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Marcia Moraes
Virgínia Kastrup
Traduction
Maria Candida de Castelbajac
et
Ghislaine Balland
Corpus Tactilis
Editions Les Doigts Qui Rêvent...
...Six Points Pour Brailler Plus Fort...
Exercícios de ver e não ver: arte e pesquisa com pessoas com deficiênca visual
Rio de Janeiro, 2010
NAU Editora
ISBN: 978-85-85936-84-6
Préface // 13
Elcie Masini
Introduction // 17
Marcia Moraes & Virgínia Kastrup
SECTION 1
Construire une méthode et un problème de recherche // 30
SECTION 2
Mouvement du corps et de la Clinique // 78
SECTION 3
Accessibilité dans les musées // 152
SECTION 4
Littérature et Cécité // 195
SECTION 5
Politique et Citoyenneté // 233
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3. Le tableau de Snellen, aussi connu comme les acuités Snellen ou échelle d’optométrie
de Snellen, est un diagramme utilisé pour évaluer l’acuité visuelle. Il est composé d’un
ensemble de lettres de différents ordres de grandeur disposées de façon aléatoire.
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2.Les feux de circulation pour piétons installés sur les voies publiques
doivent être équipés d’un mécanisme émettant des signaux sonores
doux, intermittents et peu stridents, ou d’un mécanisme alternatif,
servant de guide ou d’orientation pour aider la traversée de personnes
malvoyantes, si le volume de trafic et la dangerosité de la voie le
nécessitent (art.9).
Toutefois, nous observons que quelques-unes des difficultés
rencontrées par les malvoyants dans leur quotidien ne sont pas
prises en compte par la loi, comme, par exemple, les trous dans les
trottoirs. De plus, combien même certains aspects sont pris en compte,
tel que la signalisation sonore des feux de circulation, d’autres tout
aussi importants ne le sont pas. Ceci est évident, par exemple, en ce
qui concerne la durée de temps trop courte réservée à la traversée et
l’absence de bande tactile sur le sol des passages piétons, permettant
une traversée rectiligne.
Ce texte est le résultat d’une recherche effectuée auprès de
malvoyants à proximité de l’Institut Benjamin Constant –école et centre
de réhabilitation pour personnes handicapées visuelles– et du Campus
de Praia Vermelha de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro. Nous avons
utilisé une méthode que nous avons appelée « entretiens-promenade » :
accompagnés des interviewés, nous nous promenions dans la ville. Les
entretiens-promenades ont été réalisés avec trois personnes aveugles
du service de réhabilitation de l’Institut Benjamin Constant, dont un
aveugle congénital et deux personnes devenues aveugles.
Ce dispositif a été créé pour étudier les aspects cognitifs
impliqués dans trois situations quotidiennes choisies pour les fins de
cette recherche, c’est-à-dire, traverser une rue, prendre un autobus
et éviter un orelhão, comme nous l’avons déjà expliqué. Nous avons
demandé aux trois participants non-voyants de nous guider dans la
rue, indiquant à chaque fois les difficultés rencontrées, ainsi que les
stratégies développées pour se déplacer dans la ville. De cette façon,
nous appuyant sur leurs récits, dans un élan de coopération mutuelle,
nous avons cherché à construire un savoir, transformateur tant pour les
chercheurs que pour les sujets de la recherche.
Ainsi, il ne s’agit pas d’une recherche faite pour ou sur les
aveugles, mais AVEC eux, conformément à ce que préconisent
actuellement divers auteurs (Varela. s.d : Varela, Thompson et Rosch,
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2003 ; Latour 2001, 1999, Mol 1999, 2002 ; Mol & Law, 2000, 2003).
Ces formulations théorico-méthodologiques s’appuient sur un mode
de recherche qui a été développé et que nous partageons, appelé
PesquisarCOM4 (RechercherAVEC) (Moraes, 2008 ; Alvarez et Passos,
2009 et Pozzana et Kastrup, 2009). Il relie la production de connaissances
et l’intervention sur le terrain, soutenant que les stratégies d’action
deviennent plus pertinentes lorsqu’elles sont élaborées conjointement.
D’ordinaire, quand nous parlons de handicap, nous soulignons
les différences entre personnes handicapées et valides, faisant ressortir
surtout ce qui est absent chez les premières pour qu’elles soient
considérées comme « normales ». Dans le cas du handicap visuel, cette
façon erronée de comprendre, analyse le déficit sensoriel comme
incapacitant physiquement et intellectuellement pour l’individu.
L’aveugle n’est pas seulement perçu comme quelqu’un qui ne voit
pas, mais, parfois, comme quelqu’un ne pouvant pas être autonome,
intéressant et productif.
Du point de vue biologique, le déficit sensoriel à lui seul,
n’implique pas des problèmes de développement cognitif (Hatwell,
2003). Néanmoins, comme l’affirme Martins (2005), « le non-accueil
des handicapés dans la société est surtout dû aux obstacles physiques,
sociaux et culturels qui les empêchent de participer à la vie sociale »
(p.4).
Toutefois, proposer une participation plus active dans les
diverses sphères de la vie en société ne signifie pas qu’ils seront comme
les voyants. Nous devons prendre en compte que la cécité engendre
des particularités, et nous soulignons ici celles qui les gênent dans
leurs déplacements. D’un autre côté, il est possible de se déplacer dans
les espaces publics avec suffisamment d’autonomie si des conditions
spécifiques sont remplies, c’est-à-dire que les difficultés peuvent être
réduites si on met en place certaines adaptations permettant des
déplacements urbains mieux sécurisés.
La personne aveugle peut apprendre à se déplacer de façon
autonome en prenant des cours de locomotion (comme ceux dispensés
à l’Institut Benjamin Constant) et en développant des stratégies
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5. Cf. Murphy et Cain, 1985 ; Smith, Doty et Bulingame, 1993 ; Rosenbluth, Grossman
et Kaitz, 2000.
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est souvent obligé de marcher plus vite, prenant le risque de faire une
chute, ou bien il doit attendre qu’un voyant vienne l’aider.
Pour prendre un autobus nous dépendons aussi de la vision.
Sans la vue, nous n’avons pas le moyen de savoir quel autobus arrive.
Les interviewés ont expliqué comment ils font face à ce problème.
Lorsqu’ils veulent prendre un autobus donné, ils demandent de l’aide
à quelqu’un qui se trouve à l’arrêt. Si personne ne s’y trouve, grâce à
l’ouïe, ils entendent approcher l’autobus, lui font signe et demandent
au conducteur si c’est bien l’autobus qu’ils attendent. Pour descendre,
ils demandent au contrôleur ou au conducteur de les prévenir quand ils
arrivent à l’arrêt souhaité. À l’arrêt d’autobus devant l’Institut Benjamin
Constant, il y a un marquage au sol en relief sur le trottoir pour signaler
l’emplacement aux handicapés visuels. Toutefois, ce genre de marquage
n’existe pas dans la plupart des autres arrêts d’autobus de la ville,
rendant leur repérage très difficile.
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Références
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