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 21-780-A-10

Anesthésie en chirurgie ophtalmologique


Anesthesia in ophthalmic surgery
P.J. Zetlaoui

L’anesthésie en ophtalmologie est en constante évolution. Si l’anesthésie générale a peu évolué, l’anesthésie
locorégionale classique a été challengée par l’arrivée de l’anesthésie topique pour la chirurgie du segment
antérieur. Mais l’anesthésie en ophtalmologie ne se limite pas à la « topique », et nécessite de maîtriser
Mots-clés : l’anesthésie pédiatrique, l’anesthésie du sujet âgé, les techniques d’anesthésie locorégionale et, peut-être un
Anesthésie en ophtalmologie jour, l’échoguidage. L’anesthésie en ophtalmologie est une activité qui requiert une large palette de techniques
Anesthésie locorégionale et de compétences. Il est nécessaire que l’anesthésiste qui travaille dans un secteur d’ophtalmologie connaisse
Anesthésie péribulbaire l’anatomie et la physiologie oculaires, ainsi que les impératifs de cette chirurgie. Un dialogue permanent entre
Anesthésie sous-ténonienne chirurgien et anesthésiste est tout aussi nécessaire pour le choix de la technique d’anesthésie, l’adaptation des
Anesthésie topique traitements périopératoires et la prise en charge de la douleur postopératoire.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Anesthesia in ophthalmology is constantly evolving. While general anesthesia has only slightly changed,
regional anesthesia has been challenged by the advent of topical anesthesia for anterior segment surgery.
But anesthesia in ophthalmology is not limited to the “topical” anesthesia, and requires control of pediatric
Keywords: anesthesia, anesthesia of the elderly, techniques of regional anesthesia, and perhaps in the future ultrasound
Anesthesia in ophthalmology puncture. Anesthesia in ophthalmology requires to master a wide range of techniques and skills. It is mandatory
Locoregional anesthesia that an anesthesiologist working in an ophthalmology department knows the ocular anatomy and physiology,
Peribulbar anesthesia as well as the imperatives of this surgery. A permanent dialogue between surgeon and anesthesiologist is
Sub-tenonian anesthesia equally necessary for the choice of the anesthesia technique, the adaptation of perioperative treatments and
Topical anesthesia the management of postoperative pain.
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Plan ■ Douleur postopératoire en chirurgie ophtalmologique 11


■ Conclusion 12
■ Anatomie fonctionnelle de l’œil 1
Orbite 1
Système musculotendineux 2
Espace épiscléral de Tenon
Espaces intraorbitaires
2
2
 Anatomie fonctionnelle de l’œil
Appareil lacrymal 2
Conjonctive et paupières 2
Orbite
■ Innervation 3 L’orbite a une forme de pyramide à base antérieure et à sommet
Innervation sensitivomotrice 3 postérieur [1] . Elle est constituée d’un toit, d’un plancher, d’une
Innervation végétative 3 paroi externe et d’une paroi interne (Fig. 1).
Autres nerfs 3 Le bord supérieur est constitué par l’os frontal. À la jonction
■ Physiologie 3 du tiers interne et des deux tiers externes se trouve l’échancrure
Pression intraoculaire 3 supraorbitaire (parfois un ou deux foramens distincts), par où
Réflexes d’origine oculaire 4 transitent les branches supérieures du V1 (nerf frontal et nerf

supratrochléaire) et les vaisseaux satellites.
Période préopératoire 4
Le bord latéral est constitué par l’apophyse latérale de l’os fron-
Consultation d’anesthésie 4
tal en haut, et le bord antérosupérieur de l’os zygomatique en bas.
Examens complémentaires 5
À ce niveau, passent les filets du nerf temporofacial.
■ Anesthésie 5 Le bord inférieur est constitué latéralement par l’os zygo-
Prémédication 5 matique et médialement par l’apophyse pyramidale de l’os
Choix de la technique d’anesthésie 5 maxillaire. Sous la suture réunissant ces deux os, se trouve le
■ Anesthésie générale 6 foramen infraorbitaire traversé par le nerf infraorbitaire (V1). Son
■ Anesthésie locorégionale 7 anesthésie est utile pour la chirurgie des paupières inférieures.
Anesthésie péribulbaire 7 Le bord médial est constitué de l’os maxillaire, de l’os lacrymal
Anesthésie sous-ténonienne (technique de Ripart) 9 et de l’os frontal.
Anesthésie caronculaire 9 Le toit de l’orbite est un triangle à base antérieure. La poulie du
Autres anesthésies locorégionales en ophtalmologie 9 grand oblique accrochée à sa partie antéromédiale, se localise en
Choix de la technique d’anesthésie locorégionale 10 arrière de l’échancrure supratrochléaire.
Choix de l’anesthésique local 10 L’orbite contient cinq espaces de communication :
Échographie en anesthésie locorégionale ophtalmologique 10 • le canal optique par lequel passent le nerf optique (II) et l’artère

ophtalmique ;
Complications de l’anesthésie locorégionale 10
• la fissure orbitaire supérieure, au niveau de l’angle supéromé-
Complications systémiques 10
dial, qui laisse passer les nerfs ophtalmique (V1), oculomoteur
Complications ophtalmologiques 10
(III) et trochléaire (IV) ;
■ Antibiothérapie 11 • la fissure orbitaire inférieure (en continuité avec la fissure
■ Collyres 11 supérieure) par laquelle transitent les nerfs infraorbitaire et
Collyres utilisés en préopératoire 11 zygomatique (V2) ;
Collyres utilisés en peropératoire 11 • le canal infraorbitaire, qui permet le passage du nerf infraorbi-
Autres collyres 11 taire vers le foramen homonyme ;

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 15 > n◦ 2 > juin 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(17)71402-5

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21-780-A-10  Anesthésie en chirurgie ophtalmologique

Figure 1. Vue de face de l’orbite et des espaces de communication avec les principaux nerfs.
A. 1. Os frontal ; 2. petite aile du sphénoïde ; 3. fissure orbitaire supérieure, 4. foramen optique ; 5. grande aile du sphénoïde ; 6. os zygomatique ; 7. fissure
orbitaire inférieure ; 8. échancrure supra-throchléaire ; 9. foramens ethmoïdaux ; 10. os lacrymal ; 11. os palatin ; 12. os ethmoïde ; 13. os maxillaire ; 14.
foramen du nerf infraorbitaire.
B. 1. Nerf lacrymal (Vl) ; 2. nerf frontal (Vl) ; 3. veine ophtalmique supérieure ; 4. nerf trochléaire (Vl) ; 5. muscle droit latéral ; 6. nerf oculomoteur (III) rameau
supérieur ; 7. nerf abducens (VI) ; 8. nerf infraorbitaire (V2) et artère infraorbitaire ; 9. nerf zygomatique ; 10. muscle releveur de la paupière ; 11. muscle
droit supérieur ; 12. muscle oblique supérieur ; 13. nerf optique (III) ; 14. muscle droit médial ; 15. artère ophtalmique ; 16. nerf nasociciliaire (IV) ; 17. nerf
oculomoteur (III) rameau inférieur ; 18. muscle droit inférieur ; 19. veine ophtalmique inférieure.

• le canal lacrymonasal, creusé dans l’os lacrymal, qui permet la Les branches du V1, les nerfs moteur oculaire (III) et abdu-
communication entre l’orbite et le méat inférieur de la fosse cens (VI), la racine sympathique du ganglion ophtalmique et la
nasale. veine ophtalmique moyenne transitent à travers l’anneau de Zinn
pour rejoindre l’espace extracônique. Cet espace principalement
rempli de tissu adipeux cloisonné par des septa est un carrefour
Système musculotendineux stratégique pour l’anesthésie locorégionale.
Les quatre muscles droits, insérés au fond de l’orbite sur
l’anneau de Zinn, s’écartent en éventail pour s’arrimer sur le Appareil lacrymal
globe oculaire. Le muscle grand oblique inséré sur le tendon de
Zinn, se réfléchit sur la poulie du grand oblique pour se diriger Il se compose de la glande lacrymale située dans la région
en bas en arrière et en dehors et s’insérer au pôle postérieur du supéro-latérale antérieure de l’orbite, du sac lacrymal, situé au
bulbe. bord médial de l’orbite, où s’accumule le liquide lacrymal en
Le muscle petit oblique s’insère à la partie antéromédiale du passant par les deux canalicules lacrymaux. Leur obstruction ou
plancher de l’orbite, se dirige en dehors, en arrière et en haut et imperforation peut justifier des interventions chirurgicales, par-
s’insère sur le globe entre les muscles droits inférieur et latéral. ticulièrement chez l’enfant. L’innervation sensitive est issue du
Muscle richement vascularisé, sa blessure est parfois responsable V1 (nerf lacrymal), la sécrétion est sous régulation mixte sympa-
des hématomes rétrobulbaires. thique et parasympathique.

Espace épiscléral de Tenon Conjonctive et paupières


L’espace épiscléral (ou sous-ténonien) de Tenon est une cavité La conjonctive recouvre la face profonde des paupières et la
cotyloïde limitée par deux feuillets. Le feuillet profond, la capsule partie antérieure de la sclère ; elle s’insère autour de la cornée
de Tenon proprement dite, peu épais, engaine le bulbe en recou- au niveau du limbe. Dans l’angle interne, se trouve le repli semi-
vrant la sclère depuis le nerf optique jusqu’au niveau du limbe. lunaire, en médial duquel se localise la caroncule.
Le feuillet superficiel, plus épais, se confond avec les aponévroses Les éléments musculaires de la paupière concernent
des muscles extrinsèques. l’anesthésie :
• le muscle releveur de la paupière prend son origine au fond de
Espaces intraorbitaires l’orbite. Il se porte en avant sous le toit de l’orbite où il est en
rapport avec les muscles droit supérieur et grand oblique, puis
Les quatre muscles droits et le bulbe dessinent un cône, dont au niveau de la paupière, se place dans le plan frontal et va
le sommet au fond de l’orbite est représenté par l’anneau de s’insérer sur la peau et le tarse. Le releveur de la paupière est
Zinn, et dont la base antérieure est formée par le bulbe. Les innervé par une branche du III ;
parois sont constituées par les aponévroses des quatre muscles • le muscle orbiculaire, plat, circulaire situé dans l’épaisseur de la
droits, reliées entre elles par le feuillet superficiel de l’espace paupière, organisé en faisceaux concentriques, permet la ferme-
de Tenon. Le nerf optique et l’artère ophtalmique pénètrent ture de la paupière. Il est innervé par la branche temporofaciale
ensemble dans le cône musculaire, pour en tracer grossière- du nerf facial (VII). Son blocage peut être nécessaire pour éviter
ment l’axe principal. Ainsi, sont constitués dans l’orbite deux les clignements de paupière.
espaces : l’espace intracônique (ou rétrobulbaire) autour du nerf L’innervation sensitive des paupières est assurée par les
optique et l’espace extracônique (ou péribulbaire) entre le cône et branches du V, le nasal externe en dedans, le lacrymal en dehors,
l’orbite. le frontal en haut et l’infraorbitaire en bas.

2 EMC - Ophtalmologie

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 Innervation de l’humeur aqueuse, du volume sanguin choroïdien et du volume


du corps vitré. Ses variations sont fonction du changement de
Innervation sensitivomotrice volume et donc de pression d’un des trois compartiments, mais
aussi de la pression transmurale, qui s’exercerait sur la sclère et
L’innervation de l’œil, des annexes et de l’orbite est sous la sur la cornée. À globe ouvert, la pression du segment antérieur est
dépendance des IIIe , IVe , Ve , VIe et VIIe paires crâniennes. Le nerf égale à la pression atmosphérique.
optique (II) ne participe pas à l’innervation sensitive de l’œil, qui
est essentiellement assurée par le nerf trijumeau. Déterminants de la pression intraoculaire
Le nerf ophtalmique de Willis, V1, issu du nerf trijumeau, passe
Le volume sanguin choroïdien dépend de façon non linéaire
dans l’orbite par la fissure sphénoïdale supérieure, puis se divise
de la pression de perfusion choroïdienne, différence entre la pres-
en trois branches :
sion de l’artère ophtalmique et la pression veineuse centrale. Elle
• le nerf frontal, assurant l’innervation sensitive des téguments
se situe autour de 50 mmHg. La circulation choroïdienne est
du front ;
autorégulée pour une pression de perfusion oculaire entre 80 et
• le nerf lacrymal, à destinée essentiellement cutanée, innerve
130 mmHg. L’acidose respiratoire et l’alcalose métabolique aug-
la glande lacrymale, puis s’anastomose avec une branche du
mentent le volume sanguin choroïdien.
V2 pour assurer l’innervation sensitive de la région palpébrale
Le volume de l’humeur aqueuse, 0,3 ml, est en équilibre entre
latérale ;
sécrétion et résorption. Les agents myotiques favorisent le drai-
• le nerf nasal (ou nasociliaire) pénètre le cône musculaire par
nage et baissent la PIO ; les mydriatiques ont l’effet inverse.
l’anneau de Zinn et se bifurque en branches terminales, les
La sécrétion de l’humeur aqueuse étant sous la dépendance de
nerfs nasal interne et nasal externe (nerf cutané de la pyra-
l’anhydrase carbonique, l’acétazolamide peut l’inhiber et abaisser
mide nasale). Avant cette bifurcation, en arrière du cône, il
la PIO.
abandonne deux branches, la racine longue du ganglion ciliaire
Le corps vitré est un gel aqueux (3 à 4 ml) dont le volume peut
(ex-ophtalmique), et le ou les deux nerfs ciliaires longs, iridodi-
être réduit par l’administration de mannitol (posologie maximale
latateurs qui assurent la sensibilité cornéenne. La racine longue
usuelle de 1 g/kg, soit 5 ml/kg de mannitol à 20 %).
participe à la constitution du ganglion ciliaire. Le ganglion
La compression du globe augmente transitoirement la PIO, qui
ciliaire est constitué par cette racine longue sensitive, par des
revient, en une à deux minutes, à une valeur plus basse que la
fibres issues du nerf moteur oculaire commun, véhiculant avec
valeur de base. Cet effet hypotenseur dure d’autant plus que la
elles des fibres parasympathiques et des fibres sympathiques
compression est prolongée. Elle ne doit pas dépasser 30 mmHg
issues du plexus carotidien. Du ganglion ciliaire émergent plu-
afin de ne pas compromettre la circulation rétinienne. Trop bru-
sieurs rameaux nerveux (cinq à dix), les nerfs ciliaires courts,
tale, la compression peut déclencher un réflexe oculocardiaque
qui pénètrent dans le globe oculaire en couronne autour du
(ROC).
nerf optique.
L’iris reçoit son innervation sensitive des nerfs ciliaires longs et
Effets de l’anesthésie sur la pression intraoculaire
courts. L’innervation motrice provient de rameaux sympathiques
pour le dilatateur et du parasympathique pour le sphincter de Les anesthésiques locaux n’ont pas d’action propre sur la PIO.
l’iris. La choroïde et le corps ciliaire (zone d’insertion du cristallin L’anesthésie péribulbaire entraîne une élévation transitoire de la
à la partie antérieure de la choroïde) ont aussi une innervation sen- PIO, par augmentation de la pression transmurale, d’autant que
sitive provenant des nerfs ciliaires longs. Le muscle ciliaire reçoit le volume injecté est élevé. L’anesthésie locorégionale fait moins
des rameaux moteurs provenant du III intrinsèque. varier la PIO que l’anesthésie générale.
La rétine, le corps vitré et le cristallin ne reçoivent pas Tous les hypnotiques, tous les morphiniques et tous les halogé-
d’innervation sensitive. nés abaissent la PIO ; seule la kétamine l’augmente.
La cornée et la sclère reçoivent une riche innervation sensitive Les curares non dépolarisants, les antagonistes et
provenant des nerfs ciliaires longs et courts. l’antagonisation en elle-même n’ont aucun effet sur la PIO.
L’intubation entraîne une élévation réflexe transitoire de la PIO
(de 12 à 20 mmHg) qui peut être atténuée par l’augmentation des
Innervation végétative doses d’hypnotiques ou les bêtabloquants.
La succinylcholine augmente transitoirement la PIO (+6 à
L’innervation sympathique, provenant essentiellement du
8 mmHg) par deux mécanismes distincts : augmentation de la
plexus carotidien se destine au muscle dilatateur de l’iris.
pression transmurale par la contraction des muscles extrinsèques
L’innervation parasympathique contrôle le sphincter de l’iris.
et augmentation du volume sanguin choroïdien (pendant huit à
Ses fibres suivent celles du III pour atteindre le ganglion ciliaire.
dix minutes).
Le N2 O n’a pas d’effet propre sur la PIO. Mais, en cas d’injection
Autres nerfs de gaz (particulièrement le SF6 ) lors du traitement d’un décolle-
ment de rétine, le N2 O va diffuser dans la bulle gazeuse et en
Le nerf facial par sa branche temporofaciale participe à augmenter le volume, augmentant la pression dans le segment
l’innervation motrice de l’orbiculaire de la paupière. Les nerfs postérieur et compromettant la circulation rétinienne. Par ailleurs,
crâniens III, IV et VI sont responsables de l’oculomotricité extrin- il majore le risque de nausées et vomissements postopératoires
sèque : (NVPO). Il ne doit plus être utilisé en ophtalmologie. Il incombe
• les muscle droit supérieur, droit médial, droit inférieur et à l’opérateur d’informer le patient de l’injection peropératoire de
oblique inférieur sont innervés par le nerf oculomoteur (III) ; gaz et de lui remettre une carte, pour qu’il puisse en informer
• le muscle oblique supérieur est innervé par le nerf trochléaire l’anesthésiste au cours d’une éventuelle intervention future, le
(IV) ; N2 O pouvant être contre-indiqué pendant six mois en fonction de
• le muscle droit latéral est innervé par le moteur oculaire externe la nature du gaz utilisé. Des accidents graves, avec cécité définitive,
(VI). ont été rapportés [2] .
L’hypertension artérielle (HTA) aiguë est responsable d’une élé-
vation de la PIO. En peropératoire, il faut pouvoir contrôler
 Physiologie rapidement une poussée hypertensive par l’injection de nicardi-
pine (bolus intraveineux de 0,5 à 1 mg selon l’âge du patient),
Pression intraoculaire ou d’urapidyl (bolus de 15 à 25 mg). Pour les mêmes raisons,
l’hypercapnie doit être évitée ; le réglage du ventilateur permet
La pression intraoculaire (PIO) est la pression qui règne dans le de contrôler la capnie en fonction de l’ETCO2 .
globe oculaire. Sa valeur normale est de 15 ± 5 mmHg ; elle est La ventilation assistée augmente la PIO en augmentant la
pathologique au-dessus de 25 mmHg. La compliance de la sclère pression veineuse centrale. La curarisation et l’adaptation de la
étant basse, la PIO est la résultante du volume, donc de la pression ventilation en fonction du capnomètre doivent permettre de

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21-780-A-10  Anesthésie en chirurgie ophtalmologique

Tableau 1. Tableau 2.
Facteurs anesthésiques influençant la pression intraoculaire (PIO). Réflexe oculocardiaque : facteurs prédisposants, préventifs et
thérapeutiques.
Facteurs Facteurs diminuant Facteurs sans effet
augmentant la PIO la PIO sur la PIO Facteurs prédisposant au ROC Facteurs préventifs et
thérapeutiques
Gêne au retour Compression du Anesthésiques
veineux globe locaux Âge, enfant Anesthésie locale ou locorégionale
Hypercapnie Clonidine Dropéridol Sexe masculin Kétamine
HTA, surtout Hypnotiques Benzodiazépines per Hypertonie sympathique ou Monitorage cardiovasculaire et
variation brutale Morphiniques os parasympathique ventilatoire
Kétamine, Halogénés N2 O sans injection Hypoxie et/ou hypercapnie Anesthésie profonde
succinylcholine Curarisation de gaz Profondeur d’anesthésie Entretien de l’anesthésie par les
Laryngoscopie, toux Antagonisme des insuffisante halogénés (sévoflurane)
Augmentation de la curares (atropine Morphiniques et particulièrement Traction douce et non prolongée
PVC + prostigmine) le rémifentanil en raison de son sur les muscles extrinsèques
N2 O si injection de effet bradycardisant Atropine (effet préventif
gaz Entretien de l’anesthésie au incomplet et effet thérapeutique)
Pressions de propofol
ventilation élevées Bêtabloquants par voie
Nausées, systémique ou collyre (tout agent
vomissements bradycardisant)
Frissons du réveil Intensité et durée (> 5 secondes)
de la stimulation chirurgicale
HTA : hypertension artérielle ; PVC : pression veineuse centrale.

contrôler les effets de la ventilation assistée. La douleur, la toux, survenue. L’injection préventive d’atropine n’est pas recomman-
le frisson du réveil, les nausées et les vomissements augmentent dée, d’autant qu’elle n’est pas toujours efficace et qu’elle peut
la PIO. Le Tableau 1 regroupe les facteurs influençant la PIO. être responsable de troubles du rythme cardiaque. La prévention
par l’atropine peut être responsable de poussées hypertensives et
d’épisodes de tachycardie infranodale lors de la stimulation du
Réflexes d’origine oculaire ROC. Ces réponses, a priori paradoxales, témoignent de la comple-
xité de cet arc réflexe qui intègre aussi des fibres sympathiques
Le réflexe trigémino-cardiaque (RTC) est un réflexe du tronc dans ses voies efférentes. Les facteurs responsables du ROC, de sa
cérébral récemment défini par le regroupement des réflexes dont prévention et de son traitement sont exposés dans le Tableau 2.
les afférences sont médiées par n’importe quelle branche sensi- En cas de ROC, l’arrêt du stimulus causal est habituellement
tive du nerf trijumeau et dont les efférences sont médiées par suffisant, sinon l’atropine (10 ␮g/kg en intraveineuse directe)
le nerf vague et qui s’expriment par des manifestation viscérales est classiquement efficace. Le ROC est plus sévère et plus dif-
complexes (cardiovasculaire, respiratoire et digestive) [3] . En fonc- ficile à traiter chez les patients bêtabloqués, souffrant d’une
tion du niveau du stimulus (en aval ou en amont du ganglion de pathologie cardiovasculaire évoluée, ou traités par des agents
Gasser), on différencie les formes centrales ou périphériques. Le bradycardisants ou renforçant le tonus parasympathique (véra-
ROC est habituellement une des manifestations périphériques du pamil, ivabradine, etc.). Dans certains cas, des manœuvres de
RTC que l’on rencontre en chirurgie ophtalmologique. Les réflexes réanimation et l’adrénaline sont nécessaires [4] . Le risque d’apnée
oculorespiratoire (ROR), et oculoémétique (ROE) (peut-être simple secondaire au déclenchement d’un ROR, particulièrement au
avatar du ROC) sont aussi à prendre en considération en ophtal- cours de la chirurgie du strabisme et d’autant plus qu’une anes-
mologie. Enfin, le réflexe de plongée (diving reflex) qui, lorsqu’il est thésie locorégionale n’a pas été réalisée, plaide en défaveur de
déclenché, s’exprime par l’association apnée, bradycardie, baisse l’anesthésie générale en ventilation spontanée [5] .
du débit cardiaque, vasoconstriction et élévation de la pression
artérielle, est soit un réflexe indépendant, soit une des compo-
santes du RTC. Il peut être déclenché en ophtalmologie par la
stimulation du territoire cutané du nerf trijumeau par des liquides
 Période préopératoire
d’irrigation froids.
Les stimulations mécaniques de la sphère oculaire, mais aussi
Consultation d’anesthésie
de tout le territoire sensitif du nerf trijumeau, peuvent déclen- Quand « l’option anesthésie » s’impose, l’opérateur dirige le
cher un ROC et un ROR, particulièrement au cours de la chirurgie patient vers la consultation d’anesthésie. Cette dernière assure les
de la rétine, du strabisme (notamment chez l’enfant) et des pau- objectifs habituels d’une consultation d’anesthésie classique, mais
pières. La compression du globe et la traction sur les muscles se focalise sur trois items : détection des patients non éligibles pour
oculomoteurs (principalement le droit médial) sont les causes les l’ambulatoire pour des raisons médicales, gestion des traitements
plus fréquentes. Les traumatismes de l’orbite, en particulier chez préopératoires, choix entre anesthésie locorégionale et anesthésie
l’enfant, sont aussi des causes rapportées de déclenchement de générale.
ces réflexes. Des hématomes rétrobulbaires irritant le ganglion
de Gasser ont aussi été rapportés comme facteur déclenchant. La Détection des patients non éligibles pour
ponction lors d’une anesthésie locorégionale est une cause pos-
sible qui justifie l’installation du monitorage avant la réalisation
l’ambulatoire
du bloc. Des épisodes de ROC ont été rapportés sur des yeux vides Cette étape préopératoire est fondamentale car elle confirme le
ou même des orbites vides. chemin du patient, ambulatoire ou hospitalisation traditionnelle
Le déclenchement du ROC entraîne une bradycardie vagale qui ne concerne plus que quelques patients.
(on parle de ROC à partir d’une baisse de 20 % de la fréquence La chirurgie du cristallin ou de la conjonctive doit être réali-
cardiaque), des pauses sinusales jusqu’à l’asystolie, des troubles sée en ambulatoire, sous réserve d’une autorisation préalable (2
de conduction ou du rythme cardiaque. Des arrêts cardiaques, juillet 2014) [6] . Cependant, de nombreuses autres interventions
exceptionnellement non récupérés, sont rapportés. Le déclenche- peuvent bénéficier de cette prise en charge comme la chirurgie du
ment du ROR par une traction des muscles extrinsèques entraîne glaucome, des canalicules lacrymaux, les décollements de rétine
une arythmie ventilatoire, rarement une apnée. Le ROE est pro- simples, les strabismes de l’adulte, les blépharoplasties.
bablement stimulé par la douleur au niveau de l’œil, ce qui En dehors des rares situations d’urgence, la chirurgie oph-
explique sa fréquence en période postopératoire. L’anesthésie talmique est une chirurgie réglée, pour laquelle il n’est pas
locorégionale permet de réduire de façon très importante leur envisageable de prendre le moindre risque pour le patient. Ainsi,

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Anesthésie en chirurgie ophtalmologique  21-780-A-10

les pathologies chroniques (HTA, angor, diabète) doivent être sta- L’interruption du traitement serait souhaitable une semaine avant
bilisées avant une intervention réglée. une chirurgie du segment antérieur, mais la durée nécessaire de
l’interruption et ses bénéfices ne sont pas clairement déterminés.
Gestion des traitements du patient L’opérateur doit se renseigner sur l’existence d’un tel traitement,
qui n’est suspendu que si cela ne génère pas de risque pour le
Médicaments interagissant avec la coagulation patient.
Il n’est plus impératif d’arrêter les traitements anticoagulants
dans tous les cas, les dernières publications montrant l’absence de
complication malgré le maintien de ces traitements dans la majo- Examens complémentaires
rité des interventions. Cependant, deux réponses différentes sont Les examens préopératoires systématiques n’ont pas d’intérêt
attendues : l’anesthésie locorégionale est réalisable sans risque avant une chirurgie ophtalmologique [17] . Les seules spécificités
de saignement excessif et la chirurgie n’est pas compromise par en ophtalmologie sont le contrôle de l’INR (qui doit être infé-
un saignement anormal. Les recommandations rédigées en 2013 rieur à 2) quand la situation le justifie, et le ionogramme sanguin
conjointement par la Société française d’anesthésie et de réanima- en cas de traitement répété par acétazolamide ou mannitol chez
tion (SFAR) et la Société française d’ophtalmologie (SFO) peuvent les patients à risque (diurétiques, antagonistes des récepteurs de
servir de base de réflexion [7] , tout en sachant que ces recomman- l’angiotensine 2 [ARA2], inhibiteurs de l’enzyme de conversion
dations étaient incomplètes pour les anticoagulants oraux directs [IEC], etc.).
(AOD). Depuis lors, des propositions intégrant les AOD ont été
ajoutées [8] . Indicatives, ces recommandations sont regroupées
dans le Tableau 3, tout en sachant qu’elles sont évolutives et vont  Anesthésie
probablement être modifiées dans quelques années.
Les antagonistes de la vitamine K (AVK) et les antiagrégants Prémédication
ne sont pas associés à une majoration du risque hémorragique
Pour la chirurgie ambulatoire, particulièrement du segment
lié à l’anesthésie locorégionale ou à la chirurgie. Leur arrêt est
antérieur sous anesthésie locorégionale, il n’est pas nécessaire de
clairement en relation avec une augmentation des complications
modifier ou d’interrompre les traitements des patients. Le jeûne
cardiovasculaires postopératoires. Ils ne doivent pas être arrêtés.
préopératoire de six heures pour les solides et de deux heures pour
Dans une étude contrôlée sur 1500 patients opérés de cata-
les liquides est toujours indiqué.
racte, vitrectomies, cerclage, kératoplasties et greffes de membrane
Aucune prémédication pharmacologique n’est habituellement
amniotique, l’incidence des complications hémorragiques (2 ver-
nécessaire, sauf chez le patient très anxieux ; le midazolam, ben-
sus 1,73 %) et leur sévérité est la même chez les patients traités par
zodiazépine d’action très courte en titration, peut constituer une
AVK (n = 750) et ceux sans traitement anticoagulant (n = 750) [9] .
option pertinente. L’Agence nationale de sécurité du médica-
Dans la chirurgie du cristallin [10] ou vitréorétinienne [11] , le
ment et des produits de santé (ANSM) déconseille l’hydoxyzine,
maintien du clopidogrel ou des traitements anticoagulant ou anti-
particulièrement chez les personnes âgées en raison de ses
agrégant n’a été responsable que de complications mineures ne
effets anticholinergiques (troubles de l’accommodation, tachy-
justifiant pas leur arrêt.
cardie, hypotension, sécheresse de bouche, rétention d’urine),
La chirurgie palpébrale et oculoplastique étant souvent une chi-
de ses effets centraux (somnolence, céphalées, confusion, exci-
rurgie esthétique, l’hématome peut être considéré comme une
tation, hallucinations et tremblements), mais surtout du risque
complication. Cependant, dans une série de 1130 interventions
d’allongement de l’espace QT pouvant entraîner des troubles
oculoplastiques où 40 % des patients avaient maintenu leur traite-
paroxystiques du rythme cardiaque à type de torsade de
ment anticoagulant [12] , il n’était pas rapporté de différence dans
pointe [18, 19] . La clonidine per os, 75 à 150 ␮g, a un effet séda-
l’incidence des complications hémorragiques avec les patients qui
tif et anxiolytique, qui s’accompagne d’une baisse de la PIO. Elle
ne recevaient pas de tels traitements.
améliore le contrôle tensionnel des patients hypertendus, parti-
Pour ce qui concerne la chirurgie du glaucome, les proposi-
culièrement si les IEC ou ARA2 ont été suspendus. Elle ne doit pas
tions ne sont pas encore consensuelles (Tableau 3), mais il est
être associée à un ␤-bloquant ou à un autre médicament bradycar-
possible que la poursuite de ces traitements majore l’incidence des
disant. Cependant, sa durée d’action prolongée, ses effets sédatifs
complications [13] . Pour les dacryo-cysto-rhinostomies, il semble
et hypotenseurs doivent en faire réfléchir l’indication en chirur-
nécessaire d’interrompre les traitements anticoagulants. Dans les
gie ambulatoire. Une prémédication orale par gabapentine (300 à
situations où le consensus n’est pas établi, le choix final revient à
600 mg per os) est envisageable, mais expose à des effets sédatifs
l’opérateur, qui doit mettre en balance les risques pour le patient
prolongés non souhaitables en ambulatoire.
de l’arrêt du traitement, et ceux des complications mettant en jeu
Le risque émétique doit être particulièrement prévenu dans les
le pronostic visuel [14, 15] .
situations les plus à risque, comme la chirurgie du strabisme.
Quand ces traitements doivent être arrêtés, les schémas suivants
sont proposés, et selon le risque du patient, une substitution peut Une prophylaxie associant deux antiémétiques est souhaitable. La
être instaurée (Tableau 3) : dexaméthasone (4 à 8 mg) administrée au début de l’intervention
• AVK : arrêt quatre jours avant l’intervention. Le contrôle de est particulièrement indiquée en ambulatoire ; le dropéridol à la
l’international normalized ratio (INR) (< 2) est souhaitable. Relais dose de 0,025 mg/kg est administré à la fin de l’intervention. Les
par héparine de bas poids moléculaire (HBPM) en fonction du sétrons sont utilisables si la prophylaxie est en défaut (ondansé-
score de CHADS 2 ; tron 4 mg).
• HBPM : arrêt 24 heures avant l’intervention ; Enfin, il faut rappeler l’importance de la check-list préopératoire
• la ticlopidine, le prasugrel et le ticagrélor : arrêt au moins cinq dans cette chirurgie où le risque de se tromper de côté est perma-
jours avant l’intervention ; nent, et où l’âge des patients (enfant ou sujet âgé) ne permet pas
• AOD : arrêt de 48 heures suffisant, si la fonction rénale est nor- toujours d’obtenir de leur part une réponse claire [20] .
male. En cas d’altération de la fonction rénale, un arrêt de trois
à cinq jours peut être nécessaire ; Choix de la technique d’anesthésie
• chez les patients sous double traitement antiagrégant au
décours d’un épisode aigu, il convient, hors situation d’urgence, Indications de l’anesthésie locorégionale
d’attendre le passage à un seul antiagrégant. Anatomiquement parlant, toute la chirurgie ophtalmologique
est réalisable sous anesthésie locorégionale. Ainsi, le choix d’une
Autres traitements anesthésie générale est un choix par défaut, sauf en pédiatrie
Les alpha-1-bloquants prescrits pour le traitement de et pour les patients pour lesquels l’anesthésie locorégionale est
l’hypertrophie bénigne de la prostate, particulièrement la impossible ou contre-indiquée.
tamsulosine (mais aussi probablement la miansérine et la La chirurgie du segment antérieur à globe fermé (chirurgie de la
duloxétine), peuvent être responsables du syndrome de l’iris cataracte ou du glaucome, chirurgie réfractive, chirurgie du ptéry-
flasque, qui complique et majore les risques de l’intervention [16] . gion) est l’indication préférentielle de l’anesthésie locorégionale.

EMC - Ophtalmologie 5

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21-780-A-10  Anesthésie en chirurgie ophtalmologique

Tableau 3.
Recommandations conjointes de la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) et de la Société française d’ophtalmologie (SFO) rédigées en
2013 [7] concernant la gestion des traitements anticoagulants en préopératoire.
AVK Aspirine Thiénopéridines et ticagrélor AOD
Cataracte Poursuite du traitement Poursuite du traitement Poursuite du traitement Pas de prise la veille ni le
Kératoplastie Préférer topique jour de l’intervention
Ptérygion sous-ténonienne ou anesthésie
générale
Glaucome Arrêt du traitement et Arrêt souhaitable Arrêt souhaitable si anesthésie Préférer topique
substitution si nécessaire péribulbaire sous-ténonienne ou
Si arrêt impossible : topique anesthésie générale
Reprendre le lendemain
Décollement de la rétine Poursuite du traitement Poursuite du traitement Poursuite du traitement Arrêt souhaitable
simple
Vitrectomie Arrêt souhaitable Arrêt souhaitable Poursuite du traitement
Chirurgie oculoplastique Arrêt souhaitable et Arrêt souhaitable Arrêt nécessaire Arrêt nécessaire 5 jours
substitution si nécessaire avant
Strabisme Arrêt probablement Poursuite du traitement Arrêt souhaitable si anesthésie
nécessaire péribulbaire
INR < 1,5 Si arrêt impossible : anesthésie
générale

AVK : antivitamine K ; AOD : anticoagulants oraux directs ; APB : anesthésie péribulbaire.

La chirurgie du segment postérieur était classiquement une est préférable en raison du contexte psychologique. L’analgésie
indication exclusive d’anesthésie générale, parce que ces inter- locorégionale doit être associée à l’anesthésie générale pour
ventions dépassent souvent 60 à 90 minutes, et sont plus ses avantages : moins de ROC, meilleure analgésie, moins de
douloureuses que celles du segment antérieur. Cependant, les NVPO.
progrès tant chirurgicaux qu’anesthésiques permettent de réali- La kératoplastie transfixiante est habituellement réalisée sous
ser, chez l’adulte, la majorité de ces interventions sous anesthésie anesthésie générale. Cependant, l’anesthésie péribulbaire est pos-
locorégionale. sible et efficace [21] , le choix doit être laissé au patient ou guidé par
Les interventions sur les paupières sont réalisables sous anes- les impératifs médicaux.
thésie locale, locorégionale ou sous anesthésie générale. La chirurgie reconstructrice des voies lacrymales est le plus sou-
L’insuffisance cardiaque, l’angor, les pathologies cérébrovascu- vent réalisée sous anesthésie générale car plus confortable pour
laires, l’asthme, le diabète insulinodépendant ou non, l’allergie le patient (écoulements de liquide de lavage dans la gorge des
sévère, les myopathies, sont des indications d’anesthésie locoré- patients avec nécessité de tousser ou d’avaler ce qui mobilise
gionale. la tête). Cependant, l’anesthésie locorégionale est possible mais
L’anesthésie topique ou sous-ténonienne permettent complexe à réaliser, nécessitant de bloquer le nerf ethmoïdal anté-
l’anesthésie locorégionale chez les patients recevant des rieur et le nerf nasal externe (branche du nerf ophtalmique),
anticoagulants. d’effectuer un tamponnent nasal à la cocaïne et une anesthésie
Le patient monophtalme n’est plus une indication absolue à locale de la paupière.
l’anesthésie générale, il doit bénéficier d’une anesthésie topique Une intervention dont la durée peut dépasser deux heures
ou sous-ténonienne pour le segment antérieur. est préférentiellement réalisée sous anesthésie générale. Mais, si
La forte myopie était une contre-indication à l’anesthésie loco- nécessaire, l’anesthésie locorégionale est possible en cas de contre-
régionale. Supérieure à –6 dioptries, il existe une majoration du indication à l’anesthésie générale. Une installation attentive sur
risque de plaie du globe, en raison de l’augmentation de la lon- une table opératoire confortable est une nécessité. Le patient doit
gueur axiale du globe, de sa déformation ovoïde (staphylome avoir vidé sa vessie avant le début de l’intervention. Si besoin, des
myopique) et la fragilité de la sclère. L’anesthésie générale était la réinjections d’anesthésique local sont réalisées en peropératoire
règle. Ce dogme est dépassé, dans la plupart des cas, les anesthé- par l’opérateur.
sies topique ou sous-ténonienne sont possibles pour le segment
antérieur, et l’anesthésie péribulbaire avec une aiguille courte (ou
même échoguidée) est possible pour le segment postérieur.
 Anesthésie générale
Indications de l’anesthésie générale Elle a peu de particularités en ophtalmologie, en se souvenant
Les indications de l’anesthésie générale se résument en pratique que l’anesthésie doit être profonde et stable quand le globe est
aux contre-indications de l’anesthésie locorégionale : absence ouvert.
de coopération du patient (enfant, toux incontrôlable, agitation L’induction en séquence rapide d’un patient porteur d’une plaie
permanente, maladies neuropsychiatriques, etc.), infection et chi- du globe pose le problème du choix du curare. De nombreuses
rurgie de très longue durée. études rapportent l’absence de complication liée à la succinylcho-
La chirurgie chez l’enfant nécessite l’anesthésie générale. line dans ce contexte. L’utilisation d’un curare non dépolarisant
Cependant, la prévention du ROC et la prise en charge de la comme le rocuronium ne peut être conseillée qu’après avoir
douleur postopératoire, particulièrement pour la chirurgie du affirmé l’absence de difficulté prévisible d’intubation [22] .
strabisme, justifient une anesthésie locorégionale, soit péribul- Les dispositifs supraglottiques, alternative à l’intubation tra-
® ®
baire réalisée par l’anesthésiste, soit sous-ténonienne réalisée par chéale (LMA , Igel ), sont utilisables. L’accès à la tête étant
l’opérateur, dès le début de l’intervention. Elle permet aussi impossible en peropératoire, il est fondamental que le dispo-
de diminuer les besoins per- et postopératoires en antalgiques sitif soit parfaitement inséré et contrôlé avant le début de
(morphiniques et autres) et minore l’incidence des nausées et l’intervention et que l’anesthésie soit assez stable et profonde pour
des vomissements en postopératoire. Elle facilite la prise en éviter les déplacements secondaires. Il faut aussi veiller à ce que
charge ambulatoire de cette chirurgie fréquente. Chez l’adulte, l’opérateur ne s’appuie pas dessus. Chez l’enfant, des actes simples
l’anesthésie locorégionale exclusive est possible. et rapides comme la mesure de la PIO ou les injections intravi-
Les énucléations et éviscérations sont techniquement réali- tréennes nécessitent parfois une anesthésie générale, qui peut tirer
sables sous anesthésie locorégionale, mais l’anesthésie générale avantages de ces alternatives à l’intubation trachéale [23] .

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Anesthésie en chirurgie ophtalmologique  21-780-A-10

Figure 2.
A. Vue latérale de l’orbite droite. Trajet de l’aiguille lors des anesthésies périoculaires. Pour l’anesthésie rétrobulbaire et la ponction temporale inférieure de
l’anesthésie péribulbaire, la direction initiale de l’aiguille est sensiblement identique. Pour l’anesthésie rétrobulbaire, lorsque l’aiguille a dépassé l’équateur, sa
direction est en dedans et vers le haut (c) ; tandis que pour l’anesthésie péribulbaire, sa direction reste plus parallèle à la paroi inférieure de l’orbite (b). Pour
la ponction nasale supérieure, l’aiguille fait initialement un angle d’environ 20◦ avec le rebord supérieur de l’orbite, puis devient parallèle à la paroi supérieure
de l’orbite (a). 1. Espace extraconique péribulbaire ; 2. espace intraconique rétrobulbaire.
B. Vue supérieure des orbites. La direction de l’aiguille est visualisée pour l’anesthésie rétrobulbaire (c) et pour les injections temporale inférieure (b) et nasale
supérieure (a) de l’anesthésie péribulbaire.

Dans les chirurgies à risque de NVPO, le propofol peut être lam permettent une ponction indolore et améliorent le confort
recommandé comme agent d’entretien. L’anesthésie intravei- du patient. Cependant, chez le sujet âgé, le risque de sédation trop
neuse à base de rémifentanil et de propofol est une alternative à importante, de dépression respiratoire ou même d’agitation para-
l’anesthésie inhalatoire en raison d’une récupération plus rapide, doxale sont à mettre en balance avec ces avantages théoriques.
et d’une incidence moindre de NVPO [24] .
La période peropératoire est classique, mais quelques points
justifient une attention particulière. L’intubation avec une sonde Anesthésie péribulbaire
préformée orale présente l’avantage de minorer les risques de coû- L’anesthésie péribulbaire (ou extracônique) est un bloc de
dure par l’opérateur. Il existe des risques de bradycardie liés à diffusion, l’anesthésique local déposé en dehors du cône
l’activation du ROC, en peropératoire lors de la compression du musculo-aponévrotique diffuse et bloque les structures nerveuses
globe ou de la traction sur les muscles extrinsèques (mais aussi intracôniques. Techniquement, toute la chirurgie ophtalmo-
lors de la ponction d’une anesthésie locorégionale). Si nécessaire, logique (segment antérieur et postérieur, strabisme et plastie
l’atropine est injectée à sa posologie habituelle de 0,10 ␮g/kg. palpébrale) est réalisable sous anesthésie péribulbaire. Les seules
Le choix du myorelaxant ne pose pas de problème. La levée de limites sont la durée de l’intervention (deux heures, en raison de
la curarisation est plus précoce au niveau des muscles extrin- l’inconfort de la position et de l’immobilité nécessaire de la tête),
sèques de l’œil qu’au niveau de l’adducteur du pouce, les muscles le jeune âge ou l’impossibilité pour le patient de coopérer et de
extrinsèques de l’œil étant plus résistants à la curarisation. Si rester calme.
une immobilité du globe est requise au cours d’une intervention
ophtalmologique, un monitorage attentif de la curarisation est Technique classique de Davis et Mandel
nécessaire.
Le patient est installé confortablement en décubitus dorsal, tête
dans l’axe, regard au zénith. L’apport d’oxygène par diffusion sous
les champs est suffisant. La tête est légèrement surélevée puis
 Anesthésie locorégionale immobilisée sur la table à l’aide de bandes adhésives.
Après avoir vérifié le côté à opérer, une désinfection soigneuse
Chez l’adulte, l’anesthésie locorégionale est la technique en deux temps des paupières et des sourcils avec un antiseptique
d’anesthésie de base en raison d’une efficacité quasi constante, non irritant est réalisée. Une anesthésie topique par des gouttes
de la faible incidence des épisodes de ROC, et de ses avantages d’oxybuprocaïne est possible, mais inutile lors des ponctions per-
pour l’ambulatoire [25] . De plus, l’analgésie postopératoire est de cutanées.
meilleure qualité, et l’incidence des NVPO est presque nulle. Avant les ponctions, on demande au patient de mobiliser l’œil à
Enfin, le coût de l’anesthésie locorégionale est considérablement opérer dans les quatre directions. La technique classique comporte
réduit en comparaison avec celui de l’anesthésie générale. Plu- deux injections :
sieurs techniques d’anesthésie locorégionale sont utilisables en • ponction inféro-temporale (à l’union tiers moyen-tiers externe
ophtalmologie (Fig. 1, 2). Par analogie avec l’anesthésie péri- du rebord orbitaire inférieur) (Fig. 2 à 4A). L’index de la main
médullaire, on peut considérer que l’anesthésie péribulbaire est libre est placé doucement entre l’orbite et le globe, pour le
l’équivalent d’une anesthésie péridurale, que l’anesthésie sous- déplacer vers le haut. Le point de ponction est situé dans la
ténonienne correspond à une anesthésie sous-durale et que dépression cutanée ainsi créée, latéralement à l’index. L’aiguille
l’anesthésie rétrobulbaire ressemble à une rachianesthésie. Enfin, est introduite par voie transcutanée perpendiculairement à
l’ancienne technique combinée d’Hamilton évoque une périra- la paupière puis redirigée légèrement en dedans et en haut
chianesthésie. pour éviter le contact osseux. La profondeur optimale pour
La sédation peut améliorer les conditions de réalisation de l’injection est de 25 mm. Quand l’aiguille est en place, on
l’anesthésie locorégionale et son vécu par le patient. Le propo- demande au patient de mobiliser son œil en dedans et en
fol à la dose de 0,3 mg/kg est utilisable avant la ponction lors dehors ; il ne faut pas mobiliser le globe dans le plan verti-
d’une anesthésie locorégionale car il a un effet bref et permet cal, ce qui risquerait de rapprocher le nerf optique du biseau de
une ponction indolore. Le sufentanil (5 à 10 ␮g) ou le midazo- l’aiguille. Les mouvements ne doivent pas mobiliser l’aiguille.

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21-780-A-10  Anesthésie en chirurgie ophtalmologique

Si l’aiguille est mobilisée de façon synchrone aux mouvements avec un angle de 15 à 20◦ vers le haut. Après avoir demandé
du globe, cela signifie que l’aiguille a pénétré dans le cône ; au patient de mobiliser son œil (cf. supra), l’injection lente
elle doit être repositionnée. Puis, 5 à 8 ml d’anesthésique de 3 à 5 ml d’anesthésique local est réalisée à une profondeur
local sont injectés lentement pour éviter la douleur secon- maximale de 25 mm. Au cours des deux injections, les tests
daire à l’augmentation de la pression intraorbitaire. Au cours d’aspiration sont répétés.
de l’injection, il se produit une protrusion du globe et une par- Une compression manuelle douce ou avec un ballonnet de
tie de la solution peut diffuser vers la paupière supérieure ou Honan (limite supérieure de compression : 25 à 30 mmHg) pen-
décoller la conjonctive, ce qui ne pose aucun problème ; dant dix minutes au maximum (risque d’ischémie rétinienne)
• ponction supéro-nasale (à l’union des tiers interne et moyen du permettrait d’améliorer la qualité du bloc. Cette compression n’est
rebord orbitaire supérieur). Classiquement, cette injection est pas impérative et ne doit pas être réalisée en cas de plaie du globe,
réalisée en regard de l’encoche supraorbitaire. C’est une erreur de glaucome aigu ou de reprise opératoire pour lâchage de suture.
car il existe un risque de traumatisme de la poulie du grand L’akinésie est évaluée cinq minutes après les injections. Elle
oblique, le point de ponction doit être plus médial. Comme prend en compte cinq muscles, les quatre muscles droits et le rele-
précédemment, l’index de la main qui ne tient pas l’aiguille veur de la paupière. Chaque muscle est coté à 2 si le mouvement
se place doucement entre l’orbite et le globe pour le repousser est normal, à 1 s’il est partiellement bloqué, à 0 s’il est totalement
légèrement vers le bas. La ponction transpalpébrale est réalisée bloqué. Un score supérieur à 1 n’est pas compatible avec la chi-
rurgie. S’il existe une franche asymétrie, on réinjecte d’emblée 2
à 3 ml dans le quadrant correspondant au(x) muscle(s) non blo-
1 qué(s). La compression douce est reprise pendant cinq minutes.
Il est rare à ce moment que le bloc ne soit pas complet ; dans
cette éventualité, une injection de complément (2 à 3 ml) peut
Latéral 7 être utile.
Cette séquence de cinq à dix minutes est valable avec la mépi-
vacaïne ou la lidocaïne. Elle peut être remplacée par une séquence
de 10 à 15 minutes avec la ropivacaïne ou la lévobupivacaïne, qui
2 4 sont recommandées pour des interventions dont la durée dépasse
60 minutes et/ou qui sont douloureuses en postopératoires.
Il n’y a pas de corrélation stricte entre bloc moteur et bloc sen-
8 sitif. Si le bloc moteur est complet, il y a toujours un bloc sensitif
chirurgical. Mais un bloc sensitif chirurgical peut accompagner
3 un bloc moteur insuffisant pour la réalisation de l’intervention,
un complément est alors nécessaire.

9 Injection unique
L’injection unique dans le quadrant inféro-latéral est possible.
Un volume plus important (8 à 10 ml) permet la diffusion de
4 Médial la solution anesthésique vers le quadrant supéromédial. Comme
précédemment, en cas d’asymétrie ou de bloc insuffisant, un
5 complément (3 à 5 ml), habituellement dans le quadrant supéro-
6
10 médial est suffisant. L’injection unique doit être privilégiée quand
Figure 3. Vue frontale de la ponction sous-ténonienne. 1. Muscle droit l’akinésie totale n’est pas indispensable, pour des interventions
supérieur (projection) ; 2. limite du globe ; 3 ; muscle droit latéral (pro- courtes ou chez le sujet myope.
jection) ; 4. point de ponction supéromédial ; 5. espace péribulbaire
(extraconique) ; 6. muscle droit inférieur (projection) ; 7. limite de l’orbite ; Variante personnelle de l’auteur
8. muscle droit médial (projection) ; 9. point de ponction caronculaire ; La ponction est réalisée par voie transpalpébrale, avec une
10. repli semi-lunaire. aiguille de type intradermique (25 G, 13 mm, embase orange), en

A B
Figure 4.
A. Diffusion de l’anesthésique local dans l’espace péribulbaire (extraconique). 1. Globe oculaire, aiguille (flèche) et injection péribulbaire (tête de flèche).
B. Diffusion de l’anesthésique local dans l’espace sous-ténonien et le long du nerf optique. 1. Globe oculaire, gaine du nerf optique (flèche) et injection
sous-ténonienne (tête de flèche).

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Anesthésie en chirurgie ophtalmologique  21-780-A-10

A B C
Figure 5. Anesthésie sous-ténonienne (technique de Ripart) (clichés de J. Ripart [26] ).

A. Introduction de l’aiguille entre le repli semi-lunaire et la conjonctive bulbaire.


B. L’aiguille est enfoncée en arrière et entraîne l’axe du globe oculaire en dedans.
C. À une profondeur d’environ 15 mm, le globe oculaire se réaxe.

position médiale dans le secteur 2 à 3 h (médiale à l’échancrure si un volume élevé est injecté (10 ml ou plus) dans le but d’obtenir
supraorbitaire et donc à la poulie du grand oblique en céphalique, une akinésie parfaite.
et à distance du muscle droit médial en dedans). Elle corres- L’injection sous-ténonienne peut être réalisée par l’opérateur,
pond à une injection caronculaire à paupière fermée. L’aiguille soit comme technique d’anesthésie unique, soit en complément
est introduite sur toute sa longueur. On injecte 5 ± 1 ml. Le d’un bloc insuffisant en qualité ou en durée. Dans la majorité
volume est déterminé par la sensation de mise en tension de des cas d’anesthésie générale, et systématiquement chez l’enfant
l’orbite, une légère exophtalmie est habituelle. Cette première opéré d’un strabisme, on réalise dès le début de l’intervention
injection entraîne un déplacement caudal du globe dans l’orbite. une analgésie sous-ténonienne avec un agent de longue durée
Une compression par ballonnet de Honan gonflé au maximum d’action en visant deux objectifs différents que sont la réduction
à 30 mmHg est assurée pendant 5 à 6 minutes. Le ballonnet est de l’incidence du ROC et le contrôle de la douleur et des NVPO.
retiré et l’on demande au patient d’ouvrir les paupières, ce qui
est généralement impossible dès ce moment avec la mépivacaïne,
car le releveur de la paupière est habituellement déjà bloqué. S’il Anesthésie caronculaire
n’est pas déjà bloqué ou si le patient peut mobiliser son globe
à la demande, il est probable qu’une deuxième injection sera Le point de ponction est situé sur la ligne médiane de la
nécessaire. Dans ce cas, elle est réalisée dans le quadrant inféro- caroncule, au ras du canthus médial, au bord médial de la fente
latéral. Elle est peu gênée par le déplacement caudal du globe. palpébrale, les paupières sont ouvertes (Fig. 3). L’aiguille 27 G,
Si la première ponction était inféro-latérale, l’espace déjà limité 25 mm, le biseau vers la paroi nasale, est introduite avec un angle
dans la région supéromédiale se trouverait encore plus restreint. de 5 à 10◦ par rapport à la paroi orbitaire interne, dont elle ne
Pour cette deuxième injection, 5 ml au maximum sont néces- s’éloigne pas pour ne pas léser le muscle droit médial. La pro-
saires. Comme précédemment, pour chaque ponction, la pulpe gression est arrêtée quand la jonction embase-aiguille atteint le
d’un doigt doucement introduite au bord de l’orbite repousse le plan de l’iris. L’injection de 4 ml à 20 mm de profondeur entraîne
globe oculaire pour l’éloigner du point de ponction. l’akinésie des trois muscles droits supérieur, médial et inférieur,
de l’orbiculaire des paupières et du grand oblique. La compres-
sion du globe pendant dix minutes est habituelle. Les muscles
Anesthésie sous-ténonienne droit latéral et petit oblique sont inconstamment bloqués, ce qui
peut nécessiter un complément dans le quadrant inféro-latéral.
(technique de Ripart)
Il existe plusieurs façons d’aborder l’espace épiscléral de Tenon.
La technique non chirurgicale de Ripart est du domaine de Autres anesthésies locorégionales
l’anesthésiste [26] . Après anesthésie locale du plan conjonctivo- en ophtalmologie
cornéen par instillation d’oxybuprocaïne, l’aiguille (35 mm, 25 G,
pointe mousse) dont le biseau est orienté vers le globe est intro- Anesthésie rétrobulbaire
duite en arrière au niveau de la caroncule lacrymale entre le repli Le principe de l’anesthésie rétrobulbaire est d’injecter un
semi-lunaire et la conjonctive bulbaire. Après avoir agrippé la faible volume de 3 à 5 ml d’anesthésique local dans l’espace
conjonctive, l’aiguille est réorientée en direction médiale et sa pro- intracônique (Fig. 2). La ponction est réalisée à 7 h par voie trans-
gression est reprise, ce qui fait tourner le globe sur lui-même en palbébrale. Après la ponction cutanée, l’aiguille est dirigée à 45◦
direction médiale. À une profondeur de 15 mm au maximum, une en céphalique et médiale ; la profondeur maximale est de 30 mm.
légère résistance est perçue. Son franchissement entraîne alors un Lors de la ponction, l’œil regarde en position neutre ou caudale,
déplacement latéral du globe qui revient en position neutre, le pour ne pas rapprocher le nerf optique de l’aiguille. Le noyau
biseau de l’aiguille est en place dans l’espace épiscléral de Tenon. caudal IV n’est que rarement bloqué. Le muscle orbiculaire des
Après un léger mouvement de l’aiguille qui ne doit pas mobili- paupières n’est pas bloqué. Un bloc spécifique des branches du
ser le globe et un test d’aspiration négatif, l’anesthésique local est nerf facial est nécessaire si l’akinésie palpébrale est nécessaire.
injecté lentement (Fig. 4B, 5). En fonction des besoins, le volume À partir de l’angle inféro-latéral de l’orbite, une infiltration en
injecté peut varier de 5 ml (anesthésie simple) à 10 ml (anesthé- éventail de lidocaïne (10 mg/ml) est suffisante.
sie + akinésie). L’injection de 10 ml entraîne habituellement une
protrusion antérieure du globe oculaire, un gonflement de la pau-
pière supérieure qui se ferme et un chémosis qui signe l’injection
Autres techniques
épisclérale. Les deux autres techniques évoquées ci-dessous ne sont pas
Un des avantages majeurs de cette technique est qu’elle peut décrites car elles sont réalisées par l’opérateur et ne sont pas du
être réalisée sans risque chez des patients traités par AVK, aspirine domaine de l’anesthésiste-réanimateur.
ou thiénopéridine [27] , pour la chirurgie de cataracte. Cependant, L’anesthésie intracamérulaire consiste en une injection de
dans le cadre de vitrectomie, elle peut être responsable d’un ché- l’anesthésie locale dans la chambre antérieure de l’œil après anes-
mosis important, parfois hémorragique, gênant pour l’opérateur thésie locale du plan cornéo-conjonctival.

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21-780-A-10  Anesthésie en chirurgie ophtalmologique

Enfin, l’anesthésie topique permet une anesthésie locale de échographes utilisés en anesthésie ne sont pas préréglés pour
contact par instillation répétée de collyres à base d’anesthésique l’ophtalmologie. L’utilisation de l’échoguidage impose de prendre
local. en compte le problème de l’énergie thermique et mécanique déga-
®
Il faut rappeler que la crème EMLA ou les mélanges équivalents gée par les échographes, potentiellement dangereuse pour des
sont contre-indiqués en ophtalmologie en raison de leur toxicité tissus vulnérables de l’œil. Des recommandations émises par la
locale. Certains praticiens en utilisent quand même pour la chi- Food and Drug Administration (FDA) pour minorer ces risques
rurgie palpébrale. Il est impératif de contrôler que ces crèmes ne visent à limiter à moins de 1,5 ◦ C l’élévation thermique des tis-
pénètrent pas dans la fente palpébrale. sus explorés [33] . La puissance acoustique doit être réduite pour un
index mécanique inférieur à 0,23 (1,9 pour un bloc périphérique)
et l’index thermique doit rester inférieur à 1. Il est aussi important
Choix de la technique d’anesthésie de réduire autant que possible la durée de l’échographie [31] .
locorégionale
Il y a peu de différence entre anesthésie sous-ténonienne et
anesthésie topique pour la chirurgie de la cataracte [28] , et que
 Complications de l’anesthésie
l’on peut donc choisir l’une ou l’autre des techniques en fonction locorégionale
des habitudes locales ou du patient, en se rappelant que ces deux
techniques imposent un certain degré d’inconfort pour le patient. Elles sont rares mais parfois graves et peuvent être répar-
Si certaines études évoquent une supériorité de l’anesthésie ties en deux catégories : les complications systémiques et les
rétrobulbaire sur la péribulbaire, une méta-analyse [29] montre peu complications ophtalmologiques, généralement secondaires à la
de différence entre ces deux techniques en termes d’efficacité ou ponction [34] . L’incidence des complications variant entre 0,015 à
de complication. Ainsi, à partir de ce constat d’équivalence, on 0,12 % [35] selon les études.
peut considérer que l’anesthésie rétrobulbaire, en raison de ses
risques intrinsèques supérieurs à ceux de ses alternatives (sous- Complications systémiques
ténonienne, caronculaire ou péribulbaire selon les besoins), n’a
plus beaucoup d’indication, sauf exceptions. Pour les mêmes rai- L’exceptionnelle extension de l’anesthésie au système nerveux
sons, la technique combinée d’Hamilton qui associe anesthésies central, par diffusion le long du nerf optique, réalise une rachi-
rétrobulbaire et péribulbaire, n’a pratiquement plus d’indication. anesthésie « très haute ». La fréquence de cette complication est
estimée à 0,8 % après anesthésie rétrobulbaire et justifie que cette
technique soit réalisée par des médecins expérimentés, dans un
Choix de l’anesthésique local environnement humain et matériel adapté à la prise en charge
Tous les anesthésiques locaux sont utilisables, sauf la bupi- immédiate de cet accident.
vacaïne (5 mg/ml) en raison de sa myotoxicité. Pour des Les convulsions survenant au cours de l’intervention après une
interventions dont la durée ne dépasse pas une heure, la mépi- anesthésie rétrobulbaire ou péribulbaire sont attribuées à une
vacaïne (20 mg/ml) est parfaitement adaptée. Le bloc moteur est injection intravasculaire directe, probablement intra-artérielle.
rapide et intense, son pH presque neutre rend l’injection moins Elles sont classiquement prévenues par des tests d’aspiration et
douloureuse qu’avec la lidocaïne (20 mg/ml) qui reste une alter- une injection fractionnée du volume total. L’intoxication aiguë
native possible, et réduit les risques inhérents aux mélanges de aux anesthésiques locaux par injection intraveineuse est plus
solution par rapport à l’association lidocaïne-bupivacaïne [20] . théorique que réelle en ophtalmologie.
Pour les interventions de plus longue durée, la ropivacaïne
(7,5 mg/ml) ou la lévobupivacaïne (5 mg/ml) sont adaptées. Complications ophtalmologiques
Les solutions adrénalinées ne sont pas recommandées. La pro-
longation du bloc dans un but d’analgésie postopératoire peut Perforations et ponction intraoculaires
justifier l’adjonction de clonidine (50 ␮g) ou de dexmédétomidine L’incidence de cette complication varie selon les études de 0,008
(20 ␮g). à 0,1 %. Elle est secondaire soit à une mauvaise orientation de
L’adjonction de hyaluronidase pour favoriser la diffusion du l’aiguille, soit à une méconnaissance de l’anatomie du patient.
bloc n’est plus possible en raison du retrait de cette molécule Les facteurs de risque sont la myopie importante qui allonge
d’extraction animale. (biométrie supérieure à 30 mm) et déforme le globe oculaire (sta-
phylome) et qui multiplie par 30 le risque de ponction du globe
au cours d’une anesthésie péribulbaire. Chez le sujet très myope, il
Échographie en anesthésie locorégionale est très important que l’anesthésiste se renseigne sur la longueur
ophtalmologique axiale du globe. Si la péribulbaire est contre-indiquée, les anes-
thésies topique ou sous-ténonienne doivent être préférées pour le
Dès 1995, l’échographie en temps réel de l’anesthésie rétrobul-
segment antérieur. Après une anesthésie péribulbaire, il faut tou-
baire montrait que, dans les tous les cas de ponction à l’aveugle,
jours immédiatement rechercher la persistance de la perception
le biseau de l’aguille était trop proche du globe ou du nerf
visuelle. Une disparition immédiate évoque une injection intra-
optique. Quelques années plus tard, Luyet et al. montraient que
cônique et justifie d’effectuer un examen clinique immédiat et
l’échoguidage permettait de sécuriser l’injection rétrobulbaire en
une surveillance adaptée. La ponction du globe peut entraîner
visualisant l’injection à distance des structures à risque [30] .
une déchirure rétinienne, une hémorragie du vitré ou un décol-
L’intérêt de l’échographie pour l’anesthésie péribulbaire est de
lement de rétine. Les anesthésiques locaux ne sont pas toxiques
visualiser l’anatomie de l’œil, avant la ponction, en particulier
pour la rétine. Une antibiothérapie pourrait être nécessaire en cas :
l’existence d’un staphylome myopique, de monter la position
• de traumatisme du nerf optique et d’ischémie rétinienne, au
réelle de l’aiguille et, enfin, de visualiser au cours et au décours
décours d’une anesthésie rétrobulbaire, avec un risque de cécité
de l’injection la diffusion de la solution injectée, que le site soit
définitive. L’utilisation d’aiguilles trop longues (> 30 mm)
péribulbaire ou rétrobulbaire, et de le corriger si nécessaire [31, 32] .
majore ce risque [36] ;
Dans une étude sur 100 anesthésies péribulbaires (volume moyen
• d’hémorragie ou d’hématome orbitaire secondaire à une
injecté 9 ± 1 ml), il a été montré que 25 % des injections
blessure vasculaire. Il est plus fréquent après anesthésie
étaient intramusculaires, et qu’elles s’accompagnaient d’une dif-
rétrobulbaire. Volumineux, il peut entraîner le report de
fusion intracônique dans 90 % des cas avec un bloc de parfaite
l’intervention ; compressif, il peut justifier d’une évacuation
qualité. Dans un cas, l’aiguille était intracônique. L’injection péri-
chirurgicale. Il peut être le facteur déclenchant d’un ROC.
bulbaire distend l’espace extracônique. La diffusion en T signerait
l’injection épisclérale, bien que cette image puisse être retrouvée
après des injections extracôniques.
Occlusion vasculaire rétinienne
En pratique, un échographe classique permet de réaliser ces Le traumatisme de l’artère centrale de la rétine ou du nerf
blocs, une sonde microconvexe est souhaitable. Cependant, les optique lors de la ponction en sont les causes les plus fréquentes.

10 EMC - Ophtalmologie

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Anesthésie en chirurgie ophtalmologique  21-780-A-10

Cette complication est dramatique car souvent diagnostiquée avec Collyres utilisés en préopératoire
retard, ce qui rend son traitement aléatoire. Quelques cas tran-
sitoires sont rapportés. L’adjonction d’adrénaline est une autre Bêtabloquants
cause possible, qui justifie son abandon définitif. Ils sont utilisés dans le traitement du glaucome. S’ils doivent
toujours être poursuivis en préopératoire, ils peuvent exprimer
Lésions musculaires leurs effets systémiques en périopératoire. Ils doivent être pris en
Elles relèvent de deux mécanismes différents : traumatismes par compte dans les potentielles interactions avec des agents brady-
l’aiguille ou myotoxicité des anesthésiques locaux. cardisants ou hypotenseurs.
Le traumatisme d’un muscle oculomoteur, soit par trauma- L’iodure d’échothiophate est prescrit essentiellement dans cer-
tisme direct par l’aiguille, soit par hématome intramusculaire, est tains cas de glaucome, mais aussi parfois dans le strabisme
une complication rare. La mobilisation volontaire de l’œil avant de l’enfant. Ce médicament est un inhibiteur irréversible des
l’injection permettrait d’éviter l’injection dans les muscles oculo- cholinestérases plasmatiques. L’utilisation de succinylcholine est
moteurs et releveur de la paupière. strictement contre-indiquée. Un arrêt minimum de 15 jours est
L’atteinte de la poulie du grand oblique est une complication requis avant un retour à une activité cholinestérasique normale.
qui doit disparaître. Elle est secondaire à une ponction supéro-
médiale qui prend pour repère l’échancrure supratrochléaire, en
regard de laquelle se trouve cette poulie de réflexion du grand Collyres utilisés en peropératoire
oblique. Ce repère classique de ponction est un mauvais repère ; Anesthésiques locaux
le point de ponction doit être plus médial.
Le ptosis ou la diplopie postopératoire sont spécifiques de Leur inconvénient majeur est leur cytotoxicité (rapidement
l’anesthésie locorégionale en ophtalmologie. Tous les anesthé- réversible) sur l’épithélium cornéen. Certains sujets, les dia-
siques locaux sont potentiellement myotoxiques. L’anesthésie en bétiques et syndrome sec, ont un épithélium plus sensible.
ophtalmologie est une situation particulière où des muscles sont L’oxybuprocaïne (le plus employé) permet une anesthésie de
intégralement baignés dans l’anesthésique local. Il faut éviter surface en une minute. Utilisé en préopératoire pour les exa-
l’utilisation d’anesthésiques locaux de longue durée d’action sous mens tonométriques, il permet de faire l’asepsie de l’œil avant
forme concentrée, et particulièrement la bupivacaïne à 5 mg/ml, l’anesthésie locorégionale.
qui semble être la plus myotoxique. Il est possible que l’incidence La tétracaïne à 1 % est d’utilisation plus restreinte.
de cette complication ait augmentée après le retrait de la hyalu-
ronidase [37] . Parasympathicolytiques
Le tropicamide permet d’obtenir une mydriase en 15 minutes ;
Complications diverses la paralysie complète de l’accommodation s’obtient après quatre
Les lésions cornéennes par défaut d’occlusion palpébrale pen- instillations et se maintient pendant une à deux heures.
dant la compression sont prévenues par une occlusion correcte Chez le vieillard et l’enfant, il peut entraîner des troubles du
des paupières et par l’utilisation de compresses non tissées. comportement, une sécheresse de la bouche, une céphalée, des
Les hématomes ou ecchymoses palpébrales sont secondaires à extrasystoles.
la blessure d’un petit vaisseau ; inesthétique, elles guérissent sans
complication. Sympathicomimétiques
La phényléphrine (5 % chez l’enfant, 10 % chez l’adulte) est un
 Antibiothérapie mydriatique puissant et un vasoconstricteur des vaisseaux de la
conjonctive. Il ne faut pas dépasser deux instillations, en raison
L’antibioprophylaxie n’est pas systématique et n’est justifiée des effets systémiques potentiellement sévères : céphalées, trem-
que dans les chirurgies à risque d’endophtalmie. La diffusion des blements, pâleur, mais aussi poussées hypertensives et troubles du
antibiotiques dans l’œil est faible et seules quelques molécules rythme cardiaque ; des ischémies myocardiques et des œdèmes
peuvent y atteindre des concentrations bactéricides. Dans la chi- pulmonaires aigus ont été rapportés. Chez l’enfant, l’incidence
rurgie du segment antérieur, l’injection intracamérulaire de 1 mg des complications cardiovasculaires liées à la phényléphrine est
de céfuroxime dilué dans 0,1 ml est appropriée, mais l’absence estimée à 2 % des utilisations [39] . Comme pour tous les collyres,
de préparation adaptée impose une reconstitution difficile au mais particulièrement pour la phényléphrine, il est très important
bloc opératoire. Les fluoroquinolones sont le meilleur compromis, de ne pas dépasser les doses prescrites.
mais leur usage abusif doit être évité. La lévofloxacine (comprimé à
500 mg, 12 heures avant et juste deux heures avant l’intervention) Autres collyres
est recommandée.
Les plaies du globe et les endophtalmies justifient le plus sou- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont un effet
vent d’une bithérapie pendant au moins cinq jours. Elle repose sur antalgique sur la cornée, mais augmentent la pression oculaire
la lévofloxacine associée à la fosfomycine (intraveineuse, 4 g/6 h) et peuvent entraîner une réaction allergique si la préparation
ou à la pipérilline (intraveineuse, 4 g/8 h). contient du bisulfite.
La pilocarpine entraîne un myosis, une augmentation de la
sécrétion lacrymale, et parfois des céphalées.
 Collyres
Après instillation d’une goutte de collyre (volume moyen 30
à 40 nl), moins de 10 % du principe actif est résorbé au niveau  Douleur postopératoire
de l’œil. Plus de 90 % du principe actif est l’objet d’un pas- en chirurgie ophtalmologique
sage systémique, par voie lacrymale, nasale ou digestive. Cette
pharmacologie particulière explique, d’une part, les concentra- Contrairement à ce qui est communément admis, la chirurgie
tions élevées nécessaires pour développer une action locale et, de l’œil peut être source de douleurs postopératoires importantes,
d’autre part, les possibles effets indésirables systémiques, parfois mais aussi de douleurs chroniques, voire de douleurs fantômes [40] .
toxiques [38] . Il est nécessaire que les personnels instillant les col- Même la chirurgie de la cataracte sous anesthésie locale en ambu-
lyres au bloc opératoire soient conscients des risques potentiels latoire peut être source de douleurs prolongées, 5 % des patients
liés à leur usage et respectent les consignes de sécurité telles que rapportent une douleur supérieure à 4/10 (échelle verbale numé-
ne jamais dépasser la dose prescrite, assurer une compression digi- rique [EVN]), six semaines après l’intervention [41] .
tale au canthus médial pour minorer la résorption systémique et Les facteurs favorisant la douleur postopératoire en ophtalmo-
espacer chaque instillation d’au moins cinq minutes. logie sont l’intervention sur le deuxième œil (que les patients

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21-780-A-10  Anesthésie en chirurgie ophtalmologique

considèrent comme plus douloureux que le premier), le seg- à des poussées hypertensives peropératoires, dont la prévention
ment postérieur est plus douloureux que le segment antérieur, passe, entre autres, par la poursuite des traitements antihyperten-
la durée de la chirurgie au-delà de 120 minutes, le jeune âge du seurs. De plus, l’incitation forte des tutelles de « démédicaliser »
patient. Les patients opérés sous anesthésie générale sont plus ces interventions épuise les combats d’arrière-garde. De nouveaux
douloureux en postopératoire que ceux opérés sous anesthésie champs de compétence sont alors proposés à l’anesthésiste-
locorégionale [42, 43] . réanimateur, comme celui de l’échoguidage et la meilleure prise
Ainsi, la douleur postopératoire doit être prise en considéra- en charge de la douleur postopératoire en chirurgie ophtalmolo-
tion dans tous les cas en ophtalmologie, mais particulièrement gique.
dans des interventions réputées douloureuses comme les inter-
ventions portant sur le segment postérieur, sur la sclère elle-même
(les cryoapplications ou électrocoagulation de néovaisseaux, cer-
clage), les éviscérations ou énucléations, et aussi dans la chirurgie
du strabisme.
“ Points essentiels
Hors du cadre de la chirurgie ambulatoire, une prémédication
à base de gabapentine ou prégabaline est envisageable. • Le protoxyde d’azote ne doit plus être utilisé au cours
L’anesthésie locorégionale est un des éléments majeurs de la d’une intervention de chirurgie ophtalmologique.
prise en charge de la douleur postopératoire en ophtalmolo- • La succinylcholine peut être utilisée sans risque particu-
gie. Pour les interventions précédemment citées réalisables sous lier pour l’intubation en séquence rapide en cas de plaie
anesthésie locorégionale, l’utilisation d’anesthésiques locaux de du globe.
longue durée d’action est recommandée, même si la durée de la • Le déclenchement du ROC peut avoir des effets sévères
chirurgie est courte. Si nécessaire, la clonidine ou la dexmédéto- chez certains patients plus sensibles.
midine prolongent la durée de l’analgésie postopératoire. • L’anesthésie topique et l’anesthésie sous-ténonienne
Pour les mêmes interventions réalisées sous anesthésie générale,
une analgésie locorégionale (péribulbaire ou sous-ténonienne) permettent la chirurgie du segment antérieur chez les
pourrait être systématique. Elle est au mieux réalisée dès le début patients traités par anticoagulants ou antiagrégants pla-
de l’intervention pour diminuer l’incidence des épisodes de ROC, quettaires.
les besoins en morphiniques, et les risques de NVPO [35, 36] . Des • Au cours des interventions sous anesthésie générale, la
volumes aussi faibles que 5 ml sont suffisants [44] . Chez l’enfant, douleur postopératoire doit être prévenue par la réalisa-
ces techniques sont aussi recommandées avec les mêmes effets tion d’une injection péribulbaire ou sous-ténonienne d’un
positifs [45] . anesthésique local de longue durée d’action, au mieux
Les anti-inflammatoires par voie topique, ou parfois par voie dès le début de l’intervention. De plus, cette anesthésie
systémique, sont indiqués dans le respect de leurs contre- locorégionale réduit l’incidence du ROC en chirurgie du
indications, lors de la chirurgie du segment postérieur.
strabisme.
Il faut toujours se souvenir qu’une douleur oculaire après chi-
• Pour la chirurgie de la cataracte sous anesthésie topique
rurgie ophtalmologique peut être secondaire à une augmentation
de la PIO, même après une phako-émulsification non compliquée. en ambulatoire, la majorité des patients ne justifient pas
Le traitement ne repose pas sur les antalgiques, mais sur la pilo- d’une prise en charge anesthésique. La prémédication
carpine ou ses équivalents. médicamenteuse est habituellement inutile.
L’anesthésie péribulbaire continue [46] est une technique • Les collyres peuvent avoir une action systémique impor-
d’analgésie pré- ou postopératoire limitée à quelques situations tante, particulièrement ceux à la néosynéphrine.
exceptionnelles quand la douleur avant et/ou après l’intervention
est intense, insupportable et mal calmée par les antalgiques,
comme en chirurgie carcinologique. Techniquement, la réalisa-
tion est simple avec un set d’anesthésie péridurale pédiatrique
(aiguille de Tuohy 20 G, cathéter 24 G). La ponction transpalpé- Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de liens d’intérêts en
brale est réalisée au quadrant inféro-latéral. Après positionnement relation avec cet article.
correct de l’aiguille, 3 à 4 ml d’anesthésie locale de longue durée
sont injectés, puis le cathéter est introduit sur 2,5 cm maximum
au-delà du biseau de l’aiguille. Le cathéter est coupé à 5–7 cm
puis fixé avec des bandes autocollantes. Les injections itératives
 Références
de 5 ± 2 ml, toutes les 6 à 12 heures selon la douleur du patient, [1] Civit T, Froelich S, Joud A, Perez M, Mercier P. Anatomie descriptive
sont réalisées à travers un filtre qui n’est pas laissé à l’extrémité de l’orbite. Neurochirurgie 2010;56:81–8.
du cathéter. L’utilisation de clonidine ou de dexmédétomidine [2] Lee EJ. Use of nitrous oxide causing severe visual loss 37 days after
permet d’améliorer la qualité de l’analgésie et d’espacer les réin- retinal surgery. Br J Anaesth 2004;93:464–6.
jections. Dans l’expérience de l’auteur, limitée à quelques cas, un [3] Bharati SJ, Chowdhury T. The oculocardiac reflex. In: Chowdhury T,
tel cathéter peut être laissé en place 48 à 72 heures. Schaller B, editors. The trigeminocardiac reflex. London: Elsevier; 2015.
p. 89–99.
[4] Goyal K, Chowdhury T. Anesthesia and the trigeminocardiac reflex. In:
Chowdhury T, Schaller B, editors. The trigeminocardiac reflex. London:
 Conclusion Elsevier; 2015. p. 153–67.
[5] Arasho B, Sandu N, Spiriev T, Prabhakar H, Schaller B. Management
Le rôle et la participation de l’anesthésiste-réanimateur pour la of the trigeminocardiac reflex: facts and own experience. Neurol India
chirurgie ophtalmologique vont encore évoluer. Il paraît de plus 2009;57:375–80.
en plus probable que la prise en charge anesthésique ainsi que [6] www.ameli.fr/procedure-de-mise-sous-accord-prealable
la consultation d’anesthésie ne se justifient plus pour les patients [7] Travail collaboratif de la Société française d’anesthésie et de réanimation
et de la Société française d’ophtalmologie. Proposition de gestion des
opérés en ambulatoire sous anesthésie topique. Plusieurs études
nouveaux anticoagulants oraux directs (AOD) en chirurgie ophtalmolo-
récentes confirment que, dans ces circonstances, ni la sécurité du gique : avis d’experts. Décembre 2013, validité limitée dans le temps
patient ni les conditions opératoires ne sont dégradées [47] . Une dans l’attente de nouvelles données de la littérature. www.sfo.asso.fr.
étude sur 6991 cataractes ambulatoires sous anesthésie topique [8] Kong KL, Khan J. Ophthalmic patients on antithrombotic drugs: a
rapporte uniquement trois incidents [48] . Ces études montrent review and guide to perioperative management. Br J Ophthalmol
que, sous réserve de la disponibilité d’un anesthésiste-réanimateur 2015;99:1025–30.
au bloc opératoire, des protocoles conjointement établis par les [9] Calenda E, Genevois O, Cardon A, Muraine M. Peribulbar anesthe-
anesthésistes-réanimateurs et les chirurgiens sont largement suf- sia in 750 patients treated with oral anticoagulants. Int J Ophthalmol
fisants pour résoudre les problèmes qui sont essentiellement liés 2014;18:110–3.

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Anesthésie en chirurgie ophtalmologique  21-780-A-10

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P.J. Zetlaoui (paul.zetloui@free.fr).


Département d’anesthésie-réanimation, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Zetlaoui PJ. Anesthésie en chirurgie ophtalmologique. EMC - Ophtalmologie 2018;15(2):1-13 [Article
21-780-A-10].

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