Ph.

Galénique - 3ème année : DISSOLUTION Université de BLIDA 2021-2022

Les opérations pharmaceutiques

LA DISSOLUTION

OBJECTIFS DU COURS :

❖ Définir la dissolution.
❖ Définir les différentes méthodes de dissolution (simple, extractive).
❖ Connaitre les facteurs influençant la dissolution simple.
❖ Définir les différentes méthodes de dissolution extractive.

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I- DEFINITION
La dissolution est l’action de disperser à l’état moléculaire, une substance gazeuse, liquide ou solide dans un
liquide.

Soluté Solvant Solution

Molécule de sucre Molécule d’eau

Le résultat de la dissolution est un liquide appelé solution ou soluté.

Le liquide dans lequel est disséminé le soluté est le solvant.

 Solution vraie : particules < 2nm

 Solution colloïdale : micelles de dimension : 2 à 200 nm

II- INTERETS DE LA DISSOLUTION :

 La forme solution permet de rendre les principes actifs rapidement disponibles pour l'organisme.
 Elle est utilisée pour toutes les voies d'administration, indispensable pour la voie intra artérielle.

III- PROCEDES DE DISSOLUTION :

La dissolution est obtenue par deux procédés différents suivant le principe actif qu’on désire obtenir :

- La dissolution simple ou complète ;

- La dissolution extractive.

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A - LA DISSOLUTION SIMPLE :

A- 1- Définition :

 Une dissolution est simple ou complète lorsque le solvant en proportion suffisante est capable
de dissoudre entièrement la substance.
 Au final on a une seule phase liquide homogène.
 Une dissolution simple est une dissolution qui se fait sans résidu.
 Pour obtenir une dissolution simple, il faut que la substance dissoute soit en concentration
inférieure à la solubilité maximale.

A- 2- Facteurs intervenant dans la dissolution :

Il faut distinguer les facteurs qui interviennent sur la solubilité et ceux qui modifient la vitesse de dissolution.

A– 2- 1- Solubilité :

La solubilité est le volume de liquide nécessaire pour dissoudre une quantité donnée d’un constituant dans des
conditions données.
Exemple :
1 gramme de chlorure de sodium se dissout dans 2,8 ml d’eau à 25°C et 2,6 ml d’eau à 100°C.

Signification des termes descriptifs de la solubilité : (parties en volume de solvants pour 1partie en poids de
soluté)
-Très soluble : moins de 1
-Facilement soluble : 1à 10
-Soluble : 10 à 30
-Assez soluble : 30 à 100
-Peu soluble : 100 à1000
-Très peut soluble : 1000 à 10000
-Pratiquement insoluble : plus de 10000

a) Les facteurs intervenant sur la solubilité :

Un certain nombre de facteurs modifient cette solubilité, ce sont :

● La constitution chimique :

La solubilité d’une substance obéit à deux processus différents : l’ionisation et la polarité.

Dans la solubilité par ionisation : la dissolution s’effectue par dissolution en ions, de particules chargées
électriquement.
Dans la solubilité par polarité : la dissolution s’effectue par affinité de formes et similitude de dimensions entre
molécules du solvant et celles du corps à dissoudre.
Les substances riches en groupements hydrophiles se dissolvent dans des solvants à groupements fonctionnels,
appelés solvants polaires. Les substances riches en groupements hydrophobes se dissolvent dans les solvants
sans groupements fonctionnels appelés solvants apolaires ou organiques.

● Le polymorphisme :

À une température donnée, c’est la forme cristalline la moins stable qui est la plus soluble. Un produit est plus
soluble à l’état amorphe qu’à l’état cristallisé.

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● Le pH :

Le pH du milieu intervient dans la solubilité par ionisation.

Exemple : les amines organiques sont plus solubles en présence d’acide chlorhydrique dilué.

● Les adjuvants :

Les substances ajoutées à un solvant peuvent modifier la solubilité de certains produits.

Les uns favorisent la dissolution. Exemple : le salicylate de sodium et le benzoate de sodium facilitent la
dissolution de la caféine.
D’autres conduisent au phénomène inverse. Exemple : diminution de la solubilité de l’éther dans l’eau en
présence de sucre.

● La température :

La solubilité d’une substance dans un solvant peut varier avec la température. Cette variabilité est régie par des
lois très différentes selon qu’il s’agisse d’électrolytes forts, faibles ou de non électrolytes.
En général, la solubilité augmente avec la température sauf dans les cas suivants :
• dissolution exothermique ;
• gaz plus soluble à froid ;
• électrolytes selon les formes d’hydratation.
L’augmentation de température peut détériorer les molécules thermosensibles.

b) Optimisation de la solubilité :

● Solvants et salification
- L’utilisation de mélanges de solvants.
- La salification : dépend du sel utilisé (par ex : l’acide carbonique n’est pas très soluble dans l’eau. On le
salifie : carbonate de calcium est très soluble dans l’eau).

● Formation d’esters
En général, la formation d’esters modifie la solubilité et la vitesse de dissolution des PA.
Exemple: les pro-drogues :
➢ Inactivées en milieu gastrique en raison de son insolubilité.
➢ Activées en milieu intestinal par hydrolyse grâce aux estérases libérant PA →Retardent ou
prolongent l’action de certains PA.

● Formation d’eutectiques ou solutions solides

❖ Eutectique :
Mélange solide de 2 substances, dont le point de fusion est généralement inférieur aux points de fusion des
substances isolées.
Obtenu par cristallisation d’un mélange de 2 substances peu ou pas solubles, l’une dans l’autre.
Exemple: Lidocaïne/prilocaïne crème EMLA.

❖ Formation de solution solide :

Substance peu soluble

Matrice inerte
Fusion
très hydrosoluble

Mélange jusqu’à refroidissement

du produit solide

Pulvérisation

Solution solide

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Au contact eau ou liquide biologique, matrice se dissout rapidement. Libération PA à l’état moléculaire.
Augmentation vitesse dissolution, donc de la vitesse absorption dans l’organisme.

• Complexation avec des cyclodextrines :

Il est possible de modifier la structure apparentée d’une molécule en la complexant afin qu’elle puisse
s’adapter ou s’insérer dans la structure de l’eau.
- Exemple: les cyclodextrines.
Une cyclodextrine est une molécule-cage ou cage moléculaire qui permet d’encapsuler diverses molécules . Elle
est d’origine naturelle obtenue par dégradation enzymatique de l'amidon. La cyclodextrine permet de solubiliser
de nombreux composés hydrophobes dans l'eau grâce à sa cavité structurale.

A - 2 – 2 – La vitesse de dissolution :

C’est la vitesse à laquelle le soluté se dissout dans un solvant.

a) Les facteurs intervenant sur la vitesse de dissolution :

● Température
● Division du solide
● La concentration du soluté dans le solvant

La vitesse de dissolution peut être donnée par la formule de Noyes et Whitney :

dc
= K S (Cs – Ct)
dt

S : surface de contact solide liquide

Cs : concentration à la saturation du produit à dissoudre
Ct : concentration de la solution à l’instant t
K : c’est une constante qui dépend de la réaction de surface et de la vitesse de diffusion, donc d’une grande
variété de facteurs comprenant la température, la viscosité et le degré d’agitation.

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Il existe des formules plus complexes qui tiennent compte des phénomènes qui se passent à l’interface. Selon la
loi de diffusion de Fick, par exemple, K serait égal à D/hV où V est le volume du Liquide, D le coefficient de
diffusion qui est lui-même proportionnel à la température et inversement proportionnel à la viscosité et h
l’épaisseur de la couche de diffusion qui est fonction de l’agitation.

D’après ces formules, les principaux facteurs intervenant dans la vitesse de dissolution sont :
● La surface de contact solide liquide : la vitesse de dissolution croit avec le degré de division.
● La viscosité qui diminue la vitesse de dissolution en réduisant la diffusion.
● L’agitation qui accélère la dissolution en renouvelant le liquide à l’interface.

Dans la pratique, il est aussi très courant d’avoir recours à une élévation momentanée de la température pour
accélérer la dissolution, CS augmentant en général avec la température.

A- 3- Méthodes de dissolution :

- Par simple contact à froid

- Par trituration au mortier Pour les substances très solubles
- Par la chaleur
- Par intermédiaire
- Par réaction chimique
- Per Descensum Mise en contact prolongé d’un corps à dissoudre, suspendu dans
un flacon de solvant Flacon de Vauthier

Mode opératoire :

- Vérifier le coefficient de solubilité

- Pulvériser finement les corps à dissoudre afin que la surface de contact avec le solvant soit la plus grande
possible.
- Triturer le corps avec une quantité égale de solvant et la règle à observer est d'opérer la dissolution avec un
minimum de solvant nécessaire pour obtenir la dissolution voulue.
- Agiter fréquemment pour mettre le corps à dissoudre sans cesse en contact avec le solvant.
- On fera agir la chaleur si nécessaire et on filtrera pour obtenir une solution limpide.

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A- 4- Appareils de dissolution :

A – 4- 1- En officine :

Au mortier

A – 4- 2- En industrie :

Il faut une cuve et un système d’agitation

● Cuve
Doit être adaptée à son emplois
- Dimension correcte
- Matériau convenable
- Facilement nettoyable

● Agitateur :
Doit être correctement dimensionné.
Choisi en fonction du :
- Produit
- type de cuve
- type d’agitation
- mode opératoire

Agitateur à hélice Agitateur magnétique Agitateur à ultrasons

B – LA DISSOLUTION EXTRACTIVE

B – 1 -Définition :

Elle est appliquée aux drogues d’origine végétale ou animale dont on veut extraire les principes actifs grâce à
un solvant approprié. Elle permet d’obtenir une solution médicamenteuse utilisable telle quelle, ou pouvant
servir à préparer d’autres formes pharmaceutiques comme des sirops ou des potions. Après dissolution, il reste
un résidu qui est éliminé par filtration.

Pour la réaliser il faut respecter 4 conditions :

 L'extraction doit être sélective : Le solvant et la température choisis doivent permettre la dissolution des
principes actifs, sans altérer ceux-ci et sans dissoudre, dans la mesure du possible, les substances inertes.
 Elle doit être rapide pour diminuer le risque d'altération.
 Elle doit être économique, on doit utiliser le minimum de solvant.
 Le solvant doit respecter les principes actifs et il ne doit modifier ni leurs structures ni leurs propriétés.

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B- 2- Méthodes :

Il existe différents procédés de dissolution extractive qui varient surtout en fonction de la température à laquelle
l’opération est réalisée.

B – 2- 1 - La macération :

C’est une opération qui consiste à maintenir en contact la drogue avec de l’eau potable à température ambiante
pendant une durée de 30 minutes à 4 heures.
On obtient ainsi un « macéré ».
On emploie ce procédé pour extraire un principe actif altérable par la chaleur.

B – 2 -2- La digestion :

C’est une opération qui consiste à maintenir en contact la drogue avec de l’eau potable à une température
inférieure à celle de l’ébullition, mais supérieure à la température ambiante pendant une durée de 1h à 15h.
On obtient ainsi un « digesté ».
On emploie ce procédé pour les substances dont les principes actifs seraient détruits par l’ébullition mais non
extraits à froid.

B – 2 - 3 – La décoction :

C’est une opération qui consiste à maintenir la drogue avec de l’eau potable à l’ébullition pendant une durée de
15 min à 30 min.
On obtient ainsi un « décocté ».
La décoction est réservée aux substances compactes, dont les principes nécessitent pour se dissoudre
l’intervention persistante de la chaleur.

Exemple : Racines de Guimauve

B – 2- 4 – L’infusion :

C’est une opération qui consiste à verser sur la drogue de l’eau potable
bouillante et à laisser refroidir.
On obtient ainsi un « infusé ».
On emploie ce procédé pour les produits à tissus délicats (telles que les feuilles
ou les fleurs) et contenant des principes volatils.

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B –2- 5 – La lixiviation ou percolation :

La percolation proprement dite consiste à laisser s'écouler lentement, le solvant chargé en principes actifs selon
une vitesse précisée par la pharmacopée. Le solvant ( le plus souvent l’alcool éthylique à un titre choisi en
fonction de la solubilité des substances à extraire) est régulièrement introduit à la partie supérieure de façon à
compenser le prélèvement effectué. Il faut toujours maintenir une couche de 3 cm de solvant et la drogue se
trouve ainsi au contact d'un solvant non saturé. On va continuer jusqu'à ce que le solvant sortant du percolateur
soit pur. Pour cette raison la percolation est également appelée méthode par épuisement de la drogue.

Cette drogue est contenue dans un lixiviateur ou percolateur.

On obtient ainsi un « percolat ».

Avantages de la méthode :

➢ Elle s’effectue à froid : respecte l'intégrité des principes actifs

➢ Elle est de plus, très efficace de par son principe, avec un bon rendement et comme le solvant se déplace
continuellement par gravité la drogue est toujours en contact avec du solvant non saturé.
Inconvénients de la méthode :

➢ On ne doit pas utiliser une poudre trop fine car elle colmaterait le filtre,
➢ La poudre ne doit pas être trop grossière car le temps de passage serait allongé.
➢ C'est une méthode assez longue.

Cette méthode est essentiellement utilisée pour la préparation des teintures et des extraits.

Les teintures sont des préparations alcooliques qui résultent d’un traitement extractif exercé par l’alcool
éthylique sur des drogues ou des mélanges de drogues.
Les extraits sont des préparations obtenues en concentrant jusqu’à un degré déterminé les solutions résultant
d’un traitement extractif exercé sur des drogues végétales sèches, par un solvant approprié.

Le contrôle de la dissolution doit se faire soit par simple examen visuel, soit par dosage des principes dissous.

La dissolution est suivie d’une filtration qui doit retenir les impuretés en suspension.

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