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Les Annales de la recherche

urbaine

Une métropole portuaire d'Afrique du Nord : Casablanca. Explosion


urbaine et planification
Nabil Rochd

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Rochd Nabil. Une métropole portuaire d'Afrique du Nord : Casablanca. Explosion urbaine et planification. In: Les Annales de la
recherche urbaine, N°46, 1990. Technopoles et métropoles. pp. 113-118;

doi : https://doi.org/10.3406/aru.1990.1515

https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1990_num_46_1_1515

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Résumé
Nabil Rochd, Casablanca, une métropole portuaire d'Afrique du Nord
Deuxième port d'Afrique Casablanca a grandi à vive allure, et dispose d'un quartier d'affaires central de
type international. Plusieurs plans se sont succédé pour juguler son développement depuis celui
d'Henri Prost en 1925, créant une ville nouvelle à côté de la médina. La tendance est aujourd'hui à
différencier nettement les parties de la ville.

Abstract
Nabil Rochd, A harbour gateway metropole of North Africa
Africa's second harbour has growth fast with its districts of international business. Since that of Henri
Prost in 1925 different plans have been drawn up to curb its developpment, notably the creation of a
new town next to the Medina. Today the tendancy is to differentiate clearly between the different
districts of the town.

Zusammenfassung
Nabil Rochd, Casablanca — eine nordafrikanische Hafenmetropole
Casablanca, die zweitgrößte Hafenstadt Afrikas, ist in raschem Tempo gewachsen und verfügt heute
über ein zentrales Geschäftsviertel internationalen Zuschnitts. Seit Henri Prost 1925 mit der Schafung
einer neuen Stadt neben der Medina deren Wuchern zu unterbinden suchte, wurden viele Pläne
gefaßt, die Entwicklung der Stadt in Grenzen zu halten. Die aktuelle Tendenz läuft darauf hinaus, die
einzelnen Stadtteile klar zu differenzieren.

Resumen
Nabil Rochd, Casablanca, una metrípoli portuaria de Africa septentrional
Segundo puerto de Africa, Casablanca ha crecido con gran rapidez y dispone de una zona de
negocios central de tipo internacional. Tras el de Henri Prost en 1925, varios planes se propusieron
yugular su desarrollo mediante la creación de una nueva ciudad al lado de la medina. Hoy se intenta
más bien diferenciar de manera clara las partes de la ciudad.
En 1979, 15 millions de tonnes de cette ressource
minière transitent par le port de Casablanca. Les
principaux échanges s'effectuent avec les pays du
UNE METROPOLE Marché Commun, la France venant en tête avec presque
20 % du total du trafic. Entre 1960 et 1980, le trafic
PORTUAIRE maritime de la métropole grimpe de 10 à 20,5 M T
marchandises. En 1980, elle draine 75 % du trafic
D'AFRIQUE national ; à ce titre, Casablanca est le deuxième grand
port du continent africain (le premier étant à cette
DU NORD date celui de Johannesburg).
CASABLANCA Ce rôle
un prodigieux
moteuressor
dans dul'industrialisation
commerce maritime
de lavaville
jouer
et
de sa région. A l'issue de la signature du Traité de
EXPLOSION
ET PLANIFICATION
URBAINE Fès de 1912, Casablanca en tant que futur grand port
de la zone Sud, va attirer la quasi-totalité des usines
Nabil Rochd modernes. Entre 1918 et 1932, par exemple, le nombre
d'établissements industriels passe de 157 à 1 932 unités.
De taille moyenne, ce sont essentiellement des indus¬
Au Maroc, à l'instar des pays en voie de développement, tries extractives, alimentaires et du secteur des Travaux
l'explosion urbaine est un phénomène récent. En 1900, Publics et du Bâtiment. Aussi, la structure économique
dans un pays encore rural, la population urbaine repré¬ et financière liée à ces activités va-t-elle rapidement
sentait à peine 9 % de la population totale ; au dernier se mettre en place, à proximité immédiate du port
recensement général de la population et de l'habitat dont les premiers travaux d'aménagement furent lancés
de 1982, elle en compte 43 %. dès 1907. Bien qu'anarchique, l'édification du centre
d'affaires est marquée par l'implantation de banques
Casablanca, aujourd'hui la plus grande ville marocaine étrangères, de la succursale de la Banque d'Etat du
avec une population estimée à 3,5 millions d'habitants Maroc, de compagnies de navigation, de firmes d'im-
1

alors qu'elle n'était au début du siècle qu'une casbah port-export, de sociétés immobilières et de courtage ;
de 25 000 habitants, est justement l'exemple le plus structure formant l'ensemble des activités du capitalisme
extrême de ce phénomène. colonial. A la veille de l'indépendance politique, la
ville concentre d'ores et déjà plus des deux-tiers des
investissements sociétaires et 60 % des emplois indus¬
L'AVÈNEMENT triels du pays.
DE LA MÉTROPOLE Casablanca tant au niveau de la distribution géogra¬
phique que de la structure par branches d'activités,
MAROCAINE s'est renforcée par la suite comme principal pôle de
drainage et de diffusion des flux et ce, en dépit des
tentatives de décentralisation et de régionalisation du
gouvernement national. Stérilisant ou presque le pays,
Casablanca monopolise la quasi-totalité des industries
richesses
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chimie et la parachimie (83 %), la métallurgie et
l'électricité (70 %), le textile et l'habillement (57 %).

1915, la plaçant au même niveau que le septième des


grands ports français. Au lendemain de l'indépendance
politique du Maroc en 1956, l'essor du commerce
maritime animé par l'exportation des matières pre¬
mières agrumes, primeurs, phosphates, minerais de
:

fer et de manganèse, d'une part, et l'importation de


blé, sucre, hydrocarbures, produits sidérurgiques et 0Les 1.1 80-930-X/90/46/
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:

a renforcé son rôle de tête de pont en même temps


qu'elle devenait uile plaque tournante dans le marché
marocain. Le Maroc, premier exportateur des phos¬
phates, dispose de trois quarts des ressources mondiales.
114 Technopoles et métropoles

Lerache,
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Les voies d'échange avant le Protectorat : peu de rapports avec la côte. Voies commerciales en 1950 : le Maroc aujourd'hui se tourne vers la
côte, et les populations y affluent.
En 1976, son chiffre d'affaires représente 82 % de presque tous les sièges sociaux des banques installées
l'ensemble national. Ces chiffres illustrent la suprématie au Maroc. Ce centre est situé dans la commune de
de la métropole dans l'espace marocain que les poli¬ Sidi Belyout. En 1986, 6 000 établissements du tertiaire
tiques de développement régional poursuivies depuis supérieur, soit 96 % de ceux de la Wilaya, ont été
les années soixante-dix (création de sept régions éco¬ recensés dans la commune de Sidi Belyout, alors qu'elle
nomiques, code des investissements incitant à la décon¬ ne représente que 5 % de la surface de la ville intra-
muros.
centration industrielle) tentent d'inverser.
La concentration des activités est très remarquable à En 1979, la répartition de l'emploi par secteurs s'éta¬
Casablanca ainsi qu'un groupement de moindre impor¬ blissait comme suit 2,28 % dans le primaire, 46,28 %
dans l'industrie, 50,92 % dans le tertiaire. Entre 1971
:

tance à Mohammedia, faubourg industriel de la ville.


et 1979, le secteur industriel a connu une progression
Selon l'enquête menée en 1979 par la Direction de la soutenue de 1,84 % par an tandis que l'emploi tertiaire
Statistique du Ministère
manufacturiers étaient localisés
du Plan,dans90 la% ville
des emplois
sur un régressait de 1,43 % par an et que l'emploi primaire
total de 141 914. Les industries se trouvent surtout à restait stagnant.
La croissance industrielle s'est produite surtout dans
l'est de la ville, le long de l'axe autoroutier Casablanca- le textile et la confection, ainsi que dans le bâtiment
Rabat, non loin du centre tertiaire et du port. Si cette et les travaux publics. 31 % de l'emploi industriel est
division rationnelle de l'espace offre certains avantages fourni par le secteur textile et 17 % par le bâtiment
fonctionnels, elle engendre toutefois de gros problèmes et les travaux publics ; les industries alimentaires en
de circulation et de déplacements pendulaires domicile/ offrent 16,8 % et celles de la transformation des métaux
travail. La commune urbaine d'Ain Sebâa regroupe à 10,7 %. En 1989, l'industrie totalise 173 435 emplois,
elle seule 45 % des emplois alors que la commune soit presque quatre fois plus qu'en 1967. L'essentiel
dortoir de Ben M'sick n'en abrite que 1 %. On observe de l'emploi tertiaire reste par contre localisé dans le
cependant
activités audepuis
niveau
peu de
une l'ensemble
tendance à des
la diffusion
communesdes commerce traditionnel (34,5 %) et l'administration
(18,4 %) ou dans les activités de survie dites infor¬
melles.
urbaines et l'émergence d'une couronne industrielle
dans les centres ruraux de la wilaya du Grand Casa¬ L'ensemble de ces activités ont occupé en priorité dans
blanca, à Ain Harrouda, Tit Mellil, Médiouna, Bous- l'espace de la métropole marocaine les abords du port,
koura et Dar Bouazza.
des sources d'énergie ou des axes routiers. Cependant
Complexe industrialo-portuaire, Casablanca possède un l'action du planificateur a cherché à structurer le pro¬
Central Business District qui regroupe les activités du cessus d'urbanisation en organisant la ville en zones
secteur tertiaire : banques, compagnies d'assurance, différenciées, zone dortoir, zone de plaisance. La diver¬
sociétés d'import-export, directions des entreprises sité du paysage urbain n'est pas seulement une donnée
industrielles, bureaux d'études. La Banque du Maroc écologique ou un effet économique, elle est le produit
et la Bourse des valeurs s'y trouvent réunies avec explicite d'une politique urbaine.
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Plan Prost, 1918. 1 - Médina. 2 - Ville européenne. 3 - Cité jardin. 4 - Port. 5 - Ligne de chemin de fer. 6 - Routes. 7 - Quartiers industriels.
8 - Quartiers de commerce.
L'EXPLOSION réservées à une population très aisée et une masse de
logements populaires.
DÉMOGRAPHIQUE

LES PLANS
D'URBANISME
L'action du planificateur loin d'être un fait mineur a
marqué pour une large part la structure physique et
l'aménagement spatial de la métropole marocaine. Tous
les textes réglementant la production du cadre bâti et,
en particulier les plans d'urbanisme mis en œuvre aux
différents stades de croissance et/ou de crises urbaines,
témoignent de l'intervention précoce et du dévelop¬
pement réel de l'appareil étatique de planification.
1918
LA VILLE NOUVELLE
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%la4 D'HENRI PROST
Le premier plan d'urbanisme moderne de Casablanca
dessiné par l'architecte Prost rentre dans le cadre des
plans d'aménagement et d'extension des villes nouvelles
lancés au Maroc par le régime du Protectorat français.
Le concept de villes nouvelles correspond ici aux

4. Depuis
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Casa-Branca
d'hectares,
origines
décen¬a
:

statistique de base était incomplète et peu rigoureuse. Entre 1921 et


1952, sept dénombrements quinquennaux ont été effectués dans la
zone Sud privilégiant surtout les quartiers européens.
116 Technopoles et métropoles
quartiers européens qui se sont greffés aux villes maro¬ loppement foudroyant au hasard des besoins et des
caines existantes Casablanca, Rabat, Fès, Settat... ; initiatives privées. »

:
à l'exception de Kénitra (ex. Port-Lyautey) , aucune Le plan du Grand Casablanca approuvé en 1952 7 par
villecolonisation.
la n'a été créée intégralement pour les besoins de le nouveau Résident Général, Eric Labonne, délimite
de nouvelles zones d'extension de la ville jusqu'à
Et comme Casablanca est devenue depuis le Traité de Mohammedia (ex-Fédala), faubourg industriel de la
1912 le principal centre du négoce maritime et des métropole. Le nouveau périmètre, qui englobe d'im¬
industries de transformation, il fallait dessiner et menses superficies de terrains agricoles sous forme de
construire conformément aux objectifs du Résident groupements d'urbanisme, atteint 40 000 hectares soit
Général une ville nouvelle capable de jouer le rôle de plus de quarante fois le périmètre de Prost. Mais si
pôle structurant non seulement à l'échelle du « Maroc le contrôle du « monstre urbain » demeure un objectif
utile » mais aussi à l'échelle de l'Afrique du Nord. Le prioritaire pour l'administration, la visée du plan de
Maréchal Lyautey déclara à cet effet « Casablanca Michel Ecochard se distingue à vrai dire par le fait
doit être le carrefour de toutes les voies terrestres et
:

qu'elle dépasse de loin la conception esthétique et


maritimes qui mettront cette face de notre empire en physique de la ville pour aménager l'espace en tant
relation avec le reste du monde ». Le plan d'urbanisme qu'espace
Le « combinat
de production,
Casa-Fédala de» illustre
circulation
à ce titre
et d'échange.
le modèle
de 1918 dressé par le grand architecte Henri Prost

A*

Plan Ecochard, 1952. Le « Combinat » Casa-Fédala.


reproduit en fait le modèle radio-concentrique de la de la cité linéaire industrielle avec ses extensions du
cité moderne. Il s'articule autour de la notion fon¬ port et des zones industrielles, ses vastes faubourgs
damentale de division fonctionnelle de l'espace et de d'habitat ouvrier, ses cités-jardins, son réseau auto¬
hiérarchisation de l'habitat. routier et ses espaces verts.
1952 1984
LE COMBINAT LE SCHÉMA-DIRECTEUR
DE MICHEL ECOCHARD DE MICHEL PINSEAU
Comme dans les autres villes coloniales, la crise urbaine La crise de l'habitat loin d'être jugulée s'est plutôt
à Casablanca est d'une acuité particulière : prolifération aggravée depuis l'Indépendance sous la pression
des bidonvilles, densification et dégradation des médi¬ constante de la progression des ménages casablancais.
nas, étalement tentaculaire du périmètre municipal. En dépit des réalisations successives de vastes pro¬
Des grèves ouvrières éclatent pour la première fois en grammes de logement social et surtout d'habitat du
juin 1936 dans les principales villes. Le Directeur des
Affaires Politiques souligne dans son rapport du Pro¬
tectorat : « L'administration française se trouve à Casa¬ 7. En 1944 Courtois.
l'architecte fut rejeté le plan d'extension de Casablanca proposé par
blanca face à l'agglomération qui a acquis un déve¬
117

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-m*rvgsp~ee

Vue aérienne du port et du centre tertiaire de la métropole dans les années 60.
plus grand nombre par l'Etat 8, le décalage entre l'offre central, et les communes, se voit dotée de larges
et la demande
Justificatif du seSchéma
creuse Directeur
toujours. Selon le Rapport prérogatives en matière d'affaires locales. Le Wali, par
de Casablanca
ailleurs gouverneur de la préfecture Casablanca-Anf a,
approuvé en 1985, le déficit de logement est estimé à est chargé du maintien de l'ordre et de la coordination
200 000 unités soit l'équivalent de 40 % du parc loge¬ des activités de l'ensemble des organismes publics et
ment de 1982. Les conditions de vie surtout pour les parapublics du Grand Casablanca.
ménages aux revenus modestes sont plutôt précaires. D'importants projets d'habitat social destinés en priorité
La plupart des familles nombreuses s'entassent dans aux couches les plus défavorisées sont mis en chantier
des logements de moins de quatre pièces, atteignant par les pouvoirs publics, parallèlement à la program¬
bien souvent le seuil critique de surpeuplement. Entre mation d'équipements publics station d'épuration des
:

le recensement général de la population et de l'habitat eaux, métro aérien, complexes administratifs pour les
de 1960 et celui de 1982, la cohabitation s'est de ce préfectures, mosquée Hassan II (financée par souscrip¬
fait accentuée passant de 4,8 à 5,64 personnes/logement. tion nationale). La presse officielle donne un certain
Les bidonvilles, bien qu'en faible proportion (13,6 % Casablanca éclat à la 10.publication du Schéma Directeur de
de la population casablancaise) comparés aux autres
mégalopoles du tiers-monde (64 % à Nouakchott, par L'approbation du S D A U de Casablanca prescrit par
exemple), n'ont pu être totalement résorbés. En juin Dahir du 21 rebia II 1404 (Décret du 25 janvier 1984)
1981, des émeutes populaires surviennent à Casablanca suscite, d'une manière mitigée il est vrai, controverses
suite à la hausse des prix annoncée par le gouvernement et critiques dans les milieux de la profession et au
sur lesleproduits
avec Fond Monétaire nécessité, après les accords sein de certaines communes urbaines. Les architectes
de premièreInternational.
et urbanistes casablancais, faute d'avoir été consultés
« La distorsion entre les différents éléments de cette par appel d'offre public en vue de l'élaboration de ce
croissance et le défaut d'agencement de l'urbanisme document d'urbanisme, émettent de sérieuses réserves
dans cette métropole risquaient d'être à l'origine de
graves problèmes de déséquilibre, susceptibles de porter
atteinte à la sécurité même du pays » (Basri D., 1988,
p. 233). Le Ministère de l'Intérieur, qui reprend au niveau 8. Malgrédessocial
logement lesréalisations
insuffisances,
s'est incontestablement
en milieu
l'efforturbain
de intensifié.
l'Etat
dont marocain
la moyenne
Il est observable
en annuelle
faveur au
dua
Ministère de l'Habitat et de l'Aménagement du Ter¬ grimpé de 14 325 à 37 000 unités entre 1956 et 1980 (Abdelmalki L.,
ritoire la direction de l'Urbanisme 9, procède sans tarder
à la restructuration de l'appareil étatique de planification 1987).
urbaine. 9. Avant la création en 1971 du Ministère de l'Habitat du Tourisme
et de l'Environnement, transformé en 1972 en Ministère de l'Amé¬
nagement du Territoire de l'Habitat et de l'Environnement, la Direction
Casablanca, « le monstre urbain », est fractionnée en l'Intérieur de l'Urbanisme
et du passaMinistère
successivement
des TravauxsousPublics.
l'autorité du Ministère de
cinq préfectures, dont la réunion forme une nouvelle
entité juridico-administrative : la wilaya. Cette structure 10. Avec la loi-cadre d'aménagement urbain et rural de 1969 qui est
à l'origine de la famille des schémas directeurs, toutes les principales
suprapréfectorale, échelon entre le Makhzen, pouvoir villes marocaines disposent actuellement d'un document d'urbanisme.
118 Technopoles et métropoles
faisant observer au passage que les options d'aména¬ de Casablanca atteint donc 98 000 ha, la zone à urba¬
gement retenues par l'architecte Michel Pinseau 11 ne niser est de 22 000 ha. Ce périmètre est de nouveau
sont en définitive qu'une simple reproduction du plan étendu à 102 000 ha après la création d'une sixième
de Michel Ecochard de 1952, à savoir le « combinat préfecture en octobre 1985 13. Il est à noter que la
Casa-Fédala ». Les élus locaux, consultés « en fin de Wilaya du Grand Casablanca englobe non seulement
parcours » (Claisse, Zyani, 1985), déplorent le manque les communes urbaines de la ville elle-même, mais
de participation de la population au niveau de la également les communes rurales limitrophes, le centre
procédure d'élaboration. Une partie de la presse spé¬ autonome de Nouaceur (qui comprend l'aéroport inter¬
cialisée (El Belghiti, Rharbi, 1981), doute même de national de Mohammed V) et la ville de Mohammedia.
l'efficacité technique de ce document d'urbanisme. La superficie de Casablanca intra-muros ne représente
Et quant à l'évolution actuelle, les uns, en raison de dans cet ensemble que 14,09 %.
la dépossession de la Délégation Régionale de Casa¬ Dans le plan de 1984, l'accent porte également sur les
blanca de ses prérogatives en matière d'urbanisme au modalités pratiques de réalisation des objectifs d'amé¬
profit de l'Agence Urbaine, l'interprètent comme un nagement de la métropole : mise en place d'une agence
mouvement vers une planification plus autoritaire ; les urbaine 14, définition de la demande solvable, résorption
autres, à savoir les auteurs de la réforme communale de l'habitat insalubre avec l'aide de la Banque Mondiale
du 30 septembre 1976 donnant aux collectivités locales (100 000 habitants à Ben M'sick).
plus de compétences notamment en matière d'urba¬
nisme, la présentent comme une étape du processus Nabil Rochd
de décentralisation de la planification urbaine et de
transfert des responsabilités de l'Etat au niveau régional,
provincial et local l2.
L'originalité de ce S D A U est d'être plus un instru¬
ment de programmation de logements et d'équipements
collectifs que de définition de zonage ou de modèle
urbain. A cet effet, l'équipe Pinseau établit toute une
nomenclature de besoins dont la surface totale est
évaluée à 11 032 hectares, superficie représentant le projets,
chef-d'
11.hDygiène
Casablanca,
12.
attributions
d'de
Marrakech
13.
blanca-Anfa.
Chock-Hay
14.
Svernement,
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Architecte
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Etablissement
A œU.uvre
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Préfectures
enetHassani.
(1976).
enparticulier
enDerb-Soltane-Al
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Dahir
santé.
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(1979),
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mosquée
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Colloques
Fida,
marocaine.
estdeplace
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Meknès
autorité
distribution
Othmane
laégalement
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des
deWilaya
enoptions
développement
des
aux
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IId'élaborer
etcollectivités
communes
considérée
de
l'auteur
Mohammedia-Zenata.
d'eau
d'aménagement
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1984
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Dnombreux
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nouvelles
l'habitat,
Ale(1989).
Ugou¬
Casa-
Ain
un
de
du

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valent de municipal
la surface de
de Casablanca
Paris intra-muros.
de 1954,Les
soitauteurs
l'équi¬
du S D A U prévoient notamment la construction de
300 000 logements
blancaise estimée à avant
cette l'an
échéance
2000, "étant
la population
de 4 millions.
casa¬
Le nouveau périmètre des cinq préfectures de la Wilaya

Nabil Rochd est architecte-urbaniste à Casablanca. Après des études supérieures à Paris, il a travaillé au sein du Centre
de Recherche d'Urbanisme sur des projets de plans d'occupation des sols et de lotissement, notamment pour une commune
d'Eure-et-Loir,
soutenue en 1988Saulnières.
à l'Université
Puis il Paris
a étéI.professeur de l'enseignement technique. Cet article est extrait de sa thèse de doctorat

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