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Mot du jour : la context culture

Le mouvement #Meetoo initié en 2006, a amené à questionner le rapport de certains artistes


avec la femme. Picasso dont on sait qu’il était un homme violent et tyrannique avec ses
compagnes n’y échappe pas. A ce sujet Nathalie Blondil, directrice de l’Institut du monde
arabe et spécialiste de Picasso, dit pratiquer auprès de ses étudiants en histoire de l’art, non
pas la « cancel culture » mais la « context culture. »
La « context culture » est une approche qui ne cherche pas nécessairement à défendre ou à
condamner l’artiste ou l’œuvre mais plutôt à les éclairer en prenant du recul. Dans la direct
lignée de l’épineux débat sur la séparation de l’artiste et de l’œuvre, la « context culture »
réponds à la question suivante : Faut-il séparer l’artiste et son œuvre de leur contexte de vie,
de production ? Non, bien au contraire. Le contexte est un outil précieux mais alors comment
la context culture permet-elle de communiquer à propos d’œuvre et d’artistes controversés ?
Ces œuvres, ces artistes représentent un défi pour les institutions culturelles.
Tout d’abord car la question de la distinction entre l’artiste et son art fait encore aujourd’hui
débat. Peut-on dire d’Éric Bénier Burckel qu’il est antisémite au seul titre que le personnage
principal de son roman Pogrom tient des propos antisionistes ? Et comment traite-on cette
question lorsqu’il s’agit d’artistes déjà mort ou ayant vécu dans une époque radicalement
différente de la nôtre ? La personne de Céline, ou les travaux de Victor Arnautoff par
exemple ne se questionnent pas de la même manière que la figure de Polanski ou le film Jeune
& Jolie, réalisé en 2013 par François Ozon et ayant scandalisé la presse.
Il est donc complexe de communiquer à propos d’œuvres et d’artistes controversés tout en
respectant, éventuelles victimes, la sensibilité du publique et les nouvelles normes morales.
Or une œuvre, un artiste une communication ne survie qu’à moitié hors de son contexte, son
histoire. Suivant les préceptes de contextualisation de l’école de Palo Alto, la contexte culture
s’attache non seulement à restituer au œuvres et aux artistes leurs place au sein d’une histoire
plus grande qu’eux mais aussi à s’adapter au contexte contemporain en prenant par exemple
la forme d’un nouvel agencement des espaces. Au musée Picasso à Paris, le parcours des
œuvres ne se fait plus à travers des salles nommées après ses compagnes, qui réduisent celles-
ci à un fragment de vie avec l’artiste. D’autres initiatives telles que le livre de Laurence
Madeline Picasso, 8 femmes, contribuent, elles à donner voix à ces figures historiquement
marginalisées, rétablissant ainsi un équilibre dans la narration de l'histoire de l'art.
La mission de l’art et de l’artiste est de nous déranger, de nous questionner, la nôtre est de les
interroger pour s’enrichir, les supprimer ce serait se mentir.

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