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Hors Série

La Lettre Lettre d’information de l’EEA | Hors série n°7 | Mai 2016

La laïcité dans les établissements de soins


(L'hôpital, pilote du "Vivre Ensemble" dans le respect des différences)

Sommaire
1. Introduction................................................................... 1 5. Les conduites à tenir face à des demandes
a. Définition ou des situations particulières à l’hôpital.................. 7
a. Question du libre choix du médecin
b. Les grands principes de la loi de 1905
b. Libre consentement aux soins chez l'adulte
2. La Laïcité à travers l’histoire........................................ 3 c. Libre consentement aux soins chez l'enfant mineur ou
l’adulte sous tutelle
3. La Philosophie de la Laïcité ........................................ 4 d. Troubles occasionnés par les usagers dans l'exercice
de leur culte, réglementation et réflexion éthique
4. Laïcité et religions à l'hôpital....................................... 5 e. Dissimulation du visage
a. Les Usagers du service public 6. Conclusions .................................................................. 9
b. Les Agents 7. Bibliographie .............................................................. 10
c. Les aumôneries à l’hôpital 8. Vrai / Faux à l’hôpital ................................................. 11

Introduction
a. Définition Jean-Louis Bianco, président de
La laïcité s'est progressivement imposée l'Observatoire de la laïcité, donne une
en Europe, mais son expression diffère définition de la laïcité lors d'un débat des
en fonction de l'histoire de chaque pays. Assises des Petites Villes de France APVF
La France se distingue par l'intensité qu'a qu’il ramène à trois idées simples :
revêtue cette question et par l'affirmation
de son identité laïque dès l'article 1er de “La première est que la laïcité est une
liberté, liberté de croire ou de ne pas
sa Constitution.
croire, liberté de changer de religion,
liberté d’exprimer ses convictions, y
La République est par définition laïque,
compris religieuses, dans l’espace public.
indépendante de toute religion mais
C’est une liberté qui s’exerce comme
garantit la liberté religieuse des citoyens.
toutes les autres libertés dans les limites
La laïcité est donc bien une des conditions de la Déclaration des droits de l’Homme,
du " vivre ensemble " que l'on peut définir dans la mesure où elle ne porte pas
comme principe éthique au même titre atteinte à la liberté d’autrui. C’est donc
que les 3 principes républicains: liberté, une erreur, parfois commise de bonne
égalité, fraternité. De ce fait, elle reste foi…, de croire que la conviction religieuse
un combat permanent contre toute ou philosophique est seulement une
discrimination. affaire de lieux de culte ou de vie intime. …/…

Lettre d’information Hors série


Responsable publication : Dominique Grimaud
Réalisation : Direction de la Communication
CHU de Nice - Visuels : Fotolia.com
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Introduction (suite)
La deuxième est que la laïcité, est le d’autrui et permettre la coexistence de jour qu'en 2013, installé par François
signe de l’indépendance de l’État et de personnes d’origines et de convictions Hollande. Il est rattaché directement
sa neutralité par rapport aux religions, différentes. C’est le fait qu’au delà de au premier ministre et se compose de
neutralité du service public, y compris nos origines, de nos convictions, de nos 21 membres : 7 hauts fonctionnaires,
s'il est exercé par des personnes de droit sympathies, nous sommes toutes et tous 2 députés et 2 sénateurs (2 de la majorité
privé, neutralité des agents qui exercent des citoyens à égalité de droits et de et 2 de l'opposition) et 10 membres
une mission de service public qui ne devoirs ”. qualifiés nommés par le premier ministre.
doivent manifester aucune préférence (réf : http://jeandumonteil.blog.lemonde. Son objectif est d'analyser les études
et aucun signe d’appartenance ou de fr/2015/06/19/la-laicite-une-liberte-et-non- concernant ce principe et de faire des
conviction religieuse... une-restriction) propositions au gouvernement pour une
La troisième est que la laïcité, ce n’est Créé par Jacques Chirac en 2007, meilleure mise en œuvre.
pas seulement préserver la liberté l'Observatoire de la laïcité n'a vu le

b. Les grands principes de la loi pas dans le fonctionnement des pouvoirs


de 1905 publics et que les pouvoirs publics ne
La loi du 9 décembre 1905 : « loi de s’ingèrent pas dans le fonctionnement
séparation des Églises et de l’État » des institutions religieuses.
dissocie l’espace citoyen et l’espace
religieux La laïcité, permettant une liberté
religieuse, n’est donc pas une liberté
> Trois principes : négative au sens de ne pas être ennuyé
quand on a une croyance, c’est une
 Art 1 « La république assure la liberté liberté positive que les juristes nomment
de conscience. Elle garantit le libre «Droit créance»: c’est le droit qui permet
exercice des cultes… » à un créancier de contraindre son
débiteur à exécuter son obligation, ainsi
 Art 2 « La république ne reconnaît, dans le cas qui nous intéresse, l’État a
ne salarie ni ne subventionne aucun l’obligation de permettre l’exercice d’un
culte »… « pourront toutefois être culte quel qu’il soit.
inscrites aux budgets les dépenses
relatives à des services d’aumônerie Circulaire générale sur la laïcité, du
destinées à assurer le libre exercice 13 avril 2007 :
des cultes dans les établissements
publics… » « Les usagers accueillis à temps complet
manifestations ne troublent pas l’ordre dans un service public, notamment au
 Art 3 « Les Eglises pourront constituer public établi par la loi » sein d’établissements médico-sociaux,
des « associations cultuelles... ». hospitaliers ou pénitentiaires ont droit au
La laïcité garantit à tous les citoyens, respect de leurs croyances et peuvent
La laïcité de l’état a la valeur normative quelles que soient leurs convictions participer à l’exercice de leur culte sous
la plus haute car elle est inscrite dans la philosophiques ou religieuses, de vivre réserve des contraintes découlant des
constitution de la 5ème république du 4 ensemble dans la liberté de conscience, nécessités du bon fonctionnement du
octobre 1958: la liberté de pratiquer une religion ou de service ».
n’en pratiquer aucune, l’égalité des droits
« La France est une République et des devoirs, la fraternité républicaine. Ces grands principes s’appliquent
indivisible, laïque, démocratique et sur l’ensemble du territoire avec des
sociale. Elle assure l’égalité devant la La laïcité n’est pas une opinion ni une exceptions: les 2 départements d’Alsace
loi de tous les citoyens sans distinction conviction mais le principe qui les et de la Moselle qui sont encore sous
d’origine, de race ou de religion. Elle autorise toutes. le régime concordataire, ainsi que
respecte toutes les croyances… » certaines collectivités territoriales comme
Le principe de laïcité a aussi pour la Guyane et les TOM qui ont un statut
En cela nous retrouvons la déclaration conséquence la séparation de l’Etat particulier.
des droits de l’homme de 1789 « nul ne et des organisations religieuses. Cette
doit être inquiété pour ses opinions, séparation « des Eglises et de l’Etat »
mêmes religieuses, pourvu que leurs implique que les religions ne s’immiscent
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2. La Laïcité à travers l'histoire


Dans l’Antiquité, il n’y avait aucune de supériorité. Si elle peut le reconnaître, français juifs). La religion catholique est
séparation entre l’Église et l’État. La elle peut aussi le destituer s’il manque à au cœur des conflits politiques à partir de
religion était au cœur de la société, ses commandements (C’est d’ailleurs la la Révolution. Les constituants cherchent
elle organisait le lien social. La cité raison pour laquelle Napoléon Ier, mille à nationaliser la religion catholique en
se faisant intégrante, les croyances ans plus tard, se couronnera lui-même établissant une constitution civile du
multiples cohabitaient et l’on a créé empereur devant le Pape, pour signifier clergé. La Révolution va même essayer
des lois communes afin de favoriser la qu’il ne doit sa couronne qu’à lui-même). de mettre en place une religion civile en
coexistence de tous. Le dirigeant est instituant « le culte de l’être suprême »
une figure centrale du culte, voire une Et durant des siècles le roi de France à l’initiative de Robespierre mais sans
divinité, au moins en devenir (pharaons, est un roi très chrétien, même s’il succès.
empereurs…). signifie très régulièrement à la papauté
qu’il est maître en son royaume pour Et pourtant des voix s’élèvent pour
Dans la Rome antique préchrétienne, lutter contre la domination du spirituel garantir la liberté: « Nous ne sommes
le droit romain développe la distinction sur le temporel. Le gallicanisme est pas les ennemis de la religion. Nous
entre lois communes et pouvoir religieux l’expression de ce combat, instituant sommes au contraire, les serviteurs de
en distinguant la res publica (la « chose dans un premier temps l’autonomie de la liberté de conscience, respectueux
publique ») de la chose privée. Le l’Église de France face à Rome, avec de toutes les options religieuses et
respect de la conscience individuelle, prédominance du clergé français sur le philosophiques ». Gambetta, Discours
la recherche de l’intérêt général, la roi, puis le gallicanisme politique, mettant à Roman 18 septembre 1878.
primauté de la loi sur les dogmes en avant l’autorité du roi de France sur
deviennent les composantes de la cité. l’organisation temporelle de l’Église de Bonaparte et le directoire chercheront à
France (Concordat de Bologne en 1516). rétablir la paix religieuse par un accord
Le christianisme, dans un premier avec Rome dans le concordat de 1802
temps repose sur la distinction entre En ce temps-là, le pluralisme religieux qui fait du culte un service public, avec
le spirituel et le temporel, celui-ci étant n’existe plus, l’idée de tolérance est tout contrôle du clergé mais financement sur
réservé à l’empereur. simplement inconcevable. fonds publics (gallicanisme)

C’est avec la conversion de Du reste, l’Édit de Tolérance promulgué En 1870 c’est le début de la III e
Constantin au christianisme, au IVe en faveur des protestants en 1787 ne République et en 1875 la constitution est
siècle qu’apparaissent les privilèges leur reconnaît que certains droits civils, mise en place; le républicain se définit
en faveur de l’Église et l’intervention en aucun cas la liberté d’exercice public comme admirateur de la révolution qui
de l’empereur dans les affaires de culte. a arraché les français à la servitude des
ecclésiastiques. Théodose Ier, en 380, nobles et des prêtres. Sans mettre en
déclare le christianisme seule religion C’est dans ce terreau que prend racine cause la liberté de culte, l’objectif est de
licite de l’Empire Romain et persécute les la Révolution française, faisant un pas réduire la religion au domaine privé.
adeptes des autres cultes dits « païens », décisif en prenant ses distances avec
tous perçus comme une menace. l’Église : elle déclare notamment la liberté En 1880 Jules Ferry créé l’école primaire
de conscience et religieuse, à travers gratuite laïque et obligatoire et interdit
Au déclin de l’Empire Romain l’article 10 de la Déclaration de l’Homme l’enseignement aux congrégations non
d’occident, seule la papauté reste et du Citoyen (26 août 1789) : « Nul ne autorisées : dominicains, franciscains
un pouvoir solide face à une foule de doit être inquiété pour ses opinions et jésuites sont expulsés. La laïcité
royaumes appelés « barbares ». même religieuses, pourvu que leur devient militante, il ne faut plus laisser
manifestation ne trouble pas l’ordre établi les religions exercer une influence.
En 498, avec la conversion et le baptême par la loi », et supprime certains délits
de Clovis, l’histoire de la France se religieux (blasphème, hérésie…) La laïcité est le fruit d’une longue histoire
confond avec celle du christianisme, conflictuelle opposant, tout au long du
avec son Roi, monarque de droit divin. C’est le début de la notion de liberté XIXe siècle ceux qui veulent que la France
La France devient «fille aînée de l’Église». de conscience qui apparaît pour la redevienne la fille aînée de l’Église et
Le politique et le religieux fusionnent 1ère fois en France et en Europe. Cela ceux qui pensent que la France moderne
alors. entraîne le rejet de toute discrimination, doit être la fille aînée de la Révolution
donc l’abrogation des statuts particuliers de 1789 nous dit Jean Baubérot dans
En sacrant Charlemagne Empereur qui concernent les protestants et les «Laïcité entre passion et raison» éditions
d’occident, en 800, le Pape Léon III juifs qui ont les mêmes droits que les du Seuil.
montre au monde que c’est l’Église qui le catholiques (avec une exception que l’on
couronne et le met de ce fait en position trouvera dans le régime de Vichy sur les
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En 1905 la publication de la loi de St Siège par décret du Président de la les lycées publics, le port des signes
séparation des Églises et de l’État République au JO. Tous les ministres du ou tenues par lesquels les élèves
constitue une rupture automatique du culte sont rétribués sur les fonds publics; manifestent ostensiblement une
concordat de 1802, donc des relations les facultés catholiques et protestantes appartenance religieuse est interdit ».
diplomatiques avec le Vatican. Trois sont des universités d’État.
départements sont absents de la > La loi du 11 octobre 2010 interdisant la
communauté nationale les 2 d’Alsace Le problème de la laïcité ressurgit dissimulation du visage dans l’espace
et la Moselle qui seront rattachés à la avec l’arrivée de l’Islam en Europe public..
France après la défaite de 1918; une des et particulièrement en France; l’État
conditions du retour en France est que tente de susciter la formation d’un Islam  nfin les attentats de janvier 2015
E
le gouvernement renonce à étendre le de France avec la création du Conseil relancent le débat sur la laïcité.
régime général (montée de boucliers des Français du Culte Musulman.
élus, conseils généraux et municipaux):
le gouvernement renonce. La question Deux dispositifs légaux viendront
ressurgit plusieurs fois en 1936 puis en compléter les textes sur la laïcité :
1945 mais rien ne change.
> La loi sur les signes religieux dans les
L’archevêque de Strasbourg, l’Évêque écoles publiques (loi Stasi) de mars
de Metz sont nommés avec accord du 2004 : « dans les écoles, les collèges et

3. La Philosophie de la laïcité
l’intégrisme antireligieux. C’est d’ailleurs croyances, en substituant l’autorité de la
Quelle définition de la laïcité trouve-t- toujours un combat d’actualité tant il raison à toute autre forme d’autorité. Les
on dans le dictionnaire Philosophique n’est pas évident de comprendre les Philosophes des lumières ont repris cette
d’André Comte Sponville : présupposés philosophiques lui donnant notion fondamentale qu’il n’y a d’autre
sens et lui conférant sa valeur. autorité que celle de la raison.
« L’essentiel tient en 3 mots : neutralité
(de l’État ou de l’école) indépendance Le principe de base est que la société « Sapere aude », Aie le courage de te
(État vis à vis des Églises et puisse exercer les droits fondamentaux servir de ton propre entendement, telle
réciproquement) liberté (de conscience des individus sans que les uns aient est la devise des Lumières, traduite par
et de culte)....la laïcité nous permet de à subir la prétention des autres à leur Kant en 1784 dans son ouvrage, Qu’est
vivre ensemble, malgré nos différences imposer ce qu’ils doivent penser ou faire. ce que les Lumières ?
d’opinion et de croyances» Pour cela la laïcité est une condition
nécessaire pour s’opposer à toute Mais cela ne veut pas dire que la raison
André Comte Sponville situe bien la hégémonie liée à quelque conviction est la fin des croyances. Car le propre de
laïcité et ses grands principes dans le que ce soit, comme l’écrit Paul Ricœur : la raison est d’avoir conscience de ses
« Vivre Ensemble » comme Jean-Louis propres limites. Elle ne peut répondre
Bianco nous y invitait en introduction. « Il y a potentiellement quelque chose à toutes les questions existentielles.
Même si le débat a toujours fait rage, d’intolérant dans la conviction. Nous La raison est là pour transcender les
la laïcité, telle que définie dans la loi n’admettons pas facilement que ceux particularismes sexuels, religieux,
de 1905 ne vise pas l’éradication de la qui ne pensent pas comme nous aient ethniques afin de fonder l’universalité,
foi. Certains philosophes ont mené ce le même droit que nous à professer leurs c’est à dire la communauté des citoyens.
combat contre la foi et la religion comme convictions, parce que, pensons-nous,
Charles Renouvier, philosophe du XIXe ce serait donner un droit égal à la vérité En cela la laïcité est fille de la déclaration
qui associe la laïcité à une ambition et à l’erreur » (Réf: Lectures, I, Seuil, 1991 des droits de l’homme et du citoyen
morale : former «des consciences p 303). de 1789 reformulée en 1948 «Tous les
autonomes» les républicains qui feront la hommes naissent libres et égaux en
loi de 1905 n’auront pas cet état d’esprit L’histoire récente ne peut que confirmer dignité et en droits. Ils sont doués de
autant antireligieux qu’anticlérical. la montée de ce climat d’intolérance. raison et de conscience et doivent agir
les uns envers les autres dans l’esprit
La laïcité est donc une réalité conquise Pour Socrate, Descartes, Spinoza ou de fraternité» article 1. La laïcité crée les
de haute lutte en France contre Kant la liberté commence et s’accomplit conditions de cette universalité basée sur
l’intransigeance de l’Eglise catholique et avec l’effort de mise à distance de ses les Droits de l’Homme.
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4. Laïcité et religions à l’hôpital :


Après une période de l’histoire où la Les patients ont le droit d’exercer leur Il est important de noter que dans ces
laïcité fut combattue par la religion liberté d’action et d’expression dans le circulaires ce ne sont pas les cultes eux-
dominante en France c’est à dire la domaine religieux. mêmes qui s’expriment mais la société
religion catholique, elle est aujourd’hui, civile qui définit la place qu’elle veut
et depuis de très nombreuses années, Ils ont droit à l’exercice de leur culte laisser à la dimension spirituelle des
reconnue par toutes les religions (sous réserve des contraintes découlant patients et du fait qu’elle a à s’engager
comme principe normal et souhaitable des nécessités du bon fonctionnement de manière active dans la prise en
qui régit les relations entre les pouvoirs du service et de sa neutralité); des compte de cette dimension.
publics et les religions. aumôniers sont présents dans les
hôpitaux pour accompagner les patients
Les établissements de santé (dont les qui en font la demande et leur permettre
hôpitaux) accueillent des personnes de pratiquer leur culte. b. Les agents du service public
de toute origine sociale, ethnique et
Il s’agit de l’ensemble du personnel de
religieuse. La laïcité est un des principes Les usagers ont aussi des devoirs
l’hôpital, personnel soignant, technique
nécessaires pour permettre le respect dont celui de s’abstenir de tout
et administratif.
des croyances et l’égalité de tous devant prosélytisme : pour prendre en
la loi. De très nombreux textes régissent compte la vulnérabilité du patient,
Comme les usagers ils ont droit à la
son application (cf annexe). tout prosélytisme est interdit de la
part de toute personne accueillie dans liberté de conscience et au respect
Dans la charte de la laïcité dans les l’établissement, mais aussi bénévoles, de leurs convictions ; ils bénéficient
services publics deux populations visiteurs et aumôniers. (cf. Charte de la d’autorisations d’absence pour participer
distinctes sont identifiées dans la mesure laïcité dans les services publics du 13 à une fête religieuse (en fonction de la
où leur implication est différente : les avril 2007). compatibilité avec les nécessités du
usagers du service public et les agents service).
du service public La charte de la personne hospitalisée
(cf. circulaire du 2 mars 2006 Ils ont aussi le droit à l’absence de toute
relative au droits des personnes discrimination à l’embauche, et le droit
hospitalisées) décrit l’exercice de la d’être titularisés et de bénéficier d’un
a. Les usagers du service
liberté religieuse : « l’établissement de déroulement de carrière normal au sein
public : santé doit respecter les croyances et de l’administration quelles que soient
Les usagers du service public sont les convictions des personnes accueillies. leurs convictions.
patients, les résidents, mais aussi des Dans les établissements de santé
personnes qui viennent rendre visite publics, toute personne doit pouvoir Ils ont aussi des devoirs dont le principal
dans l’Hôpital. Ils ont droit au respect être mise en mesure de participer à est celui de stricte neutralité; ils doivent
de leurs croyances et à être considérés l’exercice de son culte (recueillement, traiter également toutes les personnes
égaux face au service public. présence d’un ministre du culte de en respectant leur liberté de conscience;
sa religion, nourriture, liberté d’action cela a pour conséquence le devoir de ne
« La personne hospitalisée étant dans et d’expression, rites funéraires…).
pas manifester leurs propres convictions
un état de dépendance sinon de Toutefois, l’expression des convictions
personnelles (religieuses, politiques,
vulnérabilité, celle-ci doit pouvoir le religieuses ne doit porter atteinte ni au
etc.) ni de faire du prosélytisme dans
plus librement possible manifester fonctionnement du service, ni à la qualité
l’exercice de leurs fonctions.
ses opinions religieuses et ne pas des soins, ni aux règles d’hygiène, ni
être influencée ou contrariée dans ses à la tranquillité des autres personnes
L’Observatoire de la laïcité dans sa note
convictions par le personnel soignant hospitalisées et de leurs proches ».
ou des tiers, pour préserver et assurer sa d’orientation n°11 précise ces devoirs:
liberté de conscience, le personnel doit « Le soin ne peut être ni un temps ni un
faire preuve de volontarisme et garantir espace d’interruption des croyances « Les agents publics doivent non
au patient hospitalisé la libre pratique et des pratiques du patient…l’hôpital seulement ne pas marquer de préférence
de son culte et la manifestation de ses public s’ouvre à toutes les dimensions mais aussi ne pas donner l’apparence
convictions religieuses » Réf: Rapport de l’individu dont la spiritualité est une d’un comportement préférentiel ou
de la mission ministérielle commanditée composante souvent essentielle… » discriminatoire, par exemple par la
par Roselyne Bachelot : « Promouvoir la (CIRCULAIRE du Ministère de l’intérieur présence de signes à caractère religieux
Bientraitance dans les établissements de du 5 juillet 2011 « Laïcité à l’Hôpital » dans leur bureau ou guichet ou le port
santé » 1 mars 2011. page 3) de tels signes. »
6

c. Les aumôneries à l’hôpital :

C’est pour rendre effective cette liberté


religieuse pour les usagers que des
services d’aumônerie sont constitués
dans les hôpitaux, comme dans les
prisons ou dans l’armée.

Au sein des établissements de santé


les autorités préposées à la gestion des
établissements de santé, sont tenues
de prendre les mesures nécessaires
pour permettre aux patients d’exercer
leur culte (arrêt du Conseil d’état du
28 janvier 1957).

En conséquence, un service d’aumônerie


(circulaire DGOS/RH4/2011/356 du
05 septembre 2011) est identifié dans
le fichier structure de l’établissement
de santé public, afin d’assurer le
libre exercice des cultes. Toutes les
principales religions en France sont
représentées dans ces institutions:
catholique, protestante, orthodoxe, juive,
musulmane et bouddhiste.

Les ministres du culte, aumôniers ou


auxiliaires ont un statut de contractuels
de la fonction publique ou peuvent
être bénévoles. Ils sont désignés par
leurs autorités cultuelles agréées par
l’administration, sont soumis à l’autorité
du Directeur et au règlement intérieur
de l’établissement, et doivent respecter
le principe de neutralité, c’est à dire le des actions de formations «en vue de ou occasionnel, en contribuant à
respect des convictions de chacun. diffuser la connaissance des traditions l’amélioration du service rendu aux
religieuses». «(CIRCULAIRE N°DGOS/ usagers des établissements publics
Un certain nombre de circulaires RH4/2011/356 du 5 septembre 2011). qui les accueillent, notamment en
ministérielles définissent le rôle de ce œuvrant à la médiation nécessaire
service, les modalités de recrutement La charte nationale de la laïcité (2007) à la bonne compréhension de
des aumôniers… etc. nous précise le rôle de l’aumônier : « Son l’organisation du service public par
action ne se fait pas au seul bénéfice du les usagers»(CIRCULAIRE N°DGOS/
La mission des aumôniers et de patient qui l’a demandé : sa présence, RH4/2011/356 du 5 septembre 2011).
l’équipe de bénévoles qu’ils encadrent par la dimension éthique qu’il porte, est
est principalement d’assurer le service enrichissante pour tous. L’aumônier, Les principes de laïcité justifient que
du culte et d’accompagner les patients éclaire le cas échéant l’équipe médicale les besoins et les attentes spirituelles
qui en font la demande ainsi que leurs et soignante sur les implications des patients soient pris en compte.
familles. Ils sont aussi le relais des que peuvent avoir certaines de leurs Le contexte social de la laïcité doit
demandes des patients auprès des décisions au regard des convictions et considérer comme un moyen que la
autres ministres du culte de religions pratiques religieuses des patients. Sa pluralité qui nous constitue : athée,
différentes. démarche doit être cohérente avec la religieuse et spirituelle, puisse être
démarche de soins ». exprimée dans l’espace public et, en
Ils sont associés à l’équipe soignante particulier, à l’hôpital.
pour le bien-être des patients et L’aumônier, en raison même de sa
contribuent à l’Amélioration du Service spécificité, joue pleinement son rôle
Médical Rendu; ils peuvent participer à d’agent public, à titre permanent
7

5. Les conduites à tenir face à des demandes ou des situations


particulières à l’hôpital :
L’observatoire de la laïcité réalise > L’existence de prosélytisme. Ceci est confirmé par la circulaire 2005-
régulièrement des enquêtes pour faire 57 du 2 février 2005 relative à la laïcité
un état des lieux des problématiques >
D es difficultés concernant les dans les établissements de santé :
liées aux questions de laïcité. Le constat professionnels : affichage de signes « Le libre choix du malade ne permet
est que les autorités publiques sont très extérieurs d’appartenance à une pas que la personne prise en charge
peu saisies de problèmes liés à la laïcité communauté religieuse, refus de les puisse s’opposer à ce qu’un membre de
ou à la gestion du fait religieux. enlever, tensions entre communautés l’équipe de soins procède à un acte de
au détour d’évènements, difficulté diagnostic ou de soins, pour des motifs
Ceci est confirmé par un texte de la FHF à répondre favorablement à des tirés de la religion... »
(Fédérations Hospitalière de France) demandes d’aménagement des
de Juin 2015 (réf. : la laïcité dans les organisations de fêtes religieuses...
établissements de soins et médico-
b) Libre consentement aux soins
sociaux rapport de la commission
des usagers) qui constate, suite Cette enquête de la FHF montre que les chez l’adulte
à une enquête en 2015 auprès de problématiques rencontrées sont parfois « Aucun acte médical, ni aucun
172 établissements hospitaliers, que les contraires : traitement ne peut être pratiqué sans
problèmes rencontrés sont peu fréquents > Une atteinte à la liberté de conscience le consentement libre et éclairé des
et souvent résolus par le dialogue et la et de pratique des patients qui ne peut personnes » article L1111-4 du code de
négociation. Cette enquête note aussi pas être respectée. santé publique.
que les dispositions prévues par la loi > À l’inverse une expression religieuse
sont parfois peu appliquées : charte qui peut contrevenir à la laïcité dans Ainsi le patient a droit de refuser quelque
de la laïcité affichée dans seulement un établissement public. soin que ce soit, y compris dans une
32% des établissements, existence de situation désespérée.
«correspondants laïcité dans 22% des Quelques situations précises, leur
cas, formation sur la laïcité dans 11% cadre législatif, et les règles ou les Ex: la transfusion sanguine chez les
des hôpitaux et lieux multi cultuels dans conduites à tenir qui en découlent témoins de Jéhovah.
61% des cas. peuvent servir d’illustration:
> Le libre choix du médecin. « L’obligation pour le médecin de
Le rapport de la Commission des > Le libre consentement aux soins, chez sauver la vie ne prévaut pas de manière
usagers de la FHF sur les principales les adultes et chez les enfants. générale sur celle de respecter la volonté
problématiques relatives à la laïcité dans > Les troubles occasionnés par les du malade » a rappelé le conseil d’état
les établissements publics de santé et usagers dans l’exercice de leur culte. le 26 octobre 2001. Mais le juge ne
médico-sociaux relève certains points > La dissimulation du visage. condamne pas pour autant le médecin
(Cf. page 8 et 9 du rapport) : > La gestion des crèches de Noël. qui s’en affranchit dès lors qu’il accomplit
un acte indispensable à la survie du
> L e non respect des croyances malade proportionné à son état dans le
des usagers par les soignants seul but de le sauver.
a) Question du libre choix du
et l’institution : revendication
alimentaire, méconnaissance des médecin:
pratiques et rites funéraires, demande « Le droit du malade au libre choix de
c) Libre consentement aux soins
de prise en charge par des femmes son praticien et de son établissement de
uniquement. santé est un principe fondamental de la chez l’enfant mineur ou adulte
législation sanitaire » article L.1110-8 du sous tutelle
> La prise en compte insuffisante code de santé publique. « Le consentement du mineur ou
des besoins de pratique de culte du majeur sous tutelle doit être
des usagers : pratique de la prière Rien ne s’oppose à des demandes des systématiquement recherché s’il est apte
dans des espaces communs ou en usagers d’être soignés par un médecin à exprimer sa volonté et à participer à la
chambre double, demande de lieux de l’un ou l’autre sexe, mais le service décision. Dans le cas où le refus d’un
de culte spécifiques, demande d’un n’est nullement tenu de donner suite traitement par la personne titulaire de
meilleur affichage des plannings des à ces demandes si cela nuit à son l’autorité parentale ou par le tuteur risque
offices, demande de rénovation du fonctionnement (ex. les tours de garde d’entraîner des conséquences graves
lieu de culte, crèche de Noël. des médecins) ou à la qualité des soins. pour la santé, le médecin délivre les
8

soins indispensables » article L.1111-4 respect de la vie privée page 5) : f) Gestion des crèches de Noël
du code de santé publique. « les professionnels de santé ont une (référence observatoire de la
obligation de neutralité »… « d’une
laïcité)
La croyance religieuse des parents ne manière générale, l’expression des
peut être le motif d’une opposition aux convictions religieuses, ne saurait L’article 28 de la loi de 1905 stipule :
soins pour leurs enfants. créer de désordre ou porter atteinte « il est interdit, d’élever ou d’apposer
à l’ordre public » (Réf:http://www.ars. aucun signe ou emblème religieux sur
paca.sante.fr/fileadmin/PACA/Site_Ars_ les monuments publics ou en quelque
Paca/Concertation_regionale/CRSA/ emplacement public que ce soit, à
d) Troubles occasionnés par les
droits_des_usagers/Le_droit_au_ l’exception des édifices de culte... ainsi
usagers dans l’exercice de leur que des musées ou expositions ».
respect_de_la_vie_privee.pdf page 5).
culte: règlementation et réflexion
éthique On voit bien là qu’il ne peut pas y avoir
une et une seule recommandation
Partons d’un exemple concret : dans mais que la réflexion éthique est
une chambre à 2 lits la pratique cultuelle nécessaire afin que chaque patient
d’un patient (prière, présence d’un se sente reconnu et respecté dans
aumônier...) indispose le patient qui ses convictions. La pratique dans les
partage sa chambre. Quelle conduite hôpitaux va d’ailleurs dans ce sens
à tenir? puisque l’on voit que le dialogue et la
négociation permettent de solutionner
Commençons par le rappel des textes
la quasi totalité des situations grâce au
de lois et consignes des autorités:
personnel soignant qui agit en toute
neutralité et objectivité. La laïcité ne
 Loi du 2 janvier 2002 qui rappelle permet pas de privilégier un patient
La crèche de Noël considérée comme
le droit fondamental de l’usager à « emblème religieux » et installée dans
pour ses convictions religieuses ou
ce qu’on respecte sa personne et un local de l’administration contrevient
un autre pour ses convictions athées.
ses convictions (cela concerne les à cette loi. Cependant il appartient au
C’est le vivre ensemble qui est l’objectif
2 patients). juge d’examiner chaque situation, car
à atteindre et la laïcité en est un des
des traditions culturelles locales peuvent
moyens essentiels. Lorsque la situation
 Article R 1142-46 du code de santé être des arguments invoqués devant les
est bloquée le personnel soignant
publique reconnaît aux patients le droit juges. Il pourrait donc être considéré
trouve des solutions de remplacement
de participer à l’exercice de leur culte que concernant un cadre culturel ou
en changeant un patient de chambre,
sous réserve qu’il ne trouble pas le traditionnel et pour une durée courte
fonctionnement du service public (cela ce n’est jamais l’idéal mais cela permet et déterminée, il ne s’agirait pas d’un
concerne le patient pour sa pratique de trouver une solution d’apaisement emblème religieux mais d’une exposition,
cultuelle). sans qu’aucun des protagonistes ne se exception autorisée par l’article 28.
sente lésé.
 Circulaire n°2005-57 du 2 février 2005 Cette position d’ouverture et non de
qui précise que l’expression des stricte interdiction est corrélée aux
convictions religieuses ne doit pas e) Dissimulation du visage positions différentes des Tribunaux
porter atteinte à la tranquillité des Administratifs sur la situation des crèches
autres personnes hospitalisées (cela « Nul ne peut, dans l’espace public, de Noël dans le domaine public, qui sont
concerne le patient indisposé). porter une tenue destinée à dissimuler à ce jour contradictoires:
son visage » loi n°2010-1192 du 11
 D GS/DH 22 du 6 mai 1995 qui octobre 2010 interdisant la dissimulation TA Nantes, 14 nov. 2014, n° 1211647,
rappelle qu’un patient doit pouvoir du visage dans l’espace public. Féd. de Vendée de la libre pensée :
suivre les préceptes de sa religion JurisData n° 2014-033663.
(recueillement, présence d’un ministre Or, l’espace public comprend tous les
du culte, nourriture, liberté d’action et lieux affectés à un service public. Les TA Montpellier, 19 déc. 2014, n° 1405626,
d’expression...). hôpitaux et établissements de santé sont Garcia : JurisData n° 2014-033492 ;
bien entendu concernés par cette loi. AJDA, n° 26, 2015, p. 1446. –
 Arrêt de la cour d’appel de Paris 17
mars 1986 arrêt Chantal Nobel qui « Les tenues destinées à dissimuler le TA Melun, 22 déc. 2014, n° 1300483, Féd.
reconnaît la chambre du malade visage sont celles qui rendent impossible dptale des libres penseurs de Seine-et-
comme un lieu privé. l’identification de la personne : cagoules, Marne : JurisData n° 2014-033618 ; JCP
voiles et casques intégraux, masques....» A 2015, 2174, note M. Touzeil-Divina).
 N ote ARS PACA(réf Le droit au circulaire du 2 mars 2011.
9

6. Conclusion :
Face à une montée de revendications
communautaristes, la laïcité est
devenue pour beaucoup un enjeu
politique, parfois même utilisé à des
fins stigmatisantes.

Comment mettre la laïcité au cœur du


débat visant à promouvoir le mieux vivre
le « Vivre Ensemble » en particulier au
sein des établissements de santé ?

Le rapport annuel de l’observatoire


de la laïcité pense qu’il y a un besoin
criant de formation de tous les acteurs
publics. Jean Baubérot constate aussi
une dégradation intellectuelle du
discours sur la laïcité depuis 20 ans qui
va de pair avec le fait que l’émotion et
le témoignage supplantent le rationnel
et l’analyse.

Chercher à durcir le discours sur la


laïcité au nom de la lutte contre le
communautarisme est une fausse
piste ; nous constatons à l’hôpital
comme ailleurs que lorsqu’il y a des
difficultés, celles-ci trouvent le plus
souvent une solution par le dialogue
et l’échange. Les conflits naissent par
méconnaissance des règles et lorsque La laïcité à l’hôpital revêt un caractère L’enjeu du vivre ensemble est bien
le dialogue est refusé par provocation ou particulier au sein du service public, là. Cela renvoie chacun (soignant et
militantisme, ou par peur de ne pas être puisqu’elle concerne les relations soigné) à son désir de tout mettre en
entendu, respecté, compris. humaines dans un lieu où la souffrance œuvre pour aboutir à un consensus qui,
physique, morale et spirituelle, voire la dans le respect des personnes et des
La laïcité doit avant tout être du détresse en fin de vie, se donne à vivre. règles du service public, vise à établir
coté de la liberté comme le disait un « bien commun », ce à quoi aspire
JL. Bianco et pas d’abord du coté de Le respect de l’autre souffrant, accueilli chaque citoyen.
la contrainte. Il ne faudrait pas que dans toutes les dimensions de son
les restrictions à l’hôpital de «bon existence, et l’aide spirituelle qui peut
fonctionnement du service» viennent lui être apportée sous une forme ou sous
interdire toute expression religieuse au une autre, relève, au-delà des principes
nom d’un «républicanisme laïc» limitant de laïcité, de la bienveillance à laquelle
celle-ci à l’unique sphère privée. La tout humain aspire.
laïcité doit nous permettre de mieux
«Vivre Ensemble» avec la richesse de C’est par le dialogue et un travail
nos diversités dans le respect de nos d’équipe que l’on préviendra tout risque
différences. C’est un enjeu éthique de dérive.
essentiel dont la responsabilité revient
en premier lieu aux agents car ils sont Comment susciter au sein de l’hôpital,
au centre du dispositif, mais aussi aux à tous les niveaux, une culture de
usagers qui sont invités également à l’écoute réciproque, de l’échange, de
connaître leurs droits et leurs devoirs la confiance, respectueuse à la fois des
en matière de laïcité. règles et des personnes?
10

7. Bibliographie indicative :
> Christian Delahaye « La laïcité à l’hôpital » éditions Parole
et Silence

> René Rémond : « L’invention de la laïcité » éditions Bayard

> André Comte Sponville : « Dictionnaire philosophique »


éditions PUF

> Paul Ricoeur : « Lectures » Tome 1 éditions du Seuil

> Jean Baubérot : « Laïcité entre passion et raison»


éditions du Seuil
« La laïcité falsifiée » éditions
La découverte 2014
« Les 7 laïcités françaises » éditions de la
maison des sciences de l’homme 2015

Laïcité et hôpital

> Circulaire 2005-57 du 2 février 2005 relative à la laïcité à


l’hôpital : http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2005/05-02/
a0020035.htm

> Circulaire du 5 juillet 2011 ministère de l’intérieur sur la


laïcité à l’hôpital http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/circulaire-
laicite-hopital-1107.pdf

Observatoire de la laïcité

> http://www.gouvernement.fr/guide-laicite-et-gestion-du-fait-
religieux-dans-les-etablissements-publics-de-sante-3855
(texte du 23 février 2016)

FHF rapport de la commission des usagers :

> http://www.fhf.fr/Presse-Communication/Espace-presse/Communiques-de-presse/La-FHF-s-exprime-sur-la-laicite

AUTEURS :

> Jean-Pascal CHOURY : Bureau de l’Espace Éthique Azuréen (EEA, CHU de Nice) et groupe Santé et Spiritualité de l’EEA
(Claire Bourdais-Manonne, Frédérique Pillet, Osée Déféri, Anne-Marie Calvino, Maryse Giacchero, Anne-Laure Cronfalt,
Stéphanie Bougis, Patrice Véraquin, Françoise Philip)

> Pr Dominique GRIMAUD : Président de l’Espace Éthique Azuréen (EEA, CHU de Nice), Responsable du Département
d’Éthique et Sciences Humaines de la Faculté de Médecin de Nice, membre du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP)
commission spécialisée Sécurité des Patients (CSSP)
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Vrai /faux à l’hôpital


1. La laïcité est contre la religion
; c’est une valeur indépendante des
Faux: la laïcité est le principe de séparation de l’Etat et de la religion
de conscie nce et le droit d’exprimer ses
conceptions religieuses ou partisanes. Elle garantit la liberté
de change r de religion , d’assist er ou non aux cérémonies
convictions (droit de croire ou ne pas croire,
religieuses).

2. Il est possible de parler de ses convictions à l’hôpital


entre individus est autorisée par la loi.
Vrai pour les usagers : l’expression respectueuse des convictions
on de neutralité des agents publics ».
Faux pour le personnel hospitalier : le personnel est tenu à l’« obligati

les lieux
3. La religion ne peut s’exprimer qu’au domicile ou dans
de culte
ses convictions religieuses par tout mode
Faux : chaque individu peut vivre et exprimer dans l’espace public
restricti ons législati ves de non-dis simulation du visage.
de communication, sous réserve des
tant que l’expression des convictions
A l’hôpital, la libre pratique du culte pour les patients est garantie
des soins et au bon fonction nement du service. Le personnel
religieuses ne porte pas atteinte à la qualité
de travail.
hospitalier est lui, dans l’obligation de non expression dans son temps

4. La chambre d’hôpital est un lieu privé


Une chambre d’hôpital, occupée par un
Vrai : La chambre du patient est apparentée au domicile privé. «
protégé en tant que tel par la loi, qu’il occupe à titre temporaire mais
malade constitue […] un domicile
affectée et pour tout le temps que dure
certain et privatif et où, à partir du moment où cette chambre lui est
tés du service, de se dire chez lui… » Arrêt
cette affectation, il a le droit, sous la seule réserve des nécessi
de la Cour d’appel de Paris du 17 mars 1986.
à son lit et son contour, au placard
Dans les chambres partagées, l’espace privatif du patient est réduit
de la salle de bain. L’établis sement de santé doit mettre en
fermant à clef mis à sa disposition et à une partie
et de la dignité de la personne prise en
œuvre des solutions adaptées pour assurer le respect de l’intimité
les lits. Cependant, des restrictions liées
charge telle que la pose de rideaux ou de cloisons mobiles entre
dans le cadre de son utilisation (interdiction de fumer,
à la nature de cet espace, peuvent être apportées
particul ier par la pratique religieu se, de perturber les professionnels de
de perturber l’exercice du soin en
l’espace...).
santé et les autres usagers de l’hôpital, interdiction de dégrader

5. Il est possible de porter un signe religieux à l’hôpital


de nature religieuse fait partie de la
Vrai pour les usagers : Le port de signes ou tenues vestimentaires
liberté d’expression et de religion.
pour des motifs de sécurité publique,
Une restriction existe néanmoins concernant la dissimulation de visage
cela nuit au bon fonction nement du service.
(loi du 11/10/2010) et lorsque
raison de la neutralité imposée.
Faux pour les agents hospitaliers : quel que soit leur statut, en

6. L’hôpital impose le régime alimentaire du patient


nt des solutions alternatives, notamment
Faux : L’hôpital s’efforce de répondre à cette demande en proposa
d’honor er ses convictions, religieuses ou non.
par des repas à choix multiples, offrant à chacun la possibilité

7. Dire sa foi est-ce du prosélytisme


l’adhésion, qui tentent par zèle de
Faux : le prosélytisme est l’attitude de ceux qui cherchent à susciter
démarc he interdite par la loi de 1905.
recruter de «nouveaux adeptes» afin d’imposer leur point de vue;
tisme à partir du momen t où le respect des convictions
Dialoguer sur ses convictions n’est pas du prosély
ant, les agents publics , à l’except ion des ministre s des cultes, n’ont pas à
de chacun est présent. Cepend
faire part de leurs convictions religieuses.
DIU d’Éthique et Pratiques Médicales (2016-2017)
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aux professionnels de santé, aumôniers, secrétaires et professions paramédicales
> Il a pour but une réflexion philosophique et éthique sur le sens des actions et leurs résultats dans le domaine des pratiques
soignantes et vise à promouvoir dans le milieu médical la dimension humaniste qui lui est consubstantielle..
> Les soignants ayant reçu cette formation peuvent appréhender les cas de conscience posés par leurs pratiques cliniques
grâce à des outils conceptuels et méthodologiques.
> Les enseignants sont choisis aussi bien dans les cursus de formation médicale que dans les champs du droit, de l’économie,
de la santé et des sciences humaines.

Module 1 :“ Initiation à l’éthique ” à Nice : 40h (24/25 novembre et


5/6/7 décembre 2016)
> Les concepts en éthique > Vulnérabilité et autonomie
> L’éthique et ses institutions > Alzheimer
> La responsabilité > Le début de la vie
> La maladie mentale > La fin de la vie
> La dignité > Étude de cas…

Module 2 : “ Éthique et pratiques médicales ”en visioconférence avec l’Espace


Éthique Méditerranéen (EEM), à Nice : 40h
> Dépistage > Dons d’organe
> Action humanitaire > Imagerie et éthique
> Prédire, prévenir, accompagner > Éthique et réanimation
> La recherche biomédicale > Étude de cas…

Module 3 “ Éthique et sciences humaines” à Nice : 40h


> Droit et confiance > Simulation de questionnement
Éthique en clinique
> Transhumanisme > Éthique et gestion d’une équipe
de soin
> Histoire du corps > Eugénisme…

Les demandes d’inscriptions se font par mail à l’adresse suivante ABCdaire : 38 auteurs, 224 items coordonnés et
rabary.o@chu-nice.fr avec lettre de motivation et CV succinct. rédigés par l’EEA et le Département d’Éthique de Nice.
Pour plus d’informations : grimaud_dominique@yahoo.fr

«Le langage doit exprimer


Il est ainsi de notre vie sur terre,
clairement la pensée, cela suffit».
comme une étoile de l’aube, une
(LY.15.40)
bulle dans l’eau, une goutte de
«Celui qui ne sait pas ce qu’est la
rosée, un éclair dans le ciel d’été... vie, comment saura-t-il ce qu’est la
Président : Pr. Dominique Grimaud
Buddha grimaud_dominique@yahoo.fr mort?» (LY.11.91)
«Le Sûtra du Diamant» espace-ethique-azureen@chu-nice.fr
Confucius

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