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Fonds Regional pour la Promotion de la Sante


Santé communautaire et Approche PBF

Presented by Dr ayafor Eric p


Director Of district hospital,MPH
SANTÉ COMMUNAUTAIRE ET L’APPROCHE PBF DANS LE PROJET DE
REDYNAMISATION DES SOINS DE SANTÉ À L’EST-CAMEROUN (REDSSEC) ET
PERSPECTIVES POUR LE FONDS RÉGIONAL POUR LA PROMOTION DE LA
SANTÉ (FRPS) À L’EST
1. Introduction

Le projet de Redynamisation des Soins de Santé à l’Est Cameroun (REDSSEC), creuset du PBF au
Cameroun a été mis en œuvre pendant 7 ans et 9 mois. Il s’est déroulé en deux phases REDSSECI
(octobre 2004-septembre 2007) et REDSSECII (octobre 2007-juin 2012). Mis en œuvre par la Province
Ecclésiastique de Bertoua sous financement de Cordaid et Catholic Relief Services (CRS), il avait pour but
l’amélioration de la santé des populations. Trente-quatre (34) Formations Sanitaires Catholiques
FOSACA) réparties dans les quatre diocèses de la Province Ecclésiastique de Bertoua étaient les
principaux acteurs de mise en œuvre de ce projet. La spécificité de ce projet a été sa stratégie de
financement basée sur la performance ou Performance Based Financing (PBF).
Les objectifs spécifiques du projet étaient les suivants:
1. La performance et la gestion (des ressources financières, des ressources humaines, des
ressources matérielles, des activités et l’information) des FOSA sont améliorées ;
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2. L’implication de la communauté dans la réalisation des activités est améliorée;


3. Les capacités des FOSA pour la prise en charge des Personnes Vivant avec le VIH/SIDA (PVVS)
sont accrues ;
4. La mise en œuvre de la contractualisation est améliorée ;
5. La Province Ecclésiastique de Bertoua a acquis la capacité nécessaire à jouer le rôle de
leadership dans la gestion du projet REDSSEC d’ici le 1er janvier 2009 ;
6. La province ecclésiastique de Bertoua a trouvé de nouveaux partenairesfinanciers pour la suite
du projet REDSSEC.
Le staff de mise en œuvre coordonné par un médecin de santé publique, avait en son sein un
expert en santé communautaire pour revigorer le maillon faible qu’est la communauté dans notre
système de santé. L’enquête de base (ménage) effectué avant la mise en œuvre du projet a révélé
que les structures de dialogue étaient non fonctionnelles voire inexistantes dans certaines FOSA.
De même de septembre 2011 à mai 2012 le Diocèse de Batouri en collaboration avec le
Département de la Santé Publique de l’Université de Yaoundé I, dans le cadre du projet Réseau
PBF Multi-Pays ont mené une recherche sur le PBF communautaire et ont proposé les pistes
d’amélioration de l’approche.
Depuis le 1er juillet 2012, le PBF a été introduit dans toutes les FOSA des 14 Districts de Santé
de la région de l’Est Cameroun. Environ 200 FOSA sont impliquées dans l’approche. Cette
approche est mise en œuvre par l’Agence d’Achat de Performance (AAP) de Bertoua qui est
sous la tutelle de Cordaid/Macdevis avec l’appui financier du gouvernement du
Cameroun/Banque Mondiale.
Cet article retrace le rôle joué par le projet REDSSEC dans la dynamisation de la participation
communautaire et les perspectives pour le futur Fonds Régional pour la Promotion de la Santé
(FRPS) de l’Est. Nous présenterons tour à tour un bref rappel sur le système de santé du
Cameroun, REDSSECI avec la mise en place des structures de dialogue, REDSSECII avec le
PBF communautaire, les résultats obtenus, les difficultés rencontrés et les perspectives.

2. Système de santé au Cameroun


Le système de santé au Cameroun est sous forme d’une pyramide avec 3 niveaux comme détaillé
dans le tableau ci-dessous. Les représentants des populations se regroupent dans les structures de
dialogue légalement reconnues. (Décret no. 95/013 du 7 février 1995 sur l’organisation des
services de santé de base en districts stipule que les COSA et COGE font partie des organes du
district de santé)
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Tableau1 : Système de sanitaire du Cameroun

Formations Structures de
Structures sanitaires dialogue
Niveaux correspondantes correspondantes correspondantes

Ministère de la Hôpitaux
Santé Publique Généraux,
Central (MINSANTE) Hôpitaux Centraux

Délégations
Régionaux pour la Fonds Régionaux
Intermédiaire Santé Publique Hôpitaux pour la Promotion
ou stratégique (DRSP) 10 Régionaux de la Santé (FRPS)

Comité de Santé
de District
Districts de Santé Hôpitaux de (COSADI)/COGE
(DS) 174 District (HD) H

Aires de Santé Centre de Santé Comité de Santé


Opérationnel (AS) Intégré (CSI) (COSA)/COGE

Le niveau le plus bas dans le système de santé est l’Aire de Santé (AS) qui doit avoir une
population d’au moins 10 000 habitants autour d’une formation sanitaire de premier échelon .La
structure de dialogue à ce niveau est le Comité de Santé (COSA). L’organe exécutif du COSA
est le Comité de Gestion (COGE). Le COSA est constitué d’un à deux membres de chaque
village de l’AS selon la taille du village. On appelle ces représentants des villages au COSA des
Agents de Santé Communautaires (ASC). Les présidents des COSA de toutes les AS du DS se
regroupent pour constituer le Comité de Santé de District (COSADI). L’organe exécutif du
COSADI est le Comité de Gestion de l’Hôpital (COGEH). Les présidents des COSADI se
regroupent au niveau de la Région pour former le Fonds Régional pour la Promotion de la Santé
(FRPS). Actuellement cette structure de dialogue n’a été mise en place que dans trois régions
(Littoral, Sud-Ouest, Nord-Ouest) du pays avec l’appui de la GIZ.
Au niveau national, il n’y a pas de structure de dialogue. La spécificité des FRPS dans les trois
régions sus citées est la gestion efficace des médicaments. Les fréquentes ruptures de stock des
médicaments rencontrées dans les FOSA des autres régions du pays sont presque inexistantes
dans ces trois régions disposant des FRPS.

3. Première phase du projet (REDSSECI)

L’enquête diagnostique que nous avons menée sur l’état des lieux de la participation
communautaire a relevé les faiblesses et problèmes suivants.

– Les Agents de Santé communautaire (ASC) étaient désignés par les responsables des
formations sanitaires ;
– Les responsables des FOSA remplaçaient les ASC à leur guise ;
– Chaque programme vertical descendait dans les villages pour désigner les ASC ou relais
communautaire ;
– Les ASC travaillaient bénévolement et étaient prêts à démissionner devant des
difficultés mineures.
Au vu de ces faiblesses, l’analyse de la situation nous a permis d’orienter l’intervention du projet
sur le choix, la formation, l’élaboration des outils de travail, l’organisation du travail, le suivi et
le paiement de la prime fixe des ASC.

3.1. Choix des Agents de Santé Communautaires (ASC) dans les villages

Cet axe avait pour stratégie, l’ancrage de l’ASC dans son village. En effet, le projet a fait
comprendre aux habitants de chaque village que l’ASC est le représentant du village en matière
de santé. Par conséquent, il doit défendre les intérêts du village et non ceux du responsable de la
FOSA. Pour ce faire, il doit être désigné ou élu par le village et peut être remplacé si le village
n’est pas satisfait de ses prestations. Aussi, il doit accepter de travailler gratuitement pour son
village. Nous avons accompagné et facilité la mise en place régulière des ASC créant ainsi un
réseau de 305 ASC dans 305 villages.

3.2. Renforcement des capacités des ASC

Dans le souci de rendre les ASC élus actifs, le projet a organisé 14 sessions de formation pour
eux pour les apprendre à :

– Identifier les problèmes de santé avec sa communauté et élaborer le plan de résolution


desdits problèmes ;
– Pesez les enfants de 0 à 5 ans et tracer la courbe de suivi de sa croissance ;
– Identifier les enfants malnutris et faire le suivi nutritionnel ;
– Maîtriser les technique d’animation communautaire (réalisation des IEC) ;
– Préparer une séance de vaccination des enfants et des femmes ;
– Organiser une séance d’entretien du point d’eau ;
– Mobiliser le village pour les actions d’hygiène et assainissement ;
– Apprendre aux mères d’enfants comment prendre et lire la température de leur enfant ;
– Apprendre aux mères d’enfants comment baisser la fièvre chez les enfants par
enveloppement humide pour éviter les convulsions avant de le conduire dans la FOSA ;
– Rédiger le rapport mensuel d’activité.
3.3. Organisation du suivi des ASC

Pour accompagner et superviser chaque ASC à pratiquer tous ce qu’ils ont reçus à la formation,
il a été demandé aux responsables des 32 FOSA impliquées dans le projet de désigner un
personnel de santé qui s’occupera désormais uniquement des activités de santé communautaires.
Ce personnel a été nommé « Personnel d’Appui Paramédical » (PAP). Le projet a organisé une
formation sur la supervision, l’accompagnement, la validation des rapports mensuels et la
rédaction de la synthèse des rapports des ASC pour les 32 PAP. La moitié du salaire des PAP
était à la charge du projet. La FOSA fournissait l’autre moitié. Les PAP ont ainsi redynamisé à
travers les descentes régulières le travail des ASC dans leurs communautés.

3.4. Outils de travail

Le projet a conçu des outils de rapportage et de suivi des ASC qui sont les suivants :

– Manuel de travail de l’ASC ;


– Fiches de suivi, de rapport mensuel et de validation des résultats.
3.5. Paiement fixe

Cet axe avait pour stratégie, le renforcement du pouvoir financier de l’ASC pour le motiver sur
le travail accompli dans son village. Le projet attribuait mensuellement une prime de motivation
d’une valeur de 4 000FCFA à chaque ASC.

3.6. Organisation du travail dans l’approche input

Pendant le financement du projet par input, chaque ASC recevait obligatoirement sa motivation
mensuel qu’il a travaillé ou pas, qu’il a rédigé son rapport d’activité ou pas. Le rôle du projet
était de vérifier la liste de décharge de la motivation bien remplie par les ASC avec le numéro de
leur carte nationale d’identité et la signature. Les efforts étaient fournis pour produire les
justificatifs. Il n’y avait pas la traçabilité des activités de santé communautaire.

Un ASC après avoir reçu sa prime de motivation de 4 000FCFA, est allée chez son chef du
village pour lui donner 1 000FCFA en guise de reconnaissance sur la confiance que le village lui
a accordée. Le lendemain, le chef s’est rendu au siège du projet accompagné de son fils. Il a
proposé que son fils doive désormais travailler en lieu et place de l’ASC élu. Nous lui avons
demandé les raisons de sa décision. En suite nous lui avons conseillé de convoquer une réunion
au village pour la destitution de cet ASC. Le chef a été incapable de destituer l’ASC plus qu’il
n’avait aucune raison pour soutenir cette cause. C’est ainsi qu’on a observé une stabilité des ASC
dans les villages.
4. PBF communautaire ou organisation du travail dans l’approche output

Dès l’introduction du PBF dans les FOSA, avec l’achat des indicateurs du PMA et de la santé
communautaire, il y a eu arrêt du payement des primes de motivation aux ASC et la moitié du
salaire du PAP. En effet, l’Agence d’Achat des Performances (AAP) sur base de présentation
d’un plan de business par la FOSA incluant les indicateurs du PMA et de santé communautaire,
signe le contrat avec la FOSA. A la suite des vérifications quantitatives et qualitatives des
résultats déclarés par la FOSA, l’AAP payait des subsides correspondants. L’AAP n’a pas de
contact direct avec l’ASC. Cette situation a poussé chaque responsable de la FOSA a mené des
réflexions sur le comment contrôler le travail de l’ASC et lui attribuer sa prime de motivation en
fonction de ses résultats. L’outil de déclaration et de validations des résultats déclarés par l’ASC
a été développé ainsi que la négociation sur les subsides pour chaque indicateur communautaire.
Tous ces arrangements se sont réalisés en dehors de l’AAP. Il y a eu aucun accord contractuel
écrit entre les ASC et les responsables des FOSA. Mais chaque ASC, quand il rédigeait son
rapport mensuel d’activité savait le montant des subsides qu’il mériterait. C’est ainsi que les
ASC ont été très motivés pour mieux accomplir leur travail. A titre d’exemple, certains ASC
percevaient 4 à 8 fois le montant de la prime de motivation fixe qu’ils recevaient dans la phase
input.

5. Résultats

Les résultats observables sur le terrain concernant la participation communautaire et le PBF


communautaire sont les suivants :

– Le plus grand résultat est le développement des sous contrats verbaux du PBF entre les
FOSA et leurs ASC ;
– Le processus de pérennisation du financement des activités de santé communautaire par
les ressources de la FOSA est en cours ;
– Les ASC sont des partenaires sur qui, il faut compter pour améliorer les indicateurs de
santé. Le graphique ci-dessous, présentant l’évolution de la situation financière des
FOSA dans le Diocèse de Batouri, qui est le reflet de l’amélioration des indicateurs de la
santé, 5 ans avec le financement input et 5 ans avec le PBF.

6. Difficultés

Les difficultés qui ont freinées l’introduction du PBF communautaire ont été nombreuses à
savoir :
– Aucune FASA Catholique n’est leader de l’Aire de Santé (AS) et par conséquent ne
couvre qu’une partie de l’Aire de Santé ;
– Les COSA ne sont pas fonctionnels dans les AS ;
– L’impossibilité de signer les contrats de performance avec les ASC individuellement à
cause de non fonctionnalité des COSA qui sont des organisations à base
communautaires;
– La gestion des sous contrat verbaux avec les ASC.
Pour remédier à ces difficultés, les stratégies suivantes ont été développées :

– Le projet REDSSEC a mené le plaidoyer auprès de la Banque Mondiale et du Ministère


de la santé Publique pour l’extension du PBF dans l’ensemble des FOSA de la Région de
l’Est-Cameroun. Cette extension a été effective depuis le 1er juillet 2013 ;
– Le projet Réseau PBF Multi-Pays piloté par le Comité Diocésain des Actions Socio
Caritatives (CODASC) de Batouri a mené en collaboration avec le Département de Santé
Publique de la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de l’Université de
Yaoundé 1, une recherche sur les stratégies de mise en œuvre d’un véritable PBF
communautaire avec le financement de la Banque Mondiale.
7. Perspectives

Le Gouvernement à confié à la GiZ la mise en place du Fonds Régional pour la Promotion de la


santé dans la Région de l’Est Cameroun. L’AAP de Bertoua est en pourparler avec la GiZ pour
mener ensemble cette activité avec l’introduction des modules PBF dans les formations à
dispenser aux membres des structures de dialogue.

8. Conclusion

Le choix du représentant du village ou ASC est déterminant pour la participation de sa


communauté. La motivation des ASC sous forme du PBF améliore significativement tous les
indicateurs de la santé (PMA et santé communautaire). Le projet a apporté des innovations
remarquables dans le domaine de la santé communautaire. Face à la faiblesse des structures de
dialogues dans la région de l’Est-Cameroun ainsi qu’au fait qu’aucun centre de santé catholique
ne couvre entièrement une aire de santé, des stratégies adaptées ont été mises en place pour
pallier à cette faiblesse. Actuellement, les Agents de Santé Communautaires (ASC) motivés,
travaillent dans leur village. La répercussion du dynamisme de ces ASC est visible sur
l’utilisation des services et sur les indicateurs de santé. La mise en place du FRPS de l’Est est
une opportunité pour le renforcement de la participation communautaire.

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