Vous êtes sur la page 1sur 32

Cours d’Endodontie (3ème année)

Généralités, Buts et Principes

I. Généralité : Qu’est-ce que l’Endodontie ?


Du grec : endon=dedans, et odonto= dent

Tout ce qui est en dedans de la dent


représente l’endodonte : dentine plus
cavité pulpaire (chambre pulpaire et
canal radiculaire)

1
L’endodontie est la discipline de la dentisterie qui traite de l’endodonte. Elle regroupe
l’étude de la physiologie, des pathologies pulpaires et de leurs complications, qui sont
les parodontites apicales.

L’endodontie concernera donc : la prévention, le diagnostic et le traitement de la pulpe


et des complications périradiculaires qui lui sont associées.

Le traitement endodontique d'une dent devient envisageable, lorsque celle-ci ne peut


plus être gardée vivante, soit parce qu'elle est déjà mortifiée, soit parce qu'il s’agit d’un
état inflammatoire pulpaire irréversible.

II. Objectifs de l’Endodontie


L’objectif principal de l’endodontie est de sauver les dents naturelles afin qu’elles
puissent conserver toutes leurs fonctions de mastication et l’apparence d’une dent
saine, et d’assurer ainsi le maintien de l’organe dentaire dépulpé, dans un état de santé
permanent.
Le deuxième objectif du traitement endodontique est de prévoir l’apparition des
lésions périapicales d’origine endodontiques.

III. Principes d’un traitement Endodontique


Un traitement endodontique, ou traitement canalaire, est une technique chirurgicale qui
vise à éliminer un tissu malade (enflammé ou infecté et nécrosé), cette intervention a
lieu dans une région (réseau canalaire), qui empêche toute exploration visuelle, le
travail est réalisé à « l’aveugle », tout traitement endodontique ne peut être alors
entrepris qu’après :

- avoir réalisé un examen clinique minutieux.


- un examen radiologique.
- l’établissement d’un diagnostic précis.
- la prise en considération de l’avenir fonctionnel de la dent une fois traitée.
- et la prise en considération de l’état général du patient (patients à risque…)

2
La cavité d’accès

3
1. Définition
Il s’agit de la préparation coronaire du traitement endodontique.
En effet la première étape d’un traitement endodontique, après avoir réalisé un
curetage dentinaire complet, est la réalisation de la cavité d’accès, cette dernière nous
permet d’accéder au système canalaire.
Sa bonne réalisation est primordiale, car elle conditionne les étapes ultérieures du
traitement endodontique, à savoir le nettoyage, la mise en forme et l’obturation du
système canalaire.
2. Objectifs de la cavité d’accès:
Le but primordial de la cavité d’accès, est d’assurer un accès libre aux canaux
radiculaires.
Sa préparation devra respecter un certain nombre de principes :
 L’objectif principal de la cavité d’accès est de supprimer la totalité du plafond
pulpaire sans mutilation excessive, afin d’établir un accès direct à l'endodonte,
pour les instruments de mise en forme canalaire.
 Permettre une visibilité directe des entrées canalaires.
 Constituer un réservoir constant de solution d’irrigation.
 Irrigation efficace du système canalaire.
 La tenue du pansement provisoire.

3. Étapes préliminaires
3.1. Analyse des radiogrammes préopératoire ou clichés radiologiques :
Un ou plusieurs clichés radiographiques (incidences excentrées pour permettre la
dissociation des racines), sont indispensables pour connaître l'anatomie particulière de
la dent.
Ces clichés préopératoires seront minutieusement étudiés avant de réaliser la
préparation de la cavité d'accès (radiographie sèche, sur négatoscope avec loupe, ou
imagerie informatique).

4
Ceux-ci nous permettent :
 D’apprécier la morphologie de la chambre pulpaire, et en particulier son
volume.
 le rapport des racines des molaires maxillaires avec le plancher du sinus.
 le rapport des racines des molaires mandibulaires avec le canal dentaire
inférieur.
 La distance qui sépare le plancher pulpaire du plafond.
 Le positionnement des cornes pulpaires.
 une éventuelle rétraction pulpaire.
 la présence d’éventuelles calcifications pulpaires.
 une mesure face occlusale/plafond pulpaire.
 les clichés radiographiques peuvent aussi nous révéler des images atypiques
ou anormales des éléments observés.
La connaissance de l’anatomie endodontique et de ses variations, assure à
l’opérateur une étude appréciable des clichés radiologiques, et un abord rationnel du
traitement endodontique.
3.2. Pose du champ opératoire.
L’application stricte des règles d’aseptie est obligatoire, il est recommandé de placer
une digue.
3.3. Anesthésie
L’anesthésie concerne le traitement endodontique d’une pulpe vivante :
- elle sera loco-régionale, ou tronculaire, à l’épine de Spix, pour toutes les
molaires et prémolaires mandibulaires.
- locale ou péri-apicale pour toutes les autres dents.
- au niveau du trou mentonnier pour les prémolaires mandibulaires.
3.4. Suppression de la carie et des obturations coronaires préalables.
Le curetage dentinaire doit être parfaitement exécuté. Il ne doit subsister aucun tissu
pathologique au-dessus du plafond pulpaire avant sa trépanation.
3.5. Désinfection de la cavité d’obturation
Toute trépanation pulpaire doit être précédée par la désinfection de la cavité
d’obturation. La désinfection sera réalisée à l’aide d’alcool iodée pour les dents
postérieures, d’eau oxygénée pour les dents antérieures.

5
4. Cavité d’accès : Protocole Opératoire
La cavité d’accès est de forme, de position et de dimension bien déterminée.
Le terme de "cavité" comporte des notions d'architecture, donc de principes de
préparation, que de nombreuses études sur l'anatomie endodontique ont exigé.
La voie d’accès aux canaux (la cavité d’accès) est toujours réalisée sur les faces
occlusales des dents cuspidées, c'est-à-dire des prémolaires et des molaires, et sur les
faces palatine ou linguale pour les dents du groupe incisivo-canin.
4.1. Cavité d’accès du groupe incisivo-canin, ou dent antérieures :
 trépanation de la chambre pulpaire
L’accès à l’endodonte, se fait au niveau de la face linguale ou palatine pour ce groupe
de dents.
La trépanation de la chambre pulpaire se fait au niveau du cingulum, là où se trouve la
corne pulpaire.
Le principe de réalisation de la cavité d’accès, est identique pour les incisives
centrales, latérales et les canines. L’inclinaison de la dent doit être prise en
considération.
4.1.1. Matériel nécessaire pour la réalisation de la CA
 Pour la trépanation, utiliser des fraises boules à col long, elles existent en
deux tailles.
 Fraises de BATT, qui sont des fraises fissures à extrémité mousse.
Ces fraises travaillent à vitesse lente. Elles sont utilisées pour la taille des
parois, et permettent ainsi la mise de dépouille de la chambre pulpaire.
 Des fraises diamantées, fraise Endo-Z (ou fraise Zekrya endo), pour
l’extension des parois camérales.

 Sonde exploratrice d’endodontie ou sonde n°17, pour situer les contres


dépouilles, et une seconde de Rhein n°3 pour repérer les entrées
canalaires.
4.1.2. point de trépanation
Le point de trépanation du bloc incisivo-canin se situe au niveau du cingulum.
(Tenir compte du plan d’inclinaison des dents antérieures).

6
Point de trépanation

La cavité d’accès idéale est centrée sur la face palatine ou linguale, et sa forme de
contour épouse le contour externe de la couronne.
La cavité d’accès est triangulaire, la base du triangle est parallèle au bord incisif et le
sommet se situe juste au-dessus du cingulum, sur la ligne médiane.
La cavité n’intéresse que la face palatine ou linguale, et en aucun cas elle ne doit
toucher le bord incisif.
 Elimination du contenu de la chambre pulpaire
Une fois la trépanation réalisée, éliminer en totalité le contenu de la chambre pulpaire,
en sectionnant et en curetant la pulpe camérale dans le cas d’une pulpe vivante, ou les
débris laissés par une pulpe en décomposition.
4.2. Cavités d’accès sur dents postérieure
4.2.1. Définition
Sur le bloc incisivo-canin la chambre pulpaire est en continuité avec le canal
radiculaire, ce qui n’est pas le cas pour les dents pluriradiculées, dont la chambre
pulpaire est délimitée par un plafond et un plancher pulpaire.
En effet cliniquement la chambre pulpaire, est la partie de l’espace endodontique situé
01 à 02 mm de part et d’autre de la jonction amélo-cémentaire, elle est :
- limitée apicalement par le plancher pulpaire et
- coronairement par un plafond,
- délimitée latéralement par des parois,
- elle s’ouvre apicalement sur les canaux radiculaires.

7
4.2.2. protocole opératoire
Après avoir :
- supprimé tout le tissu pathologique.
- réalisé une anesthésie quand la dent est vivante.
- placé un champ opératoire étanche.
- et désinfecté la cavité.
procéder alors à la préparation de la cavité d’accès :
 trépanation de la chambre pulpaire
A l’aide de la fraise boule à col long, fraiser la dentine qui recouvre le plafond
en direction de la corne pulpaire la plus proche.
La trépanation est alors faite quand l’opérateur aura l’impression de tomber
subitement dans le vide avec sa fraise, ou de fraiser un tissu mou.
la trépanation étant suivie d’une petite hémorragie, dans le cas de pulpe
vivante, réaliser alors une hémostase.
 Elargissement du plafond pulpaire
- Mettre en forme la cavité, avec ablation de la totalité du plafond pulpaire à
l’aide de la fraise de Batt, qui est une fraise à fissures à extrémité mousse, à
défaut utiliser avec précaution, les fraises à fissures habituelles.
- La taille et la finition des « mûrs » de la cavité d’accès, sont réalisées à l’aide de
la fraise conique diamantée Endo-Z (ou fraise Zekrya endo), à grains moyens
et à long col aussi.
Cette fraise sert à lisser, évaser et réaliser la finition des parois axiales de la
chambre pulpaire.

8
Préparation canalaire

9
1. Définition
Le succès d’un traitement endodontique découle de l’observation stricte de trois grands
principes :
- le nettoyage et la mise en forme.
- l’assainissement.
- et l’obturation canalaire.
La préparation canalaire ou mise en forme canalaire, fait donc parti de la triade
endodontique.
Cette étape implique un traitement chimiomécanique, qui vise à éliminer la maladie
pulpaire et péri radiculaire, et favoriser la guérison des tissus péri- radiculaires.
2. Objectifs de la préparation canalaire
2.1. Objectifs biologiques
Lors d’une préparation canalaire, il faut veiller à éliminer tous les irritants qui se
trouvent à l’intérieur de l’endodonte. Ces irritants sont représentés par la phase
organique qui est composée :
 de pulpe vivante ou nécrosée.
 de prédentine.
 de bactéries et les produits dérivés de leur métabolisme (toxines), qui sont
enfermés dans la dentine et les tubuli dentinaires.
 ainsi que les fluides salivaires et tout autre contaminant.
 il y aussi formation de la boue dentinaire ou «smear layer», qui est générée par
l’instrumentation, lors de la préparation canalaire.
2.2. Objectifs mécaniques
Si avant leur mise en forme, les canaux radiculaires présentent des particularités, ils
doivent après le passage des instruments, présenter certains critères communs :
 Une préparation canalaire régulièrement conique, qui respecte la trajectoire
canalaire initiale, et ce, dans le but de réaliser une bonne obturation canalaire.
 et le maintient de la position spatiale du foramen apical, ce dernier doit être
maintenu le plus étroit possible (principes de H. Schilder).
Suite à ces deux objectifs, nous pouvons dire que la mise en forme canalaire va
impliquer l’utilisation d’instruments endocanalaires, associés à l’utilisation d’une
solution d’irrigation désinfectante, qui est l’hypochlorite de sodium ou CLONa, et de

10
chélatants tels que l’acide Ethylène Diamine Tétra-Acétique ou EDTA, pour
l’élimination de la «smear layer» ou boue dentinaire.
Il ne doit subsister à la fin de cette étape, aucun débris organique ou minéral, pouvant
servir de substrat à une prolifération bactérienne.
Cette étape doit être réalisée dans le plus grand respect de l’anatomie canalaire. Le
respect de cette structure, favorise les mécanismes normaux de réparation et de
cicatrisation.

3. Préparation canalaire : protocole opératoire


Après avoir réalisé la cavité d’accès, il faudra alors entamer la préparation ou mise
en forme canalaire.
Nous décrirons deux méthodes de préparation canalaire :
- la mise en forme canalaire standardisée ou manuelle, avec les limes et les
racleurs en acier inoxydable, (appelée à tort technique en step-bach).
- et la mise en forme canalaire mécanisée, avec les instruments en nickel-titane
ou NiTi utilisés en rotation continue.
3.1. Préparation canalaire manuelle
3.1.1. Recherche des orifices canalaires
Élément-clé d’un traitement endodontique, la localisation des entrées canalaires doit
être réalisée de façon minutieuse
En effet tout canal non traité, car l’orifice d’entrée n’a pas été recherché, représente un
réservoir potentiel de bactéries.
La recherche des entrées canalaires se fait à l’aide de sondes exploratrices, ou de
sondes droites, ou encore à l’aide de broches fines.

Il serait aussi utile d’incorporer à nos moyens matériels, des moyens visuels, en
l’occurrence : les lunettes à loupes binoculaires ou encore le microscope opératoire.

11
3.1.2. Cathétérisme et détermination de la longueur de travail ou LT

Le cathétérisme a lieu après la réalisation de la cavité d’accès et la recherche des


entrées canalaires.
C’est l’évaluation de la forme et de la longueur des canaux. Il se fera à l’aide de
broches fine, les limes K №10 ou №15.
La pénétration lente à l’intérieur des canaux, permettra d’apprécier la direction
générale, le diamètre et éventuellement certains obstacles tels que des canaux coudés,
ou encore des formations calciques (pulpolithes).
Une radiographie broche en place sera prise en cours de cathétérisme, il s’agit de la
radiographie per-opératoire, d’autres radiographies (en per-opératoire) peuvent être
prises en cours de traitement.
Cette radiographie lime en place est importante dans la détermination de la longueur
de travail ou LT, elle permet aussi de visualiser le trajet et la pose de la lime dans le
canal.

Lorsque la longueur est déterminée, descendre alors le stop en caoutchouc, cette


longueur de travail ou LT, sera la même pour tous les instruments qui vont travailler
dans ce canal.
Il est d'une importance extrême de s'assurer correctement du niveau où la préparation
canalaire doit s'arrêter, qui est la jonction cémento- dentinaire ou apex
physiologique.
C'est la radio broche en place qui permet de calculer cette longueur par la formule
suivante :
LT = longueur de travail (LT)

12
3.1.3. Mise en forme et désinfection du système canalaire

3.1.3.1. mise en forme canalaire

L’utilisation des instruments endodontiques, doit être rigoureuse et soigneuse, les


instruments ne doivent pas travailler au-delà du foramen apical, mais doivent rester
confinés dans l’endodonte, et sur la totalité de la longueur canalaire, qui a été calculée
lors du cathétérisme.
 Instruments de mise en forme canalaire
Les instruments utilisés pour la mise en forme canalaire manuelle, (précédemment
appelé alésage), sont de deux types :
- les broches de Kerr ou alésoirs, encore appelés limes K.
Ces limes qui ont la forme spiralée, existent de la plus petite taille, qui est la
lime K №8 ( 8/100ème de mm à partir de la pointe de l’instrument), jusqu’à la
taille 140 ou lime K №140 (40/100ème de mm à la pointe).
Les limes K possèdent un code couleur selon les normes ISO.
Exemple :
• la lime №10 possède un manche violet
• la lime №15 un manche blanc
• la lime №20 un manche jaune
• la lime №25 un manche rouge…

- les limes de Hedstrom ou lime H, encore appelées racleurs, ont eux une forme
de vis, car l’arête coupante fait presque un angle droit avec l’axe de la lime. ces
limes possèdent aussi le même code couleur que les limes K, et la même
numérotation selon les normes ISO.

Broche de Kerr
ou Lime K.

Racleur ou lime H de
Hedstrom.

13
 Mode d’utilisation de ces instruments
- les limes K
On utilise la lime K (broche) pour élargir le canal, car ces instruments sont
utilisés, selon un mouvement de rotation pour couper la dentine.
La lime K est alors introduite tout au long du canal, sur toute la longueur de
travail mesurée (LT), réaliser alors ¼ à ½ tour à droite (dans le sens des aiguilles
d’une montre) puis à gauche (sens contraire des aiguilles d’une montre), puis
retirer l’instrument, ce travail est répété jusqu’à ce que la lime utilisée puisse
passer aisément dans le canal.
Les limes K tout comme les limes H, seront utilisées du plus petit numéro
jusqu’au plus grand, sans jamais sauter de numéro. De plus on ne passera d’un
instrument à un autre que si le premier passe aisément dans le canal.
- la lime de Hedstrom ou lime H (racleur)
Cette lime est conçue pour limer longitudinalement, selon l’axe du canal, et
non pour couper par rotation (L. Tronstad). La lime H sert à polir les parois
canalaires.
Elle sera introduite dans le canal, sur toute la longueur de travail ou LT, tout
comme les limes K, puis ressortie en raclant les parois canalaires, dans le sens
longitudinal. Elle complète le travail de la lime K, et donc ne peut pas la
précéder.
Au moment de la mise en forme canalaire, la lime H utilisée aura la même taille
que celle de la lime K qui l’a précédée.

Remarque
Il serait bon de rappeler que certains auteurs demeurent favorables, à une extirpation
du paquet vasculo-nerveux avant toute mise en forme canalaire. Cet acte est réalisé à
l’aide de « tire-nerf ».
Ces instruments seront alors introduits tout au long du canal, puis réaliser un
mouvement de rotation, qui permettra l’enroulement du tissu pulpaire autour des
barbelées du tire nerf, et par un mouvement de traction retirer le tout.

3.1.3.2. Désinfection du système canalaire


La mise en forme canalaire est réalisée sous irrigation constante, à l’aide de solutions
antiseptiques et chélatantes pour le nettoyage et la désinfection du réseau canalaire.
En effet contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les instruments
endodontiques qui permettent, par leur travail de coupe et d’élargissement, le

14
nettoyage et l’élimination des bactéries du système canalaire, et de la boue dentinaire
générée par leur passage, mais leur association avec des solutions d’irrigation.
Il est donc nécessaire de combiner l’action des instruments, avec celle des solutions de
désinfection et de solubilisation du tissu organique et minéral, généré par la boue
dentinaire.
Mais une solution à elle seule ne permet pas d’éliminer, et la matière organique, et la
matière minérale, il faut alors utiliser deux solutions d’irrigation :

 dont l’une serait solvante du tissu organique et désinfectante.


La solution qui fait l’unanimité est l’hypochlorite de sodium ou CLONa, qui
possède une action bactéricide à large spectre, sporicide et virucide, ainsi qu’une
action solvante majeure sur les tissus nécrotiques.

 et l’autre solvante de la matière minérale, qui se trouve dans la «smear layer», ou


boue dentinaire.
L’acide Ethylène-Diamine-TétraAcétique ou EDTA, fait lui aussi l’unanimité
pour son action chélatante efficace, qui solubilise le calcium de la dentine, et
libère ainsi la lumière des tubuli dentinaires.
Seule une utilisation alternée, de l’EDTA avec le CLONa (hypochlorite de sodium),
conduit à l’assainissement complet et à une dissolution complète de la boue dentinaire.

3.2. préparation canalaire en rotation continue


3.2.1. Définition
L’évolution biotechnologique dans le domaine des thérapeutiques endodontiques, a
connu un essor considérable ces dernières décennies. En effet de nouvelles techniques
ont vu le jour, révolutionnant les anciennes méthodes de préparation et d’obturation
canalaire.
En effet les nouvelles méthodes de préparation canalaire se font mécaniquement, à
l’aide d’instruments endodontiques montés sur tour, tournant à faible vitesse et en
rotation continue.

Ce type de préparation nécessite la combinaison de deux nouveaux concepts :


- l’utilisation d’un nouveau type d’instruments endodontiques : les instruments en
Nickel-Titane ou NiTi.

15
- et une préparation canalaire corono-radiculaire ou « crown-down ».

3.2.2. le concept du « crown-down »


L’objectif du «crown-down», est l’élimination des contraintes coronaires, en
commençant la préparation par la zone coronaire du canal, afin de pouvoir aborder les
derniers millimètres apicaux dans les meilleures conditions [41]. Cette préparation
permet l’élimination des débris de la portion coronaire avant le débridement apical.

La stratégie est de débuter l’alésage par de gros instruments,


et de progresser par des instruments de plus en plus fins.

Les instruments de gros calibre vont travailler dans le tiers coronaire, les plus fins au
niveau du tiers apical.
La technique du «crown-down», associée à une instrumentation mécanisée, est
actuellement reconnue comme étant la technique la plus efficace, pour donner au canal
une forme régulièrement conique.
Cet objectif ne peut être atteint, qu’avec une nouvelle génération d’instruments.

3.2.3. les Instruments en Nickel-Titane ou instruments NiTi


Les nouveaux instruments qui allient :
- rotation continue
- concept du «crown-down»
- et conicité canalaire
sont des instruments fabriqués à l’aide d’un Alliage dit à Mémoire de Forme ou
AMF : il s’agit du Nickel-Titane ou NiTi.
L’alliage est composé, d’environ 55% de nickel et de 45% de titane.
Les instruments rotatifs en Nickel-Titane, ont été introduits en endodontie afin de
faciliter la préparation canalaire, en évitant les erreurs liées à l’utilisation des
instruments en acier inoxydable.
3.2.3.1. Propriétés des instruments NiTi

 l’effet mémoire de forme

16
L’alliage NiTi peut subir sous l’effet d’une contrainte appliquée, une déformation
sans avoir tendance à se redresser dans le canal, et récupérer intégralement sa forme
initiale, c’est sa propriété de mémoire de forme.

 la superélasticité et flexibilité du NiTi


Ces instruments ont la capacité de subir des déformations importantes, sans montrer de
déformations permanentes résiduelles, c’est leur propriété de superélasticité.
Cette superélasticité confère à l’alliage NiTi une flexibilité extraordinaire,
contrairement à l’acier qui, à déformation égale subit une déformation permanente.
Les instruments NiTi vont donc pouvoir suivre et contourner l’anatomie canalaire, en
se courbant plus par rapport aux instruments en acier inoxydable, et reprendre
intégralement leur forme initiale.

 la Rigidité
Les instruments NiTi sont considérablement moins rigides que les instruments en
acier inoxydable, de ce fait ils respectent en permanence le trajet canalaire, dans les
trois dimensions de l’espace, et minimisent donc les risques de déviation de trajectoire
ou de déplacement foraminal.

 Conicité majorée par rapport à la norme ISO


Les instruments NiTi ont des conicités, supérieures aux normes ISO actuelles (2%),
ils sont de 4%, 6%, 7%, ce qui permet une accentuation de la conicité des
préparations canalaires, tout en respectant l’étroitesse du foramen apical.
[La conicité minimale permettant d’assurer un nettoyage et une désinfection adéquats,
doit être au minimum de 6% d’après PJ. Lumley].

 Effet de coupe
La coupe est obtenue en exerçant une force moindre que sur l’acier, elle se manifeste
rapidement dès que l’instrument est en rotation.
 Biocompatibilité du NiTi
La biocompatibilité du Nickel-Titane n’est plus à démontrer, du fait de son utilisation
répandue dans diverses disciplines médicales (en cardiologie : stents métalliques, en
chirurgie orthopédique : prothèse osseuse…)
Si cette propriété n’a pas d’intérêt direct dans la mise en forme canalaire, elle devient
importante en cas de refoulement d’un débris instrumental dans le péri-apex.

3.2.3.2. Inconvénient du NiTi : la fracture instrumentale

17
Pendant la mise en forme canalaire, les instruments rotatifs en NiTi sont soumis à des
contraintes continues à l’intérieur du canal, dues à l’anatomie canalaire et à la dureté
de la dentine qu’ils doivent couper.
L’inconvénient actuel des instruments en Nickel-Titane, est leur faible résistance à la
rupture lors d’un usage répété.
La préoccupation majeure demeure donc, la fracture instrumentale, qui représente
une complication importante pouvant compromettre le succès du traitement
endodontique.

Mais ces accidents sont le plus souvent, le résultat d’un manque d’expérience, d’un
mauvais choix, ou encore d’une manipulation incontrôlée des instruments NiTi
rotatifs.
3.2.4. Protocole opératoire
Un grand nombre de systèmes NiTi nous sont proposées par les fabricants pour la
préparation canalaire en rotation continue.
Nous en citons quelques un, parmi un grand nombre de ces systèmes:
- le système Quantec® Série 2000.
- le ProFile®.
- la série HÉRO® 642 et HÉRO SHAPER®.
- le système ProTaper®
- Le système M TWO® (ne travaille pas en crow-down)
- le CMA® system.

18
Nous décrirons dans ce chapitre, le protocole opératoire de l’un de ces systèmes, le
plus couramment utilisé, c’est celui du système ProTaper®.

 Présentation du système ProTaper® :


Composition du jeu d’instruments du SS Protaper

SX S1 S2 F1 F3 F4

Séquence instrumentale du système


ProTaper®

 Trois Shaping Files: S1 S2 et SX:


Les deux premiers instruments (S1 et S2) sont destinés à ouvrir la trajectoire dans
les zones coronaire et médiane du canal.
Le SX est destiné à la relocalisation des orifices canalaires après le passage du S1
et S2, ou à remplacer le S1 et le S2 dans les canaux courts.
 Et généralement de 3 finishing files : F1 F2 et F3
Ces instruments sont destinés à la mise en forme du tiers apical.
Les instruments du système ProTaper® sont disponibles en trois longueurs : 21, 25
et 31 mm.

 Mode opératoire
 premier sondage canalaire :
Après repérage canalaire et une première irrigation à l’hypochlorite de Na, nous
réalisons une exploration canalaire manuelle, de façon passive, à l’aide d’une lime

19
K № 10, précourbée au niveau du tiers apical, afin de sécuriser le trajet canalaire.
Nous faisons alors subir à la lime, un quart de tour horaire, puis un quart de tour anti-
horaire, en se laissant guider par l’anatomie canalaire.
Dès que cette première lime de sondage rencontre une certaine résistance, nous nous
arrêtons à cette longueur, que nous appellerons Longueur Initiale ou LI.
Cette première mensuration est portée sur la réglette endodontique, et le repérage est
réalisé au moyen d’un stop en silicone

Stop en silicone

Mesure de la LI

 Préparation canalaire en rotation continue avec le SS Protaper®


Nous commençons alors notre préparation canalaire en «crown down» à l’aide des
séquences mécanisées rotatoires.
La vitesse de rotation de la lime doit être lente, elle doit être comprise entre 200 et 350
tours par minute, pour cela il est conseillé d’utiliser un moteur à vitesse limitée, à
défaut utiliser les tours usuels à vitesse lente et constante.
 Le Shaping file №1 ou S1 (bague violette) est alors introduit passivement, en
rotation, jusqu’à la longueur de travail initiale ou LI (repérage à l’aide du stop
en silicone), sans toutefois dépasser les 2/3 de la hauteur canalaire estimée, puis
il est retiré toujours en rotation et en appui pariétal, avec un mouvement de
brossage des parois. Il est recommandé d’enduire la lime S1 de gel d’EDTA,
lors de son premier passage.
Cette séquence est répétée jusqu’à libération totale de l’accès vers la zone
apicale, avec irrigation fréquente au CLONA.
 Une deuxième lime manuelle ISO, №15 cette fois-ci, toujours précourbée, est
alors introduite tout au long du canal jusqu’au foramen apical, afin de
déterminer la longueur de travail définitive ou LT.

 vérification sur un cliché radiographique


Il s’agit d’une radiographie en per-opératoire.

 Cette longueur est reportée sur la réglette endodontique.

20
Glisser alors le stop en silicone sur la lime, toutes les séquences suivantes
utilisées seront basées sur cette mensuration.

Mesure de la LT

 Après avoir descendu le stop à la limite mesurée (LT), réutiliser le shaping file
S1 en rotation continue, à vitesse lente et constante, en un mouvement de
balayage à sa sortie, de la même façon que la première fois, mais cette fois-ci
jusqu’à la longueur de travail définitive ou LT.
 Dès que le Shaping file № 1 ou S1 entre en action, nous constatons une
remontée importante des débris canalaires, à la surface de la dent et sur les
limes.
 L’instrument est alors nettoyé à sa sortie, à l’aide d’une compresse imbibée
d’hypochlorite de sodium ou CLONA.
 Le shaping file №2 ou S2 (bague blanche) est ensuite utilisé de la même façon
que le S1, et à la même longueur de travail (LT).
Le S2 est introduit en rotation continue tout au long du canal, sans forcer, puis il
est retiré, toujours en rotation et en appui pariétal, par un mouvement de
brossage des parois canalaires.
La séquence est repassée 3 ou 4 fois dans chaque canal, avec irrigation
fréquente à l’hypochlorite de Na.
 Après le S1 et le S2 c’est le finishing file F1 (bague jaune) qui est introduit dans
le canal en rotation et sans pression, nous le laissons travailler par un
mouvement de va et vient, jusqu’à atteinte de la longueur de travail, puis retrait
immédiat.
 nous introduisons alors la lime manuelle K №20 (même calibre de pointe que le
F1), délicatement dans le canal, lorsqu’elle atteint la longueur de travail sans
trop de difficulté, c’est que la mise en forme pour ce canal est terminée, et la
conicité recherchée est obtenue.

21
 Lorsque le diamètre du foramen apical est supérieur à 20/100, ou à 30/100, les
finishing files F2 (bague rouge) et F3 (bague bleue) sont utilisés de la même
manière que le finishing file F1.
A noter qu’après chaque passage, les instruments sont soigneusement nettoyés et
les canaux abondamment irrigués au CLONA.

 Une irrigation à l’EDTA en solution et à 17% est alors effectuée, pour


compléter l’assainissement et supprimer la « Smear Lear ».
 Et enfin un rinçage final au CLONa est réalisé, le canal est alors prêt à être obturer.

Remarque importante
Il est important de rappeler qu’entreprendre un traitement endodontique exclusivement
à l’aide d’instruments rotatifs, constitue une erreur thérapeutique fondamentale. La
première exploration canalaire est toujours manuelle, à l’aide d’instruments en acier
inoxydable.
Cette sensibilité tactile est nécessaire, elle permet de «visualiser mentalement» le
canal, et si l’instrumentation en rotation continue demeure très efficace et
incontournable, il faut toujours garder à l’esprit que l’instrumentation manuelle
demeure indispensable pour :

 Le cathétérisme initial.
 La récapitulation.

 La perméabilité apicale : avec l’utilisation des limes № 08, 10 et 15.

22
Obturation Canalaire

23
1. Définition
L’obturation canalaire par son aspect radioopaque, est le témoin principal du
traitement endodontique, elle représente la dernière étape de la triade endodontique.
Cette dernière vient assurer, par son herméticité, la pérennité du traitement
endodontique.

2. Objectifs de l’obturation canalaire


L’obturation doit isoler, le plus parfaitement possible, l’endodonte des structures
parodontales environnantes, afin qu’elles puissent conserver, ou retrouver un état
d’équilibre, indispensable à tout processus de cicatrisation.
Les objectifs de l’obturation canalaire sont :
 prévenir une recolonisation bactérienne aussi bien du côté coronaire qu’apical.
 éviter que les bactéries non éliminées lors de la préparation canalaire ne trouvent
une source de nutrition en les « emmurant », par le matériau d’obturation canalaire.
 permettre une guérison des tissus périapicaux en présence de lésion.
 sceller toutes les portes de communication entre endodonte et parodonte.
 s’étendre aux zones demeurées inaccessibles aux passages des instruments lors de
la mise en forme canalaire.

En résumé
Les Objectifs d’une obturation endodontique sont de deux ordres :
 Un objectif mécanique : représenté par l’étanchéité du scellement canalaire
 Et un objectif biologique : dont le but est de prévenir les problèmes
infectieux, et assurer un équilibre des tissus périapicaux.
3. Conditions requises pour une Obturation Endodontique
Quand doit-on prendre la décision d’obturer un canal ?
Lorsque le canal a été mis en forme et assaini, certains critères sont décisifs pour
passer à l’obturation canalaire :
 la dent doit être asymptomatique à la percussion.
 la zone en regard de l’apex de la dent concernée, doit être dépourvue d’œdème
et doit être insensible à la palpation.
 aucun suintement ne doit être décelable dans le canal qui, asséché doit rester sec.

24
 une fistule existant en début de traitement, doit s’être refermée après les
médications d’interséance.
 le canal ne doit pas dégager d’odeur, témoin de la persistance d’une nécrose.
 la restauration intermédiaire doit être restée intacte pendant l’inter-séance.
4. les Matériaux d’obturation canalaire
Le matériau d’obturation devra pouvoir remplir tout le réseau canalaire, il devra
répondre aux contraintes physiques, d’antiseptie et de biocompatibilité, qu’impose la
relation entre l’endodonte et le péri-apex, et devra en outre répondre à un certain
nombre de caractéristiques.
4.1. Qualités requises d’un matériau d’obturation canalaire

 le matériau devra être facilement introduit dans le canal radiculaire.


 sceller le canal aussi bien latéralement qu’apicalement.
 il ne devra pas se rétracter après avoir été inséré : stabilité dimensionnelle.
 il devra être imperméable à l’humidité et aux fluides.
 être bactériostatique ou tout au moins ne pas favoriser la croissance bactérienne.
 il devra être radio-opaque.
 il ne devra pas colorer la dent.
 ne pas irriter ni être toxique pour les tissus périapicaux.
 être stérile ou facilement et rapidement stérilisable immédiatement avant son
insertion.
 il devra être facilement retiré du canal radiculaire si nécessaire.
La gutta-percha, est le matériau le plus apte à répondre aux critères qualitatifs d’une
obturation endodontique, en effet la gutta-percha peut se compacter à froid ou à
chaud.

25
4.2. La gutta-percha
4.2.1. Origine de la gutta –percha
La gutta-percha provient de produits de sécrétion naturelle d’arbres exotiques
(Palaquium Gutta).
A l’état naturel la gutta-percha est de couleur blanche et friable, pour devenir
malléable et utilisée en endodontie, d’autres composants doivent être intégrés à la
gutta-percha (oxyde de zinc, sulfate de baryum, agents plastifiants, et des colorants).

4.2.2. Propriétés de la gutta-percha


 La gutta-percha est un matériau malléable et plastique. C’est un matériau non
résorbable, bien toléré biologiquement. Elle aurait une activité anti-microbienne
grâce à la présence d’oxyde de zinc qui serait donc le composé biologiquement
actif.
 La gutta-percha se ramollit et se dilate légèrement quand on la chauffe, ce qui
est un atout considérable pour un matériau d’obturation endodontique.
 De plus il a été démontré que le fait de réchauffer la gutta-percha, ne modifiait
pas ses propriétés physico-chimiques.
 La gutta- percha est insoluble dans l’eau ou les fluides tissulaires.
 Elle est radioopaque.
 Etant soluble dans le chloroforme, le xylène, l’eucalyptol et les essences
d’agrumes, la gutta-percha est de désobturation facile.
Cependant la gutta-percha n’adhère pas suffisamment aux parois canalaires, il est donc
nécessaire de lui associer un film de ciment qui adhèrera, d’une part à la gutta-percha,
d’autre part à la dentine canalaire.

4.3. les ciments endodontiques


Le ciment de scellement endodontique permet, non seulement le comblement de
l’interface microscopique entre les parois dentinaires et la gutta-percha, mais joue
également un rôle de lubrifiant, et assure l’obturation des canaux très fins là où la
gutta-percha ne peut pénétrer.

4.3.1. propriétés requises d’un ciment de scellement endodontique


Le ciment de scellement doit :
 assurer la lubrification du canal et donc une meilleure mise en place des cônes de
gutta-percha.

26
 assurer un joint étanche entre la dentine et la gutta-percha, pour supprimer toute
porte d’entrée aux micro-organismes et aux fluides organiques.
 jouer le rôle de matériau de comblement des canaux latéraux et accessoires ainsi
que les tubuli dentinaires, nécessaire à l’herméticité de l’obturation.
 créer un milieu défavorable au développement des micro-organismes.
D’autre part un ciment de scellement canalaire idéal devrait présenter les propriétés
physico-chimiques et biologiques suivantes :
 Un temps de prise rapide pour permettre le scellement de l’obturation canalaire,
mais un temps de travail suffisant pour pouvoir terminer l’obturation avant
durcissement.
 une stabilité dimensionnelle au moment de sa prise, et sa modification
volumétrique doit être la plus faible possible après durcissement, afin de prévenir la
formation d’un hiatus.
 une insolubilité aux fluides organiques pour éviter la percolation.
 il doit être d’introduction facile et de désobturation facile en cas de retraitement.
 le ciment canalaire doit être radioopaque.
 le ciment de scellement canalaire doit être biocompatible, non toxique pour le tissu
parodontal en cas de dépassement.
Aucun des ciments connus aujourd’hui ne possède toutes ces qualités requises, chaque
ciment présente des avantages et des inconvénients, le ciment sera choisi en fonction
du plus grand nombre d’avantages par rapport à ses inconvénients.

4.3.2. Les différentes variétés de ciments canalaires


Il existe actuellement 5 familles de ciments de scellement canalaire à base :
 d’oxyde de zinc eugénol
 de résine
 d’hydroxyde de calcium
 de verre ionomères
 et de silicone.
Les trois premiers ciments étant actuellement les plus utilisés.

L’obturation du réseau canalaire sera alors réalisée, par l’association d’un noyau dur
semi-solide : la gutta-percha, constituant la masse de l’obturation canalaire, et d’un ciment
de scellement, qui permet l’adhésion et la pénétration dans les tubuli dentinaires.

27
5. Techniques d’obturation canalaire
Plusieurs techniques d’obturation canalaire sont utilisées, cependant il existe deux
techniques fondamentales d’obturation du système canalaire :
 l’utilisation de la gutta-percha à froid, qui comprend :
- la technique monocône.
- et le compactage latéral de la gutta-percha
 et le compactage vertical à chaud de la gutta-percha.
5.1. Utilisation de la gutta-percha à froid

5.1.1. La technique monocône


C’est une méthode encore largement utilisée, c’est celle qui utilise une pâte
d’obturation canalaire, en général de l’oxyde de zinc-eugénol, avec adjonction
d’un cône de gutta-percha unique et calibré.
 Protocole opératoire
 choix et essai du cône de gutta
Le cône de gutta sera choisi par rapport à la taille de la dernière lime utilisée.
- Le cône sera essayé dans le canal, il ne doit ni dépasser l’apex, ni flotter ni
coincer dans le canal, nous devons par contre ressentir une légère résistance à
son retrait, la sensation de «tug-back».
- A l’aide d’une précelle, pincer la partie émergeant dans la cavité d’obturation,
du cône de gutta, ce sera un repaire au moment de l’obturation.
- Le cône ainsi sélectionné sera plongé dans une solution de CLONa.
 Préparation du ciment canalaire ou de la pâte d’obturation canalaire
La pâte utilisée est généralement de l’oxyde de zinc-eugénol. Préparer alors le
ciment à l’aide d’une spatule à malaxer stérile sur la face rugueuse de la plaque de
verre stérile aussi.
La consistance de la pâte devra être crémeuse type crème chantilly.
 Obturation canalaire
La pâte sera introduite dans le canal à l’aide d’un bourre-pâte de Lentulo monté sur
contre-angle.
- Le Lentulo sera d’abord essayé dans le canal, après l’avoir choisi selon les
dimensions du canal, il devra s’arrêter à la LT.

28
- Vérifier ensuite le sens de rotation, le bourre-pâte de Lentulo devra tourner selon
le sens des aiguilles d’une montre.
- Enduire le Lentulo, tout au long de ses spires, à l’aide de ciment, et l’introduire
à l’arrêt, tout au long du canal jusqu’à l’apex physiologique (LT).
- Dès que le Lentulo est en bonne position, actionner le tour, à faible vitesse et le
retirer progressivement, le bourre-pâte abandonnera ainsi la pâte tout le long des
parois canalaires.
- Refaire le transport environ trois fois, jusqu’à remplissage total du canal.
- Prendre alors le cône sélectionné et séché au préalable à l’aide d’une compresse
stérile à l’aide d’une précelle, et l’enfoncer dans la pâte canalaire, tout au long
du canal jusqu’à la LT.
- Sectionner ensuite, si cela n’a pas été fait au préalable, à l’aide d’un instrument
chauffé, la partie du cône de gutta qui émerge de la chambre pulpaire.

5.1.2. La Technique de compactage latéral de la gutta à froid


La technique permet l’utilisation d’un maitre-cône, choisi en fonction du diamètre et
de la longueur du dernier instrument employé à la longueur de travail, il sera enduit
d’un ciment de scellement, puis ajusté et condensé à froid à l’aide d’un fouloir de
condensation latéral : le «spreader». Cette action a pour but de presser le cône
principal contre la paroi canalaire.
L’espace laissé vide par le compactage, est comblé par des cônes accessoires, placés
de la même façon que le cône principal. L’extrémité des cônes est ensuite sectionnée à
l’aide d’un instrument chauffé au rouge.

 Inconvénients de la méthode
Technique longue et fastidieuse, et souvent difficile à mettre correctement en œuvre,
surtout dans les canaux longs et fins, car il est impossible de faire pénétrer le
«
spreader» suffisamment en profondeur dans ce type de canaux.

5.2. Obturation à l’aide de gutta-percha à chaud ou thermoplastification de


la gutta-percha
5.2.1. Le Compactage thermomécanique de la gutta-percha
Le compactage thermomécanique, mis au point dans les années 80 par JT. Mac
Spadden, utilise des compacteurs (de Mc Spadden), qui montés sur contre-angle
entrainent un dégagement de chaleur, qui plastifie le cône de gutta-percha par friction,
et le pousse à la fois latéralement et apicalement
29
Cette technique implique l’introduction, la thermoplastification et le compactage
simultanés de la gutta-percha, elle est efficace et rapide, elle nécessite peu de matériel.

 Inconvénients de la méthode
Son apprentissage est long, la technique est difficile à maitriser et peut être dangereuse
à cause du manque de contrôle apical, notamment chez les praticiens qui manquent
d’expérience.

5.2.2. La Technique dite hybride


Cette technique est basée sur le compactage latéral à froid d’un maitre-cône et de 2 ou
3 cônes accessoires au tiers apical, Le reste du canal est obturé alors en
thermocompactage (selon la méthode de Mc Spaden).
Cette technique est efficace, plus rapide que le compactage latéral et plus sûre que le
thermocompactage seul.

5.2.3. La Technique de compactage de gutta-percha chaude en vagues


multiples : ou technique de H. Schilder
C’est l’ajustage d’un maitre-cône non standardisé, associé à un minimum de ciment de
scellement, ainsi que l’utilisation d’une source de chaleur, manuelle ou électronique,
pour plastifier la gutta-percha.
Des fouloirs ou «plugger» spécialement conçus pour cette technique, permettent de
compacter la gutta-percha chaude, en vagues multiples jusqu’à obturation complète du
système canalaire
Le moulage apical de la gutta-percha chaude, sous l’effet de la pression hydraulique,
permet l’introduction du matériau dans les endroits les plus inaccessibles de
l’endodonte (canaux accessoires, latéraux, secondaires et isthmes).

 Inconvénients de la technique+
Si cette technique demeure une référence en terme de qualité de l’obturation du réseau
canalaire, son apprentissage et sa mise en œuvre sont longs.

5.2.4. Technique de compactage vertical en vague unique ou Système B


Ce type de compactage dérive de la technique de H. Schilder. LS. Buchanan crée en
1994 le Système B®, et lui donne d’ailleurs son initial (B), le Système est basé sur
l’utilisation d’un seul instrument, jouant le rôle de fouloir et de réchauffeur.
Le système B® est réglé à 200o, le fouloir ainsi chauffé compacte verticalement un
cône de gutta-percha préalablement ajusté, il permet ainsi le réchauffement contrôlé de

30
la gutta et sa compression à la longueur choisie. Cette vague de descente aboutit à
l’obturation du système canalaire latéralement et à la création d’un bouchon apical.
Comme pour la technique de H. Schilder cette phase de descente est suivie d’une
phase de remontée qui peut être obtenue, par compactage avec le Système B®, par
condensation thermomécanique ou encore par injection de gutta thermoplastifiée
(système Obtura).

5.2.5. Obturation à l’aide de gutta thermoplastifiée sur tuteur (le Thermafil®)


Il s’agit d’une technique d’obturation à l’aide d’une gutta-percha montée sur tuteur en
plastique radio-opaque et flexible.
Le tuteur servant de compacteur latéral et vertical. La gutta-percha associée au tuteur
porte le nom d’obturateur.
L’obturateur est préchauffé dans un four spécial (le Thermaprep® plus), au moment de
l’obturation, et ainsi thermoplastifié, il est inséré dans le canal sur toute la Longueur
de Travail.

Thermafil® :
Obturateurs de différentes tailles

PR. Z. HADJI

31
32

Vous aimerez peut-être aussi