Vous êtes sur la page 1sur 2

Marie-Rose STEFANI TD DROIT DES LIBERTÉS FONDAMENTALES 13 mars 2024

Fiche N°6 : État d’urgence sanitaire

Note de synthèse : « les autorités compétentes en matière d’état d’urgence sanitaire »

La création de l’état d’urgence sanitaire par la loi du 23 mars 2020 s’est faite sur le même modèle que
l’état d’urgence sécuritaire. Dans le cadre d’une nécessité exceptionnelle, le législateur a dû adapter la loi
et le Code de la santé publique afin de faire face juridiquement à une pandémie mondiale. Ce régime
d’urgence met en sommeil l’équilibre naturel entre l’ordre public et les libertés. Ainsi les limites à la
liberté d’aller et venir, la liberté de réunion et de manifestation, et même la vie privée et familiale doivent
céder dans une certaine mesure face au maintien de la santé publique. L’atteinte à l’ordre public causée
par la pandémie est telle que les organes de contrôle vont se montrer conciliant avec le Gouvernement
dans l’application des mesures de l’état d’urgence sanitaire tout en gardant une réserve pour protéger
l’exercice des libertés.

Ainsi il y un encadrement de l’état d’urgence sanitaire par les autorités centralisées de l’État (I) et un
ajustement par les autorités spécialisées des mesures d’urgence sanitaire (II).

I. L’encadrement de l’état d’urgence sanitaire par les autorités centralisées de l’État

A. Un pouvoir partagé dans le déclenchement de l’état d’urgence

Le ministre de la santé détient une compétence initiale importante, énoncée dans l’article L3131-1 du
Code de la Santé Publique, qui lui permet d’exercer un pouvoir de police administrative spéciale en
matière de risque épidémique et d’habiliter les autorités locales représentantes de l’État pour prendre des
mesures nécessaires (Doc 3, 5). Le décret du Premier ministre en date du 16 mars 2020 constitue une autre
dimension de ce pouvoir partagé en établissant un régime d’état d’urgence sanitaire similaire à celui prévu
par la loi du 3 avril 1955 (Doc 4).

B. Une compétence partagée du gouvernement dans la mise en œuvre des mesures sanitaires

Une fois l’état d’urgence sanitaire déclaré, la loi du 23 mars 2020 prévoit une « répartition des rôles »
entre le Premier ministre concernant les mesures règlementaires, le Ministre pour les mesures
règlementaires et individuelles et le Préfet lorsqu’il s’agit des mesures d’application et des mesures
individuelles quand il est habilité par le Premier ministre ou le Ministre pour ce faire (doc 4, 5, articles
L3131-15, L3131-16, L3131-17)

II. L’ajustement par les autorités spécialisées des mesures d’urgence sanitaire

A. Le rôle du représentant de l’État sous contrôle du juge

Le contrôle du juge administratif est un garde-fou crucial (Doc 6). Toutes les mesures prises dans le cadre
de l’état d’urgence sanitaire sont sujettes à un examen minutieux du juge administratif (Doc 5, article
L3131-18). En cas de recours contre les mesures individuelles d’isolement, le juge des Libertés et de la
Détention peut intervenir pour garantir la légalité et la proportionnalité de ces mesures. Les décisions
doivent respecter les principes de nécessité et de proportionnalité (Doc 7).

B. L’intervention consultative des autorités scientifiques

Le comité de scientifiques, créé selon l’article L3131-19 (Doc 5) joue un rôle essentiel dans l’ajustement
des mesures d’urgence sanitaire. Le comité rend un avis périodique sur la catastrophe sanitaire et les
connaissances scientifiques qui s’y rapportent et les mesures propres à y mettre fin, notamment dans les
Marie-Rose STEFANI TD DROIT DES LIBERTÉS FONDAMENTALES 13 mars 2024

pouvoirs et compétences du Premier ministre et du ministre de la Santé. Le comité de scientifiques rend


également un avis sur la prorogation (Doc 5, article L3131-13).

Vous aimerez peut-être aussi