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La loi du 23 mars 2020 a créé dans le Code de la santé publique l’état d’urgence sanitaire,

codifié aux articles L. 3131-12 à L. 3131-20, entraînant un encadrement sévère des libertés
fondamentales. Si « la liberté est la règle, la restriction de police l’exception » dans notre
régime répressif, l’inverse opère ici. La loi donne à diverses autorités administratives le
pouvoir d’instituer des restrictions aux libertés devant être nécessaires, adaptées et
proportionnées. L’article L. 3131-18 CSP a permis aux administrés de former des référés-
libertés fondamentaux contre les mesures adoptées dans le cadre de l’état d’urgence. Le juge a
ainsi dû arbitrer entre la protection du droit à la santé et les autres libertés fondamentales.

La loi de 2020 a détaillé les pouvoirs de police administrative dévolus aux autorités
administratives nationales et locales (1). Ces autorités ont vu leurs mesures contestées devant
le juge qui en a contrôlé la légalité et la proportionnalité (2).

1. Les autorités détenant des pouvoirs de police administrative

La loi instaurant l’état d’urgence sanitaire a permis de consolider les bases légales des
décisions prises pour la gestion de l’épidémie de Covid-19 (doc. 4) : les premières mesures
avaient été adoptées sur le fondement de l’article L. 3131-1 du CSP qui prévoyait qu’en cas
de menace sanitaire grave, le ministre de la Santé pouvait prescrire toute mesure afin de
prévenir et limiter les conséquences des menaces sur la santé de la population (doc. 3).

La loi de 2020 s’inspire de la loi du 3 avril 1955 sur l’état d’urgence pour conférer à l’autorité
administrative des prérogatives exorbitantes en cas de catastrophe sanitaire : elle précise les
conditions de déclenchement de cet état d’urgence et détaille les autorités compétentes pour
prendre des mesures (doc. 4 et 5).
Le premier ministre et le ministre de la Santé sont autorisés à prescrire des mesures générales,
et pour ce dernier, individuelles, et à habiliter le préfet à prendre des mesures d’application et
décider lui-même de mesures sur un territoire n’excédant pas le département. Ces pouvoirs de
police administrative spéciale doivent être articulés avec le pouvoir de police générale du
maire, qui peut prendre toute mesure nécessaire au maintien de l’ordre public. Néanmoins, il
ne peut prendre des mesures de police générale destinées à lutter contre la catastrophe
sanitaire sauf à deux conditions : qu’existent des raisons impérieuses liées à des circonstances
locales rendant l’édiction indispensable, et de ne pas compromettre la cohérence et l’efficacité
des mesures prises dans ce but par les autorités compétentes de l’État (doc. 7).

2. Le contrôle des mesures réalisé par le juge

Le juge constitutionnel fut saisi du contrôle de la loi. Le juge des libertés et de la détention a
pu être saisi de recours contestant les mesures individuelles de mise en quarantaine (doc. 5).
Le juge administratif des référés a dû tant statuer vers un alourdissement des restrictions, que
vers un allègement, en conciliant droit à la santé et libertés fondamentales. En vertu du droit à
la vie garanti par l’article 2 de la CEDH, le CE a enjoint le gouvernement à renforcer les
mesures déjà prises sans autoriser un confinement total (doc. 6) ; dans une autre affaire il a
considéré que les mesures de police générale du maire portaient une atteinte grave et
manifestement illégale à la liberté d’aller et venir et au droit de chacun au respect de sa liberté
personnelle, et que ces mesures ne respectaient pas les deux conditions jurisprudentielles
précitées (doc. 7).

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