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Pourquoi le secteur

privé est important pour


l’efficacité au plan du
développement
Hadiza Sidikou
Banque africaine de développement

Le paradigme du développement a évolué vers l’investissement privé,


et au cours de la dernière décennie, le secteur privé a été largement
reconnu comme un acteur essentiel du développement. Les attentes
sont telles que le secteur privé est dorénavant au centre des stratégies
de développement, contribuant ainsi au développement économique
global. De plus en plus, les partenaires au développement, y compris la
Banque africaine de développement, collaborent directement avec le
secteur privé dans les pays en développement à la mise en œuvre de
programmes de lutte contre la pauvreté à travers le continent.

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eVALUation Matters / Deuxième trimestre 2016
Le secteur privé: acteur
de développement «Nous reconnaissons le rôle
Ces dernières années, les économies central du secteur privé
africaines ont affiché des taux de crois- dans la promotion de
sance soutenus et des améliorations l’innovation, la création de
notables dans la stabilité politique, la
gouvernance et la mise en œuvre de richesse, de revenus et
politiques économiques plus ration- d’emplois, et la mobilisation
nelles. Nonobstant ces développements des ressources intérieures,
positifs, l’Afrique doit conférer un rôle
plus dynamique au secteur privé et à éléments qui en retour
la promotion des investissements tant contribuent à la réduction
étrangers que nationaux. À ce jour, le de la pauvreté»
secteur privé est largement reconnu
comme l’un des principaux moteurs de la Partenariat de Busan pour une coopération au
développement efficace
croissance économique et de la création
d’emplois, autant de facteurs essentiels
des actions menées par la communauté
internationale pour promouvoir le dével-
oppement durable et réduire la pauvreté. dans des domaines comme le développe-
Les bailleurs de fonds ont intensifié leur ment des entreprises, l’aide au commerce,
engagement avec la communauté du la réforme du secteur financier et du
secteur privé dans des secteurs comme climat d’investissement; ou iv) un parte-
le développement des entreprises, l’aide naire, notamment dans les partenariats
au commerce, la réforme du secteur public-privé, à même de conjuguer les
financier et du climat d’investissement, efforts des différentes parties prenantes.
afin de catalyser les contributions aux Avec tous ces différents rôles, le secteur
objectifs de développement. Toutefois, il privé se trouve dans une position idéale
convient de déployer davantage d’efforts pour prouver à la communauté du dével-
en vue de tirer les leçons de l’expérience oppement sa raison d’être en tant qu’ac-
acquise en matière de développement teur essentiel.
avec le secteur privé.
Consciente du rôle crucial que joue le
En tant qu’acteur indispensable du dével- secteur privé dans la dynamique du
oppement, le secteur privé peut être: i) un développement, la Banque africaine de
bénéficiaire direct de l’aide pour les inves- développement a élaboré sa première
tissements et les interventions telles que stratégie intégrée pour le développe-
les subventions et les prêts aux PME; ii) un ment du secteur privé en 2004. Ce
maître d’œuvre de la mise en œuvre des document soulignait l’intérêt d’adopter
projets d’aide comme le financement de une approche de développement du
projets; iii) un pourvoyeur de ressources de secteur privé à l’échelle de la Banque et
développement équivalant aux flux d’aide a servi de première feuille de route pour

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Évaluation indépendante du développement
les interventions de la Banque dans conclusions et recommandations d’une
le secteur privé au cours de ces dern- opération de référenciation qui a évalué
ières années. Grâce à cette stratégie, les pratiques des membres par rapport
le volume des opérations de prêts non aux GPS. Depuis lors, avec le portefeu-
souverains de la Banque a été multiplié ille croissant des opérations du secteur
par sept sur la période 2004–2007, et privé à la Banque et dans les institutions
un accent beaucoup plus marqué a été partenaires, la plupart des membres de
mis sur l’impact des opérations sur le l’ECG ont intégré en partie ou en totalité
développement en tant qu’inducteur les GPS du secteur privé dans leur cadre
d’activité. La Banque, à l’instar d’autres d’évaluation, et des progrès notables ont
institutions financières internationales été faits pour recueillir les éléments d’ap-
(IFI), compte sur le secteur privé en tant préciation de l’impact de ces opérations.
que partenaire privilégié pour mobiliser
les financements dont a besoin le conti- L’évaluation des opérations ou
nent pour son développement, notam- programmes du secteur privé permet
ment les investissements dans les infra- de mieux appréhender la contribution
structures (qui se chiffrent en milliers potentielle des interventions du secteur
de milliards), fournir des services de privé en matière de développement. Le
meilleure qualité ayant un bon rapport partage des résultats des évaluations
coût-efficacité par le biais des partenar- devrait permettre de sensibiliser davan-
iats public-privé et devenir le moteur de tage les organismes de développement
la croissance par la création d’emplois. sur le potentiel du secteur privé. Dans
la pratique, il convient de noter que
toutes les institutions financières inter-
Évaluation de l’appui nationales (IFI) ont encore des difficultés
au secteur privé avec l’évaluation du secteur privé, en
particulier lorsqu’il s’agit d’harmoniser
Le Groupe de coopération pour l’évalu- les indicateurs de résultats et l’approche
ation (ECG) des banques multilatérales ex-ante. Grâce au cadre ADOA, la BAD
de développement (BMD) a élaboré fait figure de pionnier parmi les insti-
par le biais des Normes de bonnes tutions sœurs en matière d’évaluation
pratiques (GPS) une approche systéma- ex-ante des opérations du secteur privé.
tique pour l’évaluation des opérations Ce cadre donne une estimation de l’ad-
du secteur privé avec un objectif ditionnalité et des résultats en matière
précis, à savoir promouvoir la rigueur de développement que les projets du
et l’objectivité dans les évaluations. secteur privé devraient réaliser. Depuis
Les GPS ont été conçues au départ en sa conception en 2008, l’évaluation
réponse à la demande d’harmonisation de l’additionnalité et des résultats en
des méthodes d’évaluation formulée matière de développement (ADOA) s’ef-
par le Groupe de travail du Comité du force d’apporter des réponses à deux
développement en 1996. En 2001, l’ECG questions se rapportant au secteur privé:
a publié la première édition des GPS,
suivie par la deuxième, la troisième et • Premièrement, qu’apportent les
la quatrième éditions en 2003, 2006 institutions de financement du dével-
et 2011 respectivement. Chacune des oppement (IFD) au financement du
éditions subséquentes s’est inspirée des secteur privé que les organismes de

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eVALUation Matters / Deuxième trimestre 2016
crédit n’apportent déjà ou ne peuvent la BAD (IDEV) a produit un certain nombre
apporter? de rapports d’évaluation sur le secteur
privé. Par ces efforts visant à améliorer
• Deuxièmement, quels sont les la responsabilité et l’apprentissage dans le
résultats attendus en matière de domaine du secteur privé4, IDEV s’emploie
développement? à contribuer au dialogue sur l’impact réel
La révision du cadre, intervenue récem- du secteur privé sur le terrain.
ment en 2015, a affiné la méthodologie en
s’attaquant aux réalités opérationnelles. Ce qu’il convient de
Cet outil d’évaluation ex-ante s’est avéré rechercher dans les
efficace pour la facilitation du suivi-éval-
uation des opérations du secteur privé
résultats/réalisations
financées par la Banque, avec des indica- du secteur privé:
teurs alignés sur les priorités stratégiques Additionnalité: Qu’est-ce que la Banque
à long terme de la Banque. L’ADOA a ainsi que les autres institutions de
également cherché à assurer l’alignement financement du développement (IFD)
sur bon nombre d’initiatives de mesure apportent aux projets du secteur privé
des résultats, aussi bien au sein de la que ne peuvent apporter les investis-
Banque qu’avec les institutions sœurs. seurs commerciaux? La Banque a-t-elle
Récemment, les IFI ont constitué un démontré l’additionnalité de ses inter-
groupe de travail sur l’harmonisation des ventions envisagées? Étant donné que
indicateurs aux fins de poursuivre l’amélio- les IFI du secteur privé interviennent sur
ration des méthodes et des indicateurs un marché libre pour le crédit et les inves-
utilisés dans l’évaluation des interventions tissements, toutes les IFI sont concernées
du secteur privé. Toutefois, il importe par l’additionnalité puisqu’elles ne
d’engager des discussions et des travaux veulent pas évincer les financements du
plus approfondis sur les méthodes et les marché. À titre d’exemple, l’additionnalité
normes relatives à l’évaluation de l’appui financière mesure la valeur ajoutée de
au secteur privé. Certes, il n’existe pas de la Banque au-delà de ce que les sources
solution miracle au plan de la méthodol- purement de marché fourniraient. Elle
ogie mais une collaboration renforcée est apprécie la mesure dans laquelle la
nécessaire pour le processus d’apprentis- Banque apporte un appui financier qui
sage en cours. Le Département de l’évalu- n’est autrement pas disponible auprès
ation indépendante du développement de des sources commerciales, catalysant les

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Évaluation indépendante des opérations non souveraines, 2006 - 2011 | Évaluation indépendante des investisse-
ments en capital du Groupe de la Banque | Évaluation de l’aide du Groupe de la Banque aux petites et moyennes
entreprises (2006–2013)

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Évaluation indépendante du développement
financements des autres fournisseurs; façon dont les investisseurs sont attirés
ou réduisant les risques perçus en ce par le projet et de savoir que parfois
qui concerne les investissements dans d’autres financiers ou investisseurs ne
l’entreprise ou le secteur. Elle s’intéresse participent aux opérations du secteur
plus particulièrement à l’additionnalité privé que grâce à la sécurité que leur
apportée par le financement des IFD, procure la présence de la Banque. Aussi
en limitant l’exposition des opérateurs la question «La Banque a-t-elle été en
commerciaux aux risques de crédit, de mesure d’attirer d’autres partenaires
liquidité ou de marché, dans des propor- dans ses interventions» est-elle partic-
tions que ne peuvent atteindre le recours ulièrement pertinente. Les IFD peuvent
aux sources privées et aux acteurs mobiliser des ressources en jouant un
commerciaux tout seuls. L’additionnalité rôle actif dans le processus de mobilisa-
financière dépend de la réduction globale tion des ressources ou en donnant des
des risques commerciaux dans un signaux positifs aux investisseurs privés.
scénario hypothétique sans la participa- Dans la pratique, cela pourrait se faire en
tion des IFD. établissant des relations avec les inves-
tisseurs potentiels comme les fonds de
L’additionnalité financière est liée à des retraite ou en soutenant les investisseurs
facteurs clés comme le financement commerciaux dans le processus de dili-
à long terme, une meilleure adéqua- gence raisonnable. La mobilisation des
tion des devises ou la mobilisation de ressources permet de réunir différentes
capitaux, y compris le rôle de chef de parties pour assurer la gestion du même
file des syndicats financiers et l’effet investissement. Comment évaluer qui
catalyseur. Il reste toutefois à déter- exerce une influence sur qui, qui a mené
miner la méthode d’évaluation de l’ad- l’initiative et qui veille à sa réalisation?
ditionnalité, ce qui nécessite le perfec- Est-ce un facteur important, ou faut-il se
tionnement des approches en matière focaliser sur la contribution de chaque
de développement. L’additionnalité non partie, et sur l’efficacité avec laquelle elle
financière dans l’atténuation d’autres a joué son rôle?
risques (comme le risque politique), la
fourniture de l’expertise industrielle ou Impact: La Banque finance le secteu
technique, le soutien à apporter au client privé en tant qu’instrument lui permet-
pour l’aider à promouvoir des normes tant d’atteindre son objectif, à savoir
de haut niveau en matière de gouvern- l’expansion du développement économ-
ance, de transparence ou de viabilité ique de ses États membres régionaux.
sociale et environnementale constituent En conséquence, il est impératif
aussi un critère pertinent. Amener les IFI d’évaluer les résultats (escomptés ou
à rendre compte de leur additionnalité non) que les projets ont produits. Pour
a été le moteur de l’adoption de leurs toutes les IFD, il importe de mettre en
stratégies et d’une plus grande focalisa- exergue la contribution du secteur
tion sur les pays à faible revenu et à haut privé dans un ensemble de résultats
risque au cours de la dernière décennie. en matière de développement définis
au préalable conformément à leurs
Rôle catalyseur: Attirer d’autres sources priorités stratégiques respectives. À titre
de financement est aussi une forme d’ad- d’exemple, pour corroborer l’idée selon
ditionnalité, et il importe d’examiner la

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eVALUation Matters / Deuxième trimestre 2016
laquelle le secteur privé est un moteur Réussite des activités et rentabilité:
de croissance par la création d’emplois, Le premier indicateur mesure l’atteinte
celle-ci est un indicateur permettant de des objectifs financiers du projet tandis
mesurer le moment auquel évaluer les que le deuxième estime si la Banque
opérations du secteur privé. En fonction conserve ou non son intégrité financière.
de la complexité et du type de projet En règle générale, les entreprises privées
(infrastructure), la création d’emplois mesurent leur performance par rapport
directs et indirects doit être évaluée, à la croissance de la part et des revenus
bien qu’elle soit difficile à apprécier du marché, aux recettes ou rentabilité,
suivant des normes objectives. En ce qui à la productivité des entreprises, à
concerne la Banque, l’ADOA a défini sept la viabilité financière et à la position
catégories de résultats qui cadrent avec concurrentielle. La réussite des activités
les priorités stratégiques à long terme du projet mesure et compare l’impact
(voir graphique ci-dessous). financier réel et prévisionnel du projet

IMPACT SUR LE
GENRE ET LA SOCIÉTÉ

INTÉGRATION IMPACT
RÉGIONALE ENVIRONNEMENTAL
ET RÉSILIENCE ETCONTRIBUTIONÀLA
ÉCONOMIQUE CROISSANCEVERTE

DÉVELOPPEMENT
GOUVERNANCE ET DU SECTEUR
EFFETS BUDGÉTAIRES PRIVÉ ET EFFETS DE
DÉMONSTRATION

AVANTAGES
PROCURÉS
INFRASTRUCTURE AUX MÉNAGES
ET CRÉATION
D’EMPLOIS

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Évaluation indépendante du développement
sur les financiers du projet (prêteurs et
investisseurs en capital) tout au long de
la durée de vie économique du projet, la
contribution du projet à d’autres objec-
tifs de l’entreprise formulés à l’évalua-
tion et les perspectives de croissance
durable pour l’entreprise du projet.
L’évaluation peut se faire sur la base du
test «avec ou sans le projet» ou «avant et
après le projet». Le principal indicateur
du succès de l’entreprise est le taux de
rentabilité financière (TRF) basé sur les
flux de trésorerie effectifs disponibles
pour les prêts-projets ou la rentabilité du
capital en ce qui concerne les investisse-
ments des entreprises.
Pour que la Banque continue d’être
viable, il faut que les investissements
qu’elle effectue, que ce soit sous forme
de prêts ou de fonds propres, soient
rentables. Il va sans dire que les opéra-
tions du secteur privé font obligation à
la Banque de fonctionner sur une base Défis et perspectives
commerciale dans ses opérations d’in- dans l’évaluation des
vestissement. Cela revient à prendre
les mêmes risques commerciaux et
opérations du secteur privé
risques liés aux activités que les autres Les normes admettent la spécificité
prêteurs et investisseurs, et à veiller à de l’évaluation du secteur privé, eu
ce que les rendements des placements égard notamment à l’environnement
soient proportionnels au niveau des concurrentiel dans lequel il évolue ou
risques courus. En conséquence, le cadre à l’importance de la viabilité financière
d’évaluation mesure ces rendements des des projets. Mais il reste encore des
placements, leur adéquation par rapport défis à relever, à savoir l’insuffisance des
aux risques et leur contribution à la rent- données sur l’impact des opérations du
abilité institutionnelle. La mesure de la secteur privé sur le terrain; par exemple
part du marché, de la rentabilité et de la il convient de formuler les meilleures
croissance du capital est directe dans l’in- pratiques et solutions en matière de
dication des succès et échecs. Toutefois, mesure des effets de démonstration;
les paramètres de la performance ne les effets catalyseurs, la concurrence et
sont pas toujours cohérents et ne font les rapprochements, le mode de traite-
pas toujours l’unanimité parmi les IFI ment idéal des questions d’attribution et
pour garantir des repères communs et de ciblage des bénéficiaires, y compris
promouvoir la mise en commun des la définition et la mesure des PME. En
données tirées de l’expérience. effet, on note une relative faiblesse
de la base de données factuelles dans

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eVALUation Matters / Deuxième trimestre 2016
L’on prévoit de déborder le cadre du
suivi des projets pour exercer un impact
sur l’évaluation.
Prochaines étapes:
• Mettre au point des systèmes de suivi
pour recueillir, contrôler et évaluer
les résultats en matière de dévelop-
pement. Les IFD peuvent accroître
leur engagement dans les projets
en demandant aux promoteurs de
s’engager en faveur des cibles de
développement. S’inspirant de sa
longue expérience, la Banque a pu
amener un grand nombre de promo-
teurs à convenir de mettre au point
un système de suivi des résultats en
matière de développement. Outre
cette avancée, la Banque continue de
faire le pari d’améliorer son mécan-
isme d’établissement de rapports.
• Accroître la base de données factu-
des domaines tels que les résultats en elles et l’impact, en se focalisant sur
matière de développement et les effets les résultats: affiner les indicateurs
sur les bénéficiaires finaux découlant et leur définition. À titre d’exemple,
du financement des PME et des PPP. l’adoption d’une approche commune
Des discussions sont également en est indispensable pour mesurer les
cours pour trouver la meilleure façon impacts sociaux, environnementaux
de formuler l’additionnalité financière et et financiers des projets. La notation
non financière, de définir ses directives des résultats en matière de dévelop-
et de la documenter. Plusieurs IFI font pement d’un projet repose essentiel-
l’objet d’une restructuration et changent lement sur les résultats observés
de pratiques, ce qui pourrait avoir une sur le terrain, comparativement aux
incidence sur la mise en œuvre de la références fondées sur les conditions
liste des indicateurs harmonisés. Il du marché et la spécificité des entre-
n’existe certainement pas de solution prises qui testent la viabilité commer-
miracle en ce qui concerne la méth- ciale, la durabilité économique, sociale
odologie. En effet, alors que certaines et environnementale ainsi que l’effet
institutions mettent déjà en application de démonstration. Tout en considérant
la liste des indicateurs harmonisés, l’atteinte des objectifs du projet, il
d’autres comptent affiner les définitions convient de ne pas perdre de vue le
d’un certain nombre d’indicateurs (par fait qu’elle n’est pas le seul critère
exemple les impôts). La qualité et la puisque la fourniture des infrastruc-
continuité des données sont autant de tures ou services prévus dans le cadre
défis auxquels sont confrontés les IFI. du projet (au point d’achèvement) ne

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Évaluation indépendante du développement
garantit pas la viabilité ou la durabilité pour recueillir les effets de développe-
à long terme du projet. ment indirects. Le deuxième domaine
d’activité s’attèle à trouver les meilleurs
• Le Groupe de coopération pour l’éval- voies et moyens de conceptualiser la
uation (ECG) devrait préparer une 5e croissance inclusive, la croissance verte,
édition des normes de bonne pratique l’investissement à impact et le mode de
(GPS), en tenant compte des dével- mesure de ces effets. La mise en œuvre
oppements récents intervenus au des indicateurs harmonisés va simplifier
niveau de chaque institution et dans la référenciation des projets et faciliter
le domaine de l’évaluation. À titre l’échange des meilleures pratiques et
d’exemple, d’autres instruments font des leçons tirées parmi les IFI.
leur entrée (par exemple le finance-
ment ou les garanties dans le secteur • Mettre à profit la longue expérience
commercial) mais il n’apparaît pas accumulée pour dégager les ensei-
encore clairement quels paramètres gnements permettant d’étayer le rôle
seront utilisés et quel modèle pour les du secteur privé dans le domaine du
évaluer à l’avenir. développement et d’améliorer les
stratégies de diffusion. Afin de promou-
• Etablir des partenariats. L’identification voir l’apprentissage, il est impérieux
des étapes à venir pour une collabo- de réfléchir aux questions suivantes:
ration accrue avec le secteur privé Comment un projet peut-il s’inspirer
et les différentes parties prenantes de l’expérience d’un autre au sein de la
est indispensable, pour améliorer la Banque et comment une IFI peut-elle
mesure des rendements en matière de tirer parti de l’expérience d’une autre?
développement et son poids dans les Que nous enseignent l’expérience
arbitrages entre les rendements finan- acquise ou les évaluations récentes
ciers et les risques. Ces paramètres sur le financement des opérations du
peuvent aussi servir comme incita- secteur privé? Il importe d’échanger
tions pour les organes d’exécution. constamment sur les leçons des
La Banque demeure un membre actif récentes évaluations et les approches
des groupes de travail à l’échelle des en matière d’évaluation pour financer
IFD, qui s’attachent à faire avancer les programmes de développement
l’évaluation, la collecte et l’établisse- du secteur privé en particulier dans
ment des rapports sur les indicateurs de les domaines des partenariats public-
résultats en matière de développement, privé et de l’appui à apporter aux
y compris ceux mesurant la croissance petites et moyennes entreprises où
inclusive. Une liste d’indicateurs harmo- les enjeux sont considérables.
nisés est actuellement en cours d’élab- Les initiatives relatives au développe-
oration. Elle devrait orienter le contrôle ment du secteur privé constituent un
et l’établissement des rapports de toutes élément essentiel des efforts consentis
les IFI concernées. En outre, deux pour atteindre les objectifs et engage-
domaines d’activité sont poursuivis au ments en matière de développement au
sein de ce groupe de travail. L’un porte niveau mondial. La mesure, le contrôle
sur les méthodes de conversion pour et l’évaluation des opérations du secteur
tenter de dégager une méthodologie privé permettent d’apprécier l’efficacité

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des investissements et d’améliorer les à revoir les paramètres par lesquels ils
opérations futures. Ils aident également apprécient les succès et les échecs de
à rendre compte de la performance leurs opérations d’investissement et
de la Banque, en prenant des mesures les impacts sur le développement. Les
qui renforcent la confiance du public. spécialistes de l’évaluation devraient de
L’évaluation vise principalement à satis- toute urgence commencer à accorder
faire aux exigences d’établissement des une attention particulière à l’utilisation
rapports et de responsabilité, afin d’ap- croissante des interventions du secteur
porter une valeur ajoutée à l’entreprise. privé, pour promouvoir le développement
Elle est indispensable pour le processus et s’organiser afin de jouer un rôle majeur
de décision. Toutefois, les discussions dans l’élaboration d’outils normalisés
concernant les approches et la méthod- destinés à évaluer leurs résultats. Entre-
ologie sont en cours, compte tenu des temps, la Banque et d’autres IFI contin-
nombreux défis liés au financement ueront d’apporter leur contribution à ce
du secteur privé par les banques multi- dialogue par l’intermédiaire du groupe
latérales de développement (BMD). En de travail des IFI et d’autres forums de
effet, tous les partenaires au développe- recherche et de discussion.
ment, y compris le secteur privé, auront

Profil de l’auteur

Hadizatou Sidikou est Chargée d’évaluation principale à


l’unité de l’Evaluation Indépendante du Développement de la
BAD. Elle a travaillé en tant que Chargée de Programme pour
la région de l’Afrique australe, a été Responsable de la Coordi-
nation et du Suivi de Portefeuille, et également Responsable
du Budget de la Banque. Avant de rejoindre la Banque, Hadi-
zatou a travaillé à Washington D.C. aussi bien dans le secteur
public que privé, à l’AIG et dans des ONG internationales telles
que PSI, EGPAF et AED, travaillant sur des projets de dévelop-
pement de l’USAID à travers le monde comme Analyste Fi-
nancier et Responsable de Programme. Elle est titulaire d’un
MBA de l’Université du Maryland University College (UMUC),
d’un DESS (diplôme d’études supérieures) en Dynamique du
Développement et d’une licence en Administration des Affair-
es, tous deux obtenus à l’Université Pierre Mendès à Greno-
ble, en France.

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Évaluation indépendante du développement

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