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4-088-D-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 4-088-D-10

Tumeurs du rein de l’enfant


P Chastagner
JC Fournet
F Doz
Résumé. – Les tumeurs du rein constituent un des groupes les plus fréquents de tumeurs solides de l’enfant.
F Gauthier
Depuis 30 ans, la nosologie de ces tumeurs a beaucoup progressé [20]. Elle le doit aux travaux des grandes
séries réunies par le National Wilms Tumor Study (NWTS) pour l’Amérique du Nord, et la Société
internationale d’oncologie pédiatrique (SIOP) pour l’Europe, ainsi qu’aux progrès de la génétique moléculaire
qui a bouleversé la compréhension de ces tumeurs.
Une quinzaine d’entités tumorales ont à ce jour été décrites dont le néphroblastome représente 85 % des cas.
En fonction du pronostic, les tumeurs du rein de l’enfant sont classées par la SIOP en tumeurs de bas risque,
de risque intermédiaire et de haut risque [31]. Elles font partie des tumeurs dont l’amélioration du pronostic est
la plus importante, en raison des progrès de l’imagerie et de la biologie, mais aussi d’une meilleure
connaissance des séquelles.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : oncologie pédiatrique, tumeurs du rein, néphroblastome, néphrectomie, chimiothérapie,


radiothérapie.

Néphroblastome les garçons (36,5 mois) que chez les filles PRÉDISPOSITION
AUX NÉPHROBLASTOMES
(42,5 mois). Les formes congénitales à
découverte néonatale sont très rares et les Il n’a pas été trouvé de façon concluante de
GÉNÉRALITÉS découvertes anténatales exceptionnelles [3]. Il liens avec une activité paternelle ou
Le néphroblastome, ou tumeur de Wilms, faut signaler la possibilité de néphro- maternelle particulière ou d’exposition à un
représente environ 6 % de l’ensemble des blastome chez le grand enfant, voire chez xénobiotique particulier. En revanche, il peut
cancers chez l’enfant, soit un cas pour l’adulte, dont plus de 200 cas sont rapportés très rarement exister une prédisposition
10 000 naissances. Sa prévalence est de trois constitutionnelle (« génétique ») au
dans la littérature [17]. L’âge de survenue
à dix cas par an et par million d’habitants. néphroblastome. Le caractère constitutionnel
varie en fonction du contexte : caractère
Celle-ci semble stable dans le temps et dans de cette prédisposition n’implique pas pour
unilatéral (45 mois) ou bilatéral (33 mois),
l’espace, alors qu’elle varie en fonction de autant que celle-ci soit familiale et
ou en présence d’une malformation associée
l’origine ethnique. La fréquence est de dix transmissible, car les néphroblastomes
(30 mois). familiaux sont très rares.
cas par million chez les Afroaméricains,
7,5 cas par million chez les Caucasiens, trois Le sex-ratio masculin/féminin révèle un ¶ Tumeurs familiales
par million chez les Asiatiques. On peut léger excès chez les filles : 0,89/1 dans les
Les néphroblastomes familiaux représentent
estimer qu’en France, environ 100 nouveaux statistiques de la Société internationale
moins de 1 % des cas. Une étude du
cas sont diagnostiqués par an. d’oncologie pédiatrique (SIOP). L’atteinte National Wilms Tumor Study (NWTS) ne
des filles représente 52,6 % des cas totaux et trouve pas, dans ce cas, les caractères
57,8 % des cas bilatéraux. h a b i t u e l l e m e n t re n c o n t r é s d a n s l e s
ÂGE, SEX-RATIO, CÔTÉ ATTEINT
prédispositions familiales aux tumeurs :
L’âge médian au diagnostic est de 38 mois Les tumeurs unilatérales représentent 93 %
l’âge de survenue est identique à celui des
aux États-Unis et de 43,5 mois en France. La des cas, parmi lesquelles 89 % sont uniques,
tumeurs sporadiques ; il n’y a pas
survenue est légèrement plus précoce chez alors que 11 % sont multicentriques. Les
d’augmentation de fréquence des cas
tumeurs bilatérales représentent 4 à 7 % des
bilatéraux ou d’association à des
cas. Dans deux tiers des cas, ces tumeurs malformations congénitales.
surviennent de façon synchrone et dans un
Un gène de prédisposition familiale au
Pascal Chastagner : Professeur des Universités, praticien hospitalier, tiers des cas, de façon différée dans le temps. néphroblastome, FWT1, a été identifié en
service de médecine infantile II, hôpital d’enfants, centre hospitalier L’intervalle entre la survenue du premier et 17q12-q21, qui pourrait ne pas être un gène
universitaire de Nancy, 5, allée du Morvan, 54500 Vandœuvre-lès-
Nancy, France. du deuxième néphroblastome peut aller suppresseur de tumeur conforme au modèle
Jean-Christophe Fournet : Maître de conférences universitaire, jusqu’à 6 ans. Ces tumeurs sont
praticien hospitalier, laboratoire d’anatomie pathologique, hôpital proposé par Knudson [52, 71]. Par ailleurs, le
Necker-Enfants-Malades, 149-161, rue de Sèvres, 75743 Paris fréquemment associées à un syndrome néphroblastome familial semble
cedex 15, France. malformatif (25 %). La proportion de forme
François Doz : Médecin de centre, service d’oncologie pédiatrique, génétiquement hétérogène et d’autres loci
institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75248 Paris cedex 05, France. anaplasique est identique, mais des seraient impliqués dans son déterminisme.
Frédéric Gauthier : Professeur des Universités, praticien hospitalier,
service de chirurgie pédiatrique, hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-
discordances histologiques entre les deux Un autre locus, FWT2, a ainsi été identifié
Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre, France. reins peuvent être observées. en 19q13.3-q13.4 [60].

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chastagner P, Fournet JC, Doz F et Gauthier F. Tumeurs du rein de l’enfant. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Pédiatrie,
4-088-D-10, 2001, 16 p.

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4-088-D-10 Tumeurs du rein de l’enfant Pédiatrie

¶ Association à des malformations une aniridie, des malformations génito- qui code pour un facteur de transcription
urogénitales u r i n a i re s e t u n re t a rd m e n t a l ) . I l s jouant un rôle central dans la différenciation
surviennent dans le cortex profond et la rénale et gonadique. Une délétion
Environ 5 % des néphroblastomes sont médullaire, et sont en général à hétérozygote de WT1 est à l’origine de
associés à une malformation génito- prédominance mésenchymateuse. Ils malformations génito-urinaires et peut
urinaire : cryptorchidie (2,78 %), infiltrent le rein adjacent et peuvent être conditionner une prédisposition à la
hypospadias (1,78 %), duplication rénale confondus avec un néphroblastome. s u r v e n u e d ’ u n n é p h ro b l a s t o m e [ 2 3 ] .
(1,52 %), rein en « fer à cheval » (0,43 %) [21]. Cependant, ce dernier est limité par une Conformément au modèle de Knudson, cette
Cette association laisse penser qu’il existe pseudocapsule et sa périphérie apparaît plus délétion constitutionnelle est le premier
assez fréquemment une prédisposition compressive qu’infiltrante. Les restes événement menant à la genèse d’un
constitutionnelle au développement d’un intralobaires sont en général mieux néphroblastome. Le deuxième événement est
néphroblastome, malgré l’absence organisés que les néphroblastomes, avec peu somatique et a lieu au cours du
d’incidence familiale. de modifications du rein adjacent [9]. développement rénal. Il peut s’agir d’une
deuxième délétion ou d’une mutation du
¶ Restes néphrogéniques
¶ Association à des anomalies gène WT1 [76].
(néphroblastomatose)
chromosomiques
Les restes néphrogéniques sont des foyers ¶ Syndrome de Denys-Drash
anormalement persistants de cellules On note une augmentation de la fréquence
des néphroblastomes chez les enfants L e S D D a s s o c i e d e s t ro u b l e s d e l a
embryonnaires métanéphriques. Ils sont
porteurs de trisomies 13 et 18. différenciation sexuelle chez le garçon 46, XY
observés dans le rein sain adjacent dans
(pseudohermaphrodisme mâle, dysgénésie
environ 25 à 40 % des néphroblastomes,
¶ Syndromes de prédisposition gonadique, gonadoblastome), une sclérose
alors que leur fréquence dans des séries
au néphroblastome mésangiale de survenue précoce et la
autopsiques contrôles n’est que de 1 % [9]. Le
survenue d’un néphroblastome. Quelques
terme de « néphroblastomatose » désigne la Environ 2 % des néphroblastomes sont cas ont été décrits chez des filles 46, XX qui
présence de restes néphrogéniques diffus ou associés à un syndrome malformatif, ne présentent pas d’anomalies génitales [32].
multiples. Ils sont observés dans 12 à 17 % c o n s i d é r é c o m m e u n s y n d ro m e d e
des pièces de néphrectomie pour Ce syndrome est associé à la même région
prédisposition au néphroblastome. Les 11p13 que le syndrome WAGR. Cependant,
néphroblastome unilatéral et jusqu’à 100 % principaux sont le syndrome WAGR, le SDD,
des cas dans les cas bilatéraux. Cette ce syndrome n’est pas dû à une délétion de
le SWB et le syndrome de Perlman. Très la région 11p13, mais à une mutation
association suggère que les restes rarement, des néphroblastomes ont été
néphrogéniques sont associés à un même constitutionnelle ponctuelle d’un des deux
décrits dans le cadre d’un syndrome allèles du gène WT1. La mutation
phénomène physiopathogénique et « tumeur de la mâchoire-hyperparathy-
pourraient constituer une lésion précurseur constitutionnelle d’un seul allèle suffit à
roïdie » familial, d’une neurofibromatose de produire ce phénotype très grave. Ces
menant au néphroblastome. type 1 (NF1), d’un syndrome de Bloom, d’un mutations sont donc, dans ce cas, dites à
Microscopiquement, ils sont constitués de syndrome de Li-Fraumeni, ou d’un effet « dominant-négatif » et ont une
blastème, d’une composante épithéliale de syndrome de Simpson-Golabi-Behmel. expression plus sévère que les délétions
tubes et d’ébauches glomérulaires et d’une Ces syndromes sont rares mais constituent complètes du gène WT1 du syndrome
composante conjonctive. Ils peuvent être de très intéressants modèles de médecine WAGR.
« quiescents », « sclérosants » ou « hyper- moléculaire et apportent d’importants
plasiques » ; ces différents aspects peuvent Des mutations constitutionnelles de WT1 ont
éléments pour la compréhension du rôle des également été observées chez des patients
s’observer chez le même patient. Ces restes gènes impliqués dans la genèse des
peuvent régresser et laisser place à du tissu atteints de scléroses mésangiales isolées sans
néphroblastomes. néphroblastome associé, de sexe masculin ou
fibreux ou progresser vers un néphroblas-
tome [9]. En fonction de leur localisation dans féminin. Elles ont également été trouvées
¶ Syndrome WAGR dans le syndrome de Frasier qui associe un
le rein, on distingue les restes néphrogé-
niques péri- ou intralobaires. Le risque de développement d’un pseudohermaphrodisme masculin à une
néphroblastome pour les porteurs de ce glomérulopathie progressive, plus tardive
Les restes périlobaires sont localisés autour
syndrome est d’environ 30 %. Par ailleurs, que celle observée dans le SDD [64].
du lobule rénal, dans les colonnes de Bertin
et sous la capsule rénale. Ils s’observent dans en dehors de ce syndrome, 1,2 % des
néphroblastomes s’accompagnent d’une ¶ Syndrome
l e c a d re d ’ h é m i h y p e r t ro p h i e o u d e
syndrome de Wiedemann-Beckwith (SWB), aniridie. Dans la très grande majorité des de Wiedemann-Beckwith
liés à la région soumise à empreinte cas, le WAGR est un syndrome sporadique. Le SWB associe une « hypercroissance » [22]
parentale 11p15.5. Ils sont habituellement Des analyses caryotypiques ont montré chez ou une hémihypertrophie, une viscéromé-
microscopiques et bien séparés du rein certains de ces malades la présence d’une galie, une macroglossie, une cytomégalie
normal adjacent. Il y a cependant un délétion constitutionnelle de novo du bras corticosurrénalienne, une dysplasie rénale et
continuum entre restes néphrogéniques et court du chromosome 11 intéressant la un hyperinsulinisme néonatal transitoire.
néphroblastome, ce qui rend la distinction bande p13. D’exceptionnels cas de Quatre vingt-cinq pour cent des cas sont
très difficile et peut-être illégitime dans les transmission familiale ont été décrits. Les sporadiques et 15 % familiaux. Dans ces
cas-limites [9]. Des restes néphrogéniques analyses moléculaires ont montré que cette familles, on note un excès de jumeaux. La
périlobaires peuvent également s’observer délétion emporte au moins deux gènes dont transmission est dominante avec pénétrance
dans des dysplasies rénales kystiques ou en la perte conjointe est à l’origine du variable et un excès de transmission
association avec un néphrome syndrome WAGR. Le premier de ces gènes maternelle. Une liaison des SWB familiaux
mésoblastique. est le gène PAX6 dont la perte constitution- avec la région 11p15.5 a été mise en
Les restes intralobaires s’observent dans le nelle de l’un des allèles est à l’origine de évidence. Deux pour cent des cas,
cas des syndromes malformatifs liés aux l’aniridie. Des aniridies isolées dues à des sporadiques ou familiaux, sont associés à
anomalies constitutionnelles du gène WT1 mutations restreintes au gène PAX6 peuvent une anomalie chromosomique touchant la
en 11p13 : le syndrome de Denys-Drash être observées. Il n’y a pas, dans ce cas, de région 11p15. Les patients atteints de SWB
(SDD) et le syndrome WAGR (acronyme prédisposition au néphroblastome. développent une tumeur embryonnaire dans
désignant un syndrome polymalformatif qui Le deuxième gène situé dans la zone de 5 à 21 % des cas : néphroblastome,
associe un néphroblastome [Wilms’tumor], délétion est le gène WT1 (Wilms’tumor 1) corticosurrénalome, hépatoblastome,

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

rhabdomyosarcome embryonnaire [80]. Le d’une perte d’allèles du 16q, indépen- composantes du métanéphros en
risque de tumeur serait plus grand en cas damment des autres facteurs pronostiques différenciation peuvent être observées :
d’hémihypertrophie corporelle, de comme le stade ou la présence d’une blastème indifférencié, structures épithéliales
viscéromégalie de trois organes (foie, rein, anaplasie [42, 43]. (tubes et ébauches glomérulaires) et tissu
rate) et en particulier de néphromégalie, de conjonctif ou dérivés mésodermiques divers
– Le bras court du chromosome 1.
SWB familial, de macrosomie supérieure à (contingent « mésenchymateux » ou
Le bras court du chromosome 1 (1p) est le
+ 2 DS. Il n’y a pas, à ce jour, de facteur « stromal »). Lorsque ces trois composantes
siège de pertes d’allèles dans environ 10 %
prédictif moléculaire. sont présentes, le néphroblastome est dit
des cas sans biais parental de l’allèle perdu.
En qui concerne le néphroblastome, un SWB « classique » ou « triphasique ». Il est dit
Dans la plupart des cas, les zones de
est observé dans 1 % des cas du NWTS. « monophasique » ou « diphasique »
délétion sont très étendues et deux régions
Environ 21 % des patients présentent une lorsqu’il ne comprend qu’un ou deux
du 1p pourraient être impliquées dans ce
tumeur bilatérale, synchrone (17 %) ou contingents respectivement. Si un des trois
modèle de tumorigenèse. Il n’a pas été
m é t a c h ro n e ( 4 % ) . L e p ro n o s t i c e s t contingents représente plus du tiers de la
prouvé que ces anomalies avaient une
globalement bon : 90 % de survie à 4 ans [16]. tumeur, le néphroblastome est dit « à
incidence pronostique [42].
prédominance blastémateuse, épithéliale ou
¶ Génétique des néphroblastomes – La région 17p13 et le gène P53. mésenchymateuse ». Cette prédominance est
sporadiques Des mutations du gène P53, situé en 17p13, corrélée aux anomalies génétiques en cause.
ont été trouvées dans 4 % des néphroblas- Le néphroblastome à prédominance
Peu d’informations sont encore disponibles tomes et 70 % des néphroblastomes blastémateuse serait de stade d’extension
sur la genèse du néphroblastome anaplasiques (8/11), d’histopronostic plus élevé au diagnostic [12]. Le
sporadique, qui représente plus de 90 % des défavorable. La signification de cette néphroblastome à prédominance épithéliale
cas. En effet, les études cytogénétiques et les mutation reste donc à préciser. serait moins agressif : plus de 80 % sont
recherches systématiques de pertes d’allèles
– La région 7p15-7p22. découverts au stade I et seulement 5,7 % aux
(cartographie de délétion) ont permis
Des translocations constitutionnelles ou stades III ou IV [12].
d’identifier plusieurs régions impliquées
d a n s l a g e n è s e d u n é p h ro b l a s t o m e somatiques du chromosome 7 (7p15-7p22) et
sporadique : 11p13 (WT1), 11p15.5 (WT2), des isochromosomes 7q ont été observées ¶ Modifications postchimiothérapie
16q, 1p, 7p, 17p. D’autre part, de multiples dans 25 % des cas. Des pertes d’allèles de la
L’examen de la pièce opératoire après la
anomalies cytogénétiques ou moléculaires région 7p15-p21 ont été observées dans 3 %
chimiothérapie première (selon le protocole
peuvent être trouvées dans la même tumeur. à 10 % des cas [43].
SIOP) montre des remaniements tumoraux
Le néphroblastome constitue donc un – Trisomie 12. associant de la nécrose et un tissu conjonctif
modèle complexe de génétique constitution- La trisomie 12 est l’anomalie chromoso- collagène contenant des macrophages
nelle et somatique multigénique [ 2 5 ] , mique, structurale ou numérique, le plus spumeux et des sidérophages. Certaines
semblable à celui décrit dans les carcinomes fréquemment trouvée dans les néphroblas- tumeurs « maturent » sous chimiothérapie
de l’adulte. La dizaine de gènes en cause, tomes. Elle a été observée jusque dans 52 % avec une augmentation de la différenciation
dont un seul est identifié (WT1), peut des cas (et 81 % des tumeurs hyper- épithéliale gloméruloïde et des éléments
intervenir soit dans l’initiation de la tumeur, diploïdes). hétérologues (muscle strié). Une bonne
soit au cours de la progression tumorale et réponse à la chimiothérapie (nécrose totale
l’acquisition par le clone tumoral d’un – Autres régions.
Les études cytogénétiques ont également ou supérieure à 95 %) est de meilleur
phénotype de haute malignité ou de pronostic [87].
chimiorésistance. montré des anomalies plus rares,
constitutionnelles telles que des délétions
– La région 11p13 et le gène WT1. constitutionnelles 2q37.1, ou somatiques ¶ Anaplasie
Le rôle de WT1 est vraisemblablement limité telles que des translocations du 3p, des
d a n s l a g e n è s e d u n é p h ro b l a s t o m e Le néphroblastome anaplasique représente
isochromosomes 17q. Les études environ 5 % des tumeurs du rein de l’enfant.
sporadique. Des mutations constitutionnelles moléculaires ont mis en évidence des pertes
du gène WT1 ne sont trouvées que dans 5 à L’anaplasie n’a jamais été décrite avant
d’allèles du 4q (5 %), du 6p (6 %), du 11q 6 mois de vie et est très rare avant l’âge de
15 % des cas de néphroblastomes (10 %), du 18p (9 %) et du 22q (14 %).
sporadiques. L’effet dominant négatif de 2 ans. Sa fréquence augmente avec l’âge.
Récemment, des études d’hybridation
certaines mutations de WT1 a également été génomique comparatives ont trouvé des L’anaplasie est définie par la réunion
trouvé dans certaines tumeurs ne présentant gains des régions 1q, 7q, 8 et 12, et des obligatoire de plusieurs critères :
qu’une mutation somatique de WT1. pertes de régions nouvelles comme 21q, 3p – présence de mitoses anormales tri- ou
– La région 11p15.5. et 3q. tétrapolaires ;
La région 11p15.5 constitue la deuxième Ces études suggèrent que d’autres gènes
région délétée dans ce modèle. Elle est pourraient jouer un rôle accessoire dans ce – augmentation de la taille des noyaux à
appelée pour cette raison WT2. Elle contient modèle de tumorigenèse, en particulier au plus de trois fois la normale ;
plusieurs gènes candidats, tels IGF2 et cours de la progression tumorale et – hyperchromatisme.
P57KIP2, dont aucun n’a pu être impliqué l’acquisition par le clone tumoral d’un
E l l e p e u t s ’ o b s e r v e r d a n s l e s t ro i s
avec certitude. Pour certaines de ces phénotype de haute malignité. En
contingents cellulaires : blastémateux,
tumeurs, les pertes d’allèles sont spécifiques particulier, les pertes d’allèles du 11q et du
épithélial ou mésenchymateux. L’anaplasie
de la région 11p15.5 et ne touchent pas la 22q ont été plus fréquemment trouvées dans
serait un clone résistant à la chimiothérapie
région 11p13. des tumeurs anaplasiques, récidivantes ou
plus qu’un clone agressif. En effet, la
– Le bras long du chromosome 16 (16q). d’issue fatale [51].
proportion de tumeurs anaplasiques est la
Les néphroblastomes sont le siège de pertes même, quel que soit le stade d’extension.
d’allèles du bras long du chromosome 16 ANATOMIE PATHOLOGIQUE L’anaplasie peut être focale ou diffuse.
dans 14 à 20 % des cas. L’allèle perdu est L’anaplasie focale se définit par la présence
indifféremment d’origine maternelle ou ¶ Aspect microscopique d’un ou deux foyers bien délimités
paternelle. L’analyse d’une série de 232 cas d’anaplasie dans la tumeur. L’anaplasie
de néphroblastomes a montré une moins L’aspect microscopique du néphroblastome diffuse regroupe les cas où :
bonne survie sans rechute à 2 ans chez les est très polymorphe. Dans cette tumeur
enfants dont les tumeurs sont porteuses reproduisant la néphrogenèse, les trois – les foyers d’anaplasie sont mal délimités ;

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au rein, au sens de parenchyme rénal,


Tableau I. – Stades d’extension des néphro- l’invasion sinusale définit un stade II. La
blastomes selon la Société internationale
veine rénale est dépourvue de tumeur, mais
d’oncologie pédiatrique.
les vaisseaux intrarénaux peuvent être
Stade I Tumeur limitée au rein, exérèse complète envahis. De même, les cavités pyélocali-
cielles peuvent être envahies.
a. Intrarénale et dans les contours du rein
Dans le stade II, la tumeur est d’exérèse
b. En partie pseudoextrarénale, limitée par une pseu- complète mais s’étend au-delà du rein
docapsule
(parenchyme rénal), dans la graisse
c. Invasion du bassinet périrénale, dans la graisse du sinus ou du
Stade II Tumeur s’étendant en dehors du rein, hile rénal.
exérèse complète Dans le stade III, l’exérèse de la tumeur est
a. Invasion au-delà de la capsule, dans le tissu adipeux incomplète. Les résidus tumoraux, macro-
périrénal et périhilaire (sinus du rein compris) ou microscopiques, peuvent être situés dans
la graisse rénale ou sous-séreuse ou dans les 1 Néphroblastome bilatéral.
b. Invasion des ganglions lymphatiques régionaux
(hilaires ou autour de l’artère rénale) vaisseaux. Ils doivent être repérés par
rapport à la pièce.
c. Invasion des vaisseaux extrarénaux
Dans le stade IV, la tumeur comporte des
d. Invasion de l’uretère métastases, de dissémination hématogène.
Stade III Tumeur s’étendant en dehors du rein, Indépendamment de la présence de
exérèse incomplète métastases, le stade local (I, II ou III) doit
a. Biopsie préopératoire (en dehors des biopsies
être réalisé car il conditionne le traitement
à l’aiguille fine) local (irradiation de la loge rénale).
b. Rupture pré- ou peropératoire Le stade V désigne les tumeurs bilatérales.
Chaque tumeur doit faire l’objet d’une
c. Invasion des ganglions lymphatiques para-aortiques stadification locale propre.
(au-dessous ou au-dessus du niveau de l’artère rénale)
Selon les statistiques de la SIOP, il y a
Stade IV Métastases à distance environ 9 % de discordance dans la
2 Néphroblastomatose : lésions nodulaires corticales
bilatérales hypodenses.
Stade V Tumeurs bilatérales c l a s s i fi c a t i o n p a r s t a d e e n t r e l e s
pathologistes locaux et les pathologistes du – très rarement, la présentation peut être
– les cellules anaplasiques sont présentes groupe de révision [30]. Cette discordance est celle d’un tableau abdominal aigu,
dans les vaisseaux intra- ou extrarénaux, le principalement due à deux difficultés. La secondaire à une hémorragie intratumorale
sinus rénal, les extensions extracapsulaires première est liée à la chimiothérapie importante ou à une rupture intrapéritonéale
et les métastases ; préopératoire qui induit d’importants spontanée, ou à la suite d’un traumatisme
remaniements nécrotiques et inflammatoires. abdominal, parfois minime. Il peut alors s’y
– l’anaplasie est focale mais il existe des Le deuxième point critique est l’invasion du
foyers d’atypies nucléaires disséminés dans associer une pâleur intense et une
sinus dont la fréquence a certainement été hyperthermie.
la tumeur ; sous-estimée dans le passé [30]. En effet,
beaucoup de pathologistes ne considéraient Ce tableau clinique contraste avec celui
– l’anaplasie est présente dans une biopsie observé dans les neuroblastomes où il existe
ou un prélèvement tumoral incomplet ; l’extension comme un stade II qu’en cas
d’invasion du hile du rein, en dehors du le plus souvent une altération de l’état
– les modifications nucléaires anaplasiques plan de celui-ci. général avec douleurs, fièvre et perte de
s’étendent jusqu’aux limites d’un poids, ainsi que des symptômes en rapport
prélèvement, où le compte-rendu ne précise avec des localisations métastatiques,
pas si les prélèvements proviennent de la DIAGNOSTIC notamment osseuses.
même région [34]. À l’examen, la masse est palpée en avant
L’anaplasie, focale ou diffuse, ne modifie pas ¶ Présentation clinique plutôt qu’en arrière, avec possibilité d’un
le pronostic des tumeurs de stade I. Pour les Le tableau le plus typique est représenté par contact lombaire. La consistance n’est pas
autres stades, le pronostic des anaplasies la découverte par les parents, souvent lors rénitente, mais ferme, sans caractère
focales est comparable à celui des tumeurs du bain, d’une masse abdominale pierreux ni fixé en profondeur, qui ferait
conventionnelles (« histologie standard »). asymptomatique, chez un enfant en bonne alors plutôt évoquer un neuroblastome. Le
Celui des anaplasies diffuses est, en santé. Du fait d’une croissance tumorale reste de l’examen clinique doit rechercher
revanche, plus mauvais [34]. Le pronostic des progressive, l’augmentation du volume des malformations associées, une
tumeurs anaplasiques métastatiques est abdominal peut passer inaperçue hypertension artérielle, une anomalie de
particulièrement mauvais. (3 semaines en moyenne) et le diagnostic l’auscultation cardiaque pouvant faire
n’est posé que devant une importante évoquer l’existence d’un thrombus tumoral
¶ Stade protubérance abdominale. intracave remontant dans le cœur. La
palpation de voussures osseuses
Quatre stades d’extension tumorale sont Dans 20 à 30 % des cas, d’autres signes
douloureuses, notamment au niveau du
définis par la SIOP (tableau I) [30, 31]. peuvent être associés :
crâne, doit faire évoquer le diagnostic de
Dans le stade I, la tumeur est limitée au rein – des vomissements et douleurs métastases de neuroblastome.
(parenchyme rénal), d’exérèse complète. Les abdominales par compression digestive ; Dans des cas tout à fait exceptionnels, le
limites externes du rein sont données par la
– une hématurie présente dans environ 20 % néphroblastome peut être extrarénal
capsule du rein. Pour sa limite interne, le
des cas, en rapport avec une effraction des (localisation inguinale, lombosacrée, utérine,
parenchyme rénal n’est pas séparé du sinus
cavités excrétrices ; ovarienne, vaginale, scrotale...) [7].
du rein par une capsule. Le sinus du rein,
constitué de tissu adipeux contenant des – une hypertension artérielle (25 % des cas) ¶ Radiologie (fig 1, 2)
éléments vasculaires et nerveux, est donc un due à une augmentation du taux de rénine
point critique de l’extension tumorale. plasmatique, secondaire à une compression Les deux premiers examens à réaliser sont
Considéré par convention comme extérieur de l’artère rénale par la tumeur ; l’abdomen sans préparation (ASP) qui

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

permet de donner une vision globale de la périspléniques ou dans le cul-de-sac de possibilité d’une rupture tumorale, la
cavité abdominale, de visualiser une tumeur Douglas, en rapport avec une carcinomatose perméabilité de la veine rénale et de la VCI,
sous la forme d’une opacité homogène, péritonéale. ainsi que l’état du rein controlatéral, qui
refoulant les images aériques du tube L’imagerie par résonance magnétique (IRM) peut également être tumoral (fig 1). Ce bilan
digestif, et l’échographie qui précise le siège n’a pas d’indication au diagnostic. est réalisé grâce à l’échographie et au
rétropéritonéal intrarénal de la tumeur, son scanner.
caractère solide, échogène, ou mixte, DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Le bilan d’extension comporte la recherche
kystique et solide. L’environnement Dans la grande majorité des cas, le de métastases pulmonaires qui peuvent être
anatomique, la vascularisation (échographie- diagnostic de néphroblastome est aisé visibles sur la radiographie de thorax de face
doppler) et l’état de la veine cave inférieure lorsqu’il existe une concordance entre la et de profil. La réalisation d’un scanner
(VCI) ainsi que celui du rein controlatéral et présentation clinique (âge compris entre 1 et thoracique reste débattue.
du foie, doivent également être appréciés. 5 ans, masse abdominale ferme, isolée, L’échographie et le scanner abdominal
absence d’altération de l’état général), permettent de préciser l’existence de
Il est important de noter que l’urographie
l’imagerie (image tumorale solide métastases hépatiques. Les métastases
intraveineuse (UIV), auparavant examen de
intrarénale) et la négativité des o s s e u s e s s o n t t r è s r a re s e n c a s d e
référence, n’a plus sa place puisqu’elle ne
catécholamines urinaires. néphroblastome (0,8 % des cas) et ne doivent
montre de manière fiable que les cavités
En cas de fièvre, il faut savoir éliminer le être recherchées, à l’aide d’une scintigraphie
rénales qui sont le plus souvent
diagnostic d’infection urinaire, dont la osseuse, qu’en cas de signes cliniques
désorganisées et difficilement analysables,
présentation, parfois modifiée par les évocateurs ou d’une présentation atypique
les contours du rein étant très difficiles à
traitements antibiotiques, peut s’accom- de la tumeur rénale pouvant faire évoquer
apprécier. Cet examen a été avantageu-
pagner d’une masse : lithiase compliquée de une histologie défavorable, sarcome à
sement remplacé par le scanner abdominal,
pyonéphrose, pyélonéphrite pseudotumorale cellules claires et tumeur rhabdoïde, pour
qui permet d’explorer très rapidement et
xanthogranulomateuse [46]. lesquels les localisations métastatiques
correctement l’ensemble de l’abdomen.
Le diagnostic d’infection urinaire doit être osseuses sont plus fréquentes.
L’étude est effectuée sans, puis après
évoqué devant l’association de la fièvre avec
injection intraveineuse d’un produit de
biologiquement une hyperleucocytose à
contraste iodé, permettant de repérer les HISTOIRE NATURELLE
polynucléaires neutrophiles et un syndrome
plages hémorragiques qui, sans injection, DE LA MALADIE ET FACTEURS
inflammatoire, et, à l’imagerie, une PRONOSTIQUES
apparaissent spontanément hyperdenses.
pathologie inflammatoire avec collection
Des calcifications ne sont observées que dans L’histoire naturelle du néphroblastome est
pararénale, œdème de l’espace périrénal et
9 % des cas. Après injection du produit de vascularisation importante, contrastant avec connue grâce à une étude réalisée à l’institut
contraste, les vaisseaux et le parenchyme la taille modérée du syndrome tumoral. Gustave Roussy avant l’ère de la
rénal sont facilement visualisés. Le rein Certaines pathologies malformatives polychimiothérapie, sur une série de 299 cas
apparaît comme éclaté et la tumeur peuvent être confondues avec un diagnostiqués entre 1952 et 1968 [55]. Dans
pseudoencapsulée, entourée d’un néphroblastome, telles les dysplasies cette série, 54 % des enfants ont présenté des
parenchyme rénal dense. La tumeur est le multikystiques occupant tout ou partie du métastases, dont 10 % au moment du
plus souvent hétérogène, avec des plages rein, parfois découvertes lors d’une diagnostic. Ces métastases étaient localisées
centrales hypodenses nécrotiques, des plages échographie anténatale. L’absence de au niveau des poumons dans 80 % des cas,
kystiques et des cloisons épaisses et parenchyme rénal fonctionnel dans la masse dans la cavité abdominale dans 33 %, dans
irrégulières au sein de ces kystes. Cet plurikystique, qui a totalement remplacé le le foie dans 19 %, dans les os dans 13 % des
examen permet également de vérifier l’état rein, doit faire évoquer le diagnostic de rein cas et dans 9 % des cas au niveau des
du rein controlatéral, du parenchyme multikystique (cystadénome séreux) [65]. ganglions superficiels. Dans 96 % des cas,
hépatique et de visualiser une éventuelle les métastases ont été découvertes dans les
Chez un enfant âgé de moins de 6 mois, le
thrombose de la VCI. 2 ans suivant la néphrectomie, dont 84 %
diagnostic de néphrome mésoblastique,
dans la première année.
En fin d’examen, un ASP peut être réalisé, t u m e u r b é n i g n e i n d i ff é r e n c i a b l e
tout l’arbre rénal étant opacifié après radiologiquement du néphroblastome, doit
¶ Facteurs pronostiques
l’injection de produit de contraste. Ce cliché systématiquement être évoqué [36]. Enfin,
permet de repérer la loge rénale au cas où l’imagerie ne peut pas se substituer à Les facteurs pronostiques ont considéra-
son irradiation serait nécessaire. Le scanner l’histologie et un néphroblastome peut blement changé avec l’efficacité des
permet, en outre, de mettre en évidence une simuler d’autres tumeurs rénales, tel traitements. Par exemple, l’âge au
éventuelle rupture tumorale dont on peut l’adénocarcinome à cellules claires de type diagnostic, qui était un important facteur
distinguer trois stades iconographiques : adulte, le sarcome à cellules claires, une pronostique avant l’ère des polychimiothé-
tumeur rhabdoïde, voire une tumeur rapies efficaces, ne l’a plus été par la suite.
– la fissuration, traduite par une image extrarénale sécrétante comme le Les facteurs pronostiques actuellement
péritumorale en « croissant », spontanément neuroblastome. reconnus sont l’existence de métastases et le
hyperdense sans injection et hypodense Lorsque la présentation clinique et/ou caractère anaplasique diffus de la tumeur.
après injection, par rapport à la densité iconographique n’est pas typique, il est
tumorale ; possible de réaliser une ponction biopsique
TRAITEMENT
– la rupture rétropéritonéale, correspondant à l’aiguille fine, dont le trajet doit toujours
à une plage spontanément hyperdense, correspondre à une voie postérieure, afin de Le néphroblastome est le premier cancer de
périrénale ; rester rétropéritonéale, réalisée sous l’enfant qui a pu être guéri en raison de sa
anesthésie générale, avec une aiguille dont grande sensibilité à la chimiothérapie et à la
– la rupture intrapéritonéale associant un le calibre ne doit pas dépasser 18 gauges [78]. radiothérapie. Les progrès thérapeutiques
épanchement liquidien périhépatique, inter- Deux passages, au maximum, doivent être ont été rapides, grâce à des essais
hépatorénal et du cul-de-sac de Douglas. effectués, afin de réaliser une analyse multicentriques contrôlés dans le cadre de la
L’épanchement peut n’être le reflet que d’un cytologique et histologique. NWTS et de la SIOP. Ces différents essais
exsudat péritonéal réactionnel, alors qu’une ont permis de déterminer des facteurs
véritable rupture intrapéritonéale est ¶ Bilan d’extension pronostiques aboutissant à l’individuali-
confirmée par la présence de nodules Localement, il est important de préciser sation de groupes de malades à risques
tumoraux interhépatodiaphragmatiques, l’existence d’adénopathies abdominales, la différents, pour lesquels l’intensité du

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4-088-D-10 Tumeurs du rein de l’enfant Pédiatrie

Tableau II. – Évolution des traitements et de leur efficacité au cours des protocoles de la Société internationale d’oncologie pédiatrique (SIOP).

Traitement Distribution des stades (%) Survie sans


Études Rupture (%) P Survie (%)
préopératoire I II N- II N+ et III récidive (%)

SIOP 1 -Ø 22 38 40 32 10-5 50 64
- RT 20 Gy 43 45 12 4
SIOP 2 -Ø 28 35 37 20 0,006 73 75
- RT 20 Gy + AD 51 21 38 5
SIOP 5 - RT 20 Gy + AD 53 30 17 9,2 NS 74 82
- VCR + AD 43 36 21 5,7
SIOP 6 - VCR + AD 56 27 17 6 74 81
SIOP 9 83 91

RT : radiothérapie ; AD : actinomycine D ; VCR : vincristine.

traitement est adaptée. Ces facteurs de ¶ Traitement chirurgical tumeur, sa topographie à l’intérieur du rein
risque sont dominés par la classification et détecte certaines anomalies vasculaires
histologique et surtout le stade Place de la chirurgie dans le traitement (veine rénale gauche rétroaortique, par
chirurgicopathologique de la tumeur. des tumeurs rénales de l’enfant exemple). Il permet aussi de confirmer le
Le traitement d’une tumeur rénale de caractère fonctionnel et le volume du rein
¶ Chimiothérapie (tableau II) l’enfant comporte, dans tous les cas, au controlatéral, nécessaires à la program-
moins une étape chirurgicale. S’il s’agit mation d’une néphrectomie totale
L e n é p h ro b l a s t o m e e s t u n e t u m e u r d’une tumeur bénigne, l’intervention unilatérale. Un cliché urographique de face
particulièrement chimiosensible. C’est la confirme le diagnostic et assure la guérison. en fin de TDM précise mieux certaines
raison pour laquelle la chimiothérapie est S’il s’agit d’une tumeur maligne, l’exérèse variations anatomiques qui peuvent
utilisée de première intention dans la de la (ou des) tumeur(s) primitive(s) est conduire à modifier l’acte chirurgical (rein
stratégie thérapeutique de la SIOP afin de toujours nécessaire à sa cure radicale, et en « fer à cheval », duplicité pyélo-
diminuer le volume tumoral et le risque de l’exérèse d’éventuelles métastases l’est urétérale). Enfin, une échographie avec
rupture peropératoire, enfin de prévenir la parfois, en fonction de leur réponse à la étude doppler des vaisseaux rénaux et de la
survenue de métastases [ 5 6 ] . Les trois chimiothérapie. VCI est le meilleur moyen de diagnostiquer,
médicaments le plus utilisés sont : la veille de l’intervention, une thrombose
Responsabilité du chirurgien tumorale de la veine rénale, voire de la VCI,
– l’actinomycine D, anciennement qui ne doit plus être une découverte
dans le traitement du néphroblastome
administrée sur 3 ou 5 jours, mais dont opératoire.
l’efficacité est équivalente, en une seule Même au sein d’une équipe multidiscipli-
Anesthésie et monitorage.
injection, à la posologie de 1,5 mg/m2/cure ; naire, le rôle du chirurgien ne se limite pas à
exécuter le mieux possible l’intervention La néphrectomie pour néphroblastome
– la vincristine, à la posologie de d’exérèse prévue par le protocole. Il partage demeure une intervention majeure qui se fait
1,5 mg/m2/cure ; avec le pathologiste la responsabilité de la au contact des gros vaisseaux abdominaux,
– la doxorubicine administrée aux doses de détermination du stade de la tumeur, qui avec un risque potentiel d’hémorragie
conditionne le traitement postopératoire. brutale. Il est donc indispensable de disposer
30, 45 ou 50 mg/m2 par cure [83].
D’autre part, il peut être conduit, rarement, de voies veineuses caves supérieures
L’épirubicine a récemment remplacé la permettant un remplissage rapide et de
à diagnostiquer et à traiter la tumeur rénale
doxorubicine, aux mêmes doses, dans le but pouvoir surveiller de manière continue la
en situation d’urgence.
de diminuer la cardiotoxicité. pression veineuse centrale et la pression
Le protocole de la SIOP comporte trois
D’autres médicaments sont utilisés en cas artérielle. Les anesthésistes doivent donc
recommandations aux chirurgiens. La
d’histologie défavorable et/ou de stade avoir le même niveau d’expérience que
première est d’avoir lu avant l’intervention
avancé : l’opérateur.
les « suggestions et conseils », ainsi que le
q u e s t i o n n a i re c h i ru rg i c a l q u ’ i l d o i t Voie d’abord.
– le cyclophosphamide, utilisé en cas de
forme anaplasique dans l’étude américaine compléter après celle-ci. La deuxième Elle doit permettre une mobilisation facile et
NWTS4 ; souligne que l’exérèse d’un néphroblastome atraumatique du rein atteint, une bonne
est presque toujours une intervention exposition de l’aorte et/ou de la veine cave
– l’ifosfamide, administré à la dose de élective qui doit être effectuée par une de part et d’autre du carrefour rénal,
3 g/m2, 2 jours consécutifs dans le protocole équipe expérimentée. La troisième rappelle l’exploration éventuelle du rein sain et de la
de la SIOP [84] ; que, dans les rares cas où une tumeur totalité de la cavité abdominale pour évaluer
– l’étoposide, administré à la dose de largement rompue doit être opérée en correctement l’extension de la tumeur : c’est
500 mg/m2 sur 5 jours ; urgence, la plupart des exigences du donc une laparotomie. Une voie d’abord
protocole peuvent et doivent être largement utilisée correspond à une grande
– le carboplatine, administré à la dose de respectées [37]. voie transversale épigastrique sectionnant
600 mg/m2 sur 1 jour [68]. les deux grands droits et les muscles larges
Des taux de réponse très importants ont Traitement de la tumeur primitive : du côté atteint ; en cas d’adhérence au
récemment été rapportés avec l’association néphrectomie diaphragme, la résection partielle de la
de l’ifosfamide, de l’étoposide et du coupole est très facile par cette voie, qui
carboplatine (ICE) [1]. Des réductions de dose • Technique de référence dans les formes permet au besoin l’exérèse de métastases
d’un tiers sont préconisées pour l’ensemble unilatérales : néphro-urétérectomie totale pulmonaires lobaires inférieures. Quelques
élargie équipes utilisent encore volontiers une
de ces drogues lorsque l’enfant est âgé de
moins de 1 an, ou que son poids est inférieur Examens morphologiques préopératoires. thoraco-phréno-laparotomie.
à 12 kg, en cas de toxicité ou d’irradiation L’examen tomodensitométrique (TDM) avec Exploration.
concomitante, notamment afin de diminuer i n j e c t i o n v a s c u l a i re , f a i t e n fi n d e Le temps d’exploration comporte deux
le risque de maladie veino-occlusive. chimiothérapie, précise le volume de la parties dont les résultats sont consignés sur

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

droite par un décollement duodénopancréa-


3 Néphro - urétérectomie
tique, à gauche par le décollement du
totale droite pour tumeur du
pôle inférieur. 1. Section de mésogastre postérieur. Le temps suivant est
l’artère ; 2. section de la le repérage vasculaire (artère[s] rénale[s] et
veine ; 3. la surrénale peut veine[s] du rein tumoral). L’artère est liée en
être conservée ; 4. section de premier, la gauche au ras de l’aorte, la droite
l’uretère. entre l’aorte et la veine cave. Au cas où la
tumeur est très volumineuse, étalée devant
les gros vaisseaux, il faut soigneusement
repérer, avant de lier l’artère que l’on croit
être l’artère du rein tumoral, l’artère
controlatérale et l’artère mésentérique
supérieure. La ligature de la veine doit être
effectuée le plus rapidement possible après
celle de l’artère pour minimiser le risque de
dissémination par voie veineuse. Le rein
tumoral doit être enlevé en bloc avec le tissu
périrénal, les ganglions du hile et ceux du
carrefour aortorénal, ainsi que la partie
haute des vaisseaux gonadiques homo-
latéraux. Toute adénopathie latéroaortique
suspecte est réséquée, mais un curage
lombaire réglé n’est pas recommandé. Toutes
les zones d’adhérences suspectes sont
repérées sur la pièce, biopsiées sur le lit
tumoral en regard et repérées au moyen de
clips en titane pour guider une éventuelle
irradiation. Si la surrénale et ses vaisseaux
ne sont ni envahis, ni suspects et que leur
conservation ne fait pas passer au ras des
tissus envahis, ils peuvent être respectés ; la
4 Néphro - urétérectomie conservation de la surrénale est plus facile à
totale gauche pour tumeur du droite qu’à gauche où ses vaisseaux sont
pôle supérieur. 1. Section de
indépendants de ceux du rein et plus
l’artère ; 2. section de la
veine ; 3. la surrénale doit être facilement envisagée lorsque la tumeur
réséquée ; 4. section de l’ure- rénale est polaire inférieure. L’uretère est
tère. sectionné au ras de la vessie pour éviter tout
risque de récidive endoluminale. Les
figures 3, 4 et 5 résument ces recommanda-
tions techniques.
Après la néphrectomie.
La pièce opératoire correctement orientée (ce
qui est facile avec l’uretère coupé long) doit
être confiée en totalité, jamais morcelée, au
pathologiste. Un schéma et/ou des fils de
repérage indiquent les zones suspectes
d’effraction, de franchissement de la capsule
ou d’adhérence aux organes de voisinage.
La localisation des ganglions prélevés
séparément est également indiquée sur ce
schéma, de même que les zones suspectes,
qui doivent éventuellement être irradiées.
Celles-ci sont aussi repérées par les clips en
titane déjà mentionnés et également sur un
cliché d’abdomen de face, après cerclage
p r o v i s o i r e p a r u n fi l m é t a l l i q u e .
Immédiatement après l’intervention,
l’opérateur remplit le questionnaire
chirurgical et rédige un compte-rendu
opératoire objectif et précis, surtout en cas
l e q u e s t i o n n a i re . L’ e x a m e n d u re i n (diaphragme, psoas, muscles lombaires) et de rupture ou d’effraction tumorale. Le stade
controlatéral sur ses deux faces après aux organes de voisinage (surrénale, rate, de la tumeur peut alors être défini en
ouverture de sa loge n’est plus recommandé fonction de l’analyse anatomopathologique
pancréas, mésocôlon et côlon) est
qu’au cas où une petite image suspecte a été de la pièce d’exérèse (tableau III).
indispensable et se fait avant l’exérèse et au
découverte à l’échographie, au scanner ou à cours de celle-ci. Situations particulières
l’IRM préopératoire ; cette zone suspecte est
excisée pour examen histopathologique.
Néphrectomie. • Extension de la tumeur dans la veine rénale
L’appréciatio n d e l ’ext en si o n i n t r a- La région rétropéritonéale du côté atteint est ou dans la veine cave [35, 75]
abdominale au péritoine, au foie, aux exposée jusqu’à la ligne médiane par Rappelons qu’une telle extension doit être
ganglions lomboaortiques, à la paroi décollement du mésocôlon, complété à connue avant l’intervention. Elle peut poser

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4-088-D-10 Tumeurs du rein de l’enfant Pédiatrie

Tableau III. – Histopronostic des tumeurs du 5 Conduite à tenir vis-à-


rein de l’enfant selon la classification de vis des ganglions lymphati-
Stockholm. ques.

Tumeurs de bas risque

- Néphrome mésoblastique (tumeur de Bolande)

- Néphroblastome kystique partiellement différencié

- Néphroblastome de type épithélial

- Néphroblastome complètement nécrotique après chi-


miothérapie

Tumeurs de risque intermédiaire

- Néphroblastome non anaplasique et ses différentes


variantes en dehors de celles mentionnées ci-dessus

- Néphroblastome nécrotique avec moins de 10 % de


résidu tumoral viable

Tumeurs de haut risque

- Néphroblastome avec anaplasie

- Sarcome à cellules claires du rein

- Tumeur rhabdoïde maligne

Autres tumeurs et lésions

un problème de stratégie thérapeutique et,


en cours de néphrectomie, des problèmes
tactiques.
Lorsque le thrombus tumoral n’envahit que
la veine rénale et respecte la VCI, le seul
problème pratique consiste à sectionner et
lier la veine rénale sans effraction du
thrombus : un clampage en aval ou un
clampage latéral de la VCI permettent la
section de la paroi veineuse et sa suture par
surjet, de loin préférables à une ligature
aveugle.
Un problème stratégique existe lorsque la
veine cave est envahie au-dessus du niveau
des veines sus-hépatiques au moment du
diagnostic. Il faut choisir entre une
chimiothérapie première et une intervention
en urgence. L’existence d’une insuffisance
cardiaque majeure, d’un risque important
d’embolie pulmonaire ou d’un syndrome de
Budd-Chiari aigu avec ascite, sont les trois
indications de la chirurgie en urgence. Dans
les autres cas, une chimiothérapie de
réduction, qui aboutit souvent à la rétraction
du thrombus tumoral vers le rein et à une
s i m p l i fi c a t i o n d e l ’ i n t e r v e n t i o n , e s t 6 Envahissement de la veine cave inférieure par un thrombus tumoral.
préférable. L’échographie de la veine cave et A. La tête du thrombus (flèche) atteint l’oreillette.
du cœur au moment du diagnostic apporte B. La tête du thrombus reste au-dessous du niveau des veines sus-hépatiques.
une aide irremplaçable à cette décision.
Un problème tactique inévitable est celui de majeur chez le jeune enfant en raison de la • Tumeurs bilatérales ou tumeurs sur rein
la préservation du retour veineux du rein b o n n e q u a l i t é d e l a c i rc u l a t i o n d e unique
sain. Si le thrombus envahissant la VCI vient suppléance par les réseaux azygos et Qu’il s’agisse d’une tumeur bilatérale
du rein droit, le retour veineux du rein rachidien, qui est souvent déjà développée synchrone, d’une tumeur controlatérale
gauche est déjà assuré par le réseau réno- au moment de l’intervention. métachrone ou d’une tumeur sur rein
azygolombaire et la veine génitale, si la Un autre problème tactique apparaît lorsque congénitalement unique, la stratégie est
veine rénale gauche peut être liée en avant la tumeur envahit le confluent sus-hépatico- d’être le plus conservateur possible tout en
de l’aorte et en aval de la veine capsulaire. cave ou l’oreillette. Le recours à une équipe respectant au mieux les impératifs de la
Si le thrombus cave vient du rein gauche, la de chirurgie cardiaque, pour effectuer sécurité carcinologique et de la sécurité
conservation du flux veineux rénal droit l’intervention sous circulation extracorpo- urologique. La chimiothérapie préopératoire
peut être, mais exceptionnellement, plus relle, clampage du pédicule hépatique et a été poursuivie jusqu’à obtenir une fonte
problématique et il faut parfois réimplanter exclusion cave totale, s’impose, en tumorale maximale. Le but du chirurgien est
la veine rénale droite dans la veine cave, particulier dans les interventions en urgence. d’essayer de préserver une masse
voire la veine porte. Quant à la veine cave La figure 6 résume ces situations de néphronique représentant au moins un tiers
sous-rénale, elle peut être liée sans risque thrombose cave. de la masse néphronique totale normale, soit

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

7 Différents types de néphrec-


tomies partielles.
A. Néphrectomie partielle.
B. Résection cunéiforme.
C. Énucléation (tumorecto-
mie).

*
A *
B *
C

les deux tiers de la masse parenchymateuse en contrepartie d’une chimiothérapie abdominal aigu, du temps nécessaire à la
d’un rein normal, suffisante pour assurer souvent peu agressive et la bonne tolérance réalisation d’une échographie et/ou d’un
une fonction rénale globale correcte. à moyen terme (10 à 20 ans) des examen TDM qui vont montrer l’image de
Chaque cas est ici un cas tactique particulier néphrectomies unilatérales faites dans la la tumeur et permettre de transférer cet
et l’intervention ne doit être entreprise petite enfance [73]. enfant en milieu spécialisé (chirurgie ou
qu’après une étude morphologique précise Deux autres raisons ont conduit certains oncologie pédiatrique). Dans l’hypothèse
des lésions par échographie, TDM, RMN et chirurgiens à proposer d’épargner le capital d’une laparotomie en urgence, la conduite à
éventuellement an gi o gr ap h i e r én al e néphronique en faisant une néphrectomie tenir dépend de l’état de la tumeur. Si
sélective. Une tumeur très massive et/ou partielle et non totale dans le traitement des celle-ci n’est pas rompue, il ne faut surtout
envahissant la totalité du hile ou du sinus tumeurs unilatérales, lorsque les conditions pas la biopsier ; mieux vaut refermer et
du rein nécessite bien entendu une anatomiques paraissent favorables (tumeurs confier l’enfant à une équipe spécialisée. Si
néphrectomie totale. Les tumeurs polaires ou polaires et/ou à développement exorénal). la tumeur est rompue, il faut prélever
les petites tumeurs peuvent bénéficier, selon La première, connue de longue date, est le l’épanchement péritonéal s’il y en a un pour
leur localisation, d’une néphrectomie risque de survenue, voisin de 3 %, d’une e x a m e n c y t o l o g i q u e , e ff e c t u e r u n e
partielle réglée emportant une « tranche » tumeur controlatérale métachrone. La néphrectomie dans les conditions décrites
de rein, d’une résection cunéiforme deuxième est le doute jeté par quelques précédemment, repérer par des clips en
emportant un peu de parenchyme sain études sur la qualité de la fonction rénale à titane les zones contaminées par du tissu
autour de la tumeur et, à la rigueur, d’une long terme (20 à 50 ans) [8]. tumoral, faire examiner le rein en double
tumo recto mie p assan t au r as de l a Une telle attitude ne serait intéressante que lecture par un pathologiste entraîné et
pseudocapsule tumorale (fig 7). Dans ces dans la mesure où elle assurerait la sécurité prendre rapidement contact avec une équipe
situations d’exérèses partielles, un examen carcinologique et la sécurité urologique. Il d’oncologie pédiatrique.
microscopique extemporané des berges est ne faudrait pas en effet augmenter la toxicité
bien sûr nécessaire. Dans les rares cas où du traitement complémentaire pour • Chirurgie en urgence d’une tumeur rénale
une binéphrectomie a été nécessaire ou dans compenser le risque induit par une exérèse connue
ceux où la perte néphronique conduit à une limitée ou incomplète, en particulier au Dans ce cas, il doit être possible de respecter
i n s u ffi s a n c e r é n a l e t e r m i n a l e , u n e niveau du pédicule rénal. De même, il faut complètement les exigences du protocole.
transplantation rénale n’est envisagée éviter les complications urinaires (fistules, Une telle éventualité devrait être très rare.
qu’après un délai de 2 ans sans récidive, ischémie…) d’exérèses « acrobatiques ». Une Dans la revue des patients enregistrés pour
après arrêt de toute chimiothérapie. Une étude de faisabilité sur pièces de un néphroblastome unilatéral non
étude portant sur 21 patients opérés à Paris néphrectomie totale montre qu’elle ne métastatique dans le protocole SIOP 9 [39],
de néphroblastomes bilatéraux synchrones saurait être faite en toute sécurité qu’au plus 24/720, soit 3 %, avaient été opérés en
dans le cadre des protocoles SIOP 6 et 9, dans 10 % des cas de tumeurs urgence avec les indications suivantes :
avec un recul de 6,6 ans, a montré que unilatérales [63]. rupture tumorale [64], progression tumorale et
33 reins sur 42 (78 %) avaient pu être La néphrectomie partielle pour tumeur douleurs [60], occlusion [31], autre indication
conservés partiellement et que, sur unilatérale n’est donc pas actuellement sans urgence chirurgicale vraie [31]. Bien que
19 survivants, 17 avaient une fonction rénale recommandée par la SIOP. 17 de ces 24 patients aient eu une tumeur de
normale, un avait une insuffisance rénale stade III, 22/24 ont pu être mis en rémission
modérée et un avait été transplanté [44]. Chirurgie en urgence [39] complète.

• Y a-t-il une place pour la néphrectomie • Découverte d’une tumeur rénale au cours Complications chirurgicales
partielle dans le traitement des tumeurs d’une laparotomie en urgence Dans la cohorte de 598 patients évaluables
unilatérales ? La tendance contemporaine étant au traités dans le protocole SIOP 9, il n’y a eu
Les deux raisons qui continuent à faire traitement non opératoire des traumatismes aucun décès périopératoire. Le risque global
recommander la néphrectomie totale comme fermés de l’abdomen de l’enfant, on dispose de complications chirurgicales est de 8 %
traitement chirurgical des néphroblastomes habituellement, dans le cas d’une tumeur (54 complications chez 49 patients). Les
unilatéraux sont un taux de guérison élevé révélée par un traumatisme ou un syndrome complications les plus fréquentes sont les

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4-088-D-10 Tumeurs du rein de l’enfant Pédiatrie

occlusions du grêle (2,5 %) et les compte de l’extension microscopique, de la (NWTS) où la chirurgie est réalisée
invaginations postopératoires (1,2 %). La pénombre et, dans une moindre mesure, des d’emblée, afin de ne pas traiter à tort une
complication spécifique la plus fréquente est mouvements du patient dont la contention tumeur qui ne serait pas un néphroblastome,
la rupture tumorale (2,8 %). Les hémorragies permet la meilleure reproductibilité possible. de ne pas modifier le stade et l’analyse
massives et les complications vasculaires Les organes à risque sont : anatomopathologique sous l’action de la
(dans lesquelles les sacrifices vasculaires chimiothérapie, et la stratégie préconisée par
– les corps vertébraux adjacents au volume
programmés en cas d’envahissement la SIOP où la chimiothérapie est réalisée de
tumoral, qui doivent être inclus en totalité
veineux ne sont évidemment pas inclus) sont première intention, sauf chez les nourrissons
dans le champ d’irradiation, afin d’éviter des
très rares : moins de 0,5 % des interventions. de moins de 6 mois, afin de diminuer le
troubles de croissance asymétrique à
Cette étude [38] fait apparaître des taux de risque de rupture tumorale peropératoire et
l’origine de scolioses ;
complications spécifiques (ruptures, d’augmenter le nombre de stades I. Cette
complications vasculaires) et non spécifiques – le rein controlatéral, dont le hile est repéré stratégie a été validée au cours des
(occlusions) bien moindres chez les patients soit par opacification, soit à l’aide du cliché d i ff é re n t e s é t u d e s S I O P c o m p a r a n t
opérés après chimiothérapie, ce qui constitue UIV préopératoire ; notamment l’efficacité de la radiothérapie ou
un argument supplémentaire en faveur de – la crête iliaque, qui ne doit pas recevoir de la chimiothérapie préopératoire par
ce choix stratégique. plus de 15 Gy, afin d’éviter une asymétrie rapport à la chirurgie d’emblée (tableau III).
de croissance de l’os iliaque. Les études NWTS 1, 2 et 3 ont montré [26, 27] :
Traitement chirurgical des métastases
et des récidives En cas d’irradiation abdominale totale, la – que la radiothérapie postopératoire n’était
tête fémorale ne doit pas être irradiée. De la pas nécessaire pour les stades I avec une
L es m éta s ta ses résiduelles après la même façon, les articulations acromioclavi- histologie favorable ou une anaplasie ;
chimiothérapie préopératoire sont traitées culaires sont protégées en cas d’irradiation
chirurgicalement. Dans la plupart des cas de pulmonaire bilatérale. – que des cures séquentielles associant la
métastases pulmonaires ou hépatiques, des vincristine et l’actinomycine D augmentaient
exérèses atypiques (résections cunéiformes) Dose la survie sans rechute et la survie de façon
sont le plus souvent suffisantes. Une plus importante que lorsque ces deux
segmentectomie ou une lobectomie Elle dépend du stade, de l’histologie et de la médicaments étaient administrés
pulmonaire, ou une exérèse hépatique qualité de l’exérèse. La dose pour l’ensemble séparément ;
réglée, sont parfois nécessaires. Une du volume est de 15 Gy, suivie d’un
– que l’adjonction de la doxorubicine
pneumonectomie ou une mutilation, dans le complément de 10 à 15 Gy sur l’ancien lit
permettait de prévenir l’apparition de
cas d’une métastase osseuse par exemple, ne tumoral ; en cas d’histologie défavorable, la
métastases dans les stades II et III, sans
doivent pas être envisagées à ce stade. Le dose à l’ensemble du champ est de 25 à
augmenter la survie sauf dans les cas où
même soin doit être apporté au recueil des 30 Gy, suivie d’un surdosage de 5 à 10 Gy
l’histologie est défavorable.
informations qu’après la néphrectomie. en cas de résidu tumoral macroscopique. En
cas de rupture tumorale intrapéritonéale, Outre le rôle du traitement préopératoire,
l’ensemble de l’abdomen est irradié à une les différentes études de la SIOP ont montré :
¶ Radiothérapie [47]
dose maximale de 20 Gy, qui peut être – SIOP 1 : que l’adjonction de six cures
Le néphroblastome est l’une des tumeurs cependant associée à un surdosage sur un d’actinomycine D seule n’améliorait pas la
malignes les plus radiosensibles, mais les champ limité. survie ;
séquelles engendrées par l’irradiation ont La dose délivrée est de 9 à 10 Gy par
conduit à limiter son utilisation aux stades – SIOP 2 : que la chimiothérapie
semaine, à raison de cinq séances de 1,8 à
avancés. Les indications actuelles ont pu être postopératoire pouvait être réduite de 15 à
2 Gy/j.
é t a b l i e s g r â c e a u x d iff é re n t s e s s a i s 6 mois ;
En cas d’irradiation pulmonaire bilatérale, la
thérapeutiques multicentriques. – SIOP 6 : que l’adjonction de la
dose totale doit être de 15 Gy, délivrée à
Initialement, lors du premier essai de la raison de 1,5 Gy/j, avec possibilité de doxorubicine améliorait la survie sans
SIOP, la radiothérapie était utilisée en surdosage de 5 à 10 Gy sur des champs récidive des stades II N+ et III ;
préopératoire afin de diminuer le risque de limités. – SIOP 9 : que l’adjonction de 4 semaines
rupture peropératoire. Cette stratégie a
Les doses maximales reçues par les organes s u p p l é m e n t a i re s d e c h i m i o t h é r a p i e
permis de diminuer considérablement le
critiques sont les suivantes : préopératoire associant la vincristine et
risque de rupture et d’augmenter le nombre
l’actinomycine D n’augmentait pas le
de stades localisés. Cependant, en raison de – foie : 15 Gy en totalité ou 20 Gy si au pourcentage de stade I.
l’importance des séquelles de la moins un quart du foie est protégé ;
radiothérapie, dont la dose était de 30 grays Ces différentes études ont permis de
– re i n : après néphrectomie, le rein montrer le rôle pronostique de l’histologie
(Gy), cette stratégie a été supplantée par une
controlatéral ne doit pas recevoir plus de et de distinguer trois différents groupes :
chimiothérapie préopératoire. Actuellement,
12 Gy en cas d’irradiation abdominale histologie favorable ; standard ; défavorable.
la radiothérapie ne concerne plus que les
totale ; Le rôle pronostique de l’atteinte
patients de stades II N+ (ganglions envahis)
et III dont l’histologie n’est pas défavorable, – ovaires : un ovaire, au moins, doit recevoir ganglionnaire a également été démontré,
ainsi que les stades II N- en cas d’histologie moins de 2 Gy ; sauf en cas d’irradiation conduisant à traiter les patients stade II N+
défavorable. Une irradiation pulmonaire est abdominale totale ; de la même façon que les patients dont la
réalisée en cas de rémission incomplète des tumeur est de stade III.
– bourgeons mammaires : ils ne peuvent pas
métastases, à la suite de la chimiothérapie être protégés lors de l’irradiation pulmonaire
p o s t o p é r a t o i re , v o i re d ’ u n e e x é r è s e ¶ Traitement des formes communes
bilatérale ; il faut éviter de les inclure dans
chirurgicale. selon le protocole de la SIOP
le champ de fosse rénale comprenant le
diaphragme. La chimiothérapie préopératoire comporte
Champs d’irradiation
quatre injections hebdomadaires de
Le volume cible irradié doit comprendre vincristine et deux cures d’actinomycine D,
largement tout le lit tumoral, tel qu’il a été STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE espacées de 15 jours (semaines 1 et 3). Elle
décrit et repéré par le chirurgien et Deux stratégies différentes s’opposent lors est suivie, 1 semaine plus tard, de l’exérèse
conformément à l’imagerie initiale, avec une d e l a p r i s e e n c h a rg e i n i t i a l e d e s chirurgicale. La suite du traitement dépend
marge de sécurité de 1 à 2 cm afin de tenir néphroblastomes : la stratégie américaine de l’histologie et du stade.

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

– Histologie de risque intermédiaire : patients traités selon les protocoles SIOP 1, COMPLICATIONS ET SÉQUELLES
2, 5 et dans les protocoles NWTS 2, 3 [24]. Le DES TRAITEMENTS
– stade I : association de la vincristine et
taux de survie à 4 ans est de 81,7 % dans
de l’actinomycine D pour une durée
l’étude NWTS 4. ¶ Complications de la néphrectomie
maximale de 18 semaines ;
En cas de néphroblastome bilatéral La mortalité opératoire est quasi nulle et les
– stade II N- : association de la vincristine, métachrone, qui survient en moyenne complications exceptionnelles (rupture
de l’actinomycine D et de l’épirubicine 20 mois après la première tumeur, la tumorale peropératoire, hémorragie massive
pour une durée de 27 semaines ; stratégie thérapeutique est identique, [ 0 , 5 % ] , oc c lu s ion s u r br id e s [ 3 % ] ,
– stades II N+, III et IV bons répondeurs : comprenant une chimiothérapie de première invagination postopératoire [1 %]) [38]. Les
association de la vincristine, de intention, jusqu’au maximum de réduction séquelles à type d’insuffisance rénale sont
l’actinomycine D et de l’épirubicine pour tumorale, afin de réaliser une néphrectomie également très rares, mais sont le plus
une durée de 27 semaines, et d’une partielle. Une méta-analyse a montré que la souvent le fait d’une néphropathie associée
radiothérapie abdominale (selon le stade survie était meilleure lorsque le (SDD) ou d’une irradiation du rein
local en cas de stade IV). néphroblastome controlatéral survenait dans controlatéral, associée ou non à des doses
un délai supérieur à 18 mois [66]. cumulatives importantes d’ifosfamide et/ou
– Histologie de bas risque : aucun de carboplatine. Les tubulopathies, dues en
traitement n’est prévu en cas de stade I. ¶ Stratégie thérapeutique particulier à l’utilisation de l’ifosfamide, sont
Pour les autres stades, le traitement est des néphroblastomatoses rarement sévères, pouvant aboutir à un
identique à celui défini en cas de risque syndrome de Fanconi, et le plus souvent
histologique intermédiaire. Malgré certaines controverses, il existe
actuellement un consensus pour traiter les régressives.
– Histologie défavorable (forme néphroblastomatoses par l’association
anaplasique) : en cas de stade I, le traitement vincristine-actinomycine D durant au moins
¶ Maladie veino-occlusive
est identique à celui défini en cas de risque 1 an, en surveillant régulièrement la Dans une étude portant sur 511 cas (SIOP 9),
histologique intermédiaire. Pour les autres diminution de la taille des reins et une toxicité hépatique correspondant aux
stades, le traitement est intensifié avec l’involution des lésions nodulaires, suivie critères d’une maladie veino-occlusive (ictère
l’adjonction de cures associant ifosfamide- d’une néphrectomie partielle en cas de + hépatomégalie douloureuse + rétention
épirubicine et carboplatine-étoposide durant développement d’une lésion faisant évoquer hydrique) a été observée dans 10 % des cas.
24 semaines. Une radiothérapie abdominale un néphroblastome [10]. Les facteurs de risque incriminés sont :
est associée en cas de stade supérieur à I.
l’utilisation de l’actinomycine D, le jeune âge
¶ Surveillance (< 1 an et/ou < 10 kg, sans réduction de la
¶ Formes métastatiques [15]
dose d’actinomycine D), une irradiation
En cas de néphroblastome non métastatique
Il faut souligner le rôle pronostique après l’obtention de la rémission complète, comprenant au moins en partie le foie [13].
défavorable de l’envahissement sont recommandés : Ces résultats ont été confirmés dans une
ganglionnaire extrarégional et des formes étude comparant le rôle de l’étalement de
– un contrôle radiographique pulmonaire à l’actinomycine D (1 versus 3 à 5 jours), où il
métastatiques extrapulmonaires.
6 semaines, 3 mois, tous les 3 mois durant a également été montré que l’administration
La stratégie thérapeutique des formes 15 mois, tous les 6 mois durant 18 mois, de ce médicament sur 1 jour était moins
métastatiques tient compte du stade local puis une fois par an durant 2 ans ; toxique [57].
postopératoire qui est le plus souvent étendu
et qui influence le taux de survie. – un contrôle de la créatininémie et une
échographie rénale tous les 6 mois durant ¶ Effets secondaires
Schématiquement, la chimiothérapie 4 ans. de la radiothérapie
préopératoire est intensifiée par l’adjonction
En cas de forme métastatique : un contrôle Ils sont proportionnels au volume irradié et
de la doxorubicine à l’association vincristine
radiographique pulmonaire tous les mois à la dose, et sont d’autant plus marqués que
et actinomycine D. La radiothérapie de la
durant 1 an, tous les 2 mois la deuxième l’enfant est irradié jeune. Ils peuvent être
loge rénale est réalisée dans la période
année, tous les 3 mois durant 15 mois, tous majorés par la chimiothérapie concomitante,
postopératoire en cas de stade local II N+ ou
les 6 mois durant 18 mois, puis une fois par notamment par l’actinomycine D.
III. La chimiothérapie postopératoire est
an durant 2 ans.
également intensifiée grâce à l’adjonction du La toxicité hématologique n’est observée
carboplatine, de l’étoposide et de ¶ Traitement des rechutes qu’en cas d’irradiation abdominale totale. Il
l’ifosfamide. L’efficacité de ces combinaisons est alors préférable de diminuer, voire
thérapeutiques permet souvent de guérir les Celles-ci sont devenues rares, de l’ordre de d’annuler la chimiothérapie, plutôt que
métastases pulmonaires et d’éviter ainsi une 20 %. Les facteurs de meilleur pronostic d’interrompre la radiothérapie.
thoracotomie ou une irradiation pulmonaire sont : un délai de rechute supérieur à
séquellogène. 12 mois, une forme histologique favorable et – au niveau digestif : l’irradiation d’une loge
une atteinte pulmonaire isolée [41] . Ces rénale n’entraîne pas, en principe, de
Le taux de survie global pour l’ensemble troubles digestifs, alors que l’irradiation de
des néphroblastomes métastatiques est rechutes sont localisées aux poumons dans
plus de 70 % des cas. En fonction de ces l’abdomen in toto peut engendrer
maintenant d’environ 75 %. d’importantes diarrhées et un syndrome de
différents paramètres, la survie à 3 ans de
ces rechutes est comprise entre 20 et 55 %. malabsorption conduisant à réaliser
¶ Néphroblastomes bilatéraux d’emblée un régime restrictif sans lactose
L’utilisation d’une chimiothérapie à haute
La stratégie thérapeutique est fondée sur la et/ou sans gluten, et éventuellement une
dose, suivie de la greffe de cellules souches
possibilité d’épargner un maximum de tissu nutrition entérale à débit constant ;
hématopoïétiques, en consolidation d’une
rénal fonctionnel grâce à une chimiothérapie réponse partielle ou complète après la – au niveau thoracique : l’efficacité de la
première qui est prolongée tant que les chimiothérapie conventionnelle, permet chimiothérapie a entraîné une nette
tumeurs régressent. Lorsqu’il n’y a plus de d’améliorer le taux de survie, qui est de 60 % diminution du nombre d’enfants traités par
diminution des volumes tumoraux, la à 4 ans dans l’étude de la Société française radiothérapie pulmonaire et les études de la
chirurgie s’impose. Elle est alors le plus d’oncologie pédiatrique. Dans cette étude, la fonction respiratoire sont très rares et
souvent totale du côté le plus atteint, et chimiothérapie à hautes doses consiste en anciennes. On retient la diminution des
partielle de l’autre. Le pronostic est bon avec l’association de melphalan, étoposide et volumes pulmonaires, en rapport avec un
un taux de survie à 10 ans de 69 % pour les carboplatine [67]. défaut de croissance des poumons et de la

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4-088-D-10 Tumeurs du rein de l’enfant Pédiatrie

après la chimiothérapie préopératoire récidives ont été rapportées après exérèse


Tableau IV. – Tumeurs primitives du rein e ff e c t u é e d a n s l ’ h y p o t h è s e d ’ u n incomplète, mais aucune métastase n’a été
chez l’enfant.
néphroblastome, selon la stratégie de la décrite [50]. Ils surviennent chez l’enfant dans
Néphroblastome SIOP. Cette circonstance est cependant les 2 premières années de vie, mais
- sans anaplasie (80 %) exceptionnelle parmi les patients traités par également chez l’adulte, en particulier chez
- avec anaplasie (5 %) une chimiothérapie de première intention [83]. la femme.
Néphrome mésoblastique (5 %) Les circonstances de découverte de ces Macroscopiquement, ces deux tumeurs sont
Sarcome à cellules claires (4 %) tumeurs sont parfois distinctes de celles du constituées de kystes multiloculaires.
néphroblastome, conduisant à documenter L’absence de zones non kystiques, dites
Tumeur rhabdoïde (2 %)
d’emblée l’histologie de la tumeur rénale « solides », est un élément diagnostique très
Divers (4 %) devant un tableau ne paraissant pas typique important. Les septa sont donc les seuls
- néphrome kystique de néphroblastome : âge inférieur à 6 mois, éléments pleins, « solides », de ces tumeurs.
- adénome qui peut être en faveur d’un néphrome Les kystes sont bordés par un épithélium
- angiomyolipome
mésoblastique, ou au-delà de 8 à 10 ans ne aplati, cuboïde ou en « clou de tapissier ».
- carcinome à cellules rénales
- tumeur neuroectodermique primitive périphérique correspondant plus à la fenêtre d’âge Les septa sont constitués par du tissu fibreux
- lymphome rénal habituel du néphroblastome. comportant parfois du tissu hétérologue, en
- autres Du point de vue paraclinique, la coexistence particulier du muscle strié [49]. Le
d’une hypercalcémie et/ou d’une néphroblastome kystique partiellement
cage thoracique, d’autant plus marquée que hémorragie sous-capsulaire est en faveur différencié (NKPD) se différencie du
l’enfant a été irradié jeune, ainsi qu’une d’une tumeur rhabdoïde rénale, qui survient néphrome kystique par la présence d’îlots
fibrose pulmonaire, comme en témoigne la le plus souvent chez l’enfant de moins de de blastème dans les cloisons interkystiques.
diminution de la diffusion du monoxyde de 1 an [2]. La présence de tubules bien différenciés peut
carbone. L’hypoplasie mammaire est Il peut exister un contexte prédisposant s’observer dans les deux entités dont le
inévitable chez les petites filles devant particulier : drépanocytose hétérozygote diagnostic différentiel peut être très difficile.
recevoir une irradiation pulmonaire (carcinome médullaire du rein), sclérose Le traitement est identique dans les deux
bilatérale ; tubéreuse de Bourneville (angiomyolipome cas. Si des zones solides sont observées, le
et carcinome à cellules claires), maladie de diagnostic est celui de néphroblastome. Une
– au niveau des gonades : une stérilité est variante papillonodulaire du NKPD a été
von Hippel-Lindau (carcinome à cellules
possible chez le garçon dès la dose de 1 à décrite [50].
claires), bien que la survenue d’une tumeur
2 Gy sur les testicules ;
rénale, dans ce cadre, soit rare chez l’enfant.
– au niveau orthopédique : les scolioses Enfin, les lymphomes sont exceptionnel- ADÉNOFIBROME MÉTANÉPHRIQUE
dues à l’irradiation d’hémicorps vertébraux lement primitivement, et seulement, rénaux, (NÉPHROGÉNIQUE)
ne devraient plus être observées avec les mais des localisations rénales peuvent être
recommandations actuelles. Cette entité est observée chez l’enfant et chez
trouvées, essentiellement dans le cadre de l’adulte jeune et peut se révéler par une
lymphomes B abdominaux. hématurie [77]. Elle peut être associée à une
¶ Risque de deuxième tumeur
polycythémie. La tumeur a une croissance
Dans une étude de la NWTS portant sur DIAGNOSTIC infiltrative et peut envahir le sinus rénal.
2 438 patients, l’incidence cumulative de Sur le plan microscopique, elle est composée
secondes tumeurs a été de 1 % à 10 ans, soit Le diagnostic de tumeur rénale non
néphroblastome peut être suspecté par les d’un tissu conjonctif comportant des cellules
un risque relatif de 8,5 par rapport à fusiformes et des nodules bien circonscrits
l’incidence attendue aux États-Unis. Il s’agit résultats d’analyse de la ponction
cytologique réalisée en milieu spécialisé et d’épithélium immature montrant différents
essentiellement de sarcomes ostéogéniques degrés de différenciation tubulaire et
radio-induits et de leucémies myéloïdes [16]. éventuellement de la biopsie percutanée
guidée par l’imagerie, qui permet de réaliser papillaire. Parfois, la composante papillaire
Il n’a pas été observé d’augmentation du a un aspect semblable aux tumeurs
risque de survenue de malformation ni de une analyse histologique.
tubulopapillaires de bas grade de l’adulte.
cancer dans la descendance des patients Lorsqu’un tel diagnostic est évoqué, le bilan
La composante conjonctive ressemble à la
traités pour un néphroblastome [14]. d’extension doit comprendre la recherche
dysplasie rénale, siège de tubes immatures
d’adénopathies régionales sur le scanner
entourés de cellules fibroblastiques de
abdominal, ainsi qu’une scintigraphie
disposition concentrique, en « bulbe
Autres tumeurs rénales osseuse et un scanner pulmonaire à la
d’oignon », et de vaisseaux à la paroi
recherche de métastases.
épaissie. Aucune donnée cytogénétique ou
Les tumeurs rénales non néphroblastomes moléculaire n’est disponible pour cette
sont très rares chez l’enfant (tableau IV). Lors TRAITEMENT tumeur.
du diagnostic, le contexte clinique est parfois
L’attitude thérapeutique est la néphrectomie
évocateur d’une tumeur non néphro-
d’emblée avec prélèvements ganglionnaires. ADÉNOME MÉTANÉPHRIQUE
blastome justifiant alors d’emblée une
Le diagnostic précis est alors établi par
documentation cytologique, voire Cette entité rare s’observe en général chez
l’analyse histologique de la pièce de
histologique. Le pronostic et l’attitude l’adulte jeune, mais aussi chez l’enfant [48].
néphrectomie. L’attitude thérapeutique
thérapeutique sont toujours radicalement Elle peut également s’associer à une
ultérieure dépend du type histologique, ainsi
différents de ceux du néphroblastome. En polycythémie. Sur le plan microscopique,
que des résultats du bilan d’extension
fonction de leur pronostic, les tumeurs du elle se caractérise par la présence de petits
locorégional, et à distance.
rein sont classées par la SIOP en tumeurs de tubes épithéliaux, bordés de petites cellules
bas risque, de risque intermédiaire et de basophiles. Le stroma est très grêle, peu
haut risque (tableau III). NÉPHROBLASTOME KYSTIQUE visible. En périphérie, la tumeur ne
PARTIELLEMENT DIFFÉRENCIÉ. comporte pas de capsule et ses limites sont
NÉPHROME KYSTIQUE floues. Aucune donnée cytogénétique ou
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE Ces deux entités sont proches du moléculaire n’est disponible pour cette
Il peut s’agir d’une découverte histologique néphroblastome, de bon pronostic et sont tumeur en dehors d’une monosomie 2p
lors de l’analyse de la pièce de néphrectomie guéries par la chirurgie seule [49]. Quelques décrite dans un cas isolé.

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

TUMEUR STROMALE des métastases et des récidives se L’histogenèse du CCSK est inconnue. Très
MÉTANÉPHRIQUE manifestant environ 11 mois après le peu de cas ont été caractérisés sur le plan
La tumeur stromale métanéphrique a été diagnostic [11] . Les rares cas inopérables cytogénétique et la plupart des caryotypes
récemment décrite [4]. Survenant chez des d’emblée ou de récidives postopératoires ont décrits sont diploïdes et normaux. Trois
enfants de 2 ans d’âge moyen, il s’agit d’une pu justifier l’utilisation d’une chimiothérapie translocations somatiques, t(10;17), t(2;22) et
tumeur fibreuse kystique de la médullaire limitée [18]. t(12;22)(q13;q12), ont été décrites de façon
rénale, mesurant en moyenne 5 cm. Son sporadique.
Peu d’études cytogénétiques et moléculaires
aspect microscopique est identique à celui Ces tumeurs sont traitées de la même façon
sont disponibles. Des trisomies 11 ont été
de la composante stromale d’un que les formes à haut risque de
trouvées dans les néphromes mésoblastiques
adénofibrome métanéphrique. La majorité néphroblastome, mais gardent un pronostic
« classiques ».
des tumeurs montre un marquage positif plus sévère. Parmi les 182 cas traités dans le
pour le CD34. Cette tumeur peut être traitée cadre des études de la NWTS, le taux de
par la chirurgie seule et doit donc être SARCOME À CELLULES CLAIRES survie est de 69 % (98 % pour les stades I) [5].
différenciée d’une tumeur maligne rénale, en DU REIN Quatre facteurs pronostiques ont été
particulier un sarcome à cellules claires. déterminés : utilisation de la doxorubicine ;
Cette tumeur autrefois appelée « sarcome stade ; âge ; présence de nécrose tumorale.
indifférencié du rein », puis « sarcome à
TUMEUR OSSIFIANTE RÉNALE cellules claires du rein » (CCSK) représente
DU NOURRISSON environ 5 % des tumeurs malignes du rein TUMEUR RHABDOÏDE MALIGNE
Cette tumeur bénigne rare, souvent révélée chez l’enfant. Trois cent cinquante cas ont La TRM est une tumeur rare (2 % des
par une hématurie, survient chez l’enfant été colligés dans le registre NWTS. La tumeurs rénales de l’enfant), de haute
dans les premières années de vie. Les plupart des patients sont âgés de 1 à 4 ans malignité [19]. Elle survient surtout chez le
investigations trouvent une masse calcifiée (médiane : 36 mois) [5] ; cette tumeur peut nourrisson ; 80 % des patients ont moins de
du bassinet parfois prise pour un calcul. La rarement s’observer chez le petit nourrisson 2 ans. Des TRM peuvent être observées chez
composante majoritaire de cette tumeur est et l’adulte. Il existe une nette prédominance le nouveau-né et sont dans ce cas
de l’ostéoïde séparé par de grandes cellules masculine (sex-ratio M/F = 2/1) [5]. Il n’y a disséminées, éventuellement révélées par
anguleuses au cytoplasme éosinophile. La pas d’association avec des malformations et, des nodules tumoraux sous-cutanés. La
tumeur s’étend dans la médullaire où l’on à l’inverse des néphroblastomes, les tumeurs TRM est fréquemment associée à une
peut trouver quelques îlots de cellules sont toujours unilatérales et unicentriques. hypercalcémie liée à une hypersécrétion de
blastémateuses [79]. De très rares cas ont été décrits au cours de parathormone [86].
la polypose colique familiale ou de la La TRM peut être associée chez un même
sclérose tubéreuse de Bourneville. individu ou dans la fratrie avec une tumeur
NÉPHROME MÉSOBLASTIQUE cérébrale primitive d’un autre type
Le néphrome mésoblastique, décrit par Sur le plan évolutif, le CCSK est une tumeur histologique, en général de différenciation
Bolande en 1967, est la tumeur du rein agressive qui tend à métastaser aux os, aux n e u ro é p i t h é l i a l e : m é d u l l o b l a s t o m e ,
congénitale la plus fréquente. Quelques cas ganglions lymphatiques régionaux, au pinéaloblastome, tumeur primitive
ont été rapportés chez l’adulte, mais cette cerveau, aux poumons, au foie et aux tissus neuroectodermique (TPNE). Elle n’est jamais
tumeur est rare après 3 ans. Il est mous. Elle a la particularité de pouvoir associée à un néphroblastome ou à des restes
habituellement sporadique, mais quelques récidiver très tardivement, parfois 10 ans néphrogéniques.
cas ont été décrits dans le cadre de SWB. après l’exérèse initiale [45]. Après description rénale initiale, la TRM a
Dans un tiers des cas, la tumeur présente un Sur le plan macroscopique, la tumeur est été décrite dans de nombreux organes [86].
aspect dit « classique » : homogène, volumineuse, molle, uniforme, blanchâtre et Plusieurs arguments récents affirment, au-
blanchâtre, semblable à celui du léiomyome bien circonscrite, survenant dans la delà du phénotype commun, l’unicité
utérin. Certaines zones comportent du médullaire du rein [ 5 ] . Son aspect est nosologique de ce groupe tumoral : une
cartilage. Dans la variante « cellulaire » ou mucoïde, fréquemment kystique, en même association avec des TPNE, et la
« atypique », la tumeur est molle, friable, particulier en périphérie de la tumeur, et elle présence des mêmes anomalies cytogéné-
encéphaloïde, siège de remaniements comporte des foyers de nécrose [5]. tiques (22q12) et moléculaires (gène
hémorragiques et nécrotiques. Sur le plan hSNF5/INI1).
microscopique, elle est riche en mitoses et Sur le plan microscopique, neuf sous-types
L’examen microscopique montre le classique
en cellules apoptotiques. En périphérie, la morphologiques ont été décrits [ 5 ] . En
phénotype rhabdoïde : noyaux de grande
tumeur ne comporte pas de capsule. Les général, le CCSK est constitué d’une taille, excentrés, vésiculeux, comportant un
limites tumorales sont floues et la tumeur prolifération homogène et diffuse de petites volumineux nucléole éosinophile ;
comporte des tubes rénaux inclus parmi les cellules claires, aux limites mal définies [11], cytoplasme abondant, éosinophile,
cellules tumorales. La tumeur envoie des rarement d’aspect épithélioïde. Le trait fréquemment siège d’un volumineux
extensions en coulées, en « doigts » caractéristique de cette tumeur est la globule hyalin correspondant à un amas de
caractéristiques, qui peuvent s’étendre dans présence d’un fin réseau de vaisseaux filaments intermédiaires [86] . Cet aspect
la graisse périrénale. ramifiés, branchant à 90°, donnant à caractéristique peut ne s’observer que dans
Il n’y a pas de marqueur pronostique l ’ e n s e m b l e u n a s p e c t a l v é o l a i re o u certains secteurs tumoraux, ce qui rend
morphologique en particulier, aucune trabéculaire bien visible après coloration de nécessaire de multiplier les prélèvements
différence pronostique n’a été trouvée pour la réticuline. Cependant, de nombreux devant une tumeur indifférenciée du rein
cette variante cellulaire [69]. Le néphrome aspects atypiques peuvent être à l’origine chez l’enfant. Des traits rhabdoïdes peuvent
mésoblastique est une tumeur bénigne dont d’importantes difficultés diagnostiques également s’observer dans d’autres tumeurs
le traitement est chirurgical. Cependant, (épithélioïde, fusiforme, myxoïde, kystique, du rein, en particulier des néphroblastomes,
malgré cette bénignité, des récidives locales, en « palissade », pseudohémangiopéricy- des néphromes mésoblastiques, des
des métastases pulmonaires, cardiaques et taire, pléomorphe). Des aspects très voisins carcinomes médullaires, ce qui peut rendre
cérébrales ont été décrites. Le risque de peuvent être observés dans le néphrome difficile le diagnostic différentiel [86].
récidive est plus grand chez les enfants plus mésoblastique et la tumeur rhabdoïde L’immunohistochimie montre classiquement
âgés et en cas d’exérèse incomplète de la maligne (TRM). Sur le plan immunohistochi- une double positivité pour la cytokératine et
tumeur. Un suivi étroit du patient doit être mique, il n’existe pas de profil spécifique la vimentine, se renforçant sur le globule
organisé pendant au moins 1 an, la plupart évocateur. hyalin cytoplasmique [86].

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4-088-D-10 Tumeurs du rein de l’enfant Pédiatrie

Les TRM sont, quelle que soit leur de l’efficacité et de la toxicité des différentes habituellement d’une tumeur invasive
localisation, le siège de délétion ou de modalités thérapeutiques fait aujourd’hui lobulée développée aux dépens de la
translocation de la région 22q11.2 du préconiser, dans les carcinomes rénaux médullaire rénale. À l’examen microsco-
chromosome 22. Les études moléculaires ont métastatiques, l’utilisation de faibles doses pique, l’architecture est réticulaire, les
montré des pertes d’allèles spécifiques de la d’IL2 et/ou l’utilisation d’IFN [62], parfois cellules ont un cytoplasme basophile, un
région 22q11-12. associée à de la chimiothérapie par noyau clair et un nucléole proéminent. Le
vinblastine ou 5-fluorouracile [72]. stroma est desmoplasique. Les cellules
Souvent de découverte histologique après la
peuvent avoir des traits rhabdoïdes [29]. Elle
chimiothérapie préopératoire, leur pronostic
¶ Carcinome à cellules claires surviendrait à partir de l’épithélium
dépend du stade. Les TRM de stade I, papillaire hyperplasique et dysplasique dans
souvent traitées avec une chimiothérapie
de l’adulte (VHL-3p25)
un contexte d’ischémie papillaire
postopératoire du même type que celle Le carcinome à cellules claires du rein de d r é p a n o c y t a i re [ 2 9 ] . A u c u n e d o n n é e
utilisée dans les néphroblastomes du même l’adulte (ex-tumeur de Grawitz) peut c y t o g é n é t i q u e o u m o l é c u l a i re n ’ e s t
stade, sont de relativement bon pronostic. rarement s’observer chez l’enfant et surtout disponible.
Dans les autres stades, le pronostic est très l’adolescent [6], en général dans le cadre
sombre et n’a pas été amélioré par les d’une maladie de von Hippel-Lindau ou ¶ Carcinome rénal oncocytoïde
diverses tentatives de chimiothérapie. d’une sclérose tubéreuse de Bourneville. Sur suivant un neuroblastome
le plan microscopique, il est constitué de
massifs ou de travées de volumineuses Depuis 10 ans est décrite sporadiquement la
CARCINOME À CELLULES RÉNALES cellules claires ou éosinophiles selon la survenue d’un carcinome rénal dans les
richesse en mitochondries. Sur le plan s u i t e s d ’ u n n e u ro b l a s t o m e [ 6 1 ] . I l a
Des carcinomes à cellules rénales (RCC)
génétique, son initiation est principalement récemment été mis en évidence qu’il
peuvent rarement survenir chez l’enfant. Ils s’agissait d’une entité spécifique, caractérisée
due à l’inactivation séquentielle des deux
sont souvent mal caractérisés, décrits sous par des cellules oxyphiles, dites
allèles du gène VHL en 3p25.
un vocable unique, et correspondent en oncocytoïdes.
réalité à un ensemble hétérogène dont les
¶ Carcinome papillaire de l’enfant
différentes composantes sont rarement ¶ Autres tumeurs à cellules rénales
reconnues. Pourtant, le diagnostic de ces [t(X;1)/TFE3-PRCC]
entités doit être fait précisément car le La plupart des RCC de l’enfant sont De rares cas d’oncocytomes [82] ont été
p ro n o s t i c , l ’ h i s t o i re n a t u re l l e e t l e d’architecture papillaire et représentent une d é c r i t s d a n s d e s c o n t e x t e s d e re i n
déterminisme génétique de ces types entité différente du carcinome à cellules multikystique, d’incidence familiale ou de
tumoraux sont différents. Cinq entités claires sus-décrit [74], ainsi que des tumeurs façon sporadique. De même, d’exception-
tumorales peuvent aujourd’hui être définies : tubulopapillaires de l’adulte (carcinome nelles observations de carcinomes à cellules
papillaire à cellules chromophiles). chromophobes et de carcinomes des tubes
le carcinome à cellules claires de l’adulte
de Bellini ont été rapportées chez l’enfant
(VHL-3p25), le carcinome papillaire de Sur le plan anatomopathologique, ils sont d’une dizaine d’années.
l’enfant, le carcinome papillaire à cellules en général de grande taille et d’architecture
chromophiles, le carcinome médullaire du papillaire. Les cellules sont volontiers claires.
rein et le carcinome rénal oncocytoïde Comme dans les tumeurs tubulopapillaires TUMEURS NEUROÉPITHÉLIALES
suivant un neuroblastome. de l’adulte, le stroma constituant les axes De rares cas de tumeurs neuroépithéliales
Dans les formes non métastatiques, le seul papillaires contient fréquemment des périphériques du rein ont été décrits chez
traitement reconnu est la néphrectomie calcosphérites et des macrophages spumeux des enfants plus âgés que ceux porteurs
(stroma « fraise ») [74]. d’un néphroblastome [59]. Le diagnostic est
élargie à la graisse périrénale, avec
prélèvements ganglionnaires régionaux. Sur le plan génétique, ils sont spécifi- fait sur la différenciation neuroectodermique
Dans ces formes localisées, aucun traitement quement le siège d’une translocation (rosettes) et la positivité du CD99 (MIC2).
adjuvant n’a fait la preuve de son efficacité t(X;1)(p11;q21). Cette translocation entraîne La mise en évidence d’une translocation
quant à la diminution de risque de récidive la création d’un gène de fusion entre les t(11;22) et d’un transcrit de fusion ETS-EWS
locorégionale ou à distance : qu’il s’agisse gènes TFE3 (Xp11.2) et PRCC (1q21.2) d é t e c t a b l e e n RT- P C R a p p o r t e d e s
de la radiothérapie, de la chimiothérapie ou détectable par polymérisation en chaîne arguments définitifs.
après transcription inverse (RT-PCR) à titre D’exceptionnelles observations de
des diverses modalités d’immunothérapie.
diagnostique. neuroblastomes primitifs du rein ont été
Ces recommandations sont également
valables dans les rares cas de carcinome décrites. Le diagnostic différentiel principal
¶ Carcinome papillaire à cellules est l’extension rénale d’un neuroblastome
rénal survenant dans l’enfance dans le cadre
d’une maladie de von Hippel-Lindau, dans chromophiles (ou tumeur surrénalien.
les carcinomes papillaires liés à la tubulopapillaire) (T7/T17)
translocation t(X;1) et dans les carcinomes Les tumeurs tubulopapillaires, de bas ou de ANGIOMYOLIPOME
médullaires du rein. haut grade de malignité, diffèrent des
L’angiomyolipome s’observe en général dans
Dans les formes métastatiques, bien que carcinomes papillaires de l’enfant à t(X;1)
le cadre d’une sclérose tubéreuse de
l’indication de la néphrectomie soit débattue par le caractère chromophile de leur
Bourneville [33], mais également dans de très
chez l’adulte, elle reste de mise chez l’enfant, cytoplasme, basophile ou éosinophile, et par
rares cas de neurofibromatose de type I [81].
ne serait-ce que pour confirmer le diagnostic la présence de trisomies 7 et 17 [ 8 2 ] .
du carcinome. Aucune chimiothérapie Classiquement, le stroma des axes papillaires
contient également des calcosphérites et des AUTRES TUMEURS RÉNALES
utilisée seule n’a fait la preuve de son
macrophages spumeux (stroma « fraise »).
efficacité dans cette indication. En revanche, Les tumeurs juxtaglomérulaires du rein,
des réponses tumorales parfois tumeurs de l’adolescent et de l’adulte jeune,
¶ Carcinome médullaire du rein sont des tumeurs bénignes, corticales de
spectaculaires ont été obtenues avec
l’utilisation d’une immunothérapie, en Récemment a été décrit, chez l’enfant d’une petite taille, à l’origine d’hyperréninémie et
particulier l’interleukine (IL) 2 [58], et la dizaine d’années, un carcinome de haute d’hypertension artérielle [53].
prolongation de la survie a été observée avec malignité associé à une drépanocytose Bien que le rein soit une localisation
l’utilisation d’interféron (IFN) a [62]. L’analyse homozygote ou hétérozygote [29]. Il s’agit secondaire fréquente des lymphomes non

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Pédiatrie Tumeurs du rein de l’enfant 4-088-D-10

hodgkiniens, le lymphome primitif du rein néphroblastome à composante associant de multiples tissus différenciés et
de l’enfant est très rare [85]. rhabdomyoblastique. des éléments néphroblastiques, dont certains
entraînent une élévation de l’a-fœtoprotéine.
Le rhabdomyosarcome du rein est également Le tératome du rein est décrit [54]. Il doit être Les indications thérapeutiques se rapportent
très rare [40]. Il doit être différencié d’un différencié du néphroblastome tératoïde à celles du diagnostic histologique.

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