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ASDIFLE

DICTIONNAIRE DE DIDACTIQUE
DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE
ET SECONDE

Ouvrage publié avec le concours de la Délégation générale à la langue française


et aux langues de France
2

Ouvrage coordonné par


Jean-Pierre Cuq

Conseil scientifique
Marie-José Barbot, Maître de Conférences à l'Université du Littoral Cote d'Opale
Robert Bouchard, Professeur à l'Université Lumière-Lyon 2
Francis Carton, Maitre de Conférences à l'Université Nancy 2
Jean-Pierre Cuq, Professeur à l'Université de Provence, Aix-Marseille 1
Pierre Dumont, Professeur à l'Université Paul Valéry-Montpellier 3
Elisabeth Guimbretière, Professeur à l'Université Paris 7
Henry Holec, Professeur émérite à l'Université Nancy 2
Louis Porcher, Professeur à l'Université Paris 3

Glossaires des équivalences


allemand
Dagmar Abendroth-Timmer, Maitre de Conférences à l'Université de Brême
Michaël Wendt, Professeur à l'Université de Brême

anglais
Richard Duda, Professeur à l'Université Nancy 2
Philip Riley, Professeur à l'Université Nancy 2

espagnol
Marina Lôpez Martinez, Enseignante-chercheur à l'Université de Castellôn
Mercedes Sanz Gil, Enseignante-chercheur à l'Université de Castellôn
Rosaura Serra Escorihuela, Enseignante-chercheur à l'Université de Castellôn
Maria Luisa Villanueva Alfonso, Professeur à l'Université de Castellôn

italien
Enrica Galazzi, Professeur à l'Université Catholique de Milan
Chiara Molinari, Université Catholique de Milan
Christina Bosisio, Université Catholique de Milan
Raffaele Spiezia, chargé de cours à l'Université de Matera e Basilicata

portugais
Maria Helena Ançã, Universidade de Aveiro
Clara Ferrão Tavares, Instituto Politécnico de Santarém

Ce dictionnaire suit les règles de l'orthographe nouvelle, publiées dans le journal Officiel
du 5 décembre 1990.

Direction éditoriale : Michèle Crandmangin


Édition : Jean Pencreac'h
Compogravure et mise en pages : JPM SA
Maquette : Martine Knebel
© CLE International, S.E.j.E.R. Paris 2003
ISBN : 209-033972-1
MÉMORISATION 164

• la récupération, facilitée par des indications des discours tenus par l'apprenant et par
contextuelles associées à l'information à rap­ l'enseignant sur la grammaire, sur le langage
peler. et, plus généralement, sur leurs activités
La phase de mise en mémoire de l'informa­ d'enseignement et d'apprentissage.
tion est appelée mémorisation. >- M étalinguistique .
COGNITIVISME, PSYCHOLOGIE.
MÉTALINGUISTIQUE ■ La fonction méta­
MÉMORISATION ■ »- M ém oire . linguistique du langage a été décrite par
Jakobson comme une des caractéristiques de
MÉMORISER M ém oire . la communication humaine qui l'opposerait
à la communication animale par exemple.
MENTALISME ■ En psychologie, ce terme Celle-ci a la capacité de se prendre elle-
désigne les théories fondées sur la vie intérieure même pour cible chaque fois que les parti­
de l'individu (par opposition à la psychologie cipants pour des raisons diverses se doivent
du comportement). En linguistique, il est de parler du code ou des éléments de ce
employé de façon critique par les structura­ code qu'ils utilisent. L'activité du grammai­
listes américains (Bloomfield) pour qualifier le rien qui décrit une langue en utilisant les
recours à l'intuition afin d'expliquer la signifi­ moyens d'expression que lui fournit cette
cation de formes linguistiques. Actuellement, il langue est typique de ce fonctionnement
s'applique aux théories cognitivistes postulant métalinguistique. Il en est de même de celles
des états mentaux sous-jacents aux activités de l'enseignant et de l'apprenant.
humaines, dont les phénomènes linguistiques. C o de , F o n ctio n du lan gage .
2» C o gnitivism e , M écanism e .
MÉTHODE ■ Dans les écrits didactiques
MESSAGE ■ > ■ F o n c tio n du lan gag e . actuels, le mot « méthode » est utilisé cou­
ramment avec trois sens différents :
MÉTA- ■Préfixe d'origine grecque signifiant • celui de matériel didactique (manuel + élé­
« de second ordre », très productif en sciences ments complémentaires éventuels tels que
du langage (exemples : métalangage, méta- livre du maître, cahier d'exercices, enregis­
règle, etc.), il désigne alors une entité réflexive trements sonores, cassettes vidéo, etc. : on
qui prend pour objet elle-même ou une parle ainsi de la « méthode » De vive voix ou
entité de même nature. Archipel) ;
• celui de méthodologie (on parle ainsi de la
MÉTACOGNITIF ■ La notion d'activité méta- «méthode directe» du début du siècle);
cognitive a été conçue dans le cadre large de • et enfin celui qu'il possède dans l'expression
référence des sciences cognitives en élargissant «méthodes actives», le seul que l'on retiendra
la valeur des applications purement linguis­ ici.
tiques du préfixe méta-. Elle englobe toutes les Pris dans ce dernier sens, une «méthode»
pratiques réflexives qui explicitent, en miroir, le correspond en didactique des langues à
fonctionnement intellectuel de l'individu, en l'ensemble des procédés de mise en oeuvre
particulier en situation d'apprentissage, et per­ d'un principe méthodologique unique. La
mettent ainsi au sujet de réguler cette activité «méthode directe» désigne ainsi tout ce qui
dans ses différentes composantes. permet d'éviter de passer par l'intermédiaire
»- M éta-, M étalinguistiq ue . de la langue source (l'image, le geste, la
mimique, la définition, la situation, etc.); la
MÉTALANGAGE ■En didactique, on appelle « méthode active » tout ce qui permet de sus­
métalangage (ou métalangue) l'ensemble citer et maintenir l'activité de l'apprenant,
165 MÉTHODE PAR LE MOUVEMENT

jugée nécessaire à l'apprentissage (choisir l'utilisation de la langue cible est possible


des documents intéressants, varier les sup­ (priorité à la méthode directe), de présenter
ports et les activités, maintenir une forte de préférence les nouvelles formes linguis­
«présence physique» en classe, faire s'écou­ tiques à l'oral (priorité à la méthode orale).
ter et s'interroger entre eux les apprenants, La cohérence de chaque méthodologie
etc.). constituée (traditionnelle, directe, audio-orale,
Exception faite de la méthode interrogative audiovisuelle, etc.) repose sur un « noyau dur»
(qui correspond au schéma : question de constitué d'un nombre limité de méthodes
l'enseignant - réponses des apprenants - éva­ privilégiées et fortement articulées ou combi­
luation ou réaction de la part de l'ensei­ nées entre elles. Dans la méthodologie
gnant), toutes les méthodes apparues depuis directe du début du xxe siècle, par exemple,
un siècle et demi en didactique scolaire des sont systématiquement privilégiées toutes les
langues peuvent se classer par paires oppo­ activités qui vont amener les apprenants eux-
sées : ce sont les méthodes active et trans­ mêmes (méthode active) à parler (méthode
missive, directe et indirecte, synthétique et orale) directement en langue cible (méthode
analytique, inductive et déductive, réflexive directe) : les conceptions didactiques actuelles
et répétitive, applicatrice et imitative, ono-
des formateurs cités plus haut reposent donc
masiologique et sémasiologique, orale et
sur le noyau dur de cette méthodologie
écrite, expressive et compréhensive.
directe, qui s'est maintenu jusqu'à nos jours.
Ces méthodes peuvent être reliées entre elles
Dans la méthodologie audio-orale, on va
par articulation - succession chronologique
chercher à ce que les apprenants, de manière
de deux méthodes différentes, par exemple
intensive (méthode répétitive), reproduisent
lorsque, à un exercice de conceptualisation
des modèles (méthode imitative) de langue
grammaticale (méthode inductive), succède un
orale (méthode orale) : appliquée au dialogue
exercice d'application (méthode déductive) -
de base, ce noyau dur va générer l'exercice
ou par combinaison (utilisation conjointe de
de dramatisation (dans lequel l'apprenant,
plusieurs méthodes, par exemple des
en jouant le dialogue mémorisé), reproduit
méthodes inductive, active et écrite lors­
l'ensemble de ses modèles); appliqué à l'en­
qu'un enseignant demande aux apprenants
seignement de la grammaire, il génère l'exer­
de découvrir eux-mêmes la règle de gram­
cice structural. On voit que la méthodologie
maire à partir d'une série de phrases écrites
au tableau). Les méthodes opposées ne peu­ audiovisuelle française est fondamentale­
vent bien évidemment être qu'articulées les ment éclectique puisque l'on retrouve ces
unes aux autres. Certaines méthodes sont deux noyaux durs dans l'unité didactique : le
obligatoirement combinées entre elles (les noyau dur de la méthodologie audio-orale
méthodes intuitive et réflexive, par exemple), dans la dramatisation des dialogues de base
d'autres s'attirent naturellement (les méthodes et les exercices structuraux, et le noyau dur
répétitive, imitative et orale, par exemple), de la méthodologie directe dans les activités
d'autres enfin sont privilégiées à tel ou tel de passage des dialogues au style indirect
moment parce que le principe correspon­ et au récit, de description des images, de
dant se trouve en position dominante : en conversation sur les personnages et les situa­
didactique scolaire, par exemple, la plupart tions des dialogues.
des formateurs conseillent actuellement aux >- A pproche C ommunicative , M éthodologie , Pro ­
enseignants débutants de ne pas faire eux- céd é , T ech n iq u e .
mêmes ce que les apprenants pourraient
faire (priorité à la méthode active), de ne pas MÉTHODE PAR LE MOUVEMENT ■
utiliser ou faire utiliser la langue source si »• A pprentissage par la réaction physique totale .
MÉTHODE SILENCIEUSE 166

MÉTHODE SILENCIEUSE ■ Conçue au des phonèmes semble disproportionné par


cours des années 1960 par Caleb Gattegno, rapport au résultat obtenu. De plus la
mathématicien de formation et disciple de méthode semble reposer sur le principe selon
Piaget, la «méthode silencieuse» appartient lequel l'apprentissage de le phonologie de la
aux méthodologies dites « non convention­ langue cible va garantir une égale capacité
nelles». Fondée sur l'élaboration collective en compréhension. Or, on sait qu'il n'en est
par le groupe d'apprenants de la phonologie rien, le transfert expression-compréhension
de la langue cible, la méthode attache une est peu important, sinon quasi inexistant,
importance centrale à la maîtrise de la liaison alors que le transfert inverse, analogue au
graphies/sons. Les différentes combinaisons processus qui préside à l'apprentissage de la
graphies/sons sont répertoriées dans des langue maternelle, ne fait aucun doute.
tableaux (qui utilisent un code couleur pour
faciliter la mémorisation des sons. Par exemple MÉTHODES ACTIVES ■»• MÉTHODE.
au son [o] en français correspondent la cou­
leur orange et les graphies «ô, hô, o, au, eau, MÉTHODE DIRECTE ■2* D irect .
hau»). Les tableaux restent accrochés dans la
salle de classe en permanence, ce qui permet MÉTHODOLOGIE ■ Utilisé au singulier défini
à l'enseignant et aux apprenants de s'y réfé­ (« la méthodologie»), ce mot désigne, comme
rer dès que le besoin s'en fait sentir. Le nom « la sociologie » ou « la philosophie » un do­
de la méthode provient du silence ostensible maine de réflexion et de construction intellec­
que s'impose l'enseignant. Il ne fournit pas de tuelles ainsi que tous les discours qui s'en
modèle phonologique à imiter, mais s'efforce, réclament. Dans le cas qui nous intéresse, il
par des mimiques et des gestes, de faire pro­ correspond à toutes les manières d'enseigner,
duire par le groupe les sons correspondants d'apprendre et de mettre en relation ces deux
aux couleurs et aux graphies reproduites sur processus qui constituent conjointement
les tableaux. Par exemple, ouvrir largement l'objet de la didactique des langues. On dira
la bouche suffit généralement à faire pro­ ainsi que jusqu'à la fin des années 1960, ce
noncer le son [a] à un groupe d'apprenants. que nous appelons actuellement la «didac­
Équipé d'une baguette qui lui permet de tique des langues» se réduisait pour l'essen­
désigner des couleurs ou des graphies sur les tiel à la méthodologie, ou encore que la
tableaux, l'enseignant va faire produire des préoccupation principale de la plupart des
phrases par les apprenants. Celles-ci doivent enseignants débutants porte sur les problèmes
permettre l'apprentissage de la morphosyn­ méthodologiques.
taxe et de l'intonation de la langue cible. Les Utilisé à l'indéfini ou au pluriel («une métho­
phrases ainsi produites ne présentent pas dologie», «les méthodologies», «des métho­
toujours un potentiel communicatif percep­ dologies»), ce mot désigne des constructions
tible à première vue (par exemple, « le bâton­ méthodologiques d'ensemble historiquement
net lui donne des bleus»), La méthode, en datées qui se sont efforcées de donner des
effet, repose sur l'utilisation de bâtonnets de réponses cohérentes, permanentes et univer­
couleurs et de longueurs différentes, qui per­ selles à la totalité des questions concernant
mettent d'installer des «situations», selon le les manières de faire dans les différents
terme même de Gattegno, qui favoriseront domaines de l'enseignement/apprentissage
l'apprentissage de sous-systèmes linguis­ des langues (compréhensions écrite et orale,
tiques (prépositions, comparatif : « le bâtonnet expressions écrite et orale, grammaire,
orange est plus long que le bâtonnet vert»). lexique, phonétique, culture), et qui se sont
Le temps investi dans l'apprentissage des révélées capables de mobiliser pendant au
relations graphies/sons et dans la production moins plusieurs décennies de nombreux
167 MÉTHODOLOGIES NON CONVENTIONNELLES

chercheurs, concepteurs de matériels didac­ supposer être suivie dans les pratiques de
tiques et enseignants s'intéressant à des classe en fonction de la tradition et de la for­
publics et contextes variés, de sorte qu'elles mation méthodologiques dominantes parmi
se sont complexifiées et fragilisées en tant les enseignants et les apprenants, ainsi que
que systèmes en même temps qu'elles se de leur adaptation à leur environnement de
sont généralisées. travail).
Si l'on adopte cette définition (destinée à >• A pproche communicative , A udio -oral, A udio ­
faire un tri aussi nécessaire qu'empirique), on visuel , D irect , M éthode .
admettra que ne méritent historiquement
en France l'appellation de «méthodologie» MÉTHODOLOGIES NON CONVENTION­
que la méthodologie traditionnelle dite de NELLES ■ Regroupées sous les termes huma­
«grammaire-traduction» du xixe siècle, la mé­ nistic approaches en anglais ou Alternative
thodologie directe des années 1900-1910, Methoden en allemand, les méthodes dites
la méthodologie audio-orale américaine non conventionnelles correspondent à des
des années 1950-1960 et la méthodologie projets de formation faisant souvent appel à
audiovisuelle des années 1960-1970; que la une vision holiste de l'apprenant. S'opposant
«méthode Gouin» des années 1880 n'a à des approches considérées comme trop
jamais été une méthodologie, que la «sug- rationalistes de l'enseignement et de l'appren­
gestopédie», le «silent way» et autres tissage, ces méthodes préconisent fréquem­
constructions méthodologiques récentes ment de solliciter le potentiel créatif ou
dites «non conventionnelles» n'ont de toute imaginatif des apprenants. On évoque ainsi
évidence pas les moyens d'atteindre ce statut; l'hémisphère cérébral droit considéré comme
enfin qu'il existe deux cas de figure excep­ le siège des émotions et de la créativité, en
tionnels, celui de la «méthodologie active» l'opposant à l'hémisphère gauche, siège des
dans la didactique scolaire des années 1920- capacités analytiques. Il s'agit donc d'envi­
1960, parce qu'elle s'est voulue d'emblée sager l'apprenant comme un tout (du grec
à la fois cohérente et éclectique, et celui holon) et non simplement comme une
de I'«approche communicative» des années machine à apprendre raisonnante. Pour com­
1970-1980, parce qu'elle s'est voulue d'em­ pléter cette dimension holiste, certaines
blée à la fois cohérente et ouverte. méthodes introduisent délibérément une
Dans ce second sens, par opposition au mot sollicitation du corps par le mouvement
«méthode» qui correspond à une unité mini­ (apprentissage par la réaction physique totale,
male de cohérence concernant les manières approche relationnelle) ou la relaxation (sug-
de faire en didactique des langues, la « métho­ gestopédie). Ces méthodes, selon leurs
dologie» peut être définie comme l'unité concepteurs, veulent placer l'apprenant au
maximale correspondante. En tant que telle, centre du dispositif d'enseignement. Les
elle est forcément très dépendante des diffé­ méthodes non conventionnelles présentent
rents acteurs qui la mettent en œuvre dans l'intérêt, grâce aux choix effectués explicite­
leurs environnements concrets. De sorte que ment par leurs concepteurs, d'éclairer cer­
dans l'analyse méthodologique d'un matériel taines zones de la didactique des langues
didactique, il est sinon aisé du moins indis­ moins fréquemment explorées : la relation
pensable de distinguer au moins entre la graphie/son et l'importance du système pho­
méthodologie de référence (celle dont les nologique (méthode silencieuse), le recours
auteurs se réclament), la méthodologie de systématique à la langue maternelle (suggesto-
conception (celle qu'ils ont effectivement pédie), la prééminence de la compréhension
mise en œuvre) et la méthodologie d'utilisa­ orale (apprentissage par la réaction physique
tion (celle que l'on peut raisonnablement totale), le rôle du groupe (méthode commu­

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