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AXE1

Domaine 2
Les fragilités du lien social liées aux
Transformations économiques
Exposé 2 : Crainte du déclassement : la fin de l’ascenseur
social ?
Aujourd’hui les perspectives d'ascension sociale se dégradent pour les jeunes
générations qui sont exposées à un risque de déclassement par rapport à la
situation sociale de leurs parents et par rapport à leur niveau d'études.
La question que nous allons aborder est la suivante : Jusqu’à quel point le
déclassement impacte-t-il la société? Cet exposé sera organisé comme suit :
nous commençons par une analyse des causes du déclassement, puis nous
déterminerons quelles sont les classes les plus touchées par le phénomène de la
panne de l’ascenseur social. Enfin, nous aborderons un exemple de l’expression
d’un sentiment de déclassement à savoir les Gilets jaunes.

Le déclassement : dénommé également mobilité sociale descendante, désigne


en sociologie le fait de descendre l’échelle sociale, c'est-à-dire de dériver vers un
rang social inférieur au milieu dont on est issu.

Le déclassement n’est pas qu’une mobilité descendante en termes de classe. Il


s’apparente à une baisse de statut qui implique davantage de facteurs, et
apparaît dans diverses ==>situations telles que :

 l’embauche à un niveau de qualification inférieur à celui espéré ;


 la reconversion professionnelle dans un secteur d’activité différent ;
 le chômage contraint.

Quelles sont les causes du déclassement ?

Ce phénomène s’explique essentiellement par :


 des inégalités de revenu croissantes et une pauvreté en hausse à l’échelle
mondiale depuis la crise financière de 2008 ;
 le ralentissement de la croissance économique au niveau national comme
européen ;
 la globalisation du marché du travail et ses conséquences en termes de
sélectivité et de hiérarchisation, qui complexifient l'insertion
professionnelle et laissent de côté les profils en inadéquation avec les
besoins des entreprises ;
 le décrochage scolaire, directement lié au déclassement des jeunes
adultes.

Une autre cause de la panne de l’ascenseur social est celui la dévalorisation


des diplômes

En effet ;l’école a été longtemps perçue comme un moyen de s’élever


socialement, notamment par la mise en place des loi qui garantissent l’accès a
l’éducation lors de IIIe République. À une époque où les diplômes étaient rares,
l’école assurait un avenir à certains enfants issus de milieux défavorisés.

Avec une augmentation de 75% du nombre de diplômés bac+5 en France entre


2000 et 2012, l’adéquation entre le diplôme et l’emploi est devenue moins
certaine.

Réalisées périodiquement par l'Institut national de la statistique et des études


économiques (INSEE), les enquêtes "Formation et qualification professionnelle
(FQP)" ont démontré, que moins d'une personne sur deux connaît une
ascension sociale par rapport à ses parents et que la mobilité sociale française
est faible

Les conclusions d‘un rapport de l’OCDE sur le sujet datant de juin 2018 sont
claires : en France, mais aussi en Allemagne, il faudrait six générations, soit 180
années, pour qu’un descendant d’une famille en bas de l’échelle des revenus (les
10% les plus bas) se hisse au niveau moyen.

Dans ce contexte, il est important de savoir, quelles sont les classes les plus
touchées ?
En France, les personnes faisant partie du quintile inférieur de revenu, c’est-à-
dire les 20% de la population ayant les revenus les plus bas, paraissent les moins
susceptibles de s’élever économiquement.

Selon les chiffres fournis en 2018 par l’Organisation de coopération et de


développement économiques (OCDE), qui constitue l’une des principales
banques de données permettant de mesurer le déclassement, 64% de ces
personnes resteraient bloquées en bas de l'échelle.
En conséquence, ce déclassement a forcément un impact sur le lien social

En effet,
Quel impact sur le lien social ?

À la concurrence entre ceux qui voulaient s’élever socialement se substitue


maintenant l’hostilité de ceux qui craignent d’être déchus de leur rang. De plus,
ces mouvements se nourrissent généralement de l’angoisse liée à la mise en
concurrence des travailleurs sur un marché de l’emploi de plus en plus
mondialisé.

Cela renforce la désaffiliation de certains avec les sentiments de ne plus partager


un cadre de vie, des normes communes avec ceux qui sont mieux insérés dans
la sphère professionnelle. Cette fragilisation du lien induit également une « peur
du déclassement » face à aux mutations économiques. Ce ressentiment et cette
peur se retrouvent dans le sentiment d’une perte de valeur du statut social
malgré des niveaux de diplômes plus importants que la génération des parents.
Ils peuvent se traduire par la défiance et l’imputation de leur situation
aux dysfonctionnements du système social français, Le déclassement peut
également conduire à une forme de culpabilisation
Les Gilets jaunes, l’expression d’un sentiment de délaissement
Dans un autre registre, certains chercheurs considère que le mouvement des
Gilets jaunes trouve ses origines dans la "panne de l’ascenseur social" et le
mécontentement suscité par la fracture sociale qui en découle. Composées
essentiellement des classes moyennes basses situées au-delà des seuils où l’aide
sociale est significative, ces populations, qui luttent pour le maintien de leur
statut, demeureraient toutefois trop désavantagées pour espérer une forme
d’ascension.
Pour les Gilets jaunes, le problème ne vient pas du fort taux de chômage en
France mais des inégalités qui subsistent sur la question des salaires, des
transports, du niveau de vie, ainsi que des différences qui existent entre les
métropoles et les communes rurales. À ces revendications, se sont ajoutées celle
d’une meilleure représentativité et lisibilité démocratiques. Ce mouvement
n’ayant, à ce jour, pas encore trouvé d’issue, il est difficile de prédire sa
conclusion.

(Conclusion)Quelles solutions pour faire fonctionner l’ascenseur social ?

En conclusion, l’étude économique de l’OCDE (2019) sur la France met en


avant une série de recommandations pour une croissance plus inclusive :

pour faire fonctionner l’ascenceur social il faut

 réduire les écarts scolaires entre enfants issus de milieux socio-


économiques différents
 accompagner les chômeurs de longue durée et les jeunes actifs
 réguler les inégalités territoriales
 renforcer les liens entre monde professionnel et monde éducatif pour
valoriser professionnellement les compétences acquises de façon
académique.

Questions/ réponses
-Pourquoi l’ascenseur social est en panne ?
En France, les inégalités entre les générations se transmettent de manière plus
importante que dans un grand nombre d’autres pays européens. Autrement
dit, les individus évoluent difficilement sur l’échelle sociale, et ont du mal à
se défaire de l’héritage socio-économique de leurs parents.
La France fait partie de ceux où la mobilité économique est la plus faible,
c’est-à-dire où le niveau de revenu des enfants reste fortement corrélé à celui
de leurs parents.
Les inégalités de niveau de vie, plus faibles en France que dans la moyenne
européenne
En effet, les contraintes financières des ménages les moins aisés limitent les
investissements dans l’éducation, le capital culturel et les compétences sociales.
« Les parents plus éduqués, qui sont aussi susceptibles d’être plus riches,
investiront probablement davantage dans leurs enfants que les parents moins
éduqués

Alors, comment agir pour améliorer cette mobilité sociale et permettre


aux populations les plus défavorisées de sortir de la pauvreté ?
Investir dans l’éducation et les services essentiels à la population :
Travailler sur les programmes et méthodes pédagogiques, mais aussi
donner plus de moyens humains à l’école (davantage de professeurs par
exemple permettrait d’avoir de plus petites classes) sont des pistes pour
corriger les faiblesses du système scolaire français, et ainsi rendre le
succès scolaire moins dépendant de l’environnement familial.

Cibler prioritairement les catégories de population les plus défavorisées :


Pour briser le cercle vicieux de la pauvreté, il faut s’appuyer
impérativement sur des mesures locales, depuis les régions jusqu’aux
quartiers. Les pauvres ont tendance à vivre dans les zones les plus
déshéritées, là où les écoles sont peu efficaces, les infrastructures
délabrées, les services médiocres et peu disponibles, et les problèmes
de criminalité plus importants qu’ailleurs — autant de facteurs qui pèsent
sur les capacités d’apprentissage, de croissance et d’épanouissement
d’un enfant.

Encourager les aspirations des jeunes à un avenir meilleur


Pour améliorer la mobilité sociale, il faut au contraire susciter chez les
personnes défavorisées un sentiment d’espérance, de confiance, qui
l’amène à s’investir dans sa propre réussite.
Quelles sont les autres transformations économiques qui ont fragilisé le lien
social ?

Aujourd’hui, la fragilité économique paraît diviser toujours plus les Français.


Ainsi, le chômage est souvent vécu comme un sentiment de honte. De plus, la
politique actuelle surveille chômeuses et chômeurs, pourtant déjà en situation de
précarité, afin de s’assurer qu’ils ne profitent pas de la solidarité nationale. Ce
contrôle contribue à en faire des marginaux.
En outre, bien que médiatisées, les fermetures d’usines et autres plans sociaux
visant à renvoyer du personnel pour raisons économiques – selon les motifs
officiels – accélèrent un sentiment croissant de déclassement et d’exclusion
auprès des salariées et salariés qui en sont victimes.

La France est un pays fracturé entre un petit nombre qui s’enrichit et une
majorité qui vit difficilement à cause d’emplois peu rémunérateurs ou de
l’absence d’emplois. Cette fracture impacte nécessairement les individus.
Conséquences de ses transformations économiques laissent transparaître une
économie toujours plus fragilisée.
Exemple : il y a des catégories sociales en difficulté, les agriculteurs, qui ont
pourtant à charge de nourrir la population, voient leurs métiers disparaître et
leurs revenus s’amenuiser au fil du temps. On détecte par ailleurs un taux de
suicide élevé au sein de cette profession.
Entre sentiment d’abandon et affaiblissement latent du niveau de vie, certains
individus vivent donc de plus en plus difficilement les transformations
économiques du pays.

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