REPUBLIQUE DU SENEGAL permettent de s’organiser librement sans

MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT aucune ingérence d’un autre pouvoir. La

SUPÉRIEUR, souveraineté est donc perçue comme la
source du pouvoir dans l’Etat. La question
DES CENTRES UNIVERSITAIRES
qui s’est longtemps posée est celle de la
RÉGIONAUX, DES UNIVERSITES ET
détermination du titulaire de la
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
souveraineté dans l’Etat. La réponse à cette
question a permis aux penseurs de déceler
deux théories à savoir les théories
théocratiques et les théories démocratiques.

ANNEE UNIVERSITAIRE 2022-2023 A la fin du 18e siècle, de nouvelles

LICENCE I – INGENIERIE JURIDIQUE théories ont été développées par la doctrine

qui considère que le pouvoir vient du
peuple. Cette théorie se subdivise en deux
Chargé du Cours : écoles : celle de la théorie de la
souveraineté nationale d’une part et d’autre
Dr. MBODJ/Dr KANE
part, celle de la souveraineté populaire.
Chargés des TD :
Ces théories ont donné naissance à
M.DIAGNE/M.DIONGUE/Mme différents modes d’exercice du pouvoir tel
CISS/Mme FAYE/Mme CAMARA/Dr que la démocratie directe, semi-directe et
NDONG/M NIAKH M FALL/M représentative.
DIONE/Dr MANDIANG
L’objectif de cette séance est de
familiariser les étudiants sur les différentes

Fiche N°3: Thème : L’exercice du formes de souveraineté et leur modalité

pouvoir d’exercice.

I.NOTE INTRODUCTIVE II. BIBLIOGRAPHIE

La souveraineté est selon Laferrière, un  Ouvrages

pouvoir de commandement originaire et

suprême. Elle traduit son indépendance et
justifie les droits régaliens qui lui
 CHAGNALLAUD (D) Droit  CARRE DE MARLBERG (C),
constitutionnel contemporain, Contribution à la théorie générale
Dalloz, Paris, 7e édition, 2013, PP de l’Etat, Tome 2, éd du
205-223. CNRS1985, PP 225-226.
 BACOT (G), Carré de Marlberg et  RIGAUDIERE (A) « L’invention
l’origine de la distinction entre de la souveraineté », Revue
souveraineté du peuple et pouvoirs, 1993, n°67, PP 5-20.
souveraineté Nationale, Paris,  MORTIER (P) Les métamorphoses
édition du CNRS, 1985. de la souveraineté, Thèse de
 CADART (J) Institutions politiques doctorat en droit public, Law
et droit constitutionnel, 3é édition, Université d’Angers, 2011, pp 1-
Paris, Economica, 1990, PP 188- 18.
209.  Bernard GUIBERT : « Comment
 BURDEAU (G), HAMON (F) et achever la démocratie
TROPPER (M), Droit représentative ? La Découverte,
constitutionnel, LGDJ, Paris, 26é Revue du MAUSS, 2005/2 N°26.
édition, 1999, PP 160-179.  Meissa DIAKHATE : «A la
 DEBBASCH (CH), PONTIER recherche du peuple dans les
(J.M), BOURDON (J) et RICCI systèmes constitutionnels de
(J.C) Droit constitutionnel et l’Afrique subsaharienne
Institutions politiques, 3e édition, francophone », Revue Afrilex,
Paris, Economica, 1990, 977 pages. 2021
 FAVOREU (L) et alli Droit  Benoit SADRY : « Bilan et
constitutionnel, Dalloz, Paris, 16e perspectives de la démocratie
édition, 2014, PP 46-49. représentative », Thèse de doctorat
 PACTET (P) MELIN en droit public, Université de
SOUCRAMANIEN (F) Droit Limoges, 2007, p 39 et s….
constitutionnel, Armand Colin, .
Paris, 23é édition, 2014, PP 54-56.
 CARRE DE MARLBERG (C),
Contribution à la théorie générale
de l’Etat, Tome 2, éd du
CNRS1985.
II. DOCUMENTS.
 Articles
DOCUMENT 1 : BURDEAU (G.) Traité s’établissent entre les souverainetés
de science politique, T VI, pp 412-414. individuelles.

Affirmer que le peuple est souverain, c’est On est assez porté aujourd’hui à voir, dans
poser le principe de la légitimité l’opposition de ces deux façons d’entendre
démocratique. Mais l’organisation pratique la souveraineté, le type de la question
d’un gouvernement démocratique exige d’école oiseuse et périmée. Ce jugement a
davantage. Elle exige que soit identifiée la l’avantage d’autoriser les hommes
volonté qui sera tenue pour volonté du politiques à éluder une réponse,
peuple souverain et, pour l’identifier, il singulièrement lourde de conséquences.
n’est qu’un moyen, c’est de considérer son Mais en réalité il n’est pas fondé, car ce
origine et la manière dont elle se forme. n’est pas trop de dire que, du choix entre
souveraineté du groupe et souveraineté de
De tout temps deux conceptions furent en
l’individu, dépend le sens du régime qui
présence, mais dont il appartient à l’époque
sera établi. Quelques exemples le
révolutionnaire-précisément parce que,
prouveront. C’est d’abord le mode
pour la première fois, se posait le problème
d’expression de la souveraineté qui varie :
pratique de l’aménagement d’un régime
la souveraineté de la nation s’accommode
fondé sur la souveraineté du peuple- de
d’une représentation globale, elle s’accorde
mettre clairement en relief les
avec le suffrage censitaire, la souveraineté
conséquences opposées. Selon la première
de l’individu postule le suffrage universel
thèse, qui parait bien avoir pour elle
quand ce n’est pas la démocratie directe.
l’autorité d’une longue tradition dans la
D’autre part, tandis que l’idée d’une
pensée démocratique, la souveraineté
souveraineté indivise répugne à la division
réside de manière indivise dans le groupe
de la volonté nationale qu’impliquent les
national. Elle est une prérogative dont le
partis, la souveraineté individuelle trouve
sujet est la collection toute entière et à
son expression naturelle dans les
laquelle l’individu ne participe que dans la
groupements d’opinions et d’intérêts.
mesure de son appartenance à l’ensemble.
Ensuite l’indépendance des gouvernants,
Selon l’autre conception, au contraire, c’est
que le principe d’une souveraineté du
en chaque individu que la souveraineté
groupe entier permet de sauvegarder
trouve son siège, si bien que la puissance
puisqu’il s’agit, pour eux, de statuer au
souveraine du peuple ne peut être qu’une
nom de l’ensemble, disparait dès lors
manière d’être des relations qui
qu’on admet que leur autorité dépend de la
délégation de pouvoir que chaque citoyen dix-millième partie de l’autorité
individuellement leur a consenti. souveraine. »

C’est d’ailleurs là, dans la situation ……………………………………………

politique et juridique des gouvernants, que …….
l’opposition entre les deux conceptions
Document 2 : C DE MARLBERG (R)
relatives au siège de la souveraineté a des
Contribution à la théorie générale de
répercussions essentielles. On conçoit alors
l’Etat, Tome 2, édition du CNRS, 1985,
qu’affectant un point aussi capital de
Extraits pp 225-226.
l’organisation constitutionnelle, la
distinction qui nous occupe ne puisse être Si telle est la signification de la règle « le

qualifiée de question d’école. Au vrai, la député représente la nation », on aperçoit

conception de la démocratie qu’elle met en maintenant quelles sont, au point de vue de

cause car, selon que l’une ou l’autre thèse la détermination de la portée du principe de

sera retenue comme principe directeur de la souveraineté nationale, les répercussions

l’organisation de l’exercice du pouvoir, on du régime représentatif moderne. Ce

tracera le cadre favorable à une démocratie régime confirme l’idée, développe

gouvernée ou à une démocratie précédemment (n° 331, 338), que le

gouvernante. pouvoir souverain réside, non pas dans les

DOCUMENT 3 : Rousseau, Du contrat
social, 1762, extraits :
« Le pacte social établit entre les citoyens
une telle égalité qu’ils s’engagent tous sous
les mêmes droits. Ainsi, par la nature du
pacte, tout acte de souveraineté, c’est-à-
dire tout acte authentique de la volonté
générale, oblige ou favorise également tous
les citoyens... Supposons que l’État soit
composé de dix mille citoyens. Le
souverain ne peut être considéré que
collectivement et en corps. Mais chaque
particulier en qualité de sujet est considéré
comme individu... c’est-à-dire que chaque
membre de l’État n’a pour sa part que la
individus membres de la nation, non pas
davantage dans leurs groupements
particuliers, électoraux ou autres, mais
uniquement dans l’être collectif national.
Ceci est la réponse précise à la question
posée précédemment (p 221). Cette
question était celle de savoir de qui les
députés tiennent leurs pouvoirs. Il est
possible maintenant de répondre qu’ils
exercent un pouvoir, qui est non pas celui
des électeurs mais bien celui de la nation et
de l’Etat, puisque c’est en tant que
représentation de la nation et de l’Etat
qu’ils en sont revêtus.
Il faut déduire de là cette conséquence que
l’assemblée des députés a pour fonction
d’exprimer, non pas la volonté des
électeurs, mais uniquement la volonté
étatique de la nation. Par-là, le régime
représentatif s’éloigne entièrement des
conceptions politiques de l’école de
Rousseau. Pour les théoriciens de la
souveraineté populaire, les décisions de
l’assemblée législatives doivent se
déterminer directement par la volonté
impérative des électeurs. Au contraire
lorsque l’assemblée constituante posait,
dans la constitution de 1791, le principe
que les députés représentent la nation, elle
entendait par là, fonder la représentation du
nouveau droit public français sur cette idée
qu’il y a dans l’Etat une volonté nationale
qui est indépendante des volontés des
individus et qui est celle de la nation
formant un corps unifié. Et ce point de vue
était bien conforme à la conception
générale que se faisait la constituante, de la
nation et de sa souveraineté. De même en
effet, que les hommes de 1789-91, ont
admis, ainsi qu’il a déjà été dit, que la
souveraineté appartient indivisiblement à
la collectivité nationale, érigée en personne
distincte des nationaux, de même aussi ils
ont été amenés à admettre l’existence
correspondante d’une volonté nationale,
volonté supérieure qui n’est pas une
résultante de volontés individuelles, qui ne
se détermine pas par un pur calcul de voix
électorales, mais qui est la volonté unifiée
de l’universalité nationale, la volonté
indivisible de la personne nation. Voilà
pourquoi la Constitution de 1791 déclarait
dans le préambule de son titre III,
qu’aucun individu, aucune section du
peuple, ne peut, à proprement parlé faire
acte de souveraineté ; pourquoi aussi elle
interdisait aux collèges électoraux, qui ne
sont que des parties non souveraines de la
nation, le mandat impératif.
……………………………………………
……………
DOCUMENT N°4 : Bernard
GUIBERT : « Comment achever la
démocratie représentative ? La
Découverte, Revue du MAUSS, 2005/2
N°26,
Trois nouvelles frontières pour étendre la
démocratie représentative Pierre
Rosanvallon propose un inventaire des
différents « bords » de la démocratie. Ces
bords sont intérieurs à la sphère politique :
c’est ce qui échappe à la représentation.
Toutefois il manque à cet inventaire trois
lacunes structurales de la démocratie
représentative qu’on peut résumer par la
question provocante de savoir si ce régime
politique est compatible avec le
développement durable. D’où trois «
nouvelles frontières » à déplacer pour
universaliser le « suffrage universel » de la perpétuelle » dans le cadre d’une humanité
démocratie représentative. – En effet, la qui récapitulerait en elle non seulement
première lacune est celle de la toutes les nations présentes à moment
représentation des générations futures. Le donné dans le cadre d’une démocratie
système représentatif suppose la présence cosmopolite universelle sur la terre, mais
hic et nunc des représentés. Par également toutes les générations passées,
construction, cela ne peut pas être le cas présentes et à venir.
des générations futures. – Le deuxième
……………………………………………
trou noir de la démocratie représentative
……………………
est la société internationale qui, depuis le
traité de Westphalie (1648), n’est pas une DOCUMENT 5 : Meissa DIAKHATE :

société démocratique mais une société « A la recherche du peuple dans les

d’États-nations. Selon les canons du systèmes constitutionnels de l’Afrique

développement durable, le troisième pilier, subsaharienne francophone », Revue

celui de l’équité des rapports entre les pays Afrilex, 2021.

du Nord et les pays du Sud, ne peut pas Le système représentatif est l’ordre
être représenté de manière équitable dans institutionnel dans lequel le peuple est
le processus de la démocratie représenté par des élus. La démocratie
représentative. – Le troisième défaut est directe étant l’éternelle énigme, on
celui de la solidarité entre les individus constatera que « la réalité du pouvoir c’est
contemporains, et en particulier entre les une pratique oligarchique cautionnée par la
riches et les pauvres, déficit structural du théorie du mandat représentatif » (………)
libéralisme qu’avait déjà pointé la pensée «
Le peuple est l’épicentre des
solidariste » de la fin du xixe siècle
confrontations doctrinales les plus célèbres
(Bourgeois, Gide, Duguit, etc.). En résumé,
de l’histoire des idées politiques. Il s’agit
trois perfectionnements pourraient ainsi «
d’une notion à contenu variable dont la
relancer » la démocratie représentative.
souche philosophique est la démocratie. Il
Mais comment représenter les générations
est historiquement pensé en termes de
futures, les pays du Sud par la société des
gouvernement ouvert à la participation des
nations et les « sans » dans la société civile
citoyens pauvres au pouvoir et aux
qui les exclut ? Le problème avait été posé
principes d’égalité et de liberté. A cet
à la fin du XVIII e siècle par Emmanuel
égard, l’indivisibilité du peuple est une
Kant lorsqu’il réfléchissait sur ce que
pouvait être une « paix universelle et
protection fondamentale apportée à la certains constituants africains cherchent à
souveraineté. se démarquer des confusions théoriques,
mais sans aller plus loin. Ainsi qu’on peut
En Afrique subsaharienne francophone, la
le citer, l’article 50 de la constitution
théorie constitutionnelle du peuple est
ivoirienne du 08 novembre 2016
également au cœur des préoccupations
renseigne : « La souveraineté appartient au
doctrinales. Les réflexions y prennent,
peuple. Aucune fraction du peuple ni
entre autre, une dimension fonctionnelle
aucun individu ne peut s’attribuer
qui source la compréhension du processus
l’exercice de la souveraineté ». Contre
de construction nationale. L’histoire
toute apparence, la doctrine, voit dans les
politique enseigne qu’au début des
deux alinéas un renvoi à la souveraineté
mouvements de revendication de
populaire et à la souveraineté nationale. De
l’indépendance nationale, les enjeux
surcroît, la double identité voire l’hybridité
concernaient plus les questions de dignité
de la souveraineté est manifeste dans les
et d’égalité que celle de l’édification d’une
serments présidentiels. La constitution
identité nationale. A partir de l’accession à
rwandaise de 2003 dispose que « tout
l’indépendance, la question du peuple est
pouvoir émane du peuple » et ordonne le
mûrie sous l’angle de l’Etat nation voire
Président à jurer « solennellement à la
d’un nationalisme affirmé. Dans ce
Nation « .
contexte, les nouveaux dirigeants
politiques étaient à la pointe d’une croisade Dans la proclamation des démocraties
contre la montée des particularismes subsahariennes francophones, la formule
tribaux. Mais au final, l’ambitieuse œuvre est significative : la souveraineté est
de construction nationale cède sous le exercée par les représentants ou par la voie
poids de l’exacerbation des régimes du référendum. Une analyse judicieuse de
autoritaires sur fonds de partis uniques. la doctrine a permis d’écrire que « le
peuple, notion controversée et expression
A la faveur d’une réception formelle de la
d’une certaine homogénéité de la
pensée constitutionnelle contemporaine, la
population, occupe une place
souveraineté est historiquement attribuée
prépondérante dans le jeu démocratique.
au peuple en Afrique noire, résidant dans
Cette importance est visible à travers le
l’amalgame de la souveraineté nationale et
statut que lui confèrent les constitutions
de la souveraineté populaire. L’expression
qui font de lui non seulement l’épine
est célèbre : « La souveraineté nationale
dorsale du pouvoir, mais aussi celui par qui
appartient au peuple ». Néanmoins,
transite la légitimité du pouvoir ». En
théorie, la coïncidence de la souveraineté
nationale et de la souveraineté populaire
suppose en quelques sortes un équilibre.
Cependant en pratique, la participation
directe du peuple est désavantagée par
rapport à la représentation. A la vérité des
constitutions des Etats de l’Afrique
subsaharienne francophone, la
alternative du référendum, validée par la
présence de la conjonction de coordination
« ou », devient variable et le régime
représentatif reste la constante………
……………………………………………
…………
DOCUMENT 6 : Benoit SADRY : Bilan
et perspectives de la démocratie
représentative, Thèse de doctorat en
droit public, Université de Limoges,
2007, p 39 et s….
Georges Burdeau écrivait, en 1966, « la
démocratie classique n’admettait comme
légitime qu’une seule volonté : celle de la
nation formulée par ses représentants.
Aujourd’hui, il y a deux volontés : celle du
groupe [c’est-à-dire celle de
communauté des citoyens ou, tout au
moins, d’une majorité d’entre
impérative en dehors de toute mise en
forme juridique, et celle des gouvernants.
Il s’ensuit que la puissance légale, la
puissance étatique, peut ne pas - 35 -
correspondre au pouvoir du peuple »101.
Ces propos retrouvent aujourd’hui une
étrange actualité, illustrée par le fait que
les citoyens se désintéressent de la vie
politique de la nation, qu’ils ne participent
plus aux consultations électorales ou qu’ils
mettent en cause leurs représentants
traditionnels, hommes et partis politiques.
Depuis plusieurs décennies, alors que la
voie plupart des pays européens ont traversé
une crise économique et sociale, à laquelle
s’est adjointe une évolution sensible des
mœurs et des mentalités, la politique ne
paraît plus correspondre aux attentes
citoyennes. Les décisions des gouvernants
revêtent à la fois un caractère lointain,
étranger, complexe et inefficace. Prétextant
un manque de pouvoir en politique, les
électeurs délaissent les urnes et deviennent
inactifs dans la vie publique. Dans ce
contexte de crise et de désengagement
citoyen, les fondements de la démocratie
représentative paraissent à la fois contestés
et dépassés.
Les facteurs qui ont présidé à la naissance
de la démocratie représentative
contemporaine ne sont pas nécessairement
la ceux qui, ensuite, ont permis sa
consolidation et assuré son expansion. Il a
elle], fallu que les principes et les pratiques
démocratiques se révèlent compatibles
avec les tendances lourdes des sociétés
développées pour que, dans le long terme,
ce type de régime politique ait pu se
révéler viable. Cependant, de nos jours, la
démocratie représentative semble remise
en cause dans ses deux fondements
majeurs à travers la contestation des
procédés électifs et la contestation des
représentants.
La contestation de l’élection Dans le
concept classique, la démocratie
représentative prend forme à travers la
désignation des gouvernants par
gouvernés. Cet acte se matérialise par
l’élection de représentants qui sont amenés
à décider au nom de la Nation. Or, depuis
bientôt trois décennies, deux phénomènes
laissent à penser qu’une crise profonde
fragilise les fondements même de la
démocratie représentative. Le premier
apparaît sous la forme d’une participation
moins importante des citoyens à la vie
électorale et le second se manifeste à
travers une déformation des votes.
……………………………………………
…………….
DROIT POSITIF
Constitution sénégalaise du 22 janvier
2001, art 3 : « La souveraineté nationale
appartient au peuple sénégalais
l’exerce par ses représentants ou par la
voie du référendum.
Aucune section du peuple, ni aucun
individu, ne peut s’attribuer l’exercice de
la souveraineté.
Le suffrage peut être direct ou indirect. Il
est toujours universel, égal et secret.
Tous les nationaux sénégalais des deux
sexes, âgés de 18 ans accomplis, jouissant
de leurs droits civils et politiques, sont
électeurs dans les conditions déterminées
par la loi ».
Constitution française du 04 octobre
1958
les
Art 3: La souveraineté nationale
appartient au peuple qui l’exerce par ses
représentants ou par la voie du référendum.
Aucune section du peuple, ni aucun
individu, ne peut s’attribuer l’exercice.
Les formes de démocraties :
1. La démocratie directe :
Dans la démocratie directe, le pouvoir est
exercé directement par les citoyens, sans
l'intermédiaire d'organes représentatifs.
Selon les lieux et les époques, la
démocratie directe désigne différentes
formes de gouvernement ou d'association
politique dans lesquels des citoyens sont
désignés pour préparer et proposer des lois
puis l'ensemble des citoyens sont appelés à
qui décider de leur adoption et de leur
application12. Athènes en est un exemple :
les citoyens réunis dans l'assemblée
ordinaire de l'Ecclésia se réunissent quatre
fois par prytanieN 1, votent la guerre et la
paix, tirent au sort des magistrats aux
fonctions administratives et exécutives. assemblées populaires, le mandat
Les magistrats dont la fonction nécessite impératif, qui encadre strictement un
une expertise sont élus et révocables par individu élu dans ses actions, limitées dans
les citoyens. Ceux-ci votent également leur durée et dans leur contenu, et la
l'ostracisme, c'est-à-dire la possibilité de révocabilité des élus.
bannir un citoyen pendant dix ans. Les
Par ailleurs, l'idée de démocratie directe est
décisions sont précédées de débats et prises
souvent associée à celle d'autogestion,
par majorité à main levée. D'autres
particulièrement lorsqu'elle se rapporte au
assemblées (Boulè, Héliastes et Aréopage)
domaine économique de la production.
contrôlent le bon déroulement du travail
Ainsi, le communisme de conseils, et plus
législatif et judiciaire13.
généralement nombre de théories
D'autres exemples jalonnent l'histoire, libertaires, anarchistes et syndicalistes
généralement dans le cadre d'un révolutionnaires sont rapportées à celles de
exercice local du pouvoir. C'est le cas la démocratie directe. De ce fait,
depuis le xviie siècle en Nouvelle- les soviets de Russie, jusqu'en 1917,
Angleterre, au travers des assemblées l'Espagne de 1936, ou les conseils
communales, où la population des ouvriers (par exemple en Allemagne et
communes réunie en assemblée décide des en Italie au début du xxe siècle ou
lois, impôts et budget. Les cantons en Hongrie en 1956) sont considérés
suisses d'Appenzell Rhodes-Intérieures et comme des expériences de démocratie
de Glaris en sont des exemples, notamment directe
au travers des communautés rurales
2. La démocratie représentative :
(Landsgemeinde en suisse allemand) où les
élections des représentants ont lieu à main Dans une démocratie représentative, les

levée. La Commune de Paris ou les régions citoyens élisent des représentants qui sont

du Chiapas (Mexique) gérées par le chargés d'établir les lois ou de les exécuter.

mouvement zapatiste sont aussi Elle est devenue au fil du temps, dans le

généralement considérées comme des langage courant et par abus de langage,

expérimentations de la démocratie directe. synonyme du terme de démocratie tout

court. Cela est notamment dû au fait qu'il
Des procédures décisionnelles spécifiques
s'agit de la forme de démocratie la plus
sont associées à la démocratie directe, par
répandue dans le monde contemporain et
exemple le référendum, dont
que des candidats aux élections
le référendum d'initiative populaire, les
comme Andrew Jackson aux États-Unis,
au milieu du xixe siècle se sont réapproprié
le terme4. Une des raisons de cette
réduction de sens pourrait également être
que les élites se sentent menacées par
l'égalité économique généralement
associée à la démocratie directe4. Pour la
même raison, démocratie représentative et
démocratie tout court sont aussi souvent
assimilées à la démocratie libérale et à
la démocratie parlementaire. Étienne
Chouard et Francis Dupuis-Déri vont plus
loin et dénoncent un retournement
sémantique du mot démocratie qui
désignerait en fait selon eux « son strict
contraire », c'est-à-dire l'élection.
Avant le milieu du xixe siècle, le régime
représentatif renvoyait le plus souvent à
l'idée de république (même si ce régime
existait également en monarchie
constitutionnelle) et se distinguait de la
notion de démocratie, celle-ci désignant
alors le système de gouvernement de la
démocratie directe15. Emmanuel-Joseph
Sieyès par exemple distinguait nettement
démocratie et régime représentatif : « Les
citoyens qui se nomment des représentants
[…] n'ont pas de volonté particulière à
imposer. […] S'ils dictaient des volontés ce
ne serait plus cet État représentatif, ce
serait un État démocratique ».
Au sein d'une démocratie représentative,
tous les dépositaires du pouvoir ne sont pas
nécessairement élus par le suffrage
citoyen. Ils peuvent être nommés par le
chef de l'État, comme le Premier ministre
ou les préfets en France. De même, les
juges et magistrats français ne sont pas non
plus élus.
3. La démocratie semi-directe :
La démocratie semi directe est une forme
de démocratie qui combine à la fois des
éléments de la démocratie directe et de
la démocratie représentative. On parle
parfois de démocratie semi représentative.
Comme dans une démocratie
représentative, les citoyens élisent
leurs représentants qu'ils chargent d'établir
les lois, mais ils peuvent aussi être amenés,
lors de référendums à approuver ou refuser
des lois. C'est notamment le cas en France,
mais surtout en Suisse où l'usage du
référendum est fréquent, à
l'échelle cantonale ou nationale selon
l'importance de la question.
"La souveraineté nationale appartient au
peuple qui l'exerce par ses représentants ou
par la voie du référendum." (Article 3 de la
Constitution de la France du 4 octobre
1958)
Dans certains cas les référendums peuvent
être d'initiative populaire, c'est-à-dire à
l'initiative des citoyens, comme en Suisse
ou en Italie. En France, le référendum
d'initiative populaire n'existe que
partiellement. Il existe cependant un droit
de pétition (Article 72-1 alinéa 1) et la 1960, où plusieurs auteurs en théorisent le
possibilité d'un référendum local à principe dans quelques ouvrages
l'initiative de l'assemblée délibérante de la marquants de la philosophie politique”
collectivité territoriale (article 72-1 alinéa (Blondiaux, 2007). 2 Cette notion est
2 apparue à une époque où les états semblent
Un autre mécanisme de la démocratie semi dépassés face aux multiples enjeux et
directe est le rappel (recall, en anglais demandes de différents acteurs de la
ou révocation populaire) qui peut être société. Les instances politiques
utilisé dans certains Etats des Etats-Unis. Il traditionnelles sont alors interrogées sur
permet à un nombre suffisant de citoyens leurs capacités à répondre/s’adapter à la
de réclamer un référendum afin transformation sociale en cours. Certains
d'interrompre le mandat d'un élu ou auteurs considèrent que le vocable
d'un fonctionnaire. Ce fut le cas en 2003 démocratie participative est un pléonasme
pour Gray Davis, le gouverneur de dans le sens où dans quelle mesure une
Californie. gouvernance est démocratique si elle n’est
Autrement dit, le peuple désigne ses pas participative ? Depuis les années 80 un
représentants et participe autre concept a émergé, dans la lignée de la
occasionnellement à la fonction législative pensée de J. Habermas, celui de
par le biais des référendums (vote démocratie délibérative : “ce dernier
d’approbation à une loi), d’un droit de véto renvoie à un idéal de gouvernement dans
populaire (opposition à une loi) ou d’un lequel la légitimité d’une décision repose,
droit d’initiative populaire (droit de au-delà de l’élection, sur l’existence d’une
proposer des lois). discussion préalable, à laquelle devraient
pouvoir participer tous ceux que la
4. La démocratie participative :
décision concerne” (Blondiaux, 2007).
La démocratie participative désigne
La démocratie participative peut prendre
l'ensemble des dispositifs et des procédures
plusieurs formes, selon le degré
qui permettent d'augmenter l'implication
d’implication des citoyens.
des citoyens dans la vie politique et
d'accroître leur rôle dans les prises de  La consultation vise à recueillir
décision. “Le vocable « démocratie l’avis des citoyens, mais
participative » constitue une invention n’implique pas forcément de le
récente. Il apparaît pour la première fois prendre en compte. Elle aide les
dans le monde anglo-saxon dans les années élus à se positionner sur un sujet.
  La concertation implique une justifier si elle ne suit pas les conclusions
participation des habitants en des débats ou conférences citoyennes
amont du projet, avec des phases
………………………………………..
de débat public et une transparence
plus grande. Le pouvoir EXERCICES : Dissertation

décisionnel reste toutefois Sous-thème1 : La participation du citoyen

exclusivement dans les mains de au pouvoir
l’autorité publique. Il existe
Sujet : L’exercice de la souveraineté au
différentes formes de concertation,
Sénégal
qui impliquent une association plus
ou moins grande de la population :
la concertation de communication
(qui a pour but de communiquer
auprès de la population), la
concertation légale (lorsqu’elle est
obligatoire), la concertation
structurelle (qui met en place une
structure dédiée, tels que les
conseils de quartier), la
concertation d’engagement (où le
dialogue participatif est mis en
place par certains élus dès le début
de leur mandat), la concertation de
construction (lors de l’association
de la population sur la construction
d’un projet précis), la concertation
d’attente (dans les cas de report de
projet par exemple).

La co-élaboration relève d’un niveau de

démocratie participative plus avancé. Les
citoyens élaborent des projets avec
l’autorité publique, et celle-ci doit se