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17-023-A-42

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-023-A-42

Motricité pupillaire
MB Rougier
I Riss

Résumé. – Du fait de sa situation anatomique et de ses connexions avec le système nerveux central et
périphérique, l’examen de la pupille concerne aussi bien le neurologue que l’ophtalmologiste. Le diagnostic
d’une anomalie pupillaire est avant tout clinique, mais il faut parfois compléter l’examen par un test aux
collyres, ou un examen neuroradiologique. Après une mise au point anatomophysiologique, la pathologie
pupillaire est abordée telle qu’elle se rencontre en pratique, c’est-à-dire sous la forme du diagnostic d’une
mydriase, puis d’un myosis. Nous verrons que la pathologie est dominée par la pupille d’Adie et le syndrome
de Claude Bernard-Horner (CBH).
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction Le sphincter de la pupille est fait de fibres musculaires circulaires


situées dans le stroma postérieur de l’iris, près du bord pupillaire.
La pupille peut être considérée à la fois comme le reflet de Le dilatateur de la pupille est une couche myoépithéliale qui s’étend
l’oculomotricicité et de la fonction rétinienne. Son but ultime est verticalement entre le sphincter et le bord ciliaire. Sa face postérieure
d’offrir à la rétine des conditions optimales de fonctionnement. Elle est recouverte de l’épithélium pigmentaire de l’iris.
se présente ainsi sous la forme d’un diaphragme dont le diamètre Les deux muscles s’unissent de façon syncytiale par des bandes
est variable dans les conditions physiologiques en fonction de arciformes qui font que chaque muscle agit directement sur l’autre,
différents paramètres tels que l’intensité lumineuse et la distance de l’un facilitant l’action de l’autre. Ainsi, le sphincter détend le
la cible visuelle. Dans les conditions normales, les deux pupilles sont dilatateur, alors que le dilatateur relâche le sphincter.
de taille égale, ce qui définit l’isocorie ; dans le cas contraire, on
parlera d’anisocorie. La taille normale de la pupille est comprise entre 7,5 et 8 mm en
pleine mydriase, et entre 1,5 et 2 mm en plein myosis. En dehors
Du fait de la complexité de son innervation et des nombreuses
des réflexes pupillaires et des agents pharmacologiques, il existe des
connexions avec le système nerveux central, la pathologie pupillaire
concerne un domaine aux confins de la neurologie et de variations physiologiques de la taille pupillaire. La pupille est peu
l’ophtalmologie. C’est la raison pour laquelle toute pathologie dilatée chez le nouveau-né, le dilatateur étant peu développé à cet
pupillaire devra bénéficier d’un examen oculaire afin d’éliminer une âge. La taille est maximale chez l’adolescent, puis diminue
cause locale. Le diagnostic reposera essentiellement sur l’examen progressivement avec l’âge. Elle est en général plus large chez la
clinique qui permettra en outre d’orienter les éventuels examens femme, le myope et les sujets à iris clair. Les deux pupilles sont
complémentaires et les tests aux collyres. physiologiquement égales (isocorie), une différence de taille entre
les deux pupilles définissant l’anisocorie. Cependant, 17 % de la
Après un rappel anatomophysiologique, nous détaillerons la
population présentent une anisocorie qui est prononcée dans 4 %
procédure d’examen d’une pupille. Puis nous aborderons la
seulement [20]. Dans ce cas, l’anisocorie se modifie dans le temps et
pathologie pupillaire telle qu’elle se présente en pratique clinique,
est très variable d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre. Elle
c’est-à-dire sous la forme de l’examen d’une mydriase ou d’un
myosis. serait due à l’inégalité de l’inhibition supranucléaire du centre
pupillaire (noyau d’Edinger-Westphall), décrite sous le terme
d’anisocorie centrale [14].
Anatomie [1]

INNERVATION DE L’IRIS

ANATOMIE DE LA MUSCULATURE IRIENNE


¶ Voies efférentes de la pupille
L’iris est un diaphragme disciforme, perforé par un orifice central,
la pupille. La fonction principale de l’iris est de réguler la quantité L’iris est innervé par les deux systèmes ortho- et parasympathique.
de lumière atteignant la rétine par l’ajustement du diamètre Contrairement aux données classiques, ces deux systèmes se
pupillaire. Cet ajustement est assuré par un double système distribuent aux deux muscles, mais avec une prédominance du
musculaire : un système circulaire, le sphincter de la pupille, et un système sympathique pour le dilatateur et du parasympathique
système radiaire, le dilatateur de la pupille. pour le sphincter.
– L’innervation parasympathique du sphincter, constricteur, est
constituée d’une chaîne à deux neurones (fig 1) . Les premiers
Marie-Bénédicte Rougier : Praticien hospitalier, docteur en sciences.
Isabelle Riss : Professeur d’Université, praticien hospitalier.
neurones partent du noyau d’Edinger-Westphall, situé dans le tronc
Service d’ophtalmologie, hôpital Pellegrin, place Amélie Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France. cérébral, à la partie antérieure du noyau du moteur oculaire

Toute référence à cet article doit porter la mention : Rougier MB et Riss I. Motricité pupillaire. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Neurologie, 17-023-A-42, 2000, 8 p.
17-023-A-42 Motricité pupillaire Neurologie

¶ Voie afférente du réflexe photomoteur


Le réflexe photomoteur (RPM) est une voie à quatre neurones : une
voie afférente à deux neurones et une voie efférente constituée par
la voie parasympathique à deux neurones sus décrite (fig 1).
La voie afférente démarre au niveau des photorécepteurs et chemine,
PT via le nerf optique et le chiasma, au niveau duquel une partie des
fibres croise la ligne médiane(2). Les fibres afférentes quittent la
CGL bandelette optique un peu en avant du corps genouillé externe et se
E-W
terminent au niveau du noyau prétectal. De ce noyau partent les
III 2e neurones qui se terminent à trois niveaux différents : sur le noyau
prétectal controlatéral, sur le noyau d’Edinger-Westphall
homolatéral, ou sur le noyau d’Edinger-Westphall controlatéral.
Ainsi, la voie afférente du RPM subit trois croisements partiels avant
d’atteindre le noyau d’Edinger-Westphall.
À l’heure actuelle, il n’est pas clairement établi si la voie afférente
du RPM est constituée par des collatérales du nerf optique ou par
des cellules ganglionnaires spécifiques.
CH

GC BO CONNEXIONS CORTICO-SOUS-CORTICALES
Il existe des connexions entre l’aire 19 (ou aire V3) du cortex strié et
les centres pupillomoteurs qui contrôlent le réflexe
d’accommodoconvergence (encore appelé syncinésie
NO accommodation-convergence). En effet, la stimulation électrique de
cette aire visuelle provoque un myosis, une convergence et une
accommodation. Alors que les stimuli lumineux atteignent le noyau
d’Edinger-Westphall via le noyau prétectal, les influx de
l’accommodation en provenance du cortex atteignent le nerf
oculomoteur sans passer par le système prétectal. L’absence
d’implication du noyau prétectal dans les phénomènes
accommodatifs rend compte des signes cliniques dans le syndrome
d’Argyll Robertson (AR).
Enfin, il a aussi été décrit des connexions descendantes du cortex
Lumière visuel primaire sur le noyau prétectal, connexions dont on ne
1 Représentation schématique du réflexe photomoteur. Une stimulation lumineuse connaît pas encore le rôle.
unilatérale gauche provoque un myosis bilatéral. La voie afférente est représentée
par les lignes en petits pointillés et la voie efférente parasympathique en pointillés gras.
BO : bandelette optique ; CGL : corps genouillé latéral ; CH : chiasma ; E-W : noyau
d’Edinger-Westphall ; GC : ganglion ciliaire ; NO : nerf optique ; PT : noyau prétec-
Physiologie : réflexes pupillaires
tal ; III : noyau du moteur oculaire commun.
OSCILLATIONS PUPILLAIRES
(1)
commun III . Ils empruntent le tronc du nerf oculomoteur et L’iris ajuste en permanence la taille de la pupille afin de maintenir
fontrelais au niveau du ganglion ciliaire. De là partent les fibres un niveau constant d’illumination de la rétine. Ce fonctionnement
postganglionnaires qui se terminent sur le sphincter via les nerfs irien n’est pas un simple réflexe, mais résulte d’un processus de
ciliaires courts. Cette voie constitue la voie efférente du réflexe régulation. Il existe une boucle de rétroaction qui règle la quantité
photomoteur. de lumière parvenant à la rétine. Il s’agit en fait d’un
– L’innervation sympathique du dilatateur de la pupille est, quant « servomécanisme » dans lequel la rétine constitue le « serveur », les
à elle, constituée d’une chaîne à trois neurones qui ne traverse jamais centres de la dilatation et de la constriction le « moteur », et l’iris
la ligne médiane. Le 1er neurone naît dans l’hypothalamus, au l’effecteur. Ainsi, une augmentation de l’intensité lumineuse
niveau du plancher du IIIe ventricule (centre de Karplus et Kreidl) ; provoque une diminution de la taille pupillaire. Ceci s’accompagne
c’est un neurone diencéphalomédullaire qui se termine au niveau d’un changement simultané de la sensibilité rétinienne et ce
du centre de Budge et Waller, centre ciliospinal situé au niveau de la changement, associé à la diminution de l’illumination rétinienne du
huitième racine cervicale et des deux premières racines dorsales. Le fait de la constriction pupillaire, conduit à un réajustement de
2e neurone, médulloganglionnaire, passe par les racines de C8 à D2 l’illumination rétinienne par une dilatation pupillaire, et ainsi de
et rejoint la chaîne du sympathique cervical pour faire relais au suite.
niveau du ganglion cervical supérieur. De là naît le 3e neurone ou
neurone périphérique qui chemine le long de la carotide interne, RÉFLEXE PHOTOMOTEUR
qu’il quitte sur la base du crâne pour aller sur le ganglion de Gasser,
puis dans le sinus caverneux (dans lequel il est contigu aux nerfs L’éclairement d’un œil entraîne la contraction pupillaire de cet œil
oculomoteurs) ; après avoir rejoint la branche ophtalmique du V, il (c’est le RPM direct) et de l’œil controlatéral (c’est le RPM
suit la branche nasociliaire, et se termine sur le dilatateur de l’iris, consensuel). La bilatéralité de ce réflexe résulte de la connexion de
via les nerfs ciliaires longs. chaque rétine avec les deux bandelettes optiques, et de chaque
bandelette optique avec les deux noyaux oculomoteurs (cf supra).
La réaction pupillaire varie avec la durée de la stimulation
lumineuse. Si la stimulation lumineuse est soutenue, la pupille
(1) Le complexe oculomoteur du mésencéphale comprend : le noyau d’Edinger-Westphall

rostral, responsable de la constriction pupillaire ; le noyau d’Edinger-Westphall caudal qui


(2) Rappelons qu’au niveau du chiasma, les fibres rétiniennes nasales croisent la ligne médiane
assure la contraction du muscle ciliaire, augmentant ainsi le pouvoir de réfraction du cristallin ;
la partie du noyau du III pour le droit médial qui réalise la convergence. pour se terminer sur le corps genouillé externe controlatéral.

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Neurologie Motricité pupillaire 17-023-A-42

subira d’abord de larges oscillations, puis se stabilisera déficit du neurotransmetteur. D’autres substances, comme les
progressivement ; c’est ce qu’on appelle le « réflexe pupillaire prostaglandines, ont également une action antiadrénergique.
tonique ». En revanche, si la stimulation lumineuse est transitoire, la
contraction pupillaire est rapidement suivie d’une redilatation ; c’est
ce qu’on appelle le « réflexe pupillaire phasique ». La latence de ce AGENTS CHOLINERGIQUES
réflexe est comprise entre 200 et 250 ms. Ce sont des parasympathomimétiques qui produisent un myosis. La
Enfin, la pupille se dilate à l’obscurité. Cette dilatation se déroule en pilocarpine et le carbachol agissent directement sur le récepteur. La
deux phases : une première phase, rapide, suivie d’une seconde, plus physostigmine (ésérine) et la prostigmine ont un effet cholinergique
lente. La chronométrie de ce processus dépend du niveau préalable indirect par inhibition de la cholinestérase, et donc augmentation
d’adaptation à la lumière [3]. du taux d’acétylcholine.

RÉFLEXE D’ACCOMMODOCONVERGENCE AGENTS ANTICHOLINERGIQUES


Lors de la vision de près, c’est-à-dire de l’accommodation des Ce sont des mydriatiques. Il s’agit de l’atropine, de l’homatropine,
cristallins et de la convergence des deux yeux, il apparaît un myosis de la scopolamine et du cyclopentolate. Ils bloquent l’effet de
des deux pupilles. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un réflexe, l’acétylcholine aux terminaisons nerveuses parasympathiques.
mais plutôt d’une syncinésie qui comporte l’association de ces trois
mouvements, tous effectués par le nerf moteur oculaire commun. Le
contrôle et la coordination de cette syncinésie sont réalisés par des Examen pupillaire
voies supranucléaires. Que ce soit de façon isolée ou en association,
l’accommodation, la convergence et le myosis peuvent être Poser un diagnostic d’anomalie pupillaire nécessite avant tout un
provoqués par la stimulation des aires occipitales 19 et 22. Ensuite, examen clinique rigoureux, précédé d’un interrogatoire,
les voies de la syncinésie sont représentées par des fibres aboutissant éventuellement complété d’un examen instrumental. L’interrogatoire
aux colliculi supérieurs, via les aires corticales associatives, et se devra préciser la notion d’instillation d’un collyre ou la prise d’un
terminent sur la portion caudale du noyau oculomoteur. médicament pouvant agir sur la dynamique pupillaire dans les
heures ou les jours précédents. Il devra également s’enquérir de la
manipulation de végétaux dont certains contiennent des substances
RÉFLEXES PSYCHOSENSORIELS
pharmacologiques actives sur la pupille (le plus célèbre étant
Certaines situations émotionnelles peuvent engendrer une dilatation l’atropine contenue dans la belladone). Enfin, un examen
pupillaire : l’anxiété, la peur, la surprise, la joie. De même, certaines ophtalmologique du segment antérieur permettra d’éliminer une
excitations sensorielles (bruits forts, douleur) peuvent provoquer anisocorie liée à une pathologie de l’iris (synéchie
une mydriase. iridocristallinienne, glaucome aigu, tumeur, etc) (fig 2).
Enfin, l’occlusion palpébrale entraîne également des modifications
pupillaires plus complexes [21].
EXAMEN STATIQUE DES PUPILLES
Face à une anisocorie, la première étape consiste à déterminer quelle
Action des médicaments sur la pupille est la pupille pathologique. Pour cela, il faut examiner les deux
pupilles successivement en lumière forte et dans la pénombre :
L’action des agents pharmacologiques sur la pupille se fait en – si l’anisocorie se majore en lumière forte, c’est la pupille la plus
agissant, soit sur l’innervation sympathique du dilatateur, soit sur dilatée qui est pathologique puisqu’elle se contracte mal ;
l’innervation parasympathique du sphincter de la pupille. Dans ces
deux systèmes, le neurotransmetteur entre les neurones pré- et – si l’anisocorie se majore dans la pénombre, c’est la pupille la plus
postganglionnaires est représenté par l’acétylcholine. Au niveau de petite qui est pathologique, puisqu’elle se relâche mal.
la jonction postganglionnaire, le neurotransmetteur varie : Parfois, les deux pupilles restent identiques, mais varient peu ou
noradrénaline pour le système sympathique et acétylcholine pour le pas de taille en fonction de l’ambiance lumineuse ; il faudra alors
système parasympathique. Aussi, les termes de substances (ou évoquer un myosis ou une mydriase bilatérale.
agents) adrénergiques et cholinergiques sont couramment employés
pour désigner les agents pharmacologiques impliqués dans la
motricité pupillaire, les uns provoquant une mydriase et les autres EXAMEN DYNAMIQUE DES PUPILLES
un myosis. Il consiste à rechercher une anomalie de la réponse pupillaire à la
lumière sous la forme d’un déficit de la contraction, voire d’une
redilatation. Il est indiqué lorsque l’on soupçonne une atteinte des
AGENTS ADRÉNERGIQUES voies afférentes, et donc du nerf optique. C’est le relative afferent
Les adrénergiques locaux les plus utilisés sont : l’épinéphrine (ou pupillary defect (RAPD), des Anglo-Saxons. Plusieurs méthodes
adrénaline), la phényléphrine (ou néosynéphrine), la tyramine, peuvent être utilisées, qui n’ont pas la même sensibilité [5].
l’éphédrine, l’hydroxyamphétamine et la cocaïne. Les deux premiers
– Test de Marcus Gunn : il consiste à éclairer un œil à l’aide d’un
agissent directement sur les récepteurs adrénergiques pupillaires ;
stylo-lampe pendant 10 secondes et à relever le comportement de la
les quatre autres agissent indirectement. La tyramine, l’éphédrine et
pupille au bout de 2 secondes (pas de redilatation, redilatation
l’hydroxyamphétamine libèrent la noradrénaline des terminaisons
modérée ou redilatation complète). D’autres auteurs [12] recherchent
sympathiques, alors que la cocaïne majore l’action de l’adrénaline
le phénomène de Marcus Gunn en occultant successivement les
endogène en évitant l’inactivation de cette substance au niveau des
deux yeux dans une pièce éclairée ; lorsque l’œil sain est occlus, les
terminaisons nerveuses.
deux pupilles se dilatent, alors que les deux pupilles se contractent
lorsque l’œil pathologique est masqué.
AGENTS ANTIADRÉNERGIQUES – Mesure de la durée du cycle pupillaire : en plaçant la fente
Ce sont des myotiques. Ils agissent pour la plupart sur la lumineuse de la lampe à fente(3) sur le rebord pupillaire, on induit
terminaison sympathique. La guanéthidine, par exemple (utilisée
dans le traitement du glaucome et la prévention de la rétraction
palpébrale lors des thyrotoxicoses), altère le stockage de (3) La lampe à fente est le microscope utilisé par les ophtalmologistes pour l’examen oculaire.

l’épinéphrine dans les terminaisons sympathiques, créant ainsi un Elle permet entre autres l’éclairement de l’œil par une lumière en forme de fente.

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Anisocorie Mydriase

Myosis RPM Nx et Ex OPH


symétriques

Ex OPH
Anisocorie
physiologique Baisse AV ?

Doute sur
CBH
Lésions iris ? oui non

oui non

Test à la
Contraction cocaïne Bilan NO Contraction
tonique ? tonique ?

oui non III intrinsèque ?


oui non

oui non
Argyll Adie Pilocarpine
Robertson vieilli Dilatation Majoration 0,125 %
symétrique anisocorie Douleur ? Pourfour
du Petit ?
Adie Collyre ?
Pas de CBH CBH
oui non

Urgence Bilan vasculaire,


tumoral
2 Conduite à tenir face à une anisocorie. AV : acuité visuelle ; CBH : Claude Bernard-Horner ; Ex OPH : examen ophtalmologique ; NO : neuropathie optique ; Nx : normaux ;
RPM : réflexe photomoteur ; III : noyau du moteur oculaire commun.

des oscillations pupillaires. Si on mesure la durée du cycle les réponses pupillaires en utilisant des méthodes de pupillométries.
pupillaire, c’est-à-dire celle de 100 oscillations, on constate que cette Plusieurs méthodes ont ainsi été mises au point, mais la plus
durée est plus grande en cas de lésion du nerf optique. performante actuellement est représentée par la pupillométrie
– Test d’éclairement alterné (swinging flashlight test) : il a été télévisée infrarouge [10]. Son principe repose sur l’enregistrement du
initialement décrit par Levatin [13] puis repris par Thompson [28] ; c’est jeu pupillaire par une caméra, alors que l’œil est éclairé par une
l’examen standard. Le patient est placé dans une pièce semi-éclairée lumière infrarouge qui n’a que peu d’effet sur la pupille. On soumet
et doit fixer un point à l’infini (c’est-à-dire au-delà de 5 mètres) afin alors la pupille à différentes stimulations calibrées (lumière forte,
de neutraliser le myosis de l’accommodation-convergence. Il faut passage de l’obscurité à la lumière et inversement, mesure du RPM,
alors éclairer chaque œil (à l’aide d’un stylo-lampe), alternativement etc). Cette méthode est à la fois statique et dynamique. Elle permet
et à plusieurs reprises, pendant une durée égale allant de 3 à ainsi de réaliser un véritable pupillogramme, avec mesure des temps
5 secondes, et en projetant la lumière exactement au centre de la de latence pupillaire.
pupille. La symétrie de l’examen des deux pupilles est indispensable
pour une interprétation correcte. Le test est normal lorsque les deux
pupilles se contractent à l’éclairement d’un seul œil et se redilatent Anomalies de la motricité pupillaire
lors du passage à l’éclairement de l’œil controlatéral. Lorsqu’il y a
Nous envisagerons les anomalies de la motricité pupillaire telles
une atteinte du nerf optique, la pupille pathologique se contracte
qu’elles se rencontrent en pratique, c’est-à-dire selon que la (les)
moins et se redilate plus que l’œil controlatéral (fig 3).
pupille(s) pathologique(s) est (sont) en mydriase ou en myosis. Il
Ce test peut être couplé à l’interposition de filtres de densité calibrée
conviendra avant tout d’éliminer par un examen à la lampe à fente
devant le meilleur œil jusqu’à ce que les deux pupilles se contractent
toute pathologie irienne responsable de l’anomalie pupillaire
de même façon [4, 27]. Grâce à ces filtres, il est possible de quantifier
(rupture du sphincter de l’iris post-traumatique, tumeur irienne,
l’importance de l’anisocorie en fonction de la densité du filtre
uvéite antérieure, glaucome par fermeture de l’angle, etc).
nécessaire à l’abolition du test.

EXAMEN INSTRUMENTAL DES PUPILLES PUPILLE EN MYDRIASE


Même avec l’interposition des filtres, l’étude du RAPD telle qu’elle Lorsque la pupille est en mydriase, la lésion causale peut se situer
vient d’être décrite demeure imprécise et difficilement quantifiable. soit au niveau de la voie afférente, soit au niveau de la voie efférente
Aussi, afin de standardiser les réponses, il est possible d’enregistrer parasympathique.

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Neurologie Motricité pupillaire 17-023-A-42

œil droit œil gauche 3 Mise en évidence d’un af- Tableau I. – Caractéristiques de la pupille d’Adie.
ferent pupillary defect (APD)
gauche : en ambiance peu éclai- Mydriase relative au cours d’une illumination vive
rée, les deux pupilles sont dila- Réflexe photomoteur léger ou absent
A tées de façon symétrique (A) ;
à l’éclairement de la pupille Contraction lente lors de la vision de près prolongée
droite, le réflexe photomoteur
Redilatation lente après relâchement de la vision de près
est normal (B ; D), alors que les
deux pupilles se resserrent mal Paralysie sectorielle du sphincter de l’iris
à l’éclairement de la pupille
Mouvements vermiformes du sphincter de l’iris
gauche (C).
Déficit de l’accommodation
B
Myosis après instillation de pilocarpine à 0,125 %

Diminution des réflexes achilléens

myosis de l’accommodoconvergence est également altéré, associé à


une paralysie partielle ou complète de l’accommodation. La lésion
causale peut se situer au niveau du neurone pré- ou
postganglionnaire.
C
– Atteinte du neurone préganglionnaire : elle peut se situer à son
origine au niveau du tronc cérébral (noyau du III) ou dans son trajet
(tronc du III). L’atteinte du neurone préganglionnaire est rarement
isolée, la musculature extrinsèque du III étant souvent concernée.
Ainsi, l’enquête étiologique entre dans le cadre du diagnostic
étiologique d’une atteinte du III. Quand celle-ci est douloureuse, il
s’agit d’une urgence neuro-ophtalmologique et l’imagerie cérébrale
devra éliminer en premier lieu un anévrisme de la communicante
D
postérieure ou une hernie transtentorielle(4). D’autres causes peuvent
être évoquées : méningites, ischémie dans le cadre d’une
hypertension artérielle ou d’un diabète, lésion du sinus caverneux.
Le diagnostic de migraine ophtalmoplégique doit demeurer un
diagnostic d’élimination.
Enfin, les mydriases au décours d’un traumatisme crânien peuvent
correspondre à un traumatisme du III (en général immédiat et
unilatéral), à un engagement cérébral secondaire à un hématome
épi- ou sous-dural (secondaire et unilatéral) ou enfin à un coma
¶ Lésions de la voie afférente profond (bilatéral et fixe).

Elles se traduisent à des degrés divers par un RAPD et une baisse – Atteinte du neurone postganglionnaire : c’est le tableau typique de
d’acuité visuelle d’importance variable, constante ou régressive la pupille tonique ou pupille d’Adie (tableau I). Les femmes sont
selon l’étiologie. Toute pathologie du nerf optique peut entraîner une plus souvent touchées que les hommes, et la mydriase est unilatérale
mydriase : neuropathie optique inflammatoire, vasculaire ou dans deux tiers des cas. Le RPM direct est absent ou altéré après
compressive. Classiquement, les deux pupilles sont égales au repos une illumination prolongée. Lors de l’accommodoconvergence, le
et la mydriase n’apparaît qu’aux tests décrits plus haut. Il n’y a pas myosis est retardé, exagéré et surtout persiste quelques secondes
de modification du myosis à l’accommodoconvergence. après le relâchement de la convergence (d’où le nom de pupille
L’importance du RAPD n’est pas corrélée à l’atteinte de l’acuité tonique). Cette dissociation de réaction à la lumière et à
visuelle, mais à celle du champ visuel [29]. Ainsi, un petit scotome l’accommodation s’appuie sur différentes théories, dont une
central en relation avec une névrite optique modérée se manifestera évoquant une mauvaise régénération des fibres postganglionnaires
par une baisse importante de l’acuité visuelle et un RAPD peu après lésion du ganglion [16, 17]. Des mouvements vermiculaires du
marqué, alors qu’un vaste scotome épargnant le point de fixation se sphincter de l’iris peuvent être observés. Enfin, lors de l’instillation
traduira par une atteinte modérée de l’acuité visuelle et un RAPD de deux gouttes, à 5 minutes d’intervalle, de pilocarpine diluée à
important. 0,125 % dans l’œil en mydriase, on obtient un myosis serré et donc
une inversion de l’anisocorie. Cette hypersensibilité de dénervation
Notons par ailleurs que : existe dans 85 % des pupilles d’Adie, mais n’est pas
– des lésions autres que celles du nerf optique peuvent entraîner un pathognomonique [8].
RAPD : occlusion de l’artère centrale de la rétine, dégénérescence On admet que la pupille d’Adie est liée à une inflammation du
maculaire liée à l’âge, décollement de la rétine, etc ; ganglion ciliaire isolée ou à une inflammation généralisée (herpès,
– des lésions oculaires entraînant une baisse importante de l’acuité sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde, sinusite, etc). Elle peut
visuelle (cataracte blanche, hémorragie intravitréenne) ne également survenir en association avec une neuropathie
provoquent pas de RAPD. périphérique ou dysautonomique (Guillain-Barré, alcoolisme,
diabète), à un syndrome dysautonomique aigu, à une amylose.
Ceci s’explique par le fait que, dans le premier cas, la transmission Enfin, en association avec une diminution des réflexes achilléens,
de l’influx nerveux est altérée (atteinte des cellules ganglionnaires elle peut constituer le syndrome d’Adie. Celui-ci survient le plus
rétiniennes), alors que dans le second cas la voie optique est intègre. souvent de façon isolée chez des adultes en bonne santé (20 à
Les lésions du chiasma et des bandelettes optiques peuvent parfois 50 ans) ; l’atteinte est unilatérale, mais peut avec le temps se
provoquer une hémiakinésie pupillaire du côté opposé à la lésion [2]. bilatéraliser au taux de 4 % par an [26]. En vieillissant, la pupille garde
¶ Lésions de la voie efférente parasympathique
Elles se traduisent par une anisocorie, la pupille pathologique étant (4) Dans ce cas, les troubles pupillaires ne peuvent concerner au début que la pupille

en mydriase. On note une atteinte du RPM direct et consensuel. Le controlatérale, l’atteinte ipsilatérale ne survenant que lorsque la hernie s’élargit.

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17-023-A-42 Motricité pupillaire Neurologie

Enfin, il a été décrit d’autres causes au syndrome d’AR : diabète,


Tableau II. – Caractéristiques du syndrome d’Argyll Robertson. alcoolisme, encéphalites, sclérose en plaques, sarcoïdoses, etc [22].
Acuité visuelle conservée

Diminution du réflexe photomoteur


¶ Syndrome de Claude Bernard-Horner (CBH)
Réflexe à l’accommodoconvergence normal Si le diagnostic clinique du syndrome de CBH est relativement aisé,
le diagnostic étiologique l’est beaucoup moins en raison de la
Myosis
longueur de la chaîne sympathique.
Pupilles irrégulières
Le diagnostic repose sur la triade classique myosis-ptosis-
Atteinte bilatérale, symétrique ou non énophtalmie. Du côté de l’atteinte, on retrouve une anisocorie
Mauvaise dilatation
discrète à la lumière qui devient évidente à l’obscurité, la pupille en
myosis se dilate moins bien et plus lentement que celle de l’œil
Atrophie irienne variable controlatéral. Le RPM et le réflexe d’accommodoconvergence sont
conservés. Le ptosis est souvent discret, lié à l’atteinte du muscle de
Müller. Quant à la paupière inférieure, elle s’élève, créant en
Tableau III. – Étiologie des syndromes de dissociations des réflexes. association avec le ptosis un rétrécissement de la fente palpébrale
Pupille d’Adie
avec une apparente énophtalmie. En cas d’atteinte préganglionnaire
au niveau de la chaîne sympathique cervicale, il peut exister une
Syndrome d’Argyll Robertson anhidrose et une vasodilatation de l’hémiface, éventuellement
« Pupille mésencéphalique » associées à une hyperhémie conjonctivale et à une obstruction
nasale(5).
Amblyopie organique sévère
Le diagnostic est avant tout clinique et le contexte général (chirurgie
Régénération paradoxale après paralysies oculomotrices
cervicale et thoracique, pathologie de l’apex pulmonaire) oriente
souvent le diagnostic. Notons que dans le cas d’atteinte du
son caractère aréactif, mais l’accommodation s’améliore. En cas de 1er neurone, la triade est souvent incomplète. Cependant, il est
bilatéralité, le diagnostic différentiel avec le syndrome d’AR peut se parfois nécessaire d’avoir recours aux tests aux collyres, notamment
poser. si l’on veut distinguer une atteinte préganglionnaire (1er et 2e
neurones) d’une atteinte postganglionnaire (3e neurone). Ces tests
PUPILLE EN MYOSIS
ne sont pas indiqués dans le cas d’un CBH douloureux qui est,
jusqu’à preuve du contraire, une dissection carotidienne. Les tests
Lorsque la pupille est en myosis, la lésion causale peut se situer au aux collyres découlent des propriétés des différents agents
niveau des connexions tecto-oculomotrices (myosis bilatéral) ou au adrénergiques évoquées ci-dessus.
niveau de la voie sympathique (myosis unilatéral). Dans le premier
cas, il s’agit le plus souvent d’un syndrome d’AR ; dans le second La cocaïne (de 2 % à 10 %) dilate la pupille normale et reste sans
cas, il s’agit d’un syndrome de CBH. action sur la pupille pathologique, quel que soit le niveau d’atteinte.
Elle majore ainsi l’anisocorie.
¶ Syndrome d’Argyll Robertson Ensuite, pour distinguer une atteinte pré- d’une atteinte
postganglionnaire, le test de référence repose sur l’instillation
La première description de ce syndrome remonte à 1869 chez un
d’hydroxyamphétamine à 1 % (Paredrinet utilisée aux États-Unis)
patient présentant une syphilis tertiaire ; il associait des pupilles en
qui dilate la pupille normale et la pupille sympathique en cas
myosis, une absence de réponse à la lumière, une conservation du
d’atteinte préganglionnaire. Ce test n’est pas pratiqué en France.
myosis à l’accommodation-convergence avec une acuité visuelle
Aussi utilise-t-on l’adrénaline diluée au 1/1 000 e ou la
conservée. Depuis cette date, le « signe d’Argyll Robertson » est
néosynéphrine à 1 % qui n’ont aucun effet en cas d’atteinte
pathognomonique de neurosyphilis. Cependant, même si
préganglionnaire, mais dilatent la pupille sympathique en cas
initialement il avait été décrit une absence totale de réaction à la
d’atteinte du 3e neurone, par hypersensibilité de dénervation. Ce
lumière, il a été admis secondairement que la dissociation des
test ne peut se réaliser que 48 heures après le test à la cocaïne.
réflexes était plutôt le fait d’une contraction à la vision de près plus
marquée qu’à la lumière [15]. Cela revient à dire qu’il ne faut pas Le diagnostic étiologique du CBH individualise les CBH
attendre d’avoir une disparition complète du RPM pour porter le congénitaux des CBH acquis. Le CBH congénital est rare ; il associe
diagnostic de pupille d’AR ; il suffit de constater dans l’obscurité la à la triade classique une hypochromie irienne homolatérale et une
présence de pupilles de petite taille, associées à une dissociation des anhidrose faciale. Il faudra rechercher essentiellement un
réflexes à la lumière et à l’accomodoconvergence, avec une acuité traumatisme obstétrical au niveau du plexus brachial.
visuelle conservée (tableau II). Une sérologie syphilitique s’impose L’étiologie des CBH acquis diffère évidemment en fonction du
alors. L’évolution se fait sur des mois et peut aboutir à des pupilles niveau lésionnel.
fixes avec conservation du réflexe à l’accommodation. Néanmoins, Les atteintes du 1er neurone (ou CBH central) sont les plus rares,
l’évolution peut aussi se faire vers des pupilles fixes et dilatées, ce leur fréquence variant considérablement en fonction du mode de
qui justifie de rechercher une syphilis face à un tableau de pupille recrutement. Ainsi, la fréquence est évaluée à 13 % dans une série
d’Adie bilatéral (tableau III). ophtalmologique [18], et à 63 % dans une série neurologique [11]. Les
Enfin, la pupille se dilate bien à l’atropine et à la cocaïne, et réagit causes les plus fréquentes sont représentées par la pathologie
aux myotiques. vasculaire : infarctus du tronc cérébral et en particulier l’occlusion
La syphilis n’est pas la seule étiologie à rechercher en cas de signe de l’artère cérébelleuse postérieure et inférieure (syndrome de
d’AR. En effet, la lésion se situe probablement dans la région de Wallenberg), infarctus et hémorragie cérébrales. D’autres affections
l’aqueduc de Sylvius, interrompant les connexions tecto- peuvent s’accompagner d’un CBH, parmi lesquelles les tumeurs
oculomotrices qui abordent la partie dorsale du noyau d’Edinger- cérébrale et médullaire, la syringomyélie, la sclérose en plaques, les
Westphall en épargnant les fibres les plus ventrales responsables de traumatismes, etc.
la vision rapprochée ; le myosis serait lié à l’interruption des voies
inhibitrices supranucléaires [22]. Aussi, des lésions de la partie dorsale
du mésencéphale sont susceptibles de provoquer un signe d’AR :
lésions tumorales (pinéalome, tumeur de la calotte pédonculaire, (5) Certains syndromes de Claude Bernard-Horner (CBH) peuvent débuter par un syndrome de

Pourfour du Petit. Ce syndrome correspond à une irritation du sympathique et est caractérisé


métastase) et hydrocéphalie. Dans ces cas, les anomalies pupillaires par une mydriase unilatérale qui peut être associée à une exophtalmie modérée et à un
peuvent être associées à un syndrome de Parinaud. élargissement de la fente palpébrale.

6
Neurologie Motricité pupillaire 17-023-A-42

CBH

Enfant Adulte

ATCD Hypochromie
traumatisme
obstétrical ?
oui non Néosynéphrine 1 %

oui non
ATCD
Dilatation
obstétrical ?
pupille
Recherche sympathique ?
tumeur non
cervicale, oui
médiastinale,
etc
CBH ancien oui non

Imagerie
cervicale et
Douleur+++ ?
médiastinale

oui non

Doppler Vx cou Rx sinus caverneux,


IRM orbite
Examen neurologique
4 Conduite à tenir devant un syndrome de Claude Bernard-Horner (CBH). ATCD : antécédent ; IRM : image par résonance magnétique ; Rx : radiographies ; Vx : vaisseaux.

Les atteintes préganglionnaires du 2e neurone sont l’apanage des peut rattacher ce syndrome à une migraine de type algie vasculaire
lésions cervicales basses et thoraciques hautes, dans un contexte de la face qu’après avoir éliminé une tumeur ou un anévrisme dans
traumatique ou tumoral. Ici encore, la fréquence varie selon les la région du ganglion de Gasser ;
auteurs puisqu’elle est évaluée à 21 % par Keane [11] et à 44 % par – une pathologie du sinus caverneux de type tumoral ou
Maloney [18]. Plus la lésion est située bas dans le trajet du 2e neurone inflammatoire (Tolosa-Hunt), généralement associée à une paralysie
(au niveau du cou), plus le CBH sera complet, associant à la triade oculomotrice ; notons qu’en cas d’atteinte du III, le CBH peut être
classique l’anhidrose faciale et la vasodilatation faciale. Les causes masqué ;
les plus fréquentes sont :
– une atteinte orbitaire de type tumoral, inflammatoire ou
– les traumatismes cervicaux et de l’épaule (fracture de la clavicule, traumatique.
luxation de l’épaule), les traumatismes chirurgicaux (de la carotide Enfin, les CBH de l’enfant nécessitent une exploration approfondie
interne ou de la veine jugulaire, sympathectomie) ; car ils signent souvent une tumeur maligne [19] : tumeur médullaire,
– les tumeurs de la région cervicale (adénite, tumeurs de carcinome embryonnaire, neuroblastome, rhabdomyosarcome.
l’œsophage) ; D’autres pathologies sont mises en cause : paralysie post-
– les lésions de l’apex pulmonaire (syndrome de Pancoast-Tobias) ; traumatique du plexus brachial, anévrisme intrathoracique,
thrombose de la carotide interne [24] (fig 4).
– les lésions ou traumatismes médiastinaux.
Malgré les nombreuses causes possibles, il arrive parfois qu’aucune MOTRICITÉ PUPILLAIRE ET MALADIES GÉNÉRALES
étiologie ne soit retrouvée et que le suivi au long cours du patient
ne révèle rien de particulier. Dans ce cas, il est probable que le CBH ¶ Diabète
est dû à un traumatisme oublié ou passé inaperçu. Ainsi, si Les sujets diabétiques peuvent avoir des pupilles plus petites et un
l’apparition d’une atteinte sympathique préganglionnaire suffit à RPM moins ample. La cause de la mauvaise dilatation pupillaire
faire craindre une pathologie maligne, ce n’est heureusement pas peut être une atrophie du dilatateur de l’iris ou une neuropathie,
toujours la règle. comme on les rencontre chez ces patients. En cas de paralysie
Les atteintes postganglionnaires peuvent être extracrâniennes oculomotrice, la présence d’une anisocorie est plus fréquente [9].
(région cervicale) ou intracrâniennes (base du crâne, sinus Enfin, en cas de déséquilibre important de la glycémie, une mydriase
caverneux, orbite). Leur fréquence est évaluée à 16 % par Keane [11] modérée peut accompagner une parésie de l’accommodation ; ces
et à 43 % par Maloney [18]. Quelle que soit leur étiologie, elles sont troubles réfractifs disparaissent avec l’équilibration du diabète.
presque toujours douloureuses. Mais un CBH douloureux doit être
considéré comme une dissection de la carotide, jusqu’à preuve du ¶ Pathologies neuropsychiatriques
contraire, et les examens complémentaires (doppler des vaisseaux La maladie de Parkinson s’accompagne souvent d’une lenteur de
du cou, imagerie par résonance magnétique [IRM] ou angio-IRM) contraction et de dilatation de la pupille.
doivent être faits en urgence. Un CBH douloureux peut être Pour certains auteurs [25], la sensibilité particulière de la pupille à un
révélateur d’autres pathologies : anticholinestérasique (tropicamide) constituait un signe révélateur,
– un syndrome de Reader : importante névralgie dans le territoire voire prédictif, de la maladie d’Alzheimer. Il semble que cette notion
du V1 et V2, larmoiement, chémosis conjonctival, rhinorrhée ; on ne soit controversée [6, 7].

7
17-023-A-42 Motricité pupillaire Neurologie

¶ Pathologies infectieuses
Tableau IV. – Agents systémiques pouvant provoquer une mydriase
Le botulisme est caractérisé par un blocage de la libération de et/ou une parésie accommodative.
l’acétylcholine par les terminaisons nerveuses parasympathiques.
Atropiniques Scopoderm* TTSt
Ainsi, la maladie peut être révélée par les troubles pupillaires :
mydriase bilatérale avec paralysie accommodative. Anticholinergiques antihistaminiques (Ataraxt, Polaraminet)

La diphtérie provoque essentiellement une paralysie de diphénhydramine (Nautaminet)


l’accommodation ; les RPM sont normaux. antidépresseurs tricycliques (Anafranilt, Laroxylt, etc)

antiparkinsoniens (Artanet, Lepticurt)


[23]
MOTRICITÉ PUPILLAIRE ET COMA
Sympathomimétiques Fenfluramine (Pondéralt)
Au cours du coma, les pupilles sont modifiées. L’examen pupillaire
Antipaludéens de syn- chloroquine (Nivaquinet)
peut avoir une valeur localisatrice, voire constituer un élément thèse
pronostique. Aussi vaut-il mieux éviter de dilater les pupilles d’un
patient dans le coma pour réaliser un fond d’œil.
Tableau V. – Agents systémiques pouvant provoquer un myosis.
– Lésions hypothalamiques : elles peuvent provoquer un CBH
homolatéral, et l’anhidrose concerne tout l’hémicorps. Antiadrénergiques réserpine (Tensionormet)

– Lésions mésencéphaliques : lorsqu’elles concernent le pretectum, guanétidine (Ismélinet)


elle suppriment les RPM, alors que le réflexe d’accommodo- méthyldopa (Aldomett)
convergence persiste ; les pupilles sont en semi-mydriase. En cas de Anticholinestérasiques néostigmine (Prostigminet)
hernie transtentorielle, les pupilles restent fixes. nyridostigmine (Mestinont)
ambénonium (Mytelaset)
– Lésions pontiques : elles se manifestent par des pupilles en myosis
très serré (en « tête d’épingle ») ; cependant, et après un examen Narcotiques opiacés (morphine, héroïne, marijuana)
minutieux, on peut constater la persistance d’un RPM. Organophosphorés insecticides, gaz sarin
– Lésions compressives supratentorielles : elles provoquent des
lésions diencéphaliques bilatérales. Les pupilles sont en myosis, Conclusion
mais un RPM vif et modéré persiste. En cas de hernie de l’uncus, il Les anomalies de la motricité pupillaire doivent être prises en charge
existe souvent une compression du III se traduisant initialement par conjointement par le neurologue et l’ophtalmologiste. Après un
une mydriase unilatérale, progressivement aréactive, précédant une interrogatoire minutieux qui aura entre autres éliminé toute instillation
détérioration rapide de l’état de conscience. de collyre ayant un effet sur la motricité pupillaire, le diagnostic repose
essentiellement sur l’examen clinique statique et dynamique des
[30]
pupilles, en ambiance éclairée et dans la semi-obscurité. Il faudra
MOTRICITÉ PUPILLAIRE ET MÉDICAMENTS éventuellement compléter cet examen par les tests aux collyres, hormis
Seuls les médicaments systémiques ayant un effet secondaire sur la le syndrome de CBH douloureux qui constitue une véritable urgence
motricité pupillaire seront envisagés (tableaux IV, V). neurologique.

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