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© Management Prospective Editions | Téléchargé le 19/03/2024 sur www.cairn.info par Fatimazahra El Akhdar via Université Hassan II (IP: 196.69.230.221)
ISSN 1768-5958
DOI 10.3917/mav.031.0364
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Par Réunion
Résumé
La pratique d’une vente relationnelle peut engendrer la création d’une
relation durable entre un acheteur et un vendeur. Les réseaux sociaux
peuvent alors être envisagés comme de véritables ressources d’action
au service du vendeur. À partir d’une revue de littérature et d’une enquête
exploratoire menée dans le contexte de la Vente Par Réunion, ce papier met
en exergue que les réseaux sociaux sont de véritables outils de prospection
et de fidélisation client pour des vendeurs relationnels.
Abstract
Relational sales application can lead to the creation of a long term buyer-
seller relationship. So, social networks may be envisaged as true resources
for salesman activity. From a literature review and an exploratory research,
this paper emphasize that for relational salesmen, social networks are real
tools for recruiting consumers and developing customer loyalty.
Notre intérêt pour l’étude des réseaux sociaux comme ressource d’action
commerciale nous a conduit à explorer le contexte de la Vente Par Réunion
(VPR). Cette méthode de vente est employée par de nombreuses entreprises
de l’industrie de la Vente Directe, troisième voie de la distribution qui assure la
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Les réseaux sociaux comme outils de
prospection et de fidélisation client en Vente
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de VPR collaborent principalement avec des femmes en raison de la nature des
produits, souvent destinés à des consommatrices. Nous faisons donc référence
dans cette recherche à des vendeuses et non à des vendeurs par réunion, encore
trop minoritaires dans ce secteur.
Notre sujet traite de l’emploi des réseaux sociaux par les vendeuses en réunion
comme levier d’action pour le développement de leur activité commerciale. Il
s’appuie pour cela sur les champs du marketing relationnel et du marketing
expérientiel. L’approche relationnelle de la vente met en exergue une dimension
cruciale de l’échange acheteur-vendeur tel un processus social dynamique
(Jönsson, 2005) durable.
Dans un premier temps, en nous appuyant sur une revue de la littérature, nous
exposons plus en détail les implications du champ des réseaux sociaux dans la
recherche en vente et les raisons pour lesquelles nous avons choisi le contexte
de la VPR pour développer notre sujet. Dans un deuxième temps, la littérature
nous amène à envisager les réseaux sociaux comme de véritables outils de
prospection et de fidélisation client intégrés à une méthode de vente qui prévoit
une attribution de rôle au consommateur et une expérience de consommation
en groupe. Cela nous incite à nous demander par quelles méthodes l’acteur
commercial construit son réseau de relations ? S’agit-il de méthodes formelles
transmises par les entreprises ou est-ce que les vendeuses développent
intuitivement leurs propres méthodes ? Comment parviennent-elles à maintenir
les relations créées ? De quelle nature sont ces liens relationnels ?
Enfin, nous présentons la démarche exploratoire que nous avons menée en deux
temps, entre la fin de l’année 2008 et le premier semestre 2009. Dans un premier
temps, nous avons conduit une série d’entretiens auprès de dirigeants et de
responsables de trois entreprises de Vente Directe par Réunion. Dans un deuxième
temps, nous nous sommes rendu sur le terrain auprès des vendeuses. Il s’agit
d’une étude préliminaire avant de nouvelles enquêtes auprès d’un échantillon
plus large, intéressant cette fois des vendeuses et des consommateurs.
Nous tentons, dans cette démarche, de déterminer principalement la façon dont les
acteurs commerciaux en VPR constituent et cultivent leurs réseaux relationnels,
les processus sociaux sur lesquels s’appuient les méthodes employées et, enfin,
la nature des bénéfices qu’ils extraient.
64. Vendeur à Domicile Indépendant (Art. L. 135-1. à Art. L. 135-3. du code de commerce).
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En marketing, les réseaux sociaux peuvent être considérés comme de véritables
viviers de consommateurs potentiels. L’intégration de ce champ sociologique
dans la recherche en vente mérite un éclairage succinct avant de nous pencher
sur son incidence dans le contexte de la VPR65.
Par définition, les réseaux sociaux font ainsi référence aux concepts de lien social
et de capital social. Le lien social est construit par les termes « lien » et « social ». Il
associe une réalité d’ordre matériel, le « lien » à un vaste ensemble de catégories
humaines, le « social » (Bouvier, 2005). Il désigne l’ensemble des relations qui
unissent des individus faisant partie d’un même groupe social et/ou qui établissent
des règles sociales entre individus ou groupes sociaux différents (Li, 2007). Le
capital social se traduit dans une conception instrumentale, par l’ensemble des
ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau
durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissances et
d’interreconnaissance ; ou, en d’autres termes, à l’appartenance à un groupe,
comme ensemble d’agents qui ne sont pas seulement dotés de propriétés
communes, mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles
(Bourdieu, 1980). Comme les autres formes de capital, le capital social est à
la fois « appropriable » (Coleman, 1988) et « convertible » (Bourdieu, 1986 ;
in Anheier et al. 1995). Ainsi, des liens sociaux d’un type particulier, comme
l’amitié, peuvent souvent être utilisés pour différentes finalités comme la vente ou
l’acquisition, ou pour un soutien moral et/ou matériel. Coleman (1988), dans une
conception fonctionnaliste, appelle cela « l’appropriabilité » de la structure sociale.
Également, le capital social peut être soit un substitut pour d’autres ressources
soit un complément. Il permet, par exemple, de réduire les coûts de transaction
dans la relation commerciale. Seevers, Skinner et Kelley (2007) soulignent que la
65. Vente Par Réunion.
66. Cité dans l’article d’Alexis Ferrand « La structure des systèmes de relation », L’Année Sociologique, PUF, 1997, Vol. 47, n° 1, pp.
37-54.
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gestion reposerait, en partie, sur l’étude du cycle de vie des relations sociales
impliquant le rapport intime et immédiat à l’argent » (Barth, 2008). Dans ce cadre,
la perspective des réseaux sociaux (Casciaro et Lobo, 2005 ; Cross, Liedtka et
Weiss, 2005 ; Ustüner et Godes, 2006) permet notamment de conceptualiser la
complexité des relations sociales qui soutiennent l’activité organisationnelle et
commerciale (Plouffe, Williams et Leigh, 2004; Sparks et Shenk, 2006; Ustüner
et Godes, 2006).
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de connaissances sur les produits. Ainsi, la distribution s’opère uniquement par
un réseau de vendeuses indépendantes68 ou salariées sous le statut de VRP
(Vendeur Représentant Placier), exerçant souvent ce métier en tant qu’activité
secondaire. Les vendeuses recrutées sous ces statuts ont une rémunération
intégralement variable. Le choix du statut des vendeuses coïncide avec le choix
de l’entreprise pour un modèle d’organisation. En VPR, les sociétés peuvent
opter pour une organisation en multiniveau constituée d’agents indépendants
ou pour une organisation hiérarchique vouée à professionnaliser rapidement la
force de vente (Boudana et Ivers, 2004). La vente multiniveau peut se définir
comme une chaîne de distribution au détail qui n’utilise que des distributeurs
indépendants pour acheter et revendre des produits, mais aussi pour recruter de
nouveaux distributeurs dans un réseau grandissant au fil du temps (Coughlan
et Grayson, 1998 ; Stanworth et al., 2004). L’appellation « multiniveau » fait
directement référence au mode de rémunération des entreprises qui ont choisi
ce mode de fonctionnement (Roux-Brioude et Averill, 1995). Le premier niveau
de surcommission est élevé, pour inciter les vendeurs à recruter. Les niveaux
supérieurs de la hiérarchie perçoivent ensuite des surcommissions sur les
niveaux successifs.
67. On voit par exemple des sociétés telles que Avon, Kneipp sarl – spécialisées respectivement dans les cosmétiques et produits de
beauté, les cosmétiques, les compléments alimentaires et la phytothérapie – engager prioritairement des femmes.
68. La plupart du temps sous le statut de Vendeur à Domicile Indépendant (Art. L. 135-1 à Art. L. 135-3 du code de commerce). Il
concerne aujourd’hui plus de 250 000 conseillers de Vente Directe en France.
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satisfaction et la fidélisation du client, puisque la satisfaction d’un client peut
permettre d’en recruter d’autres (Schultz et Good, 2000). La pratique d’une vente
relationnelle en VPR sous-tend, de cette manière, l’utilisation par les vendeuses
des réseaux sociaux comme ressources de développement de leur activité. Dans
ce cadre, afin de définir les traits de la vente relationnelle sensée être pratiquée
en VPR, intéressons-nous à la théorie du contrat social de Macneil (1980) et à la
définition existante du marketing relationnel (Berry, 1982).
Morris et al. (1998) proposent que le marketing relationnel est une orientation
stratégique adoptée par le vendeur et l’acheteur, qui représente un engagement
dans une collaboration à long terme, mutuellement avantageuse. La composante
relationnelle d’une vente recouvre aussi l’élément temporel, où les actions
passées ont une influence sur les actions présentes qui, elles-mêmes, auront une
influence sur les actions futures. La relation, dans ce contexte, est appréhendée
dans sa continuité (Dwyer et al., 1987). Macneil exprime de manière récurrente
l’hypothèse que les parties d’un même échange souhaitent le maintenir. Il l’explique
par les coûts économiques à la sortie mais aussi par les coûts psychologiques,
essentiellement liés aux aspects informels de l’échange. Les acteurs sont des êtres
socialisés dont l’identité est en partie constituée par leurs interactions (Kaufmann,
2005; Picard, 2008). D’après Macneil (1978), les normes du contrat social sont
définies comme des types de sentiments et de comportements acceptables par
les membres d’un système d’échanges et ayant la force d’une obligation ou d’une
pression sociale. D’après ces deux approches, au-delà de l’intérêt matériel des
parties, c’est la dimension relationnelle de la dyade acheteur-vendeur qui produit
sa réussite, à travers des fondations affectives durables.
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La confiance : elle joue un rôle moteur dans la
L’intégrité du rôle : le comportement des
relation, car elle renforce l’intention de coopérer et
acteurs sur le long terme, leurs obligations et
la volonté de continuer la relation (Morgan et Hunt,
la force du lien qu’il y a entre eux.
1994).
L’harmonisation des conflits : le respect des La personnalisation des rapports sociaux : adapter
attentes de l’autre partie et la recherche de son comportement en fonction de l’interlocuteur
solutions justes et équitables dans d’éventuels et apporter des réponses précises à des besoins
conflits. précis.
Le bien-fondé des moyens : la relation doit
La réalisation de bénéfices partagés : la relation vise
être fondée sur des principes acceptés et des
à satisfaire toutes les parties sur le long terme.
règles de bienséance.
Les normes supracontractuelles : les normes
sociales et morales présentes dans la
société.
En VPR, les membres des réseaux sociaux sont non seulement des apporteurs
d’affaires, mais ils sont aussi des agents d’influence et de persuasion, à travers
une expérience de consommation commune qui entraîne naturellement le
consommateur vers le développement d’une relation personnalisée avec la
vendeuse.
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l’invitée-cliente, généralement une relation de l’hôtesse (Boudana et Ivers, 2004).
Pour chacun de ces acteurs, la relation de confiance ne se réduit pas à une
transaction strictement bilatérale (Orléan, 1994). Elle suppose systématiquement
la présence du troisième acteur ou d’une autre forme de médiation institutionnelle
qui permet de garantir la confiance mutuelle. En premier lieu, entre l’hôtesse et
ses invitées. Au sein d’un réseau social, quiconque trahit un parent ou un ami
s’expose à la condamnation morale, à la réprobation publique et à l’exclusion.
En deuxième lieu, entre la vendeuse et les clientes (y compris l’hôtesse), il existe
des organismes jouant le tiers de confiance, que ce soit l’entreprise, la marque
ou la Fédération de la Vente Directe70. Mais c’est surtout l’existence d’un lien
social préalable entre les acteurs qui va influer positivement ou négativement
sur leur niveau de confiance dans une relation commerciale. L’existence d’une
relation sociale préalable à tout échange commercial entre des acteurs introduit
le concept d’« appropriabilité de la structure sociale » de Coleman (1988) dans
le processus de création d’une relation acheteur-vendeur. Par exemple, Price et
Arnould (1999) parlent d’« amitié commerciale », en envisageant une relation
d’amitié qui deviendrait une relation d’échange commercial, ou inversement.
En VPR, l’appropriabilité de la structure sociale intervient lorsque la vendeuse
invite un certain nombre de ses connaissances pour participer à une réunion de
vente, ou lorsque la vendeuse propose à une cliente d’être hôtesse et d’inviter,
de préférence, des personnes avec qui elle est directement en lien.
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produit répond aussi à des besoins d’ordre social liés à la recherche croissante,
chez les consommateurs, d’une offre personnalisée et de plus de contact humain
dans l’échange commercial. Ces besoins s’expliquent au niveau sociétal par
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des phénomènes tels que la montée de l’individualisme, l’usage éphémère de
produits trop vite démodés et la relégation des valeurs humaines par la promotion
massive des valeurs matérielles. Des phénomènes qui ont provoqué un déficit
généralisé et structurel d’estime de soi, ce qui produit chez les individus une
demande très forte de reconnaissance auprès des autres (Kaufmann, 2005). À
travers des réunions conviviales et une offre de produits exclusive, la VPR satisfait
un certain nombre de besoins d’ordre social tels que le besoin d’appartenir à
un groupe, de définir ou d’affirmer son identité à travers l’interaction sociale et
le choix des produits. Des chercheurs ont affirmé que l’identité subjective71 se
construit en grande partie dans le contact avec les autres. Ainsi, la quête de
reconnaissance identitaire constitue une des dynamiques fondamentales des
relations interpersonnelles (Kaufmann, 2005; Picard, 2008). Également, devant
l’offre de produits, l’individu est face à une gamme de choix qui porte des valeurs,
des systèmes de pensée différents. Il y a donc un espace des possibles où se
situe là encore la quête identitaire. Il peut aussi se produire une interdépendance
d’ordre affectif, se traduisant par un attachement interpersonnel ou par une
affectivité liée aux éléments environnementaux de l’échange commercial.
Ainsi, le réseau social utilisé par une vendeuse pour la réalisation d’une réunion
de vente à domicile est constitué de liens sociaux plus ou moins forts, qui
donnent lieu à la création de nouvelles relations sociales. Dans un deuxième
paragraphe, nous verrons comment le réseau social de la vendeuse en réunion
peut également lui permettre de séduire et de fidéliser la consommatrice.
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activités qu’une entreprise réalise, comme, par exemple, la création d’un univers
qui sort le consommateur de son quotidien. Le marketing expérientiel incite le
consommateur à donner du sens à la consommation. En premier lieu, afin qu’il
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associe des valeurs, des émotions et des sensations au produit. En deuxième
lieu, pour le fidéliser grâce à ces associations et au caractère inoubliable de
l’expérience. D’après Carù et Cova (2006) : « Le consommateur cherche moins
à maximiser un profit qu’à revendiquer une gratification hédoniste dans un
contexte social ; la consommation provoquant des sensations et des émotions
qui, loin de répondre seulement à des besoins, vont jusqu’à toucher à la quête
identitaire du consommateur »73. À partir d’une telle expérience de consommation
générant sentiments et émotions, le consommateur peut attribuer au produit une
signification subjective qui s’ajoute aux attributs concrets que l’objet possède
(Hirschman, 1980). Nous pouvons inscrire de manière compréhensible, les
échanges interpersonnels émergents au cours de la réunion de vente à
domicile, comme générateurs principaux de sentiments et d’émotions chez la
consommatrice. Elle associe ensuite la production de sensations et d’émotions
similaires, à la nécessité de revivre l’expérience de consommation et/ou de
réacheter un ou plusieurs produits (Frenzen et Davis, 1990). En conséquence,
elle s’investit de manière volontaire, dans l’entretien d’une relation durable avec
la conseillère de vente.
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intimes et la discussion, pas nécessairement en lien avec l’objet initial de la
réunion. En toute vraissemblance, la nature des interactions sociales au cours
de la réunion de vente à domicile, apporte à cette expérience de consommation
toute sa singularité. Les clientes comblées par le sentiment d’être écoutées
et comprises par les autres membres du groupe, seront vivement tentées de
rééditer cette expérience de consommation, soit en tant que cliente, soit en tant
qu’hôtesse ou vendeuse.
Théoriquement, nous pouvons établir que la vendeuse par réunion utilise les
réseaux sociaux comme de véritables outils de gestion. Dans un premier temps,
pour prospecter, mettre en confiance et recruter de nouvelles clientes. Puis, dans
un deuxième temps, pour fidéliser des consommatrices et planifier son activité à
travers les nouveaux rendez-vous qu’elle obtient.
Voyons à présent les conclusions que nous pouvons tirer de notre approche
exploratoire sur l’utilisation par les vendeuses de méthodes vouées à employer
les réseaux sociaux afin de développer leur activité.
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revue de littérature, de rencontres préalables avec des chefs d’entreprise, des
associations de consommateurs et d’un ensemble de données74 obtenues auprès
de la Fédération de la Vente Directe. Cela nous a ensuite permis de procéder
par des interviews en profondeur avec chacun des dirigeants des trois sociétés
contactées, ainsi qu’avec leur directeur des ventes, leur directeur marketing et
leur responsable communication. Ce sont généralement les responsables de
ces départements qui gèrent, de concert, les questions liées à la formation, à la
rémunération, à la motivation et à la fidélisation des conseillères de Vente Directe.
Cette première démarche qualitative exploratoire vise à déterminer comment les
entreprises de VPR incitent, de manière directe ou indirecte leurs conseillères
de vente à se constituer et à entretenir un réseau social pour développer leur
activité.
Nbre de
Durée des échanges par
responsables terrain Lieu Poste de l’interviewé Société
responsable terrain
rencontrés
3 Metz Manager de groupe Akéo 1 journée
2 Mulhouse Manager de groupe Akéo 1 journée
1 Genève Manager de groupe Akéo 3 journées
5 Paris Animatrice de groupe Stanhome World 1 journée
2 Montpellier Animatrice de groupe Stanhome World 1 journée
2 Montpellier Manager de groupe Akéo 1 journée
6 Paris Animatrice de groupe Avon France 1 journée
74. Données d’entreprises, données juridiques, référentiel des métiers de la Vente Directe
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Dans les paragraphes suivants, nous dressons une synthèse des interviews
réalisées. Des prochaines enquêtes qualitatives et quantitatives auprès de
vendeuses moins expérimentées et de consommatrices devraient compléter nos
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recherches et donner davantage de crédit à nos analyses.
.
75 Responsable communication AVON France
76. Manager de groupe AKEO à Montpellier
.
77 Animatrice de groupe Stanhome World à Paris n° 1
.
78 Directeur des ventes Stanhome World
.
79 Directrice commerciale et communication AKEO
.
80 Directeur des ventes AVON France
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Les réseaux sociaux comme outils de
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Les trois canaux stratégiques d’influence sur l’activité des vendeuses qui sont
ressortis de l’analyse du discours des interviewés visent au final, la création
de lien social entre les vendeuses et les consommatrices. D’autre part, elles
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constatent très rapidement que le capital social qu’elles se constituent, n’est pas
fondé uniquement sur des motivations économiques. « Elles sont conscientes
que la dimension affective est souvent présente dans leurs relations avec les
clientes, et ont tendance à considérer davantage leurs clientes comme des amies
ou pour certaines comme de la famille »81. Ce qui rejoint les travaux de Frenzen
et Davis (1990) sur l’impact du lien social et de sa dimension affective sur le
comportement d’achat des consommatrices en VPR.
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celles employées pour la vente »72.
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Les vendeuses constatent que « la cliente fidèle peut être assez souvent à
l’initiative de la prise de contact avec sa conseillère »93. « Les offres de fidélité
et les cadeaux de remerciement offerts aux hôtesses incitent certainement les
clientes à reprendre contact avec leur conseillère »94. Cependant, pour expliquer
ce comportement observé chez certaines clientes, les vendeuses désignent un
ensemble de motivations qui font davantage référence à la dimension affective de
leur relation qu’à sa dimension utilitaire. Premièrement, « la cliente peut contacter
assez fréquemment sa vendeuse en raison de la force du lien qui existe entre
elles. Une conseillère de vente peut aussi être une amie, une confidente ou un
parent »95. Deuxièmement, « la cliente peut ressentir le besoin de rencontrer
des personnes et de se changer les idées. Elle ne désire pas seulement être
consommatrice mais, également, faire partie d’un groupe »96 et « avoir un rôle
et une utilité dans le groupe »97. Enfin, une troisième motivation chez la cliente
concernerait son addiction ou, du moins, « son besoin envers un ou plusieurs
produits distribués par la conseillère »98. C’est alors à la vendeuse de déterminer
puis de maintenir les motivations de sa cliente, en lui portant une attention
particulière et en lui procurant ce qu’elle recherche. « Pour certaines clientes,
ce n’est pas tant des produits qu’elles achètent, c’est de l’énergie et un moment
de bonheur »85. Ceci rejoint bien la théorie du contrat social de Macneil (1.2.2)
qui soutient que les individus dans un échange relationnel, ne sont pas animés
uniquement de motivations instrumentales.
Conclusion
La vendeuse par réunion doit être génératrice de lien social. Cette assertion signifie
que la vendeuse possède un certain talent relationnel et une forte adaptabilité
face à des acteurs pluriels au sein de réseaux relationnels multiples. Elle devient
actrice autonome au centre de plusieurs réseaux sociaux en appliquant des
méthodes relationnelles censées mettre à son actif les liens créés. Cela, à
la fois pour instituer de nouvelles relations et les maintenir, dans l’objectif de
développer son activité de manière stable et durable. En principe, ces méthodes
sont transmises de manière tacite par filiation et lors de séminaires de formation
organisés par les entreprises. La vendeuse adapte ensuite ces méthodes
à sa façon de travailler, à ses objectifs et aux personnages qu’elle rencontre.
Finalement, notre présente recherche intègre parfaitement un certain nombre
de concepts interreliés tels que la vente relationnelle, l’amitié commerciale, le
marketing relationnel et le capital social. Sans occulter l’importance de l’offre
93. Animatrice de groupe Stanhome World à Montpellier n° 2
94. Directrice marketing Stanhome World
95. Animatrice de groupe Stanhome World à Montpellier n° 1
96. Animatrice de groupe AVON à Paris n° 2
97. Animatrice de groupe Stanhome World à Paris n° 3
98. Animatrice de groupe Stanhome World à Paris n° 4
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mis en exergue dans son étude sociologique sur la Vente Par Réunion, que les
réseaux sociaux sont de véritables outils de prospection et de fidélisation client à
travers le lien social que cette méthode de vente génère.
En deuxième lieu, notre recherche indique que l’emploi des réseaux sociaux
comme outils en vente conduit à ne pas définir obligatoirement une cible précise de
consommateur, puisque l’acteur social est influencé par des éléments connexes
à l’acte de vente, comme la nature des liens qui le relient aux autres membres
du réseau, y compris le vendeur, ainsi que par ses propres besoins existentiels.
Il apparaît alors que des marchés gagneraient à être soutenus par l’utilisation
généralisée de forums sociaux favorisant l’échange relationnel et économique
(Arrow, 1975).
Bibliographie
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Les réseaux sociaux comme outils de
prospection et de fidélisation client en Vente
Par Réunion
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