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Correction L8 Candide.

Introduction :

- Phrase d’amorce :
L’extrait que nous nous proposons d’étudier est un extrait du conte philosophique de
Voltaire, intitulé Candide ou l’optimisme, publié de façon anonyme en 1759 (l’œuvre
connue un succès sans précédent : rééditée 20x du vivant de son auteur).

- Présentation de l’auteur / mouvement littéraire (N’indiquez que ce qui est utile


pour mieux comprendre le texte analysé)
Présentation de Voltaire, philosophe des Lumières
+ Voltaire = auteur connu pour ses contes philosophiques. Le conte philo est un
genre narratif qui apparaît au XVIIIe siècle, en réponse à la censure que subissent
les philosophes. L’auteur, à qui l’on doit l’émergence du genre est incontestablement
Voltaire.
Conte philo = un apologue > il est constitué d’un récit et d’un enseignement
philosophique.
- Présentation rapide de l’œuvre Candide
Candide = conte philo dans lequel Voltaire raconte le parcours initiatique de Candide,
un jeune homme naïf, comme l’indique son nom, d’ascendance inconnue, élevé par
la famille de Thunder-ten-tronckh. Il est éduqué par le philo Pangloss, incorrigible
optimiste qui croit en la perfection du monde. Ce conte manie l’ironie et le récit de
formation pour aborder les mœurs de l’époque autant que pour contrer la pensée de
certains philosophes contre lesquels se pose Voltaire. Candide, au travers de ses
pérégrinations, va mettre à l’épreuve la philo optimiste de Pangloss.
Deux événements ayant bouleversé Voltaire se retrouvent dans cette œuvre : le
tremblement de terre de Lisbonne (1755) et la guerre de sept ans (1756-1762).

- Présentation de l’extrait :
Cet extrait appartient à l’incipit du conte, dans lequel le narrateur présente la famille
de Thunder-ten-tronckh. Après avoir présenté le comte et la comtesse, le narrateur
s’intéresse à Pangloss, le précepteur de Candide.

- LECTURE
- Annonce du projet de lecture / problématique : En quoi l’ironie voltairienne est-
elle au service de la dénonciation d’une certaine philosophie ?

- Annonce des mouvements du texte :


1/ le personnage de Pangloss et son optimisme
2/ l’impact de l’éducation de Pangloss sur Candide

Interprétation Citation Analyse


L’incipit, dans ce début Pangloss enseignait la - Pangloss = en grec « pan »
d’extrait , présente le métaphysico-théologo- = « tout » et « gloss » =
personnage de Pangloss, cosmolonigologie. « parler ». C’est donc celui qui
précepteur-philosophe comme veut tout dire sur tout >
semble l’indiquer la discipline décrédibilise la parole de
qu’il enseigne. Pangloss. Abondance qui est
Cependant dès cette 1e phrase, le signe d’un vide, d’un
le personnage est l’objet d’une manque de valeur car parler
critique virulente. Il incarne beaucoup sous-entend qu’il
pourtant l’enseignant, le n’a pas le temps nécessaire à
précepteur : cf importance de la réflexion + on ne peut pas
l’enseignement qui fait écho aux être expert dans tous les
Lumières qui veulent diffuser domaines.
leurs savoirs. Cependant ici
Pangloss devient un contre- - verbe « enseignait » >
exemple du bon enseignant (// Pangloss = figure du
Thubal Holoferne). Au lieu de précepteur
détenir le savoir, il représente
la bêtise et l’ignorance. - métaphysico-théologo-
cosmolonigologie = mot
construit par composition de
plusieurs préfixes : méta-
physico – théo – logo – cosmo
qui correspondent à des
domaines biens réels +
néologisme inventé par
Voltaire à partir de « nigaud »
> « nigologie » . Ce dernier
terme contrebalance le
sérieux des termes
précédents > ironie
+ science fantaisiste qui réunit
des disciplines qui ne
s’associent pas entre elles (=
bêtise de Pangloss)
+ volonté d’une science qui
totaliserait l’ensemble des
savoirs par le regroupement
de 3 disciplines (ma
métaphysique est une branche
de la pensée qui veut remonter
au principe des choses : fondée
sur l’abstraction, elle bénéficie
souvent d’un prestige intellectuel.
La théologie possède encore une
influence extrême au XVIIIe car
elle explique le monde en
fonction de dogmes religieux
admis par la plupart des gens. La
cosmologie a, par nature, des
proportions immenses qui
embrassent l’univers entier)
+ assonance en [o] qui fait
entendre « nigaud » donc effet
comique mais cela révèle
aussi la pédanterie du faux
savant.
> ironie voltairienne (ironie =
figure de rhétorique par
laquelle on dit le contraire de
ce que l’on veut faire
comprendre).
L’ironie voltairienne se déploie Il prouvait admirablement qu'il - verbe « prouvait » qui
alors pour développer la satire n'y a point d'effet sans cause, souligne la démarche en
des faux savants et de et que, dans ce meilleur des apparence logique de
certains philosophes comme mondes possibles, le château Pangloss. Il semble vouloir
Pangloss. Cependant derrière de monseigneur le baron était argumenter en s’appuyant sur
Pangloss se cache Leibniz qui le plus beau des châteaux et des preuves.
est un philosophe à peu près madame la meilleure des + renforcé par le champ
contemporain de Voltaire et dont baronnes possibles. lexical du raisonnement
la thèse est : Dieu a créé le logique : « effet », « cause »
monde le plus
harmonieusement possible - Cpdt ironie de l’adverbe
(mais ce monde n’est pas « admirablement ». Ce
parfait). Leibniz prétend que modalisateur, grâce à
« Dieu a choisi celui des l’hyperbole, sous-entend que
mondes possibles qui est le plus Pangloss ne prouve pas
parfait » (Discours de grand-chose.
métaphysique). Il considère que
le mal est nécessaire pour que - L’ironie se déploie ensuite
le bien se produise. En réponse, avec l’abondance des
Voltaire fait vivre dans le superlatifs : le château est « le
meilleur "des mondes possible" plus beau des châteaux »,
un jeune homme qui a été Madame est « la meilleure
instruit selon la philo de Leibniz. des baronnes possibles ».
Mais absence de logique : le
château est juxtaposé à la
baronne, et au meilleur des
mondes possibles alors qu’il
n’y a pas de corrélation
logique entre ces éléments.
Pour prouver que le « Il est démontré, disait-il, - emploi du discours direct > le
raisonnement de Pangloss est que les choses ne peuvent conteur prend ses distances
décalé, erroné, le conteur va être autrement : car, tout étant avec les propos de Pangloss
lui laisser la parole par fait pour une fin, tout est car il ne les intègre pas à son
l’intermédiaire du discours nécessairement pour la propos. Les guillemets
rapporté direct. meilleure fin. révèlent que le conteur ne
Voltaire déconstruit ainsi le prend pas en charge ces
discours de Pangloss de paroles + mis en valeur en
l’intérieur en montrant l’ineptie incise « disait-il »
du propos.
- « est démontré », « car,
« et » : excès du jargon
scientifique et de connecteurs
logiques dès le début du
discours de Pangloss : volonté
de paraître sérieux, mais cet
excès le rend ridicule.

- adverbe « nécessairement »
qui révèle le ridicule du
raisonnement. En effet, il n’y a
pas de logique cohérente
entre l’existence d’une fin et le
fait qu’elle soit
nécessairement la meilleure.

- importance du pronom
indéfini « tout » qui souligne la
pensée totalisante de
Pangloss, pédant, qui prétend
embrasser l’ensemble des
savoirs et connaissances.
Cela rejoint la discipline qu’il
prétend enseigner + son nom
en « pan ».

- « les choses ne peuvent être


autrement » = intolérance de
Pangloss, incapable
d’accepter une autre vision du
monde > il représente ce
contre quoi lutte les
philosophes des Lumières et
en particulier Voltaire.

Après avoir énoncé l’idée Remarquez bien que les nez - impératif « remarquez » qui
générale, Pangloss donne des ont été faits pour porter des place Pangloss dans la
exemples venant illustrer sa lunettes, aussi avons-nous position de l’enseignant qui
thèse. Or, son discours n’est des lunettes. Les jambes sont attire l’attention, ouvre les
argumentatif qu’en apparence. visiblement instituées pour yeux de ses interlocuteurs. Ici
Certes, nous avons des être chaussées, et nous avons c’est ironique car Pangloss
éléments typiques d’un discours des chausses. Les pierres ont déroule ensuite une fausse
argumentatif mais Pangloss va été formées pour être taillées, logique qui n’a rien de
toujours inverser la cause et et pour en faire des châteaux, remarquable sinon son
l’effet. Ce n’est pas le nez qui aussi monseigneur a un très ridicule ;
est fait pour porter les lunettesbeau château ; le plus grand
mais les lunettes qui se sont baron de la province doit être - connecteurs logiques :
adaptés aux nez. le mieux logé ; et, les cochons « aussi », (x2), « et », « par
étant faits pour être mangés, conséquent ».
De plus Pangloss va citer tous nous mangeons du porc toute
les éléments qui lui passent par l'année : par conséquent, - longueur des phrases qui fait
la tête sans faire de vrai ceux qui ont avancé que tout se succéder des éléments qui
raisonnement. Il pense d’abord est bien ont dit une sottise ; il n’ont pas de lien entre eux.
aux pierres, puis au château, fallait dire que tout est au
puis à monseigneur puis enfin mieux. » - présence toujours aussi
aux cochons. On peut se abondante des superlatifs et
demander quel est le lien hyperboles, ce qui souligne
logique qui s’établit dans sa tête l’ironie voltairienne et dénonce
pour en arriver là. Ex : quel lien la pensée optimiste de
entre monseigneur et les Pangloss.
cochons ? Ironie de Voltaire.
- parallélismes de
> discours qui se veut construction : « les nez ont
complexe, mais qui est été faits pour porter des
parodique, parce qu’il se lunettes, aussi avons-nous
complait dans des tournures des lunettes. Les jambes sont
obscures. visiblement instituées pour
être chaussées, et nous avons
> parodie de discours philo des chausses. Les pierres
ont été formées pour être
taillées, et pour en faire des
A la fin il se met à critiquer les châteaux, aussi monseigneur
autres philosophes : « ceux qui a un très beau château »
ont avancé que tout est bien ont > crée une sorte de comique
dit une sottise ; il fallait dire que de répétition qui rend le
tout est au mieux. » Non personnage de Pangloss
seulement c’est prétentieux, comique et ridicule.
mais en plus il se trompe
d’adversaires, car il s’agit de - exemples qui vont se
confrères de la pensée rapprocher de plus en plus de
optimiste. la terre : on a les jambes, les
chausses et enfin les pierres.
Mais aussi discours qui dénonce Métaphoriquement c’est un
l'étroitesse d'esprit de discours qui se casse la
Pangloss, incapable d’envisager figure, c’est une chute !
le monde au-delà du domaine De même, on passe du baron
du baron de Th. aux cochons, ce qui ridiculise
le baron et le rabaisse au rang
des animaux.
+ exemples qui ne dépassent
pas le domaine du baron de
Th > vision limitée dePangloss
> critique de Voltaire.

- « Tout est bien » et « tout est


au mieux ». L’abondance des
termes mélioratifs et
totalisants ainsi que
l’utilisation du présent de
vérité générale transforment
ces propos en lois
incontestables.

Bilan 1e mouvement :

Voltaire détourne les propos de Leibniz et les sort de leur contexte, aboutissant ainsi à une
démonstration incohérente qu’est la « mataphysico-théologo-cosmonigologie ». Il blâme
l’enseignement de Pangloss, qui est constamment tourné en ridicule : la parodie permet ainsi à
Voltaire de faire une joyeuse satire de Leibniz.

Le deuxième mouvement est Candide écoutait - rapport maître/élève basé


consacré à Candide, un jeune attentivement, et croyait sur l’admiration :
homme naïf, comme son nom innocemment ; car il trouvait « admirablement »,
l’indique. Ce mouvement met Mlle Cunégonde extrêmement « innocemment »,
en valeur l’influence du maître belle, quoiqu'il ne prît jamais « attentivement », « le plus
sur son élève : un élève passif, la hardiesse de le lui dire. grand philosophe »
qui reçoit la parole professorale
sans aucun esprit critique. - verbe « écoutait » qui
souligne la passivité de
A travers Candide, Voltaire nous Candide dans l’enseignement
montre les dangers de la qu’il reçoit (cf opposition à
philosophie optimiste : si nous l’éducation humaniste qui
ne remettons pas les choses en développe au contraire l’esprit
question, nous restons ignorants critique).
et nous devenons facilement
manipulables. - l’emploi des modalisateurs
tels que « innocemment,
révèle la pensée de Voltaire et
montre qu’il s’adresse
directement à son lecteur pour
donner son avis.

- emploi du verbe « croire »


qui souligne que l’éducation
de Candide relève de la
croyance et non du savoir, ce
qui signifie que Candide est
dans l’erreur, qu’il se trompe.

- phrase longue qui relie deux


idées qui n’ont rien à voir
entre elles : le fait que
Candide écoute son maître et
la beauté de Cunégonde.
Pourtant le connecteur logique
« car » relie les deux
éléments : souligne la logique
absurde de Candide qui établit
des liens entre des idées qui
n’ont rien en commun >
raisonnement absurde qui est
plus influencé par les
sentiments (son amour pour
Cunégonde) que par sa raison
> crédulité de Candide + peut
sous-entendre que l’attention
de Candide est due au fait
qu’il contemple Cunégonde.

- excès de connecteurs
logiques : « et », « car »,
« quoique ». Ironie car
absence de logique de la
pensée de Candide > révèle
l’influence de Pangloss sur
Candide.
Le raisonnement de Candide Il concluait qu'après le - en apparence structure
est assez étrange mais surtout il bonheur d'être né baron de fortement argumentative :
reproduit celui de son maître Thunder-ten-tronckh, le « concluait », « 2nd degré »,
par effet de mimétisme. Il second degré de bonheur était « 3e », « 4e » + « par
essaie de faire comme Pangloss d'être Mlle Cunégonde ; le conséquent »
en classifiant le bonheur par troisième, de la voir tous les
degrés. jours ; et le quatrième, - cpdt cette construction
d'entendre maître Pangloss, le argumentative n’est qu’une
Lui-même se place dans le 3 e
plus grand philosophe de la coquille vide, une structure
degré de bonheur car il peut voir province, et par conséquent creuse. En effet, il en arrive à
Mlle Cunégonde > sa situation de toute la terre. la conclusion sans introduction
de dépendance est totale. ni développement.
Aucun libre arbitre, aucune
liberté de pensée et d’agir.
Ensuite chacun des degrés du
Candide manque surtout bonheur paraît ridicule mais
d’expérience. Pour lui le plus surtout ils révèlent l’étroitesse
grand philo de la province, c’est d’esprit de Candide qui ne
aussi celui de la terre> il n’a dépasse pas les limites
jamais vu que sa province ce géographiques du domaine du
qui l’amène à faire des baron.
généralités hasardeuses.

Conclusion

- Dénonciation des faux savants et de la philosophie de Leibniz + critique de


l’éducation dévastatrice que cette philosophie optimiste peut dispenser.
- // Rabelais : la figure de Thubal Holoferne = le mauvais éducateur.

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