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Etat d’urgences et législation d’exception

L'état d'urgence et la législation d'exception en France sont des mesures juridiques temporaires
qui peuvent être mises en place pour faire face à des situations d'urgence, telles que des
menaces graves pour la sécurité publique, des catastrophes naturelles majeures, ou d'autres
crises. Voici un aperçu de ces concepts en France.

I) L'état d’urgence:

L'état d'urgence est un état de crise qui renforce les pouvoirs des autorités civiles en matière de
sécurité des personnes, et qui limite, en conséquence, les libertés, qu'elles soient publiques ou
individuelles. Cette mesure exceptionnelle, prévue par la loi du 3 avril 1955, a été adoptée à
l'époque en réaction aux attentats perpétrés en Algérie.
Lors de la déclaration de l'état d'urgence, le gouvernement peut prendre diverses mesures,
telles que la possibilité d'assigner à résidence des individus, de mener des perquisitions
administratives, de restreindre la circulation des personnes et des véhicules, de fermer des
lieux publics, et de réquisitionner des biens. Ces mesures sont temporaires et nécessitent une
justification spécifique en fonction de la situation.

Historique de l'état d'urgence en France:


Entre 1955 et 2015, l'état d'urgence a été décrété sept fois. Suite aux attentats du 13 novembre
2015, son cadre juridique a été modifié pour faciliter la mise en place de mesures
exceptionnelles face à la menace terroriste. La loi du 20 novembre 2015 a permis de renforcer
les prérogatives de l'exécutif. En mars 2020, l'état d'urgence prend une nouvelle forme : l'état
d'urgence sanitaire. Elle donne un cadre légal aux mesures prises par le gouvernement pour
lutter contre l'épidémie de Covid-19.

II) La législation d'exception:

La législation d'exception se réfère à des lois temporaires qui sont adoptées pour répondre à des
circonstances exceptionnelles. Ces lois peuvent être promulguées pour gérer des crises
particulières, telles que des attentats terroristes, des émeutes, des catastrophes naturelles, ou
d'autres événements graves.

En France, la législation d'exception peut inclure des lois spéciales qui confèrent au
gouvernement des pouvoirs étendus pour faire face à une situation d'urgence. Ces lois sont
temporaires et doivent être adoptées par le Parlement. Par exemple, la loi sur l'état d'urgence
sanitaire a été adoptée en 2020 en réponse à la pandémie de COVID-19 pour permettre au
gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles pour contrôler la propagation du virus.

Ces mesures d'urgence sont soumises à un contrôle juridictionnel pour garantir le respect des
droits fondamentaux des citoyens. Les mesures prises en vertu de l'état d'urgence ou de la
législation d'exception doivent être proportionnées à la menace et conformes à la Constitution
et aux engagements internationaux de la France en matière de droits de l'homme.
Il est important de noter que ces mesures sont temporaires et doivent être levées une fois que
la situation d'urgence est maîtrisée. L'utilisation de ces pouvoirs exceptionnels est souvent un
sujet de débat et de controverse en France, car elles peuvent soulever des questions
concernant les droits civils et les libertés individuelles.

Est-ce que ces mesures nuisent à la Démocratie

Les législations d'exception peuvent potentiellement nuire à la démocratie si elles ne sont pas
mises en œuvre de manière appropriée et respectueuse des principes démocratiques. Voici
quelques façons dont cela pourrait se produire :
Abus de pouvoir : Lorsque des pouvoirs exceptionnels sont accordés au gouvernement en temps
de crise, il existe un risque d'abus de pouvoir. Les autorités pourraient utiliser ces mesures de
manière disproportionnée, ciblant des groupes spécifiques, réprimant la dissidence politique ou
restreignant les droits fondamentaux sans justification valable.
Violation des droits individuels : Les législations d'exception peuvent autoriser des mesures qui
restreignent les droits individuels et les libertés civiles au nom de la sécurité nationale. Si ces
restrictions ne sont pas tempérées, proportionnées et limitées dans le temps, elles pourraient
compromettre les valeurs démocratiques.
Diminution de la transparence et de la responsabilité : En temps de crise, il peut être tentant
pour les gouvernements d'agir rapidement et de manière discrétionnaire, contournant les
processus démocratiques normaux. Cela peut entraîner une diminution de la transparence et de
la responsabilité, deux éléments essentiels de la gouvernance démocratique.
Menace pour l'État de droit : Les législations d'exception peuvent parfois contourner les
principes de l'État de droit, en permettant des actions gouvernementales sans les garanties
normalement associées à un processus juridique régulier. Cela peut affaiblir la confiance des
citoyens dans le système judiciaire et dans les institutions démocratiques.
Climat de peur et de méfiance : Lorsque des mesures d'exception sont mises en œuvre de
manière excessive ou mal gérées, elles peuvent créer un climat de peur et de méfiance au sein
de la population. Cela peut entraîner une polarisation sociale et politique, affaiblissant ainsi la
stabilité démocratique.

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