Vous êtes sur la page 1sur 10

Techniques d’anesthésie

1. Introduction / Définition :
Douleur dentaire : une des préoccupations essentielles du chirurgien-dentiste.
Recours de manière quasi systématique à l'anesthésie dentaire
Objectif :

Suppression de la douleur durant toute la durée de l'acte.


Apporter sérénité et confort au patient ainsi qu'au praticien.

Anesthésie en odontologie : la suppression transitoire et réversible de la sensibilité dans un territoire


donné par un blocage de toute transmission nerveuse.

Douleur: Expérience sensorielle et émotionnelle désagréable en réponse à une atteinte tissulaire


réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes.

Anesthésie locale: Obtention d’une perte de sensibilité d’un territoire limité (plus on limite le site
opératoire moins on agresse la biologie moins il y aura de suite post-op et de l’inconfort) par
injection ou par application d’un principe anesthésique (pulvérisation, gel, xylocaïne, etc... pour
diminuer en amont la douleur)

Anesthésie loco-régionale: perte de sensibilité d’un territoire important par injection d’une solution
anesthésique autour d’un tronc nerveux. Attention, elle est très sensible à la maîtrise de la
technique (attention au site +++, à l’injection ...).

Anesthésie générale: un sommeil artificiel (coma réversible) pour faciliter des gestes chirurgicaux et
interrompre la sensation douloureuse.Principes de l’AG :-antalgie-narcose : sommeil artificiel induit
par un médicament, souvent un narcotique-myorelaxation (+/-)

2. Rappels anatomiques :
Techniques d’anesthésie
Techniques d’anesthésie

3. Techniques d’anesthésie :
a- Cadre procédural global commun :
En premier temps : le praticien

✓ interroge, ausculte et informe le patient.


✓ identifie sa maladie, prépare son plan de traitement
✓ recueille son consentement éclairé.
✓ détermine la nature et la dose des spécialités pharmaceutiques anesthésiantes à administrer
les techniques d’anesthésie dentaire à employer.
Techniques d’anesthésie
• les zones à anesthésier
• les durées des anesthésies
• les spécificités du patient.

La radiographie peut constituer un examen complémentaire intéressant pour rechercher des


obstacles anatomiques.

Deuxième temps: le praticien

✓ prépare son équipement


✓ désinfecte les zones des points d’infiltration et réalise, parfois, une anesthésie superficielle
de ces dernières

Troisième temps :
✓ il sèche, palpe et tend ces régions.

Quatrième temps :
✓ il exécute les techniques d’anesthésie dentaire prévues.
✓ Les insertions d’aiguilles, les infiltrations de médicaments anesthésiques et les retraits
d’aiguilles sont réalisés lentement, sans brutalité.
✓ Durant l’éjection, les micro-mouvements de l’aiguille, sources de douleurs, sont évités
✓ aspirations afin d’éviter toute administration intra-vasculaire.

Cinquième temps : le praticien observe le patient, à la recherche d’effets indésirables. Une fois les
tissus correctement anesthésiés, il peut commencer les soins planifiés.

b- Matériel :
Aiguilles : plusieurs tailles selon le type d’AL (ex : 8 ; 12 ; 16 ; 21 ; 35mm)

• A aspiration (usage unique)


• A para-apicale (dans ¾ des cas)
• Auto-aspirante (pour les tronculaires donc on les utilise moins)
• A intra-ligamentaire

Cartouches d’anesthésie : usage unique (1,8ml)

Contenu :

– le principe actif (molécule anesthésiante)


– le principe vaso-actif
– l’agent de conservation (attention aux allergies aux sulfites)
– la solution de remplissage

Seringues:

– les blocs à usage unique : bloc Tétrat (Spad)


Techniques d’anesthésie
– les seringues jetables en plastique ;
– les seringues pour injections intraligamentaires ; quatre modèles sont disponibles :
– la seringue Parojectt (Spad) ;
– la seringue Citojectt (Bayer) ;
– la seringue Miltex N-Traligt (Septodont, ATO, Zizine et Biodica) ;
– la seringue Ergojectt (Anthogyr) ;
– les seringues pour injection intra-diploïque : Les seringues « pistolet », avec un système
d’aiguilles spéciales, permettent ce type d’anesthésie. Le corps de la seringue est relié au
microtour, ce qui donne à l’aiguille un mouvement circulaire ou alternatif.

c- Critères de choix entre les techniques d’anesthésie :


– Nature de l'intervention, (chirurgie simple ou complexe)
– Nombre de dents à traiter
– Leur localisation (mandibulaire ou maxillaire)
– Les C.I (les traitements associés, une ostéonécrose ou ostéoradionécrose, si le patient prend
du biphosphonate, denozumab, xgeva ?)
– Toujours évaluer le bénéfice /risque en permanence ++++++
– Il faut évaluer le temps de l’intervention que prend l’intervention +++++

d- Anesthésie locale :
d.1.- Par application :

d.2.- Par infiltration :

Des anesthésies dentaires à administration extra-osseuse ou intra-osseuse. Elles correspondent à


celles dont les points d’infiltration se situent à proximité immédiate des zones anesthésiées
intéressant des fibres nerveuses terminales, applicables aux secteurs maxillaires qu’aux arcades
mandibulaires.

d.2.1.- Extra-osseuses :
Techniques d’anesthésie
Infiltrations /applications – de médicaments anesthésiques sont réalisées – en dehors des alvéoles
dentaires contre les parois du processus alvéolaire pour anesthésier les tissus dentaires, les
médicaments anesthésiques doivent traverser de tissu conjonctif osseux compact.
LIMITES : Tables osseuses épaisses

d.2.1.1.- Anesthésies de surface

Les anesthésies de surface consistent en des anesthésies des terminaisons nerveuses des muqueuses
orales. Infiltrations extrêmement superficielles dans la muqueuse orale, biseau de l’aiguille inséré
parallèlement à sa surface

d.2.1.2.- Anesthésies Para-Apicales

Les plus couramment utilisées en odontologie. Lentes


infiltrations dans les couches profondes de la muqueuse orale
vestibulaire au niveau des apex radiculaires.

d.2.1.3.- Anesthésies intra-pulpaires

En dernière intention. Injection – au travers d’un fin canal artificiel préalablement percé, par le
praticien, sur la face occlusale de la couronne – d’un faible volume directement dans la cavité
pulpaire.

d.2.2. Intra-Osseuses
Les infiltrations sont directement réalisées dans l’alvéole dentaire ou dans l’os alvéolaires pour
anesthésier les tissus dentaires, les médicaments anesthésiques n’ont pas à traverser de tissu
conjonctif osseux compact.
Tables osseuses épaisses ou pas ; même résultat

d.2.2.1. Anesthésies Intra-Ligamentaires

Couramment utilisées ; de lentes infiltrations, en regard des tiers radiculaires cervicaux, dans les
desmodontes des dents ciblées. Contre-indiquées si présence aux points de ponction:
de signes d’inflammation
de signes d’infection ou de germes dentaires sous-jacents.
A proscrire chez les patient souffrant d’un délabrement parodontal trop important ou à risque
d’endocardite infectieuse

d.2.2.2. Anesthésies Intra-Septales :

Techniques complémentaires d’anesthésies dentaires peu employées. Lentes infiltrations de


médicaments anesthésiques dans les tissus osseux spongieux superficiels des septa inter-dentaires –
généralement vestibulaires – situées en distal des dents ciblées.

d.2.2.3. Anesthésies Ostéo-Centrales :


Techniques d’anesthésie
Assez récentes, se rapprochent beaucoup des anesthésies intra-septales. Lentes infiltrations dans les
tissus osseux spongieux profonds enveloppant les apex radiculaires des dents ciblées

d.2.2.4. Anesthésies Trans-Corticales

Techniques très anciennes aujourd’hui moins utilisées. Lentes infiltrations de médicaments


anesthésiques dans les tissus osseux spongieux profonds enveloppant les apex radiculaires des dents
ciblées.

e- Anesthésie loco-régionale :
Anesthésies dentaires spécifiques aux arcades maxillaires ou mandibulaires. Les points d’infiltration
se situent à distance des zones anesthésiées. Intéressent des branches nerveuses régionales
Insensibiliser - en usant des quantités limitées de médicaments anesthésiques - de grandes étendues
tissulaires.

Effets régionaux, lents et persistants : engourdissements oro-musculaires qui peuvent subsister


plusieurs heures

Contre-indication :

• patient susceptibles de s’auto-mutiler, comme les enfants


• Trouble de la coagulation

• axes vasculo-nerveux régionaux, risques de paralysies faciales –temporaires ou permanentes


– et d’injections intra-vasculaires

Aspirations systématique ++++++++

e.1.- Spécifiques aux arcades maxillaires :

Très peu utilisées. Les blocs :

• NASA (nerf alvéolaire supéro-ant) très très peu utilisé


• NASP (nerf alvéolaire supéro-post) extractions de troisièmes molaires maxillaires
• NNP (nerf naso-palatin)
• NGP (nerf du grand palatin) chirurgies palatines

Les techniques locales à administration extra-osseuses++++

e.2.- Spécifiques aux arcades mandibulaires :

La plupart d’entre elles – trop complexes, trop difficiles et/ou trop aléatoires – ne sont guère
employées.
Les techniques locales à administration extra-osseuses++++

Bloc du Nerf Alvéolaire Inférieur : «BNAI») – «Spix» ou «tronculaires»


Les plus connues, utilisées et importantes en odontologie. Infiltrations lentes à proximité des NAI –
Techniques d’anesthésie
dans les régions des lingulae mandibulaires qui surmontent les foramina mandibulaires.
Le praticien identifie visuellement et/ou tactilement un triangle muqueux vestibulaire ; pique, dans le
plan frontal, au centre de ce triangle et, dans le plan sagittal, jusqu’au contact osseux.
Après léger retrait et aspiration, le praticien procède à l’infiltration.
Nécessite des aiguilles de grandes longueurs et de moyens à grands diamètres

✓ Indications :

• anesthésies étendues et/ou longues de quadrants mandibulaires.


• Réalisation au cours d’une même séance, des soins multiples intéressant plusieurs dents
de la région molaire d’une hémi-arcade mandibulaire.
• Permet en association avec une anesthésie intra-ligamentaire, insensibiliser une molaire
mandibulaire en pulpite aiguë.
• contre-indications communes aux techniques loco-régionales d’anesthésie dentaire.
• proscrites en cas de signes d’inflammation ou d’infection aux points de ponctions

Bloc du Nerf Mandibulaire BNM


Moins utilisées que les BNAI. Infiltrations lentes à proximité des nerfs mandibulaires aux niveaux des
fossettes ptérygoïdiennes des parties supérieures des faces médiales des branches ascendantes de la
mandibule
Le praticien identifie visuellement et/ou tactilement cinq repères anatomiques, à savoir : trois extra-
oraux et deux intra-oraux :

✓ A l’extérieur de la cavité orale :


L’incisure inter-tragique de l’oreille externe
Les commissures – homolatérale et controlatérale à l’hémi-arcade ciblée –labiales.

✓ A l’intérieur de la cavité orale :


Le bord tendineux antérieur de la portion latérale du muscle temporal
La cupside mésio-palatine de la deuxième molaire maxillaire homolatérale à l’hémi-arcade
ciblée.

Le praticien pique, dans la muqueuse vestibulaire, à hauteur de la cupside mésio-palatine en distal de


celle-ci et en médial du bord tendineux. Il dirige, dans un premier temps, son aiguille selon un axe
reliant la commissure labiale controlatérale et l’incisure inter-tragique
Après contact osseux, léger retrait et aspiration; ’infiltration. [

✓ des aiguilles de grandes longueurs et de moyens à grands diamètres.


✓ moyens à grands volumes de médicaments anesthésiques
✓ mêmes indications et contre-indications que les BNAI
✓ complications communes aux techniques locorégionales d’anesthésie dentaire
Techniques d’anesthésie

f- Anesthésie générale :
Consultation pré-anesthésique-Obligatoire > 48h avant l’intervention (sauf urgence)

Indications :
1. Liées à l’état général du patient
• Absence de coopération du patient à l’état vigile (après échec de tentatives de soins au
fauteuil).
• Nécessité de mise en état buccale lourde avant THQ médico-chirurgicale urgente (cancéro-
cardio-greffe d’organes)
• Réflexe nauséeux prononcé
2. Liées à l’intervention
• Intervention longue,complexe, regroupant plusieurs actes en une même séance(ex: ext° X,
kyste volumineux, .).
• Etat infectieux loco régional nécessitant d’intervenir en urgence (ex: drainage +extraction si
cellulite d’origine dentaire avec signes de gravité,...).
• Si sepsis local important : pas d’AL car risque de dissémination bactérienne
3. Liées à l’AL
• Contre-indication de l’AL :-allergie avérée aux AL-C.I. spécifiée dans l’AMM (porphyrie,
épilepsie non contrôlée, ...)-Refus de l’AL après information -> consentement éclairé
• Echec de l’AL

4. Complications communes à l'anesthésie locale et régionale :


A- Complications locales
La complication locale la plus redoutée est la lésion d’un nerf
Les techniques d’anesthésie locorégionale qui exposent à la lésion d’un nerf ou d’une artère sont
dangereuses et ne doivent pas être réalisées.
La rupture de l’aiguille ne pose de problème qu’en cas d’anesthésie à l’épine de Spix.
Les accidents infectieux sont dus à une injection en milieu septique
Techniques d’anesthésie

B- Complications systémiques
Les anesthésiques locaux ont une neurotoxicité et une cardiotoxicité directement liées à leurs taux
plasmatiques.
Les complications toxiques : surdosage ou une injection intravasculaire.
Toxicité neurologique: crise convulsive. Le diagnostic de convulsion doit être évoqué sur des signes
indirects, troubles du rythme cardiaque ou de l’hémodynamique, hypoxémie non expliquée et
rigidité musculaire.
La toxicité cardiovasculaire des anesthésiques locaux est liée à une action directe.
La bupivacaïne a une toxicité cardiaque 15 fois plus élevée que celle de la lidocaïne

5. Conc lusion :
✓ Lutte contre la douleur = obligation +++

✓ Les complications des AL sont rares mais possibles (allergies, surdosages, échec
anesthésique...)

✓ prévenir les complications

✓ Possibilité de combiner plusieurs techniques anesthésiques

Vous aimerez peut-être aussi