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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 14-068-A-10

14-068-A-10

Maladie de Dupuytren
JY Alnot R é s u m é. – La maladie de Dupuytren, fibrose rétractile de l’aponévrose palmaire, est une
R Tubiana entité anatomopathologique dont l’étiologie est toujours inconnue.
Elle survient, en règle, chez l’homme de 40 à 50 ans et si des hypothèses
physiopathologiques et étiopathogéniques permettent de mieux cerner le problème, elles
permettent aussi d’inclure cette maladie dans un cadre plus large avec la notion de diathèse
où le terrain joue un rôle important.
Sur le plan clinique, il faut différencier les formes avec atteinte prédominante de la
métacarpophalangienne, les formes avec atteinte prédominante au niveau de
l’interphalangienne proximale et les formes mixtes car leur pronostic est complètement
différent.
Le traitement est chirurgical et plusieurs volets, en fonction de la déformation et de l’état
cutané, permettent d’avoir des indications éclectiques.

Introduction moyenne occupe la partie moyenne de la paume et comporte des formations


frontales et sagittales. Dans le plan frontal, les quatre bandelettes
Survenant le plus souvent chez un homme de 40 à 50 ans et se rencontrant prétendineuses vont diverger vers chacun des rayons digitaux. Elles sont
chez 4 à 10 % d’une population générale, la maladie de Dupuytren, fibrose réunies à la hauteur du pli palmaire distal par trois lames de fibres
rétractile de l’aponévrose palmaire superficielle, est encore actuellement transversales au niveau des deuxième, troisième et quatrième espaces
d’étiologie inconnue mais de multiples hypothèses sont émises. constituant le ligament transverse superficiel qui est situé à la face profonde
L’existence d’affections présumées de même origine, mais avec des des bandelettes prétendineuses. Le bord proximal du ligament transverse
manifestations et des localisations différentes, amène à la notion de terrain, superficiel est toujours bien individualisé avec, dans les intervalles des
sans doute génétique, avec une diathèse de Dupuytren. bandelettes prétendineuses, une zone bien visible à l’examen clinique
L’anatomie, les différentes hypothèses physiopathologiques et contenant de la graisse lobulée et en profondeur la bifurcation artérioveineuse
étiopathogéniques permettent de mieux aborder les possibilités et les nerfs collatéraux. Dans la première commissure, les fibres du ligament
thérapeutiques. transverse superficiel se poursuivent en formant le ligament commissural
proximal.
Une deuxième formation, plus distale, le ligament palmant interdigital ou
Anatomie ligament natatoire, croise superficiellement la base des phalanges proximales
et forme le squelette fibreux des commissures interdigitales. Son bord
Bien que le point de départ du processus extra- ou intra-aponévrotique soit proximal est rectiligne, allant du bord radial de l’index au bord cubital de
source de controverses, les structures aponévrotiques de la face palmaire de l’auriculaire et son bord distal se prolonge dans le fascia digital. Au niveau de
la main et des doigts constituent la trame selon laquelle se développe l’auriculaire, il se dédouble pour englober le paquet vasculonerveux cubital
l’affection. ainsi que le tendon du court abducteur auquel il adhère. Dans sa partie radiale,
il se poursuit par le ligament commissural distal dans la première commissure.
Aponévrose palmaire superficielle Le ligament palmant interdigital a, outre ses fibres transversales, des fibres
longitudinales bien décrites par Gosset [24], puis par Thomine [59], et qui sont
Elle comporte trois parties (fig 1) : profondes par rapport aux pédicules vasculonerveux. Il existe donc au niveau
– l’aponévrose palmaire interne qui tapisse les muscles hypothénariens et il des commissures un véritable chiasma fibreux commissural adhérent à la peau
faut insister sur la bandelette cubitale interne prolongeant le tendon du muscle au niveau des crêtes commissurales. En revanche, la peau à la partie latérale
court abducteur vers le cinquième rayon ; des commissures est libre d’adhérences et cette zone facilement décolable
– l’aponévrose palmaire externe qui recouvre les muscles thénariens ; il faut constitue un point important dans la dissection des lésions digitales.
y adjoindre les éléments fibreux de la première commissure dont la rétraction Dans le plan sagittal, il existe des formations qui vont de la face profonde de
limite l’ouverture de celle-ci ; l’aponévrose palmaire superficielle vers l’aponévrose profonde. Ces cloisons
– l’aponévrose palmaire moyenne triangulaire à sommet supérieur. débutent à la hauteur du bord proximal du ligament transverse superficiel et
forment une série de huit cloisons verticales décrites par Legjueu et
Troisième partie de l’aponévrose superficielle, son anatomie est bien connue Juvara [40, 63] déterminant des loges contenant, soit les tendons fléchisseurs,
et nous rappellerons certains points essentiels. L’aponévrose palmaire soit les muscles lombricaux et les pédicules vasculonerveux.
Enfin, l’aponévrose palmaire moyenne superficielle est reliée à la peau
Jean-Yves Alnot : Professeur des Universités, chef de service, service de chirurgie
palmaire, épaisse, par des tractus fibreux verticaux.
orthopédique, département de chirurgie de la main et du membre supérieur, centre urgences, Le fascia digital (fig 2), enfin, se dédouble au niveau des faces antérolatérales
hôpital Bichat, 46 rue Henri-Huchard, 75877 Paris cedex 18, France. des doigts pour englober les pédicules vasculonerveux palmaires. La fine
Raoul Tubiana : Professeur associé des Universités, clinique Jouvenet, 6, square Jouvenet, enveloppe sous-cutanée est séparée de la peau palmaire par un tissu
75016 Paris, France.
© Elsevier, Paris

celluloadipeux cloisonné par des tractus fibreux qui le relient à la face


profonde du derme et le coussinet adipeux disparaît au niveau des plis de
Toute référence à cet article doit porter la mention : Alnot JY et Tubiana R. Maladie de flexions digitaux. Ce fascia adhère latéralement à la gaine fibreuse des
Dupuytren. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Appareil locomoteur, 14-068-A-10, 1998,
11 p.
tendons fléchisseurs mais n’adhère pas à sa face antérieure, sauf en regard de
l’articulation interphalangienne proximale (IPP). Dorsalement, par rapport
14-068-A-10 MALADIE DE DUPUYTREN Appareil locomoteur

2 Fascia digital et éléments tendineux et vasculonerveux.

1 Anatomie des aponévroses de la main et du chiasma fibreux commissural.

aux pédicules vasculonerveux collatéraux palmaires, on constate un


cloisonnement frontal allant du squelette au derme, décrit par Cleland [40],
perforé de nombreux orifices pour le passage des éléments vasculonerveux
destinés à la portion dorsale du doigt. Le ligament de Cleland semble se
confondre en partie avec la bandelette rétrovasculaire, mais McFarlane [40]
pense que ces deux formations coexistent. En avant du pédicule
vasculonerveux palmaire, existe, enfin, une très fine membrane qui
correspond aux « ligaments » décrits par Grayson [40] et qui serait le feuillet de
dédoublement antérieur de la gaine fibreuse entourant les pédicules. 3

Déformations
4
Toutes les structures aponévrotiques de la main ne sont pas atteintes par la 1
maladie de Dupuytren. La fibrose rétractile atteint essentiellement les plans
aponévrotiques superficiels et les aponévroses thénariennes et
hypothénariennes sont rarement intéressées [66]. 5
La quasi-totalité des lésions siège dans les plans superficiels de l’aponévrose
palmaire moyenne et du fascia digital, c’est-à-dire les bandelettes 3 Différentes variétés de brides digitales, d’après
longitudinales prétendineuses, mais surtout, dans leur partie distale, le McFarlane.
ligament palmant interdigital, ses expansions digitales et son prolongement 1. Bride spirale ; 2. muscle intrinsèque ; 3. bride
dans la première commissure et au niveau des doigts, en plus de la bandelette 2 centrale ; 4. bride latérale ; 5. bride natatoire ; 6.
6 bride prétendineuse.
rétrovasculaire dans le ligament de Grayson. Certains auteurs comme
Skoog [55] et McFarlane ont noté que le ligament transverse superficiel n’était
pas atteint, peut-être parce qu’il est moins soumis à des variations de tension Plusieurs variétés de brides digitales existent, bien décrites par McFarlane
lors des mouvements des doigts, en notant, cependant, que son prolongement (fig 3) :
dans la première commissure, peut, lui, être atteint avec rétraction du ligament
commissural proximal. Toute déformation par une bride fibreuse implique un – la bride axiale digitopalmaire constitue le prolongement de la bandelette
segment osseux mobile sur lequel peut agir la rétraction et les déformations prétendineuse ;
siègent essentiellement au niveau digital. À la paume, la rétraction entraîne – la bride latérale adhère à sa partie proximale au ligament palmant
une flexion des articulations métacarpophalangiennes (MP) et, de plus, la interdigital, sauf au niveau du versant cubital du cinquième doigt où elle est
rétraction du ligament palmant interdigital rétrécit transversalement les fixée sur le tendon du court abducteur, et elle s’interpose entre la peau et le
espaces commissuraux empêchant l’écartement des doigts et contribuant, par pédicule vasculonerveux qu’elle refoule vers la ligne médiane ; distalement,
ailleurs, à la rétraction en flexion des IPP. Au niveau digital, la rétraction elle s’insère dans le derme avec parfois une extension fibreuse qui s’insère
entraîne, outre la flexion MP, une flexion IPP alors qu’il est très rare d’avoir sur la gaine fibreuse à la base de la deuxième phalange passant en avant du
une flexion interphalangienne distale (IPD) qui est plutot déformée en pédicule vasculonerveux ;
hyperextension, cette hyperextension serait due à la rétraction du faisceau – les brides spirales ont, comme leur nom l’indique, un trajet spiralé autour
longitudinal du ligament rétinaculaire, équivalent d’une déformation en d’un pédicule (fig 4) ; il en existe plusieurs variétés selon leurs insertions
boutonnière fixée. Cette rétraction est controversée dans sa physiopathologie, proximales qui peuvent être en continuité avec la bride palmaire
car il semble qu’il ne soit pas atteint par la maladie de Dupuytren, mais prétendineuse ou un tendon d’un muscle intrinsèque ; la bride passe sous le
rétracté secondairement du fait du flessum de l’IPP aboutissant à une pédicule, devient axiale puis surcroise le pédicule pour s’insérer sur la gaine
déformation en boutonnière fixée. fibreuse ou sur le squelette ; l’aggravation de la rétraction fait que le pédicule

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Appareil locomoteur MALADIE DE DUPUYTREN 14-068-A-10

5 Caractéristiques particulières
3 du cinquième doigt avec, d’une
part, une bride spirale prenant nais-
sance sur un nodule et, d’autre part,
une bride spirale en continuité avec
le tendon du court abducteur selon
McFarlane.
4 4 Bride spirale superficialisant le pédicule vasculo-
nerveux au quatrième doigt, d’après McFarlane.
Hypothèse traumatique
C’est l’étiologie retenue par le baron Dupuytren [16] , lorsqu’il décrivit
l’affection qui porte son nom. Dans la législation française, la maladie de
Dupuytren n’est pas reconnue comme maladie professionnelle, alors qu’elle
l’est dans certains pays (Suède, Russie). On peut cependant, à la lumière des
travaux récents, considérer que le travail manuel, quand il est dur et poursuivi
longtemps, aggrave une maladie de Dupuytren débutante et accélère
l’évolution d’une forme au stade nodulaire.

Hypothèse héréditaire
Cette étiologie repose sur l’existence contrôlée de cas familiaux (20 à 30 %)
avec une transmission génétique sur le mode dominant, et Bower [9] a pu, sur
des cultures de fibroblastes, mettre en évidence des anomalies
chromosomiques. Cette hypothèse de transmission génétique cadre avec
l’existence d’un facteur racial car la maladie de Dupuytren, très fréquente
chez les Anglo-Saxons et les Scandinaves, 4 % chez les moins de 40 ans, 30 %
chez les plus de 60 ans selon Hueston [54, 63], est moins fréquente dans les
populations méditerranéennes et exceptionnelle chez les Noirs, Indiens et
Chinois. Egawa [18] a rapporté récemment le chiffre de 16 % chez les Japonais.
On a rapproché cette notion de transmission héréditaire avec la fréquence de
est, certes, déplacé vers la ligne médiane, mais surtout superficiellement, ce l’association entre épilepsie idiopathique et maladie de Dupuytren (42 % des
qui rend toutes dissections à ce niveau très dangereuses ; épileptiques selon Skoog). Si certains auteurs pensent qu’il s’agit d’un facteur
– la bride rétrovasculaire longitudinale qui emprunterait la bandelette génétique unique, l’épilepsie idiopathique se transmettant également sur un
rétrovasculaire se prolongeant jusqu’à la phalange distale avec rétraction de mode dominant, d’autres attribuent à l’administration continue de
l’IPP, mais parfois de l’IPD et ces fibres rétrovasculaires non excisées peuvent barbituriques l’apparition ou l’aggravation de la rétraction palmaire.
être responsables de récidive ; Dans ce chapitre, on peut aborder le terrain sur lequel se développe la maladie.
– les brides du cinquième doigt, enfin, présentent des caractères particuliers ; Il existe en effet une « diathèse » de la maladie de Dupuytren : son association,
c’est au cinquième rayon que l’on peut voir des lésions digitales isolées sans son analogie histologique avec les coussinets dorsaux des phalanges, la
continuité avec les lésions de l’aponévrose palmaire moyenne et aussi les maladie de Ledderhose et la maladie de La Peyronie sont bien connues. Pour
rétractions les plus marquées ; toutes les variétés de brides déjà décrites Touraine et Ruel [60], toutes ces localisations témoignent d’une sorte de
peuvent s’y rencontrer (fig 5), mais l’une est spécifique et presque constante, diathèse sclérogène, d’un état de polyfibromatose héréditaire caractérisé par
la bride cubitale attachée sur le tendon de l’abducteur du cinquième doigt et une tendance à l’hyperplasie du tissu conjonctif. La fréquence de ces
cette bride qui peut rester latérale décrit souvent une spirale autour du associations est variable et en France l’étude de séries importantes permet
pédicule vasculonerveux ; elle est parfois très épaisse et peut rétracter en d’apporter les chiffres suivants : 10 % de coussinets des phalanges, 7 % de
flexion la MP ou attirer l’auriculaire en abduction quand la commissure avec nodules plantaires, l,5 % de maladie de La Peyronie. Ces chiffres sont bien
l’annulaire n’est pas envahie. inférieurs à ceux publiés par les auteurs anglo-saxons et notamment
scandinaves qui retrouvent par exemple 40 à 50 % de coussinets fibreux des
Enfin, au pouce et à la première commissure, les rétractions sont en rapport phalanges.
avec l’atteinte des structures aponévrotiques avec une bride fibreuse
longitudinale sur le bord radial de l’éminence thénar, une bride latérale parfois Le coussinet des phalanges [14] se caractérise par une nodosité unique ou
spirale sur le bord cubital du pouce se prolongeant dans la première multiple, se développant lentement, occupant la face dorsale des articulations
commissure, une atteinte de la première commissure par rétraction des interphalangiennes et respectant le plus souvent le pouce. Cette callosité est
ligaments commissuraux pouvant se prolonger vers l’index s’il existe une arrondie ou ovalaire, convexe, de 1 cm de diamètre, à surface lisse ou
atteinte du ligament commissural distal. kératosique, de coloration rose brunâtre. Sa consistance est ferme et élastique,
la nodosité est mobile sur la capsule articulaire mais adhérente à la peau. Le
cadre nosologique est difficile à préciser et Mikkelsen [45] en Norvège étudie
Hypothèses physiopathologiques d’une part, une population de 1 871 consultants (752 hommes et
1 119 femmes) indemnes de maladie de Dupuytren et, d’autre part,
et étiopathogéniques 869 personnes ayant une maladie de Dupuytren. Dans la population indemne
de la maladie de Dupuytren, moins de 10 % des personnes examinées (9 %
Si l’étiologie de la maladie de Dupuytren est encore inconnue, de multiples des hommes et 8,6 % des femmes) avaient des coussinets dorsaux des
hypothèses ont été émises [2, 37, 38, 39, 57]. phalanges.

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A B C

6 Les deux théories extrinsèque et intrinsèque avec atteinte des différents éléments, selon McGrouther.
A. Section longitudinale de l’aponévrose palmaire.
1. Fibres allant vers la peau ; 2. fibres allant vers le doigt ; 3. fibres allant vers la gaine tendineuse ; 4. fibres verticales ; 5. fibres
longitudinales ; 6. fibres transversales.
B. Atteinte des fibres longitudinales intermédiaires responsable d’une rétraction de l’articulation métacarpophalangienne et parfois aussi
de l’articulation interphalangienne proximale.
C. Atteinte des fibres longitudinales profondes.
D. Représentation schématique de l’atteinte de toutes les fibres longitudinales, des fibres verticales et des fibres transversales commis-
D surales.

Cet auteur ne donne aucun renseignement sur la localisation à un ou plusieurs cinquième doigts), car c’est dans cette région que les contraintes sont
doigts et précise qu’aucune étude, notamment la sienne, n’a été faite pour maximales lors de la préhension. Ces hypothèses n’expliquent cependant pas
savoir si un individu porteur de coussinets dorsaux appartenait à une famille tout ; elles n’expliquent pas la prédominance masculine (80 %) ou alors il faut
comportant des maladies de Dupuytren et si leur découverte devait faire envisager un facteur génétique lié au sexe. Les chiffres dans la littérature sont
présager la survenue plus ou moins rapide d’une fibrose de l’aponévrose cependant variables et le ratio semble être de trois hommes pour une femme
palmaire. En revanche, dans la population atteinte de maladie de Dupuytren, mais sans que l’on ait de données épidémiologiques précises. Elles
la fréquence de l’association est importante, avec des variations n’expliquent pas non plus les formes extensives chez le jeune : si l’âge moyen
géographiques : de survenue se situe entre 45 et 60 ans, il existe cependant des formes
– 21,3 % des hommes et 12,6 % des femmes en Angleterre ; survenant très tôt, de 20 à 30 ans, parfois extensives à toute la main, avec
– 29 % des hommes et 13 % des femmes au Danemark ; localisations à la face dorsale (coussinets des phalanges), à l’aponévrose
– 11 % des cas aux États-Unis ; plantaire ou aux corps caverneux. Ces formes correspondent-elles, dans le
cadre d’une « diathèse », à l’accumulation de plusieurs facteurs génétiques ?
– 10 à 15 % des cas en France selon Gosset ; Des études plus récentes font intervenir, par ailleurs, un trouble primaire de la
– 20 % des cas en Australie selon Hueston et ce pourcentage passe à 75 % si biologie cellulaire Les études au microscope électronique ont montré
l’on envisage les cas de récidives de maladie de Dupuytren ; notamment dans les nodules à la phase précoce de la maladie des fibroblastes
– 44 % des cas en Suède selon Skoog [56] ; particuliers ayant des adhérences intercellulaires et dont le cytoplasme
– 45 % des hommes et 62 % des femmes en Norvège selon Mikkelsen avec contient un grand nombre de filaments, ce qui a conduit à classer ces cellules
une fréquence plus grande pour la main gauche et dans les formes bilatérales ; comme des myofibroblastes [6, 7, 46, 51]. L’origine de ces cellules est encore
cet auteur précise que la corrélation avec la gravité de la maladie ou l’âge du inexpliquée, mais l’on sait que les filaments intracellulaires ont un pouvoir de
sujet n’est pas significative. contraction, que l’on peut extraire l’actomyosine de ces cellules et qu’elles
Hueston, en revanche, précise sans donner de chiffre que les coussinets montrent une réaction avec un antigène marqué [42] contre les cellules
phalangiens et les lésions plantaires doivent être considérés, chez tous les musculaires lisses. Cependant, cette hypothèse pathogénique n’est pas
malades atteints de maladie de Dupuytren, comme fournissant une vérifiée et il est impossible de dire pourquoi apparaissent des myofibroblastes
information utile sur la gravité de la diathèse et que, par ailleurs, leur qui ont des propriétés contractiles pouvant expliquer la rétraction progressive
découverte isolée chez certains sujets doit faire présager la survenue d’une de l’aponévrose, notamment à la phase précoce de la maladie.
fibrose de l’aponévrose palmaire. Enfin, la présence dans une même famille De ces étiologies multiples, génétique (par manque de sécrétion
de maladie de Dupuytren et de coussinets fibreux des phalanges isolés ou vraisemblable d’une protéase spécifique du procollagène), métabolique
associés est un élément de poids en faveur d’une prédisposition génétique à (l’excès de sucre dans le sang empêchant la formation du collagène normal),
l’origine de la maladie. Ces coussinets sont parfois inesthétiques et certains vasculaire (des phénomènes œdémateux brutaux entraînant des microruptures
patients demandent leur excision. Leur volume diminue de façon notable par du collagène), liée à la sénescence (par altération du tissu de soutien), il faut
des infiltrations de corticoïdes et les indications chirurgicales avec ou sans retenir que la maladie de Dupuytren est une fibromatose avec altération du
greffe de peau doivent rester exceptionnelles. Il en est de même pour les collagène. Les rapports étroits entre l’aponévrose palmaire et le derme
nodules plantaires. expliquent à la fois l’extension de la maladie le long des bandelettes
prétendineuses avec rétraction entretenue par la traction longitudinale qui
Hypothèse métabolique existe à ce niveau, et l’atteinte du revêtement cutané (fig 6).
Ceci explique les deux théories développées [41, 58] :
Le diabète est fréquemment associé à la maladie de Dupuytren : 15 à 20 % – la théorie dite intrinsèque qui était celle de Dupuytren et qui a été
des malades ont une maladie de Dupuytren, chiffre bien supérieur à ce que corroborée par la découverte par Skoog [56] de microruptures et de
l’on observe dans une population caucasienne tout-venant. La maladie de microhémorragies dans et autour des nodules permettant d’imaginer la
Dupuytren est, semble-t-il, quatre fois plus élevée chez le diabétique que chez formation d’un tissu de granulation réparant les microruptures et induisant par
le non-diabétique. L’association diabète-éthylisme a également été là même une rétraction cicatricielle à l’intérieur des éléments longitudinaux
incriminée : elle agirait en aggravant les désordres métaboliques [18]. Bouissou de l’aponévrose palmaire ;
et al [8], après une étude au microscope électronique, ont conclu à une
modification de la sécrétion normale des fibroblastes et à une altération du – la théorie extrinsèque, développée par Goyrand [25] puis par McCallum [37]
collagène due à un procollagène anormal, non clivé. Cette absence de clivage et Hueston [28], basée sur le fait que les nodules initiaux sont situés à la face
pourrait avoir une origine génétique et l’on pourrait ainsi réunir les deux ventrale, c’est-à-dire superficielle de l’aponévrose palmaire et qu’ils
hypothèses contribuant à la formation d’un collagène anormal moins s’étendent ensuite dans la région sous-cutanée le long des septum fibreux
résistant. Si l’élasticité du collagène vient à diminuer, les mouvements préexistants ainsi qu’à l’intérieur et à la surface de l’aponévrose palmaire
entraînent des microruptures. L’évolution capricieuse de la maladie de produisant ainsi une rétraction progressive de toutes les structures fibreuses.
Dupuytren pourrait être expliquée dans cette hypothèse avec une période de
stabilisation-cicatrisation entre microruptures et nouvelle rupture. Ces
microruptures se font sur une aponévrose palmaire fragilisée (diabète, Histologie
facteurs héréditaires, sénescence, microtraumatismes lors des crises
hypertoniques de l’épilepsie, œdèmes brutaux après traumatisme du poignet Normalement, les coupes histologiques de l’aponévrose palmaire montrent
ou de la main, algodystrophie). Une cicatrisation qui dépasse son but l’existence d’un tissu collagène de type I alors que le collagène du tendon est
s’installerait alors, amorçant le cycle de la rétraction de l’aponévrose de type III. Sans entrer dans les études au microscope électronique, il faut
palmaire. retenir qu’il existe deux lésions distinctes :
Ces hypothèses expliquent bien la fréquence de la bilatéralité des lésions (50 – l’épaississement nodulaire de haute densité cellulaire ; de très nombreux
à 70 %), la survenue de l’affection aussi bien chez des travailleurs manuels fibroblastes et fibrocytes sont enclos dans un riche réseau de fibres collagènes
que sédentaires et même la localisation au bord cubital de la main (quatrième, avec une hypervascularisation locale ;

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Appareil locomoteur MALADIE DE DUPUYTREN 14-068-A-10

80°
A

1 à 45° 45°
B F

30°
45°

30°

45° 85°
C
G

10°

80°

D 50°

45°
10°
110°

70°
50°
E I
7 Évaluation des lésions dans la maladie de Dupuytren, d’après Tubiana. E. Stade III : 90-135°.
A. Stade 0. F. Stade III D+ IPP > 70°.
B. Stade I : 1-45°. G. Stade IV >135°.
C. Stade II : 45-90°. H. Stade IV >135°.
D. Stade II D+ : 45-90°. I. Stade IV >135°.

– l’épaississement aponévrotique lamellaire de faible densité cellulaire ; de quatre stades de Tubiana et Michon [62], avec maintenant six stades pour les
rares fibrocytes existent entre les fibres collagènes. quatre doigts longs (fig 7) :
– stade 0 : absence de lésion ;
– stade N : nodule palmaire ou digital sans rétraction ;
Clinique
– stade I : total des rétractions des trois articulations entre 1 et 45o ;
Les nodules palmaires apparaissent souvent en premier puis surviennent – stade II : total des rétractions des trois articulations entre 45 et 90o ;
progressivement les rétractions digitales prédominant sur les quatrième et – stade III : total des rétractions des trois articulations entre 90 et 135o ;
cinquième doigts. L’évolution se fait en règle générale par poussées, avec un – stade IV : total des rétractions des trois articulations supérieures à 135o
taux d’activité variable mais souvent plus important dans les cinq premières avec un stade IV H lorsqu’il existe une hyperextension IPD.
années. L’évolution est imprévisible et ne se fait absolument pas sur le mode En ce qui concerne la colonne du pouce (fig 8, 9), Tubiana propose une double
linéaire. Les poussées pourraient être expliquées par les épisodes de évaluation :
microruptures avec des périodes parfois très longues de stabilité et à la
question : comment ces lésions vont-elles évoluer ? Il faut répondre qu’elles – à la première commissure, en cinq stades correspondant à des pertes de
peuvent rester stables de très nombreuses années et qu’une surveillance est 15o :
pratiquée mais qu’il n’y a aucune indication chirurgicale au stade I. – stade 0 : absence de lésion ;
Les malades présentant des facteurs de risques évolutifs de gravité doivent en – stade N : nodule sans rétraction ;
être prévenus. – stade I : angle d’écartement entre 45 et 30o ;
L’importance de la rétraction peut être chiffrée en utilisant la classification en – stade II : angle d’écartement entre 30 et 15o ;

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14-068-A-10 MALADIE DE DUPUYTREN Appareil locomoteur

45-90° 70° 45°


45°

A B A B

15°
135°

90-135°
30°

C D C D
8 Cotation des rétractions de la première commissure, d’après Tubiana. 9 Cotation des rétractions du pouce, d’après Tubiana.
A. Stade I. A. Stade 0.
B. Stade II. B. Stade I.
C. Stade III. C. Stade II.
D. Stade IV. D. Stade III.

A B C
10 A. Formes palmodigitales avec déficit d’extension portant uniquement sur la métacarpophalangienne (MP) : groupe I.
B. Formes digitales avec déficit d’extension prédominant sur l’interphalangienne proximale (IPP) : groupe II.
C. Formes palmodigitales avec déficit d’extension MP + IPP : groupe III.

– stade III : angle d’écartement inférieur à 15o ; – les formes digitales avec déficit d’extension prédominant sur l’IPP (groupe
– en ce qui concerne les MC et les IP, chaque stade correspond à une II), beaucoup plus difficiles à traiter car il est impossible de prévoir en
progression de 45o avec six stades : préopératoire une récupération complète de l’extension, notamment sur le
cinquième rayon ;
– stade 0 : absence de lésion ; – les formes palmodigitales avec déficit d’extension MP et IPP (groupe III).
– stade N : nodule au niveau du pouce sans rétraction ; On apprécie, d’une part l’importance du déficit d’extension qui peut être
– stade I : total des rétractions IP et MP entre 0 et 45o ; modéré ou au contraire entraîner une rétraction du doigt qui est collé dans la
– stade II : total des rétractions IP et MP entre 45 et 90o ; paume et, d’autre part, l’importance de la fibrose avec soit une longue bride
sous une peau souple, soit une forme plus diffuse avec envahissement cutané
– stade III : total des rétractions IP et MP entre 90 et 135o ; (ombilications, nodules). L’extension de la fibrose permet de définir des
– stade IV : total des rétractions IP et MP supérieures à 135o. formes localisées, en règle générale, aux quatrième et cinquième doigts et des
formes extensives atteignant les autres doigts, le pouce et la première
Sur le plan clinique (fig 10), il faut cependant bien séparer pour comparer des commissure.
cas identiques dans l’étude des résultats :
Tubiana propose d’obtenir des précisions en rapport avec sa méthode en
– les formes palmaires pures nodulaires qui sont à surveiller et il n’y a aucune précisant un certain nombre de données.
indication tant que le malade peut mettre la main à plat sur une table ; Les lésions palmaires sont indiquées par la lettre P et les lésions digitales
– les formes palmodigitales avec déficit d’extension portant uniquement sur indiquées par la lettre D et la lettre D suivie du signe + indique que la
la MP (groupe I), pour lesquelles la récupération complète après rétraction IPP est égale ou supérieure à 70o et donc de correction aléatoire. Si
aponévrectomie est prévisible ; les lésions sont à la fois palmaires et digitales, le chiffre désignant le stade est

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Appareil locomoteur MALADIE DE DUPUYTREN 14-068-A-10

suivi des lettres PD. La lettre H pour hyperextension désigne les cas avancés En ce qui concerne le poids de chaque variable comme facteur évolutif de
dans lesquels la phalange distale est fixée en hyperextension. risques, ceux qui pèsent le plus lourd sont l’âge, l’hérédité, le diabète,
En ce qui concerne les résultats après intervention chirurgicale, il est possible l’atteinte bilatérale et enfin les formes extensives.
d’utiliser, pour comparer l’état pré- et postopératoire, le coefficient Les hypothèses pathogéniques ont-elles des conséquences concrètes ?
d’amélioration (Thomine, Tubiana). – oui, si la connaissance du terrain (diabète, épilepsie, traitement
X étant le stade global peropératoire et Y le stade global postopératoire en gardénalique) permet d’éviter un certain nombre de complications générales
degré, le coefficient d’amélioration CA est alors le suivant : et locorégionales ;
– oui, si l’hypothèse de microruptures avec rétraction cicatricielle localisée
CA = X-Y fait pratiquer des aponévrectomies sélectives partielles ; les aponévrectomies
X totales ne se justifient plus et ont été abandonnées par presque tous les auteurs
On obtient un chiffre compris entre 1, correction complète des rétractions, et et si le revêtement cutané est envahi de façon importante, son excision et son
0 échec total que l’on peut exprimer en pourcentage pour chaque rayon remplacement par des greffes de peau totale doivent être envisagés au doigt
digital. où les récidives sont les plus fréquentes ;
Un malade ayant un stade global préopératoire de 210o et un stade global – oui, si un traitement préventif peut être découvert, mais nous n’en sommes
postopératoire de 20o a un coefficient d’amélioration de : qu’au stade d’hypothèses pathogéniques.
Dans l’état actuel des nos connaissances, les possibilités thérapeutiques sont
210-20 les suivantes :
= 0,90 soit 90 % d’amélioration.
210 – le traitement médical n’existe pas et les tentatives de traitement par la
À côté de ce coefficient d’amélioration, Tubiana propose pour la révision vitamine A, la vitamine E, la colchicine ont été des échecs ; on peut en
d’une main opérée de noter un certain nombre de données qui sont alors rapprocher les injections locales de corticoïdes ou de produits fibrinolytiques
indiquées par une lettre : qui n’ont pas donné de résultats ;
– G = greffe cutanée ; – le seul traitement est chirurgical à partir du moment où existe une gêne
fonctionnelle (stades I et II) et le test de la main à plat sur une table est très
– R = récidive vraie ; indique une résurgence des lésions dans un territoire utile.
déjà opéré ;
Plusieurs volets doivent être considérés.
– E = extension ; indique l’apparition de nouvelles lésions en dehors du
territoire opéré ;
– F = limitation de la flexion des doigts, raideur postopératoire dont il faut Aponévrotomies
préciser, par ailleurs, la localisation et le degré ;
Déjà préconisées par Dupuytren, elles ont été réactualisées en 1980 par
– A = amputation ; Lermusiaux et Debeyre [34] , qui ont développé la technique de
– AZ = arthrodèse. l’aponévrotomie à l’aiguille, utilisant après anesthésie locale l’action
Un certain nombre de diagnostics peuvent être évoqués devant cette rétraction mécanique du biseau pour rompre la bride et ce, aussi bien au niveau palmaire
en flexion des MP et IPP des doigts ne s’accompagnant d’aucune douleur, sauf que digital. Ces auteurs ont rapporté leur expérience en 1993 et dans un article
parfois localisée sur les nodules palmaires. récent en 1996 [5], ils précisent qu’il est possible de réaliser de une à cinq
Il n’en reste pas moins que l’interrogatoire et l’examen clinique permettent aponévrotomies. Des orthèses maintenant la correction doivent être portées
facilement d’éliminer : la nuit. Trente-quatre pour cent de leurs malades ont été perdus de vue et leur
taux de récidive à 5 ans des cas restants est de 50 %, mais ils précisent que la
– une raideur en flexion, séquelle d’algodystrophie portant le plus souvent
reprise de l’aponévrotomie est possible et que leurs résultats sont comparables
sur les IPP et les IPD ;
à court et long termes avec ceux obtenus par l’aponévrectomie chirurgicale.
– une rétraction diffuse avec localisations articulaires dans certains diabètes Enfin, ils font état de complications rares, cinq ruptures tendineuses pour
du jeune ; 5 000 aponévrotomies et six lésions graves des nerfs collatéraux, aucune
– un rhumatisme fibroblastique. algodystrophie locale et seulement deux algodystrophies localisées. Compte
En fait, la maladie de Dupuytren, fibrose rétractile de l’aponévrose palmaire tenu de la bénignité de cette intervention, ils proposent de traiter tous les
superficielle, ne peut être confondue avec un autre diagnostic. Son problème stades I et II par cette méthode et de discuter les indications d’aponévrectomie
essentiel est étiologique et pathogénique et les manifestations extrapalmaires pour les stades III et IV, mais ceci est en contradiction avec leur article de 1993
montrent bien qu’il s’agit non pas d’une maladie locale mais d’une maladie puisque sur 123 mains traitées, 72 sont aux stades I et II et 51 aux stades III et
générale, notamment dans certaines formes extensives chez le jeune. IV. Enfin, malgré le long recul de leurs observations, ils ne précisent jamais si
la bride sectionnée involue et ce que deviennent les nodules. Quoi qu’il en
soit, cette technique est particulièrement intéressante [52] et nous la pratiquons
Indications thérapeutiques depuis 1993-1994.
Notre indication de choix est la forme unidigitale ou bidigitale avec
rétraction MP et une longue bride sous une peau souple. Les formes avec
Généralités rétraction IPP prédominante sont pour nous des contre-indications ou des
indications relatives au cas par cas du fait du risque de blessure des nerfs
Elles dépendent de la clinique et des hypothèses physiopathologiques. Il faut collatéraux.
apprécier l’importance de la rétraction, l’atteinte MP, IPP ou les deux et
différencier : Enfin, les formes avec adhérences cutanées, ombilications sont des
indications d’aponévrectomies. Nos résultats sont identiques à ceux
– les formes uni- ou bidigitales ;
publiés, soit 90 à 92 % d’excellents résultats dans les stades I et II. Une
– les formes pluridigitales ; étude prospective, à long terme, de l’aponévrotomie percutanée est en cours
– les formes extensives. pour apprécier les récidives, le devenir de la bride (involution ?) et des
Il faut préciser : nodules.
– l’atteinte uni- ou bilatérale ; On peut, peut-être, rapprocher de cette aponévrotomie les techniques
– l’existence de brides sous une peau souple, ou à l’inverse des adhérences, d’excision fragmentaire par petites incisions séparées préconisées par
ombilications, nodules palmaires et/ou digitaux. Goyrand et reprises par Vilain et Ebelin [17] qui ne semblent pas avoir donné
de résultats satisfaisants, mais semblent cependant prometteuses en
Il faut poser un certain nombre de questions : sélectionnant les patients âgés de plus de 60 ans, aux stades I et II.
– âge, 45 à 50 ans, et un âge plus jeune fait craindre une évolution rapide ;
chez la femme, par ailleurs, le début est souvent plus tardif, mais l’évolutivité
est très capricieuse ; Aponévrectomies
– existence de cas familiaux ; L’intervention se déroule sous bloc plexique, garrot pneumatique et main de
– présence d’un diabète et de son caractère équilibré ou non, plomb. Des lunettes grossissantes sont utiles avec repérage premier des
insulinodépendant ou non ; pédicules collatéraux qu’il faut toujours voir et suivre, notamment à la base
– présence de troubles hépatiques ou métaboliques etc ; des doigts où leur trajet est modifié par les brides.
– traitements particuliers, notamment antiépileptiques. Il faut signaler deux points importants :
Il faut examiner, certes la face palmaire des mains, mais également la face – les aponévrectomies sont des aponévrectomies sélectives localisées aux
dorsale à la recherche de coussinets dorsaux et rechercher une atteinte de lésions sur l’aponévrose palmaire superficielle et ses prolongements avec
l’aponévrose plantaire et de la verge. respect, si possible, du ligament transverse superficiel non atteint par la

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11 A. Voies d’abord en zig-


zag avec plastie en VY.
B. Voie horizontale dans
le pli palmaire distal lais-
sée ouverte selon la
technique de paume
ouverte associée à des
incisions digitales qui
peuvent être branchées
sur l’incision palmaire ou
A B non

maladie ; les aponévrectomies étendues totales sont à proscrire car on n’opère – en cas de dévitalisation cutanée ; il faut, là encore, souligner l’importance
pas des segments digitaux normaux qui ne seront, pour la plupart, pas atteints de ne pas créer de lambeau dévascularisé et de ne pas faire de suture sous
par la maladie ; tension ;
– les différentes possibilités techniques dépendent du siège, de l’importance – en cas de récidive ;
des déformations, ainsi que du terrain et des différentes hypothèses – enfin, l’excision cutanée prophylactique pour prévenir les récidives qui
pathogéniques. paraît un point important lorsqu’il s’agit d’un malade à prédisposition
particulière pour la maladie et notamment la forme extensive chez le
Voie d’abord longitudinale et incision en zigzag digitopalmaire [13] jeune.
ou digitale avec plastie en VY (fig 11A)
Au pouce
Elle nous paraît excellente. Nous n’utilisons plus ou exceptionnellement les
plasties en Z après incision verticale en raison des risques de nécrose des petits Au pouce, outre les voies longitudinales en zigzag, il faut, à la première
lambeaux mal vascularisés. commissure, utiliser des plasties en Z ou en trident (fig 14).
La plastie d’allongement en VY est utilisable jusqu’au stade III mais au-delà
elle est dépassée au niveau digital par l’importance de la rétraction. Schéma d’indications
Nos indications, si l’on tient compte de toutes les données précédentes, sont
Technique paume ouverte fonction des cas cliniques et peuvent être schématisées de la manière
La technique paume ouverte est réalisée avec incision transversale dans le pli suivante :
palmaire distal, selon McCash [36] , et cicatrisation dirigée (orthèse, – les formes uni- ou bidigitales avec une longue bride sous une peau souple
mobilisation précoce) en 4 à 6 semaines. et atteinte prédominante de la MP sont traitées par une aponévrotomie
Les lésions digitales, quant à elles, peuvent être excisées par des incisions percutanée ;
séparées en laissant un pont entre elles ou en reliant l’incision transversale – les formes unidigitales avec rétraction MP et IPP peuvent être traitées par
dans la paume aux incisions digitales, comme le préconisent certains aponévrectomie avec incision en VY à partir du moment où la rétraction n’est
auteurs (fig 11 B). De même, on peut utiliser un lambeau d’avancement en pas trop importante, notamment ne dépassant pas 45o pour l’IPP ; dans le cas
réalisant une incision latérocubitale sur le cinquième doigt, selon contraire, la voie en VY palmaire est possible, associée à un lambeau local
Jacobsen [29, 49] ou des incisions transversales avec greffe de peau digital ou une greffe de peau ;
« coupe-feu ». – les formes bidigitales prédominant sur un rayon peuvent, lorsque la
rétraction n’est pas trop importante, être traitées par une voie en VY
Lambeau digital palmodigitale sur le doigt le plus atteint et une incision séparée digitale pure
Le lambeau digital, notamment latérodigital cubital sur le cinquième sur l’autre doigt ;
rayon [19, 48], est associé à une greffe de peau sur la partie découverte par la – les formes pluridigitales avec envahissement cutané sont traitées par Mc
rotation du lambeau qui vient recouvrir la face palmaire de la première Cash et incisions digitales plus ou moins greffe de peau ;
phalange (fig 12). – les formes digitales prédominant sur l’IPP sont traitées selon l’importance
de la rétraction par incision en VY digitale ou par lambeau latérodigital et
Remplacement cutané par greffe de peau totale greffe de peau ; il faut faire une mention particulière pour le cinquième rayon
ou lambeau locorégional qui pose un problème non résolu quant à l’évolution à long terme après la
L’extension des lésions, les adhérences à la peau, les formes évolutives, meilleure des interventions donnant un résultat précoce satisfaisant ; il faut
notamment chez le jeune, et enfin les cas de récidives ont amené Hueston, en insister sur la technique précise et la nécessité de toujours vérifier l’existence
1967, à préconiser l’excision radicale de l’aponévrose et l’excision de la peau d’une bride au niveau de l’extension des muscles hypothénariens ;
en unités fonctionnelles, notamment au niveau digital et son remplacement, – cas particuliers :
soit par un lambeau locorégional, soit par une greffe de peau totale, soit par – les raideurs fixées de l’IPP posent un problème très difficile [3, 11] ; les
les deux (fig 13). Hueston [63] précise qu’il existe quatre circonstances dans arthrolyses ne donnent que des résultats très moyens et le brochage
lesquelles le remplacement cutané peut être envisagé : temporaire expose aux infections locales ; l’arthrodèse est possible dans
– après correction d’une déformation en flexion lorsqu’il existe une perte de certaines rétractions graves ; la technique d’extension continue est peut-
substance cutanée qui n’a pu être compensée par une plastie locale ; être une solution, comme le propose Messina [10, 43] ;

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Appareil locomoteur MALADIE DE DUPUYTREN 14-068-A-10

12 Lambeau latérodigital
cubital au niveau du cinquième
doigt (1), avec greffe de peau
totale (2) sur la partie décou-
verte par la rotation du lambeau
qui vient recouvrir la face pal-
maire de la première phalange
A B (3).

13 Incisions transversales coupe-feu avec greffe de peau totale (1) et au niveau du


cinquième doigt un remplacement cutané en unité fonctionnelle (2), c’est-à-dire que l’exci- 14 Voies d’abord à la partie radiale de la main : VY sur le pouce, Z ou trident dans la
sion de la peau palmaire va jusqu’à la jonction dorsolatérale. première commissure (1).

– l’hyperextension fixée IPD éventuellement associée est traitée : – soit par arthrodèse raccourcissante IPD en flexion à 30o ;
– soit par section transversale de l’appareil extenseur au dos de la – l’amputation, enfin, se discute dans certaines rétractions graves avec
deuxième phalange et l’incision cutanée est verticale et laissée ouverte pour troubles trophiques [30] ;
ne pas créer de problème vasculaire et de défaut de cicatrisation ; la
correction est souvent incomplète et un brochage temporaire de l’IPD peut – enfin, les formes extensives du jeune doivent faire envisager l’excision-
être utile ; greffe, notamment au niveau digital [28, 32].

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Résultats – Les douleurs postopératoires sont minimes ou nulles : Lubahn [35] ne


retrouve aucune douleur postopératoire, de même qu’Allieu [1] ou
Zachariae [67]. Foucher la retrouve chez 20 % des patients pour lesquels on a
Globalement eu recours aux antalgiques mineurs dans seulement la moitié des cas pour une
Les résultats dans la littérature vont de 90 % d’excellents résultats aux stades durée inférieure à 3 jours. Quant à Gelberman [23], dans une étude prospective
I et II à 60 % pour le stade IV. Les complications per- et postopératoires de 83 patients avec trois groupes, le premier opéré avec paume ouverte, le
grèvent le pronostic et sont souvent à l’origine de troubles trophiques deuxième abordé par voies longitudinales et le troisième avec plasties en Z, il
ultérieurs, voire de syndromes algodystrophiques (3 %), essentiellement dans retrouve un syndrome douloureux beaucoup moins important dans le premier
les stades III et IV. La fréquence des lésions peropératoires de paquets groupe : 8 % de douleurs postopératoires, contre 25 % dans le deuxième
collatéraux est diversement appréciée dans la littérature, de 2 à 5 %, groupe et 20 % dans le troisième.
essentiellement dans des statistiques anciennes. Il semble bien que dans les – Les hématomes postopératoires sont exceptionnels et il n’y en a eu aucun
statistiques actuelles, ce taux, entre des mains exercées, soit très faible. Il en dans les séries publiées. Lubahn, comparant les patients traités par la méthode
est de même des hématomes, à partir du moment où l’on fait une hémostase de McCash et ceux par d’autres techniques, ne retrouve aucun hématome pour
soigneuse en ayant lâché le garrot avant la fermeture cutanée et des nécroses les premiers et 3,8 % pour les autres.
des lambeaux si l’on a des indications précises. – Quant à l’étude prospective de Gelberman [23], elle n’en retrouve pas non
Un problème reste la survenue toujours imprévisible d’un syndrome plus chez les patients « laissés ouverts » alors que 4 % sont notés chez ceux
algodystrophique, et une grosse main douloureuse au troisième ou quatrième opérés par une autre méthode.
jour postopératoire doit faire suspecter la possibilité de cette complication et
pratiquer un traitement préventif, à savoir blocs sympathicolytiques – De même, pour les infections et nécroses cutanées, aucun cas n’est reporté
(guanéthidine, Fonzylanet) et éventuellement calcitonine avec des par Zachariae, Lubahn, Briedis [12] et Gelberman, avec en revanche 7 % de
rétrocessions très fréquentes si l’on intervient rapidement. nécrose après plasties en Z.
La technique chirurgicale, l’immobilisation et les soins postopératoires jouent – Les complications nerveuses existent, avec dans les statistiques de Foucher
donc un grand rôle et il faut, par ailleurs, insister sur le rôle essentiel de la et Lubahn 2,5 % d’atteinte nerveuse sans précision. Jacobsen rapporte deux
rééducation avec appareillage. cas d’hypoesthésie et Gelberman un cas de section complète réparée
Le traitement doit donc être sélectif à tous les stades et tenir compte pour immédiatement. Cet auteur, en accord avec Tubiana, considère que le risque
chaque malade, de l’âge, des données étiologiques, de l’extension, de la de lésions nerveuses est plus élevé (3,6 % pour Allieu) avec la méthode de la
localisation aponévrotique, de l’état de la peau et des articulations. Les paume ouverte, lorsque des ponts cutanés sont conservés entre l’incision
résultats, fonction des stades préopératoires, sont stables à court terme mais palmaire et les incisions digitales.
peuvent à long terme, de 2 à 5 ans, se modifier du fait de l’évolution locale. – L’algodystrophie est toujours une complication à redouter et Allieu en
dénombre neuf cas sur 164, soit 6 %. Ce chiffre peut paraître relativement
élevé, mais l’auteur considère que ce chiffre n’est pas forcément en rapport
Voies d’abord longitudinales avec la méthode mais peut-être aussi avec le fait qu’il a réservé cette technique
En ce qui concerne les voies d’abord longitudinales, aucune série dans la aux patients le plus sévèrement atteints.
littérature n’a étudié spécifiquement les résultats et n’en a précisé – Enfin, la cicatrisation a été obtenue dans des délais très concordants : de 4
explicitement les indications. Les grandes séries cliniques montrent des à 6 semaines pour la plupart des auteurs.
pourcentages de récidive de l’ordre de 30 à 70 %, toutes formes confondues. – Les résultats à long terme sont difficiles à apprécier du fait du recul souvent
Il faut non seulement tenir compte des récidives nodulaires sans déficit court. Allieu a réexaminé 177 mains avec un recul moyen de 37 mois et il
d’extension, qui ne sont pas prises en compte par la plupart des études, mais note 30 % de récidives, essentiellement digitales, et 18 % d’extensions et
aussi du recul postopératoire. Tubiana et Leclerc [33] ont 34 % de récidives à 2 considère que récidives et extensions semblent sans rapport avec la technique
ans, 48 % à 5 ans et 66 % à 10 ans et c’est également l’avis d’autres
utilisée. Foucher, avec un recul supérieur à 5 ans, retrouve 40,6 % de
auteurs [4, 15, 26, 27, 31, 47, 64, 65]. La chirurgie est incapable de guérir cette affection
récidives dont 23 % de formes sévères ayant nécessité une réintervention et
et elle ne fait qu’en retarder l’évolution, en notant cependant que les récidives
sont souvent minimes sans gêne fonctionnelle. Le pronostic fonctionnel est ces chiffres sont voisins de ceux de Hueston, Neurotte et Rodrigo.
meilleur quand l’intervention est réalisée précocement, c’est-à-dire dès L’amélioration globale (IPP + MP) était de 74 % chez 83,5 % des patients
l’apparition d’un déficit d’extension, qu’il soit MP ou IPP. C’est là que la voie avec un meilleur résultat sur la MP que sur l’IPP. Schneider, sur 49 cas avec
longitudinale trouve son indication élective car elle permet une dissection un recul moyen de 5 ans, retrouve 34 % de récidives et 48 % d’extensions.
complète des pédicules vasculonerveux et ne comporte qu’un faible taux de Les mobilités actives sont améliorées dans 88 % des cas avec néanmoins une
complications. Elle permet de réaliser des aponévrectomies régionales perte de flexion de 10o retrouvée dans 41 % des cas. Lubahn dans son étude
sélectives. comparative conclut, quant à lui, à la supériorité des résultats à long terme
avec la paume ouverte avec 83 % de bons résultats contre 66 % pour les
Le pronostic dépend bien entendu du type d’atteinte. Les formes où le
déficit d’extension porte uniquement sur la MP ont un pronostic très autres techniques.
favorable avec une récupération complète de l’extension, stable dans le – Dans notre expérience concordant avec les données de la littérature, il faut
temps avec la possibilité de récidives minimes. Les formes où le déficit souligner :
d’extension prédomine sur l’IPP, qu’elles soient digitales pures ou – le bon pronostic des formes n’atteignant que les MP, et ce quel que soit
palmodigitales, sont beaucoup plus difficiles à traiter et leur pronostic le rayon ; il faut d’ailleurs noter que ceci est vrai quel que soit le nombre de
beaucoup plus incertain. Il faut prévenir les malades qu’un déficit persistant rayons atteints : nos patients ont toujours été très satisfaits du résultat
de 20 à 30o est fréquent lorsque l’on part d’un déficit IPP préopératoire de obtenu, quel que soit le nombre de rayons, lorsque l’atteinte ne portait que
80 à 90o. sur les MP ;
Le type d’atteinte, que ce soit vers la superficie avec la présence de nodules – les moins bons résultats sur les IPP que sur les MP ;
adhérents avec des ombilications ou que ce soit en profondeur, conditionne – le caractère péjoratif de l’atteinte du cinquième doigt lorsque l’IPP
également le type de voie d’abord. Une longue bride longitudinale palpable présente un déficit d’extension.
sous une peau souple et mobile est une excellente indication de voie
longitudinale. La présence de multiples nodules adhérents la rendent plus Enfin, en ce qui concerne les formes du cinquième doigt [61], toutes les
difficile sans geste de remplacement cutané. Une forme palmodigitale publications s’accordent à souligner leur mauvais pronostic, mais la
prédominant sur un rayon avec déficit d’extension MP et IPP et des brides quantification précise des risques de récidive et d’extension reste mal
palmaires se dirigeant vers les autres rayons sous une peau relativement précisée. Tous rayons et tous stades confondus, le taux de récidive varie entre
souple est également une indication de voie longitudinale centrée sur le rayon 41 % et 66 %. Vigroux retrouve 38 % de récidive des stades 4, à 10 ans de
atteint, qui permet par ailleurs d’exciser les prolongements latéraux vers les recul. Pour l’auriculaire, on retrouve de 17,6 % à 20 % de récidive à 5 ans.
autres rayons à la base des doigts. Parmi les différentes formes isolées d’atteinte du dernier doigt, nos résultats
concordent avec ceux de la littérature puisqu’il ressort que les rétractions
isolées au niveau de l’articulation MP sont les plus favorables. Logiquement,
Technique de McCash les formes d’atteinte mixte des articulations MP et IPP sont les plus sévères.
En ce qui concerne la technique de McCash [20, 21, 22, 53, 67], depuis l’article Lorsqu’une récidive survient, nous croyons, comme de nombreux autres
orginal prônant la technique de la paume ouverte en 1964 (et reprenant ainsi auteurs, a l’effet « coupe-feu » de la greffe de peau. Les récidives et les
à son compte le concept thérapeutique déjà énoncé par Dupuytren), de extensions grèvent le pronostic. Les récidives définies comme l’apparition de
nombreux auteurs ont décrit leur expérience de la méthode. Ils analysent en nouvelles lésions dans une zone déjà opérée sont-elles prévisibles ou
particulier les complications postopératoires par rapport aux autres dépendent-elles du traitement chirurgical qui doit être adapté en fonction des
techniques et pour certains analysent leurs résultats à long terme avec des lésions ? Ces récidives sont diversement appréciées dans la littérature, de 20
indications correspondant le plus souvent aux formes affectant plusieurs à 60 %, mais dans ce dernier pourcentage, les auteurs incluent toutes les
rayons. récidives, même celles qui n’entraînent aucun trouble fonctionnel, nodule ou

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Appareil locomoteur MALADIE DE DUPUYTREN 14-068-A-10

petite induration locale [33, 50]. Il faut donc essentiellement se focaliser sur les être plus fréquentes chez les sujets ayant commencé leur maladie dans le jeune
récidives gênantes fonctionnellement et celles-ci restent fréquentes dans les âge, ayant des antécédents familiaux ou des associations lésionnelles.
formes pluridigitales extensives et dans les formes du cinquième rayon.
Le traitement de ces récidives fait appel aux mêmes techniques chirurgicales, •
mais en utilisant, avec une plus grande fréquence, l’excision-greffe cutanée. • •
Cette technique pose cependant de difficiles problèmes : La maladie de Dupuytren, fibrose rétractile de l’aponévrose palmaire
– la dissection, notamment celle des paquets vasculonerveux qui peuvent de la main, est une entité anatomopathologique dont l’étiologie n’a pas
être englobés dans la fibrose contrairement aux cas opérés de première encore été éclaircie.
intention ; Les études histologiques et histochimiques ont établi le rapport de
– la préparation du lit de la greffe et le risque de nécrose par non- l’affection avec l’histogenèse du collagène et avec celle du tissu
incorporation si elle repose directement sur la gaine des tendons fléchisseurs, cicatriciel et un certain nombre de corrélations ont été dégagées par
par exemple. des études cliniques.
Son seul traitement est, pour le moment, chirurgical et celui-ci doit être
Les lambeaux locaux doivent donc être discutés dans ces cas spécifiques. adapté en fonction des cas. Les résultats doivent être explicités en
Les extensions, 15 à 20 % des cas, c’est-à-dire apparition de nouvelles lésions comparant des cas comparables et ce, sur des études prospectives à
dans une zone non opérée jusque-là indemne, semblent dépendre du terrain et long terme.

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