par une
décision qui n'est plus susceptible d'appel DROIT INTERNATIONAL PRIVE. - Or-
Pour souscrire et recevoir soit l'ouvrage mis à jour, soit la mise ou de pourvoi en cassation (art. 354, spéc. dre public international belge. - Notion. -
à jour seule, il suffit d'en virer le prix au C.C.P. al. 3, C. civ.) lesquels sont au demeurant Article 171 du Code civil français. - MA-
n° 000-0042375-83 de la Maison Larcier, en indiquant au talon
« Droit de la sécurité sociale », ou « Mise à jour 1981 du Précis suspensifs (art. 1397, C. jud. et 352, § 2, RIAGE POSTHUME. -Disposition qui n'est
de droit de la sécurité sociale ». al. 3, C. civ.); que d'autre part, l'appel saisit pas contraire à l'ordre public international
du fond du litige le juge d'appel (art. 1068, belge.
654

I. - Une loi d'ordre public interne n'est le mariage doit être défini comme l'union conséquent, à son fils légitime du droit de
d'ordre public international que si, par les d'un homme et d'une femme qui consen- se prévaloir de l'article 1382 du Code civil,
dispositions de cette loi, le législateur a tent, l'un et l'autre, au moment de la n'est pas destructif de l'ordre social et,
entendu consacrer un principe qu'il con- célébration du mariage à partager leur vie, partant, de l'ordre public international
sidère comme essentiel à l'ordre moral, en sorte que l'existence des conjoints est, belge lequel requiert la protection des
politique ou économique établi en Belgique et contrairement à ce qu'affirme l'arrêt, une intérêts légitimes de ces deux personnes»;
qui, pour ce motif, doit nécessairement exigence commune aux deux époux; qu'en
Attendu qu'une loi d'ordre public interne
exclure l'application en Belgique de toute décidant qu'aucune disposition légale en
n'est d'ordre public international que si,
règle contraire ou différente d'un droit Belgique n'interdit de reconnaître le ma-
par les dispositions de cette loi, le législa -
étranger. Le juge ne doit vérifier la compati- riage d'une femme belge avec un défunt,
teur a entendu consacrer un principe qu'il
bilité avec l'ordre public international que l'arrêt viole toutes les dispositions légales
considère comme essentiel à l'ordre moral;
des seuls effets juridiques susceptibles d'être visées au moyen;
politique ou économique établi en Belgique
produits par la règle du droit étranger seconde· branche, les dispositions légales et qui, pour ce motif, doit nécessairement
déclarée applicable. visées au moyen et plus particulièrement exclure l'application en Belgique de toute
II. - Est légalement justifié l'arrêt qui les articles 144 et 146 du Code civil, en règle contraire ou différente d'un droit
constate que l'effet résultant de l'article 171 faisant de l'existence des deux conjoints au étranger;
du Code civil français, à savoir la reconnais- moment de la célébration du mariage, un
Attendu que le juge ne doit vérifier la
sance à une veuve, et par conséquent, à son élément essentiel à la validité de celui-ci,
compatibilité avec l'ordre public interna-
fils légitime, du droit de se prévaloir de sont des dispositions qui fixent, dans le
tional que des seuls effets juridiques sus-
l'article 1382 du Code civil n'est pas destruc- droit privé, les bases juridiques sur lesquel-
ceptibles d'être produits par la règle du
tif de l'ordre social et, partant, de l'ordre les repose l'ordre moral de la société, en
droit étranger déclarée applicable;
public international belge lequel requiert la sorte que la loi étrangère, qui admet le
protection des intérêts légitimes de ces deux mariage posthume, s'écarte du droit belge Attendu que, par les énonciations préci-
personnes. et en heurte tellement les principes fonda- tées, dépourvues d'ambiguïté, l'arrêt a pu,
mentaux que son application ou même son sans méconnaître les dispositions légales
III. - Les dispositions de l'article 171 du observation ne peut être tolérée; qu'en visées au moyen, écarter l'exception dé-
Code civil français constituent une loi au décidant qu'une considération particulière duite par la demanderesse du caractère
sens de l'article 608 du Codejudiciaire. Une d'équité privée doit conduire à appliquer en d'ordre public international s'attachant à
contravention à une loi au sens de ce dernier Belgique la loi française qui autorise les ces dispositions;
article ne saurait être une méconnaissance mariages posthumes, bien que cette loi soit,
de la foi due à cette loi et partant une Attendu, dès lors, qu'à supposer fondé le
selon l'arrêt, contraire à des considérations grief dirigé contre la considération suivant
violation des articles 1319 à 1322 du Code générales de politique sociale impliquant
civil. laquelle il n'y a pas de «texte légal belge
l'interdiction des mariages posthumes, l'ar- formulant expressément la condition
rêt se fonde sur des motifs ambigus (viola- d'existence sous la forme d'une exigence
tion de l'art. 97 de la Constitution), mécon- commune aux deux époux »,le dispositif de
Ouï M. le président de section chevalier naît la notion d'ordre public international
de Schaetzen en son rapport et sur les l'arrêt qui décide que le mariage de la
belge (violation de l'art. 6, C. civ.) et défenderesse est valable en Belgique de-
conclusions de M. Velu, avocat général; l'ensemble des dispositions légales visées meurerait légalement justifié;
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 6 février au moyen:
1980 par la cour d'appel de Liège; Que le moyen ne peut être accueilli;
Sur l'ensemble du moyen:
Sur le premier moyen, pris de la violation Sur le deuxième moyen, pris de la
Attendu que, d'une part, il ressort de~ violation de l'article 3, et pour autant que
des articles 3, 6, 144, 146, 170, 170ter, 184 constatations de l'arrêt que le mariage de
du Code civil et 97 de la Constitution, de besoin, des articles 1318, 1319, 1320 et
la défenderesse a été régulièrement célébré 1322 du Code civil,
en ce que, pour décider que le mariage en France le 2 juillet 1969 dans les
posthume célébré le 2 juillet 1969 en conditions prescrites par l'article 171 du en ce que l'arrêt décide qu'en droit
France serait valable en Belgique, l'arrêt Code civil français, modifié par la loi du 31 français le mariage posthume ne limite pas
énonce «qu'à défaut de texte légal belge décembre 1959; ses effets au seul domaine du droit des
formulant expressément la condition personnes et engendre, en principe, des
Attendu qu'en vertu de cette disposition, effets d'ordre patrimonial, en sorte que les
d'existence sous la forme d'une exigence la célébration du mariage peut, pour des
commune aux deux époux, il s'impose défendeurs doivent obtenir la réparation
motifs graves, être autorisée si l'un des entière du préjudice qu'ils ont subi, la
d'appliquer de façon distributive les deux futurs époux est décédé après l'accomplis-
lois compétentes, l'existence des époux première en sa qualité de veuve de D ... F ... ,
sement de formalités officielles marquant et le second en sa qualité de· fils légitime de
étant par nature une condition propre à sans équivoque son consentement, auquel
chacun d'eux; ... que la forme spéciale de celui-ci,
cas, sous réserve des restrictions prévues à
manifestation du consentement prévu par l'alinéa 3 non applicables en l'espèce, les alors qu'il ressort du texte de l'article
·la loi française ... n'est pas incompatible effets du mariage remontent à la date du 1 71 du Code civil français, .tel qu'il est
avec les fins nationales de l'ordre juridique jour précédant celui du décès de l'époux; modifié par li:i loi du 31décembre1959, que
positif belge; que l'effet qu'il est demandé à l'intention du législateur français a été
la loi française de produire en l'espèce, à Qu'il s'en déduit que suivant la loi d'éviter que le mariage posthume puisse
savoir la reconnaissance à une veuve et par française le mariage est réputé avoir été engendrer des effets patrimoniaux, d'où il
conséquent à son fils légitime du droit de se contracté avec le consentement des époux suit qu'en faisant produire des effets patri-
prévaloir de l'article 1382 du Code civil, et de leur vivant; moniaux au mariage posthume célébré le 2
n'est pas destructif de l'ordre social et Attendu que, d'autre part, l'arrêt énonce juillet 1969, l'arrêt n'a pas appliqué correc-
partant de l'ordre public international que «l'effet qu'il est demandé à la loi tement la loi française et partant, viole
belge, lequel requiert la protection des française de produire en l'espèce, à savoir l'article 3, alinéa 3 du Code civil ou, à tout
intérêts légitimes de ces deux personnes, la la reconnaissance à une veuve et, par le moins, viole la foi due à l'article 1 71 du
considération particulière d'équité devant Code civil français :
l'emporter sur une condition générale de Attendu que les dispositions de l'article
politique sociale Q'interdiction des maria- Maison FERDINAND LARCIER, s.a. 1 71 du Code civil français constituent une
ges posthumes); ... que le décès de l'époux loi au sens de l'article 608 du Code
RUE DES MINIMES 39 - 1000 BRL.JXELLES
français a été sans influence sur la validité judiciaire; qu'une contravention à une loi
du mariage puisque le droit national de au sens de ce dernier article ne saurait être
cette personne consacre le mariage post- SOUS PRESSE
une méconnaissance de la foi due à cette loi
hume; que le mariage en cause ne peut LE STATUT SUCCESSORAL et partant une violation des articles 1319 à
être annulé et est valable en Belgique 1322 du Code civil;
nonobstant le défaut de sa transcription SURVIVANT
sur les registres courants de l'état civil... », PAR Qu'à cet égard le moyen est irrecevable;
alors que, première branche, par applica- Robert BOURSEAU (suite sans intérêt.)
tion des dispositions légales visées au Juge au tribunal de 7re instance de Liège
OBSERVATIONS. -L'arrêt soumis à la
Collaborateur à /'Université de Liège
moyen et plus particulièrement par appli- Notaire honoraire censure de la Cour de cassation a été publié
cation des articles 144 et 146 du Code civil, au J. T., 1980, p. 492.
655

Bruxelles (3e '30 1981 Bruxelles. A l'époque, le mari avait 22 ans Attendu que la dissolution du mariage
et la femme 15 ans. des parties au Maroc a eu lieu de la
Siég. : MM. De Schrevel, cons. ff. prés.; Kebers et Mme Dès le mois d'août 1975, les conjoints ·se manière suivante, d'après la traduction
Declerck, cons.
séparèrent. conforme d'un acte intitulé «acte de di-
Min. ,publ. : M. Geyskens, subst. proc. gén. vorce», émanant du ministère de la Jus-
Plaid. : MM es De Kock, Pelgrims de· Bigard et V an Le 18 novembre 1975, l'épouse obtint tice .du Royaume du Maroc, tribunal de
Espen. l'autorisation de percevoir sur les revenus première instance, notariat de Tanger :
du mari une délégation de somme de «Par devant les adouls (notaires) soussi-
(Boumedian c. Merroune.) 7 .500 F par mois, selon jugement prononcé gné·s, a comparu M. Boumedian Mohamed
par défaut par le juge de paix du premier né à Tanger en 1953... lequel, jouissant
MARIAGE. - DROIT INTERNATIONAL
canton de Schaerbeek. d'un bon état de faculté mentale, a requis
PRIVE. - Loi marocaine. - REPUDIATION Par exploit du 15 décembre 1975, Moha- acte de son plein gré déclarant qu'il annule
selon le droit marocain. - I. Acte d'annula- med Boumedian fit opposition à cette par voie de divorce le contrat de mariage
tion par voie de divorce. - Nature. - Acte décision. établi... le 14 mai 1975 entre lui et son
juridictionnel. - Il. Effets en Belgique. - épouse Naïma Merroune ... Il s'agit d'un
Cependant, le 18 décembre 1975, l'inté- premier divorce après consommation du
Article 570 du Code judiciaire. - Applica- ressé fit dresser à Tanger (Maroc) un acte
tion. - Principe d'ordre public belge et mariage, a-t-il déclaré. Le comparant a
de répudiation de N aïma Merroune. bien été identifié et décrit par les adouls.
respect des droits de la défense. - III. Egalité
en droit de l'homme et de la femme. - Le 20 janvier 1976, le juge de paix, Acte établi au notariat de Tanger le 18
Méconnaissance du principe par une décision statuant sur l'opposition, rendit un juge- décembre 1975, approuvé et homologué par
étrangère. - Sans effet en Belgique. - ment d'accord, actant l'engagement de le juge chargé du notariat. Signature des
IV. La répudiation de droit marocain n'est Boumedian de payer une pension alimen- adouls et du juge et cachet du notariat de
pas nécessairement contraire à l'ordre public taire mensuelle de 5.000 F et le condam- Tanger»;
belge. - Exercice discrétionnaire du droit nant, pour autant que de besoin, à payer Attendu qu'il appert de ce document que
par le mari. - Acte contraire à l'ordre cette pension. Ce jugement ne fait nulle l'actuel appelant a fait une déclaration
public. mention de ce que, dans !'entretemps, unilatérale de répudiation de l'ihtimée,
l'opposant avait répudié son épouse. démarche dont celle-ci n'a pas été informée
Le 7 avril 1976, Naïma Merroune mit au et à laquelle elle n'eût pu s'opposer;
I. - L'acte « d'annulation par voie de monde à Saint-Josse-ten-Noode un enfant
divorce » établi conformément aux règles du Attendu que, comme l'a justement
qui fut déclaré à l'état civil sous le prénom énoncé le premier juge, cet acte d'annula-
droit marocain et constatant que le mari a de Rachid, par la mère, qualifiée dans
déclaré unilatéralement répudier sa femme, tion par voie de divorce s'apparente bien
l'acte de «épouse Boumedian ». aux actes de juridiction gracieuse que
s'apparente aux actes de juridiction gra-
cieuse, ayant reçu l'approbation et l 'homolo- Le 4 juillet 1976, fut rendu à Tanger, à la connaît le système judiciaire belge; qu'en
gation du juge marocain. requête de Boumedian, une ordonnance effet, l'approbation et l'homologation d'un
non contradictoire par laquelle le juge juge a, en l'espèce, conféré un caractère
II. - La reconnaissance en Belgique des chargé du notariat au tribunal de première judiciaire à la déclaration du mari selon
effets d'un tel acte est subordonnée aux instance de cette ville condamna Boume- laquelle la dissolution des liens du mariage
conditions de l'article 570 du Code judi- dian à payer à N aïma Merroune, son était «prononcée » par lui (voy. F. Rigaux,
ciaire et particulièrement à l'exigence de « épouse divorcée », une somme de 400 Droit international privé, éd. 1979, t. II,
non-contrariété aux principes d'ordre public dirhams à titre de pension pour la «période n° 976; J. Lenoble, «La répudiation en
belge et du respect des droits de la défense. de retraite de continence», 200 dirhams à droit international privé belge», J.T.,
III. - Il ne peut être reconnu d'effet' en titre d'indemnité relative au divorce, ainsi 1975, p. 165, n°s 8 et 16; comp. G. Rommel,
Belgique à une décision étrangère qui mécon- que 10 dirhams par jour pour la pension de «Le statut personnel marocain», J.J.P.,
naît le principe de l'égalité en droit, de l'enfant Rachid, à partir de la naissance de 1980, pp. 237 à 241);
l'homme et de la femme, ou qui établit des celui-ci le 7 avril 1976. Ladite ordonnance Attendu qu'en l'occurrence, cet acte,
discriminations en fonction du sexe. porte qu'elle fut rendue «vu l'acte adou- dressé à la seule initiative du mari, fut
laire du 18 décembre 1975 par lequel l'expression de la volonté unilatérale de
IV. - Les répudiations de droit marocain Boumedian a divorcé (sic) son épouse
intervenues du consentement des époux ou celui-ci, seul des deux conjoints auquel
Naïma Merroune » et par application de appartient de manière discrétionnaire, en
prononcées par le juge ne sont pas nécessai- l'article 179 du Code de procédure civile. Il
rement contraires à l'ordre public' belge. droit marocain, la faculté inconditionnelle
est précisé in fine de cette décision, qu'il de dissoudre le mariage sans le consente-
La répudiation, lorsqu'elle n'est que s'agit d'une «ordonnance définitive et ment de l'épouse et même à l'insu de
l'exercice discrétionnaire par le mari de son exécutoire, non susceptible de recours », et celle-ci (Code du statut personnel maro-
pouvoir unilatéral de mettre fin au mariage, que «la partie qui se croit être lésée n'a cain, art. 44, al. 2); qu'au Maroc, en effet, la
sans que ·l'épouse n 'ait pu s y opposer, ni qu'à se diriger au tribunal compétent en la, femme n'a pas la possibilité d'empêcher la
disposer d 'un droit équivalent, méconnaît le forme ordinaire ». rupture du mariage par répudiation (J.
principe de ['égalité, en droit, de l'homme et Le 10 septembre 1976, Bou:inedian fit Fadlallah, Rev. crit. dr. int. pr., 1981, pp. 17
de la femme et, partant, viole l'ordre public citer N aïma Merroune devant le juge de à 29 et plus spéc. pp. 26 et 27);
belge. paix du premier canton de Schaerbeek aux Attendu qu'avant de reconnaître les
fins d'entendre supprimer la pension men- effets d'un tel acte en Belgique, il y a lieu
suelle de 5.000 F que ce magistrat l'avait de prendre en considération la dignité de
Attendu que le premier juge, tranchant condamrié à payer le 20 janvier 1976. Le l'épouse répudiée et le respect de ses droits
une question préjudicielle qui avait été demandeur offrit cependant de payer à la de défense; ·
renvoyée le 2 novembre 1977 au tribunal défenderesse pour l'enfant commun Rachid
de première instance par le juge de paix du une somme mensuelle de 3.000 F étant, dit- Attendu qu'à bon droit, le premier juge a
canton de Schaerbeek, a dit pour droit que il, l'équivalent de 10 dirhams par jour, considéré que la reconnaissance en Bel-
les parties, toutes deux .de nationalité montant correspondant au taux fixé par gique des effets de l'acte du 18 juillet 1975
maroèaine, ont en Belgique le statut de l'ordonnance marocaine du 4 juillet 1976 était subordonnée aux 5 conditions de
conjoints; dont question ci-avant. l'article 570 du Code judiciaire, et particu-
lièrement à la première de ces exigences
Attendu que l'appel tend à faire dire Le 2 novembre 1977, le juge de paix (non-contrariété aux principes d'ordre pu-
qu'au contraire, la dissolution du mariage rendit un jugement renvoyant, avant dire blic belge) et à la deuxième (respect des
des parties, intervenue au Maroc conformé- droit, la cause au tribunal de première droits de la défense);
ment à la loi de leur statut personnel, instance de Bruxelles. Le juge cantonal
sortira ses effets sur le territoire belge; considère en effet que, préalablement à Attendu que les circonstances de l'espèce
toute décision sur la pension alimentaire font apparaître avec évidence que· l'appe-
Attendu qu'il appert des pièces produites lant a bafoué les droits. de défense de
et n'est pas contesté que: ou la délégation de salaire, «il s'agit de
savoir si cette pension ou cette délégation l'intimée au prix de la lésion des intérêts de
Mohamed Boumedian et N aïma Mer- doit ou non être accor.dée soit à une épouse, celle-ci; que la chronologie des faits telle
roune, Marocains établis en Belgique, ont soit, à une ex-épouse ». qu'elle est reprise ci-avant, démontre que
contracté mariage le 14 mai 1975 devant le Mohamed Boumedian a recouru, sans en
consul général du Royaume du Maroc à * * * informer sa jeune épouse, à la répudiation
656

pour éluder les conséquences pécuniaires Bruxelles (3e ch.), 30 juin 1981 l'intimée nie toutefois avoir été présente à
d'une citation devant le juge de paix lancée Zerhoun le 13 novembre 1978;
contre lui par sa femme, laquelle était Siég. : MM. De Schrevel, cons. ff. prés.; Kebers et
enceinte à l'époque; que c'est au mépris Que l'appelant produit enfin une traduc-
V erougstraete, cons.
d'un jugement d'accord rendu le 20 janvier tion certifiée conforme d'un « acte de
Min. publ. : M. Geyskens, subst. proc. gén.
1976, soit après l'acte de répudiation, que divorce » établi par le cadi-notaire de
Plaid. : MM es Kelder et Chevalier.
Boumedian a provoqué, toujours unilatéra- Zerhoun le 24 janvier 1979 et attestant que
lement, au Maroc, le 4 juillet 1976, une (El Azzouzi c. Oujear.) « les liens matrimoniaux ont cessé entre
ordonnance accordant à l'intimée des avan- les époux »;
tages pécuniaires sensiblement inférieurs Attendu qu'El Azzouzi, afin de s'opposer
MARIAGE. - REPUDIATION UNILATE-
à la pension que, devant le juge belge, il à l'action intentée par Oujear devant le
RALE. - Violation du principe de l'égalité
s'était engagé à lui verser; juge de paix, a invoqué la répudiation
de l'homme et de la femme. - Contraire à
intervenue; que le juge de paix, estimant
Attendu qu'il ne peut être reconnu d'ef- l'ordre public belge.
qu'une question d'état était soulevée, a, le
fets en Belgique à une décision étrangère 21 février 1979, renvoyé la cause devant le
qui heurterait un principe que le législa- tribunal d'arrondissement de Bruxelles le-
teur considère comme essentiel à l'ordre La répudiation, lorsqu'elle n'est que
quel, à son tour, a, le 14 mai 1979, décidé de
moral, politique ou économique établi; l'exercice discrétionnaire par le mari de son
renvoyer la cause au tribunal de première
pouvoir unilatéral de mettre fin au mariage,
Attendu qu'il en est ainsi d'une décision sans que l'épouse n'ait pu s '.Y opposer ni instance qui rendit le 25 juin 1980 la
qui méconnaît le principe de l'égalité, en disposer d'un droit équivalent, méconnaît le décision entreprise;
droit, de l'homme et de la femme ou qui principe de l'égalité, en droit, de l'homme et
établit des discriminations en fonction du de la femme et viole l'ordre public belge. De la nature de la répudiation litigieuse :
sexe; qu'en effet, le principe de l'égalité des Attendu que rien n'établit que l'épouse
sexes est consacré par plusieurs disposi - ait eu connaissance de la répudiation ou ait
tions fondamentales de l'ordre juridique De la décision entreprise et des faits : donné son consentement à celle-ci;
belge, notamment par les articles 14 de la Attendu que la décision entreprise a dit
Convention européenne des droits de Que si les deux parties se trouvaient au
pour droit que les parties ont, en Belgique, Maroc en août 1978, cela ne pouvait être en
l'homme, 119 du Traité de la Communauté le statut de conjoints et a renvoyé la cause
économique européenne, 116 à 153 de la loi vue de faire dissoudre leur mariage de
devant le juge de paix du premier canton de commun accord; que les époux s'étaient en
du 4 août 1978; qu'en outre, notre concep- Schaerbeek; que l'appelant fait grief au
tion égalitaire de l'homme et de la femme effet réconciliés en mai 1978, après que
premier juge de ne pas avoir reconnu l'intimée eut cessé les démarches prélimi-
dans le mariage s'est traduite récemment
d'effet à une répudiation faite par lui au naires qu'elle avait effectuées pour obtenir
par la loi du 28 octobre 1974 modifiant
Maroc en août 1978 et, partant, de ne pas le divorce en Belgique;
l'article 387 du Code pénal et se trouve avoir dit pour droit que les parties ont, en
renforcée par la loi du 14 juillet 1976 Belgique, le statut de divorcés; Que l'acte de répudiation intervint le 23
relative aux droits et devoirs respectifs des août 1978 sans que ne fût mentionnée la
époux; Attendu que les parties, de nationalité présence de la femme, présence d'ailleurs
Attendu qu'en l'espèce, la répudiation marocaine, ont contracté mariage le 13 non requise par la loi marocaine; qu'il n'est
telle qu'elle s'est effectuée, n'a été que juillet 1977 à Meknès (Maroc); que les pas établi que cet acte lui ait été notifié par
l'exercice discrétionnaire par le mari de époux résident en Belgique depuis leur témoins ou autrement;
son pouvoir de mettre fin au mariage sans mariage; qu'un enfant commun y est né; Que loin de manifester un consentement
que l'épouse n'ait pu s'y opposer ni disposer qu'en août 1978, ils se rendirent ensemble quelconque à la répudiation, l'intimée dé-
. d'un droit équivalent; en voyage au Maroc; posa le 20 octobre 1978 une requête devant
Attendu que l'appelant produit une tra- le juge de paix visant à contraindre judi-
Attendu que si certaines répudiations de ciairement son mari à remplir ses devoirs
droit marocain, intervenues du consente- duction certifiée conforme d'un « acte de
répudiation simple», daté du 23 août 1978; d'époux;
ment des époux ou prononcées par le juge,
ne sont pas nécessairement contraires à que l'acte précise qu' «en vertu de l'autori- Que lorsqu'intervint l'acte du 13 novem-
l'ordre public belge, il en va différemment sation du cadi et par devant les deux adouls bre 1978, aucun des époux n'était au
de la mise en œuvre par le mari de son instrumentaires, a comparu le sieur El Maroc, fait qui n'est pas contesté, alors que
pouvoir unilatéral et exclusif de dissoudre Azzouzi lequel a requis acte de constater l'acte mentionne que l'intimée a fait des
le mariage, ainsi que l'appelant en a usé qu'il a répudié son épouse dame Oujear ... , déclarations et a signé un reçu; que dans
dans la présente espèce; répudiation simple, première, susceptible l'hypothèse où ces mentions feraient réfé-
de reprise en mariage »; que suit le para- rence à des déclarations faites antérieure-
Attendu, dès lors, qu'à bon droit le phe du cadi et le sceau de la mahakma ment par l'épouse, leur exactitude, sujette
premier juge a refusé de reconnaître un (notariat) de Zerhoun; à caution, se trouverait contredite par
effet quelconque en Belgique à la répudia- l'attitude adoptée par l'intimée après son
tion intervenue au Maroc, à l'initiative de Attendu que le 20 octobre 1978, l'intimée
retour en Belgique;
l'actuel appelant, dans les circonstances cita l'appelant devant le juge de paix du
décrites ci-avant; premier canton de Schaerbeek sur pied des Attendu, dès lors, que la répudiation
articles 221 et 223 du Code civil, aux fins litigieuse a revêtu un caractère tout à fait
d'obtenir l'autorisation de résider séparé- unilatéral, tant en ce qui concerne le fait
Par ces motifs : ment ainsi que, pour elle et son enfant, une même de cet acte qu'en ce qui concerne ses
pension mensuelle de 20.000 F; conséquences patrimoniales;
LA COUR, Attendu que le 13 novembre 1978, ainsi
qu'il résulte d'une traduction certifiée con- De l'effet en Belgique de la répudiation
Entendu à l'audience publique du 13 mai
forme d'un acte non déposé en original, le · litigieuse :
1981 la lecture par M. Geyskens, substitut
du procureur général, de son avis écrit cadi de Zerhoun, aprè~avoir, par référence
à l'acte de répudiation, dit que l'épouse Attendu que les décisions en matière
conforme; d'état des personnes, régulièrement ren-
répudiée avait déclaré ne pas être enceinte,
être mère d'un enfant et avoir droit au . dues par un tribunal étranger, produisent
Confirme le jugement entrepris. leurs effets en Belgique indépendamment
reliquat de sa dot (soit 2.000 dirhams), a
décidé de fixer la prime de répudiation à de toute déclaration d'exequatur, sauf si
600 djrhams, la pension de la femme à 300 l'on s'en prévaut en vue d'actes d'exécution
dirhams et «la pension de l'enfant à sur les biens ou de coercition sur les
Maison FERDINAND LARCIER, s.a. personnes; que ces décisions étrangères ne
60 dirhams par mois à compter de la date
RUE DES MINIMES 39 - 1000 BRUXELLES de répudiation, 30 dirhams de garde à sont toutefois réputées régulièrement ren-
compter de la date de l'expiration (sic) des dues que pour autant qu'elles satisfassent
3 mois de prime de jouissance »; que le aux conditions énoncées à l'article 570 du
CAHIERS DE DROIT EUROPEEN Code judiciaire;
document porte également que la femme a
Abonnement 1981 2.860 F. reçu de son ex-mari la somme de 1.230 Attendu qu'en l'espèce, rien ne permet
dirhams et délivré reçu à cette fin; que de considérer que la répudiation litigieuse
657

ait été effectuée d'une mamere non con- Par ces motifs : diation aux conditions de l'article 570 du
forme au droit marocain; que si l'appelant Code judiciaire (5).
n'apporte pas la preuve que la répudiation LA CouR, C'est ce ~ue prévoit aussi l'article 4 du
a été notifiée dans les délais imposés par Entendu à l'audience publique du 17 juin i>rotocole d accord administratif signé à
l'article 81 du Code de statut personnel Bruxelles le 25 septembre 1979 relatif à
1981 la lecture par M. Geyskens, substitut l'application des règles régissant l'état des
marocain, ceci n'affecte pas la validité en du procureur général, de son avis écrit
droit marocain de la répudiation elle-même :Qersonnes sur les territoires des Royaumes
conforme; du Maroc et de Belgique (6) : «les actes de
(cf. Fadlalla:h, « V ers la reconnaissance de répudiation dressés entre conjoints de na-
la répudiation musulmane par le juge Confirme le jugement entrepris. tionalité marocaine au Maroc suivant la
français», Rev. crit. ·dr. int. privé, 1981, législation nationale des é:i;>oux doivent
p. 22); produire leurs effets en Belgique dans les
mêmes conditions que les jugements de
Que sans doute, les mentions reprises divorce prononcés en pays étranger ».
dans la décision du 13 novembre 1978 OBSERVATIONS. - Les arrêts rendus Il faut cependant remarquer que cet
peuvent-elles laisser supposer que l'intimée par la cour d'apJ>el de Bruxelles le 30 juin accord, bien que son article 5 prévoie une
était présente et exprima son consente- 1981, en cause Boumedian c. Merroune et entrée en vigueur dès la signature, ne
en cause El Azzouzi c. Oujear, nous fournis- devra être appliqué par les tribunaux
ment aux mesures patrimoniales dérivant sent deux excellents exemples d'une appli- qu'après avoir reçu l'assentiment des
de la répudiation; que ces inexactitudes ne cation correcte de la réception en droit Chambres et avoir eté publié au Moniteur
sont cependant pas de nature à priver belge de la répudiation marocaine. belge.
l'appelant du droit d'invoquer la dissolu- , Les litiges ont commencé tous deux de La vérification des conditions prévues à
tion de son mariage, obtenue selon le droit façon très· classique. L'épouse marocaine l'article 570 du Code judiciaire a amené la
national des parties; que la présence ou introduit devant le juge de paix une de- cour d'ap__pel de Bruxelles à ne pas accepter
l'absence de l'épouse lors de cette procé- mande en mesures urgentes et provisoires les répudiations prononcées au Maroc car
dure unifa.térale n'offrent en effet, en droit fondée sur l'article 223 du Code civil. elles méconnaissaient le princi_pe de l'éga-
marocain, qu'un caractère tout à fait Le mari conteste cette demande en lité en droit, de l'homme et de la femme et
invoquant un acte de répudiation inter- établissaient des discriminations en fonc-
secondaire; tion du sexe.
venu au Maroc; le juge de paix s'estimant
Attendu que seules peuvent être recon- incompétent ordonne le renvoi de la cause Il s'agit là d'une excellente application
nues par le juge belge les décisions étrangè- au tribunal d'arrondissement pour vider de l'article 570 du Code judiciaire et nous
l'incident. L'affaire est alors soumise au devons l'approuver. ·
res qui ne contiennent rien de contraire à tribunal de première instance dont la
l'ordre public belge; qu'il ne peut être Mais ce non-respect de l'égalité des époux
décision est enfin contestée par une des dans la procédure ne peut cepen'dant plus
donné d'effets en Belgique à une déçision parties en appel.
être retenu dès le moment où l'é:i;>ouse,
étrangère qui heurterait un principe que le Et c'est ainsi que des affaires de mesures dûment convoquée, a pu faire val01r ses
législateur considère comme essentiel à urgentes et _provisoires ayant débuté en prétentions.
l'ordre moral, politique ou économique 1977 (dans le :r>remier cas) ou en 1979
(décision du 21 févr. 1979 dans le second) Les droits modernes (algérien, égyptien,
établi (Cass., 4 mai 1950, Pas., I, 624; cf. marocain, syrien, tunisien) s'assurent en
Graveson, Confiict of laws, p. 635; Fr. trouvent leur épilogue provisoire en juin
1981. effet que l'épouse a connaissance du di-
Rigaux, Droit international privé, éd. 1979, vorce unilatéral et prévoient des dommages
t. I, p. 364); Il est à remarquer que de telles situa - et intérêts.
tions ne se produiront sans doute plus à
l'avenir. En effet, une partie de la doctrine Dès ce moment nous devons accepter de
Attendu qu'il en est ainsi d'une décision prendre en considération la dissolution du
qui méconnaît le principe de l'égalité, en soutenait déjà la thèse défendue depuis
longtemps :r>ar le professeur C. Cambier (1) mariage et lui accorder de plein droit
droit, de l'homme et de la femme, ou qui selon laquelle le Juge saisi de la demande autorité de la chose jugée.
établit des discriminations en fonction du principale serait également compétent Notre pays ne peut en effet s'ériger en
sexe; pour trancher des incidents (2) et le censeur du droit etranger et il faut moins
professeur Fettweiss qui était favorable au s'attacher à l'appellation donnée à l'acte de
Qu'en effet, le principe de l'égalité des renvoi au tribunal d'arrondissement, vient rupture du mariage qu'à sa véritable struc-
sexes est consacré par plusieurs disposi- également de se rallier à l'interprétation ture (7).
tions fondamentales de l'ordre juridique dominante (3). M. TAVERNE.
belge, notamment par les articles 14 de la Les deux arrêts ont correctement appré-
Convention européenne des droits de cié la répudiation comme un acte judiciaire (5) Cass., 29 mars 1973, J. T., 1973, p. 389.
l'homme, 116 à 153 de la loi du 4 août 1978 en se fondant sur l'homolog:ation faite par (6) A ce propos, voy. J. Verhoeven, «Etat des
le juge du tribunal de première instance au personnes et compétences consulaires. -A propos d'un
et 119 du Traité C.E.E.; qu'à bon escient, le Maroc. accord belgo-marocain », J. T., 1980, pp. 717 à 722.
premier juge a relevé en outre que notre (7) Dans ce sens : Cass. fr., 1 re ch., 18 déc. 1979, Sem.
conception égalitaire de l'homme et de la Mais ils ont considéré, à tort selon nous, jur., 1980, p. 89; Dalloz, 1980, jur., p. 549 avec note E.
que cet acte judiciaire marocain était Poisson; Rev. crit. dr. int. privé, 1981, p. 90; Trib. gde
femme dans le mariage s'est traduite uniquement de juridiction gracieuse; en inst. Paris, 11 mars 1980, Sem. jur., 1980, II, 19412.
récemment par la loi du 28 octobre 197 4 effet, le juge marocain doit convoquer
modifiant l'article 387 du Code pénal et se l'épouse et ensuite prendre une ordonnance
trouve renforcée par la loi du 14 juillet par laquelle il réglera les conséquences de
1976 relative aux droits et devoirs respec- la dissolution du mariage (4). Celle-ci ne
tifs des époux; :r>eut être prise avant écoulement des délais
de citation.
Attendu que la répudiation, telle qu'elle Il y a donc un véritable jugement d'ail- Civ. Gand '""" "',._,,_.,,
s'est effectuée en l'espèce, n'a été que leurs susceptible d'appel dans les formes 14 septembre 1981
l'exercice discrétionnaire par le mari de ordinaires.
son pouvoir de mettre fin au mariage, sans Conformément à la jurisprudence de la Siég. : MM. A. Serck, R. Van Peteghem et J .P. De Graef.
que l'épouse n'ait pu s'y opposer ni disposer Cour de cassation1 les deux arrêts ont Min. publ. : M. P. Meert.
d'un droit équivalent; ensuite subordonne la reconnaissance de Plaid.: Me Jean Eeckhout (du barreau de Bruxelles).
plein droit en Belgique des actes de répu-
Que si certaines répudiations, de droit (X c. min, publ.J
marocain, intervenues du consentement
(1) C. Cambier, «Principes de l'organisation judi-
des époux ou prononcées par re juge, ne ciaire», Ann. Fac. dr. Louvain, 1968, pp. 257 à 278, ADOPTION. - D'un étranger, par un
sont pas nécessairement contraires à l'or- notamment la note 44. étranger, à l'étranger. -HOMOLOGATION.
dre public belge, il en va différemment de (2) Voy. notamm. Ch. Panier, «L'existence de ques- -Autorité en Belgique. -ETAT CIVIL. -
la mise en œuvre par le mari de son pouvoir tions préjudicielles d'état dans les rapports entre les
juridictions civiles d'exception et juridictions ordi- Inscription en marge. - Rectification.
unilatéral et exclusif de dissoudre le ma- naires», J.J.P., 1979, pp. 196 à 207; G. Rommel, «Le
riage, ainsi que l'appelant en a usé dans la statut personnel marocain», J.J.P., 1980, pp. 193 à 243,
présente espèce; notamm., pp. 230 et s.; J. Van Compernolle, «Les
La compétence du tribunal de première
questions préjudicielles d'état et le Code judiciaire »,
Attendu, dès lors, qu'à bon droit le Rev. trim. dr. fam., 1979, pp. 328 à 333. instance pour homologuer un acte d'adop-
premier juge a refusé de reconnaître un (3) A. Fettweis, Droit judiciaire privé, fasc. I, éd. 1980, tion passé en Belgique n'implique pas cette
effet quelconque en Belgique à la répudia - n° 47. même compétence quant à un acte d'adop-
tion intervenue au Maroc, à l'initiative d'El (4) Pour le rôle exact du juge, voy. M. Taverne, «La tion passé à l'étranger.
dissolution du mariage par volonté unilatérale dans les
Azzouzi, dans les circonstances décrites ci- pays du Maghreb», J.T., 1981, pp. 354 à 357, notamm. Un tel acte a, en Belgique, sans exequatur,
avant; n° 11. autorité de chose jugée, même à l'égard des
658

tiers, puisqu'il concerne l'état des personnes Civ. Bruxelles (9e ch.), port de filiation et de parenté légitime
et ne tend à aucun acte d'exécution. 23 juin entre un individu et la famille à laquelle il
n peut faire l'objet d'une inscription en prétend appartenir;
marge des actes d'état civil belges. Siég.: M. Delvaux, juge ff. prés.; M. Delvoie et Mme Qu'il tombe sous le sens qu'une transpo-
Calewaert, j1,1ges. sition littérale dé ces principaux faits au
Min. publ. : M. de le Court, subst. proc. Roi. domaine que régit l'article 340, a du Code
(Traduction.) Plaid. : MMes B. Risopoulos et A. Mussche. civil est exclue, d'abord, parce qu'aucun
lien de famille ne procède de la. filiation
Considérant que le tribunal de première (Schollaert c. De Los Dolores Asejo et Clerckx.)
instance est, en vertu de l'article 350 du naturelle et que certains des faits énoncés
Code civil, compétent à homologuer un acte par cette disposition ne peuvent se con-
d'adoption passé devant le juge de paix du FILIATION NATURELLE. - Recherche de cevoir en matière de filiation naturelle,
domicile de l'àdoptant ou devant un notaire paternité. - Possession d'état. - Caractères ensuite, parce que le rapport de filiation
et faits constitutifs. naturelle est rarement étalé au grand jour
belge;
et reste l'objet d'une certaine discrétion,
Que ceci n'implique cependant pas que le qui n'a aucun motif d'affecter le rapport de
tribunal de première instance soit compé- L'article 321 du Code civil énumère, à filiation légitime;
tent pour homologuer un acte d'adoption titre d'exemples, les principaux faits qui Attendu que la preuve que requiert
passé devant un fonctionnaire hongrois, et caractérisent la possession d'état d'un rap- l'article 340, a du Code civil, tel qu'il est
que les requérants demeurent en défaut port de filiation légitime. Une transposition interprété par la doctrine et la jurispru-
d'indiquer la loi belge qui accorderait une littérale de ces principaux faits au domaine dence, est celle de la possession d'état du
telle compétence à ce tribunal de première de la filiation naturelle que régit l'article lien de filiation entre un individu et son
instance belge, pour qu'aucune exception 340, a du Code civil est exclue. père prétendu, lien qui implique que ce-
d'incompétence ne doive êtr.e soulevée d'of-
Il est de l'essence de la possession d'état lui-ci ait traité l'enfant comme le sien,
fice;
d'être constante, en ce sens que les faits qui c'est-à-dire, a pourvu, en considération de
Considérant d'autre part qu'un acte au- la fondent ne peuvent être ni isolés, ni ce lien, à son éducation, son entretien et à
thentique d'adoption passé devant le fonc- passagers. La persévérance dans l'intention, son établissement (voy. concl. de M. Ges-
tionnaire compétent en un pays étranger, dont ces faits sont la manifestation, est ché, alors premier avocat général, avant
pour autant que sa signature soit légalisée requise. Cass., 9 juin 1938, Pas., I, 207; Civ.
comme il convient, a en Belgique, sans Bruxelles, 25 avril 1910, Pas., III, 379; De
exequatur, autorité de chose jugée, même à Page, t. I, n°s 250 et 1160; Rigaux, Précis,
l'égard des tiers, puisque cet acte concerne I. - Faits et objet de l'action : «Les personnes», 2814);
l'état des personnes et ne tend nullement à
un acte d'exécution sur des biens ou à des La demanderesse est la fille naturelle Attendu qu'il est de l'essence de la
mesures de contrainte contre des person- reconnue de Mme Rosalie Berton, céliba- possession d'état d'être constante, en ce
nes (Fr. Smet, « Erkenning van buiten- taire au moment de la naissance, le 25 juin sens que les faits qui la fondent - qu'ils
landse akten en vonnissen », De gemeente, 1953; ultérieurement, elle fut adoptée par soient ou non, plus ou moins nombreux -
p. 62 avec la doctrine et la jurisprudence sa mère, et le conjoint de celle-ci, M. F. ne peuvent être ni isolés, ni passagers : que
invoquées; Cass., 29 mars 1973, J. T., 389; Schollaert; s'il est admis que de simples interruptions
Cass., 29 mars 1973, Pas., I, 725; R.C.J.B., Mlle Schollaert prétend qu'elle est née dans les faits qui en sont la manifestation,
1975, p. 539, avec note de P. Gothot); des œuvres de feu Eugène Clerckx, décédé ne constituent pas un obstacle à son
à Beersel, le 29 octobre 1977, à l'époque, élaboration et à son existence, la persévé-
Que par conséquent l'acte d'adoption rance dans l'intention dont ces faits sont -
litigieux passé en Hongrie, dans la mesure également célibataire; il avait épousé la
défenderesse en avril 1960, aucun enfant ou ont été - la manifestation est cepen-
où il est établi que cette adoption est dant requise, persévérance qui pourra se
actuellement encore valable, peut faire n'est issu de cette union;
manifester par un certain nombre de faits
l'objet d'une annotation en marge ou d'une Par la présente instance, la demande- qui s'échelonnent dans le temps et ne sont
inscription à l'encre rouge par l'officier de resse exerce l'action en recherche de pater- susceptibles d'aucune équivoque (De Page,
l'état civil en Belgique en marge des actes nité instituée par l'article 340, a du Code t. I, n° 250 et réf.);
repris en ses registres, le cas échéant après civil, contre la défenderesse, légataire uni-
intervention du ministre des Affaires verselle de feu son père prétendu, afin de se Attendu, en l'espèce, que la demande-
étrangères à la requête .des intéressés (De voir reconnaître ses droits qu'elle évalue à resse déduit la possession d'état constante
gemeente, loc. cit., p. 63; conférence faite le 7.377.240 F, à une partie de l'héritage, et du rapport de filiation l'unissant à son père
1er avril 1980 par M. Fr. Smet en la maison contre le frère de celui-ci, dont il est le seul prétendu des quatre faits suivants :
communale de Kloosterzande aux Pays- héritier légal, défendeur, afin de se voir 1) le témoignage de Mme Gentinetta
Bas devant l' Association belgo-néerlan- reconnaître la qualité d'héritière; Scholl, épouse du docteur qui a accou-
daise des officiers et employés de l'état civil ché sa mère, au service de laquelle elle
à Houtenisse); travaillait; cette personne atteste de
II. - En droit :
Considérant que le droit des requérants à l'intimité des rapports ·de feu Eugène
porter le nom X-Z dépend exclusivement de Attendu que l'action est intentée dans le Clerckx et de Mlle Berton, mère de la
la validité de l'acte d'adoption susdit, de délai spécial prévu par l'article 341, b du demanderesse, et certifie qu'il a payé
sorte que le tribunal ne doit jusqu'ores pas Code civil; qu'elle est recevable; les honoraires de son mari, pour l'accou-
se prononcer sur ce point; Que l'action est également recevable en chement;
Considérant enfin qu'aucune erreur tant qu'elle est mue contre le second 2) le témoignage de Mme Berton, soeur de
n'ayant été commise dans les actes de l'état défendeur, bien qu'il le conteste, puisqu'il la mère de la demanderesse, qui, 2 jours
civil en Belgique, l'action en rectification garde la qualité d'héritier de son frère après la naissance de la demanderesse
de ces actes est non fondée; même s'il ne recueille aucun bien de sa dont elle avait personnellement averti
succession; que la demanderesse a intérêt à M. Eugène Clerckx, a reçu la visite
faire valoir, à son égard, sa qualité d'héri- d'une personne envoyée par celui-ci,
Par ces motifs : tière (de Page, t. I, n° 1170); porteur d'une enveloppe contenant
LE TRIBUNAL, Attendu qu'il résulte des termes de 5.000 F; Mme Berton a élevé la deman-
l'article 340, a que la recherche de pater- deresse depuis ses 12 mois jusqu'à ses 5
nité est en principe interdite (De Page, t. I, ans, et atteste que feu Eugène Clerckx
Avant de statuer sur la demande d'homo- n°s 1116 et 1158), hormis deux cas, expres- est venu régulièrement la voir, qu'il a
logation: sément prévus, la demanderesse invoquant apporté « un financier »;
Ordonne aux requérants d'indiquer la loi la première de ces hypothèses, à savoir, s'il 3) le témoignage de Mme De J aeger-
belge qui confère compétence au tribunal y a possession d'état d'enfant naturel, dans
Lammens, qui certifie qu'un tiers a
belge de première instance à homologuer les conditions prévues par l'article 321;
effectivement apporté sous enveloppe
un acte d'adoption passé le 12 octobre 1928 Attendu que l'article 321 du Code civil une somme de 5.000 F pour payer les
devant un fonctionnaire hongrois; énumère, à titre exemplatif (Cass., 9 juin frais d'accouchement; que feu Eugène
Rejette comme non fondée la demande 1938, Pas., I, 207), les principaux faits qui Clerckx lui aurait dit qu'il « ferait le
en rectification des actes d'état civil. caractérisent la possession d'état d'un rap- nécessaire »;
659

4) le témoignage de M. J. De Waele, qui a tante du lien de filiation de la demande-


régulièrement vu feu Eugène Clerckx resse et du père prétendu;
chez Mme Berton, qui élevait la deman- Qu'en effet tant les témoignages produits
deresse, l'avoir vu se comporter comme que l'offre de preuve ne concernent que des
un père, et n'hésitant pas à affirmer faits isolés ou passagers qui remontent et Civ. Namur
cette paternité; se limitent à la petite enfance de la (référé sur requête umlaterateJ
Attendu que l'on peut déduire de ces demanderesse; 31 août
témoignages d'une part, qu'il est plausible Or, ce qui doit être établi dans le cadre de
que feu Eugène Clerckx a entretenu des l'action en recherche de paternité, c'est la ENTREPRENEUR. - COMMISSION
rapports d'intimité avec la mère de la possession d'état du lien de filiation, notion D'ENREGISTREMENT. - Décision de ra-
demanderesse, à l'époque de la naissance qui par nature implique une permanence; diation. - Publication au " Moniteur
de celle-ci, et qu'il est intervenu, à concur- qu'il faut observer qu'aucun fait postérieur belge"· -Publication entachée d'erreurs. -
rence de 5.000 F dans les frais d'accouche- à 1958 n'est ni allégué ni offert à preuve, de Action en référé. - Compétence.
mént, encore que cette intervention n'ait sorte qu'il faut constater que depuis cette
pas été directe, mais se soit produite par époque jusqu'au décès de feu Eugène
l'intermédiaire d'une tierce personne « en- Clerckx, soit pendant plus de 20 ans, il n'y Attendu qu'à une date indéterminée, la
voyée par lui», et d'autre part, que feu a eu aucune manifestation traduisant la décision en cause, notifiant la date du 21 avril
Eugène Clerckx a vu la demanderesse, permanence du lien de filiation allégué; 1981 au recto et celle du 28 avril 1981 au verso,
élevée chez sa tant'e, entre sa deuxième et qu'il s'ensuit que la possession d'état de ce la commission d'enregistrement comme entre-
sa cinquième année, et se serait comporté à lien est exclue; preneur de la province de Namur a confirmé la
son égard comme un père;
Attendu qùe compte tenu des principes radiation de son enregistrement comme entre-
Attendu que l'entretien de relations inti- applicables à la matière, l'action en recher- preneur dans les catégories 15-21 et 22 pronon-
mes avec une femme, n'implique pas, à che de paternité étant, en principe, exclue cée le 10 février 1981 à l'égard de la s.p.r.l.
l'égard de l'enfant de cette femme, la et la plus grande circonspection devant Entreprises Loriaux;
possession d'état d'un rapport de filiation; présider à l'admission des faits qui tendent Attendu que cette décision a été publiée dans
qu'en revanche, l'intervention dans les à fonder une possession d'état, qui, en le Moniteur belge le 31 juillet 1981; que cette
frais d'accouchement, et la visite régulière l'espèce, est exclue, l'action en recherche publication attribue à l'entreprise Loriaux un
à l'enfant, compte tenu du comportement de paternité doit être déclarée non fondée; siège qui n'est pas le sien et qui n'est pas celui
particulier du père prétendu peut fonder mentionné dans la décision de la commission
cette possession d'état; * * * d'enregistrement;
Qu'en l'occurrence, les deux témoignages Attendu qu'en conclusions additionnel-
les, la demanderesse demande à prouver Attendu d'autre part, que conformément à
quant aux visites de feu Eugène Clerckx à l'article 19, § 4 de l'arrêté royal du 5 octobre
la demanderesse ne sont nullement cir- par toutes voies de droit, témoignages
compris, qu'un ami de feu Eugène Clerckx 1978, la requérante a porté un recours devant le
constanciés, et ne comportent aucunes tribunal de première instance de Namur qui y
précisions de circonstances de fait, d' élé- avait été avisé que celui-ci avait déposé un
est actuellement pendant;
ments objectifs et concrets, qui tradui- testament en faveur de la demanderesse,
raient la volonté du père prétendu de se qu'il reconnaissait parallèlement; Attendu que la publication faite au Moni-
conduire à l'égard de la demanderesse Attendu qu'il ressort d'une lettre du_ 9 teur belge est non seulement erronée mais
comme son père; que ces témoignages se octobre 1980 du notaire qui aurait reçu ce porterait à l'entreprise requérante un préjudice
réduisent à des allégations; dépôt, qu'aucun testament en faveur de la définitif avant même que le tribunal de
demanderesse n'a été déposé par feu Eu- première instance ne se soit prononcé au fond;
Attendu que la demanderesse cote en
conclusions 6 faits qu'elle estime de nature gène Clerckx; que l'offre de preuve n'est Que compte tenu des éléments ci-dessus
à établir ses prétentions, et qu'elle offre à dès lors pas pertinente; précisés il y a lieu de faire droit à la requête;
titre subsidiaire de prouver par toutes voies
de droit, témoignages compris; Par ces motifs :
Par ces motifs :
Que ces faits cotés à preuve tendent à Disons pour droit, statuant au provisoire,
établir la réalité des 4 témoignages sur LE TRIBUNAL, que la publication au supplément du Moniteur
lesquels la demanderesse se fonde, à titre Entendu, en la lecture de son avis belge du 31 juillet 1981, de la décision de
principal; conforme à l'audience du 9 mars 1981, M. radiation totale de la requérante, est nulle et
de le Court, substitut du procureur du Roi; non avenue;
Attendu que même établis, ces faits ne
pourraient fonder la possession d'état cons- Dit l'action recevable mais non fondée. Disons pour droit que la présente ordon-
nance tiendra lieu à l'égard des tiers d'avis
rectificatif, pour autant que de besoin dans
l'hypothèse où les défendeurs ne procéderaient
pas volontairement à la publication d'un tel
avis sous les rubriques et dans les formes usitées
pour la publication de la décision de radiation.

(5.074 pages à jour au 1er janvier 1981) (Siég. : Mme Moreau, vice-prés.; Plaid. :
Me Legat. - En cause: s.p.r.l. Entreprises
Loriaux.)

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TOME Il - DROIT PENAL ........ ... . . .. .. .. . ... . .. ... . . ......... .. .. .. . 4.400 F JOURNAL DE DROIT FISCAL
Issu de la fusion de: Répertoire fiscal, fondé par Marcel Feye
TOME Ill - DROIT SOCIAL ............................................. . 4.180 F et Charles Cardyn; Journal pratique de droit fiscal et
financier, fondé par Carlo de Mey; La Revue fiscale, fondée
TOME IV - DROIT ECONOMIQUE ET FISCAL ................ . 2.330 F par Jean de Longueville.
Comité de direction et de rédaction : Jean Van Bastelaer, Jean
TOME V - DROIT PUBLIC ET ADMINISTRATIF ........... .. 3.750 F de Longueville, Charles Cardyn, Jean Wilmart, Marc Baltus,
(Prix exceptionnel de souscription) Henri Depret, Raoul Valentin, Guy Van Fraeyenhoven, Paul
Sibille, Ignace Claeys-Bouuaert, Edouard Bours, Jacques
Malherbe, Jean-Pierre Nemery de Bellevaux.

Pour les étudiants et les jeunes juristes: conditions spéciales Abonnement 1981, 6 numéros . .. ... .. .. .. 2.260 F
fif)O

A UE CfA E
Un Paul Léautaud anversois ... Parce qu'il y va de l'intérêt de la cité. Parce
qu'une cité de philosophes serait la mort de la
cité. Certes, il sait tout cela. Et que le reste n'est
que comédie. Il l'écrira d'ailleurs, en filigrane,

e es dans ce quatrain d'un simplisme tragique:


On naÎt, on pleure, on pousse,
On aime, on pleure, on rit,
1936) On lutte, on pleure, on tousse,
On meurt, on croit qu'on vit.
En 1924 Charles Dumercy n'est plus tout à fait la cour de Thémis. Au contraire. Car le Palais de (La coupe de cristal}
un jeune homme. Qu'à cela ne tienne, ses justice, c'est sa maison, c'est son théâtre. Car la Mais Charles Dumercy n'ignore pas non plus
soixante-seize ans, il les porte comme rien. salle des pas perdus, c'est son auditorium et que l'intelligence portée jusqu'à l'extrême de la
D'ailleurs il n'a point d'âge. C'est un faune! Et c'est aussi sa scène. Vous pouvez, chaque logique devient immorale. Il sait qu'au fond de
tout le barreau, et tout le Parnasse peuvent en matin, l'y rencontrer, superbe, seigneurial, l'accu! il n'y a rien. Que le suicide. Mais c'est un
sourire. Il n'en a cure. Sa laideur et sa saleté, ses somptueux dans ses fringues patinées, le crâne mot qu'il ne prononcera pas. Qu'il ne pronon-
manies et sa lésine, ses blasphèmes, ses sommé d'un haut-de-forme élimé, écrasé cera jamais. Et qu'il se gardera bien d'écrire.
hérésies, ses paradoxes, ses humeurs... et comme le claque d'un guignol. Il n'y est jamais C'est un mot tabou. Lui qui se moque du ridicule
jusqu'à ses odeurs, il n'y changera rien. Que les seul. Un jour le bâtonnier d'Anvers Edouard ne veut point affronter ce ridicule-là. Or donc, il
frêles, les délicats se renfrognent s'ils le Pécher lui présente un nouveau stagiaire ... va s'accommoder de sa chevance, se contenter
veulent!
- « Notre ami », lui dit lancien ministre, «a d'être asocial. les bas de plafond le tiennent
C'est ce qu'ils feront. brillamment réussi ses examens ». pour un excentrique ? Un original ? Très bien, il
va cultiver ses extravagances. Il va tourner en
Tant mieux et tant pis à la fois. - « Attendons de voir », rétorque sèchement dérision sa misérable destinée. J'ai failli dire
le cynique ... «Réussir un examen, ce n'est
Tant mieux, car il n'en aura que plus de « son désespoir d'être ». Mais c'est une locution
pas du savoir ... C'est du savoir-faire».
raisons de vociférer. qui n'a point cours, à l'époque, dans la vieille
Le jeune avocat ne lui en tient pas rigueur. Il bourgeoisie francophone d'Anvers tout impré-
Tant pis pour tous les minces, pour tous les comprend l'ironie. Bien plus, il s'attache à ce gnée de lectures à la Barrès. Il va donc devenir le
menus, pour tous les médiocres qui se priveront - grand aîné, personnage exorbitant, vivante Scaramouche du droit, le poète au bilboquet. Il y
ainsi de son enseignement. insulte aux manières tout autant qu'au bon goût, a en lui du raté. Willy Konincks, .député libéral
Mais ce sceptique n'ignore pas que personne parangon sonore et coloré d'un certain bestiaire d'Anvers et par ailleurs éditeur de la célèbre
ne revêt à ce point d'importance. Aussi bien ne judiciaire. revue Ça ira, l'a bien décélé.
rêve-t-il que d'une chose: n'être rien. Mais ce Un autre jour, le stagiaire surprend au Palais «Il était avocat jusqu'à la moëlle », écrira-t-il,
n'est pas dans le sens où Gogol y aspire, lui qui son vieil ami transvasant dans une fiole tout le « il n'avait rien pour faire un bâtonnier. Il était
eût aimé être tout. contenu d'un encrier mis à la disposition du écrivain de race, il n'avait rien pour faire un
Charles Dumercy se récuse. Et ce n'en est que public. Il s'en étonne: «Eh bien! Monsieur homme de lettres. Il était penseur obstiné; il
plus cinglant pour la tribu. Car enfin, que l'on Dumercy ne vit-il donc point que de belles n'avait rien pour faire un philosophe».
veuille y tenir son rôle, et que l'on se désespère lettres ? ». Mais le redoutable vieillard, se re-
de n'y point parvenir, voilà qui montre bien le dressant fièrement et fixant d'un air terrible
cas que lon en fait. Et que lon joue des pieds et l'impudent témoin de son larcin, lui fait d'un ton * * *
des mains pour surmonter les encombres, voilà sans réplique « certes, monsieur, je méprise
qui dit assez que, si lon se perd, ce ne sera l'argent ... mais je le ménage ... ».
point par mépris de la société, de ses pompes et Cela dit, tout Anvers connaît Charles Du-
On raconte que, dans les années vingt, dans mercy. Au Palais on sait qu'il collabore au
de ses œuvres. la célèbre affaire Steinman qui défraya la Journal des Tribunaux. Le rédacteur en chef,
Mais Charles Dumercy n'a point d'ambition. chronique, on annonça la venue au Palais de Edmond Picard, une nature, l'a, comme on dit
Qu'on se le dise, ce n'est pas un carriériste. La justice d'Anvers de Paul-Emile Janson. Chartes « à la bonne ». Dans la salle des pas perdus, lon
carrière? Voyons! C'est pour ceux qui n'ont Dumercy, ce causeur disert, eût aimé assister recherche sa compagnie, peut-être moins en
point d'autre raison d'être et qui, sans cela, aux plaidoiries. Mais nul ne peut franchir les définitive par pure sympathie que par curiosité.
mourraient d'ennui. portes du prêtoire s'il n'a revêtu la toge. Or il Ses confrères qui n'ont point son audace, se
n'en possède point. Il lui faudrait donc en louer réjouissent discrètement de ses « pointes assas-
Charles · Dumercy, c'est Diogène en son une au vestiaire, comme le font les membres des
tonneau. C'est Tobie sur son fumier! C'est sines ». On veut voir de près cet imprécateur.
barreaux étrangers. Mais voyez-vous cela !
Socrate sous le portique. Lui? C'est le fils de Mais ceux qui le prennent pour un bretteur
Charles Dumercy débourser les 6 ou 7 centimes
personne. C'est le père de ses œuvres. C'est enragé se trompent. Certes il ne craint pas de
nécessaires. clamer les quatre vérités. Mais il n'écrit ni ne dit
bien plus encore, c'est un incube, un chèvre-
pied. Alors, que croyez-vous qu'il fit ? Il poursuivit, rien qu'il n'ait soigneusement prémédité. Ses
sans la moindre gêne, ceux de ses confrères qui audaces les plus hardies sont en fait savamment
... C'est le diable en personne. ne pouvaient assister à l'audience jusqu'à ce que dosées. Cet homme d'esprit sait que l'on ne
l'un d'entre eux lui prêtât la sienne ... peut tout dire et que, si, néanmoins, l'on peut
* * * dire beaucoup, ce n'est qu'à l'abri des siens. Les
siens, qui sont-ils? C'est le monde judiciaire. Il
Cela fait des années que Me Dumercy, juge * * * ne le ménage pourtant pas. Lorsqu'il écrit que
suppléant au tribunal de première instance « ce qui fait la beauté du barreau, c'est la
d'Anvers, ne plaide plus. Non que le goût pour la Ladrerie ? Sans aucun doute. Mais il n'y a pas difficulté d'y être honnête » ... ou bien que, « s'il
chicane lui soit passé. Au vrai, il ne la jamais que cela. Par ce mépris ostentatoire des y a beaucoup de juges absolument intègres, il en
vraiment eu ... encore qu'il ait été un excellent convenances, Charles Dumercy veut témoigner est peu d'absolument impartiaux», ou encore
plaideur, un juriste savant et consciencieux ... Ce à la face de tous son dédain pour les faits de la que« l'on ne féconde la loi qu'en la violant» (1),
n'est point l'âge non plus. Non, ce n'est rien de cité. Serait-ce en définitive un anarchiste ? Pas lorsqu'il écrit cela et bien autre chose encore, ce
cela. Mais c'est la clientèle, c'est la pratique. Ah, exactement. Car ce bourgeois, cet humaniste, n'est point pour se concilier la sympathie de la
si l'on pouvait faire le métier d'avocat sans ne peut ni vomir ses origines, ni renier ses basoche. Mais on peut lapider les prêtres dès
devoir être en même temps quelque peu maîtres. Il ne peut jeter bas les idoles à lombre lors que l'on célèbre leur liturgie ! De temps en
boutiquier ... desquelles il a grandi. Certes, il sait que rien n'a temps Charles Dumercy éprouve le besoin d'y
d'importance, puisque tout passe avec chacun. aller d'une sorte de serment d'homme lige, par
« Gentilhomme de robe », dira de lui Raoul
Il sait que la mort est le seul véritable lequel il espère qu'une bonne partie de ses
Ruttiens, « il dédaigne la clientèle plus qu'elle ne
événement, et que l'agitation de la cité n'a péchés lui seront remis ...
pourrait le dédaigner si elle en était capable ».
d'autre but que de faire oublier aux citoyens
Cependant, s'il ne vient plus à la barre, Me qu'ils sont mortels, et, dans le même temps, leur
Dumercy n'en est point pour autant le dernier à ôter l'envie de vivre. De vivre pour eux-mêmes. (1) Pensées fanées, Busschmann, Anvers.
661

Tout beau de déclarer bravement : C'est ce qui le sauve d'un Sully Prud'homme. un adolescent que sa timidité disposerait à
Ecrire ce qui me p/aÎt, Heureux temps en vérité que celui-là; où les d'impardonnables incartades. Les petites bon-
Dire ce que je pense. poètes étaient aussi des gens d'esprit. nes du quartier le savent d'expérience. Lorsqu'il
vient s'asseoir à côté de l'une d'elles, ce n'est
Du moment que lon prend soin d'ajouter un Mais là où vraiment il excelle, c'est dans la
pas pour lui conter fleurette. Il en serait bien
peu plus loin : manière de frapper la maxime. C'est dans ce
incapable. Ce fin causeur laisse aux futiles le
Craindre /'autorité, genre que se révèlent tout à la fois son
badinage et l'affèterie. Notez-le, ce n'est point
Redouter la justice. scepticisme, son art du paradoxe, du sophisme,
non plus qu'il s'attaque à leur honneur. Les
et ce merveilleux don du blasphème ...
... Après quoi l'on peut allègrement se lecteurs de Georges Duhamel se souviendront
Extraits de ses Derniers flocons de neige, que l'un de ses personnages, modeste employé,
permettre de
publiés chez Busschmann à Anvers en 1934, un fasciné par loreille de son patron, ne résiste pas
Laisser /'aménité an à peine avant qu'il décède, voici pour le plaisir à l'envie de la lui pincer ...
Au bord du précipice. du lecteur quelques-uns de ses apophtegmes ...
Non, décidément, Charles Dumercy n'est pas C'est la même obsession, à peu de choses
un anarchiste, c.' est un blasphémateur.
Quand le peuple a la fièvre, on le met à la près. Ce qui le captive en la femme, ce n'est pas
diète. l'oreille, c'est l'épiderme des bras. Alors,
*
lorsqu'il a repéré sur l'un des bancs du jardin
Les reliques sont les hochets de la piété.
* * * d'enfants une boniche, les bras nus, il s'amène ...
* Il vient à pas feutrés s'asseoir sans un mot
En dehors du Palais, dans le vieux quartier de Une flatterie n'est jamais assez grossière. auprès d'elle. Puis, après un moment, s'étant
la rue de la Justice, où il demeure, et, bien au- assuré que nul ne le verra ... hop !. .. un léger
delà, jusqu'à Sainte-Anne, de l'autre côté de Le prêt est /'hypocrisie de la bienfaisance. frôlement. Un petit attouchement du bout des
l'Escaut, le petit peuple sait qu'il collabore à doigts. Un petit effleurement, furtif, subreptice,
divers journaux. Mais les gens simples s'en
* et qui ne laisse point de provoquer des
défient ... Ecrire n'est tout de même pas une tare. Pour être peintre, il faut avoir la patte d'un réactions.
Voire. Cela dépend de ce que lon écrit ... Ecrire singe, et la cervelle d'une modiste.
On imagine le tableau. La nurse qui sursaute.
sur la politique, sur la finance, et, à la rigueur, sur La nurse qui se tourne vers lui. La nurse qui se
le sport, voilà qui est honnête dans la caboche Forte contre Dieu, la loi peut tout, même
/'absurde. récrie. Et lui qui, sans demander son reste,
populaire. Mais écrire de la poésie, lorsque lon a
* s'esbigne à petits pas pressés ... ratatiné
depuis longtemps passé r âge de tourner des comme une vieille harpie ... vers son gourbi ...
madrigaux et lorsqu'on est avocat, voilà qui est La modération est le commencement de
suspect. Au reste, rien dans sa dégaine n'est fait /'excès. Bientôt il ne sortira plus que pour subvenir à
* ses besoins. De loin en loin quelques âmes
pour rassurer. A-t-on jamais vu cela, un homme
de palais marcher dans des godillots de trimar-
Il n'y a de mérite à dire des choses charitables viendront encore le voir. Mais inexo-
deur ? Il effarouche les femmes qui se disent que
désagréables que si elles sont excessives; rablement la vie le quitte. Seul, abandonné de
cet homme seul doit avoir des mœurs d'hippo-
dans le cas contraire, c'est vraiment trop tous, il mourra sur un lit d'hôpital le 1er janvier
facile. 1936.
griffe. Il affole les enfants avec son crâne
*
chauve, ses joues mal rasées, sa bouche Aujourd'hui, qui se souvient de Charles
immense que souligne un infâme collier de poils
L'hypocrisie est le fourreau de fa vérité.
Dumercy, hormis quelques rares survivants de
gris, et son nez, et ses yeux de mi-carême. cette grande époque (2), quelques bibliophiles et
Enfin, celui-ci, teinté d'un pess1m1sme que
On le regarde passer de la même façon que nous qualifierons de pragmatique : quelques bouquinistes qui vendent à prix d'or
lon devait regarder passer Socrate, le corrup- Le bonheur est un emprunt que /'on con- les rares exemplaires de ses œuvres qu'ils
teur, avec effroi et intérêt en même temps. Car tracte sous forme d'espérance et que /'on détiennent encore.
on le lit. On le lit dans les journaux. Mais on le lit rembourse sous forme de regrets. En vérité, cet homme étonnant fut avant tout
aussi dans ses œuvres ... Peu, à dire vrai, car ses un personnage. Il eût pu devenir l'ami de Paul
ouvrages ne sont lus que par une élite. Il s'en * * * Léautaud. Il restera pour toujours le frère de
voudrait au demeurant de savoir ses livres tous ceux qui, « sans être des marginaux, se
traîner dans les rues. Ses livres ? Disons plutôt Les années passent. Charles Dumercy, sur la sentent en marge de tout ».
des plaquettes, dont certaines n'ont guère plus fin de sa vie, ne fréquente plus guère le Palais.
de 20 pages. Marcel DETIEGE.
Lorsqu'il y fait encore, rarement, une fugace
Mais le nombre de feuillets importe peu. Ne apparition, l'on s'en détourne. Ce n'est plus (2) Cf., De Antwerpse juristen en de letterkunde,
qu'un fossile errant. Un jour qu'il est venu, par par René Victor, traduction de Jean Eeckhout IJ. T.,
compte en définitive que ce qu'ils véhiculent.
sympathie, écouter plaider son ami le stagiaire, 1981, p. 14).
Comme Callimaque, Charles Dumercy croit
fermement « qu'un gros livre est un gros mal » devenu entre-temps un avocat fort apprécié, un
Quant à ce qu'ils transportent, ces petits livres incident se produit. Le président du siège
sans épaisseur, ce n'est rien moins qu'une interrompt le jeune avocat, et, s'adressant
philosophie sarcastique, une ironie percutante, directement à sa cliente qui se trouve au fond de
une poésie purgée des clichés anémiants d'un la salle, l'invite à s'approcher et à s'asseoir sur le
lyrisme convenu. C'est un poète fantaisiste. banc près duquel, interloqué, se tient debout
C'en est presque un fabuliste. S'il fallait à tout son défenseur.
prix I' apparenter à un genre, ce serait peut-être L'invitation est inhabituelle. L'avocat se re-
à celui qu'illustra son contemporain et confrère tourne vers sa cliente et l'avise à côté de Charles
du barreau de Bruxelles, Mélot du Dy. Dans le Dumercy. Il réprime un léger sourire. Car il n'est
maquis littéraire, on sait qu'il faut compter avec besoin d'aucune autre explication. Ce n'est un
lui. Pourtant on ne le cite guère. Mais c'est secret pour personne que le vieux faune s'est Conte de mai
plutôt qu'il ne s'en préoccupe point. On le découvert des accointances parmi les satyres.
redoute. Cet homme qui n'a que la critique et le Mais c'est un bien inoffensif satyre que ce Ecoute, ferme les yeux, c'est une histoire
brocard à la bouche n'est point fréquentable. satyre-là. Charles Dumercy, le spitiruel auteur du [de tigre
Mais ce solitaire n'en fait pas un drame. Son Langage des fleurs, n'a jamais fréquenté les Venu d'un autre temps, un tigre oligocène
plaisir? Elaborer son œuvre. Une œuvre pré- femmes de près. Ce n'est point qu'il les déteste. [tendrement égaré
cieuse et rare. Les titres de ses recueils sont de Mais il les trouve encombrantes. Une femme, à Qui marche doucement sur les volcans
véritables poèmes. Ecoutez-voir. Ne sont-ils pas quoi bon ? Lorsqu'on a mieux à faire que de [éteints, un tigre sans chemins
charmants ces frontispices : Flocons de neige, tomber en quenouille. Car, pense-t-il, on ne peut La mort /'a oublié par un soir de mai et
Pensées fanées, La coupe de cristal, Tryptique faire œuvre et pot-bouille à la fois. Mais avec [seul il se souvient
Sa manière ? C'est le sonnet. Mais attention, l'âge viennent les regrets. Il est cuisant de se Ne dis rien ... C'est un tigre baroque, un
non pas le sonnet classique, redondant, et souvenir que lon fut jeune. Et que lon ne le fut [tigre papillon aux dents de poignard bleu
passablement euphuiste à la façon d'un José- point assez. L'on voudrait alors goûter à tout ce
Maria de Hérédia. Ce qu'il aime, c'est l'octosyl- que l'on n'a pas connu. C'est ce qui lui arrive. Tout à fait démodé et sans utilité, il n'a
labe. Il ne faut pas s'attendre à y découvrir une Pauvre Charles Dumercy ! Les femmes qu'il n'a
[pas d'autre attente
rhétorique langagière. L'inspiration y est philo- jamais connues par le passé exercent à présent D'autre choix que d'exister la nuit dans les
[rêves d'enfant.
sophique. Mais que l'on se rassure. Avec sur lui une étrange fascination. Cependant il ne
élégance et légèreté. Et surtout avec humour. les approche qu'avec circonspection. Comme SIAM.
662

COUPS DE REGLE

encore J. Megret, M. Waelbroeck, J.-V. Louis, D. Vignes


et J.-L. Dewost: «Le droit de la Communauté
Il est exceptionnel qu'un coup de règle dame, la demoiselle, et, s'il s'agit d'inculpés, économique européenne », volume I 2, « Rela-
incite sa victime à s'en plaindre. Il est au de prévenus ou d'accusés, le nommé, la tions extérieures », par J.-V. Louis et P. Brück-
contraire fréquent qu'il suscite questions et femme, la fille. Le vocabulaire varie avec la ner. - Bruxelles, éditions de l'Université de
Bruxelles, 1980, 294 + 80 pages.
approbations. Mais il est sans précédent qu'un juridiction. La dame veuve Bérard en matière
même coup donne lieu tout à la fois à civile ne doit devenir la veuve Bérard que si Nul n'ignore plus le commentaire du Traité
compliments et à reproches. ' elle est traduite devant la juridiction pénale. instituant la Communauté économique européenne
Le mieux est d'appeler simplement le justicia- qu'a entrepris l'Institut d'études européennes sous
Tel est le cas de celui (J. T., 1981, p. 331) ble par son nom ... Monsieur est réservé aux la direction du regretté Jacques Mégret. Les mérites
qui eut l'audace de s'en prendre à un en sont connus et le Journal des Tribunaux s'est plu
magistrats... Les témoins sont assez mal
jugement cantonal (J. T., 19 81, p. 10 O. avec raison à les souligner.
récompensés de leur présence au Palais.
Nous y avions déploré, d'une part, dans sa N'allons pas, pour comble, dire en les Le douzième volume en confirme pleinement les
publication, la mention - sans intérêt juri- désignant : le nommé, la femme, la fille. Rien qualités. Dû à la plume de MM. J.-V. Louis et P.
Brückner, il est consacré à 1' étude des relations
dique aucun - du patronyme des parties, en n'empêche de les honorer d'une appellation
extérieures de la C.E.E., à l'exception de la
une matière qui touche à la capacité des moins dédaigneuse : le sieur, la dame, la politique commerciale qui a été analysée dans le
personnes et à leur conduite, et, de l'autre, demoiselle, ou de recourir à leur titre, si volume 6 de la collection et de raide au
l'apparent mépris avec lequel étaient traités possible ... ». ~éveloppement qui fera l'objet d'un volume ulté-
« la prodigue Thiran et... son conseil judi- Quoique, et contrairement à M. Mimin, neur.
ciaire V.P. ». nous tenions par courtoisie au sieur et à la L'ouvrage. est construit sur le moule de ses
dame à l'égard des justiciables comme de leurs prédécesseurs, autour d'une distinction, parfois
Nous recevons en effet de l'auteur de cette difficile à percevoir, entre. analyse du Traité et
mandataires et de leurs juges, et ce au pénal
décision la lettre que voici, avec prière de la commentaire de la pratique communautaire.
comme au civil, en raison de la présomption
publier: Comme à l'accoutumée, l'exposé est complété par la
d'innocence dont doit jouir tout accusé,
« Cher T ertius, inculpé ou prévenu, que notre auteur sache présentation d'un abondant matériau constitué par
des extraits pertinents des arrêts ou avis de la Cour
»Nul ne vous tirera l'oreille avec plus que nous ne lui aurions pas cherché noise s'il de justice ainsi que par les réponses données par le
d'autorité que le premier président Mimin. n'avait usé de l'expression malveillante : «la Conseil et la Commission à des questions intéres-
" Le mieux est d'appeler simplement le prodigue Thiran » envers une partie à une sant les relations internationales de la Commu-
justiciable par son nom. Aurait-il rang de instance civile, et s'il n'avait paru traiter son nauté, sans oublier une bibliographie détaillée. S'y
ministre, toute sa fierté sera sauve si l'on conseil judiciaire, nommé par le tribunal de adjoignent enfin d'opportunes annexes offrant tant
ajoute au nom le prénom " (Le style des première instance, et membre suppléant de une liste des accords conclus par celle-ci que des
jugements, 1978, p. 27) ». celui-ci, avec quelque dédain. La seule règle exemples, rarticulièrement évocateurs, des diverses
demeure pour nous celle qu'un dominicain, formes qu ils ont à ce jour prises.
Il est exact que le regretté M. Mimin (J. T., prédicateur de carême à Notre-Dame de Paris, Les relations étudiées reposent sur des articles
1980, p. 62) consacre à ce problème de membre de l'Académie française, le père relativement succincts : 210 (personnalité juri-
propriété des termes plus de huit pages de son Carré, découvrit parmi les souvenirs d'Oscar dique), 228 (conclusion des accords internatio-
traité. « On trouve », y écrit-il, « dans la Wilde. Arpentant les couloirs de sa geôle de naux), 2 29 à 2 3 1 (liaison avec les organisations
phraséologie judiciaire, des usages respecta- Reading, l'auteur du Portrait de Dorian Gray internationales), 234 (com~atibilité des Traités) et
bles et généralement faciles à justifier. Mon- 238 (accords d'association). Ces articles ne sau-
y fut un jour salué par un inconnu qui le
raient toutefois à eux seuls traduire l'importance et
sieur, Madame, Mademoiselle, sont des appel- croisait. «Ce geste suffit» écrivit Wilde, la complexité qu'ont prises les relations extérieures
lations jamais accordées aux parties. Ces « pour que je fusse à nouveau un homme ». de la C.E.E. qui débordent largement le corset
expressions " ne sont pas admises ", dit une Si, après l'avoir salué, l'inconnu lui avait étroit que paraissait leur avoir assigné le Traité de
circulaire du premier président de la Cour de adressé la parole, que lui eût-il dit, sinon Sir, Rome. Les auteurs ont eu souci d'en rendre
cassation du 10 juin l 921, qui semble vouloir tout condamné qu'il fût aux travaux forcés. pleinement compt?;--A près avoir soigneusement
s'appuyer sur les décrets du 27 novembre analysé les disp0$i'tions du Traité, ils ont réussi à
1790 et du 6 juillet 181 O. On vise le sieur, la TERTJUS. faire le -pôint;--' cc d'une manière synthétique et
claire )) comme le souligne dans un avant-propos
M. Waelbroeck, sur les questions essentielles qui
dominent une matière en constante évolution,
non sans souligner l'apport parfois décisif qu'ont
fourni à leur solution la jurisprudence, ici comme
Maison Ferdinand LARCIER, s.a. ailleurs souvent audacieuse, de la Cour de Luxem-
bourg et la pratique des exécutifs communautaires.
RUE DES MINIMES 39 - 1000 BRUXELLES L'on y trouvera même une synthèse de l'état atteint
par la coopération politique européenne, do. nt la
localisation discutable n'affecte pas l'intérêt.
TRENTE-DEUXIEME ANNEE VIENT DE PARAITRE Il ne saurait être question de rapporter en ces
lignes le contenu détaillé des analyses dont est fait
le volume. Leur qualité, qui allie rigueur doctrinale
et information étendue, est indéniable. L'ouvrage
satisfera tant les hommes de pratique soucieux de
trouver aisément leur chemin dans les méandres
FONDE PAR
communautaires, que les hommes de doctrine, plus
attentifs à une réflexion en profondeur sur leur
CHARLES VAN REEPINGHEN singularité. L'on se doit d'ailleurs de souligner à ce
propos la richesse, bien mise en évidence par les
auteurs du volume, que présente le c< fait )) commu-
JURISPRUDENCE DE L'ANNEE 1980 nautaire pour la compréhension des problèmes
généraux que soulève le phénomène des organisa-
PAR tions internations, sans préjuger d'aucune manière
la· spécificité éventuelle des organisations dites
JACQUES LEPAFFE et CHRISTIAN LEPAFFE communautaires. Les propos fermes et denses
Avocats consacrés à la personnalité juridique de la C.E.E.
éclairent par exemple de manière très concrète et
AVEC LA COLLABORATION DE
très précise la portée d'une question que l'on aurait
Martine DEMEUR, Philippe DE PAGE, Marc GODFROID pu croire purement académique.
Avocats Un index analytique précieux complète le
douzième volume d'une collection qui fut en 1979
couronnée par le prix Paul-Henri Spaak. Le
Un volume 20 x 27,5 relié toile 11.461 F (T.V.A. comprise) présent ouvrage ne démentira pas cet honneur.
13.744 F (T.V.A. comprise) Tout au contraire.
relié dos cuir
J. V ERHOEVEN.
663

Erratum. « Immunisation d'une quotité des béné-


Le jugement du tribunal d'arrondissement fices réservés, amortissements accélé-
de Charleroi du 3 février 1980 en matière de rés, incitants basés sur l'emploi, la
compétence territoriale en cas de saisie-arrêt recherche et l'investissement, partici-
publié dans notre numéro du 10 :.>ctobre pation de solidarité» (rapporteur: M.
dernier, page 553, est suivi d'observations Guy V an Fraeyenhoven, chargé de
reproduisant le jugement qui a renvoyé la cours à l'Université catholique de Lou-
cause devant le tribunal d'arrondissement et vain).
se terminant par quelques références. «Aspects économiques: stimulation de
Prix Lucien Campion. l'investissement de l'épargne dans les
Celles-ci doivent être rectifiées : outre le entreprises et l'économie - Stimula-
Créé. en 1929, à la mémoire de Lucien fait que le jugement du tribunal de première tions de l'entreprise» (rapporteurs:
Campion, professeur à l'llniversité libre de instance de Bruxelles du 15 mars 1979 est Mlle Anne-Marie Kumps, professeur à
Bruxelles, auteur de : « La théorie sur l'abus publié dans le J.T., 1980 (et non 1981), il faut l'Université catholique de Louvain et M.
des droits », décédé à l'âge de 31 ans, le prix relever que les décisions citées du tribunal Bernard de Closset, chef de cabinet,
Lucien Campion vient d'être décerné à Me d'arrondissement de Bruxelles du 6 avril 1981 adjoint du vice-premier ministre).
Ludo Cornelis, avocat au barreau de Bruxelles, et du tribunal d'arrondissement de Mons du 13
pour son livre : "De buitencontractuele aan- mars 1981 statuent en sens contraire en - Troisième commission : « Fraude fis-
sprakelijkheid voor schade veroorzaakt door décidant que le lieu de la saisie est celui du cale, efficience économique et consensus
zaken ». domicile du débiteur saisi. social » (président : M. Ernest Krings,
professeur à la Vrije Universiteit Brus-
Le jury était composé de Me Lucien Simont, Indice des prix. sel).
avocat à la Cour de cassation, président du «Législation récente - Pratique admi-
conseil d'administration de la Fondation, de L'indice des prix à la consommation s'éta-
blit à 156,50 points en octobre 1981 contre nistrative» (rapporteur: M. Jacques
Me Jacques De Gavre, bâtonnier de l'Ordre des Detry, inspecteur g,énéral à l' adminis-
avocats au barreau de Bruxelles, de Mc Pierre 155,90 points en septembre, soit une hausse de
0,60 point ou 0,38 p.c. tration des contribu'tions directes).
Van Ommeslaghe, avocat à la Cour de cassa-
tion, de MM. F. Dumon et R. Bützler, profes- « Pratique judiciaire » (rapporteur : M.
seurs à la V.U.B., ainsi que de Me Roger-0. Pierre Lambeau, juge au tribunal de
Dalcq, ancien président de la Conférence du première instance de Bruxelles).
Jeune barreau.
DATES RETENUES «Coopération internationale» (rappor-
• L' Association des diplomés en droit de teur: M. Gilbert Tixier, professeur à
Le prix récompense un avocat sorti de
l'Université de Louvain, organise le 11 l'Université de Paris XII).
l'Université libre de Bruxelles ou de la Vrije
Universiteit Brussel, inscrit au tableau de décembre 1981 une journée d'études con- « Efficience économique et consensus
l'Ordre des avocats au barreau de Bruxelles sacrée à la «Fiscalité et stimulation de social » (rapporteur : M'. Alain Siaens,
depuis moins de 10 ans, âgé de moins de 40 ans l'économie», aux Facultés universitaires directeur à la banque Degroof).
et auteur d'un ouvrage d'ordre juridique ou Saint-Louis. 12 h 45·: Déjeuner à l'hôtel Sheraton,
sociologique. 9 h : Accueil des participants. place Rogier 3 à Bruxelles.
Depuis sa .création, ce n'est que la cin- 9 h 30·.»0uverture de la journée, par M. 14 h 45·: Reprise des travaux en commis-
quième fois que ce prix se trouve attribué. Les Marcel Huys, président de l'A.D.Lv. sions.
précédents lauréats furent les professeurs Jean 9 h 45·: Rapport général: aspects écono-
Van Ryn, René Dekkers, Roger-0. Dalcq et
16 h 30·: Rapport général: aspects fis-
miques, par M. François-Xavier de Donnéa, caux, par MM. Jacques Malherbe et J ac-
Pierre Van Ommeslaghe. professeur à l'Université catholique de ques Autenne, maîtres de conférence à
Louvain. l'Université catholique de Louvain.
Remis pour cause de ... (bis) . 10 h 30·: Pause. 17 h : 8lôture par M. R. Vandeputte,
Les propos désabusés d'un de nos corres- 10 h 45 ·: Réunion en commissions : ministre des Finances.
pondants (]. T., p. 559) ont déjà reçu confirma-
tion. On ne s'en étonnera guP.re. Quel plaideur - Première commission : « Fiscalité des 17 h 30·: Réception.
il est vrai, n'aurait des doléances à exprimer personnes» (président : M. Edouard
Bours, professeur à l'Université de Secrétariat de la journée: A.D.Lv., rue
pour avoir dû accepter, sans avoir été prévenu des Sols 8, 1000 Bruxelles Tél.
de cette éventualité, la remise d'une affaire, Liège).
02/51112 43.
les parties étant présentes et prêtes à plaider '! «Imposition des ménages et des isolés -
Chacun à sa place, dans l'organisation judi- Incidence sur la consommation et Les réunions plénières et la réception se
ciaire, ne pourrait-il faire un effort 't Si l'on l'épargne, particulièrement l'investisse- tiendront dans les locaux des Facultés
demande à l'avocat empêché, d'en informer le ment immobilier - Impositions des Bel- universitaires Saint-Louis, 109, rue du
tribunal et son adversaire - ce qu'il oublie ges expatriés et des cadres étrangers » Maris, 1000 Bruxelles (tél. (02/217 76 53),
parfois de faire d'ailleurs - pourquoi le (rapporteurs: MM. Francis Bailleux, de même que les séances de commissions.
tribunal par le greffe interposé, ne devrait-il professeur à l'Institut supérieur de com- Inscription : le montant des inscriptions
pas avoir les mêmes égards pour les avocats merce St-Louis et J.J. Gollier, directeur (membre de l'A.D.Lv. 1.200 F; non-membre
lorsque pour une raison ou l'autre, il ne pourra à Boels & Bégault). 1.500 F; étudiant 750 F; déjeuner 800 F)
entendre des plaideurs et que ceux-ci viennent « Fiscalité régionale » (rapporteur : M. peut être viré au compte
de loin ? Certains greffes s'acquittent Jean-Claude Scholsem, chargé de cours n° 210-0057467-95 de l'A.D.Lv. à la Société
cette tâche avec ponctualité. AuprP.s d'au- associé à l'Université de Liège). générale de Banque.
tres en revanche, c'est le laisser-aller qui rP.gne
- Deuxième commission : « Fiscalité des Afin de pourvoir à une. bonne organisa-
et l'on sait qu'il est hélas contagieux. Chacun
entreprises » (président : M. Pierre Cop- tion de cette journée d'études, il est instam-
pourtant, dans ce domaine, devrait montrer
pens, professeur à l'Université catho- ment souhaité que les versements parvien-
l'exemple. En coûterait-il tellement à certains
lique de Louvain). nent au plus tard le 1er décembre 1981.
magistrats ou greffiers 't
«Aspects fiscaux: stimulation de l'in-
vestissement de l'épargne dans les en-
treprises et l'économie:
A VENDRE » - régime du capital à risque, d'origine
belge et étrangère; A VENDRE
Magnifique appartement » - régime des emprunts, nationaux et A 13 km de Bruxelles (Payottenland)
(quartier Mutsaert), 3 chambres, li- étrangers» (rapporteur: M. Jean- authentique chaumière du xvme, restau-
ving (feu ouvert), cuisine équipée, 2 Pierre Lagae, professeur à la Ka- rée, living 72 m 2 avec mezzanine, chemi-
gdes terrasses, nombreux placards. tholieke Universiteit Leuven). née gothique, boiseries Louis XIV, 5
- Vue imprenable. - Libre d' occu- «Stimulations destinées aux entrepri- chambres, 2 s.d.b., cuis. équ., 2 garages
pation. - Prix : 1.800.000 F. ses: immunisation des plus-values» (8 voitures), jardin 52 ares.
(rapporteur: M. John Kirkpatrick, pro-
Tél. : 02/653.09.49. fesseur à l'Université libre de Bruxel- Tél. 13 h (02) 345.01.64.
les).
664

MOUVEMENT SOMMAIRE du 7 novembre 1981 Mariage. - Droit international privé. - Loi


marocaine. - Répudiation selon le droit maro-
Par arrêtés royaux publiés au « Moni- cain. - I. Acte d'annulation par voie de divorce.
teur » du 22 septembre 1981 : - Nature. - Acte juridictionnel. - II. Effets en,
Belgique. - Article 570 du Code judiciaire. -
sont nommés juge suppléant : DOCTRINE: Application. - Principe d'ordre public belge et
à la justice de paix du canton de Saint- respect des droits de la défense. - III. Egalité en
Denis Philippe. - L'inopposabilité des excep-
J osse-ten-N oode, M. A. De Muylder, droit de l'homme et de la femme. - Méconnais-
tions à 1' endossataire de la facture par suite du
silence prolongé du débiteur ...................... 649 sance du principe par une décision étrangère. -
avocat à Huldenberg; Sans effet en Belgique. - IV. La répudiation de
à la justice de paix du canton de Renaix, droit marocain n'est pas nécessairement contraire
M. A. Dupont, avocat à Renaix; à l'ordre public belge. - Exercice discrétionnaire
- à la justice de paix du second canton de JURISPRUDENCE : du droit par le mari. - Acte contraire à l'ordre
public (Bruxelles, 3e ch., 30 juin 1981) ...... 655
Verviers, M. A. Garot, avocat à Theux, Adoption. - Homologation. - Consente-
et Mme B. Tasquin, épouse Massa, ment des parents. - Rétractation après la Mariage. - Répudiation unilatérale. -
avocat à Verviers; décision d'homologation du premier juge. - Violation du principe de l'égalité de l'homme et
- M. J.-P. Marotte, juge d'instruction au Confirmation de la décision d'homologation. - de la femme. - Contraire à l'ordre public belge
tribunal de première instance de Na - Légalité. - Conditions. - Justes motifs. - (Bruxelles, 3e ch., 30 juin 1981, observations de
mur, est déchargé, à sa demande, de ses Retrait du consentement, à prendre en considéra- M. Taverne) ............................................... 656
tion pouf l'appréciation des justes motifs (Cass.,
fonctions de juge des saisies à ce
ire ch., 18 juin 1981) ................................. 653 Adoption. - D'un étranger, par un étranger, à
tribunal: l'étranger. - Homologation. - Autorité en
- M. Saint-Goux, juge au tribunal de Belgique. - Etat civil. - Inscription en marge.
première instance de Namur, est dési- Droit international privé. - Ordre public - Rectification (Civ. Gand, 1re ch., 14 septembre
international belge. - Notion. - Article 171 du 1981) .......................................................... 657
gné aux fonctions de juge des saisies à Code civil français. - Mariage posthume. -
ce tribunal. Disposition qui n'est pas contraire à l'ordre public Filiation naturelle. - Recherche de paternité.
international belge (Cass., ire ch., 2 avril 19 81, - Possession d'état. - Caractères et faits
Par arrêté royal publié au «Moniteur » observations) .............................................. 653 constitutifs (Civ. Bruxelles, 9e ch., 23 juin 198 l)
du 23 septembre 1981, est acceptée, à sa 658
demande, la démission de M. R. De Munter,
de ses fonctions de juge suppléant à la
justice de paix du canton de Zottegem. Il est
autorisé à porter le titre honorifique de ses - M. J. Russe, substitut de l'auditeur du NOTES DE JURISPRUDENCE :
fonctions. travail près le tribunal du travail de
Entrepreneur. - Commission d'enregistre-
Charleroi, est nommé juge à ce tribunal;
Par arrêtés royaux publiés au « Moni- ment. - Décision de radiation. - Publication au
teur » du 24 septembre 1981 : - Mme C. Lefebve, épouse Gillain, avocat « Moniteur belge ». - Publication entachée
à Charleroi, est nommée juge au tribu- d'erreurs. - Action en référé. - Compétence
- Mlle P. Nihotte, stagiaire aux audito- nal de commerce de Mons. (Civ. Namur, référé sur requête unilatérale, 31
rats du travail de Namur et de Dinant, août 1981) .................................................. 659
est nommée substitut du procureur du Par arrêté royal publié au « Moniteur »
Roi près le tribunal de première ins- du 26 septembre 1981, M. R. Tollebeeck,
tance de Liège; avocat général près la cour d'appel de
CHRONIQUE JUDICIAIRE :
- Mme- M. Lejeune, avocat à Liège, est Bruxelles, est admis à la retraite, à sa
nommée substitut du procureur du Roi demande. Il a droit à la pension et est La vie extraordinaire de Charles Dumercy
près le tribunal de première instance de autorisé à porter le titre honorifique de ses (1848-1936), par Marcel Detiège. - Thémis et
Namur; fonctions. les Muses : Conte de mai, par Siam. - Coups de
règle: Monsieur, encore, par Tertius. - Biblio-
graphie : « Le droit de la Communauté écono-
mique européenne», vol. 12, «Relations exté-
rieures», de J.-V. Louis et P. Bruckner, par J.
PETIT COURRIER DU CODE Verhoeven. - Echos. - Dates retenues. -
Mouvement judiciaire. - Petit courrier du
Code : Indexation des indemnités de procédure.

Cette matière se trouve réglée par l'arrêté royal du 30 novembre 1970 (M.B., 3 déc. i970,
p. i2296), lequel a déterminé le tarif des dépens recouvrables.
Le
L'article 8 de cet arrêté royal porte expressément que ce tarif est lié à l'indice des prix à la
JOURNAL DES TRIBUNAUX
consommation correspondant à llO points et que toute modification.en plus ou en moins de 10
points entraînera une augmentation ou une diminution de 10 % des sommes déterminées par REDACTION
celui-ci. Roger-0. D ALCQ, rédacteur en chef
En conséquence, les indemnités de procédure ci-après sont d'application depuis le i er août Secrétaire général de la rédaction : Georges-Albert DAL.
i98i (indice 250, hase i 96<>) : Secrétaire de la rédaction : Wivine BOURGAUX.
Chroniquejudiciaire: Bernard V ANREEPINGHEN.
Demande Demande Comité de rédaction : Francis BAUDUIN. Pierre BAUTHIER.
Demande supérieure supérieure Michèle BONHEURE. Jean EECKHOUT. Jacques F ALYS.
Indemnité
F inférieure à 10.000 F à 100.000 F François GLANSDORFF. Emile KNOPS. Michel MAHIEU.
à 10.000 F mais infér. (et saisie Jules MESSINNE. Daniel STERCKX. Louis V AN BUNNEN.
à 25.000 F immobil.) Claude VAN HAM.
Comilé scienl((ique: Cyr CAMBIER. Robert HENRION. Robert
l. Dernier ressort devant juge de paix, trib. PIRSON.
ire inst., trih. jeun., trib. trav., trib.
720 1.440 ADMINISTRATION:
comm., ou prés. trib. trav .....................
Maison Ferd. LARCIER, s.a.
2. Premier ressort devant trib. jeun., trib. rue des Minimes, 39 - l 000 Bruxelles
2.180 720 1.440 4.320 Tél. (02) 512 47 12-C.C.P. 000-0042375-83
trav. ·······················································'·
3. Premier ressort devant juge de paix, Administrateur-délégué:
trib. 1re inst., trib. comm. ou degré J.-M. RYCKMANS, docteur en droit.
d'appel devant trib. ire inst., trih.
2.,ioo 7.200 ABONNEMENT 1981: 6.800 FB.
comm ....................................................... 3.600
1.920 5. 760 Le numéro : 305 FB.
4. Cour du travail ....................................... 2.880
5. Cour d'appel ........................................... 4.800 9.(100 Les manuscrits ne sont pas rendus.
6. Prés. trib. ire inst., prés. trib. comm.,
2.400 4.800 © Maison Ferd. LARCIER, s.a., Bruxelles, déc. 1881.
réf. et juge saisies ...................................
Tous droits de reproduction, sous quelque forme que ce
Compléments d'indemnité de procédure et indemnités de débours : 1.200 F. soit, réservés pour tous pays.

Imprimerie Puvrez. s.a. - av. Fonsny. 59 - 1060 Bruxelles. 20658

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