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SEPARATION PAR RUPTURE DE PHASE

Ce sont les méthodes les plus simples à mettre en œuvre et bien qu’elles soient
souvent appliquées après une séparation par transfert de phase, elles sont donc
exposées en premier.

I. CAS D’UN MELANGE SOLIDE

C’est le plus délicat à séparer de cette manière et il faut le plus souvent faire appel à
une méthode de transfert de phase préalable.

Toutefois on peut utiliser parfois la séparation mécanique des cristaux selon leur
couleur, leur fluorescence, ou leur forme (séparation des tartrates par Pasteur). Il est
plus facile de réaliser une séparation fondée sur la différence de densité des différents
constituants, c’est le procédé de lévigation qui fait appel à l’entraînement par un
courant de liquide non solvant , des fractions les moins denses d’un mélange. Il s’agit
de la séparation, par entraînement dans un courant d'eau, des constituants d'un
mélange préalablement réduit en poudre.

II. CAS D’UNE SOLUTION LIQUIDE

Lorsque l’on a isolé une solution, il convient d’en séparer un ou plusieurs constituants,
à l’état de solides ou de liquides aussi purs que possible. Pour ce faire, on réalise une
rupture de l’homogénéité, soit en augmentant la concentration des substances en
solution par élimination du solvant, soit en modifiant leur solubilité dans le milieu
liquide.

1) Elimination du solvant

L’élimination partielle de solvant réalise la concentration de la solution. Lorsque le


coefficient de solubilité est dépassé, le soluté précipite.

2) Concentration à la pression atmosphérique

Elle nécessite souvent une élévation importante de température et entraîne ainsi le


risque d’oxydation à l’air de substances fragiles, et d’altération de produits
thermolabiles.

3) Concentration sous pression réduite

Elle a le double avantage d’opérer par distillation donc à l’abri de l’air et à une
température plus basse que précédemment. On utilise généralement un évaporateur
rotatif dans lequel le ballon contenant la solution à concentrer est animé d’un
mouvement de rotation qui évite les soubresauts et accélère l’opération en augmentant
la surface d’évaporation.

Remarque : Dans le cas où l’on veut parachever l’élimination d’un solvant, on utilise
un exsiccateur (dessiccateur) avec ou sans vide, contenant un agent susceptible de
fixer les vapeurs résiduelles ; ces agents sont l’anhydride phosphorique, l’acide
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sulfurique concentré, pour l’eau ou les solvants basiques, le silicagel ou le chlorure de
calcium uniquement dans le cas de l’eau, la potasse ou la soude en pastilles pour les
solvants acides.

4) Diminution du pouvoir solvant

Elle peut être réalisée de plusieurs manières :

a) Variation de température

Il correspond à la technique bien connue de la recristallisation de maintes substances,


une dissolution à chaud suivie d’un lent retour à la température ordinaire entraîne
l’apparition de cristaux.

b) Addition d’un non-solvant

L’apport d’un second liquide miscible au premier solvant mais n’ayant pratiquement
aucun pouvoir de dissolution vis-à-vis de telle ou telle substance existant dans la
solution initiale peut entraîner une précipitation. C’est ainsi que l’on peut précipiter à
partir d’une solution alcoolique, l’acide benzoïque ou l’acide salicylique par addition
d’eau, ou cristalliser des chlorhydrates d’amines hétérocycliques (alcaloïdes) à partir
d’une solution méthanolique par addition ménagée d’éther éthylique.

Cette méthode ne permet généralement pas d’obtenir des cristaux aussi purs que la
précédente ; car en diminuant brutalement le pouvoir solvant, elle entraîne souvent la
précipitation d’impuretés.

c) Relargage

Cette méthode consiste à ajouter à la solution, un nouveau soluté qui entraîne la


séparation d’un solide ou d’un liquide. Le phénomène est très généralement observé
avec des solutions aqueuses. Le composé relargué est généralement organique, le
relargant un sel minéral.*

*Le terme de relargage est parfois utilisé, à tort, dans une autre acception, pour
désigner le passage de constituants d’un récipient dans le produit qu’il
contient(interactions contenant-contenu).

❖ Composés relargables

Ils sont de nature très variable et peuvent être aussi bien des molécules de faible
masse moléculaire que des macromolécules de polymères de structure colloïdale. Une
molécule est d’autant plus facile à relarguer qu’elle présente un pôle hydrophobe plus
important. C’est ainsi que l’acétone, miscible à l’eau est relarguée par addition d’un
sel, tel que le sulfate d’ammonium, au mélange initial.

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De même, un savon de soude est séparé de sa solution aqueuse par adjonction
de chlorure de sodium.

Dans le domaine des macromolécules on peut citer le relargage sélectif de


différentes protéines (globulines) à l’aide de solutions diversement concentrées de
sulfates de lithium, de magnésium ou d’ammonium.

❖ Agents relargants

Ils doivent être solubles dans le solvant (donc le plus généralement dans l’eau. A
titre d’exemple, nous avons suivant leur pouvoir relarguant décroissant:

𝐹 − > 𝑆𝑂42− > 𝐶𝑖𝑡𝑟𝑎𝑡𝑒 > 𝑡𝑎𝑟𝑡𝑟𝑎𝑡𝑒 > 𝐶𝑙 − > 𝐵𝑟 −

Li+ > Na+ > K + > NH4+ > Mg 2+

❖ Avantages du relargage

C’est une méthode de séparation très douce qui ne fait pas intervenir d’élévation
de température, et pour cela présente un grand intérêt en biochimie.

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